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Par Le Loup le 14 Janvier 2019 à 20:33
L’affaire du viol collectif et de l’assassinat de sept jeunes femmes par les hussards américains commandés par Jean Pinard, lors de leur passage à Vue en février 1794
Le 25 octobre 1794 (4 brumaire an III), devant le Comité de surveillance de Nantes, Mariotte jeune et Cormeray, deux patriotes anciens volontaires nantais, alors employés à la rentrée des grains pour Nantes, firent une « dénonciation contre Pinard et ses soldats noirs pour viols collectifs et assassinats ». Les deux hommes rapportèrent ainsi un fait divers remontant au mois de février 1794, impliquant Jean Pinard et sa bande de hussards américains dans le viol collectif et l’assassinat de sept jeunes femmes, capturées par la force armée du côté de Vue.
La situation du côté de Vue en février 1794
Le 14 février 1794, deux colonnes républicaines, parties de Vue, au Nord, et de Bourgneuf, au Sud, décidèrent d’attaquer en force le camp royaliste du chef Louis-François-Charles Ripault de La Cathelinière, dans la forêt de Princé. Les Bleus se heurtèrent aux soldats de La Cathelinière. La colonne de Vue, en pénétrant dans la forêt, essuya pendant une demi-heure le feu des tirailleurs embusqués dans une position très avantageuse. Pour en finir, le 3ème bataillon du Lot-et-Garonne, après avoir battu la charge, monta à l’assaut, provoquant la déroute calculée des royalistes. Après l’arrivée de la colonne de Bourgneuf, les deux commandants disposèrent leurs hommes en tirailleurs pour fouiller les halliers. Découvrant des huttes dans lesquelles ils trouvèrent des femmes, des armes, des provisions et, aux alentours, cachés ça et là dans les broussailles, de nombreux hommes qui pour la plupart dormaient. Ils firent un massacre. « Tout a été tué sans avoir éprouvé d’obstacles », rapporta ainsi Descamps, capitaine d’une compagnie du 3ème bataillon du Lot-et-Garonne, en poste à Vue, à son supérieur le chef de bataillon Danglade, ci-devant d’Anglard, commandant la place de Paimboeuf.
Alexandre Mariotte, horloger à Nantes, volontaire âgé de 20 ans, se trouvait, avec plusieurs autres soldats, logé chez une femme nommée Chauvet, près de la forêt de Princé, lorsque, dans la nuit du 18 février 1794, « arriva Pinard vers une heure du matin, qui nous dit que nous étions chez des brigands, qu’il avait déjà tué six femmes, et que la Chauvet serait la septième. En effet, il l’entraîna dans une espèce de cellier, et j’entendis cette malheureuse lui dire : « Je sais bien pourquoi on me fait venir ici. C’est pour m’égorger comme hier on égorgea d’autres femmes, mais je demande pour toute grâce qu’on me tue avant mon enfant. Quant au fait des 60,000 livres qu’on prétend cachées ici, je déclare n’en avoir aucune connaissance. On me coupera en morceaux, on fera tout ce qu’on voudra de moi, je ne puis en dire davantage. Pinard lui répondit : « Console-toi, ton enfant sera expédié avant toi. C’est Pinard qui te parle, c’est Pinard qui fait la guerre aux femmes ». Je tirai mon sabre, et je dis à Pinard : « Tu ne parviendras à elle qu’après m’avoir marché sur le corps. Tu es un crâne, me répondit Pinard. Ignores-tu que cette femme a été servante chez le seigneur du lieu ? Et qu’il faut qu’elle m’indique où sont cachées 60,000 livres ». Cette femme, toute tremblante, assura Pinard que ce dépôt avait été enlevé. Pinard fut forcé de se retirer, sur notre déclaration formelle de lui résister, et l’assurance que nous serions soutenus par la force armée qui se trouvait sur les lieux. Nous partîmes ».
Qui pouvait bien être cette « femme Chauvet » à laquelle Pinard voulait faire un sort ? Pierre Fréor, de La Montagne, dans sa liste des victimes de la paroisse de Vue, mentionne une femme Chauvet « tuée par les Républicains à La Simonais ». Située au Sud-Ouest du bourg de Vue, La Simonais se trouvait sur la route vers la forêt de Princé. Fréor cite également parmi les victimes de Vue quatre filles Chauvet et quatre fils Chauvet, leurs frères, « tués en combattant ». Ils faisaient sans doute parti de l’armée de La Cathelinière. D’après l’étude de Xavier Paquereau, pour le blog Chemins Secrets, sur « Jacques Chauvet, de la paroisse de Vue en pays de Retz, proposé pour un sabre d’honneur » le 24 novembre 1825, on apprend que Jacques Chauvet, né le 27 janvier 1773, était le fils de Pierre Chauvet, laboureur à bœufs à La Simonais, et de sa seconde épouse Jeanne Garnier. En 1793, Jacques Chauvet exerçait la profession de laboureur à La Simonais, en Vue. Le 12 mars 1793, Jacques et ses frères avaient été du nombre des paysans de Vue qui s’étaient rendus au manoir de La Blanchardais pour mettre à leur tête -contre son gré- le vieux chevalier Charles-François Danguy, âgé de 63 ans et presque aveugle. Ce dernier sera guillotiné le 6 avril 1793 à Nantes. Il sera remplacé par le chevalier Louis-François Ripault de La Cathelinière, de Frossay, qui deviendra alors le général de l’Armée catholique du pays de Retz. Dans ses états