• Saint-Clémentin et Voultegon, les colonnes infernales....

     

      

    Saint-Clémentin et Voultegon,

     

    Les colonnes infernales

     

     (à mon père, Gaby L, 1934-2008)

     

     

     

     

      Poursuivons, si vous le voulez bien notre périple au travers les chemins angoissants du passé. Chaussez-vous de bons sabots, munissez-vous d’une bonne lanterne et ne nous laissons pas impressionner par les gémissements inquiétants qui envahissent la campagne à cette heure tardive.

     

     Bien moins célèbres que d’autres en matière de martyrologes, nos deux villages sont plus riches en mystères. Les massacres furent épouvantables dans tout le pays argentonnais (1),  mais nous n’avons que peu d’éléments pour donner des noms précis aux victimes. Ici, aux limites du Poitou profond et de l’Anjou héroïque, le paysage se fait plus sombre et plus empreint d’événements anciens. Le progrès n’a pas encore tout bétonné ou noyé dans les contingences économiques, alors ne boudons pas notre plaisir. Saint-Clémentin et Voultegon, villages ô combien riches en patrimoine et anecdotes historiques, depuis les Celtes jusqu’aux abominations révolutionnaires. Ces deux villages, et tout le pays argentonnais, sur lequel nous allons revenir dans d’autres articles est depuis longtemps bercé par une foi profonde et bien ancrée. A Saint-Clémentin, deux prieurés ont régné sur la région (2) et à Voultegon, l’église est là à veiller sur le village depuis le IV° ou V° siècle et fut remaniée entre le XI° et le XII° siècle (3). C’est dire si le christianisme est une évidence dans ce pays.

     

     Pour la période qui nous intéresse, et qui nous apprend que Saint-Clémentin et Voultegon se soulevèrent le lendemain de la harrangue de Henri de la Rochejaquelein à la Durbelière (soit le 14 avril 1793, après le fameux « si j’avance suivez-moi, si je recule tuez-moi, si je meurs, vengez-moi »), commençons par Saint-Clémentin si vous le voulez bien. L’un des premiers à prendre les armes fut, le célèbre Jean-Gilles Fouillet, portraituré par Louise de la Rochejaquelein. Né le 1er septembre 1778 (4) à Saint-Clémentin, de Louis Fouillet et de Perrine Courjault, il recevra un brevet d’honneur du Roi le 11 juillet 1817 après avoir été capitaine de paroisse en 1815. Il sera déclaré maçon « perclus de ses membres » et  « resté huit mois sans travailler » en 1824. Il sera garde-champêtre en 1850 (5). Toutefois, en 1793, il est sous les ordres de Banchereau, Merceron et du boucher Turpault, capitaines de paroisse (6). Le père de Jean-Gilles Fouillet sera tué sans que l’on sache ni où ni comment. A la veille de la Révolution c’est  Pierre Larc qui est curé à Saint-Clémentin. Ce dernier sera représenté aux Etats-généraux de 1789 par le célèbre curé Guillaume Barbarin de Nueil-sous-les-Aubiers (7). Le curé Larc restera toujours caché dans sa paroisse, hormis pendant 3 mois en 1796, suite à un combat qui verra le bourg à nouveau incendié et pillé le 15 février de cette année (8). Caché tantôt ici, tantôt là et même à la Guinebrandière d’Etusson, il décédera dans la semaine de Pâques 1801 et sera enterré le 17 avril à l’âge de 70 ans. Une femme combattra sous des habits d’homme en mars 1794 : Catherine Maret. Aucun élément ne nous indique qu’elle puisse être parente de Jean-Mathurin Maret qui figure dans l’album de Louise de la Rochejacquelein.

