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    Journée des "Enfants de Charette"...

     

     

    Comme chaque année, à la fin du mois de mars, le groupe des "Enfants de Charette" a organisé la commémoration de l'arrestation du général Charette à la Chabotterie. Le rendez-vous était pris de 14 mars à 14 h 30 sur le parking du château avant le départ à pied, drapeaux et tambours en avant, pour la célèbre croix. Pris par ailleurs, nous n'avons pas pu prendre part à l'ensemble de la journée qui devait voir des démonstrations de tirs d'armes avant un dîner et un feu de camp. Notre petit compte-rendu ne fera donc état que de ce qui concerne la marche et la commémoration au pied de la croix de Charette.

     

     Ce fut sans réelle surprise que nous avons pu revoir quelques anciens "Brigands du Bocage" aux côtés des "Enfants de Charette". On notera la présence de quelques personnalités connues dans le petit monde vendéen et chouan : Monsieur Noël Stassinet, président du Souvenir Chouan de Bretagne était présent, de même que l'incontournable Nicolas Delahaye, l’inénarrable et très démonstratif romancier Jacques Chauvet, le passionné Landry Quairault, le volubile Guy Jacob et tous ceux que j'oublie. Ce fut également l'occasion d'échanger quelques mots avec la troupe des Coeurs de Chouans venue pour le pèlerinage du lendemain entre la Chabotterie et Les Lucs-sur-Boulogne.

     Avant de vous laisser regarder quelques photos, je tenais à remercier un monsieur qui se reconnaîtra, descendant d'une famille que j'ai évoquée sur ce blog il y a quelque temps et qui m'a avoué être un fan inconditionnel de "Chemins secrets"...

    On pourra lire le compte-rendu de Nicolas Delahaye sur le blog "Vendéens et Chouans".

     

     RL

    Mars 2015

     

    Journée des "Enfants de Charette"....

    Journée des "Enfants de Charette"....

    Journée des "Enfants de Charette"....

    Journée des "Enfants de Charette"....

    Journée des "Enfants de Charette"....

    Journée des "Enfants de Charette"....

     

    Journée des "Enfants de Charette"....

     


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    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée...

     

     

     La météo printanière de ce jour nous incitait à une petite balade en voiture et ce fut "Pénélope" qui fut choisie pour se dégourdir les bielles dans le Nord des Deux-Sèvres. Plutôt que de refaire un long article sur l'histoire des deux villages de Saint-Clémentin et de Voultegon, nous invitons le lecteur à lire un travail que j'avais fait en 2008 et qui fut publié dans le bulletin "Savoir" N° 86-87 de septembre/décembre 2008. Cet article est en ligne ici.

     

     Les deux communes de Saint-Clémentin et Voultegon ont récemment fusionné et accouché du nom barbare de "Voulmentin", le tout dans l'ignorance crasse et l'irrespect habituel qui caractérisent l'administration républicaine. C'est la grande mode depuis ces dernières années de faire disparaître des communes, comme on le faisait autrefois avec les paroisses. Cela fait partie d'un système où le mille-feuille administratif des communautés de communes fait petit à petit place à des communautés d'agglomération et peut ainsi s'arroger un nombre d'habitants bidon et augmenter la fiscalité dans des proportions toujours plus délirantes afin d'engraisser une multitude de politiques inutiles. La structure locale et familière que représentait le bon vieux maire, proche de ses administrés, est donc vouée à disparaître dans le giron de conglomérats nébuleux où les décisions se prendront sans l'avis du contribuable à une échelle où plus personne ne comprend rien et ne se sent plus concerné.

     

     Étant donné que nous ne sommes pas là pour discuter des problèmes que la république peut se poser à elle-même, je préfère poster ici quelques photos qui permettront d'illustrer l'article dont il était question plus haut.

     

     L'oratoire de Notre-Dame de Bonne Nouvelle à Voultegon. Cette petite chapelle qui porte à son fronton la date de 1902, n'était pas à l'emplacement où on la voit aujourd'hui.

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

     Sur le cadastre de 1813 : le cercle noir indique son emplacement à l'époque où elle fut témoin d'une fusillade d'un certain nombre d'habitants de Voultegon. La croix verte indique son emplacement de nos jours.

