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Par Le Loup le 4 Août 2018 à 12:32
Chemins secrets prend des vacances…
Comme chaque année « Chemins secrets » prend quelques jours de vacances. Ce sera cette fois-ci dans le Cantal, pour visiter églises et châteaux et sans doute aussi sur les inévitables traces de Carrier. Pendant une semaine, nos préoccupations seront surtout à la détente et à l’exploration de ces contrées du Massif Central que nous aimons tant.
La rentrée sera propice à la publication d’une documentation inédite concernant Boismé, Cerizay et un célèbre personnage lié aux Guerres de Vendée. Le travail ne manque pas et je vous réserve par ailleurs une petite surprise à l’entrée de l’automne…
En attendant, bonnes vacances et bon repos à tous !
RL
Août 2018
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Par Le Loup le 28 Juillet 2018 à 23:12
Nueil-les-Aubiers, 30 août 2018…
J’aurai le plaisir d’animer une balade commentée le 30 août prochain à Nueil-les-Aubiers sur le thème des Guerres de Vendée dans les deux villages et sur les mémoires du curé Barbarin.
Organisée par la mairie de Nueil-les-Aubiers et l’office du tourisme du Bocage bressuirais, la sortie abordera les combats qui ont eu lieu sur ce petit territoire, ainsi que les terribles massacres du 14 mars 1794. Nous vous attendons nombreux !
RL
Juillet 2018
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Par Le Loup le 20 Juillet 2018 à 23:38
Une « boucherie » à Pouzauges…
Il fait très chaud dans mon bureau au moment où j’écris cet article et pourtant je vous propose d’aborder le mois de décembre 1793, à Pouzauges. Tandis que la Grande Armée est en déroute du côté de Blain et s’approche de l’issue fatale de Savenay, Charette, lui, à choisi de pousser une pointe dans la Haute-Vendée. En arrivant, il chasse devant lui les postes républicains de l'Oie, du Boupère et de Pouzauges qui fuient à la Châtaigneraie. Le curé Dillon du Vieux-Pouzauges, farouche révolutionnaire bien connu écrit ainsi le 17 décembre : (1)
« La garnison de Pouzauges était allée l’attaquer (Charette, au Boupère), mais quarante hommes seulement avaient fait feu, le reste s’était enfui sans se battre et s’était replié sur Pouzauges. Toute la garnison avec la municipalité avait foutu le camp... »
Charette passe ainsi à Cerizay en arrivant par la Petite-Boissière le 18 décembre 1793, y massacre le poste républicain comme nous l’avons déjà vu ici. Le lendemain, il part sur Châtillon en passant par Pouzauges, Saint-Michel-Mont-Mercure et Mallièvre. C’est là qu’un peloton du général républicain Joba attaque l’arrière-garde de Charette, commandée par Couëtus. Voici la version républicaine de ces faits, puisée aux archives militaires (2) :
« Copie de la lettre des administrateurs du district de la Châtaigneraye au général Commaire
Un détachement de 60 hommes commandé par Joba s’est porté aujourd’huy 29 frimaire (19 décembre 1793) à Pouzauges : ils ont fait boucherie des brigands qui y étoient en nombre. Nous n’avons qu’un homme légèrement blessé ; Joba croit avoir tué Jollis (3) l’un des commandants des rebelles. Cette armée scélérate est en pleine déroute et paroit se diriger sur la Pommeraye. On leur à pris des chevaux et des voitures chargées de bled. Il s’agit de profiter du moment pour exterminer jusqu’au dernier./.
Pour copie conforme
à l’original
Preaud
Adjoint »
Voici à présent la version vendéenne, vue par Pierre-Suzanne Lucas de la Championnière (4) :
« ... Nos charrettes et nos malades furent aussi attaqués à Pauzauge (sic) : après que l’armée en fut partie, vingt-cinq cavaliers tombèrent sur l’arrière-garde commandée par M. de Couëtus et sabrèrent tous ceux que la maladie ou leurs blessures empêchèrent de se sauver : c’est là que périt le nommé Peigné de Machecoul ; il était ivre et ne put jamais monter à cheval. Un officier républicain de Bergerac avait été miraculeusement sauvé du massacre des Quatre-Chemins, et nous suivait à pied depuis ce moment ; il se trouva ce jour-là faire partie de l’arrière-garde et fut sabré, tant il est vrai qu’on ne peut éviter son sort. »
Et vous, Pouzaugeais républicains comme vendéens, quelle est votre avis ?
RL
Juillet 2018
Notes :
(1) Jean Artarit, « Dominique Dillon , curé, Vendéen et révolutionnaire », CVRH, 1995, p. 136. D’après le fond Dugast-Matifeux, bibliothèque municipale de Nantes.
(2) SHD B 5/7-83, v. 16 et 17/17, bulletin analytique compris.
(3) On ne sait qui les républicains croient avoir tué, mais ce n’est certes pas Joly.
(4) « Mémoires sur la Guerre de Vendée », rédigés en 1798 et publiés en 1902, p. 65.
