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Par Le Loup le 13 Mai 2018 à 12:41
« Nous serons humains quand nous serons assurés
d'être vainqueurs. »
Hérault de Séchelles*
*Marie-Jean Hérault de Séchelles, avocat, Conventionnel, petit fils présumé du maréchal de Contades...
La République massacre ses ennemis politiques : sur les soixante dix à cent mille Vendéens qui passèrent la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, le 19 octobre 1793, environ quatre mille réussirent à regagner la Vendée... Femmes, enfants, vieillards, combattants, tous furent massacrés sans pitié. Comme à leur habitude, les Républicains ne montrèrent aucune humanité ni clémence, ils salirent encore une fois leurs drapeaux dans le sang des innocents.
Des arrêtés furent pris afin de faire disparaître « la prodigieuse quantité des cadavres des Brigands de la Vendée qui ont été enterrés par monceaux et exhalent une odeur infecte... » C'est un aveu du massacre, la République reconnaît ses crimes dans ses propres écrits.
Le 23 Pluviôse an 2 (11 février 1794) :
« Le Conseil Exécutif Provisoire informé que dans les départements de la Mayenne et Loire, de la Sarthe, de la Mayenne et de la Loire Inférieure, la prodigieuse quantité des cadavres des Brigands de la Vendée qui sont tombés sous les coups des Républicains, a été ensevelie par monceaux, et n'est couverte que de très peu de terre.
Considérant que l'odeur infecte qu'ils exhalent pourraient avoir les effets les plus funestes, et qu'il est urgent de les prévenir.
Le Conseil arrête que tous les Corps Administratifs et Municipaux des départements, dont le territoire a été le théâtre de la guerre de la Vendée, feront jetter dans le plus court délai, chacun dans leur arrondissement sur les monceaux de morts qui y ont été enterrés, de la chaux vive en proportion de la quantité des cadavres et les feront couvrir de trois pieds au moins de terre.
Recommande en outre aux Conseils Administratifs et Municipaux d'instruire le plutôt possible le Ministre de l'Intérieur du résultat des mesures qu'ils auront prises pour l'exécution du présent arrêté. »
Le 23 Pluviôse an 2 :
« Rapport du Ministre de l'Intérieur au Conseil Exécutif National provisoire.
Le Conseil se rappelle les déroutes des Brigands dans le département de Maine et Loire, de la Sarthe, de la Mayenne, de la Loire Inférieure et le massacre qui en a été fait par les troupes de la République, près de Baugé, le Mans, et sur les routes qui se communiquent depuis le Mans, la Flèche, Laval, Candé et Ancenis et qui conduisent à d'autres villes environnantes.
Dans cette étendue de terrein, il existent des monceaux de cadavres sur lesquels il n'a été jetté que très peu de terre et qui exhalent déjà une odeur infecte et pestilentielle. C'est ce que vient de me marquer le Comité de surveillance du canton de Morannes district de Chateau-Neuf. Il est urgent de prévenir les effets funestes qui pourraient résulter de cette exhalaison fétide.
Je propose en conséquence au Conseil Exécutif d'adopter le projet d'arrêté ci-joint, qui sera soumis à la sanction du Comité de Salut Public, conformément à sa délibération du 13 Frimaire, arrêté qui recommande à tous les corps administratifs et municipaux des départements dont le territoire a été le théâtre de la guerre des Rebelles de la Vendée, de faire jetter sur le champ sur les cadavres ensevelis, de la chaux vive en proportion de leur quantité, et de les faire couvrir de trois pieds au moins de terre et de sable./. »
Sources :
- Archives Nationales, sous série AF II Comité de Salut Public - nivôse an2 – Frimaire an3 (Armée de l'Ouest) – AN AFII 269/10 Caen, le Havre, Brest, Saumur, Poitiers et Tours 12-23 Pluviôse an 2 correspondances des Représentants du Peuple etc... vues n°14,15,16,et 17/18.
