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Par Le Loup le 28 Décembre 2017 à 20:47
« Foutez les moi à l'eau », Nantes, le 24 frimaire an 2 de la
République, « temps désastreux où les lois étaient muettes
et le crime puissant »...
« Foutez les moi à l'eau » disait le républicain Carrier.
« Vous êtes un tas de bougres de juges, un tas de Jean-foutres à qui il faut cent preuves, cent témoins pour faire guillotiner un homme ; foutez les moi à l'eau, c'est bien plus tôt fait.»
Et c'est ce qui va se passer le 24 Frimaire de l'an deux pour Pierre Dubourg et cent trente trois* autres prisonniers de la prison du Bouffay à Nantes.
* L'abbé Deniau nous parle de cent cinquante prisonniers.
Pierre Dubourg est né le 28 octobre 1760 à Nozay. Il est le fils de Julien Dubourg, maître chapelier, originaire de Guéméné-Penfao et de Perrine Le Crac de la paroisse de Treffieux. Il se marie le 15 février 1787 à Saffré avec Jeanne-Marie Ménardeau, née à Saffré le 1er novembre1765, fille de Augustin-André Ménardeau et de Jeanne-Anne Prat.
De cette union est issue :
1° Jeanne-Marie Dubourg née le 11 février 1788 à Saffré.
Au mois de mars 1793, Pierre Dubourg est arrêté arbitrairement à Saffré et incarcéré à la Maison Sainte-Claire à Nantes, ''comme suspect aux agents de Robespierre'' et transféré le 28 mai suivant à la prison du Bouffay, jusqu'au 25 frimaire de l'an 2 où il fut ligoté, conduit dans une galiote et noyé en Loire avec cent trente quatre compagnons. Pierre Dubourg avait un frère prêtre : François Dubourg.
Monsieur l'abbé Deniau nous informe des faits survenus le soir du 24 frimaire de l'an 2, ce qui va nous permettre de suivre les derniers instants de Pierre Dubourg.
« Le soir du 14 décembre 1793 (Samedi 24 Frimaire), dans une réunion à la préfecture à laquelle Carrier convoque Goullin, Bachelier, Grandmaison, Minguet, Levêque, Guillet, Chevalier, Ducoux, Pinard, il leur enjoint de se rendre au Bouffay, d'y lier les prisonniers qui y sont renfermés et de les conduire sur une galiote, à la cale Chaurand, pour les y noyer... »
« Girardeau, dit Joson, guichetier de Sainte Claires, crie aux prisonniers en entrant dans la cour : ''Allons, levez-vous, faites vos paquets, n'oubliez pas vos portefeuilles, c'est l'essentiel.'' »...
Ces prisonniers appartiennent à toutes les conditions sociales, certains ne sont condamnés qu'à plusieurs mois de prison ou à la déportation, d'autres ne sont ni jugés, ni interrogés.
« On les attacha deux à deux à une corde qu'on appela chaîne ; chaque chaîne était composée de dix huit couples. Sur les marches du palais, un de ces malheureux ayant refusé de marcher, fut tué d'un coup de pistolet. Cependant Goullin pressait en grande hâte l'expédition en disant : ''Dépêchons-nous, chers amis, la marée baisse''. ''Allons, sales gueux, marchez-donc, s'écriait Durassier, n'êtes-vous pas heureux que nous vous fassions changer d'air !''
« Des prisonniers qui tentèrent de s'évader, furent coupés en morceaux. »
« Rendus au quai de la Fosse, à la cale Chaurand, rien n'était prêt pour les recevoir dans la gabare. Ils furent ramenés près du corps de garde de la Machine, en face d'une autre gabare, qui n'était pas plus préparée que la première. Sous leurs propres yeux, des charpentiers frangèrent le bordage du navire à grands coups de hache, et pour calmer l'effroi des victimes on leur dit qu'on les envoyait à Belle-Ile-en-Mer pour y défricher des terres etc... »
La gabare fut coulée au bout de l'île Cheviré, au-delà de Chantenay.
Le 18 Vendémiaire de l'an 7 (Mardi 9 octobre 1798) Jeanne-Marie Ménardeau, fait enregistrer l'acte de décès de son mari à la section Concorde et Erdre à Nantes.