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

     Non loin de là, la chapelle Saint-Sébastien, en cours de restauration (marquée d'une croix bleue sur l'image cadastrale)

     

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

     L'église de Voultegon, l'un des plus vieux édifices du pays argentonnais.

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

     L'église de Saint-Clémentin. C'est tout près du presbytère qu'une fosse commune aurait été creusée pour contenir les restes de 3 à 400 victimes des colonnes infernales.

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

    Nous la voyons sur le cadastre de 1813, avec les ruines d'un cloître (colorisé en jaune).

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

      

    Point question de passer à Saint-Clémentin sans faire une halte aux chapelles des Rosiers et de Saint-Ouen. Nous savions que la chapelle des Rosiers n'était pas ouverte aujourd'hui, mais quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que la porte en avait été récemment forcée. Cette œuvre est à mon sens celle d'un pied de biche qui devait ouvrir la porte dans le but très probable de casser ou de souiller comme il en est l'usage depuis ces derniers temps dans les édifices chrétiens. Faudra-t-il en arriver un jour à demander un certificat de baptême à ceux qui veulent visiter une église ? Mettre des vigiles armés en faction jour et nuit ? Quel est l'avenir de cette société qui ne sait produire que des illettrés et des QI de betteraves ?

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....


     Le moment de repartir était arrivé et Pénélope a repris docilement le chemin de la maison.

     

     

    Voultegon et Saint-Clémentin par une belle journée....

     

    Ces villages qui ont subi le génocide vendéen ne sont pas tous égaux devant la mémoire. On citera certains à l'envi et d'autres seront oubliés dans leurs souffrances passées, parce que situés dans un département peu touristique, parce que la politique régionale ou locale n'est pas favorable à l'étude de l'histoire ou bien encore parce qu'il est finalement plus simple pour certains d'appréhender la mémoire par des symboles et non des faits. J'espère avoir contribué de ma modeste plume, à un peu de reconnaissance pour ceux qui dorment sous la terre du Bocage depuis 221 ans, et que leur descendance a peut-être oubliés.

     

     RL

    Mars 2015


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    Hommage au curé Desplobeins...

     

     

    Afin d'éviter un téléscopage avec la Fête des Mères, la journée en mémoire de l'abbé Desplobeins est avancée au 24 mai.

     Le programme sera le suivant :

     13 h 00 : accueil des participants sur la place de l'église de Saint-Vincent-Puymaufrais. Repas tiré du sac pour ceux qui n'auront pas eu le temps de déjeuner.

     14 h 00 : Départ à pied (500 mètres environ) pour le cimetière de Puymaufrais et dépôt de quelques fleurs sur la tombe de l'abbé Desplobeins. Evocation par Nicolas et moi-même de la vie de ce prêtre réfractaire qui réussît toujours à exercer son ministère en échappant aux recherches des républicains et dont on retrouva la tombe de manière fortuite il y a quelques années.

     15 h 00 : départ, toujours à pied, par la vallée du "Grand Bateau", jusqu'au logis de la Ricottière, où M. Desplobeins dit un grand nombre de messes clandestines à l'époque de la Terreur. Le parcours fait environ 2 kms depuis le bourg de Puymaufrais. Les personnes à mobilité réduite pourront être prises en charge par une voiture si besoin. Ce sera l'occasion d'admirer les rivages du Lay par une belle (du moins nous l'espérons) journée de printemps.

     16 h 30 : départ en voiture pour la paroisse disparue de Saint-Vincent-Fort-du-Lay où votre serviteur évoquera l'histoire du curé assermenté Gauly, ainsi que l'emplacement de l'église dont il ne reste plus de traces aujourd'hui et dont seuls le presbytère et le cimetière abandonné témoignent de l'existence passée. Si le temps nous le permet, un passage au gué de Poële-Feu pourrait compléter le programme.

     17 h 30 : fin de la manifestation.

     Cette sortie est ouverte à tous et bien entendu gratuite.

    A voir également sur "Vendéens et Chouans".

     

     ***

          Une journée avait été prévue à Saint-Vincent-Puymaufrais en mémoire du curé Desplobeins l'an dernier par l'association des "Brigands du Bocage" sur une idée de départ de votre serviteur. Repoussée par deux fois, la journée fut par la suite annulée et l'association citée plus haut fut dissoute pour des raisons que tout le monde ici connaît et qui n'ont rien à voir avec l'histoire, mais tenant à la personnalité particulière de son ancienne présidente. 

