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Par Le Loup le 3 Janvier 2018 à 11:47
Le capitaine Courtot,
Officier au 29ème régiment d'infanterie de la Colonne Cordelier
participe aux massacres des Lucs-sur-Boulogne.
Le nom du capitaine Courtot apparaît dans les actes de décès de deux militaires du 29ème régiment d'infanterie de ligne enregistrés à Nantes à la Section Lepelletier et Beaurepaire aux mois de Prairial et Germinal de l'an 2 (1794). Il peut s'agir du Capitaine François Courtot, officier d'infanterie à l'Armée du Rhin en 1792 et 1793 et présent dans les armées de l'Ouest pour la période ans 2,3,4,5,6,7 et 8.
Et j'en aurai terminé pour l'instant avec les massacres des Lucs-sur-Boulogne.
Vous connaissez déjà l'acte de décès de Jean Claude Pissis, enregistré à Nantes, Section Lepelletier et Beaurepaire le 27 Prairial de l'an 2 (Dimanche 15 juin 1794) et les noms de ses camarades ayant participé aux massacres des Lucs-sur-Boulogne, qui doivent être eux aussi immortalisés :
« Le vingt sept prairial an deux de la République Une et indivisible, à trois heures après midi, devant moi Antoine Archambaud aîné, officier public élu pour constater l'état civil des citoyens, ont comparu en la maison commune :
1-Liger-Belair, Adjudant-major du vingt neuvième régiment d'infanterie, âgé de vingt deux ans et de,
2-Alexandre Darassus, lieutenant au dit régiment, âgé de vingt cinq ans, lesquels nous ont déclaré que :
3-Jean-Claude Pissis, lieutenant de la première compagnie des grenadiers dudit régiment, natif de Riom, département du Puits de Dôme, âgé d'environ vingt six ans, a été tué par les Brigands de la Vendée, en combattant à côté d'eux, et comme il est constaté par le certificat dont la teneur suit :
''Nous membres composants le conseil d'administration du vingt neuvième régiment d'infanterie, certifions que le citoyen Jean-Claude Pissis, né à Riom, département du Puits de Dôme, lieutenant de la première compagnie de grenadiers dudit régiment a été tué en combattant contre les Brigands Royalistes de la Vendée, le dix ventôse dernier (28 février 1794) dans la plaine des Grands-Lucs, près Leger, département de la Vendée. En foi de quoi nous avons expédié le présent certificat auquel nous avons fait mettre le cachet de notre régiment au camp de la Roullière, le vingt cinq prairial, l'an deuxième de la République française une et indivisible, signé :
4- Tronquoy, fusilier du 29ème régiment d'infanterie.
5- Casenier, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
6- Deffaulx, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
7- Zimerman,grenadier au 29ème régiment d'infanterie.
8- Foucault, caporal fourrier au 29ème régiment d'infanterie.
9- Bienvenu, sergent au 29ème régiment d'infanterie.
10- Fabre, sous-lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
11- Courtot, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
12- Charles Darbois, chef de bataillon au 29ème régiment d'infanterie.
Je, commissaire des Guerres chargé de la police du 29ème régiment d'infanterie, certifie que les signatures apposées au bas du certificat ci-dessus et des autres parts, sont vraiment celles des officiers, sous-officiers et soldats qui composent le conseil d'administration de ce régiment, signé : Baudiot.
Fait en la maison commune de Nantes les dits jour et an, sous les seings des comparants et le mien. »
signé Liger-Belair Adjudant Major et Darassus.
L'acte de décès de Jean Pierre Marseul, soldat au quatrième bataillon des chasseurs de la Haute-Garonne, âgé de 21 ans, né à Mamers département de la Sarthe (vue n°123/169-section Lepelletier et Beaurepaire archives de la ville de Nantes), tué en Vendée le 24 germinal de l'an 2.
«Certificat du conseil du vingt neuvième régiment d'infanterie, division aux ordres du général Cordelier, conseil d'administration '' Nous membres composant le conseil d'administration dudit régiment certifions que le citoyen François-Jean-Pierre Marseul époux de la citoyenne Jeanne Perodaux, faisant les fonctions de vivandière au dit régiment étoit entré en subsistance dans notre premier bataillon, compagnie de Rollin, ce citoyen ayant été envoyé en détachement a eu le malheur d'être tué le vingt quatre Germinal dernier, ayant été satisfait de sa conduite ; le temps qu'il a servi sous notre commandement nous avons délivré le présent certificat à sa veuve pour qu'elle puisse profitter des bontés de la loi du quatre may dernier, fait et délivré le quatre Floréal deuxième année républicaine une et indivisible, 1794 signé :
n°11- Courtot, capitaine.(déjà nommé)
Charles D'Arbois, chef de bataillon.(déjà nommé)
13- Fauvel, Lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
14- Auriel, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
15- Bourbier, lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
Fait en la maison commune de Nantes, sous mon seing, lesdits jour et an, la comparante a déclaré ne savoir signer. »
Signé Archambaud.