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Par Le Loup le 15 Juillet 2018 à 13:07
14 juillet 2018,
Les Amis du Pont-Paillat et la troupe des Cœurs de Chouans…
Comme chaque année, le Souvenir Vendéen honore la mémoire de Jacques Cathelineau. Une fois encore, les Amis du Pont-Paillat ont répondu à l’appel avec une manifestation qui commençait pour eux dès 10 h 00 à Champtoceaux sur les rives somptueuses de la Loire. Il fallut attendre un peu avant que la trentaine de participants puisse se réunir enfin et prendre le traditionnel café servi par Jacqueline.
De là, nous partîmes enfin pour Vau-Brunet, lieu de massacre de 28 personnes, sous la conduite de Nicolas, dans l’un de ces chemins creux si authentiques que l’on affectionne tout particulièrement aux Amis du Pont-Paillat. Un instant, devant les costumes de nos amis des Cœurs de Chouans et les nôtres, nous nous crûmes 224 ans en arrière et je demeure persuadé que notre cortège sillonnant ce chemin de douleur fut vu depuis l’Au-delà. C’est là que Nicolas nous exposa avec une précision d’horloger le déroulement des 3 massacres de Champtoceaux et dénoua tous les mystères qui s’attachent à la grotte aujourd’hui disparue de Vau-Brunet. La fraîcheur du chemin était la bienvenue et nous tardâmes un peu à revenir aux voitures.
Nous rejoignîmes ensuite un second lieu de massacre, dans la Forêt du Parc, en direction de Saint-Laurent-des-Autels et ce fut encore une fois sous la conduite experte de Nicolas, que nous découvrîmes l’emplacement d’une fosse commune, dont l’histoire lui avait été racontée en détails par Jean-Camille Emeriau, l’historien du pays que les Amis du Pont-Paillat connaissent bien. Nadine, ma femme, ayant travaillé par le passé sur les victimes de Drain, nous pûmes assez facilement retrouver les noms des personnes de cette paroisse qui furent massacrées dans la forêt du Parc. Hélas, beaucoup de femmes et d’enfants en bas-âge. On connaît le courage et la mentalité des soldats de l’An II républicain et il serait superflu d’y apporter une quelconque démonstration.
L’heure du repas arrivait et Charles-Antoine nous attendait chez lui, à Saint-Laurent-du-Mottay, dans un véritable havre de paix au milieu de la campagne maugeoise. Ici, nous trouvâmes de l’ombre autant pour les gens que pour les voitures, ainsi qu’un apéritif préparé avec soin.
Il était tentant de se laisser aller aux discussions sans fin sous les arbres après le repas, mais nous devions rejoindre Saint-Florent-le-Vieil pour la commémoration de nos amis du Souvenir Vendéen à la chapelle Saint-Charles, lieu de sépulture de Jacques Cathelineau et de son fils Jacques-Joseph, tué lâchement par les orléanistes au manoir de la Chaperonnière en 1832. En ce sens, les républicains ont eu plus de mérite de tuer le père que les vulgaires assassins qui ont tué le fils, à la manière que l’on connaît. A noter, qu’outre Patrick Garreau, la biographie de Jacques Cathelineau nous fut présentée par son descendant direct, Philippe de Cathelineau que les Amis du Pont-Paillat avaient déjà rencontrés chez Antoine, lors de la sortie sur Angers le 24 juin 2017.
Mon Dieu qu’il faisait chaud dans cette chapelle ! Après le dépôt de gerbe et les honneurs rendus au Saint de l’Anjou, il était temps de suivre le très long convoi de voitures du Souvenir Vendéen, afin de nous rendre à notre dernière étape : le splendide et mystérieux château du Bas-Plessis, pour à nouveau, honorer Cathelineau, devant l’impressionnant monument qui lui est dédié dans le parc. Une allée de 280 mètres de longueur, parfaitement entretenue et dont le moindre brin d’herbe est surveillé avec soin, débouchant sur un monument à la gloire d’un roturier, de l’un de ces gens « qui ne sont rien », au sein d’une propriété de haute-noblesse : voici la France que l’on chérit…
Le temps passé à saluer ceux que l’on connaît et à dire au-revoir à ceux que l’on quitte, puis il fallait bien rentrer à la maison. A l’heure où j’écris ces lignes, je sais que la flamme de la Vendée brille encore dans l’ombre d’une nuit d’été, quelque part dans les Mauges, car figurez-vous que nos amis des Cœurs de Chouans fêtaient ce jour-même, leurs vingt années d’existence !
RL
Juillet 2018
Les compte-rendu de Nicolas est ici.
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Par Le Loup le 13 Juillet 2018 à 23:26
Sciées vivantes…
Les abominations de la Flocellière…
Le mardi 28 janvier 1794, la colonne infernale de Grignon arrive à la Flocellière. Je ne publie pas ici tout le détail des dénonciations publiées par Lequinio mais seulement ce qui concerne quelques détails sur les massacres dans la paroisse. Ces témoignages émanent de Vincent Chapelain, dont nous avons déjà parlé (1).