« Le dix huit Vendémiaire an sept de la République Française à onze heures du matin, moi, Jean-Adrien Bordier officier public, élu pour constater l'état civil des citoyens ; j'ai transcrit littérallement l'acte de notoriété dont la teneur suit :
''L'an sept de la République Française, une et indivisible, ce jour quinze Vendémiaire, devant nous Claude Charles Lemerle, juge de paix du troisième arrondissement de la commune de Nantes, ayant avec nous Jean-Baptiste-Augustin Herbert notre greffier, étant au greffe est comparue la citoyenne Jeanne Ménardeau, veuve de Pierre Dubourg, tanneur, demeurant en cette commune, rue des Halles, numéro 25 ; Laquelle a dit qu'au mois de mars mil sept cent quatre vingt treize (vieux style), son mari, qui demeurait alors à Saffré, fût mis en arrestation à la maison Sainte Claire de cette commune de Nantes, comme suspect aux agents de Robespierre ; que le vingt huit mai suivant il fût transféré de cette maison à la maison d'arrêt du Bouffay, qu'elle le vît journellement dans cette dernière maison jusqu'au vingt cinq Frimaire an deux, jour où on lui dit qu'il avait été transféré ailleurs, sans lui dire où, si ce n'est qu'il avait été embarqué, mais qu'elle a su depuis qu'il avait été noyé dans la nuit précédente avec beaucoup d'autres prisonniers ; que son décès ne fût point constaté légallement dans ces temps désastreux où les lois étaient muettes, et le crime puissant ; et pour y parvenir suppléer conformément à la loi du quatorze septembre mil sept cent quatre vingt treize, elle a amené devant deux témoins, dont elle nous requiert de recevoir les déclarations pour en dresser un acte de notoriété : à l'endroit se sont présentés le citoyen Hervé Poupon, âgé de quarante six ans, marin, demeurant rue de Saulzaye, numéro sept, et la citoyenne Jeanne Laillé, âgée de quarante trois ans, poissonnière, demeurant même rue, numéro cinq ; Lesquels ayant prêté serment de dire vérité, ce qu'ils ont promis et juré, chacun la main droite levée séparément, ils nous ont déclaré et affirmé qu'au mois de Frimaire an deux, étant détenus à la dite maison d'arrêt du Bouffay, où lui servait de guichetier et elle de fille de confiance, ils y ont parfaitement connu le dit Pierre Dubourg, mari de la dite Jeanne Ménardeau, ci-présente, pour être du nombre des prisonniers détenus dans cette maison, et qu'ils ont pleine connaissance que le dit Dubourg a fait partie des cent trente quatre prisonniers, qui, dans la nuit du vingt quatre au vingt cinq Frimaire furent enlevés de la dite maison d'arrêt du Bouffay, par plusieurs membres du Comité révolutionnaire de l'armée Marat, et noyés dans le bateau à soupape, qu'il n'en réchappa seulement deux qui étaient le Nommé Le Roy et Garnier. Qu'ils étaient présents lorsque le dit Dubourg fût pris et attaché avec les autres prisonniers. La dite veuve Dubourg a déclaré que lors de sa mort son mari était âgé de vingt six ans, qu'il était fils de Julien Dubourg, chapelier, et de Jeanne Le Crac, son épouse, encore vivants, natif de Nozay département de Loire Inférieure. De tout quoi : nous juge de paix susdit avons rapporté le présent acte de notoriété sous les seings de la dite veuve Dubourg et du dit citoyen Poupon, celui de notre greffier, et le nôtre. La dite Laillé ayant déclaré ne savoir signer, de ce enquis les dits jour et an, la minute est signée : Jeanne Ménardeau veuve Dubourg, Hervé Poupon, Lemerle juge et Herbert greffier.
Enregistré le même jour par Bertrand qui a reçu un franc. Signé à l'expédition Herbert greffier. »
Fait à la maison commune de Nantes sous mon seing les dits jour et an. Un mot rayé nul.
Sources : Archives de la ville de Nantes – décès an 7, Section Concorde et Erdre vues n°5,6/60. Registres état civil de Saffré et de Nozay. Saffré : mariage 1787 vue n°5/17, et naissance 1788, vue n°4/16 – Nozay : vue n°14/16 année 1760. Histoire de la Guerre de la Vendée, Abbé Deniau tome n°III, pages 489,490,491 et 493. Photo : crédit Patrimoine Maritime fluvial – Gabare la Montjeannaise.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 27 Décembre 2017 à 22:56
Mouilleron-en-Pareds, correspondance du conseil vendéen…
Cette pauvre Armée du Centre n’a guère intéressé les historiens, on l’a dit “Armée de la Vaisselle” et il faut dire que les écrits sur elle ont bien moins intéressé que ceux sur les Mauges ou le pays de Charette. Pourtant il y a tant à raconter. C’est ce que je vous propose ce soir avec la correspondance du poste vendéen de Mouilleron-en-Pareds. Nous ne savons pas grand-chose de Guionet par faute de registres tangibles à Mouilleron, mis à part qu’il fut tué le 30 avril 1793. Guionet ou Guionnet, pouvant se prononcer « Djionet », il ne faudra pas être surpris de le trouver sous le nom de « Dionet », voire « Diolet », à la manière de « Diot » pour « Guyot » à Boismé en 1832.
Peut-être penserez-vous que l’introduction de cet article est un peu longue mais elle me semble nécessaire afin de comprendre le contexte militaire de cette partie méconnue de la Vendée Militaire.
Le 10 avril 1793 Chalbos avait attaqué les Vendéens sur les « moulins de la Butte de Cheffois », dite aussi, le « Rocher de Cheffois » à l’Est du bourg, en direction de la Châtaigneraie. Voici le rapport que fait Chalbos de cette attaque (1) :
« Copie d’une lettre écrite par le citoyen Chalbos adjudant général commandant la force armée à la Chateigneraye en date du 10 avril 1793, l’an deuxième de la république française
Au citoyen Beaufranchet Dayat général de brigade commandant dans l’armée de la Vendée
___________________
Mon général
Vous avés vu par mes dernières dépêches que je me disposois à attaquer les ennemis retranchés aux Rochers de Cheffois ; mes préparatifs étoient faits pour demain, mais le commandant Questinau ayant reçu l’ordre de se rapprocher de l’armée de Leygonnier, a la troupe armée qu’il amène avec lui diminuant beaucoup mes forces, j’ai assemblé, ce matin à sept heures, un conseil militaire, il y a été décidé que les ennemis seroient chassés de Cheffois aujourd’huy.