Comme nous allons le voir, il existe beaucoup de similitudes dans le déroulement de la carrière du Capitaine Courtot des Lucs-sur-Boulogne et du Capitaine François Courtot, devenu chef du bataillon d'élite du 81e régiment d'infanterie de ligne, chevalier de la Légion d'Honneur, puis Officier de la Légion d'Honneur...
En ce qui concerne les autres personnages du 29ème régiment d'infanterie de ligne, mes recherches sont restées vaines pour l'instant.
François Courtot est né le 4 mai 1756 à Trétudans dans le Haut-Rhin. Il est le fils de Pierre Courtot et de Elisabeth Meunier. Le parrain a été François Courtot et la marraine Marguerite Renoux.
Il entre au service à l'âge de dix neuf ans au ci-devant 32e régiment (Bassigny) :
Le 10 septembre 1775 en qualité de soldat.
Le 15 septembre 1779, il est caporal.
Le 11 mai 1780, sergent.
Le 3 novembre 1781 sergent-fourrier.
Le 13 janvier 1784, sergent-major.
Le 12 avril 1788, adjudant.
Le 25 octobre 1790, rang de sous-lieutenant.
Le 15 septembre 1791, sous-lieutenant.
Le 26 mai 1792, lieutenant.
Le 20 juillet 1792, capitaine.
Le 22 Pluviôse an 9 (11 février 1801), chef de bataillon.
Le 3 Messidor an 12 (22 juin 1804), nommé membre de la Légion d'Honneur.
Le 5 nivôse an 14 (26 décembre 1805), Officier de la Légion-d'Honneur.
Ses campagnes sont les suivantes :
En temps de guerre, celles des années 1778,1779,80,81,82 et 83, sur les côtes de Bretagne et de Normandie. Celles de 1792,1793 à l'armée du Rhin. Celles des ans 2,3,4,5,6,7,5et 8 dans les départements de l'Ouest. Embarqué pour l'expédition d'Irlande, le 24 Thermidor de l'an 6 (11 août 1798), fait prisonnier par les Anglais le 23 Vendémiaire an 7 (14 octobre 1798), entré en France le 2 Germinal suivant, (22 mars 1799). Celles des ans 9 et 10 à l'armée d'observation du Midy. Celle de l'an 13 à l'armée des Côtes (division des grenadiers). Celle du mois de Vendémiaire et an 14 à la Grande-Armée -même division commandée par le général Oudinot et celle de 1806 en Dalmatie (Etat des services - vue n°6/12 du dossier léonore). François Courtot a été chef de bataillon au 4e Léger et au 81e régiment d'infanterie de ligne en garnison à Besançon.
En conclusion, le capitaine François Courtot de l'armée du Rhin a servi dans l'armée des départements de l'Ouest en l'an 2 (1794), son régiment n'est pas précisé dans l'état de ses services. Il y a malgré tout, de fortes probabilités pour qu'il soit présent aux Lucs-sur-Boulogne le 28 février 1794, dans la Colonne Infernale du général Cordelier....
Sources : Archives de la ville de Nantes – décès an 2, Section Lepelletier et Beaurepaire, cote 1E57, pages 113,114/169 et 123,124/169 - Actes de décès de la Ville de Nantes, année 1794. Base Leonore, dossier LH/617/12 - archives Nationales Paris - Gravure : Officier supérieur, commandant en petite tenue du 4éme léger en 1809 – Extrait du 4e Régiment d'Infanterie Légère de 1796 à 1815 de Frédéric Berjaud.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 31 Décembre 2017 à 17:36
Louis Liger-Belair, adjudant-major
du 29ème régiment d'infanterie, participe aux massacres
des Lucs-sur-Boulogne le 28 février 1794.
Après les noms de Turreau et Amey et certainement d'autres, inconnus à ce jour, il faudra bien un jour faire disparaître de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, le nom du baron Louis Liger-Belair, général de l'Empire.