de service, Jacques Chauvet mentionna avoir « servi la cause royale dans les premières guerres. Quatre de ses frères sont morts sur le champ de bataille. Sa mère et quatre de ses sœurs ont été assassinées par la troupe de la République ». Des frères Chauvet, Mathurin avait été tué le premier, le 12 avril 1793 à la bataille de Challans, à l’âge de 41 ans. Jean, l’aîné, avait trouvé la mort le 10 janvier 1794, à Vue, à l’âge de 50 ans. Julien fut tué entre 1793 et 1794, à l’âge de 44 ans. Quant aux sœurs Chauvet, Jeanne avait été tuée le 15 septembre 1793, à Vue, à l’âge de 34 ans. Yvonne avait été tuée entre 1793 et 1794, à l’âge de 29 ans. Quant à Magdeleine, l’aînée, elle fut massacrée par les Républicains en ce mois de février 1794, à La Poitevinière, en Arthon-en-Retz, à l’âge de 47 ans. Jeanne Garnier, leur mère, fut elle aussi massacrée par les Républicains, chez elle, à La Simonais, en Vue, à une date indéterminée. La « femme Chauvet » tourmentée par Pinard pourrait bien être l’épouse d’un des frères aînés de Jacques Chauvet…
Croix du Souvenir Vendéen dans la forêt de Princé :
Mariotte poursuivit son récit : « Arrivés près de la forêt de Princé, nous entendons un homme qui criait au secours dans un taillis. Nous accourons. Pinard était là avec deux cavaliers, tenant chacun une pièce de toile. « Les brigands sont ici, nous dit-il ». Nous le laissons en embuscade, et, comme nous entrons dans le bois, nous vîmes deux hommes s’enfuir. En marchant sur des broussailles, je sentis remuer quelque chose. Je le soulève avec ma baïonnette : c’étaient deux enfants ». Marotte poursuit : « J’en donnai un, âgé de 7 ans, à Cedré. L’autre n’avait que 5 ans, je le gardai pour moi. Tous deux pleuraient. Deux ou trois femmes nous supplièrent de ne point les tuer. En sortant de ce taillis, je vis Pinard qui massacrait des femmes. J’en vis une succomber sous ses coups. « Que veux-tu faire de cet enfant ?, me dit-il. Des hommes, lui répondis-je. Pinard, écumant de rage, répliqua : « Ôte-toi de là, que je leur brûle la cervelle. Je m’y opposai. Il fit un geste. Je le couchai en joue. Il eut peur et prit le parti de se sauver (…) ».
Le viol des sept jeunes femmes
En ce même mois de février 1794, Pierre-Joachim Cormerais (ou Cormeray), marchand miroitier à Nantes, accompagné d’un autre volontaire, était en patrouille avec la force armée, qui avait arrêté sept jeunes « femmes de brigands ». Ces jeunes épouses, âgées de 18 à 22 ans, étaient, dit-il, «belles comme des amours ». La nuit (vers minuit), un officier leur demanda de venir avec lui pour faire cesser un vacarme infernal : « Nous nous transportâmes à une écurie où nous entendions des pleurs et des sanglots. Nous frappons à la porte et on répond : Qui est là ? La garde. Ouvrez ! On ouvre. Sort de cette écurie cinq noirs le sabre nu à la main et un pistolet de l’autre, en nous demandant ce que nous voulions. L’officier leur dit qu’il y avait des femmes qui étaient prisonnières et qu’elles se lamentaient, et qu’il paraissait qu’on ne les traitait pas humainement, et qu’il voulait après cela les mettre en sûreté au corps de garde. Et il demanda qu’on les lui remis, en demandant à ces malheureuses si c’étaient leurs intentions. Elles dirent que oui. Les noirs, écumant de rage, dirent que c’étaient leurs esclaves, et qu’ils les avaient gagnées à la sueur de leur front, et qu’on voulait les leur enlever, par jalousie, pour en jouir, et qu’on leur disputerait. Je leur dis qu’il n’y avait pas d’esclaves en France, et que ces femmes pouvaient être républicaines ou coupables, mais qu’elles sont sous le coup de la loi, et qu’elles devaient être respectées, et qu’ils étaient bienheureux d’avoir été retirés de l’esclavage par la Convention, en faisant respecter à tout l’univers leurs droits ». Les cinq noirs ne voulurent rien savoir. Quant à Pinard, il força sa victime à confirmer qu’elle était là de son plein gré. L’officier et les volontaires durent abandonner la partie et laisser les féroces hussards américains poursuivre leurs sévices sur les malheureuses jeunes femmes. Couverts par Pinard, ces derniers, après avoir violé leurs prisonnières, les prostituèrent à la garnison de Vue, puis les firent fusiller. Trois jours durant, rapporta Cormerais, Pinard (et non les hussards américains eux-mêmes) « prostitua (les sept jolies femmes) à 600 hommes de force armée qui étaient en garnison à Vue. Dans un jour, il passa sur le corps d’une fille plus de 100 hommes ; elle ne pouvait plus marcher et devint imbécile, et les autres de même. Et quelques jours après, pour mettre le comble à leurs forfaits, ils les firent fusiller (…) ».
Les possibles coupables
Qui étaient, parmi les 600 soldats alors présents au poste de Vue, ceux qui violèrent ces jeunes femmes pendant plusieurs jours ? La garnison de Vue était alors composée, entre autres, d’un détachement d’hommes du 1er bataillon de Dieppe, sous les ordres du capitaine Knap, et du 3ème bataillon du Lot-et-Garonne, sous les ordres du capitaine Descamps.