L’ordre a été donné et l’armée s’est mise en marche a onze heures ce matin, je l’ai portée sur trois colonnes ayant trois canons à celle de gauche et deux à celle de droite ; celle du centre n’ayant pas d’artillerie, sa position la rendant inutile ; elle s’avançoit par un bas fossé.
J’ai donné le signal de l’attaque, les brigands ont résisté quelques tems, mais ils ont bientôt suivi à toutes jambes le gros de leur troupe qui avoit pris la fuite à notre apparition ; nous avons balayé Cheffois et les environs, cette expédition ne nous a pas couté un homme : un gendarme a seulement eu le côté effleuré par une balle, nous avons tué douze à quinze de ces coquins et j’ai fait conduire dans les prisons neuf hommes, trois femmes et deux enfans ; il appartiennent à la loy, elle prononcera sur leur sort.
Il est de mon devoir, et clui-là est bien doux à mon cœur, de vous faire connoitre l’ardeur et le courage des troupes que je commande, je n’en distingue aucune en particulier parce que toutes ont mérité des éloges. Parmis les morts, on en a trouvé un coupé en deux par un de nos boulets.
Un des chefs des brigands à cheval a été renversé à nos yeux par la comotion d’un coup de canon, il s’est relevé et s’est enfui à toute bride ; il étoit arrivé hier et avoit visité les postes ce matin avec une suite de 38 chevaux (2).
Cézard Faucher, l’un de mes adjoints est entré le premier à Cheffois, il e enlevé le drapeau blanc placé sur l’église, celui du camp a été brulé par les soldats au moment qu’ils y sont entrés.
Les cloches ont été cassées ; nous avons affiché les proclamations de la convention nationale.
Me renfermant dans les instructions que j’ai reçues, je me bornerai à des attaques de postes et je ne doute pas que les chances heureuses, se trouvant toujours du côté de la raison, la destruction de ces brigands ne nous coute que les fatigues nécessaires pour l’instruction des braves français que leur zèle porte à la défense de la patrie.
L’adjudant général commandant la force armée à la Chateigneraye. Signé Chalbos.
PS : J’ai enlevé une voiture chargée de trois bariques de vin et onze mesures de farine de 60 livres chacune, je les ai mises entre les mains des autorités constituées réunies ; je prends sur moi de faire distribuer ce vin aux braves soldats que je commande ; je vous demande d’autoriser cette distribution. Je vous faits la même demande pour 314 en écus de 6 - 816 en or, 35 en assignats de 5 livres et 4-15 trouvés dans les poches d’une femme prise dans le moulin placé sur le roché de Cheffois, elle étoit dans le camp de l’ennemi, elle y a été arrêtée. Cet argent est de bonne prise, je pense qu’il doit appartenir… (fin de la phrase manquante). »
***
On comprend donc le désir de revanche de Verteuil qui tente d’attaquer la Châtaigneraie le 12 avril avec 3 000 hommes avec deux petites pièces de canon. C’est un échec et les bleus poussent même jusqu’à Mouilleron, avant de rentrer tranquillement dans leur cantonnements de La Châtaigneraie. (3) Voici le rapport que fait Chalbos de cette affaire (4) :
« Copie de la lettre écrite par le citoyen Chalbos, chef de brigade, adjudant général commandant la division à l’armée à la Chateigneraye en date du 12 avril 1793, l’an 2ème de la République au citoyen Beaufranchet Dayat général de brigade commandant dans l’Armée de la Vendée.
__________________________________________
Mon général
Encore des succès et de très brillants. Je terminois la lettre laquelle je vous faisoit pars de l’éveil qu’on m’avois donné sur de nouveaux préparatifs à Mouilleron, lorsqu’une vedette est venue me dire que les ennemis descendoient en grand nombre au Moulin de Cheffois ; j’ai monté à cheval à l’instant et je les ai vû très près de nous. J’ai fait battre la général et les troupes ont été portées sur les différentes avenues de la Chateigneraye.
Notre poste au Rocher s’est replié pour n’être pas coupé par l’armée des brigands qui s’avançait sur deux colonnes avec une étonnante vélocité ; elle s’est emparée à l’instant de cette position et y a placé l’artillerie qui battoit la ville. Cette armée étoit de trois mille hommes et commandée par Verteuil. Elle s’est réunie en masse et a marchée tirant beaucoup de coups de (mot canon rayé) fusil mais mal ajustés. La moitié faisoit un nuage de poussière devant nous et le reste siffloit sur nos têtes. Son artillerie n’étoit pas plus dangereuse. J’étois porté au devant et j’ai assuré celle des troupes de la gauche qui au premier mouvement ont parû étonnées. J’ai montré ma cavalerie et je lui ai fais faire un mouvement sur la gauche comme pour tourner la montagne. Les troupes ont chargé avec une grande ardeur : la compagnie franche toulouzaine s’est avancée avec une intrépidité et un ordre admirables, elle s’est jettée sur les canons et a pris deux pièces et un canonier. J’ai marché à la tête de la cavalerie, les soldats courroient comme de cerfs et franchissent les hayes et fossés, ils ont gravis les rochers à la suite des brigands, dont ils ont égorgé un grand nombre. Les champs en sont semés. J’ai encore une fois nettoyé Cheffois et les environs ; nous avons pris des chevaux, un porte manteau plein d’argenterie, vingt hommes dont les ¾ sur le champ de bataille et une femme. Ils sont dans les prisons et demain la loy prononcera. Cette affaire nous a couté trois hommes et nous avons eu quelques blessés. Je ne puis pas fixer le nombre du côté des brigands, mais j’ai vu la terre jonchée de plus de deux cents cadavres.