L'acte de décès de son ami le lieutenant Jean-Claude Pissis nous apporte la preuve accablante et ne laisse planer aucun doute sur sa présence aux massacres des Lucs-sur-Boulogne, le 28 février 1794 (Acte de décès de la ville de Nantes de l'an 2-1794- Section Lepelletier et Beaurepaire-cote 1E57, vues 113 et 114).
Vous vous souvenez sans doute de mon dernier billet concernant les massacres des Lucs-sur-Boulogne et du décès du lieutenant Jean-Claude Pissis, du 29ème régiment d'infanterie?
Le nom d'un des assassins vous a certainement échappé, celui de l'un de ses amis ; allez, faites un effort, vous savez, celui qui combattait ''à ses côtés'' aux Lucs-sur-Boulogne, après les massacres....
Voici l'acte de décès de Jean Claude Pissis, enregistré à Nantes, Section Lepelletier et Beaurepaire le 27 Prairial de l'an 2 (Dimanche 15 juin 1794) et les noms de ses camarades ayant participé aux massacres des Lucs-sur-Boulogne, qui doivent être eux aussi immortalisés:
«Le vingt sept prairial an deux de la République Une et indivisible, à trois heures après midi, devant moi Antoine Archambaud aîné, officier public élu pour constater l'état civil des citoyens, ont comparu en la maison commune :
1-Liger-Belair, Adjudant-major* du vingt neuvième régiment d'infanterie, âgé de vingt deux ans - donc né en 1772- (* Capitaine adjoint au chef de bataillon) et de, 2-Alexandre Darassus, lieutenant au dit régiment, âgé de vingt cinq ans, lesquels nous ont déclaré que :3-Jean-Claude Pissis, lieutenant de la première compagnie des grenadiers dudit régiment, natif de Riom, département du Puits de Dôme, âgé d'environ vingt six ans, a été tué par les Brigands de la Vendée, en combattant à côté d'eux, et comme il est constaté par le certificat dont la teneur suit :
''Nous membres composants le conseil d'administration du vingt neuvième régiment d'infanterie, certifions que le citoyen Jean-Claude Pissis, né à Riom, département du Puits de Dôme, lieutenant de la première compagnie de grenadiers dudit régiment a été tué en combattant contre les Brigands Royalistes de la Vendée, le dix ventôse dernier (28 février 1794) dans la plaine des Grands-Lucs, près Leger, département de la Vendée. En foi de quoi nous avons expédié le présent certificat auquel nous avons fait mettre le cachet de notre régiment au camp de la Roullière, le vingt cinq prairial, l'an deuxième de la République française une et indivisible, signé :
4- Tronquoy, fusilier du 29ème régiment d'infanterie.
5- Casenier, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
6- Deffaulx, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
7- Zimerman,grenadier au 29ème régiment d'infanterie.
8- Foucault, caporal fourrier au 29ème régiment d'infanterie.
9- Bienvenu, sergent au 29ème régiment d'infanterie.
10- Fabre, sous-lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
11- Courtot, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
12- Charles Darbois, chef de bataillon au 29ème régiment d'infanterie.
Je, commissaire des Guerres chargé de la police du 29ème régiment d'infanterie, certifie que les signatures apposées au bas du certificat ci-dessus et des autres parts, sont vraiment celles des officiers, sous-officiers et soldats qui composent le conseil d'administration de ce régiment, signé Baudiot. Fait en la maison commune de Nantes les dits jour et an, sous les seings des comparants et le mien. »
signé Liger-Belair Adjudant Major et Darassus.
Et si je vous disais que cet officier, baron de l'Empire s'il vous plaît, a été fait grand-croix de Saint-Louis et que son nom est inscrit sur la 37e colonne de l'arc de triomphe de l'Etoile, vous ne me croiriez pas.
En République, le fait de participer aux massacres et à la mise à sac de la population de la campagne des Lucs, de Mormaison, de Legé etc... puis au massacre des 564 habitants du village des Lucs-sur-Boulogne, dont 109 enfants de moins de 7 ans... et d'avoir du sang d'innocents sur les mains, n'a aucune incidence sur le déroulement normal d'une carrière militaire.