     

     Comme dans les autres paroisses, la guerre éclate en 1793 dans nos deux villages de Saint-Clémentin et Voultegon et la liste des combattants est particulièrement importante.  Les gars de nos deux paroisses seront de tous les combats, puis arrive le temps des colonnes infernales. Le 26 février 1794, Louis Monnier qui s’apprête à prendre Argenton-Château avec Stofflet, raconte qu’il arrive à Saint-Clémentin, où il trouve « 2 400 bleus qui ramassaient les grains du pays et qui en remplissaient l’église que nous trouvâmes comble » (9). C’est probablement le 21 janvier 1794  dans le bourg de Saint-Clémentin, qu’une trentaine d’habitants, dont sans doute une dizaine de femmes sont massacrés sur la place du village. Les soldats de Grignon jouent aux boules avec les têtes décapitées …(10) Une fosse aurait été creusée près du presbytère, elle contiendrait les restes de 3 à 400 victimes massacrées à coup de sabre. On retiendra également quelques horreurs isolées : le 9 janvier 1794, Antoine Gauffreteau, 48 ans, métayer de la Petite-Frogerie est tué sur la paroisse d’Argenton-Château. Le 31 janvier, c’est François Joubert qui est tué dans le « grand champ des Touches » à Nueil où il repose toujours. Le 12 mars 1794, Monique Godin est massacrée au Grand-Breuil, son corps sera inhumé dans une « ouche » (terrain voisin de la maison) du village. Marie-Anne Bernard, veuve Landré sera massacrée et inhumée dans les champs des terriers, non loin de l’ancien prieuré de Primart (11). Jean Joubert, 76 ans, fut massacré dans sa maison et enterré au cimetière. Thérèse Tricouère (à mon avis « Tricoire »), veuve Berthonneau, 50 ans, fut tuée au Champ des Justices et enterrée sur place. Françoise Pousset, femme de Jean Joubert, 68 ans, fut tuée « près du calvaire » (dans le bourg). Marie Jouve, veuve Noulleau et Pélagie Boileau, veuve Airault sont tuées le même jour. (12) Le 16 mars, Marie Benoît, femme d’André Moinard est massacrée à la Richardière. Le 22 mars, Jacquette Bascle, veuve Papin, 46 ans, est tuée en forêt de Vezins au témoignage de sa fille Cousineau qui parvient à échapper à la tuerie. Le 25 août, Pierre Herbert, domestique est massacré dans un champ du « Fontenit » à Saint-Aubin-Du-Plain (13). Pierre Brunet et son épouse, Renée Vincenteau font partie des massacrés. Leur Fils sera arrêté et fusillé à Saumur (14). Voilà bien des fantômes dont la plupart n’ont même pas eu de sépulture décente. Qui veut s’aventurer dans tous ces chemins par une nuit sans lune ? Pauvres victimes innocentes…

     

     Dans les deux énormes dossiers de demande de pension des deux paroisses (15) on trouve des femmes qui témoignent en peu de mots pour Saint-Clémentin comme par exemple : Marie-Radegonde Augeard qui a perdu son mari dans la boucherie du Mans ou Magdeleine-Julie Abélard, 51 ans, qui a contracté une maladie nerveuse suite à des « mauvais traitements ». Cette dernière précise que son père était combattant et qu’elle à vu « tout à feu et à sang » autour d’elle…. Eh oui,  pas de « cellule psychologique » à cette époque… Côté recensement de la population,  faisons plaisir pour une fois aux « statisticiens ». Saint-Clémentin compte 750 habitants environ en 1792 (16). Il n’en subsiste que 311 en 1803 (17).

     

     Dans la paroisse voisine de Voultegon, les choses sont moins claires et pourtant… Voultegon, village voisin et quasiment indissociable de Saint-Clémentin, possède comme nous l’avons vu précédemment, une église extrêmement ancienne, ancienne possession de l’abbaye de la Trinité de Mauléon. Sur la route de la Coudre, se trouve une chapelle médiévale, dédiée à Saint-Sébastien, saint très à l’honneur ici,  au moment des rogations et pour protéger hommes et bêtes des maladies contagieuses. Une autre chapelle minuscule est nommée « Notre-Dame de Bonne Nouvelle » dans un acte du 15 décembre1629 (18). Lorsque éclate la rébellion de la Vendée, c’est le curé François Turpault (ancien principal du collège de Sanzay)  qui dessert la chapelle,  tandis que l’église paroissiale est desservie  par le curé Boissard, ancien principal du collège de Thouars avant 1765 et qui sera déporté en Espagne en 1792 (19). Jusqu’en août 1794, la paroisse sera desservie par l’abbé Nepveu, curé de Luché-Thouarsais ainsi que par les abbés Turpault, Ferrand et Cousseau du Vivier. Le curé Boissard retrouvera sa paroisse en 1802. M. Cousseau du Vivier (20) lui succèdera dès 1803 après son décès survenu le 17 mars.

