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Par Le Loup le 10 Décembre 2017 à 21:41
Le général Chalbos, n'est pas content de la gendarmerie...
Bataille de Fontenay du 25 mai 1793...
L'ambition du cavalier vendéen est de tuer un gendarme pour avoir son cheval et son équipement ; les gendarmes le savent bien et se tiennent en garde contre des ennemis si acharnés à leur ruine. Tuer un gendarme au combat et s'approprier ses armes de qualité est donc une prouesse assez difficile à réaliser ; car le gendarme se dérobe pratiquement à chaque rencontre. En effet, les combats de Perpignan et de Fontenay n'apparaissent pas sur les drapeaux et étendards de la gendarmerie, et pour cause...
Comme nous allons le voir, en ce 25 mai 1793 à Fontenay, le général Chalbos* ordonne à la gendarmerie de charger les royalistes victorieux et les gendarmes, se rendant compte de l'extrême danger qu'ils courent, prennent la fuite... Ils sèment la déroute, le découragement et le désordre dans l'armée républicaine. « Ces lâches, en fuyant, foulèrent aux pieds des chevaux l'infanterie de notre armée. » Ils sont donc responsables de la défaite.......
*Alexis-François Chalbos est né le 6 mars 1736 à Cubières dans le Gévaudan, il est le fils d'un avocat, s'engage dans les armées du Roi, est fait Chevalier de Saint-Louis en 1788. En 1793, il est général de division et commandant de l'armée de Fontenay. Il décède à Mayence le 17 mars 1803.
« Lettre du général Chazot (Chalbos) au Ministère de la Guerre. Je m'étois porté avec un corps de six mille hommes à la Châtaigneraie, mais des détachements pour les Sables ont réduit ma petite armée à trois mille hommes. Le 24 j'appris qu'une colonne de brigands s'avançoit ; nous évacuames la Châtaigneraie, ne pouvant tenir, pour nous rendre à Fontenai, nous y arrivâmes à cinq heures du matin.
A une heure les brigands parurent sur trois colonnes, se répandirent dans la plaine qu'ils couvrirent en un instant ; je couvris Fontenai. Au premier coup de canon ils plièrent ; les hussards de la Gironde les firent reculer, et tout alloit bien ; le bataillon du Loiret chargea la bayonnette au bout du fusil.
J'ordonnais à la gendarmerie de charger pour les soutenir ; vingt seulement obéirent, le reste prit la fuite, et jetta le découragement et le désordre dans l'armée. Ces lâches en fuyant, foulèrent aux pieds des chevaux l'infanterie de notre armée. L'infanterie se voyant abandonnée se mit en déroute ; je rassemblai une trentaine d'hommes, nous chargeâmes la cavalerie des brigands et la fîmes plier. Quelques uns des nôtres ont été pris pendant que l'on opéroit la retraite, et notre défense facilita la conservation de l'artillerie ; l'armée revint à Niort. Il n'est rentré que huit cents hommes. Les grenadiers de la Convention arrivent et marchent.
Le conseil vient d'arrêter que l'on périra à Niort avant de l'évacuer. Quelques officiers se sont montrés intrépides, mais je ne dois pas oublier que ceux qui sont ici, y sont à regret, il faut absolument des troupes de ligne pour détruire les rebelles... »
L'abbé Deniau nous informe que : « Chalbos, pistolet au poing commande aux gendarmes qui forment sa seconde ligne de cavalerie, de donner à leur tour. Cinq seulement obéissent à son ordre. Les autres effrayés par ceux qui viennent de lâcher pied, s'enfuient bride abattue, renversent les fantassins qui se trouvent sur leur passage et écrasent sous les pieds de leur chevaux plus de trente braves qui ne veulent pas céder. En vain les Représentants du peuple et les généraux font les plus grands efforts pour rallier leurs troupes... la déroute est complète. »
Cette défection a un tel retentissement que le Comité de Salut Public est alerté. Le 29 mai 1793, la Convention Nationale transmet un décret aux Représentants du peuple en mission contre les gendarmes qui ont pris la fuite à Fontenay et à Perpignan.