     Ce qui avait été prévu n'a donc pas eu lieu et le curé Desplobeins doit être bien déçu depuis le Ciel d'avoir été ainsi laissé pour compte. Par ailleurs, nous avons pu constater lors de notre petite sortie du 1er février dernier que l'enthousiasme des anciens "Brigands" est demeuré intact et que le petit groupe du "Pont-Paillat" est prêt pour de nouvelles aventures, même en dehors de tout cadre associatif. Je me permets donc de proposer de faire le travail qui n'a pas été fait et de rendre enfin hommage à la mémoire de ce prêtre.

     La journée se déroulerait dans le courant du mois de mai, probablement le dimanche 24 mai (l'abbé Desplobeins ayant quitté ce monde le 1er juin 1824) à Saint-Vincent-Puymaufrais. Une visite au cimetière et un petit parcours dans les chemins qui ont connu les pas de notre curé réfractaire permettrait de nous rappeler quelles ont été les conditions de sa vie au temps des Guerres de Vendée dans le Sud du Bocage. Votre serviteur pourrait évoquer l'ancienne paroisse de Saint-Vincent-Fort-du-Lay et l'emplacement de son église aujourd'hui disparue, ainsi que la personne du curé constitutionnel Gauly, qui fut un ami du curé Desplobeins avant la révolution. Pour le moment, le programme n'est pas établi et nous allons en discuter avec Nicolas Delahaye, administrateur du blog "Vendéens et Chouans" avec lequel nous travaillons en étroite collaboration pour les futures sorties de notre petit groupe.

     Cette sortie sera une fois de plus organisée en dehors de tout cadre associatif mais les membres ou représentants des différentes associations vendéennes et chouannes sont bien entendu les bienvenus dans une ambiance simple et sans ambages. Les "Enfants de Charette", autre groupe ami dont nous connaissons certains membres, seront eux-aussi accueillis avec beaucoup de plaisir. Il me semble d'ailleurs particulièrement important de faire oublier les turpitudes de l'ancienne association des "Brigands du Bocage" et de prouver que notre intérêt est bien l'histoire et pas autre chose... Notre petit groupe à la vigueur de la jeunesse, la sagesse de plusieurs personnes confirmées dans le domaine de l'histoire et la bonne humeur générale règne au service de la mémoire et de valeurs qui nous sont chevillées au cœur. Comme à l'habitude, chacun pourra venir costumé suivant sa convenance, apporter des drapeaux, etc. Nous commencerions la sortie en tout début d'après-midi afin de laisser le temps à chacun de se rendre à la messe de son choix le matin. Le café, la brioche et autres munitions de bouche seraient laissés à la discrétion de chacun.

     Encore une fois, cette sortie est ouverte à tous, n'hésitez pas à la partager sur les réseaux sociaux et à la communiquer par mail à vos amis.

    Le curé Desplobeins et son village, cliquer ici pour rappel d'informations.

     Cet article sera modifié en fonction du programme établi dans les jours prochains.

     

    RL

    Février 2015

     

    Hommage au curé Desplobeins....

     

     

     


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    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet...

     

     Nous savons tous comment Jean-Nicolas Stofflet termina sa brillante carrière de général vendéen, fusillé à Angers le 25 février 1796. Son crâne, aujourd'hui propriété d'une collection particulière, est exposée  au musée de Cholet et Dominique Lambert de la Douasnerie fut le premier à retracer le parcours de cette relique, il y a plus de quarante ans. Il a publié un passionnant cahier concernant cette histoire et les sépultures d'autres chefs vendéens et chouans dont nous donnons ici les références : "Autour du crâne de Jean-Nicolas Stofflet, des cadavres mutilés et décapités", novembre 1997. Ce petit ouvrage fait partie de la collection "Paroisses et Soldats de l'armée vendéenne", cahier N° 55. Il est peut-être encore disponible auprès de l'Association Vendée Militaire, 2 avenue de la gare, 49123 Ingrandes-sur-Loire.