     

     Lorsque Grignon arrive à Voultegon, poursuivant son sanglant périple depuis Etusson, Saint-Clémentin et avant de se rendre à Saint-Aubin-du-Plain que nous avons évoqué dans notre précédent article, il fait rassembler bon nombre d’habitants devant la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle et les fait fusiller sans aucun commentaire. Là aussi, abordons les chiffres des recencements : Voultegon passe de 620 habitants en 1792 à 352 habitants en 1806 (21)

     

     Dans les demandes de pension de la paroisse de Voultegon (22) on trouve celle de Jean Billy. Né le « trente unième » (de mai 1762, fils de Pierre Billy « tisserant » (sic) demeurant en le bourg et Marie-Anne Billy, son père commissaire aux vivres sera tué par deux hussards au cours de l’année 1794. (23) Voici, parmi tant d’autres, le texte de sa demande du 18 octobre 1824 : « J’ai aussi l’honneur de vous exposer que j’ai eu pendant l’ancienne guerre de Vendée le malheur de perdre mon père qui à (sic) (24) été tué. Comme commissaire de paroisse pour les vivres de l’armée royale, de perdre mon mobilier dans l’incendie et d’avoir été dénoncé au général Grignon cantonné à Argenton-Château comme zélé défenseur de la légitimité et chassé pendant l’espace d’une année sans pouvoir habité (sic) (25) chez moi avec ma femme et quatre enfants en bas âge. »  Du côté des demandes de secours immobiliers, toujours très stéréotypées (tout comme pour les demandes de pension) aux archives des Deux-Sèvres, on trouve par exemple pour Voultegon celle de Pierre-Marie Branger (26) qui à perdu « 1 toit à bœufs » reconstruit en 1808 et  qui a dû réparer sa maison en 1806 « par suite de la guerre dite de la Vendée » le tout pour la rondelette somme de 570 francs. Sa déclaration datée du 1er septembre 1811 fait suite aux lois du  28 août 1808 et du 24 février 1811 promulguées sous Bonaparte afin de reconstruire la Vendée. Le vieux manoir de la Rochejacquelein situé sur la paroisse de Voultegon fut incendié en partie. Quelques dépendances et la chapelle, déjà en piteux état, furent détruits (27).

     

    Après tout cela, et nos articles vont continuer déroulant toutes les horreurs de 1794, après cela disais-je,  je me permets de rappeler, que l’histoire de la Vendée appartient au peuple de Vendée et à tous les Français ou étrangers pour qui les guerres de l’Ouest ont un sens. N’ayons de cesse de rappeler de ne jamais laisser notre histoire se faire accaparer par des gens qui prétendent tout savoir, philosophant, glosant sur les motivations « psychopathologiques » de la Terreur comme on peut le voir encore dans les mauvaises bibliothèques. Ils vous feront accroire que cette histoire est banale, dégoûteront les Vendéens eux-mêmes de leur passé afin de mieux vous couler dans le moule de leurs exigences. Le vrai diplôme d’historien de la Vendée, on ne l’acquiert que sur le terrain. C’est  par le travail et par passion que l’on communique aux autres l’envie de « savoir ». Le reste n’est que bavardage superfétatoire, ennui et grisaille. Le peuple de Vendée était un peuple aux mœurs simples et sans ambages. Si l’on veut aujourd’hui que subsiste une « mémoire » et continuer de capter l’intérêt du lecteur, il faut une « histoire », celle de son village et de ses ancêtres.