Le poste de Vue avait des effectifs très variables. Knap, alors commandant de la place de Vue, dressera, le 28 avril 1794 (9 floréal an II) -soit un peu plus de deux mois après les faits- un « Etat de situation de la force armée cantonnée à Vue du 8 au 9 floréal 2ème an. R. une & indiv. ». Si le 3ème bataillon du Lot-et-Garonne n’y figurait plus, on y retrouvait alors :
- 1er bataillon du district de Dieppe : 1 capitaine commandant, 1 adjoint major et 1 adjoint sous-officier, 10 officiers, 38 sous-officiers, 283 volontaires et 7 tambours ; soit 341 hommes, dont 12 malades.
- 4ème bataillon de la Loire-inférieure : 1 capitaine commandant, 2 officiers, 15 sous-officiers, 51 volontaires et 1 tambour ; soit 70 hommes, dont 2 malades.
- 3ème bataillon du district de Bordeaux : 1 commandant, 1 armurier, 7 officiers, 15 sous-officiers, 210 volontaires et 3 tambours ; soit 234 hommes, dont 42 non armés et 9 canonniers.
- Nantais : 1 commandant, 1 adjoint major, 1 quartier maître, 6 officiers, 20 sous-officiers, 118 volontaires et 4 tambours ; soit 151 hommes.
- 11ème régiment d’hussards : 2 sous-officiers et 15 hussards ; soit 17 hommes.
- 8ème de Paris : 3 officiers, 25 sous-officiers et 1 tambour ; soit 149 hommes.
Il y avait alors en tout 962 hommes, dont 68 hors de service ; soit 894 hommes disponibles.
Ce chiffre donne idée du nombre d’hommes qui devaient alors être en poste à Vue deux mois plus tôt… même si Cormerais parle de (seulement) 600 hommes à qui Pinard aurait prostitué les sept jeunes femmes.
Le 3 avril 1794 (14 germinal an II), Rousselet, commandant en second du 1er bataillon de Dieppe, qui se trouvait au poste de Vue et à l’affaire de la forêt de Princé, fera un témoignage en faveur de Pinard, prouvant certainement par là-même qu’il avait laissé faire, voire même qu’il avait fait parti des hommes qui avaient abusé de ces malheureuses jeunes femmes, livrés à lui et ses hommes par l’horrible Pinard et ses hussards américains : « Je soussigné commandant en second du 1er bataillon du district de Dieppe de la Seine-Inférieure, certifie que pendant un mois que j’ai commandé la colonne qui est à Vue, j’ai vu le citoyen Pinard, de Nantes, dans toutes les sorties que nous avons faites dans la forêt de Princé, se conduire en vrai républicain et zélé défenseur de la patrie, en chargeant les brigands avec courage et rapidité ». Pinard « chargeait », en effet, non pas les « brigands », mais plutôt les « brigandes »…
Quant aux cinq hussards américains retrouvés dans l’écurie, occupés à violer les sept malheureuses jeunes femmes et qui ensuite les prostituèrent à la force armée, qui pouvaient-ils être ? On ne le saura sans doute jamais. Seul Pinard devait alors connaître leurs noms ou, du moins, leurs prénoms. Le lieutenant Louis Hellot, Parisien natif du Cap-Français, île de Saint-Domingue, était-il l’un d’entre eux ? Peut-être… En l’an IX (1800), sur un « état des sous-officiers et chasseurs morts en se distinguant par les actions d’éclat dans les campagnes de la liberté », on retrouva le nom d’un certain Charles Lucas, brigadier né dans l’île de Saint-Vincent en 1770 (il avait donc alors environ 23 ans), engagé à la Légion des Américains dès l’origine, mort en 1793 « dans la Vendée, après être parvenu à s’emparer de l’entrée d’un château occupé par les brigands ». Il était donc apparemment déjà mort en février 1794, mais il s’agit du seul hussard américain ayant servi en Vendée dont on connaisse le nom…
Sources :
Archives Départementales de Loire-Atlantique, L 1328.
Archives Départementales de Loire-Atlantique, L 541.
Archives Départementales de Vendée, AN W 493-19, pièce n°8, vue 4/72.
CARAN, AF/II/51 (Pièces contre Carrier et Lebon, en majorité imprimées (pluviôse an II-brumaire an III), dossier 386, pièce n°2 (aujourd’hui disponible aux Archives nationales à Pierrefitte).
Pierre Gréau, Les volontaires nationaux de Lot-et-Garonne en Vendée, in La Revue du Souvenir Vendéen n°258 (mars 2012).
Jean-Pierre Vallée, La vie du chevalier Ripault de La Cathelinière.
J. Chevas, Notes historiques et statistiques sur les communes du département de la loire-Inférieure, tome 1.
Philippe-Joseph-Benjamin Buchez et Pierre-Célestin Roux-Lavergne, Histoire parlementaire de la Révolution française…, tome 35.
Photo : Pierre Gréau.
Vincent Doré pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 13 Janvier 2019 à 22:14
Cirières, le souterrain de Cadiou…
Je ne vous cacherai pas ce soir, que c’est avec une certaine arrière pensée, que je publie ici une étude sur un... souterrain. Il y avait déjà plusieurs années que je cherchai la notice de Louis Arnould sur le souterrain de Cadiou à Cirières. Il en était fait mention dès 1930 (1), mais je n’avais point réussi à mettre la main sur l’étude. C’est grâce à « Gallica » et la BNF, que je peux aujourd’hui vous proposer cet article qui ne manquera pas d’interroger les habitants du Cerizéen (2). Je laisse à présent les amateurs de souterrains dévorer ce compte-rendu et vous laisse imaginer que depuis près de 90 ans que le souterrain n’a pas été visité, il doit sûrement y avoir une légère odeur de renfermé...