« Lettre du Comité de Salut Public aux Représentants du peuple en mission à Niort en leur envoyant le décret de la Convention contre les gendarmes qui ont pris la fuite dans le combat du 25 mai 1793. (29 mai 1793)
Paris, le 29 mai 1793, l'an 2 de la République française.
Les Représentants du peuple, membres du Comité de Salut Public,
Aux Représentants du peuple députés près l'armée des Côtes de la Rochelle à Niort.
La Convention Nationale vient de rendre un décret qui ordonne d'enlever les chevaux à ceux des gendarmes qui ont lâchement fui en présence de l'ennemi, et de dépouiller de leurs armes et de leur uniforme, les citoyens qui ont refusé de se rendre à la voix du général et du représentant du peuple, qui s'efforçaient en vain de les rallier.
La nouvelle de ce décret parviendrait à l'Armée et préviendrait les mesures d'exécution, si nous attendions des expéditions des bureaux de la Convention Nationale ; nous prenons le parti de vous adresser une copie de ce décret sur nos signatures.
Il importe d'empêcher que les gendarmes n'enlèvent leurs chevaux, et ne passent du côté des rebelles
Il faut vous assurer des chevaux ; des armes, et des uniformes. Il faut prévenir le désordre, et il est nécessaire de prendre des mesures assez bien concertées pour faire rentrer ces citoyens désarmés dans l'intérieur. Nous avons craint d'augmenter le nombre des révoltés ; mais la nécessité d'un exemple utile l'a emporté sur toute autre considération, et nous avons surtout été rassurés par notre confiance dans les mesures d'exécution, que vous saurez concerter avec le général.
Nous comptons sur votre prudence pour remplir le double objet que nous avons en vue, qui consiste à renvoyer dans leurs municipalités des hommes qui ne sont pas propres à défendre la cause de la liberté ; et conserver les chevaux, les armes et les uniformes. (On voit bien là l'importance de l'équipement du gendarme et de l'envie du cavalier vendéen de s'en approprier.)
L'arrivée du général Biron, nous présage que nous allons avoir un plan général de campagne ; qu'il y aura ensemble dans toutes les parties de l'Armée ; et qu'enfin nous allons avoir une armée active dans toutes ses parties.
Les dangers, les fatigues diminueront, et nous n'aurons plus qu'à nous féliciter des preuves de dévouement et de courage que vous avez données dans des circonstances les plus difficiles. »
Les Membres du Comité de Salut Public chargés de la correspondance.
Signatures des membres.
Maintenant voici le Décret de la Convention Nationale...
Décret de la Convention Nationale
Contre les gendarmes qui ont pris la fuite à Perpignan et à Fontenay.
(29 mai 1793)
_______________________________
Décret de La Convention Nationale
du 29 mai 1793
Relatif aux gendarmes qui ont fui à Perpignan et à Fontenay.
________________________________
« La Convention Nationale après avoir entendu le rapport du Comité de Salut Public, et la lecture des lettres écrites par les Commissaires de la Convention envoyés à Perpignan et à Niort ; décrète ce qui suit :
ART:1er
Ceux des gendarmes nationaux qui ont lâchement fui dans la journée du 19 à Perpignan et du 25 à Fontenay-le-Peuple seront dépouillés de leurs armes et uniformes, renvoyés dans leurs municipalités, et déclarés incapables de servir la République, sans préjudice des poursuites qui devront être faites ; conformément au Code Pénal, contre ceux des dits gendarmes ; qui auront donné le signal de la fuite ou qui l'auraient provoquée.
Le Ministre de la guerre est chargé de faire arrêter sur le champ ; les gendarmes et officiers prévenus de cette trahison, et de les faire juger conformément aux loix militaires.