     

     

      RL

     Octobre 2008

     

     

     Notes :

      

    (1) Nous avons eu dans l’article précédent sur Saint-Aubin-du-Plain une petite idée de ce qu’ont pu être les massacres de la plaine de « Milayron ». A Genneton, non loin de Cléré-sur-Layon, en février 1794, un couple d’octogénaires grabataires par faute de maladie est traîné sur la place du bourg par les soldats de Carpentier. On leur écrase la tête à coup de crosse. On jette les corps dans un bûcher allumé sur la dite place avec les meubles des maisons pillées. Mais qui ose parler de repentance ? Nous reviendrons dans quelque temps sur Etusson et le massacre de la “Croix-Noire” et de la « Croix du Pré »…

     

     

     

    (2) Il ne reste du prieuré de Saint-Clémentin (établi en 1051, sous l’égide de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur) qu’une salle voûtée près du presbytère. Quant au Prieuré de « Primart » (établi avant 1186)  au Nord de la paroisse, une simple ferme en marque l’emplacement. Comme il y aurait des choses à dire sur toutes ces fondations religieuses anciennes ou sur l’abbaye  fontevriste de la Fougereuse, un peu plus haut dans le pays. En cela nous ne ferions que confirmer une tradition chrétienne des plus anciennes, mais ô combien passionnante. Je ne peux résister ici à l’évocation des chapelles « Saint-Ouen » et des « Rosiers », à la sortie du bourg de Saint-Clémentin sur la route de la Coudre. Une cloche de cette dernière fut emmenée par les républicains et fondue à Thouars pour faire des canons. L’autre cloche fut sauvée par les habitants et cachée au fond de la rivière de l’ « Argent ». juste au chevet de la chapelle. Elle ne fut retrouvée que bien des décennies plus tard… Les républicains essayèrent d’incendier le lieu mais la voûte de pierre résista et seule la porte d’entrée garda quelques traces de brûlures. Il y aurait eu un hameau tout près des deux chapelles, mais un aveu daté du 5 décembre 1628 nous apprend que « les maisons et herbergements sont en ruines » . Les deux chapelles voisines bizarrement datées toutes les deux de 1186 font partie d’un patrimoine à voir absolument… Des légendes aussi mystérieuses que tenaces entourent les deux édifices. Celle de Saint-Audouin (ou Saint-Ouen) et du sourd-muet est méconnue et mériterait quelques pages. Quant à la fameuse fontaine qui se trouve au chevet de la chapelle des Rosiers, j’ai vu récemment, durant l’hiver 2007/2008, alors que je « rôdais » dans les environs, des gens de Vendée départementale venir y puiser de l’eau pour un handicapé…

     

     

     

    (3) Dès le XI° siècle, l’église de Voultegon fut sous la dépendance de l’abbaye de la Sainte-Trinité de Mauléon  (sous le vocable de Sanctus Petrus de Vultegunt - Châtillon-sur-Sèvre de 1736 à 1965). Entre temps, elle fut donnée par un comte de Poitou à l’abbaye limousine de Saint-Martial. Le pouillé de Gauthier de Bruges la désignait ainsi : Ecclesia de Vecagaut seu Sancti Petri de Vultu-Hugonis.

     

     

     

    (4) Le commentaire de Louise de La Rochejacquelein le concernant indique : « Capitaine de Saint-Clémentin, a commencé la guerre a 14 ans ». Album Vendéen de Louise de La Rochejaquelein, reprint de 1992, commenté par M. Chatry et ADDS, R 69.

     

     

     

    (5) Il obtient en 1827 une pension annuelle de 120 francs. Il décède le 27 décembre 1860. Notes de l’abbé Michaud.