Je double la garde au Rocher et si contre toute apparence, les birgands osaient se présenter encore les deffenseurs de l’ordre les soumettroient par la force.
Nous avons fait un feu considérable et je vous demande des munitions de guerre. Je me réfère au billet au crayon que je vous ai écrit au champ de bataille et que des ordonnances de cavalerie ont du vous porter à toute bride.
On nous assure que les brigands sont au nombre de six mille et vous savés le nombre que nous sommes.
Le chef de brigade, adjudant générale, commandant la force armée, à la Chateigneraye.
Signé : Chalbos
Pour copie conforme.
L’officier de l’état major
Duclos. »
Le 25 avril, Chalbos attaque de nouveau les Vendéens à Mouilleron selon Savary (5).On sait qu’il dispose à cette date de 2 000 hommes à la Châtaigneraie (6). Cependant, on peut penser que cette affaire a probablement eu lieu plus sûrement le 30 étant donné que c’est à cette date que le commandant de Mouilleron est tué et que l’on trouve sur lui la correspondance qui va suivre.
Voici enfin la correspondance promise (7) :
« Mouilleron-en-Pareds
« Correspondance trouvée sur le nommé Guionet lien des chefs des brigands, tué dans la journée du 30 avril 1793 L’an 2° de la république.
__________________________________
1ère pièce
Votre projet Monsieur, est on ne peut plus excellent, mais dans ce moment nous ne pouvons le mette à exécution vu que dans cette partie nous n’aurons point assez de monde pour pouvoir garder le poste que nous abandonnerions, vous savez que c’est la clef de tout, ainsi n’allons point si vite en ouvrage ; mais tenez toujours ferme, tâchez de vous renforcer le plus que vous pourez et quand il sera temps, alors ; nous pourons faire un coup d’éclat dans le moment qu’il y penseront le moins.
J’ai écris en conséquence à Pouzauge pour pouvoir vous informer le plus que l’on poura afin de pouvoir nous seconder dans nos opérations.
La malheureuse affaire de la Chataigneraye m’a empêché de jouir de l’argent que vous m’aviez déposé, vous pouvez assurer vos paroisses qu’il m’a été enlevé par les infidèles ; J’ignore la somme ; puisque nous ne l’avions compté ; mais il faut tâcher de réparer cette perte en tâchant de retrouver chez quelque patriote quelques assignâts qui serviront a vous défraier des frais de guerre.
Nous avons reçu ce soir d’excellentes nouvelles qui assure (sic) que Dumourier a passé de l’autre côté avec sic mille hommes ; que l’Angleterre nous a battus complettement une de nos flottes ; que la Russie d’accord avec cette dernière puissance, doit sous peu faire une dessente sur les cotes de Bretagne, et de la Normandie, comme a fait l’Espagne aux environs de Bayonne, Paoly a cédé la Corse à la Sardaigne, le Roi de Prusse a pris Longwy, on présume qu’il est maintenant aux environs de Challon sur Marne, une lettre particulière annonce que la famille Royale est tresnférée à Marseille, ce que les parpiers publics ne parlent pas. Tout cela prouve que la Nation fait son testament ainsi soyons fermes et avançons le plus que nous pourons.
Fait a Chantonnay le 21 avril 1793, l’an 1er du règne de Louis dix sept. Signé Verteuil.
Au dos est écrit à Mr Guionet commandant de Mouilleron à Mouilleron.
2° pièce
Vous me demandez de la poudre, dedans ce moment nous n’en avons point, on est après en faire au Tillé, comme c’est du côté de Chatillon, cela poura peut-être encore retarder ; mais aussi tôt qu’elle nous parviendra, alors, je vous en ferai part comme a bons déffenseurs de Dieu et du Roi, mais tenez toujours ferme dessus vos rochers (La Dent Gaudin ?), et vous verrez que l’on ne pourra nullement vous attaquer, en outre, cela occupera nos ennemis tandis que nous pourons travailler ailleurs.
Fait à Chantonnay le 27 avril 1793. 1er du règne de Louis 17. Signé Verteuil. Si vous trouvez dedans vos parages une petite jument grise qui appartient à moi. Lusson.
Dans vos caisses passez les deux courriers des Mouilleron.
Signé Verteuil. Par Mr. Le commandant de Mouilleron à Mouilleron.