ART: 2e
Les représentants du peuple envoyés près les armées sont autorisés à nommer de concert avec les administrateurs des départements, des gendarmes nationaux pour remplacer ceux qui sont destitués ; et de leur faire délivrer les armes, équipements et chevaux des gendarmes destitués, en en faisant estimer la valeur pour être statué sur le remboursement.
ART: 3
Le licenciement des dits gendarmes, sera prononcé à la suite du rapport et des informations faites par un conseil de guerre, composé de dix citoyens pris dans divers grades de l'Armée.
ART: 4
Il sera fait mention dans le procès-verbal, de la conduite courageuse tenue par les seize citoyens gendarmes qui se sont joint au général Beaufranchet-Dayat et le chef de brigade Mouvion ; pour charger les rebelles et sauver une partie de l' armée.
Visé par l'inspecteur des procès-verbaux signé Joseph Becker- collationnés à l'original par nous présidents et secrétaires de la Convention Nationale.
A Paris le 3 juin 1793, l'an second de la République.
Signé Mallarmé, président; Meaulle et Durand-Maillane, secrétaire.
Au nom de la République. » etc........
Sources : Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés- Les Affiches de Nantes n°67 du mercredi 5 juin 1793 – l'an 2 de la République, vue n°1 et 2/4. Archives Départementales de la Vendée, extrait des archives du Tribunal Révolutionnaire class E dépôt 92.1 II 7 – vues n°2 et n°5,6/7 -
(Abbé Deniau Tome n°2, page 83 - Histoire de la Guerre de la Vendée.) - Gravure: officier de gendarmerie sous la Révolution de wikipédia.
A suivre ici
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 8 Décembre 2017 à 12:23
Des soldats de Monsieur de Charette font leur soumission à
Saint-Michel-Chef-Chef au début de l'année 1796....
En janvier 1796 Monsieur de Charette n'a plus qu'une poignée de soldats, des héros harassés de fatigue, blessés pour la plupart, environ trois cents hommes, ''des hommes de fer''. Ils n'ont plus ni poudre, ni pain et les désertions commencent à éclaircir les rangs de la petite armée à partir de décembre 1795.
Le 13 janvier les chasseurs de Travot aperçoivent Charette « fuyant dans les bois avec quelques cavaliers » mais ne réussissent pas à l'atteindre.
Le Dimanche 24 janvier, c'est l'ultime journée dans le marais, puis il regagne le bocage et erre vers le Poiré-sur-Vie, des soldats originaires de Saint-Michel-Chef-Chef regagnent leurs foyers en Pays de Retz.... c'est la fin !
Le Mercredi Saint 23 mars, son armée compte trente deux hommes... la grande aventure prendra fin dans les bois de la Chabotterie.
Les derniers combats du chevalier de Charette, m'émeuvent particulièrement, puisque quelques uns de mes ancêtres ont combattu sous ses ordres... Se soumettre et déposer ses armes devant un adversaire aussi déloyal fut une démarche humiliante, mais ce furent les armes usées qu'ils rendirent,... le dernier ''bras d'honneur'' à la République en quelque sorte.
« Le 24 frimaire de l'an quatrième (15 décembre 1795) de la République, environ cinq heures du soir s'est présenté Charles Normand, propriétaire et domicilié dans cette commune qui a déclaré que s'étant égaré jusqu'à prendre les armes contre la République parmis les rebelles de la Vendée il reconnaissoit sa faute et renonçait à ce parti pour prendre celui de la République et vivre sous les loix auquel il se soummettoit d'aperès cette déclaration nous lui avons délivré un certificat qui ateste de son retour et cela après lavoir sommé de rendre ses armes, si il en avoit il a répondu qu'il lui avoit été impossible de les sauver de la Vendée – Et nous lui avons dit que cétoit une des condition de la proclamation du général Hoche qui nous autorise recevoir la soumission a repeté qu'il n'en avoir point à Saint Michel ce jour et an ci dessus. Présent les citoyens Pavageau municipal et capitaine de la Garde Nationale, Julien Guillon municipal, les citoyens Etienne Normand père et fils, la Marte, Guérin notable élu adjoint a signé avec nous Charles Normand. »
Ont tous signé. (vue n°31/37).
