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Massacre des Lucs, Jean-Claude Pissis....
Jean-Claude Pissis de Riom (Puy-de-Dôme),
Officier au 29ème régiment d'infanterie de la Colonne Cordelier
participe aux massacres des Lucs-sur-Boulogne.
Nous connaissons tous les noms des victimes des Lucs-sur-Boulogne, massacrés par la Colonne Infernale du Général Cordelier le 28 février 1794, c'est à dire 564 habitants parmi lesquels 109 enfants de moins de 7 ans... et d'autres innocents qui périssent encore au soir de cette triste journée à St-Sulpice-le-Verdon, Mormaison et Legé.
Ce que nous connaissons moins ce sont les assassins des Lucs, mis à part le Général Cordelier, pas un régiment, pas un patronyme d'officiers, de sous-officiers ou de soldats ne nous est parvenu, sauf que... Au hasard d'une lecture, le nom d'un régiment apparaît, le 29ème d'Infanterie, sous les ordres de Cordelier. Cet ''Einsatzgruppen'' de la République participe aux massacres des Lucs en ce 28 février 1794 (Le 10 Ventôse an2). L'acte de décès du lieutenant Jean-Claude Pissis va nous apporter quelques informations sur ce fait et tout particulièrement sur quelques officiers, sous-officiers et soldats de cette Colonne Infernale.
Mais avant de vous livrer les noms de ces ''monstres'' il m'est impossible de faire l'économie d'un rappel des faits afin de vous faire ressentir toute l'obscénité, la perversité et l'horreur d'un tel massacre.
« Pour combattre Charette localisé près de la Vivantière, Cordelier quitte le 28 février les landes de Boisjarry, non loin de Mormaison, en direction des Lucs. Sa colonne franchit la Boulogne au moulin de l'Audrenière tandis qu'une autre colonne, aux ordres de Martincourt, remonte la rive droite vers le Petit-Luc. Seule la troupe de Cordelier parvient aux landes de la Vivantière mais elle se fait violemment bousculer et rebrousse chemin. ''Les Lucs forment en ce temps là deux paroisses : le Grand-Luc 2050 habitants, et le Petit-Luc, 100 habitants. Les Bleus commandés par un général de 26 ans, Cordelier, et partis, le matin, des landes de Boisjarry, suivent le chemin de Mormaison aux Lucs.
« Sur leur passage tout flambe : villages, étables, barges, paillers ; tout est détruit : on égorge les gens dans les maisons ; on éventre les bêtes dans les écuries... des familles entières périssent : René Mineau est tué au Bréjon avec sa femme et ses sept enfants dont le plus petit a 15 jours ; le père Simonneau est égorgé à la Bugelière avec sa femme et 16 de ses enfants et petits enfants.
« A l'approche des bandits, des malheureux se sont réfugiés dans l' église du Petit-Luc. Le curé, M.Voyneau, âgé de 70 ans, va au-devant des Bleus... dans le chemin de la Malnaye, les Bleus le saisissent. Trop heureux d'assouvir leur haine sur un prêtre, ils lui arrachent la langue et le cœur, qu'ils écrasent ensuite sur les pierres du chemin.
« Dans l'église, les fidèles se préparent à la mort en récitant le chapelet... les assassins arrivent. Sans un mouvement de pitié, ils déchargent leurs fusils sur la foule agenouillée ; ils s'acharnent sur les mourants à coups de baïonnettes. Dans le sanctuaire, hier encore si paisible, les blasphèmes les plus hideux se mêlent aux râles des agonisants.
« Puis satisfaits, n'ayant plus rien à tuer, les Bleus s'en vont vers les landes de Launay. Parvenus à quelques distances, ils aperçoivent le clocher du Petit-Luc. Ils tirent dessus à coups de canon. Le clocher s'effondre, écrasant de sa masse le monceau de victimes encore pantelantes.
« Le soir même l'un des égorgeurs écrivait ce billet : '' Aujourd'hui journée fatigante, mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter à peu de frais toute une nichée de calotins... qui brandissaient leurs insignes de fanatisme. Nos colonnes ont progressé normalement.'' »
« Parmi ces morts, beaucoup d'enfants. 109 des victimes n'ont pas plus de 7 ans ; 33 n'ont pas 2 ans ; 2 n'ont encore que 15 jours... faut-il s'étonner si, à la vue de pareilles horreurs, de terribles vengeances se préparent ?
« Ce vendredi 28 février, le passage des deux colonnes incendiaires aura détruit tout l'Est du pays des Lucs, de part et d'autre de la rivière Boulogne. Le reste de la paroisse du Grand-Luc est détruit le lendemain, etc.... »
''Les terribles vengeances'' ne vont pas tarder : le lieutenant de la première compagnie des grenadiers, du 29ème régiment d'infanterie, Jean-Claude Pissis, 26 ans, va y laisser sa peau. ''Il est tué en combattant les Brigands Royalistes de la Vendée ; le 10 Ventôse de l'an2 (28 février 1794) dans la plaine des Grands-Lucs près Leger, département de la Vendée''.
Qui est le Lieutenant Pissis ?
Jean-Claude Pissis est né dans une famille de magistrats* le 15 décembre 1767 à Riom dans le Puys de Dôme. Il est le fils d'Amable Pissis, bourgeois de Riom et de Marie-Simone Jusseraud. Son parrain est Jean-Claude Geslin, avocat, oncle maternel et la Marraine, Dame Claude Pissis, veuve du Sieur Jean Mathieu, notaire Royal à Clermont, tante maternelle.
Adepte des idées nouvelles, il est Lieutenant de grenadiers au 29éme régiment d'infanterie en Vendée, dans la Colonne Infernale commandée par le général Cordelier.