- Photos: Les charniers du Mans de Vendéens et Chouans.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 12 Mai 2018 à 20:31
La Société populaire de Fontenay n’aimait pas les colonnes infernales…
Dans le long texte qui suit, on n’apprendra rien des révolutionnaires locaux sur les véritables causes des Guerres de Vendée, tant ces derniers tiennent à dissimuler leur aspect religieux mais aussi la haine que voue le « vrai peuple » à une pseudo-élite bourgeoise qui s’est accaparé le pouvoir. En revanche, on y verra une certaine lucidité sur le procédé d’extermination de la population avec un point particulier sur la promenade de Huché au cours de l’été 1794. Ce texte est à mettre en relation avec les souvenirs de Marie Trichet et de dénonciations contre Huché.
RL
Mai 2018
La Société populaire de Fontenay à la Convention, le 19 août 1794.
Source : Archives militaires de Vincennes, SHD B 5/10-29.
« Liberté Egalité Fraternité ou la mort
La société populaire de Fontenay le Peuple
A la Convention Nationale
Représentans du peuple
Depuis trop longtemps nous gémissons sous le poid d’un cruel fléau, nos maux sont connus de la République entière, mais qui peut en sonder la profondeur, indiquer les causes et leur durée, et les moyens possibles d’y apporter remède, si ce n’est ceux qui en ont été constament les témoins, et si complettement les victimes.
Il serait superflu d’en chercher lorigine ; qui peut ignorer que l’assemblage monstrueux de l’ignorance, de l’orgueil, de l’ambition, et de l’éxécrable fanatisme n’ait fourni tous les moyens que la perfidie et le crime ont mis en usage pour les porter à leur comble ! La mine avait été creusé dans le plus profond secret, un volcan à freux s’est ouvert et huit jours ont suffi pour en envelopper de gré ou de force, un territoire de vingt lieues de diamètre. Une grande population d’hommes laborieux accoutumés dès l’enfance à arroser la terre de leur sueur, à été entrainés par une masse de scélérats, que l’habitude de l’oisiveté avait facilement préparé, alors les crimes aux quels ils étaient destinés par deux castes qui se faisaient un jeu de fouler aux piéds les loix de la nature : La dévastation et le pillage fussent le premier prix qui fut offert à ceux qui leur servirent d’instrumens. Les propriétés des patriotes devaient être à la fin de la guerre le partage des deffenseurs de la religion et du trône ; tout ce que l’hypocrisie peut inventer pour alimenter le fanatisme et l’enthousiasme qui s’alient si facilement à l’ignorance, fut mis en usage pour éxalter les têtes et égarer les esprits ; tel est l’origine, tel sont les causes de la détestable guerre qui a infesté les deux rives de la Loire, d’où elle s’est étendue dans la Vendée ou elle a pris son nom.
Nous ne vous parlerons pas représentans du peuple de tous les malheurs qui ont été le résultat funeste de l’impéritie ou de la trahison de ceux qui avaient été chargés d’étouffer dans son principe ce germe horrible de contre révolution ; l’opinion publique et la vangeance nationale ont fait justice de plusieurs de ces mandataires infidèles, de ces ennemis déclarés de la liberté et de l’humanité ; vous connaissez avec la France entière les opérations, les mouvemens, les succès et les revers de la force armée, depuis le mois mars 1793. (vieux style) jusqu’au moment où le courage de l’armée républicaine, dispersa anéantit presque en la poursuivant au dela de la Loire la horde effrayante qui jusqu’à ce moment avait porté dans nos malheureuses contrées la désolation et la mort.
C’est à cette époque qui paraissait la dernière de cette infernale conspiration que nous reprendrons le fil de la continuation de nos malheurs ; ils sont d’autant plus pénétrant que nous croyons avec la république entière en entrevoir la fin ; déjà les patriotes qui depuis sept à huit mois trainaient leur misère à la circonférence derrière les armées, avait repris courage, et étaient presque tous rentrés dans leurs foyers. La parti royaliste était terrassé et réduit à la nullité. Charrette seul promenait deux ou trois mille vagabonds dans les districts de Challans et la Roche sur Yon ; ils n’avaient plus de force que dans le désespoir, ils furent presqu’anéantis dans deux ou trois attaques et la Vendée allait enfin finir.