     Nous n'allons pas, bien entendu, citer l'intégralité de cette œuvre de recherche et nous allons aller à l'essentiel, c'est-à-dire, l'énigme du reste du corps du général vendéen et surtout où ils se trouve aujourd'hui.

     Lieu où Jean-Nicolas Stofflet fut fusillé

     

    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet....

      

    Le crâne du général vendéen exposé au musée de Cholet. Photo tirée du blog de "La Maraîchine Normande".

     

    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet....

     

    Il ne fait aucun doute que dès la mort de Stofflet, son corps fut décapité et son bras droit amputé afin d'être montrés dans les rues d'Angers, notamment par un "citoyen Gauthier". Oui, d'accord, mais vous allez me dire : "c'est bien joli tout cela, mais où a-t-il été enterré ?" Nous y arrivons : si l'on en suit le travail de Dominique Lambert de la Douasnerie, Stofflet et ses compagnons d'armes, au nombre de quatre (Charles Lichtenheim, son aide de camp, 24 ans, Joseph Moreau, 20 ans, Pierre Pinot, 21 ans et Joseph-Philippe Erondelle Desvarannes, 30 ans), furent enterrés au cimetière du Clon d'Angers. Une explication géographique s'impose et nous suivons toujours le travail de Dominique Lambert de la Douasnerie, accompagné des références de localisation faites par nous-même. Le Clon, avant la révolution, était une closerie (petite exploitation agricole clôturée). Voici ce qu'en dit le site de la ville d'Angers :

     

     "Doit sa dénomination (Le Clon) à la présence d'une ancienne closerie, dont l'existence est attestée dès 1113 : "Locus que Clum vocatur" : lieu qui a pour nom le Clon. Elle apparaît encore dans le cartulaire de Saint-Aubin en 1293 : "Locus que dicitur le Clon". En 1332, le Clon devient la propriété des Cordeliers de Saint-Maurice et est clairement désignée sous le vocable de closerie. En 1492, les cordeliers la vendent au chapitre. A la Révolution, les bâtiments sont vendus comme bien national mais ne sont pas détruits car ils apparaissent bien sur le cadastre napoléonien en 1810, cependant qu'un embryon de cimetière s'installe à proximité dès 1776. La municipalité trouve dans ce cimetière un remplaçant naturel aux cimetières de la Madeleine, de Saint-Michel et de Saint-Laud, frappés de fermeture. Il porte le nom de cimetière du Clon et est utilisé jusqu'en 1841. La closerie du Clon disparaît quant à elle en 1877."

     

     On pourra ajouter qu'il était également prévu pour les paroisses Saint-Maurille, Saint-Pierre, Saint-Denis, Saint-Julien et Saint-Martin (D. Lambert de la Douasnerie, op.cit, qui précise 1847, comme date de la désaffectation de ce cimetière).

     

     Nous le voyons ici sur la matrice cadastrale d'Angers en 1809...

     Sur le tableau d'assemblage...

     

    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet....

     

     ... Et sur la feuille détaillée (C3 du Sud, AD49). La croix rouge indique l'emplacement du cimetière.

     

    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet....

     

     Ma belle-fille s'est amusée à faire un petit calque du plan cadastral et d'une vue aérienne afin de situer l'emplacement de nos jours.

    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet....

     

    Vous pensiez donc trouver les restes de Stofflet sous un amas de béton et de bitume, eh bien non ! En 1847, on recueille les ossements du cimetière du Clon et on les transfère dans le cimetière dit "de l'Est", fraîchement établi. Un caveau est construit à cette fin et on édifie une chapelle au-dessus de l'ossuaire, bénie par Mgr Freppel le 31 octobre 1870.

     C'est donc là, parmi des centaines de dépouilles, que reposent les restes de Jean-Nicolas Stofflet et de ses compagnons d'armes...

     Vue aérienne du cimetière de l'Est. La croix rouge indique le lieu de la chapelle sous laquelle les ossements de Stofflet reposent.

     

    La sépulture de Jean-Nicolas Stofflet....

     

         Nous avons le crâne de Stofflet et nous avons le lieu de sépulture de son corps, nous savons donc tout... Tout ? Pas si sûr... Mais qu'est donc devenu son bras droit amputé comme nous le disions au début de cet article ?

          La réponse peut-être un jour ou jamais...