« Le 22 nivôse de l'an quatrième de la République (12 janvier 1796) - (Extrait)... Jean Bonhommeau et Louis Bonhommeau tous deux frères, tous deux ayant suivis l'armée de la Vendée reconnaissent leur erreur désirant rentrer sous lobéïssance de la République ont rendu leurs armes consistoit en chacun un fusil de calibre et nous déclare que leur intention étoit de ne jamais servir sous l'Armée Royaliste, mais de vivre sous les loix de la République etc.... »
« Le premier Pluviôse de l'an quatrième (21 janvier 1796) de la République (extrait) s'est présenté Joseph Baconnais et Simon Durand, tous deux domiciliés de cette commune l'un et l'autre ayant suivi l'Armée des Vendéens ou Royalistes ont déclaré vouloir rentrer dans l'obéïssance de la République....ils ont rapporté une arme, un fusil et ont déclaré que c'étoit le seul arme qu'ils avoient..... »
« Le six Pluviôse de l'an quatrième de la République (26 janvier 1796). (extrait)... s'est présenté à la chambre de la municipalité Pierre Gervais du bourg et Pierre Gervais de la Sansonnerie l'un et l'autre revenant de l'Armée de Charrete où ils ont servis contre la République... ont répondu qu'il n'avoient point d'armes... »
« Le 9 Pluviôse de l'an quatrième (29 janvier 1796)-(extrait)... de la République se sont présentés à la chambre municipale les citoyens Jacques Moriceau notable et Sébastien Potet domiciliés de cette commune, présentant les nommés Pierre Pâtis ci-devant domicilié en cette commune comme domestique chez le citoyen Sébastien Potet, né en la commune de Chauvé ; Pierre Gautier même domicile en qualité de domestique chez la veuve Lormeau de la Grenonnière né en la commune de Frossai et Jean Patron demeurant ci devant en cette commune en qualité de domestique chez le citoyen Jean Potet père, né en la commune d'Arton sortant de l' Armée de la Vendée sous le commandement de Charrete où ils ont servis contre la République..... ont déposé chacun un fusil dont deux sont de calibre et un de calibre seuls armes qu'ils possèdent... »
« Le 28 Pluviôse de l'an quatrième (17 février 1796)-(extrait)... de la République s'est présenté à la chambre municipale le citoyen Jacques Moriceau notable de cette commune, présent Julien Bonamy natif de la dite commune et Guillaume Durand natif du même lieu les deux venant de la Vendée où ils ont porté les armes contre la République, nous ont déclaré qu'ils reconnaissent leur erreur… etc..... Ils rendent les armes... Julien Bonamy un fusil de munition, Guillaume Durand un petit pistolet pour preuve de leur résignation.... »
« Le 13 pluviôse de l'an quatrième (2 février 1796)-(extrait)... de la République Jean Allais fermier à la Baudière revenant de l'Armée des rebelles de la Vendée, lequel nous a déclaré qu'il revenoit de bonne foi...... nous lui avons demandé qu'il en a nous remetre les armes, il nous a déclaré ne pouvoir le faire parce que dans une déroute il avoit jeté son fusil afin de mieux courir etc... »
« Le six Ventôse de l'an quatrième (25 février 1796) - de la République, (extrait), s'est présenté à la chambre de la commune le nommé Pierre Bichon, laboureur demeurant chez le citoyen Jean Durand, fermier à la Prinstière avec un certificat qui ateste son retour d'avec les Rebelles de la Vendée et sa soumission aux loix signé Clergeau maire et Gautier Commandant le cantonnement de Saint-Père-en-Retz.... »