Voici donc un condensé le la carrière militaire de Louis Liger-Belair,
Louis Liger-Belair est né le 11 juillet 1772 à Vendeuvre (Aube). Il est le fils du ''Sieur'' Louis-François Liger-Belair, maître de la grande Poste et de Damoiselle Germaine Marlot son épouse, il a été baptisé le même jour, en l'absence du père, par moi prêtre curé ; il a eu pour parrain sieur Louis Marlot, marchand, son grand père et pour marraine Damoiselle Catherine Labisse veuve de feu Mr Antoine Tuvin, vivant contrôleur des guerres, qui ont signé avec nous – signé sur le registre : Marlot veuve Tuvin et le prêtre ». Extrait des registres de naissance de la commune de Vendeuvre-sur-Barse ( Aube ).
Une partie du dossier de ce militaire est consultable sur la Base Leonor, 17 pièces) : Base Leonor-cote LH/1640/52- archives Nationales, site de Paris – n° de notice, L1640052, vue n°14/17).
Avant d'entrer dans le vif du sujet, en 1794, cet officier était sous les ordres du général Cordelier, commandant la Colonne Infernale N°5, le seul général avec Beysser à porter des culottes en peau de vendéens... Il était presque officier supérieur car il avait le grade de capitaine-adjoint au chef de bataillon. Il a exécuté les ordres et ''a mis les mains dans le cambouis'', sauf que dans le cas présent, il est devenu un criminel de guerre.
Le 12 janvier 1792, sous-lieutenant au 29e régiment d'infanterie de ligne. Le 27 août 1793, capitaine adjudant-major à l'armée du Nord (Wikipédia pourra apporter la mise à jour suivante qui s'impose…).
Nous pouvons aujourd'hui ajouter à son curriculum, qu'il était en Vendée avec le 29e régiment d'infanterie de l'armée du Nord, le 28 février 1794, dans la Colonne Infernale n°5 de Cordelier et qu'il a participé aux massacres des Lucs-sur-Boulogne le 28 février 1794).
Le 16 août 1797, aide de camp du général Beurnonville.
De 1797 à 1800, armée du Nord et à l'armée de l'Angleterre.
Le 5 février 1799 Chef d'escadron au 3ème hussards et en devient chef de brigade le 8 décembre 1799.
Le 3 octobre 1803, chef d'état major de la division de cavalerie du général Tilly.
Le 5 février 1804, Chevalier de la Légion d'Honneur.
Le 14 juin 1804, Officier de la Légion d'Honneur.
1805, campagne d'Autriche.
1806_1807, campagne de Prusse et de Pologne.
Le 8 novembre 1806, signe pour la France la capitulation de Magdebourg.
Le 15 novembre 1806, général de brigade.
Le 31 décembre 1806, commandant de la 1ère brigade de la 2eme division du 6eme corps de la Grande Armée.
Le 28mars 1807, commande la ville de Malbork.
De 1808 à 1811, guerre d'Espagne.
Le 10 février 1809, baron d'Empire.
Le 31 juillet 1811 général de division.
Le 19 janvier 1814, ''il a dû sentir le vent tourner'', il est rappelé à Paris pour s'expliquer sur l'évacuation sans combat de Dijon...
Et pour terminer, ''la cerise sur le gâteau''...
Il entre au service du Roi Louis XVIII.
Le 27 juin 1814 il est fait Chevalier de Saint-Louis et Commandeur de la Légion d'Honneur le 23 août 1814. En octobre 1814, il est commandant de la 4ème division militaire à Nancy. Pas de commandement pendant les Cents-Jours.
Il en profite, en 1815, pour acheter le château de Vosne-Romanée et son vignoble, l'un des plus grand cru du vignoble bourguignon dans les Nuits-Saint-Georges, aujourd'hui exploité par ses descendants.
Le 25 juillet 1819, il est créé vicomte par les Bourbons et commandant de la deuxième division militaire à Châlons-sur-Marne. Le 24 août 1820, il est promu Grand-Officier de la Légion d'Honneur. Le 1er avril 1823 (non, ce n'est pas un poisson), il est nommé comte par ordonnance royale, lettres patentes du 12 avril 1823. Le 29 octobre 1826, promu Grand-Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis (Oui, oui, vous avez bien lu.)...et Gouverneur de la 13ème division militaire en 1827. Retraité le 13 août 1832.
Il meurt dans son château de Vosne-Romanée le 4 décembre 1835.
En guise de conclusion et sans commentaires : son nom est gravé sous l'arc de triomphe de l'Etoile à Paris : pilier Ouest, 37e et 38e colonnes.....