     

     RL

    Février 2015

     

    PS :  le lecteur pourra découvrir un autre article traitant de la sépulture de Louis-Marie de Lescure ici.

     


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    Mémoires de Julienne Goguet de Boishéraut,

     Une survivante...

     

     

     

    Les conditions de détention à Nantes, de ceux qui sont destinés à la mort à la fin de l'année 1793 et au début de 1794 sont connues. Nous avions déjà posté un petit texte à ce sujet, description de ce qu'avait vu un médecin nantais. On le retrouvera en cliquant ici.

     Julienne Goguet des Boishéraut avait suivi l'Armée Vendéenne outre-Loire et le fait que son père, déjà décédé au moment des faits, ait été conseiller à la Cour des Comptes de Bretagne, la vouait, elle, sa mère et sa sœur, à une mort certaine et dans des conditions des plus atroces. Ce qu'elle raconte peut se retrouver dans le Bulletin. de la Société archéologique et historique de Loire-Inférieure, 1928, p. 35-89. Le texte fut repris par Thérèse Rouchette, in "Femmes oubliées de la Guerre de Vendée", 2005, p. 294-300 et enfin par Alain Gérard in "Vendée, les archives de l'extermination", CVRH, 2013.

     Le texte est particulièrement dur et poignant et nous montre certaines valeurs cachées de la république...

     RL

     Février 2015

     

     

     

    "Le 7 janvier 1794, il fut décidé que nous partirions pour Nantes. On prit nos noms : on les inscrivit sur un registre. On nous fit monter en charrette. Il y avait trois voitures. Pendant les préparatifs du départ, nous fûmes accablées des mêmes propos qu'à notre arrivée. Au cours de la route, notre vie dut encore en plus grand danger. Nos conducteurs pouvaient nous fusiller sans craindre le moindre reproche. Ils nous disaient : "Cela ne dépend que de nous." Nous ne pouvions, certes, nous flatter que nous avions longtemps à vivre, car nous savions, s'ils ne nous sacrifiaient pas, qu'en arrivant à Nantes nous ne tarderions pas à l'être.

     Nous passâmes au milieu de l'armée révolutionnaire qui allait dans la Vendée. Elle était composée de quatre mille hommes. Les cris de : "A la guillotine" retentissaient à nos oreilles ; d'autres disaient : "Ce sont des brigands, il faut les tuer." Nous appréhendions notre arrivée en ville. Nous y étions connues. "Elle m'a vu naître, disais-je, elle sera mon tombeau." Je désirais intérieurement que notre arrivée n'eût lieu que la nuit. Mes voeux furent exaucés. Il était dix heures quand nous arrivâmes aux barrières. Les clefs étaient en ville. Il fallut attendre. Nos gardes nous demandèrent de nouveau ce que nous avions dans nos poches, nos couteaux, ciseaux, etc. Enfin les barrières s'ouvrirent. Ah ! fatale entrée, aurai-je la force de tracer les tristes évènements qui vont suivre ?

     On nous conduisit sur la place du Département. Un garde monta demander où il fallait nous mettre. Il descendit et déclara qu'on allait demander au scélérat Carrier ce qu'il fallait faire de nous. On nous apporta l'ordre et, sans rien nous dire, on nous fit prendre le chemin de la Fosse. Je ne doutai pas qu'on nous menât à l'eau, sachant que c'était par ce pénible supplice qu'on faisait périr le plus grande nombre de prisonniers.

     Notre agonie n'était pas encore finie. L'on nous fit entrer dans la cour de l'Entrepôt (que je ne connaissais pas), ce qui me fit comprendre qu'on ne nous ferait pas périr si vite que je le croyais, ou qu'on nous réservait pour un autre supplice. Mon espérance ne fut pas longue, car dans la minute on nous fit sortir. Ah ! c'est à ce coup que je vis la mort à deux pas. Mais non, il semblait que nos bourreaux voulaient nous donner mille coups avant celui de grâce. On nous fit faire un détour, puis entrer par une petite porte où nous trouvâmes plusieurs gardes avec des lumières. Ils nous aidèrent à descendre de nos charrettes, dans lesquelles nous étions depuis dix-sept heures. Nous étions si fatiguées que nous pouvions à peine nous tenir sur nos jambes. Je donnai mon faible bras à ma mère, un garde me donna le sien ; un autre nous éclaira. Ce triste spectacle était déchirant. Aussi tous nos gardes avaient l'air bien affectés ; aucun n'avait l'air d'y être par goût. On nous fit monter dans un grenier, où on nous laissa jusqu'au lendemain vers quatre heures du soir. Nous étions sur des planches, sans pain, sans paille, sans pouvoir parler à personne , étant toujours sous les yeux d'un garde.