« Le 12 Ventôse de l'an quatrième de la République (2 mars 1796)- (extrait) René Gautier ci-devant domicilié au moulin de Ste Viergne (Sainte Vierge) en cette commune venant de la Vendée où il apporté les armes contre la République, il nous a remis un fusil d'amunition seul armes qu'il a en sa possession etc... »
« Le 17 Ventôse an quatrième (7 mars 1796) de la République (extrait) à six heures du matin Joachim Durand, laboureur de cette commune venant de la Vendée où il a servi dans l'armée des Rebelles, nous a remis un mauvais pistolet d'amonition etc... »
« Le 23 Ventôse au matin an quatrième de la République, (13 mars 1796)- (extrait) - Thomas Grelié laboureur, 28 ans, de la commune de Chauvé venant de la Vendée où il a servi dans l'armée des Rebelles... a rendu un fusil de calibre etc.... »
Sources : Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés, commune de Saint-Michel-Chef-Chef - Délibérations municipales vues n°31,32,33,34,35 et 36, 1790-an VIII – Carte postale F. Chapeau. Nantes. Photo de l'auteur.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 6 Décembre 2017 à 20:27
Saint-Michel-Chef-Chef, le 16 Nivôse de l'an 2...
Récemment évoqué dans ce blogue, le changement de nom des communes ne date pas d'aujourd'hui, mais de la Révolution. Il fait partie du plan établi sur le long terme par ''l'Etat Profond'' pour déchristianiser la France.
L'Archange Saint-Michel, chef de la milice céleste, est souvent représenté avec une balance. En effet, il procède au jugement des défunts par le biais de la balance avec laquelle il pèse les âmes sur leurs bonnes ou mauvaises actions... et c'est le plateau le plus lourd qui l'emporte...
Je ne sais pas ce qu'a pu raconter l'équipe de ''bras cassés'' de municipaux de Saint-Michel-Chef-Chef, en arrivant devant l'Archange pour la pesée... Ne l'ont-ils pas renié par trois fois au cours de l'an 2 de la République ?
« Aujourd'hui ce seize nivôse de l'an second de la République Une et Indivisible. Nous maire et officiers municipaux de la commune de Saint Michel Chef Chef, assisté des notables composant le conseil, tous étant assemblés pour satisfaire au Décret de la Convention Nationale, qui décrète la nouvelle dénomination des communes portant des noms de Saints.
Déclarons que nous suprimons le nom de Saint Michel pour nous en tenir à la seule dénomination de Chef Chef, ce que tous ont consentis sous nos seings, à Chef Chef ce jour et an cy dessus. »
« Séance du 24 nivôse l'an deuxième de la République française où présidoit Jacques Baconnais maire, Jean Forton, Pierre le Rai, officiers municipaux, Julien Guillon, Jacques Antoine Guérin, Jean Durand notables. Jean Baconnais a dit Citoyens la Convention par son décret du 25 Vendémiaire ayant invité les communes dont les noms qui peuvent rappeler les souvenirs de la Royauté, de la féodalité ou de la superstition aïent à changer de nom sur ce je vous le requère de vouloir délibérer.
D'après la réquisition de l'Agent National tous ont donné leur opinion et se sont réunis à ce que dorénavant l'on suprimeroit le nom de Saint Michel de Chef chef pour s'en tenir au seul nom de Chefchef. Nom quelle portoit avant quelle fut érigée en paroisse. A Chefchef ce jour et an cy dessus, tous ont signés eccepté Jean Durand qui ne signe. »
signé : Baconnais maire et consorts....