Sources: Archives de la ville de Nantes – décès an 2, Section Lepelletier et Beaurepaire, cote 1E57, pages 113,114/169 - Actes de décès de la Ville de Nantes, année 1794. Base Leonore – archives Nationales site de Paris- cote LH/1640/52, vues n°14/17 - extrait acte de naissance de Louis Liger-Belair. Wikipédia – Louis Liger-Belair. Crédit Photo : Wikipédia, portrait du Général Liger-Belair, et gravures de Chemins Secrets.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
Nota -Louis Liger-Belair s'est marié le 8 mars 1815 à Dijon avec Claire Basire. Cette union est restée sans postérité.
C'est un de ses neveux, Louis-Charles Bocquillon, avocat, fils de Catherine Liger-Belair épouse de Jean-Charles Bocquillon qui hérite du château de Vosne-Romanée et est reconnu comme fils adoptif et héritier du général de l'Empire (acte d'adoption du 15 décembre 1824 légalisé sur les registres de Strasbourg).
Sources : Généanet, arbre de Catherine Chapelle.
7 commentaires -
Par Le Loup le 31 Décembre 2017 à 15:16
Meilleurs vœux 2018…
Si Nicolas a presque tout dit dans ses vœux sur le travail des associations et des blogs, j’en profite à mon tour pour remercier mes lecteurs et mes abonnés, à qui je souhaite la santé et le bonheur pour la nouvelle année.
Je tenais également à faire part de mes vœux à notre petit groupe des « Amis du Pont-Paillat », pour qui ce sera la 30° sortie le 13 janvier prochain. Merci à « Nanou » pour sa patience et ses recherches, à Xavier pour ses articles de plus en plus fouillés sur des choses inédites, à Guy, pour son sens de la communication, à Bruno, aux deux « Pierre », à Angélique et à Chachou (liste non exhaustive) pour leur implication dans nos sorties ; ces sorties dont l’agenda déborde déjà pour 2018 et dont vous découvrirez sous peu les programmes.
Ce soir « Chemins secrets » et « La Maraîchine normande » seront encore au travail une bonne partie de la nuit. Non pas par contrainte mais parce que c’est un réel plaisir d’étudier les archives tandis que le vent et la pluie se déchaîneront dehors.
Passez tous une excellente soirée en famille ou entre amis et à tout à l’heure pour ceux avec qui nous échangerons peut-être quelques messages après minuit.
RL
Décembre 2017
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Par Le Loup le 31 Décembre 2017 à 00:25
Savenay, victimes de leur confiance…
Cet article est tiré d’un dossier des Archives Militaires de Vincennes (SHD B 5/7-97) sur lequel nous aurons l’occasion de revenir très prochainement et qui sera l’occasion de démonter une légende tenace à propos de Savenay. Mais pour l’heure, attardons-nous sur le témoignage du chef de légion Buquet, ancien aide de camp du général Kléber qui écrit au général Damas le 13 juin 1805 pour lui raconter un mauvais souvenir…
RL
Décembre 2017
« Metz, le vingt quatre prairial an 13° de la république française une et indivisible
Le chef de la 18ème légion de la gendarmerie nationale
Au citoyen Damas, général de division,
Effectivement, mon cher général, madame Chateaugiron avoit eu la bonté de me prêter les manuscrits du général Kleber sur la guerre de la Vendée : je les ai passés au général Cataud et celui-ci au général Decaen : ils sont restés entre les mains de ce dernier et comme il est à Paris, je vous prie de lui faire redemander : je suis assuré de son empressement à vous les remettre. Ils finissent à l’affaire de Savenay dans laquelle le général a oublié de rapporter une anecdote que l’histoire doit conserver. Elancés de Savenay vers Montoire avec le général Marceau, quelques ordonnances et officiers d’état-major, nous avions laissé un grand nombre d’ennemis sur nos derrières : ils s’étaient rassemblés plus de 400 : ils avaient tué un officier d’état-major qui s’étoit avancé pour les sommer de se rendre ; je rétrogadai dans ce moment pour aller, par ordre du général Marceau, chercher une pièce d’artillerie pour mitrailler le reste de leur cavalerie embourbée dans les marais : ils firent feu sur moi : j’arrivai près de Kleber ; les représentants du peuple étoient avec lui : je lui parlai du danger que courait le général Marceau : je voulus inutilement faire marcher à son secours une cinquantaine d’ordonnances qui les accompagnaient : Beaupuis et Canuel aussi indignés que moi s’élancèrent pour aller prévenir Marceau de ce qui se passait sur les derrières : nous