     Vers midi, nous vîmes plusieurs citoyens aller et venir, sans savoir la cause de leurs démarches. J'en remarquai un, je ne sais pourquoi, qui était là pour tâcher de soustraire quelques victimes. Je l'ignorais et j'étais bien éloignée de croire que ce serait à lui que je devrais la vie.

     Nous ne tardâmes pas à voir l'effet de leurs mouvements. L'instant d'après, ils emmenèrent quatre-vingt-dix femmes, à la tête desquelles était une dame de notre connaissance avec ses quatre filles [Vaz de Mello] que l'on allait fusiller. Il y en avait quelques-unes qui pleuraient, d'autres nous disaient : "Nous vous montrons le chemin." Je me représente toujours celui qui les conduisait [le représentant Boursault ?]. Il me frappa par l'air de satisfaction et d'empressement qu'il mettait à remplir sa charge. Il avait un habit blanc à parements rouges. Peu après, nous vîmes un jeune élégant [Robin] d'une figure agréable, revêtu de l'uniforme national, ayant une médaille au cou soutenue d'un ruban aux trois couleurs. Il était suivi de Fouquet ou de Lamberty. Il nous demanda à toutes nos noms, nos âges, etc. Celles qui étaient au-dessous de quinze ans, il les faisait mettre à part. Avec nous étaient deux demoiselles, soeurs d'émigrés. Lorsqu'il fut parvenu à leur rang, elles se mirent à pleurer. Il les consola leur disant que les fautes étaient personnelles. Mais ce n'était pas elles qu'il cherchait. Je crois avec juste raison que c'était nous, car la ronde finie, il s'arrêta et dit : "Il y a ici les dames Boishéraut. Je ne vois pas pourquoi elles ne se font pas connaître. Elles ne doivent pas craindre." Son air engageant ne put nous déterminer à nous faire connaître. Nous lui avions dit notre autre nom [Goguet]. Je suis bien persuadée que c'était pour nous faire guillotiner. Ils partirent.

        Quelques heures plus tard, nous le vîmes revenir avec le petit monstre en habit blanc. Ils emmenèrent les deux demoiselles dont j'ai parlé ; ils prirent par écrit leurs noms et âges, etc. Quelqu'une d'entre nous entendit : "C'est bon pour le Bouffay [la guillotine]."

     Ils revinrent et nous dirent de les suivre. Nous ignorions encore, cette fois, si ce n'était point pour nous conduire au supplice : non, c'était pour nous mettre dans un autre grenier où il y avait un peu de paille ; à juste titre, on pouvait donner à cette paille le nom de fumier. Elle nous fit bien voir que beaucoup d'autres étaient passés par là. Nous nous trouvions cependant heureuses de l'avoir pour reposer un peu nos membres. L'on plaça une sentinelle à chaque porte.

     Le lendemain, nous trouvâmes le moyen d'écrire à une amie, afin qu'elle nous procurât quelque subsistance, car on ne nous donnait qu'une demi-livre de pain ; on le ramassait dans la paille de ceux qui nous avaient précédées. A peine souvent nous donnait-on le temps de le manger. On nous le jetait comme à des chiens. On mettait de l'eau dans les baquets, qui tantôt servaient à cet usage, tantôt à faire ses nécessités. Cette seule idée soulevait le coeur.

     Enfin cette amie arriva accompagnée du petit monstre. Elle parut touchée et m'embrassa d'un air attendri. Il s'en aperçut : "Voyez, dit-il, comme elles s'embrassent !" Il s'approcha et d'un ton dur, il ajouta : "Séparez-vous." Il la pressa de partir.