« Séance du premier Pluviose où présidoit Jacques Baconnais maire, Pierre le Rai, municipal, Jean Forton, Pierre Clavier, Louis Dupé, Jean Potet, Jean Rivau, Jean Durand, Charles Lormeaux, Jacques Grivaux, Jacques Antoine Guérin, Julien Guillon, après la réquisition de Jean Baconnais Agent national de cette commune, sur une nomination plus distincte de la ditte commune et qui n'ait aucun rapport avec l'ancien Régime, nous revenons sur les arrêtés des seize et vingt quatre nivôse, nous donnons à cette commune le nom de la commune des Sablons, ce que tous ont consentis. Aux Sablons ce jour et an cy dessus. Jean Forton municipal présents et ont tous signé ».
Sources : Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés, commune de Saint-Michel-Chef-Chef - Délibérations municipales vues 15,16/37.- Gravure extraite du blog '' le Boudoir de Marie-Antoinette.''
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 4 Décembre 2017 à 21:56
Le 1er juin 1793, Pierre-François Debucant,
maire de Saint-Père-en-Retz, ''pète les plombs''…
Juin 1793.... le pays de Retz est devenu impraticable pour les Républicains. Réfugiés dans les bourgs, les municipaux ont la ''tremblotte'', les Royalistes remportent victoires sur victoires.
Pierre-François Debucant, originaire de Paris, est instituteur depuis 1785 à Saint-Père-en-Retz. Le Dimanche 9 décembre 1792 il est proclamé maire au milieu des flonflons de la fête et des guirlandes tricolores... (vue n°45/71 délibérations municipales de St-Père-en-Retz).
Le samedi 1er juin 1793 changement d'ambiance, les officiers municipaux et la garde nationale sont obligés de faire évacuer leur maire vers le district. Il est désarmé par le conseil municipal et conduit à Paimboeuf afin qu'on lui administre ''des petites boules roses'', remèdes convenables à son délire.
Devenu subitement fou il veut se suicider...et a pris toutes les dispositions nécessaires pour ne pas ''se rater' : un fusil, une corde pour se pendre et deux pistolets avec des munitions.
« Aujourdhuy premier juin 1793, l'an 2ème de la République.
Nous soussigné et officiers municipaux et gardes nationaux de St Père en Retz sur la déclaration publique nous faite part Pierre François Debucant, maire de st Père en Retz qu'il était résolu de se tuer et que même il avait préparé son fusil en conséquence tout le public persuadez de sa ferme résolution, la municipalité a pris sur elle de donner une réquisition à la force armée de laller désarmer, a fin de luy oter les moyens du suicide. Ce qui a été fait vers dix heures du matin, on luy a oté - 1° un fusil préparé avec une corde pour favoriser son dessein. 2° Deux pistolets chargés, quatre cartouches et deux balles ; et a été traduit à la chambre municipale pour sassurer de la personne et de luy demandez les raisons qu'il avait. Le dit Debucant a déclaré persister dans son dessein ; ce qui a fait qu'il a été mit en arrestation pour estre delà conduit sur le champs à Paimbeuf au district par la force armée, les quatre cartouches et les deux balles ont été déposé par luy même sur le bureau. Fait en municipalité les jour et an que dessus.
Signé : Le Duc aîné , Blanchard – Foucher et consorts »
(vue n°66/71 -1791-1793 délibérations municipales de St Père en Retz).
La médecine administrée n'a pas été très efficace puisqu'il meurt le neuf Floréal de l'an 4 (29 avril 1796) à Paimboeuf, à l'âge de 47 ans. Les renseignements sur les maires de Saint-Père-en-Retz fournis par Wikipédia sont erronés, puisqu'on y mentionne que Pierre-François Debucant a été maire jusqu'en 1800.
Pierre-François Debucant est né dans la paroisse Saint Eustache à Paris en 1749. Il est le fils de Jacques Debucant et de Marie Barré. Il épouse en seconde noce Yvonne Prieur. Au moment des faits, il est instituteur et maire de Saint-Père-en-Retz. ''Réfugié'' à Paimboeuf en juin 1793, il est domicilié rue des Champs, lieu de son décès. (vue n°143/155 actes de décès de Paimboeuf, année 1796 - an 4).