RL
Janvier 2019
Le souterrain de Purchin en Saint-Mesmin, ici.
Notes :
(1) Etienne Michon, « Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », année 1930, 74-3, pp. 238-239. Lecture d’une communication de M. Louis Arnould, correspondant de l’Institut.
(2) Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, deuxième trimestre 1931, pp. 112 à 120.
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« Le Souterrain-refuge de Cirières
(Deux-Sèvres) (1)
Par MM. Louis ARNOULD et le Comte de Tinguy.
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Le livre qui fait autorité sur les souterrains-refuges, ce sont « Les Souterrains-refuges de la France, Contribution à l’histoire de l’habitation humaine (2), par M. Adrien Blanchet, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui entretient de si excellents rapports avec notre Société des Antiquaires des l’Ouest ; dans cette description et cet essai de classmet des 1.200 souterrains connus, dont 500 (ceux du Nord) ne remontent qu’au Moyen âge, on voit que les pays d’élection pour les « souterrains-refuges » sont le Tarn-et-Garonne, le Périgord, le Limousin et le Poitou.
Cirières fait partie du département des Deux-Sèvres, où M. A. Blanchet signale 25 autres souterrains-refuges (p. 278 et suiv.). Ce village, situé à l’Ouest de Bressuire, appartient au canton de Cerizay, où 6 autres souterrains-refuges ont été signalés jadis par l’un de nos confrères : communes de Cerizay (sous la place de l’église) (NDLR : le sous-sol de la ville de Cerizay est constellé de souterrains. Celui de la place de l’église passait sous l’ancien relais de poste construit en 1752, nous y reviendrons un jour...), le Pin (sous l’église), Combrand (l’un à la Patellière, l’autre à Prouette), Saint-André-sur-Sèvre (l’un à Lavaud, l’autre à la Roche). Dans les cantons voisins de Châtillon-sur-Sèvre (Deux-Sèvres), Pouzauges (Vendée) on en a signalé 24. Les Souterrains-Refuges pré-romans de la vallée de la Sèvre nantaise par Fr. René [ M. Charbonneau Lansay] (Extrait de la Revue du Bas-Poitou, 1903), p.16.
Vers le 15 mai 1930, dans la commune de Cirières (Deux-Sèvres), au hameau de Cadiou, un cultivateur, nommé Brosset voulant se construire une plus vaste écurie (NDLR : en Vendée, une « écurie » est un endroit où l’on met les vaches), mit à jour, en creusant les fondations, l’entrée d’un souterrain.
Le bruit de cette découverte s’étant aussitôt répandu, M. le Cte de Tinguy, maire de Cirières, alla visiter ce souterrain, accompagné de MM. des Dorides, puis le professeur Louis Arnould l’explora à son tour avec Mme Louis Arnould, membre comme lui de la Société des Antiquaires, - le 6 juillet 1930.
Voici le résumé de leurs communes observations :
Ce souterrain, qui mesure environ 58 m de longueur, est creusé tout entier de main d’homme dans un terrain schisteux ferme, mais assez friable, faisant partie de ce massif de terrains primitifs qui forme le sol du Bocage vendéen où est situé Cirières.
Les traces très nettes des instruments utilisés révèlent trois sortes d’instruments différents : l’un très étroit, qui entame les parois par un simple trait, un autre qui fait une tranche plus large de 31 mm. Les marques laissées par ce dernier instrument sont particulièrement apparentes dans la partie M de la galerie (Voir en haut du plan) autour de l’ouverture de l’étroit caniveau N qui mène dans la chambre O.
La voûte est en arcade à peu près régulière, le sol est encombré par une couche épaisse de terre jaune, argilo-schisteuse, provenant de la chute de débris de la voûte, et aussi de la terre tombée par les nombreux tuyaux verticaux d’aération dont il sera question plus loin. Au-dessous, en effet, de presque chacun d’eux le sol se relève visiblement par une bosse plus ou moins proéminente.
Ce remblai rend la visite du souterrain assez pénible : il faut se baisser partout : en D’ seulement (voir à l’extrémité gauche du plan), on peut se redresser dans un endroit qui mesure à peu près 1 m. 65 de hauteur. L’on ne peut pénétrer qu’en rampan en H et en L, sans parler de l’étroit tuyau N. La voûte de l’ensemble du souterrain doit être à environ 2 m. 50 du niveau du sol (3).
Le premier plan du souterrain a été relevé sans instruments particuliers par MM. de Tinguy et des Dorides. Il donne une idée générale de la forme du souterrain, qui est contourné comme un véritable boyau, ce qui fait supposer dès le premier coup d’œil qu’il s’agit d’un souterrain-refuge, comme nous en trouvons un grand nombre dans cette région du Centre-Ouest. D’autres indices vont confirmer, comme on le verra, cette hypothèse.
L’entrée actuelle du souterrain (à droite du plan) ne semble pas être l’entrée primitive. En effet des traces d’élargissement de la galerie se remarquaient en A, c’est-à-dire dans la partie creusée par M. Brosset, là où passe le nouveau mur de l’étable. De plus il est à noter que les tuyaux d’aération n’existent pas à l’extrémité gauche FG, où l’entrée primitive était peut-être située, et où par suite l’aération se faisait plus facilement. L’existence de ces bouches, surtout de la plus proche de l’entrée actuelle, paraîtrait indiquer que le souterrain n’avait pas de sortie à cet endroit.