3° pièce
Messieurs, ce qui est de l’allerte que nous avons eue hier au soir n’a été de rien du tout. Et je vous instruis des nouvelles que nous avons reçues et ce qui concerne l’armée d’Anjou et le succès, ils sont rentré vendredy a une heure après minuit, après un combat de cinq heures l’enemi a pris la fuite, ayant eu quelques balles et cinq personnes de tuées. Et plusieurs prisonniers, on y a resté le reste du jour à en faire la visite, on y a trouvé quelques livres de poudre et une grande quantité de grains que l’on a enlevés, et on prend le parti d’aller à Chemillé, d’où l’enemi s’est retiré ce que le sieur Lambert a apris avoir eu les deux victoires que nous avons remporté sur deux de leurs détachements à Chollet et a Beauprau ce qui les a beaucoup affairé (affaiblis ?) et sur tout très effrayé, et on doit se porter sur Vihiers. Votre frère Baudry d’Asson commandant ce 29 avril 1793.
Au dos est écrit a messieurs du comité de Mouilleron.
4° pièce
Je prie monsieur Diolet commandant à Mouilleron de vouloir envoyer la petite jument grise qui m’a été prise sur le camp de Cheffois, le jour du combat de la Chateaigneraye, elle m’appartient depuis deux ans. J’i suis attaché, elle avoit aussi une très bonne selle a l’écurie qui est faite cette année, nous l’adresserez a M. Arnaud commandant à Chantonay, vous obligerez celui qui est avec respect. Signé Lusson officier de l’armée de Loye.
Au dos est écrit : le palfrenier du palais royal délivrera deux chevaux au porteur du billet. A M. Diolet commandant à Mouilleron.
Notes sur le Palais royal in Billaud, op. cit. p.133. Situé aux "Quatre-Routes", il appartenait à l'époque à Constant Marchegay de Ludernière, personnage un peu poltron qui ne voulait être mêlé à aucun parti.
5° pièce
Par ordre de Louis 17 j’ordonne au sieur Dionet de se tenir sur ses gardes, nous sommes en attente par ordre du conseil de Réaumur. Je prie le Sieur Dionet de me faire garder six bariques de vin. Fait à Réaumur le 26 avril 1793, premier du règne de Louis 17. Signé Landreau commissaire à Réaumur.
6° pièce
Vous savez monsieur, que nous sommes dans ce moment dans le plus grande désordre, nous avons beau prendre tous les moyens pour pouvoir rétablir l’ordre mais tout est inutile. Représentez de ma part à tous vos habitants que Dieu nous ordonne de faire le bien pour le mal, que si l’on veut qu’il nous bénisse qu’il faut la plus grande douceur envers ceux que leur opinion avoit égarés, qu’il faut aussi qu’ils rentrent dans l’ordre sans quoi ils seront punis comme perturbateurs du repos public puisque nous serions obligés de les livrer à la justice, mais si malgré cela ils veulent vous tracasser, venez nous joindre et nous irons alors les faire remettre dans l’ordre.
Fait à Chantonay ce 18 avril 1793, l’an 1er du règne de Louis 17. Signé Verteul major général major général de l’armée catholique.
Au bas vu passer à Bazauges Baptiste Rafanos courrier a Bazoges ce 16 avril 1793. Signé Mollay maire. Au dos a Mr Guionet commandant de Mouilleron a Mouilleron.
7° pièce
D’après la déclaration du conseil de guerre du camp de Loye, il est instant que l’armée de Pouzauge s’établissent a Réaumur et de renforcer surtout sur Mouilleron, d’y rester jusqu’à nouvel ordre afin de pouvoir mieux diriger nos opérations.
Mandez-moi MM contes (de) vos opérations surtout le nombre d’hommes que vous pouvez en cas de besoin être sous les armes. Nous avons ici tous les jours quelques allertes, nos ennemis campent le soir au moulin que se trouve au dessous du Pont Charon. Nous autres nous sommes écrasés de service puisque nous avons quatre postes a garder comme celui là, mais un peu de patience nous viendrons avec l’aide de Dieu a bout de tout. Fait à Fontenay (Chantonay ?) ce 22 avril 1793 l’an 1er du règne de Louis 17. Signé Verteuil au dos est écrit a Mr Monsieur le commandant de Mouilleron a Mouilleron.
Gravure représentant le Pont-Charron (collection des Archives départementales de Loire-Atlantique) :
8° pièce
Notre général me remet votre lettre et me prie d’y répondre. Je suis bien surpris des plaintes que vous portés contre les habitants de ma paroisse. Je suppose qu’ils les mériteroient, vous ne devriez pas oublier ce que j’ai fait pour la vôtre, vous prévenez Mr de Verteuil qu’ils refusent le service, ce qui vous a occasionné de déffendre a l’étapier de leur donner l’étape, improuvent a ce sujet votre façon de penser, cependant je viens demander grace pour eux, Mr de Verteuil me la accordé, si cependant ils récidivent a vouloir refuser le service, vous ferez bien de les envoyer. L’homme doit être généreux, soutenir la religion et de combattre pour son Roy, vie Louis 17. A Chantonnay le 23 avril 1793. Signé Tudeau.
Au dos est écrit pour le commandant de Mouilleron.