* Son grand-père était Procureur à la Sénéchaussée d'Auvergne au siège Présidial de Riom. C'est incroyable le nombre de magistrats, procureurs, avocats, notaires, ayant épousé les idées perverses de la République. Cette corporation fournit le plus gros contingent de patriotes adeptes des idées nouvelles, fréquentant les Loges Maçonniques... à la recherche de la ''Lumière'' ; ce siècle des ''Lumières'' du même nom que l'ange porteur ce cette ''Lumière'' : LUCIFER.
Voici l'acte de décès de Jean Claude Pissis, enregistré à Nantes, Section Lepelletier et Beaurepaire le 27 Prairial de l'an 2 (Dimanche 15 juin 1794) et les noms de ses camarades ayant participé aux massacres des Lucs-sur-Boulogne, qui doivent être eux aussi immortalisés :
« Le vingt sept prairial an deux de la République Une et indivisible, à trois heures après midi, devant moi Antoine Archambaud aîné, officier public élu pour constater l'état civil des citoyens, ont comparu en la maison commune :
1-Liger-Belair, Adjudant-major du vingt neuvième régiment d'infanterie, âgé de vingt deux ans et de, 2-Alexandre Darassus, lieutenant au dit régiment, âgé de vingt cinq ans, lesquels nous ont déclaré que : 3-Jean-Claude Pissis, lieutenant de la première compagnie des grenadiers dudit régiment, natif de Riom, département du Puits de Dôme, âgé d'environ vingt six ans, a été tué par les Brigands de la Vendée, en combattant à côté d'eux, et comme il est constaté par le certificat dont la teneur suit :
''Nous membres composants le conseil d'administration du vingt neuvième régiment d'infanterie, certifions que le citoyen Jean-Claude Pissis, né à Riom, département du Puits de Dôme, lieutenant de la première compagnie de grenadiers dudit régiment a été tué en combattant contre les Brigands Royalistes de la Vendée, le dix ventôse dernier (28 février 1794) dans la plaine des Grands-Lucs, près Leger, département de la Vendée. En foi de quoi nous avons expédié le présent certificat auquel nous avons fait mettre le cachet de notre régiment au camp de la Roullière, le vingt cinq prairial, l'an deuxième de la République française une et indivisible, signé :
4- Tronquoy, fusilier du 29ème régiment d'infanterie.
5- Casenier, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
6- Deffaulx, grenadier du 29ème régiment d'infanterie.
7- Zimerman,grenadier au 29ème régiment d'infanterie.
8- Foucault, caporal fourrier au 29ème régiment d'infanterie.
9- Bienvenu, sergent au 29ème régiment d'infanterie.
10- Fabre, sous-lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
11- Courtot, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
12- Charles Darbois, chef de bataillon au 29ème régiment d'infanterie.
Je, commissaire des Guerres chargé de la police du 29ème régiment d'infanterie, certifie que les signatures apposées au bas du certificat ci-dessus et des autres parts, sont vraiment celles des officiers, sous-officiers et soldats qui composent le conseil d'administration de ce régiment, signé : Baudiot. Fait en la maison commune de Nantes les dits jour et an, sous les seings des comparants et le mien. »
signé Liger-Belair Adjudant Major et Darassus.
Vous me direz, mais comment savez vous que le 29ème régiment d'infanterie était commandé par le sinistre Cordelier ? C'est très simple, l'acte de décès de Jean Pierre Marseul, soldat au quatrième bataillon des chasseurs de la Haute-Garonne, âgé de 21 ans, né à Mamers département de la Sarthe (vue n°123/169-section Lepelletier et Beaurepaire archives de la ville de Nantes), tué en Vendée le 24 germinal de l'an 2, va nous donner la réponse.
« Certificat du conseil du vingt neuvième régiment d'infanterie, division aux ordres du général Cordelier, conseil d'administration '' Nous membres composant le conseil d'administration dudit régiment certifions que le citoyen François-Jean-Pierre Marseul époux de la citoyenne Jeanne Perodaux, faisant les fonctions de vivandière au dit régiment étoit entré en subsistance dans notre premier bataillon, compagnie de Rollin, ce citoyen ayant été envoyé en détachement a eu le malheur d'être tué le vingt quatre Germinal dernier, ayant été satisfait de sa conduite ; le temps qu'il a servi sous notre commandement nous avons délivré le présent cedrtificat à sa veuve pour qu'elle puisse profitter des bontés de la loi du quatre may dernier, fait et délivré le quatre Floréal deuxième année républicaine une et indivisible, 1794 signé :
Courtot, capitaine.(déjà nommé)
Charles D'Arbois, chef de bataillon.(déjà nommé)
13- Fauvel, Lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
14- Auriel, capitaine au 29ème régiment d'infanterie.
15- Bourbier, lieutenant au 29ème régiment d'infanterie.
Fait en la maison commune de Nantes, sous mon seing, lesdits jour et an, la comparante a déclaré ne savoir signer. »
Signé Archambaud.
Sources: Archives de la ville de Nantes – décès an 2, Section Lepelletier et Beaurepaire, cote 1E57, pages 113,114/169 et 123,124/169 - Actes de décès de la Ville de Nantes, année 1794. Les 12 Colonnes Infernales de Turreau de Pierre-Marie Gaborit et de Nicolas Delahaye-Editions Pays et Terroir, place de Rougé Cholet-1995. Archives Départementales du Puys de Dôme, Riom, baptême, année 1767, vu n°68/326 paroisse Saint Amable - église Saint Jean.- Année 1762, mariage d'Amable Pissis, vue n° 12/329, même paroisse. Photo : Chemins Secrets.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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