étions à une petite porté de fusil des brigans réunis : déjà je voyois un mouvement dans leurs fusils lorsque je me déterminai contre l’avis de Beaupuis à aller à eux : je pensois que si je parvenois à me faire écouter, Canuel et Beaupuis auroient le tems d’aller jusqu’à Marceau. Les brigans me laissent approcher ; je marche avec confiance jusqu’au milieu d’eux : je les engage à mettre bas les armes, je leur promets la vie ; je leur cite quelques passages de l’écriture sainte, j’appellai la religion à mon secours : je fis quelque sensation ; ils délibérèrent : un enfant de 14 ans au plus prétendait qu’on ne leur feroit pas plus de graces qu’à Nantes ; il osa tirer sur moi ; heureusement que son fusil ne partit pas. Je fus à lui sans me déconcerter ; je lui reprochai sa conduite ; j’invoquai l’honneur de ses camarades ; je soutins que son action étoit celle d’un assassin : elle fut désapprouvée. Quelques uns touchés de mes paroles se réunirent à moi pour engager les autres à mettre bas les armes : je m’éloignai un peu pendant qu’ils se consultoient : Marceau, Beaupuis et Canuel revinrent pendant ce colloque ; je fus les rejoindre sur la route avec ceux qui consentoient à me croire, comme moi les généraux promirent la vie aux brigans s’ils mettaient bas les armes : après un instant d’hésitation ils se déterminèrent à se rendre. Eh bien, ils ont été victimes de leur bonne foi : les représentants du peuple, Prieur de la Marne surtout, donnèrent ordre à Augier qui existe encore d’aller au devant de l’infanterie ; de former sur la route une espèce de bataillon et de faire un feu de banc sur les brigans à qui Marceau, Beaupuis, Canuel et moi avions promis la vie. Aucun d’eux n’échappa. Ce trait de barbarie me fait encore frissonner chaque fois que je me le rappelle. Il caractérise bien les représentans que nous avions avec nous.
Je viens seulement de recevoir votre lettre quoiqu’elle soit du 13 : mon collègue de Nancy me l’a fait passer : j’y répons de suite et à la hate. Je vous prie de présenter mes hommages respectueux à Madame Chateaugiron et à Madame votre épouse : agréez pour vous l’assurance de mon estime et de mon dévouement.
Buquet
Je vais écrire par ce courier au général Decaen. »
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Par Le Loup le 30 Décembre 2017 à 17:55
Jean-Claude Pissis de Riom (Puy-de-Dôme),
Officier au 29ème régiment d'infanterie de la Colonne Cordelier
participe aux massacres des Lucs-sur-Boulogne.
Nous connaissons tous les noms des victimes des Lucs-sur-Boulogne, massacrés par la Colonne Infernale du Général Cordelier le 28 février 1794, c'est à dire 564 habitants parmi lesquels 109 enfants de moins de 7 ans... et d'autres innocents qui périssent encore au soir de cette triste journée à St-Sulpice-le-Verdon, Mormaison et Legé.
Ce que nous connaissons moins ce sont les assassins des Lucs, mis à part le Général Cordelier, pas un régiment, pas un patronyme d'officiers, de sous-officiers ou de soldats ne nous est parvenu, sauf que... Au hasard d'une lecture, le nom d'un régiment apparaît, le 29ème d'Infanterie, sous les ordres de Cordelier. Cet ''Einsatzgruppen'' de la République participe aux massacres des Lucs en ce 28 février 1794 (Le 10 Ventôse an2). L'acte de décès du lieutenant Jean-Claude Pissis va nous apporter quelques informations sur ce fait et tout particulièrement sur quelques officiers, sous-officiers et soldats de cette Colonne Infernale.
Mais avant de vous livrer les noms de ces ''monstres'' il m'est impossible de faire l'économie d'un rappel des faits afin de vous faire ressentir toute l'obscénité, la perversité et l'horreur d'un tel massacre.
« Pour combattre Charette localisé près de la Vivantière, Cordelier quitte le 28 février les landes de Boisjarry, non loin de Mormaison, en direction des Lucs. Sa colonne franchit la Boulogne au moulin de l'Audrenière tandis qu'une autre colonne, aux ordres de Martincourt, remonte la rive droite vers le Petit-Luc. Seule la troupe de Cordelier parvient aux landes de la Vivantière mais elle se fait violemment bousculer et rebrousse chemin. ''Les Lucs forment en ce temps là deux paroisses : le Grand-Luc 2050 habitants, et le Petit-Luc, 100 habitants. Les Bleus commandés par un général de 26 ans, Cordelier, et partis, le matin, des landes de Boisjarry, suivent le chemin de Mormaison aux Lucs.