Si l’on pénètre par l’entrée actuelle, le souterrain commence par une partie à peu près en ligne droite sur une longueur de 4 mètres. Le sol est assez fortement en pente par suite de la terre qui a glissé dans la galerie lorsqu’elle a été mise à jour.
Au bout de 2 m. se creuse à la voûte un premier tuyau d’aération de 0 m. 10 environ de diamètre qui devait rejoindre la surface du sol, c’est-à-dire 2 m. 50 à 3 m. de long. On rencontre de ces tuyaux dans d’aures souterrains-refuges, tant en vendée qu’à la Saulnerie d’Ingrandes-sur-Vienne par exemple.
Ces tubes étaient probablement destinés, comme l’indique Longuemar, à donner de l’air, comme à servir de tuyaux acoustiques avec le dehors (4) et probablement aussi à évacuer la fumée, soit celle qui pouvait être produite par les habitants du souterrain, soit celle que l’on tâchait d’y faire entrer pour les enfumer, comme essayait de le faire César avec les Gaulois : « Un jour les légions romaines étaient assaillies de toutes parts par une nuée de Gaulois, sortis de leurs forêts, qui les prenaient en flanc, en queue et coupaient leurs convois ; le lendemain, quand ces légions croyaient pouvoir en finir avec eux en les attaquant de front et en masse, elles n’apercevaient plus un seul ennemi devant elles : tous s’étaient réfugiés dans leurs souterrains. »
« Il donna l’ordre aux centurions de faire rechercher avec soin les principales issues de ces retraites afin de réduire les Aquitains en les enfumant comme des renards dans leurs tanières (5). »
Notre souterrain dans sa longueur de 58 mètres ne compte pas moins de 16 tuyaux d’aération, ce qui en fait, nous le croyons, l’un des souterrains de l’Ouest le mieux ventilés.
Ces tuyaux sont forés vers l’extérieur dans une direction oblique par rapport à l’axe vertical du souterrain et leur point de départ se trouve tantôt au milieu de la voûte, tantôt sur le côté, à l’aplomb de la paroi verticale, parfois même dans un angle (6).
Après des coudes très prononcés qui lui font décrire plus d’un demi-cercle, la galerie rencontre à gauche une branche B complètement remplie d’éboulis (terre et pierres), qui revenait dans la direction du commencement de la première.
Après avoir passé sous un 5e tuyau d’aération nous trouvons à droite une nouvelle branche que nous réservons pour l’explorer en dernier lieu, et nous continuons droit devant nous.
Au commencement de la galerie qui continue, nous découvrons les traces très nettes d’une barricade, c’est-à-dire de fortes encoches (d’ordinaire au nombre de deux de chaque côté), creusées dans le rocher et se prolongeant dans une des parois par une entaille de 60 centimètres de longueur environ afin de permettre de ramener en haut dans le fond de l’encoche, l’extrémité du madrier dont l’autre extrémité était déjà engagée dans l’encoche d’en face. C’est exactement la même disposition qu’au souterrain de la Plante près de Châtellerault, et à celui de la Saulnerie d’Ingrandes-sur-Vienne. L’on remarquera que le système de fermeture est comme d’habitude du côté de l’intérieur du souterrain.
Presque aussitôt à gauche a été creusée dans la paroi une large excavation de forme à peu près circulaire, en réalité de 0 m. 80 dans une largeur sur 0 m.70 dans l’autre (C), à laquelle a été laissé du côté de la galerie un haut rebord s’élevant à 0,60 environ du dessus du sol de la galerie. La hauteur totale intérieure est de 1 m. 90.
Nous avons pensé tout de suite à un bassin pour la provision d’eau, et cette supposition s’est changée en certitude quand, ne nous baissant, nous eûmes découvert dans la paroi 8 trous à différentes hauteurs, communiquant avec le bassin et qui permettaient, une fois le trou débouché, de recueillir de l’eau suivant l’étiage de son niveau. Le bassin pouvait contenir 350 litres environ.
Nous continuons à suivre la galerie qui s’incurve cette fois vers la droite ; un tuyau d’aération, puis une barricade, celle-ci avec, à la place des encoches ordinaires, une rainure verticale fortement marquée dans le bas, comme pour y placer une trappe de bois ou de métal, et cette fois l’ouverture du côté opposé à celle de la première barricade.
Quatre tubes d’aération, puis trois barricades à la bifurcation, l’une à l’entrée de la galerie de gauche, et 2 à l’entrée de la galerie de droite : point intéressant, nous avons remarqué que la barricade de gauche, comme la précédente, a son système de fermeture, non point du côté opposé à l’entrée actuelle, mais du côté de cette entrée, ce qui prouve que les réfugiés, pouvaient craindre une attaque venant de plus loin, c’est-à-dire d’une autre entrée. En effet au bout de 4 m. 20 cette galerie en rejoint une autre qui se termine à gauche par une partie remplie d’éboulis (G). En déblayant de ce sôté l’on serait donc à peu près certain de rencontrer une autre entrée, peut-être l’entrée primitive.
La galerie qui y aboutit rejoint, en faisant un tour, notre galerie centrale, après avoir poussé un cul-de-sac de 2 mètres de long, aéré dans son fond par un nouveau tuyau.
Si l’on admet l’existence probable d’une entrée à l’endroit rempli des éboulis, dont nous venons de parler en G, on peut penser que ce cul-de-sac assez vaste et un autre circulaire beaucoup plus petit située à la rencontre des deux galeries près de l’entrée (en F) étaient destinés à abriter des guetteurs surveillant ceux qui entraient et tout prêts à placer les barricades en cas d’alerte. La cheminée d’aération existant tout au fond du grand cul-de-sac semble donner une certaine force à cette hypothèse.