9° pièce
Je fais passer a Pouzauge un courrier, messieurs pour pouvoir prévenir Mr de la Roche, jusqu’à lieu d’après sa lettre, que vous venez de m’écrire afin de pouvoir me concerter avec lui il faut que si nous portons un coup dedans cette partie, qu’il soit fermé et nous enlevions cette endroit au moment ou ils si attendent le moins ; faites faire le plus de rassemblements que vous pourez afin de pouvoir en imposer a la Chataigneraye, tandis qu’aussitôt que l’armée arrivera on puisse s’y fondre comme l’épervier fait dessus le tourtereau. Nous sommes toujours en face de l’ennemi et il ne manque pas de nous voir matin et soir. Mais jettons nous dedans les bras de la Ste providence et allons en avant. Fait a Chantonnay ce 24 avril 1793 l’an
1er du règne de Louis 17. Signé Verteuil. Au dos est écrit a MM du conseil provisoire de Mouilleron a Mouilleron.
Laissez passe ce courrier de Mouilleron ce 24 avril 1793.
Ils sont au nombre de deux
En diligence Pierre Chabion et son fils pour aller a Mouilleron ; pour les ordres a Perray ce 25 avril l’an 1er du règne de Louis 17. Signé Boura Conseil
10° pièce
Monsieur le commandant de Mouilleron est prié de faire ramasser chez lui tout le salpetre, le sel de nitre et le souffre pour le faire passer à Chantonnay ce 23 avril 1793. Signé Guichard commandant. »
Je vous avais déjà parlé de la colline des moulins de Mouilleron ici et qui a probablement vu des rassemblements vendéens. Les moulins auraient été incendiés par Westermann en 1793 selon une lettre de lui retrouvée chez Robespierre. Nous y reviendrons prochainement.
RL
Décembre 2017
Article connexe ici.
Notes :
(1) Archives Militaires de Vincennes : SHD B 5/3-50, v. 9 à 14/14, bulletins analytiques compris, dont des pièces imprimées.
(2) Il s’agit de Verteuil lui-même. On lira Auguste Billaud, « La Guerre au Bocage Vendéen », Editions du Choletais, 1992, p. 127.
(3) Savary, tome 1er, p. 150.
(4) Archives Militaires de Vincennes : SHD B 5/3-55, v. 1 à 3/14, bulletin analytique compris.
(5) Tome 1er, p. 151.
(6) Lettre de Beaufranchet d’Ayat à Lassausaye, adjoint au ministre de la guerre. SHD B 5/3-71, v. 6/7.
(7) SHD B 5/4-6.
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Par Le Loup le 26 Décembre 2017 à 17:48
Attaque du convoi républicain Nantes-Tiffauges,
le 1er Germinal de l'an II (suite).
Première partie ici.
Le premier Germinal de l'an 2 (Vendredi 21 mars 1794), les haies du bocage entre Nantes et Tiffauges vont vomir la mort... Le vendéen est un excellent tireur, chaque coup est ajusté et porte. Les Bleus de Nantes ne parviendront pas à se débarrasser de cet ennemi invisible, sous une grêle de balles ils recevront la mort sans pouvoir la donner.
Aux massacres des Colonnes Infernales répondent les massacres des embuscades, ce vendredi de Germinal, la garde nationale de Nantes aura à déplorer au moins trente trois morts recensés à ce jour.
Ce convoi est composé de plusieurs voitures, les écrits de l'époque nous parlent de « deux convois, un de souliers et un de pain, destinés pour Tiffauges qui sont abandonnés au pouvoir de l'ennemi ». La route est longue entre Nantes et Tiffauges, une dizaine de lieues en plein bocage, ce qui représente à peu près une vingtaine d'heures de marche. Nous aurons donc des nouvelles de ce convoi par la colonne Bleue qui évacue Mortagne dans la nuit du 24 au 25 mars (Nuit du 3 au 4 Germinal).
''L'ambiance'' générale du secteur de Mortagne est la suivante :
« Pendant plusieurs semaines il a été impossible à la commune (Mortagne) et au commandant d'apprendre aucunes nouvelles des Colonnes Républicaines ni des garnisons de Montaigu et Tiffauges et ce qu'il y avoit de plus triste, c'est que tous les cavaliers que le commandant envoyoit en ordonnances ne revenaient jamais ; il y a toute apparence qu'ils étoient massacrés par les Brigands qui obstruoient tous les chemins au point que personne n'osoit voyager (Vue n°3/8 SHD B 5/8-96).
Dans la journée du 3 Germinal, «La garnison ayant besoin de fourrage, détacha deux cents hommes environ pour protéger le convoi. De ce nombre étaient trente à quarante citoyens de Mortagne ; une armée de Brigands qui parut tout à coup, les cerna et les battit de manière qu'il n'en rentra que dix à douze dans la ville... »
« Nous apprenons qu'à la même époque (début Germinal) deux convois de souliers et un convoi de pain destinés pour Tiffauges sont abandonnés au pouvoir de l'ennemi. » (vue n°7/10 SHD B 5/8-97).
Le convoi que nous cherchions est enfin identifié, mais le lieu de l'attaque reste inconnu…
Il faudra attendre les années 1796 et 1797 pour voir apparaître les actes de décès des gardes nationaux de Nantes tués dans cette affaire.