« Sur leur passage tout flambe : villages, étables, barges, paillers ; tout est détruit : on égorge les gens dans les maisons ; on éventre les bêtes dans les écuries... des familles entières périssent : René Mineau est tué au Bréjon avec sa femme et ses sept enfants dont le plus petit a 15 jours ; le père Simonneau est égorgé à la Bugelière avec sa femme et 16 de ses enfants et petits enfants.
« A l'approche des bandits, des malheureux se sont réfugiés dans l' église du Petit-Luc. Le curé, M.Voyneau, âgé de 70 ans, va au-devant des Bleus... dans le chemin de la Malnaye, les Bleus le saisissent. Trop heureux d'assouvir leur haine sur un prêtre, ils lui arrachent la langue et le cœur, qu'ils écrasent ensuite sur les pierres du chemin.
« Dans l'église, les fidèles se préparent à la mort en récitant le chapelet... les assassins arrivent. Sans un mouvement de pitié, ils déchargent leurs fusils sur la foule agenouillée ; ils s'acharnent sur les mourants à coups de baïonnettes. Dans le sanctuaire, hier encore si paisible, les blasphèmes les plus hideux se mêlent aux râles des agonisants.
« Puis satisfaits, n'ayant plus rien à tuer, les Bleus s'en vont vers les landes de Launay. Parvenus à quelques distances, ils aperçoivent le clocher du Petit-Luc. Ils tirent dessus à coups de canon. Le clocher s'effondre, écrasant de sa masse le monceau de victimes encore pantelantes.
« Le soir même l'un des égorgeurs écrivait ce billet : '' Aujourd'hui journée fatigante, mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter à peu de frais toute une nichée de calotins... qui brandissaient leurs insignes de fanatisme. Nos colonnes ont progressé normalement.'' »
« Parmi ces morts, beaucoup d'enfants. 109 des victimes n'ont pas plus de 7 ans ; 33 n'ont pas 2 ans ; 2 n'ont encore que 15 jours... faut-il s'étonner si, à la vue de pareilles horreurs, de terribles vengeances se préparent ?
« Ce vendredi 28 février, le passage des deux colonnes incendiaires aura détruit tout l'Est du pays des Lucs, de part et d'autre de la rivière Boulogne. Le reste de la paroisse du Grand-Luc est détruit le lendemain, etc.... »
''Les terribles vengeances'' ne vont pas tarder : le lieutenant de la première compagnie des grenadiers, du 29ème régiment d'infanterie, Jean-Claude Pissis, 26 ans, va y laisser sa peau. ''Il est tué en combattant les Brigands Royalistes de la Vendée ; le 10 Ventôse de l'an2 (28 février 1794) dans la plaine des Grands-Lucs près Leger, département de la Vendée''.
Qui est le Lieutenant Pissis ?
Jean-Claude Pissis est né dans une famille de magistrats* le 15 décembre 1767 à Riom dans le Puys de Dôme. Il est le fils d'Amable Pissis, bourgeois de Riom et de Marie-Simone Jusseraud. Son parrain est Jean-Claude Geslin, avocat, oncle maternel et la Marraine, Dame Claude Pissis, veuve du Sieur Jean Mathieu, notaire Royal à Clermont, tante maternelle.
Adepte des idées nouvelles, il est Lieutenant de grenadiers au 29éme régiment d'infanterie en Vendée, dans la Colonne Infernale commandée par le général Cordelier.
* Son grand-père était Procureur à la Sénéchaussée d'Auvergne au siège Présidial de Riom. C'est incroyable le nombre de magistrats, procureurs, avocats, notaires, ayant épousé les idées perverses de la République. Cette corporation fournit le plus gros contingent de patriotes adeptes des idées nouvelles, fréquentant les Loges Maçonniques... à la recherche de la ''Lumière'' ; ce siècle des ''Lumières'' du même nom que l'ange porteur ce cette ''Lumière'' : LUCIFER.