En conformité avec celle-ci, nou proposons une autre hypothèse pour expliquer la présence des 4 barricades si rapprochées α, b,g, d, et leurs sens de fermetures si bizarrement opposés. Le faible espace compris entre les barricades b et g devait être un piège qui se tendait ainsi : les barricades a et b solidement fermées du côté de l’intérieur, les barricades g et d étaient laissées ouvertes, tandis que les guetteurs étaient à leurs postes en F et en E ; les envahisseurs ne trouvaient de passage qu’en D et en D’, où au besoin, on les poussait, les réfugiés refermaient alors la barricade g, et les intrus étaient prisonniers dans cette sorte d’oubliette b, g où on les gardait et où peut-être on les laissait mourir de faim. Les réfugiés refermaient ensuite la barricade d, par précaution, et se faisaient rouvrir aussitôt refermé, pour rejoindre en sûreté leurs compagnons de l’intérieur solidement protégés de tous les côtés.
Nous finissons par la visite de la galerie (H J) qui se détache de la principale à droite, affectant sur le plan une curieuse forme de siphon renversé et que nous avions laissée de côté : elle n’est pas la moins intéressante.
Au bout de 2 m. 50, après un très fort étranglement déporté sur la gauche, nous voyons s’ouvrir dans le schiste, à gauche, un vaste placard P, de 1 m. de profondeur sur 0 m. 40 de large et 0 m.40 de haut, dont le fond est percé de plus de vingt trous, comme serait un garde-manger bien aéré où l’on voudrait conserver des denrées périssables, telles que de la viande ou des fruits.
D’ailleurs les 3 m. 50 qui suivent ne comptent pas moins de 3 tuyaux d’aération. En face du second, se trouve à droite une petite excavation peu profonde à fond plat, de 0 m. 60 environ de longueur, et largement ouverte par en haut, une sorte de petit placard.
A la suite du 3e tuyau d’aération la galerie se trouve obturée par des éboulis K, mais elle repart à droite par un fort étranglement, de sorte que cette courte partie de la galerie qui contient le grand placard et enfermée entre deux parties étranglées.
Sitôt après le dernier, la galerie se contourne à angle droit sur la gauche, et à 1 m. 70 la paroi du fond M (celle qui a conservé les traces de l’instrument mesurant 0 m. 031 de large) est creusée un peu au-dessus du niveau du sol par un étroit conduit de 1 m. de long. L’orifice de ce conduit est ovale et mesure seulement 0 m. 50 à l’entrée et 0 m. 55 à la sortie dans son plus grand diamètre.
Lorsqu’on a réussi à s’insinuer, non sans peine, dans ce conduit qui est, si nous osons dire, l’intestin grêle de ce système de boyaux, on débouche dans une salle complètement fermée, en dehors de ce difficile accès et creusée en forme de trapèze allongé, obliquant nettement à droite O. Elle mesure 2 m. 40 de long et d’abord 0 m. 95 de large pour finir à 1 m. 15. De même qu’elle va s’élargissant, elle va aussi en s’élevant, ayant d’abord 0 m. 95 de hauteur pour arriver à 1 m. 70.
C’était là sans doute l’ultime refuge destiné peut-être à cacher ou enfermer des personnes ou à garder des matières précieuses, où l’on pouvait pénétrer que par une sorte d’acrobatie et dont l’étroit conduit d’accès pouvait être facilement dissimulé.
Remarquons que, dans ses « Souterrains-Refuges de la France », M. Adrien Blanchet a publié des plans qui rappellent cette disposition frappante : planche XV, n° 81, 82, 83, 84 (souterrains de Borie-Petite et de Mazières, dans le Tarn, - de Saint-Nazaire et de Bonrepos, dans le Tarn-et-Garonne).
Enfin, dans toute la longueur du souterrain il existe, à peu près à mi-hauteur des parois, de petites excavations de 0 m. 05 de profondeur, environ tous les 3 ou 4 mètres, comme dans le souterrain de la Plante : elles paraissent avoir été destinées à poser les mains, sorte de points de repère pour ceux qui avaient à circuler dans le souterrain au milieu des ténèbres.
Tel est ce souterrain-refuge de Cirières qui nous paraît des plus heureusement combinés et aménagés, bien défendu par 6 barricades, très largement aéré par 16 tuyaux verticaux, pouvant recevoir une bonne réserve d’eau, une certaine provision de matières périssables et aboutissant à une dernière cachette particulièrement bien dissimulée.
Nous nous sommes hâtés de l’explorer parce que les paysans propriétaires du terrain, construisant au-dessus une écurie nouvelle, peuvent très bien être amenés à le remblayer sous peu, tout au moins partiellement, et à en obturer l’entrée.
P.S. – depuis le mois de juillet 1930 l’aspect du souterrain, comme il arrive généralement, s’est malheureusement gâté : le mur de l’étable neuve passe le long de l’ouverture, à 0 m. 40 environ du talus de terre qui la limite. Outre qu’ainsi l’accès est rendu beaucoup plus difficile, les eaux provenant du toit de l’étable se déversent en totalité dans la galerie principale, qui contient quelquefois 0 m. 20 de hauteur d’eau, et l’on ne peut alors s’y aventurer qu’avec des bottes de caoutchouc. De plus cette humidité constante ameublit le schiste déjà très friable. Il est maintenant à l’état de boue durcie et on peut en faire tomber des morceaux à la main. C’est à quoi n’ont pas manqué des visiteurs en ce qui concerne le bassin C : les orifices communiquant avec l’extérieur ont été agrandis et l’aspect primitif ne se retrouve plus. »
Notes :
(1) Le présent mémoire a été lu à l’Académie des Inscriptions des Belles-Lettres, le 13 août 1930.