             En vain essayerais-je de faire le tableau de ce séjour affreux : je ne connais pas d'expression suffisante. Il faut y avoir habité pour s'en faire une juste idée. Je dirai seulement que partout on voyait l'image de la mort : ce n'était que morts et mourants. Ceux-ci n'avaient pas encore expiré, que ces monstres venaient les prendre par un membre pour les traîner comme des bêtes hors de la maison. S'ils vivaient encore, ils les roulaient avec le pied et disaient froidement : "Ce sera pour demain."

     Nous voyions paraître des prisonniers, qui disparaissaient à l'instant. Un soir, on en amena trois cents, le lendemain, il n'y en avait plus. Deux, trois fois par jour, on en prenait indistinctement un certain nombre, que l'on fusillait sans interrogatoire et sans jugement.

     J'y ai vécu dix jours. Pendant ce temps, il y eut bien des milliers de victimes. Au bout de quelques jours, on nous ôta les gardes de l'intérieur. Il en était déjà mort vingt-quatre. Personne ne voulait plus prendre ce service. Dans les jours suivants, on vint réclamer des enfants. On nous dit qu'on pouvait sauver des grandes personnes si elles acceptaient d'épouser ceux qui les réclamaient. Nous le savions déjà, ainsi que les horreurs de ceux qui se commettaient. Malgré cela, il se trouvait de jeunes personnes qui priaient les uns et les autres de les sauver. Cela était naturel, car notre position était critique. Il n'est pas donné à tous de braver la mort.

     Pour moi, je me promettais continuellement de ne pas sortir, surtout avec des personnes que je ne connaîtrais pas ; je préférais la mort plutôt que de m'exposer à la brutalité de ces hommes féroces. Loin de les rechercher, j'évitais qu'ils me vissent. Celui à qui je suis redevable de la vie est le premier à qui j'aie parlé.

     Je m'abandonnais entièrement à la Providence. Je ne faisais pas d'autre prière que celle-ci : "Seigneur, quels que soient vos desseins sur moi, je m'y soumets d'un grand coeur. Vous m'avez conservée jusqu'à présent par un effet de votre bonté, préférablement à bien d'autres qui le méritaient mieux que moi. Si vous voulez que je périsse, recevez ma mort en expiation de toutes mes fautes. Mais si vous voulez que je sois conservée, vous m'en ferez trouver les moyens, étant résolue à ne faire aucune démarche, dans la crainte d'aller contre votre volonté."

     Le dixième jour, à la brume, arrivèrent plusieurs citoyens pris de vin, insulter au sort des malheureuses. Ils firent lever toutes celles qui étaient autour de moi, leur demandant leurs noms et âges. Il n'y eut que moi à laquelle ils ne dirent rien. Ils s'en allèrent, disant qu'ils reviendraient le lendemain, qu'on pourrait sauver quelques prisonnières. Ma soeur nous avait quittées pour aller dans la chambre des femmes enceintes. On espérait les conserver. Par ce moyen elles gardaient un faible espoir de sauver leur vie.

     J'étais assise auprès de ma mère, occupée des propos que je venais d'entendre. Je faisais à Dieu le sacrifice de ma vie (que j'étais aloignée de croire ma délivrance prochaine !), lorsque je vis entrer un citoyen [le Dr Darbefeuille ?] accompagné d'un second qui portait une lumière. Je le vis venir à moi. Il m'adressa la parole, ce qui me surprit et me fit frémir. J'évitais de leur parler et ne les regardais qu'avec indignation. Le premier me dit d'aller lui parler. Nous nous éloignâmes de quelques pas. Il me demanda mon nom. Je lui répondis en tout avec la plus exacte vérité, ne cherchant point à l'interrompre en ma faveur, cherchant au contraire à éloigner l'idée qu'il paraissait avoir de me faire sortir. Mais plus je lui parlais, plus je voyais qu'il prenait intérêt à moi. Il me demanda si j'étais seule. Je lui répondis que j'avais avec moi ma mère et ma soeur. Il s'enquit de l'âge des deux. Après un moment de réflexion, il me dit : "Je vous sauverai, mais il faut faire le sacrifice de votre mère, son grand âge me met dans l'impossibilité de la sauver." A cela, je ne répondis rien. Mes larmes coulèrent, mon sang se glaça dans mes veines. Je ne puis exprimer ce que je ressentis à ce moment terrible. Il s'en aperçut et me dit : "Voulez-vous venir ? - Non, lui dis-je. - Mais quand vous serez auprès d'elle, la sauverez-vous ? Non, vous ne ferez qu'augmenter sa douleur. Je suis sûr que ce serait une consolation pour elle de vous savoir sauvée. Faites vos réflexions, je reviendrai demain vous chercher. - Elles sont toutes faites, je suis résolue à périr. La mort m'est plus douce que la vie." Il me dit tout ce qu'il crut propre à me déterminer à le suivre. "J'ai, ajouta-t-il, une grâce à vous demander, c'est de taire votre nom, il suffit seul pour nous conduire à la guillotine, vous et moi, car il est défendu, sous peine de mort, de sauver des ci-devant. Je vous donnerai un nom par écrit." Il paraissait décidé à tout sacrifier pour me sauver. Je lui fis entendre que la seule crainte de m'exposer entre les mains de quelqu'un que je ne connaissais pas suffisait pour m'empêcher de sortir. Il comprit ce que je voulais dire. Il en parut touché et m'assura de la droiture de son coeur d'une manière propre à dissiper toutes mes craintes. Je ne pus cependant prendre sur moi de lui donner une parole. J'étais incapable de prendre un parti. Je ne pouvais me décider à abandonner ma mère dans un moment si cruel. Il reprit qu'il reviendrait le lendemain. "C'est inutile", répondis-je.