     

     

     

    (6) Crétineau-Joly, Tome V, abbé Drochon, p. 111. Anecdote des plus décevantes : le petit-fils de Jean-Gilles Fouillet égara la liste des anciens soldats de la compagnie le jour même de l’inauguration de la statue d’Henri de La Rochejaquelein à Saint-Aubin-de-Baubigné le 26 septembre 1895. Quant à Louis Banchereau, nous avons évoqué brièvement sa demande de pension (ADDS R/69) dans notre précédent article concernant le combat de Noirlieu (revue SAVOIR N° 82-83, p.131 à 133). Pour ce qui est de Turpault, on sait que les « citoyens François Gros, Augustin Ferré et Louis Devis de la commune d’Argenton-le-Peuple, le dénonceront le 28 août 1793 devant le comité révolutionnaire de Saumur comme l’un des chefs de brigands de la paroisse de Saint-Clémentin (ADML, L 1205-1207, 2° registre des arrêtés du comité de surveillance de Saumur, repris par l’abbé Michaud)

     

     

     

    (7) Les mémoires de curé Barbarin sont célèbres pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du Nord Deux-Sèvres pendant la Révolution et la « Petite-Eglise » (même si je n’aime pas cette appellation). Nueil-sous-les-Aubiers est devenu par la suite « Nueil-sur-Argent » et est aujourd’hui fusionné avec « Les Aubiers » pour former la grosse commune de près de 5 000 habitants de « Nueil-les-Aubiers ». Il y aurait là aussi beaucoup à dire sur le curé Larc de Saint-Clémentin, et tous ces autres prêtres du Bocage mais nous préférons laisser ce thème pour d’autres pages futures et la  maigre lanterne qui nous guide dans les chemins du pays risquerait de s’éteindre avant que je ne puisse tout vous raconter… Un grand merci au passage au personnel des archives de Niort, toujours prêt à conseiller, aider et donner de « bons tuyaux ».

     

     

     

    (8) Son registre de catholicité nous apprend de sa main :

     

     « … quelques baptêmes ont été faits pendant mon absence forcée qui dura trois mois depuis le premier février (1796) jusqu’au dernier avril, que j’ai rentré dans mes exercices, sans savoir si ce sera jusqu’à la fin de ma carrière…. »  Une lettre de Mademoiselle Sally de Keating , adressée au marquis des Dorides le 15 février 1796 et citée également par l’abbé Michaud, nous donne sans doute la raison de sa fuite : «  Saint-Clémentin n’est rien moins que tranquille…. Il vient de s’y passer une affaire très sérieuse. Tout a été livré au pillage et à l’incendie ». Il apparaît ici clairement que circonscrire la Terreur à la seule année 1794 serait extrêmement simpliste.

     

     

     

    (9) Mémoires de Louis Monnier, Cahier des paroisses et soldats de l’armée vendéenne N° 77 (mars 1999), p. 39.  Quelques lignes plus loin, Monnier raconte encore qu’il trouve également l’église d’Argenton remplie de grains.

     

     

     

    (10) Il est toujours difficile de dater ces massacres. Il est possible aussi que cette affaire de « jeux de boules démocratique » ait eu lieu entre le 11 et le 14 mars,  entre la seconde arrivée de Grignon à Argenton-Château et l’incendie de Bressuire.

     

     

     

    (11) Tous ces lieux cités, se situent  au nord de Saint-Clémentin en direction d’Etusson.

     

     

     

    (12) Ici plane le doute sur la tuerie du bourg… Janvier ou mars 1794 ? Ou alors deux massacres ?

     

     

     

    (13) Attention, il existe aussi un « Fontenit » sur la paroisse de Voultegon, non loin de Saint-Aubin-du-Plain et du manoir de la Rochejacquelein. Celui, dont nous parlons ici se trouve tout près du bourg de Saint-Aubin-du-Plain que nous avons déjà évoqué récemment dans le SAVOIR N° 84.

     

     

     

    (14) Nous en profitons pour publier ici le martyrologe des deux paroisses pour ce qui concerne les commissions militaires :

     

     

     

    Saint-Clémentin :

     

     

     

    -                        René Fournée, chirurgien âgé de 27 ans fut condamné à mort  28 janvier 1793 et exécuté sur la place publique de Niort le 25 avril à 11 heures du matin (on retrouve son jugement complet dans La justice révolutionnaire à Niort  d’Antonin Proust. Renée Fournée habitait la Bazinière de Voultegon, qui relevait toutefois de la paroisse de Saint-Clémentin. Le genre de détail qui peut prêter à confusion mais aussi expliquer pourquoi on parle de lui dans les deux paroisses.