(2) Paris, Aug. Picard, 342 p., in-8° ; une Carte de France et XVI planches, 1923.
(3) Si nous n’avons donc pas ici, la plupart du temps, le sol primitif, le comte de Tinguy a trouvé, dans un autre souterrain-refuge de la même commune, des débris de poterie que la Société des Antiquaires de l’Ouest estime dater du Moyen Age, ce qui révèle une utilisation, mais ne fixe en aucune façon la date de l’origine de ces souterrains.
(4) Pérégrinations d’un touriste sur la limite de trois provinces, 1854, p.54.
(5) Longuemar, ou. Cité, p. 58.
(6) Dans deux passages des Commentaires, qu’indique M. A. blanchet, César parle la particulière virtuosité des Gaulois, et en particulier des Aquitains, pour faire des souterrains : « Les Gaulois… faisainet écrouler notre terrassement en creusant des sapes, d’autant plus savants dans cet art qu’il y a chez eux de grandes mines de fer et qu’ils connaissent et emploient tous les genres de galeries souterraines. » (L. VII, XXII, 2). « Eux (les Sotiates)… creusaient des mines vers le terrassement et les mantelets (c’est une pratique où les Aquitains sont particulièrement habiles, car il y a chez eux en maint endroit, des mines de cuivre et des carrières… » (L.III, XXI,8). Césatr. Guerre des Gaules, texte établi et tradtui par L.A. Constans, Paris, Société « Les Belles Lettres », 2 vol… 1926. – Ce terme répété de cuniculi, proprement terrier de lapins, semble tout spécialement convenir à la forme des souterrains-refuges.
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Par Le Loup le 11 Janvier 2019 à 21:40
Le mot du début de l'année,
pour les amoureux du terroir
Comme chaque année depuis dix ans, ''au moment des Rois'', je prends quelques ''vacances'' chez un ami vigneron dans un petit vignoble du Val-de-Loire. Donc, je vais vous quitter pour une petite huitaine.
Issu d'une longue lignée de vignerons du Pays du Loroux, j'aime le terroir, la vigne, le vin et l'air pur. Le labeur auquel je me livre étant assez physique et l'âge venant... Avant de ''jeter l'éponge'', j'aimerais partager avec vous ces instants privilégiés que la nature nous offre, du lever du soleil jusqu'au soir, le soir, avec ses instants chaleureux passés en cave auprès d'un bon feu de bois.
Bonne et Sainte année à vous tous.
. Photos : de l'auteur.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 11 Janvier 2019 à 21:17
Trait de charité réciproque,
Saint-André-Goule-d'Oie – 2 février 1794
Cette action très rare d'un officier Bleu mérite d'être soulignée, elle répond à la grande charité d'un officier vendéen. Hélas ! Nous ne connaîtrons jamais le nom de cet officier républicain.
Le 2 février 1794 (14 pluviôse), les royalistes de Sapinaud et Gogué vont attaquer, avec neuf cent hommes, Dutruy à Chauché, et le mettent en complète déroute après une courte fusillade....
« Le soir de cette affaire, un officier Bleu qui s'était égaré et cherchait à regagner le camp de Saint-Fulgent, vint à frapper à la porte de Mandin, au village de la ''Brejonnière'', paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie ; il était couvert de boue, mouillé jusqu'aux os et mort de faim.
La vue de son uniforme fait pousser un cri d'effroi aux femmes et aux enfants. L'officier les rassure et les conjure de lui donner l'hospitalité. Son air est si suppliant que Mandin consent à lui donner à souper et le coucher de la nuit. Il s'empresse même de faire sécher ses habits et le lendemain matin il le remet dans sa route.
L'officier fut reconnaissant, quelques jours plus tard, cet officier ayant reçu l'ordre d'incendier et de massacrer tout ce qu'il rencontrerait sur sa route, arriva à la ''Brejonnière'' et mit une sentinelle à la porte de Mandin avec défense d'y laisser faire le moindre dégât.
La maison de Mandin fut préservée pendant que toutes les autres du village furent livrées aux flammes. »
La famille Mandin au moment de la Révolution :
François Mandin est né le 15 juin 1745 à Saint-André-Goule-d'Oie, il est agriculteur-sacristain, fils de Jean Mandin, sacristain et de Jeanne Charpentier.
Il épouse à Saint-André le 23 septembre 1767 Marie Roger, née le le 7 octobre 1745 à Saint André. De cette union sont issus :
1/ Pierre-François Mandin, né le 25 février 1769 à Saint-André, capitaine de l'Armée Catholique et Royale, l'homme charitable dont la maison a été épargnée en 1794.
2/ Jacques Mandin, né le 26 novembre 1771 à Saint André.
3/ Jeanne Mandin, née le 24 juin 1774 à Saint-André.
4/ Marie-Rose Mandin, née le 23 août 1777 à Saint André.
5/ Françoise-Magdeleine Mandin, née le 22 juillet 1780 à Saint-André.
6/ Marie-Magdeleine Mandin, née le 2 octobre 1783 à Saint-André.
7/ Jean Mandin, né le 13 janvier 1785 à Saint-André, sacristain.
8/ Pierre Mandin, né le 5 février 1788 à Saint-André.
Vous trouverez plus de détails sur cette affaire dans Linières et Saint-André-Goule d'Oie ici.