     Ma soeur arriva avec ma jeune parente. Il me donna un nom par écrit. Il en donna un, je ne sais à laquelle des deux. Il me quitta. Elles le suivirent. Je fus reprendre ma place près de ma mère. Qui pourrait se faire une juste idée de ce qui se passait dans mon âme ? Mon coeur était déchiré de la plus vive douleur. Il l'est encore autant en ce moment. Je n'ai ni le courage, ni la force d'achever.

          Je ne savais que faire. Que dire à ma mère ? Je ne pouvais lui rapporter la conversation que je venais d'avoir. Encore moins pouvais-je la quitter. Je me mettais à sa place, seule, abandonnée de ses enfants. "Ah ! ah ! disais-je quel coup cruel ? Qu'il doit lui être sensible ! Non, non, jamais je ne la laisserai, puisque, c'est moi qui suis en partie la cause qu'elle est ici."

     Après mille réflexions, toutes plus tristes les uns que les autres, je pris le parti d'aller en conférer avec ma soeur. Quelle est ma surprise de voir avec elle le citoyen qui m'avait parlé et que je croyais parti ! Je m'approche d'eux sans rien dire. De suite, il dit : "Je vais en emmener une. Venez-vous ?" me dit-il. L'une dit : "Pourquoi pas les deux ?" "Venez donc promptement, car il y a longtemps que je suis ici. L'on pourrait me dire quelque chose." Ma jeune parente me prit par le bras ; sans que j'eusse le temps de faire aucune réflexion et sans penser à toutes celles que j'avais faites, ni à la résolution que j'avais prise (tant il est vrai qu'il faut être à l'occasion pour savoir ce que l'on fera), je sortis.

     Je m'en fus sans faire mes adieux à ma tendre mère, que je laissais déchirée de douleur, couchée sur un peu de paille. Non, jamais je ne m'en consolerai. Si j'avais fait la moindre démarche, je m'en repentirais toute ma vie, mais je l'ai évitée tant que j'ai pu. J'aurais été contre les décrets de la Providence. Je ne l'ai pas fait.

     Le citoyen nous mena au Comité militaire, qui était dans la cour. Les membres présents me demandèrent mon nom. Je leur dis celui qu'il m'avait donné. Mon âge ? 14 ans, âge au-dessus duquel il était dfendu d'épargner qui que ce soit. Ils me demandèrent le nom de ma mère. Je ne m'y attendais pas, mon sauveur pas plus que moi. Il me regarda, craignant que je n'hésitasse (il me l'a dit depuis). Le nom de ma nourrice se présenta à ma mémoire, je le donnai. Mêmes questions furent posées à ma parente. Nous sortîmes de suite, au milieu des gardes, qui ne nous dirent rien.

     C'est le 18 janvier 1794 que je sortis du tombeau comme un nouveau Lazare."

     

    Julie Goguet de Boishéraud, survivante de l'enfer nantais....


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