Sources : Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés, commune de Saint-Père-en-Retz et Paimboeuf - Délibérations municipales de Saint-Père-en-Retz – et série G (L.Maître ) - Photo de l'auteur.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 4 Décembre 2017 à 11:41
Le trésor de Stofflet…
Dans différents articles de ce blog, il a été abordé à plusieurs reprises les trésors de Charette ; je dis bien les trésors car je n’imagine pas les grands chefs vendéens n’avoir qu’une seule cachette, que ce soit pour leur numéraire, aussi bien que pour leurs armes. En février et mars 1796, disparaissent les deux derniers grands chefs vendéens, Stofflet et Charette, après avoir attendu de vains secours d’une monarchie en exil qui préférait les apparences de complots en dentelle que l’approche du terrain. Stofflet et Charette ont eu certes leurs défauts mais on ne pourra jamais leur reprocher de ne pas avoir été fidèles jusqu’au bout. Et si pour une fois, nous parlions un peu du trésor de Stofflet ? Ca vous tente ?
Ce que je vais vous raconter n’a rien de nouveau pour « les initiés » aux Guerres de Vendée mais vous avouerez probablement après coup que cela vaut « son pesant d’or ».
On retrouve aux archives militaires de Vincennes un curieux billet rédigé à la va-vite de la main d’Hédouville et qui fut exploitée par Chassin (1) :
« A communiquer au général Hoche
Envoyé au général Hoche le ( ?) thermidor an 4
Reçu en messidor an 4 (soit aux alentours des 18 et 19 juillet 1796)
Stoflet avait ramassé un trésor qu’on peut évaluer à 4 ou 5 cent mille francs en or et argent, plus ou moins. Il n’a point voulu le faire connaître au prêtre Bernier, parce qu’il se défiait de lui.
Un ecclésiastique ou prêtre réfractaire dont on ignore le nom, mais qu’on pourrait peut-être parvenir à découvrir, en avait connaissance. Ce prêtre a déclaré le lieu où était caché ce trésor, a d’Autichamp qui l’a enlevé et l’a de nouveau caché.
On sait que Hénon de Maulévrier, dont le père était chantre de l’ancien curé de Maulévrier, était caissier de l’armée catholique. Il pourrait avoir quelques connaissances à cet égard.
Les anciens sous-chefs de l’armée de Stoflet sont très mécontents que d’Autichamp se soit emparé seul de cet argent et ils pourraient concourrir à faire trouver le lieu où il a été caché, surtout si on les intéressaient à cette découverte. »
Pas de signature. Le billet n’est pas officialisé.
On notera au passage l’éternel appétit d’argent des républicains, prêts à tout pour obtenir de l’argent. Il est bien évident que s’il y avait eu le moindre paysan pour fournir un renseignement, il aurait été de suite fusillé après avoir parlé. Bref, on sait que le 7 avril 1878, trois journaliers qui travaillaient à redresser une allée du château de la Morosière à Neuvy-en-Mauges avaient fait une curieuse découverte. Cet épisode est connu mais je mets le lien sur cette histoire ici. Depuis l’allée où fut trouvé le trésor est surnommée « l’Allée de la Boursée ».
La fameuse allée sur Géoportail…
...Et sur le cadastre de 1827 (à cette époque le trésor y est toujours) :
Le trésor retrouvé et qui représentait environ 40 000 francs de l’époque soit 127 000 € de nos jours était bien loin des 4 à 500 000 francs de 1796 décrits par Hédouville dans son courrier à Hoche (2). Un petit calcul savant nous fait obtenir 923 000 € dans l’hypothèse d’un trésor de 500 000 francs de 1795 (3). Si l’on doit tenir compte du coût de la vie entre l’époque de Stofflet et la nôtre, sans parler de la valeur archéologique et numismatique de la découverte d’une telle somme au bout de 220 ans, on arrive à quelque chose d’extravagant, sans doute au-delà des 4 000 000 d’Euros.