« D'après les rapports faits à l'état major, et le renseignement pris par le commandant de la garde nationale à Nantes, et le certificat de Louis Dufeu adjudant général, commandant provisoirement la dite garde nationale, annexé au tableau des citoyens qui sont morts en escortant un convoi pour Tiffauges, le premier Germinal de l'an second, déposé au bureau des actes civils de cette maison commune etc... »
Voici les noms des gardes nationaux de Nantes tués dans cette embuscade :
1° Alexandre-François Chaillou, de Challans, imprimeur en Indienne, époux de Marie-Jeanne Chapillon, 30 ans.
2° Yves Ropert, de Josselin, chapelier, époux de Marie Mignen, 46 ans.
3° Jean-Jacques Landais, de Saint Nicolas de Nantes, imprimeur en indienne, époux de Donatienne Audrin, 38 ans.
4° Louis Coëslier, sabotier, de la Chevrolière, époux de Jeanne-Marie Allain, 34 ans.
5° Louis-Marie-Alexandre Plissonneau, graveur sur bois, de Rouans en ce département, époux de Marie-Marguerite-Elisabeth Luneau, 40 ans.
6° Georges Poivey, menuisier, sergent, de Faucogney en Haute Saône, époux de Jeanne-Anne-Rose Rezeau, 28 ans.
7° Jean Martin, charpentier de moulin, natif de Gorges en ce département, époux de Marie-Magdeleine Jagueneau, 43 ans.
8° Clair Gilet, graveur en bois, sous-lieutenant, de Sainte-Croix de Nantes, époux de Marguerite Renaud, 30 ans .
9° Louis-Joseph Pévost, manœuvre, de Saint-Hilaire de Soissons (Aisne), époux de Marie-Anne Martineau, 36 ans.
10° Pierre-Modeste Gillet, marchand-mercier, de Notre Dame de Versailles (Seine et Oise) époux de Geneviève Henault, 48 ans.
11° Simon Delvaux, vannier, de Saint-Nicolas de Nantes, 42 ans.
12° Pierre Renaud, maçon, de l'Ebergement (Vendée), époux de Anne-Marguerite-Félicité Mériais, 28 ans.
13° René Cuinier, râpeur de tabac, de Saint Similien de Nantes, époux de Marie Léauté, 44 ans.
14° Charles-Jean-Baptiste Poulin, portefaix, du Déluge (Oise) époux de Marie Ravâche, 39 ans.
15° Jean-Louis Degage, orfèvre, sergent, époux de Julienne Chauveau, 44 ans.
16° Jean Châlon, tisserand, de Saint-Rémy-la-Varenne (Maine et Loire), époux de Marie Tournerie, 41 ans.
17° René Allaire, serger, de Saint-Mars-du-Désert (Loire Inférieure), époux de Perrine Houssais, 56 ans.
18° François Blandin, jardinier, de Saint Similien de Nantes, époux de Catherine Veillet, 50 ans.
19° Louis Ade, serger, de Saint Michel de Guérande, époux de Louise Delahaye, 45 ans.
20° Claude Petit, charpentier de maison, sous-lieutenant, époux de Jacquettte Clermont, de Saint Similien de nantes, 43 ans.
21° Pierre Bauthamy, jardinier, époux de Françoise Brechet, d'Avessac (Loire Inférieure), 28 ans.
22° Jean Morillon, serger, de Cugand, (Vendée), époux de Marie Soulas, 33 ans.
23° Julien Miché, manœuvre, de Granchamps (loire Inférieure) époux de Anne Tempier, 32 ans.
24° André Prioux, perrayeur, de Vertou, époux de Louise Jolivet, 36 ans.
25° Louis-Etienne Lechat, maçon, de la Chaussaire (Maine et Loire), époux de Jeanne Gicquel, 44 ans.
26° Alexis Martin, cordonnier, d'Ancenis, époux de Jeanne-Sophie Meunier, 35 ans.
27° Pierre Leguen, serger, de Saint Molf (Loire Inférieure), époux de Magdeleine Chauvin,34 ans.
28° Jean-François Gourdon, imprimeur en indienne, caporal, de Saint Jacques de Pirmil, époux de Marie-Françoise Lécuyer, 31 ans.
29° René Rocheteau, maçon, de Saligné (Vendée) époux de Louise Hubert, 30 ans.
30° Jean Enus, peintre, d'Orvault (Loire Inférieure), époux de Catherine Launay, 45 ans.
31° François Pailluseau, journalier, de Saint-Herblain, veuf de
Marguerite Corgniet, 34 ans.
32° Thomas Brelet, coutelier, de Saint Jacques de Pirmil, époux de Marie Claire Petiteau.
33° Pierre Liverny, cordonnier, 27 ans.
Sources: Archives Militaires de la guerre de Vendée conservées au service historique de la défense à Vincennes – correspondances armée de l'Ouest, référencées dans le texte (vue n°7/10 SHD B 5/8-97). - (Vue n°3/8 SHD B 5/8-96).
Archives de la ville de Nantes – décès an 4 (1796) et an 5, (1797). Section Ponts et outre Loire, cote 1E117, section Egalité et la Fosse, cote 1E118. section Fraternité et Agriculteurs, cote 1E139. section Fraternité et Agriculteurs cote 1E111. section Concorde et Erdre, cote 1E112 et 1E140. Gravure: L'Embuscade de Everiste Carpentier. Photo de l'auteur.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 24 Décembre 2017 à 12:00
REPAS DANS LES BOIS
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Noël 1794
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Quand le prieur eut dit ses Grâces
Cougnon, que rien n’effarouchait,
Lui présenta les ailes grasses
D’un merle pris au trébuchet.