On trouve aux Archives Nationales, un « Mémoire pour Grignon » de 85 pages, assez cocasse, dénonçant justement Vincent Chapelain, maire de la Flocellière, qui a osé s’élever contre la conduite de Grignon (2). Je cite (p. 33) : « Chapelain ne débite que des mensonges ». Les explications qui y sont données sur les causes de la Guerre de Vendée sont si rocambolesques que je n’estime pas indispensable la lecture de cet ouvrage, sauf peut-être afin de mieux comprendre comment les assassins de 1794 tenteront de se justifier après Thermidor. Le témoignage, entre autres choses de Chapelain sur la Flocellière :
« Grignon m'enjoignit de le suivre à la Floutière, dont j'étois maire ; j'offris de lui donner une liste de grands coupables ; il me dit que c'étoit inutile ; il fit égorger les hommes de ma commune sans me consulter ; la troupe pilla, incendia à tort, et à travers ; je le mentionne pas les cadavres épars faits par le soldat ; on viola les femmes, et même trente passèrent sur une de 70 ans ; un oeil poché et d'autres désagrémens, n'en exemptèrent pas une autre. On coupa un patriote et sa servante, en morceaux, ainsi que deux vieilles femmes, dont l'une étoit en enfance, etc. etc ; quatre pages d'etc. etc. etc. Dix-neuf prisonniers envoyés du Boupère, et faits par la garde de cette commune, furent égorgés par ordre de grignon ; on en fusilla encore cinq d'une seule métairie de la Floutière ; quatre-vingt hommes, femmes et enfans se retiroient à la Châteigneray, avec des laissez-passer de la municipalité de St. Mars ; six soldats les arrêtent, les conduisent à la Floutière ; Grignon fit casser la tête à six hommes, et ne renvoya que les vieillards, les femmes et les enfans. Il refusa de rendre aux femmes et aux enfans des morts, l'argent qu'ils avoient.
Grignon me dit, qu'en entrant dans la Vendée, il avoit juré d'égorger tout ce qui se présenteroit à lui ; qu'un patriote n'étoit pas censé habiter ce local ; que d'ailleurs la mort d'un patriote étoit peu de chose, quand il s'agissoit du salut public ; je lui dis que cette dernière proposition étoit une vérité, mais qu'il ne falloit pas en abuser, du reste qu'il y avoit bien des patriotes qui, pour le bien public, affrontoient les dangers.
Je lui disois un soir : il y a quelques métairies ici où l'on trouveroit bien de l'argent ; il crut que je voulois les faire piller, et me dit : voilà où je vous connois républicains ; je baissai les yeux et ne répondis pas. Il disoit un jour : on est bien mal-adroit, on tue d'abord ; il faudroit d'abord exiger le porte-feuille, puis l'argent, sous peine de la vie, et quand on auroit le tout, on tueroit tout de même...»
Ce texte est connu, comme d’une manière générale, les dénonciations exposées par le pourtant « très républicain » Joseph Lequinio. On pourrait douter un tant soit peu de ce témoignage mais nous avons la chance d’en avoir l’écho dans un témoignage vendéen déjà publié par ma femme ici et mais que je me permets de vous livrer à mon tour. Si on peut avoir le doute de la source, avouez que les faits racontés cadrent plutôt bien avec ce que nous avons vu plus haut :
« ...B : Et ensuite que s’est-il passé ?
SV : A la Flocellière, je me cachais, surtout après Noël 1793, vu ce qui était arrivé à Savenay. Puis Séguy, procureur de la commune et Guignard, secrétaire, ont été guillotinés à Fontenay après avoir été dénoncés. Moi aussi j’avais fait partie du comité de la Flocellière.
B : Vous aviez peur ?
SV : Plus que ça, oui. Un véritable pillage du bourg, des hommes égorgés, des femmes violées et même coupées en morceaux. Les gars Lumineau massacrés à la Fromentinière, des demoiselles de Marboeuf sciées vivantes, tu m'entends, sciées vivantes. »...
Bien entendu, le château de la Fromentinière actuel n’existait pas. La Fromentinière sur le cadastre de 1840 des AD85 (3 P 090 AD 011).
Attention, le Nord se situe sur la gauche du plan.
Sur la vue aérienne de Géoportail. On comprend que le côté Est a probablement été reconstruit tandis que la partie Sud a disparu. A quoi ressemblait le logis en 1794 ?
On comprendra aisément que la forme de la cour du logis a dû bien changer depuis 1794 et que les bâtiments situés au Sud sur le cadastre ont aujourd’hui disparu.
Sur place :
Ainsi, encore une fois, ces détails de la petite histoire qui font la grande…
RL
Juillet 2018
Notes :
(1) « Guerre de la Vendée et des Chouans, par Lequinio, représentant du peuple, député par le département de Morbihan. » Paris, Pougin, An III, octobre 1794.
(2) Archives Nationales, AD XVIII C 306-16. Ouvrage in-8, édité le 25 décembre 1794.
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