     

    -                        René Jaylan, 23 ans, Savenay, commission Bignon, 23 décembre 1793.

     

    -                        Aubert fourgeon, tailleur de pierres, 24 décembre 1793, Saumur.

     

    -                        Hilaire Gérard,  fermier,  26 décembre 1793. Ces deux derniers furent exécutés près du bois de l’abbaye d’Asnières.

     

    -                        François Boileau,  guillotiné à Doué-la-Fontaine,  le 6 décembre 1793.

     

     

     

     

     

     

     

    Voultegon :

     

     

     

    -                        Louis Dechezeau, fusillé au champ des martyrs, Angers, le 12 janvier 1794.

     

    -                        Charles Denis, 40 ans, Nantes, commission Bignon, 5 janvier 1794.

     

    -                        Louis Denis, 22 ans, Idem.

     

    -                        Joseph Bonnet, idem le 17 nivöse an II (6 janvier 1794)

     

     

     

    (15) ADDS R/69.

     

     

     

    (16) Ce chiffre repris par Maurice Poignat, Le Pays Thouarsais, p. 229 me semble nettement plus sérieux que le chiffre officiel des ADDS, 2° supplément M 11, qui compte 1 200 habitants. Peut-être la paroisse de Voultegon y est-il comprise ?

     

     

     

    (17) Les ADDS, 7M 4/1, nous donnent 411 habitants en 1806…

     

     

     

    (18) Abbé Michaud, Op. Cit.  

     

     

    (19 Il embarqua aux Sables-d’Olonne le mercredi 3 octobre 1792. ADV, L 203. Document à consulter absolument aux archives de la Roche-sur-Yon pour tous les prêtres poitevins déportés en Espagne.

     

     

     

    (20) L’abbé Charles-Joseph Cousseau du Vivier était à l’origine prieur-curé de Saint-Sigismond dans le marais poitevin de Vendée départementale, non loin de Fontenay-le-comte. Il sera déporté en Espagne avec son oncle, Armand-Alex Cousseau de la Richardière, vicaire général de Mgr. de Crussol, évêque de La Rochelle, puis de Mgr. de Coucy . Charles-Joseph Cousseau du Vivier décède en 1823, à Châtillon-sur-Sèvre.

     

     

     

    Nous nous permettons ici une petite digression sur la « Petite-Eglise ». La « dissidence » au concordat de 1801 est une conséquence directe des guerres de Vendée et je m’estime en devoir d’en parler.

     

    Voici l’extrait d’une lettre écrite par l’abbé Cousseau du Vivier le 27 janvier 1804 au sous-préfet : 

     

    « Je n’ai fait jusqu’ici aucun serment, et je ne puis me résoudre à faire celui qu’on me demande aujourd’hui, quoique le souverain pontife l’approuve. Je préfère cesser mon ministère, si je ne puis le continuer sans cette formalité » (A. Billaud, La Petite-Eglise dans la Vendée et les Deux-Sèvres, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1962, reprint de 1992,  p. 166). Le préfet Dupin qualifiera le curé Cousseau du Vivier de « dangereux et malveillant » ! Après quelques hésitations, il se soumettra et prêtera serment à la religion bonapartiste. Le 5 mai 1805, Dupin fait arrêter et interner à Niort les « prétendues sœurs institutrices de Saint-Clémentin » (qui ne veulent pas du concordat elles non plus, on s’en doute…), elle seront transférées à Limoges. Ces religieuses semblent agiter les esprits dans le mauvais sens. Il faut tout de même savoir que la population dissidente de Saint-Clémentin représente à ce moment là quasiment 100% des habitants et plus de la moitié pour Voultegon…

     

     