Cousin François eut les deux pattes,
Marquet, la tête et le gésier.
Un vrai repas homéopathes :
Beaucoup dans peu… Sur un brasier
Où l’on jetait des branches mortes,
Mijotait une soupe au lait
Que les mères, ces femmes fortes,
Apprêtaient pour qui le voulait.
Car au seul bruit, dans le Bocage,
Du passage des soldats bleus,
Vers le bois, un pauvre pacage,
On emmenait vaches et bœufs.
Le lait étant une ressource,
Ces animaux familiers,
On les fesait boire à la source,
On les gardait dans les halliers.
On avait du moins quelque chose,
Un lait onctueux, toujours sain,
Pour la ruche d’enfants qui cause
Et bourdonne comme un essaim.
Quand on fesait une galette
De la farine de blé noir,
La noce, hélas ! était complète :
On s’en contentait jusqu’à voir.
Dans un coin, à l’abri des bises,
Autant du moins qu’on le pouvait,
On étendait des couettes grises,
Avec la terre pour chevet.
Les enfants y dormaient sans crainte :
A cet âge on dort en tout lieu.
Mais d’ennui la figure empreinte,
Les mères causaient près du feu.
Elles disaient : « Où sont nos hommes ?
Quels sont leurs destins hasardeux ?
Car dans ces tristes temps nous sommes
Inquiètes de chacun d’eux ».
L’abbé disait tout bas : « Courage !
Mes pauvres sœurs, ils reviendront ! »
Malgré ce mot d’espoir, l’orage
Leur courbait à toutes le front.
Soudain un bruit se fait entendre…
De branches que l’on casse sec.
Marquet pâlit : son cœur est tendre ;
Il fuirait, s’il n’était avec
Les deux bons compagnons de guerre
Qui se lèvent tranquillement,
Car pour fuir ils n’y songent guère,
Et foncent dans le bois dormant.
Puis, ils reviennent près de l’âtre,
Et, se couchant tout de long,
Ils disent : c’est un daim folâtre
Qui veut faire aussi réveillon !
Fr. de SAINT-MESMIN
La Vendée Historique, N° 55, 5 avril 1899.
Illustration prise sur ce le blog « Des contes et légendes ».
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Par Le Loup le 24 Décembre 2017 à 12:00
Noël 1793.... Noël 2017...
En vous souhaitant un Saint et Joyeux Noël !
En 1793, le républicain Carrier célèbre Noël à sa façon....
« Le mardi 24 décembre 1793 – Carrier ordonne aux Nantais ''d'illuminer pour fêter l'anéantissement des Brigands'' et de partager'' la joie des vrais sans-culottes, ceci sous la menace de la guillotine pour ceux qui refuseraient ».« Le mercredi 25 décembre 1793 - Deux cents prisonniers vendéens, noyés en Loire, fêtent Noël au Ciel. Dans des centaines de granges isolées et de bois, la messe de minuit clandestine est célébrée. La Commission Bignon continue de siéger à Savenay et envoie à la fusillade cent quatre vingt huit prisonniers Vendéens. Soixante et onze personnes qui ont désobéi à l'ordre de Carrier de la veille, sont arrêtées et exécutées dans la journée. Et Carrier de conclure : ''Ces Messieurs apprendront ce qu'il en coûte pour ne pas rire quand la nation les condamne à être gais.»
A l'occasion de cette grande fête chrétienne, permettez-moi d'honorer nos ancêtres à travers un extrait de l'homélie du Cardinal Sarah, prononcée au Puy-du-Fou le Samedi 12 août 2017.
« L'histoire – la véritable histoire- sait qu'au fond, les paysans vendéens ont triomphé.
Par leur sacrifice, ils ont empêché que le mensonge de l'idéologie ne règne en maître. Grâce aux Vendéens, la Révolution a dû jeter le masque et révéler son visage de haine de Dieu et de la foi. Grâce aux Vendéens, les prêtres ne sont pas devenus les esclaves serviles d'un état totalitaire, ils ont pu demeurer les libres serviteurs du Christ et de l'Eglise. Les Vendéens ont entendu l'appel que le Christ nous lance dans l'évangile de ce jour : Courage ! C'est moi, n'ayez pas peur ! Alors que grondait la tempête, alors que la barque prenait l'eau de toutes parts, ils n'ont pas eu peur, tant ils étaient certains que par delà la mort, le Coeur de Jésus serait leur unique patrie....»
Qui se lèvera aujourd'hui pour Dieu ?
Qui se lèvera pour affronter les colonnes de la mort de notre temps ?
QUI ?
En vous laissant méditer sur ces questions, je vous souhaite encore un Saint et Joyeux Noël devant la crèche, avant la Messe de Minuit, en famille.
Sources: Itinéraires de la Vendée Militaire par Doré-Graslin – Editions Garnier 1979, page 99. Gravure : Messe de Minuit dans la forêt de Grasla – Vendée 1793 – Dessin de Coral - Intégralité de l'homélie du Cardinal Sarah ici. Photo de l'auteur.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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