Ce fut àlors que le général commandement de l’armée de l’Ouest fut confié a un nouveau chef. Turreau fit traverser la Vendée par plusieurs colonnes qui pour terminer la guerre n’avaient plus à y exercer qu’une police militaire. Il s’agissait de détruire quelques pelotons de brigands déterminés, qui auraient promptement disparu si l’on eut établir ça et la quelques postes fixes qui dans (de) petites expéditions jugées nécessaires auraient été guidées et auraient trouvé par tout des secours dans les gardes nationales qui s’étaient formés de nouveaux dans beaucoup de communes et avaient presque toutes conservées leurs armes. Il s’agissait de donner protection aux bons citoyens rentrés dans leurs foyers et aux municipalités partout réorganisées ; les colonnes s’avancent la torche et le fer à la main, les gardes nationales et les officiers municipaux vont au devant, demandent leur protection et leur offrent des secours. Tout est désarmé, traité de brigand, et ces malheureuses victimes de la confiance recoivent la mort de ceux qu’ils croyaient leurs amis et leurs frères. Partout le cultivateur paisible éprouve le même sort, les chaumières, les grains qu’elles renferment, les fourages et même les bestiaux a l’étable deviennent la proie des flâmes et de la destruction ; ceux qui conservent encore l’esprit de brigandage n’ont pas de peine a se faire des partisans, leur nombre se grossit et les colonnes incendiaires éprouvent des défaites dans plusieurs endroits. La fureur le désespoir fournissent de nouvelles armes et la guerre reprend son premier caractère, bientôt les postes avancées dans l’intérieur ne peuvent plus tenir, Turau donne des ordres pour évacuer Pouzauges et Chantonnau, après les avoir livrés inutilement aux flâmes, il fait replier les postes dans deux endroits à Luçon et à la Chateigneraye, et laisse à la disposition des rebelles six lieues de terrein après avoir livré les habitans à la mort et leur propriété au pillage et à la destruction. Tous les postes sur la route de Luçon aux Sables furent également évacués et toute la partie gauche sur le marais fut livrée au pillage des brigands qui ni’avaient encore pas mis le pié. La consternation et l’épouvante s’étaient emparés de tous les esprits, et ceux qui avaient pu échapper au carnage préférèrent de mourir dans leurs foyers ou de se réunir aux brigands plutôt que de joindre une armée qui ne leur avait laissé que le plus affreux désespoir ; les partiotes qui avaient pu se retirer à la circonférence sont désarmées et éxilés à vingt lieues de leur pays natal, et après avoir laissé derrière eux les ressources qui tenaient de trente années de travaux, il sont réduits a végéter dans la misère et la nudité.
Le changement désastreux qui venait de s’opérer d’une manière si cruelle dans la Vendée, n’était pas connu dans les départemens ; on regardait la guerre comme toujours terminée, et le pays praticable avec quelques patrouilles.
La commission d’agriculture et des arts par arrêté du comité de salut public y envoya des agents pour faire ramasser les récoltes abandonnées, il firent le 3 messidor une proclamation qui accordait protection et sureté a ceux qui remettraient les armes et s’occuperaient de leurs travaux ordinaires. Un grand nombre de rebelles, d’hommes forcés ou égarés, se conformèrent a cette proclamation surtout dans la partie de Challans, cependant en général elle ne fit pas tout l’effet que s’en étaient promis les amis sincères de la patrie ; l’on ignorait pas néanmoins que la grande masse se disposait a profiter du pardon qui leur était offert, et si l’armée eut avancé en même tems dans l’intérieur, y eut pris des positions fixes, pour les protéger contre les incursions des véritables brigands, l’effet en était a peu près certain avec un peu de persévérance et la permanence des troupes dans l’intérieur, car autrement, il n’y avait aucun moyen de succès. Et ceux qui auraient montré ouvertement des intentions pacifiques et n’auraient pu être protégés par les armées ne pouvaient attendre que la mort de la part du noyau des véritables brigands.