     (21) Ces chiffres sont issus des mêmes sources précédemment citées pour Saint-Clémentin. Même en comptant les « réfugiés des Guerres de Vendée »  (c’est à dire les patriotes quoiqu’en disent certains historiens) qui ont pu fuir vers Airvault ou le département de la Vienne, les chiffres sont assez éloquents et ne laissent pas place au débat. Quelque soit l’idéologie du moment, la « loge politico-financière » auquel on appartient, le génocide est bien réel. Les quelques curés cachés dans les haies du vieux pays ou dans les greniers des fermes complaisantes n’ont fait que recenser les noms des personnes décédées qu’ils connaissaient le mieux. Un nombre incommensurable de Vendéens ne revint jamais dans sa métairie ou dans son bourg,  sans pour autant que sa disparition ne soit couchée sur une archive conservée jusqu’à aujourd’hui. De nos jours, Saint-Clémentin compte 501 habitants et Voultegon 484.

     

     

    (22) ADDS R/69/13.

     

     

      (23) Les archives de Clisson, citées par l’abbé Michaud nous donnent la date de naissance erronée de 1769 en ce qui concerne sa naissance. Il y est dit de Jean Billy : « commissaire en chef, 6 campagnes en 1793 . » Quant à l’acte de naissance original de Jean Billy, il est signé « Godefroy, curé ». Il s’agit du curé Jacques Godefroy en poste de 1748 à 1765 juste avant le ministère d’Antoine-Michel Boissard.

     

     

     

    (24) Nous respectons l’orthographe originale avec les fautes…

     

     

     

    (25) ADDS, 4 M 14/2g. Il serait long et fastidieux de reproduire ici toutes les demandes de secours immobilières dues aux destructions républicaines dans le pays. On retrouvera les ventes de biens nationaux pour nos deux paroisses aux ADDS, Q 64 et Q 155.

     

     

     

    (26) Ibid. En aparté,  je dirai qu’autant j’ai une idée très personnelle de la maison de Cerizay où Stofflet s’était arrêté en mars 1795 pour recevoir l’adjudant-général Becker, ce dernier ayant été  « conduit mystérieusement à Cerizay » (tome IV du « Savary », op. cit. P 413 et sq.), autant disais-je, je serais curieux de savoir dans quelle maison de Voultegon Stofflet passa la nuit, était-ce dans le bourg ? Question passionnante dont la réponse n’intéressera sûrement pas les « grands historiens », disons pour être à la mode que ce serait pour le « fun »… voilà ce qui est passionnant dans l’histoire de la Vendée : « Qui et où ? »

     

     

     

    (27) Il est difficile de dater avec précision cet incendie. S’il est vrai que la chapelle à disparu, il subsiste tout de même de beaux restes et le manoir est un bel exemple d’architecture poitevine campagnarde. Rappelons, pour les admirateurs de la Vendée départementale (ils sont nombreux et j’en fais partie), que lors de l’assassinat du comte de Grignon (propriétaire du château des Echardières à la Flocellière) à  Chambretaud le 18 novembre 1799, Bazin, le fermier du manoir de la Rochejacquelein était là, et l’un des premiers à se venger des quatre assassins du successeur de Sapinaud de la Rairie.  C’est le comte de Grignon qui avait annoncé à Charette l’ajournement du débarquement du prince sur la plage de la Tranche le lundi 12 octobre 1795. Péault, garde chasse du domaine des Echardières sera des 42 héros qui défendirent le château de Saint-Mesmin en février 1796… Mais cela est une autre histoire… La Vendée est un immense pays qui ne connaît pas les limites administratives, mais cela nous le savions déjà…

     

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    Cassyanne Profil de Cassyanne
    Mercredi 20 Avril 2011 à 13:24

    Texte passionnant, Loup ! Merci de nous rappeler, ou de nous faire découvrir toutes ces horreurs commises, le nom de ces gens et des prêtres martyrs qui ont souffert et tout perdu jusqu'à leur vie, mais aussi de nous parler de villages, de clochers, bien agréables à parcourir aujourd'hui, mais qui, bizarrement, restent sombres ... peut-être est-ce le poids de leurs souffrances ...

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