Voici l'acte de décès de Jean Claude Pissis, enregistré à Nantes, Section Lepelletier et Beaurepaire le 27 Prairial de l'an 2 (Dimanche 15 juin 1794) et les noms de ses camarades ayant participé aux massacres des Lucs-sur-Boulogne, qui doivent être eux aussi immortalisés :
« Le vingt sept prairial an deux de la République Une et indivisible, à trois heures après midi, devant moi Antoine Archambaud aîné, officier public élu pour constater l'état civil des citoyens, ont comparu en la maison commune :
1-Liger-Belair, Adjudant-major du vingt neuvième régiment d'infanterie, âgé de vingt deux ans et de, 2-Alexandre Darassus, lieutenant au dit régiment, âgé de vingt cinq ans, lesquels nous ont déclaré que : 3-Jean-Claude Pissis, lieutenant de la première compagnie des grenadiers dudit régiment, natif de Riom, département du Puits de Dôme, âgé d'environ vingt six ans, a été tué par les Brigands de la Vendée, en combattant à côté d'eux, et comme il est constaté par le certificat dont la teneur suit :
''Nous membres composants le conseil d'administration du vingt neuvième régiment d'infanterie, certifions que le citoyen Jean-Claude Pissis, né à Riom, département du Puits de Dôme, lieutenant de la première compagnie de grenadiers dudit régiment a été tué en combattant contre les Brigands Royalistes de la Vendée, le dix ventôse dernier (28 février 1794) dans la plaine des Grands-Lucs, près Leger, département de la Vendée. En foi de quoi nous avons expédié le présent certificat auquel nous avons fait mettre le cachet de notre régiment au camp de la Roullière, le vingt cinq prairial, l'an deuxième de la République française une et indivisible, signé :
4- Tronquoy, fusilier du 29ème régiment d'infanterie.
5- Casenier, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
6- Deffaulx, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
7- Zimerman,grenadier au 29ème régiment d'infanterie.
8- Foucault, caporal fourrier au 29ème régiment d'infanterie.
9- Bienvenu, sergent au 29ème régiment d'infanterie.
10- Fabre, sous-lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
11- Courtot, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
12- Charles Darbois, chef de bataillon au 29ème régiment d'infanterie.
Je, commissaire des Guerres chargé de la police du 29ème régiment d'infanterie, certifie que les signatures apposées au bas du certificat ci-dessus et des autres parts, sont vraiment celles des officiers, sous-officiers et soldats qui composent le conseil d'administration de ce régiment, signé : Baudiot. Fait en la maison commune de Nantes les dits jour et an, sous les seings des comparants et le mien. »
signé Liger-Belair Adjudant Major et Darassus.
Vous me direz, mais comment savez vous que le 29ème régiment d'infanterie était commandé par le sinistre Cordelier ? C'est très simple, l'acte de décès de Jean Pierre Marseul, soldat au quatrième bataillon des chasseurs de la Haute-Garonne, âgé de 21 ans, né à Mamers département de la Sarthe (vue n°123/169-section Lepelletier et Beaurepaire archives de la ville de Nantes), tué en Vendée le 24 germinal de l'an 2, va nous donner la réponse.
« Certificat du conseil du vingt neuvième régiment d'infanterie, division aux ordres du général Cordelier, conseil d'administration '' Nous membres composant le conseil d'administration dudit régiment certifions que le citoyen François-Jean-Pierre Marseul époux de la citoyenne Jeanne Perodaux, faisant les fonctions de vivandière au dit régiment étoit entré en subsistance dans notre premier bataillon, compagnie de Rollin, ce citoyen ayant été envoyé en détachement a eu le malheur d'être tué le vingt quatre Germinal dernier, ayant été satisfait de sa conduite ; le temps qu'il a servi sous notre commandement nous avons délivré le présent cedrtificat à sa veuve pour qu'elle puisse profitter des bontés de la loi du quatre may dernier, fait et délivré le quatre Floréal deuxième année républicaine une et indivisible, 1794 signé :
Courtot, capitaine.(déjà nommé)
Charles D'Arbois, chef de bataillon.(déjà nommé)
13- Fauvel, Lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
14- Auriel, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
15- Bourbier, lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
Fait en la maison commune de Nantes, sous mon seing, lesdits jour et an, la comparante a déclaré ne savoir signer. »
Signé Archambaud.
Sources: Archives de la ville de Nantes – décès an 2, Section Lepelletier et Beaurepaire, cote 1E57, pages 113,114/169 et 123,124/169 - Actes de décès de la Ville de Nantes, année 1794. Les 12 Colonnes Infernales de Turreau de Pierre-Marie Gaborit et de Nicolas Delahaye-Editions Pays et Terroir, place de Rougé Cholet-1995. Archives Départementales du Puys de Dôme, Riom, baptême, année 1767, vu n°68/326 paroisse Saint Amable - église Saint Jean.- Année 1762, mariage d'Amable Pissis, vue n° 12/329, même paroisse. Photo : Chemins Secrets.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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