Sources :
. Abbé Deniau -Histoire de la Guerre de la Vendée -Tome IV – pages 377 et 378 - Siraudeau éditeur – Angers.
. Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés – registres d'état civil de Saint-André-Goule-d'Oie.
. Cadastre Napoléonien de Saint-André-Goule-d'oie, tableau d'assemblage de 1838 et tableau d'assemblage de la section E de la Boninière.
. http://www.linieres-saint-andre.com/2011/04/pierre-francois-mandin-adjoint-au-maire.html
. Photos : de l'auteur
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 7 Janvier 2019 à 21:55
1831 – Règlement de comptes à la Tourlandry…
Nous avons vu dans un billet précédent que le mouchard Jacques Bompas, maire du Voide, menacé par les Chouans, s'en était tiré avec une grosse FROUSSE...
A la Tourlandry, le 9 octobre 1831, ce ne fut pas la même ''chanson'' :
« D'autres Chouans ne furent pas aussi faciles à arrêter dans leurs desseins de vengeance. Chalopin de la Tourlandry, métayer à ''l'Angibourgère'', était leur ennemi juré ; il saisissait toutes les occasions de découvrir leurs refuges et de les dénoncer aux autorités civiles et aux troupiers. Plusieurs réfractaires, à la suite de ses rapports, avaient été poursuivis à coups de fusil par les soldats.
Un soir, une dizaine d'entre-eux, et les plus mauvaises têtes, cédant enfin à leur exaspération, partent pour aller lui faire porter la peine de son espionnage. Arrivés à la porte de sa maison, l'un d'eux lui crie d'un ton amical et mystérieux : ''Chalopin, lève toi promptement, j'ai une affaire importante à te communiquer.'' Chalopin sans défiance se lève. Comme il ouvre sa porte, deux coups de feu le renversent sans vie. Un de ses fils arrive à son secours, il est frappé comme son père et tombe mort à ses côtés. Ce double meurtre fit grand bruit dans le pays. Les soldats et les gardes nationaux exaspérés jurèrent d'exterminer tous les Chouans qu'ils trouveraient. En plusieurs recontres des coups de feu furent échangés... »
Voici les actes de décès des Chalopin :
« L'an mil huit cent trente et un, le dix octobre à sept heures du matin par devant nous, maire et officier de l'état civil de la commune de la Tour Landry, canton de Chemillé, département de Maine et Loire sont comparus Louis Vivion, charon âgé de quarante et un ans et Pierre Ession, fabriquant âgé de cinquante quatre ans, les deux témoins sont domiciliés en cette commune et amis du deffunt et ont déclaré que hier à dix heures du soir à l'Angibourgère est décédé Louis Chalopin, cultivateur âgé de cinquante trois ans. Les témoins ont déclaré savoir signer après lecture faite et acte passé.
signé : Pierre Ession – Louis Vivion – Louis HY, maire. »
« L'an mil huit cent trente et un, le dix octobre à sept heures du matin, par devant nous, maire et officier de l'état civil de la commune de la Tourlandry, canton de Chemillé, département de Maine et Loire sont comparus Louis Vivion, charon, âgé de quarante et un ans et Pierre Ession, fabriquant âgé de cinquante quatre ans, les deux témoins sont domiciliés en cette commune et amis du deffunt et ont déclaré que hier à onze heures du soir à l'Angibourgère est décédé Jacques Chalopin, cultivateur âgé de vingt trois ans, fils de Louis Chalopin et de Marie Pousset ses père et mère. Les témoins ont déclaré savoir signer après lecture faite et acte passé.
signé : Pierre Ession – Louis Vivion – Louis HY, maire. »
Composition de la famille Chalopin de l'Angibourgère au moment des faits :
D'une famille originaire du Voide, le Bleu Louis Chalopin est né le 25 février 1779 à la Tourlandry et tué le 9 octobre 1831. Il est le fils de François Chalopin et de Marie-Madeleine Bertin ou Bretin et épouse à la Tourlandry, le 21 septembre 1779, Marie Pousset, fille de Jacques Pousset et de Marie Cesbron. De cette union sont issus :
1/ Marie-Madeleine Chalopin, née le 25 Thermidor an 10 (13 août 1802) à La Tourlandry.
2/ Pierre Chalopin, né le 25 Thermidor an 12 (13 août 1804) idem. Décédé le 14 septembre 1804.
3/ Louis Chalopin, né le 3 Vendémiaire an 14 (25 septembre 1805) idem. Décédé le 25 février 1816.
4/ Jacques Chalopin, né le 28 janvier 1808 idem – tué le 9 octobre 1831.
5/ Jean-Isidore Chalopin, né le 15 novembre 1811 à la Tourlandry.
6/ Louise Chalopin, née le 5 mai 1814 à la Tourlandry.
7/ Louis Chalopin, né le 20 septembre 1816 à la Tourlandry. Décédé le 21 septembre 1816.
8/ Joseph Chalopin, né le 5 mars 1818 et décédé le 13 mars 1831.
9/ Pierre Chalopin, né le 31 décembre 1820 à la Tourlandry.
Sources :
. Abbé Deniau -Histoire de la Guerre de la Vendée -Tome VI – page 570 - Insurrection de 1832 - Siraudeau éditeur – Angers.
. Archives Départementales du Maine et Loire tous droits réservés – registres d'état civil de la Tourlandry.-décès 1831 – vue n°69/129.
. Cadastre 3P4/369 La Tourlandry -E1 de la Touche Berne -Plan Napoléonien de 1827 – L'Angibourgère.
. Photo: Louis-Philippe d'Orléans- Extraite du Domaine Royal de Randan.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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