Mais pendant qu’on travaillait ainsi a ramener et a encourager les esprits, un homme sanguinaire, le général divisionnaire Huchet, faisait égorger tout ce qui se trouvait sur son passage. Ses traces étaient précédées et suivies par la carnage et l’incendie, sans aucune distinction d’age de séxe, d’innocents, d’égarés où de coupables ; la fureur s’exalte de nouveau et donne des forces a des hommes réduits au désespoir. Des bandes, des pelotons de scélérats, se répandent et se divisent dans ce moment à la circonférence et dans les maisons isôlées, pillent égorgent tous ceux qui veulent demeurer paisibles dans leurs foyers même a peu de distance des armées. Cependant les colonnes restent dans l’inaction sur la deffensive, ou si elles font quelques sorties c’est pour rentrer le soir ou le lendemain sans avoir le plus souvent rencontrés personne. De telles dispositions, nous devons vous le dire représentans du peuple, présage le plus funeste avenir, et tandis que les deffenseurs de la patrie poursuivent au loin sur leur propre territoire les satellites des brigands couronnés, avec une ardeur et un courrage qui ne peuvent appartenir qu’à des républicains, une poignée de scélérats occupe et détruit sans ressource un riche et vaste territoire dont les moyens en tout genre sont d’un si grand intérêt pour la République.
Représentans du peuple nous vous devons la vérité elle sera toujours dans nos cœurs lamour de la patrie l’intérêt de la république nous en font un devoir et ce serait un crime de la taire.
Nous ne pouvoir voir dans les dispositions qui se succèdent depuis six mois, la détermination positive d’extirper enfin cet horrible cançaire politique, les meilleures troupes s’éloignant des armées de l’Ouest, elles sont remplacées par des réquisitions encore sans expérience et sans armes et quoique les brigands ne puissent dans ce moment opposés des forces dont la patrie ait à s’inquiéter pour les suites de cette infame guerre cependant il est tems quelle finisse et il n’y à pas deux moyens.
Le seul qui puise réussir est de faire avancer simultanément les armées de la circonférence au centre, d’y prendre a fur et a mesure des postes fixes sans les abandonner ; comme il s’est pratiqué plusieurs fois sans nécessité, en observant cette mesure la, ce qui se trouvera derrière les armées sera protégé, et la classe des cultivateurs qui n’a jamais entrepris cette guerre et n’en n’a suivi les mouvemens que par ignorance ou par force, bénira ceux qui les rendront a l’agriculture et a la République. Qu’on restitue les armes et la vie a ceux qui gémice dans l’ éxil, qu’on les rappelle a la suite des armées, qu’on les emploie a leur servir de guide a désigner les véritables coupables ; l’expérience à démontré que les patrouilles des gardes nationalles de l’intérieur, avant d’être désarmées ont rendu les plus grands services dans cette guerre par leur vigilance et leur patriotisme, éclairés par la connaissance des personnes et des localités ; qui peut se dissimuler que ses connaissances ne soient absolument nécessaire dans un pays inégal, couvert de buissons, de hayes, et ravains, des chemins impraticables la moitié de l’année. Et ces connaissances ne peuvent appartenir qu’aux anciens habitans du pays ; leur intérêt le plus cher, le patriotisme le plus éprouvé les porteront a tout entreprendre pour remttre le piéd sur la terre qui les a vu nâitre, et les aider a reconquérir un sol et une récolte qui sont dus à leur sueur, des troupeaux qui avaient été depuis leur enfance le seul objet de leurs soins, et qui leur ont été ravi par le brigandage qu’ils ont toujours eu en horreur.
Qu’on suive ces mesures salutaires, que le commandement et la direction des armées soient confiés partout a des hommes sages, purs et expérimentés, que la discipline reprenne son énergie, que le pillage soit notté d’infamie et puni parmi des (les) républicains ; que la sévérité, la justice et l’humanité, reprennent leur empire, qu’il n’y ait aucune grace pour les grands coupables soit qu’il se trouvent parmi les brigands de la Vendée ou parmi les monstres qui usurpent le nom de républicains et oublient les droits de l’homme et de la nation se livrent a des excès qui désonorent et font rougir l’humanité et bientôt la République verra sicatriser ses blessures dans nos malheureuses contrées, et une population encore immense pourra lui devenir utile en continuant de fertiliser un sol précieux et étendu, qui réoffre plus bientôt que lhimage ideux d’un désert arôsé de sang et couvert de cadavres.
