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Charette à Cerizay....
Charette à Cerizay…
Il est un peu surprenant de trouver Charette dans cette localité des Deux-Sèvres mais pourtant il y est bien passé, précisément dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 décembre 1793 à une époque ou la Grande Armée était Outre-Loire, entre le carnage du Mans et sa terrible fin de Savenay. Charette pensait pouvoir recruter de ce côté en l'absence de l'Armée Catholique et Royale et apprend la présence d'un détachement de républicains dans la petite ville.
Après avoir fait halte à la Petite-Boissière, il repart à la nuit tombée en direction de Cerizay. Comme le lecteur s'en doutera, Charette et ses 4 000 hommes ne sont pas passés par la grande route actuelle qui n'existait pas. Nous allons donc essayer de reconstituer ce parcours sur la route qui existait entre Châtillon (Mauléon) et Cerizay en 1793. Ce parcours aurait demandé un trop grand nombre de cartes et de matrices cadastrales et le lecteur pourra suivre ce cheminement sur l'IGN de Géoportail et sur le cadastre en ligne des AD79 pour les communes de la Petite-Boissière, Combrand et Cerizay.
Il est probable que partant de La Petite-Boissière, la petite armée bas-poitevine aura pris la direction de l'Etry (orthographiée « Laiterie » en 1812), puis sera passée non loin de Bois-Vert où Henri de la Rochejaquelein séjournera une semaine plus tard. Son parcours probable rejoint ainsi la route de Cerizay par La Vergnaie-l'Abbé, La Carotte, passant un peu à l'Est de la Garnaudière, filant entre le château de la Girardière (où Marigny fut tué le 10 juillet 1794) et Pelouaille pour arriver finalement devant le « Château aux Sept Tours », dont le donjon en ruine dominait Cerizay et sa vieille église romane.
La route que Charette a probablement empruntée. Ici au départ de la Vergnaie-l’Abbé » :
Ici sur le plan de 1809. Attention à celui-ci qui est désorienté. Le Nord se retrouve sur la gauche de l’image :
La route se poursuit en direction de la Carotte…
Après la Carotte, longeant la Garnaudière, en direction de la Girardière et de Pelouaille…
Une partie du parcours de Charette et de ses hommes, en rouge sur la carte IGN :
On sait qu'une fois dans le bourg de Cerizay , les gars de Charette vont tomber sur un poste républicain de 200 hommes qui seront quasiment tous égorgés dans la nuit noire. Leur commandant, qui tentait de les rallier succomba à deux coups de sabre (Savary, tome II, p. 479, repris par Bittard des Portes, p. 259).Ce qui va suivre n'est qu'une supposition personnelle mais quel était le meilleur endroit pour stationner une troupe à Cerizay ? Il y avait certes le château de la Roche, mais on voit mal les républicains se tenir aussi loin du bourg et Charette n'aurait sans doute pas eu l'idée de pousser au Sud de la ville. En revanche il existait un relais de Poste, construit en 1752 et qui possédait de grandes écuries, le tout à proximité du cimetière, soit à peu près à l'emplacement de l'actuel cinéma. On peut donc imaginer que c'est tout près de cet endroit que les 200 républicains se sont fait écharper. (1) Le Roi de la Vendée repartira ensuite en direction de Saint-Michel-Mont-Mercure.
Le relais de Poste aujourd'hui, ancien siège d'une agence du Crédit Lyonnais.
Il n'y a à notre connaissance aucune autre trace de passage de Charette dans la "ville aux deux légendes" et les bas-bocains et maraîchins ont eu bien du mérite de faire toute cette route dans cette partie du Bocage inconnue pour eux.
RL
Avril 2016
Note :
(1) Peut-être est-ce d'ailleurs à ce même endroit que l'adjudant-général Beker sera "conduit mystérieusement" pour y rencontrer Stofflet le 26 mars 1795, en vue de pourparlers de paix.
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