La Morosière fut le dernier quartier général de Stofflet mais il a eu certainement, comme Charette, d’autres caches pour son argent. D’ailleurs, on sait que Forestier amena en Angleterre « une bouteille contenant 1300 Livres Sterling » provenant de « l’une des caches de Stofflet » (4). Forestier et d’Autichamp ont donc eu connaissance de ces caches. Est-ce que tout a été récupéré ? Rien n’est moins sûr et que d’Autichamp a-t-il fait de ce qu’il avait trouvé, comme vu plus haut ?
Le chasseur de trésors Didier Audinot (encore lui !) raconte une trouvaille faite à La Tourlandry lors de la réfection du presbytère (5). Un ouvrier trouva, à 4 mètres de hauteur, sous le toit, dans un mur, une boîte de bois, contenant 188 des fameux « bons de Stofflet », dont on connaît l’histoire et qui avaient déclenché une polémique lors de leur émission. On sait par Coulon, le secrétaire de Stofflet qu’il y aurait eu une émission de bons à hauteur de 2 243 000 francs, soit 3 207 490 Livres, ce qui nous donne 4 554 636 €… A condition que cette émission de bons ait pu correspondre à un trésor réel et non un simple crédit sur le trésor royal à la Restauration, comme c'était probablement le cas. Les sommes citées ne sont bien entendu qu’un ordre d’idée selon des indices qui ne prennent pas en compte la différence de pouvoir d’achat et les besoins entre les deux époques.
Arrêtons de nous donner le vertige avec des chiffres et réfléchissons un peu ensemble où pouvaient se situer les cachettes de
Stofflet.
La forêt de Vezins avec la Bauge des Buissons et le Cimetière des Martyrs figurent en tête du classement, notamment le puits qui alimentait en eau le camp ravagé le 25 mars 1794 par les « infernaux ». Le château du Lavouër, encore sur Neuvy-en-Mauges, pourrait être une piste mais celui-ci était le lieu de cachette de l’abbé Bernier. Gageons qu’au vu de ce qui a été dit plus haut, Stofflet n’avait guère confiance en lui sur ses derniers moments. Cet individu, bouffi d’orgueil et prêt à trahir pour sauver sa peau et acquérir quelques honneurs à donné au cours de l’histoire, des gages de sa duplicité.
Mais alors, que reste-t-il ? La Saugrenière ? Il est peu probable que Stofflet ait eu le temps d’y cacher quoique ce soit, mais sait-on jamais. Qui sait si la ferme du « Pé-Grimault », où les chevaux de l’état-major de Stofflet étaient à l’écurie le soir du drame, n’a pas quelque chose à raconter… La Saugrenière et le « Puy-Grimault » (dit « Pé-Grimault ») sont des endroits fascinants dont on ne repart jamais sans une rêverie profonde.
Reste un endroit dont nous n’avons pas encore parlé, bien loin des terres de Stofflet : le château de La Roche-Faton, à Lhoumois dans l’Est des Deux-Sèvres, en pleine Gâtine parthenaisienne. C’est là, dans la chapelle, que fut enterré Charles d’Autichamp, à sa mort, en 1859… Pouvait-il être encore en possession de quelque argent de l’armée de Stofflet ?
RL
Décembre 2017
Notes :
(1) SHD, B 5/35-87, v. 8/9, repris par Chassin, « Les Pacifications de l’Ouest », tome II.
(2) On sait que le Franc remplace la Livre à partir du 3 germinal de l’an III (7 avril 1795). Il vaut 1 Livre et 3 deniers.
(3) J’ai d’abord converti la somme en Livres Tournois pour trouver un semblant de correspondance avec l’Euro.
(4) Chassin, ibid, tome III.
(5) « Trésors enfouis des Guerres de Vendée et de la Chouannerie », L’Etrave, Beauvoir-sur-Mer, 2002.
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