Représentans du peuple, vingt fois vous avez sauvé la patrie, vingt fois vous avez abattu l’hidre de l’intrigue et de la tirannie, votre vigilance et votre énergie révolutionnaires ont imprimés au peuple français cette vigueur républicaine, qui chasse dans leur repaire les misérables esclaves des brigands en trônés. Mettez, nous vous en conjurons la dernière main à loeuvre ; que la paix de l’intérieur force les hordes étrangères à recevoir des la république française les conditions quelles ne peuvent désormais espérer que de sa générosité. »
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Par Le Loup le 8 Mai 2018 à 23:11
Lettre de Willot à Stofflet...
La lettre de Willot à Stofflet qui suit est connue et a été reproduite par Chassin in « Les Pacifications de l’Ouest », tome III, p. 261 et 262, qui l’a reprise de Savary, tome IV, p. 104 et 105. Vous ne trouverez pas cette missive dans le fond des archives militaires de Vincennes et pour cause, car elle se trouve aux archives départementales de Vendée dans la série J (1) comme pièce isolée.
J’ai préféré conserver l’orthographe originale plutôt que les arrangements de Savary. Le document est daté du lundi 4 janvier 1796, alors que si Charette a repris la guerre, Stofflet est encore censé être en paix mais on sait qu’il reprendra les armes le 26 (2). Willot adopte un ton menaçant, craignant probablement de nouvelles opérations après une jonction de Charette avec le chef angevin.
RL
Mai 2018
« Montaigu le 14 nivose 4e année républicaine
Le général Willot commandant l’armée
A Mr Stofflet
Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, monsieur, la lettre du général Caffin qui m’instruirent (sic) de la prise de Mr Duplanti et de la réclamation que vous en faite comme négociateur de la paix avec les chouans. Le général Hoches m’a dit en me remettant le commandement qu’il croyoit que je pouvois compter sur votre bonne foi, mais il ne m’a pas instruit que vous fussiez chargé de traiter avec les ennemis de la République. Je ne puis donc prendre sur moi de mettre en liberté M. Duplanti ; mais j’ai ordonné qu’il soit traité avec tous les égards qu’il peut attendre de la générosité françoise. Sa détention ne sera pas longue puisque le général Hoches chargé du commandement des trois armées doit arriver à Saumur avant le 20 de ce mois (3). Pour peu que vous aimiez la paix ainsi que vous l’annoncez.
Cet incident ne peut vous être un prétexte pour la rompre.
J’ai reçu beaucoup de détails qui vous consernent (sic) et que s’ils étoient aprofondis pouroient faire douter de la loyauté de vos promesses ; je les ai adressée au gouvernement, qui désirant sincèrement la paix scait pardonner à des françois égarés. Mai, qui scauroit punir tous ceux qui l’ayant jurée oseroient l’enfreindre.
Vous faite de grands rassemblements pour former dit-on la garde territoriale, je ne connoi point le traité qui peut vous donner cette auttorité, il me semble cependant que pour éviter tout soupçon vousauriez du instruire le général Caffin de cette mesure.
Charette chassé du pays qu’il occupoit s’approche de vous. La conduite que vous tiendrez à son égard découvrira aux yeux de la France et de l’Europe entière (4) vos véritables intentions.
En attendant Monsieur, je vous observe. Vous n’aurez poinr à vous plaindre d’aucune mesure hostile (5) mais si vous en preniez de ce genre vous pouriez vous en repentir.
Je vous salu Willot »
Notes :
(1) Série J : archives privées entrées par « voie extraordinaire », c’est-à-dire par achat, don ou leg. La cote du document qui nous intéresse est la suivante : 1 J 1967 (consultable en ligne).
(2) On retrouvera les proclamations de Stofflet pour sa reprise d’armes aux archives militaires en SHD B 5/34-62.
(3) Savary qui donne la date de la lettre en calendrier grégorien, fait de même dans la lettre en indiquant « 10 » comme de janvier, alors que le texte original mentionne le « 20 » (nivôse) comme on le voit avec la copie du passage concerné en illustration.
