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Duel au sabre à Montaigu....
Le 29 Fructidor an IV, un duel au sabre à Montaigu
Autrefois, dans une paroisse, les conflits amoureux, de voisinages, etc... se réglaient à coups de poings dans un lieu retiré, à huis-clos, et le perdant acceptait sa défaite. La Maréchaussée n'intervenait jamais puisqu'elle n'était pas informée. Courageux et taiseux, les vendéens savaient s'affronter sans crainte et sans témoins.
Plus tard, au cours de la ''Grande Guerre'', nous verrons chez les républicains, des duels au sabre comme celui de Montaigu en l'an IV.
Aujourd'hui, il faut le reconnaître, nous vivons une époque ''formidable''.
En effet, n'importe qui peut décrocher son téléphone et vomir des insultes à votre encontre, sans risquer de recevoir immédiatement votre poing dans la figure, quel confort !
S'épargnant ainsi la désagréable sensation du ''bourre-pif'', votre agresseur peut s'exclamer en rajustant son costard trois pièces et sa cravate : « T'as vu ce que je lui ai mis dans la ''gueule''. » Il paraît que c'est ça le courage, sauf que : les messages vocaux, à défaut du poing, deviennent aussi des armes, car ils s'écoutent et se conservent... Il faut bien quelques inconvénients, vous en conviendrez...
Revenons près du champ de foire de Montaigu le 29 Fructidor de l'an IV (15 septembre 1796)... Nous remarquerons qu'après la mort d'un Chasseur de la Vendée, le juge de paix n'entreprend aucune recherche afin de découvrir le meurtrier. Voici le procès-verbal de Jean-Charles Trastour, juge de paix à Montaigu :
« L'an quatre de la République Française une et indivisible, le vingt neuf Fructidor sur les sept heures et demie du soir, nous, Jean Charles Trastour juge de paix, officier de police judiciaire du canton de Montaigu département de la Vendée soussigné ; Sur l'avis qui nous a été donné qu'il s'étoit commis un duel dans une pièce de terre près le champ de foire de cette commune entre deux particuliers dont la mort de l'un d'eux nommé Alexis Camus Chasseur de la Vendée en garnison à Montaigu s'en étoit suivie ; étant accompagné du citoyen Pierre Martin Thibaud notre secrétaire greffier, des citoyens Simon et Pineau agent et adjoint municipal de cette commune et du citoyen Julien François Dabin chirurgien, les tous de la commune de Montaigu ; duquel dit Dabin nous avons requis l'assistance à l'effet d'être, en sa présence procédé aux opérations cy-après dont nous lui avons fait reconnaître ; pour y visiter le particulier dont il s'agit, nous nous sommes transportés dans une pièce de terre appartenant cy-devant à Duchaffault joignant d'un bout le champ de foire de Montaigu commune de Saint Hilaire de Loulay où étant à quelques pas de distance de l'autre bout de la dite pièce près le mur du jardin du citoyen Richard, nous y avons apperçu des traces de sang et étant avancé au delà près la haye et dans le fossé de la dite pièce où plusieurs personnes étaient assemblées, nous avons requis un factionnaire qui se trouvait parmi eux de faire retirer d'auprès du cadavre, qui était dans le fossé et d'empêcher que personne ne s'éloigna de l'endroit sans notre permission, jusqu'à ce que nous ayons procédé aux opérations qui font le sujet de notre transport et avons remarqué que le dit cadavre étoit en chemise par le haut du corps ayant un pantalon de toile grise, pieds et tête nuë, ensuite de quoi nous avons requis le dit Citoyen Dabin chirurgien de faire à l'instant la visite du dit cadavre, à quoi procédant, le dit Dabin a remarqué un coup de pointe de sabre portée dans la partie antérieure moyenne et infférieure de la poitrine de manière que le sternum a été traversé ainsi que le cœur ; qui lui, répond et dont il a dressé son procès verbal séparément.
Desquelles déclarations il résulte que le dit Camus est mort de mort violente et qu'il a été tué par un coup de pointe de sabre ; En conséquence et attendu que la cause de sa mort est connuë et que toute autres recherches à cet égard seroient inutiles, nous avons déclaré que rien ne s'opposait a ce que le corps du dit Camus ne fut inhumé suivant les formes ordinaires et à cet effet, nous l'avons fait transporter à la maison commune du dit Montaigu.
Fait et clos et arrêté le présent procès verbal les jours et an que dessus et se sont les dits Citoyens Simon, Pineau et Dabin avec nous soussignés, la Minute et signée Simon, Pineau et Dabin, Trastour juge de paix et Thibaud le greffier.
D'après la lecture de ce procès verbal, que les dits Thibaud et Dabin ainsi que le dit juge de paix ont déclarés être conforme à la vérité et la représentation qui m'a été faite du corps qui est désigné ; j'ai rédigé, en vertu des pouvoirs qui me sont délégués, le présent acte que le dit juge de paix Thibaud et Dabin ont signé avec moi.
Fait à la maison commune de Montaigu les dits jours mois et an que devant. »
Signé : Trastour juge de paix - Dabin, chirurgien - Simon, agent - Thibaud secrétaire greffier.
Extrait du registre de l'état civil vue 23/26 :
« Le citoyen Alexis Camus, Chasseur de la Vendée, natif de la commune de Passy près Paris de............ et de............. sa mère, a été trouvé mort le jour d'hier dans une pièce de terre appartenant cy-devant Duchaffault près le champ de foire de Montaigu, néanmoins commune de Saint Hilaire de Loulay dans ce canton*. »
Nous pouvons donc situer le lieu du duel près de la Robinière, et non loin du chemin de Montaigu à Treize-Septiers. C'est à la Robinière que Jacques Vachon avait découvert en 1824 une partie du trésor de l'Amiral du Chaffault...
Sources:
-Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés. Actes de décès de la commune de Montaigu, An IV, vues 23,24/26. Cadastre 1814 Montaigu, section A 1814 et tableau assemblage 1814 près de l'ancien calvaire. Le champ de foire.
- Photo : de l'auteur.
X.Paquereau pour Chemins Secrets
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