(4) Savary avait omis le mot « entière ».
(5) Savary a rajouté le mot « hostile ».
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Par Le Loup le 8 Mai 2018 à 12:38
Le 29 Fructidor an IV, un duel au sabre à Montaigu
Autrefois, dans une paroisse, les conflits amoureux, de voisinages, etc... se réglaient à coups de poings dans un lieu retiré, à huis-clos, et le perdant acceptait sa défaite. La Maréchaussée n'intervenait jamais puisqu'elle n'était pas informée. Courageux et taiseux, les vendéens savaient s'affronter sans crainte et sans témoins.
Plus tard, au cours de la ''Grande Guerre'', nous verrons chez les républicains, des duels au sabre comme celui de Montaigu en l'an IV.
Aujourd'hui, il faut le reconnaître, nous vivons une époque ''formidable''.
En effet, n'importe qui peut décrocher son téléphone et vomir des insultes à votre encontre, sans risquer de recevoir immédiatement votre poing dans la figure, quel confort !
S'épargnant ainsi la désagréable sensation du ''bourre-pif'', votre agresseur peut s'exclamer en rajustant son costard trois pièces et sa cravate : « T'as vu ce que je lui ai mis dans la ''gueule''. » Il paraît que c'est ça le courage, sauf que : les messages vocaux, à défaut du poing, deviennent aussi des armes, car ils s'écoutent et se conservent... Il faut bien quelques inconvénients, vous en conviendrez...
Revenons près du champ de foire de Montaigu le 29 Fructidor de l'an IV (15 septembre 1796)... Nous remarquerons qu'après la mort d'un Chasseur de la Vendée, le juge de paix n'entreprend aucune recherche afin de découvrir le meurtrier. Voici le procès-verbal de Jean-Charles Trastour, juge de paix à Montaigu :
« L'an quatre de la République Française une et indivisible, le vingt neuf Fructidor sur les sept heures et demie du soir, nous, Jean Charles Trastour juge de paix, officier de police judiciaire du canton de Montaigu département de la Vendée soussigné ; Sur l'avis qui nous a été donné qu'il s'étoit commis un duel dans une pièce de terre près le champ de foire de cette commune entre deux particuliers dont la mort de l'un d'eux nommé Alexis Camus Chasseur de la Vendée en garnison à Montaigu s'en étoit suivie ; étant accompagné du citoyen Pierre Martin Thibaud notre secrétaire greffier, des citoyens Simon et Pineau agent et adjoint municipal de cette commune et du citoyen Julien François Dabin chirurgien, les tous de la commune de Montaigu ; duquel dit Dabin nous avons requis l'assistance à l'effet d'être, en sa présence procédé aux opérations cy-après dont nous lui avons fait reconnaître ; pour y visiter le particulier dont il s'agit, nous nous sommes transportés dans une pièce de terre appartenant cy-devant à Duchaffault joignant d'un bout le champ de foire de Montaigu commune de Saint Hilaire de Loulay où étant à quelques pas de distance de l'autre bout de la dite pièce près le mur du jardin du citoyen Richard, nous y avons apperçu des traces de sang et étant avancé au delà près la haye et dans le fossé de la dite pièce où plusieurs personnes étaient assemblées, nous avons requis un factionnaire qui se trouvait parmi eux de faire retirer d'auprès du cadavre, qui était dans le fossé et d'empêcher que personne ne s'éloigna de l'endroit sans notre permission, jusqu'à ce que nous ayons procédé aux opérations qui font le sujet de notre transport et avons remarqué que le dit cadavre étoit en chemise par le haut du corps ayant un pantalon de toile grise, pieds et tête nuë, ensuite de quoi nous avons requis le dit Citoyen Dabin chirurgien de faire à l'instant la visite du dit cadavre, à quoi procédant, le dit Dabin a remarqué un coup de pointe de sabre portée dans la partie antérieure moyenne et infférieure de la poitrine de manière que le sternum a été traversé ainsi que le cœur ; qui lui, répond et dont il a dressé son procès verbal séparément.
Desquelles déclarations il résulte que le dit Camus est mort de mort violente et qu'il a été tué par un coup de pointe de sabre ; En conséquence et attendu que la cause de sa mort est connuë et que toute autres recherches à cet égard seroient inutiles, nous avons déclaré que rien ne s'opposait a ce que le corps du dit Camus ne fut inhumé suivant les formes ordinaires et à cet effet, nous l'avons fait transporter à la maison commune du dit Montaigu.
Fait et clos et arrêté le présent procès verbal les jours et an que dessus et se sont les dits Citoyens Simon, Pineau et Dabin avec nous soussignés, la Minute et signée Simon, Pineau et Dabin, Trastour juge de paix et Thibaud le greffier.
D'après la lecture de ce procès verbal, que les dits Thibaud et Dabin ainsi que le dit juge de paix ont déclarés être conforme à la vérité et la représentation qui m'a été faite du corps qui est désigné ; j'ai rédigé, en vertu des pouvoirs qui me sont délégués, le présent acte que le dit juge de paix Thibaud et Dabin ont signé avec moi.
Fait à la maison commune de Montaigu les dits jours mois et an que devant. »
Signé : Trastour juge de paix - Dabin, chirurgien - Simon, agent - Thibaud secrétaire greffier.
Extrait du registre de l'état civil vue 23/26 :
« Le citoyen Alexis Camus, Chasseur de la Vendée, natif de la commune de Passy près Paris de............ et de............. sa mère, a été trouvé mort le jour d'hier dans une pièce de terre appartenant cy-devant Duchaffault près le champ de foire de Montaigu, néanmoins commune de Saint Hilaire de Loulay dans ce canton*. »
Nous pouvons donc situer le lieu du duel près de la Robinière, et non loin du chemin de Montaigu à Treize-Septiers. C'est à la Robinière que Jacques Vachon avait découvert en 1824 une partie du trésor de l'Amiral du Chaffault...
Sources:
-Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés. Actes de décès de la commune de Montaigu, An IV, vues 23,24/26. Cadastre 1814 Montaigu, section A 1814 et tableau assemblage 1814 près de l'ancien calvaire. Le champ de foire.
- Photo : de l'auteur.
X.Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 7 Mai 2018 à 21:43
La Commanderie du Temple…
Il faisait beau en cet après-midi de mai et ce fut l’occasion de nous diriger vers le pays mauléonnais et plus précisément au village du Temple, connu autant pour sa mine d’uranium que pour sa commanderie éponyme. C’est bien entendu la commanderie qui nous a intéressés et je vous en propose ce soir un petit historique, assorti de quelques photos sous un soleil radieux.
Fondée vers 1175, la commanderie porta tout d’abord le nom de Saint-Sauveur-des-Cordes, puis de Saint-Sauveur-du-Bois. On la retrouve en 1215 sous le vocable de Saint-Sauveur-de-Mauléon. A cette date, le seigneur de Bressuire était astreint à lui verser trois septiers de blés ainsi que cent sols, lors de la fête de Noël. Ce dernier n’était visiblement pas très empressé à s’acquitter de ses devoirs et les templiers s’en plaignirent, notamment du fait que l’argent versé l’était en monnaie angevine. Après la chute de l’ordre du Temple le 22 mars 1312, ce sont les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui deviennent alors maîtres de la commanderie. Charles VII les autorise à la fortifier par une lettre datée de 1438. A la révolution, le domaine est vendu comme bien national à M. Chauvin, de Fontenay-le-Comte. Vendu plusieurs fois, il reste aujourd’hui une propriété privée malgré le fait que son actuelle grange ou du moins, une partie aujourd'hui détruite fut longtemps église de la paroisse du Temple.
La commanderie, son église et le cimetière sur le cadastre de 1812 (AD79 3 P 152/2) :
Et en vue aérienne Géoportail de nos jours :
Quelques photos sur place :
En 1848, la nouvelle église du bourg fut édifiée avec des pierres venant de l'ancienne chapelle de la commanderie et se trouve actuellement en travaux de restauration.
RL
Mai 2018
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