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La Société populaire n'aimait pas les colonnes infernales....
La Société populaire de Fontenay n’aimait pas les colonnes infernales…
Dans le long texte qui suit, on n’apprendra rien des révolutionnaires locaux sur les véritables causes des Guerres de Vendée, tant ces derniers tiennent à dissimuler leur aspect religieux mais aussi la haine que voue le « vrai peuple » à une pseudo-élite bourgeoise qui s’est accaparé le pouvoir. En revanche, on y verra une certaine lucidité sur le procédé d’extermination de la population avec un point particulier sur la promenade de Huché au cours de l’été 1794. Ce texte est à mettre en relation avec les souvenirs de Marie Trichet et de dénonciations contre Huché.
RL
Mai 2018
La Société populaire de Fontenay à la Convention, le 19 août 1794.
Source : Archives militaires de Vincennes, SHD B 5/10-29.
« Liberté Egalité Fraternité ou la mort
La société populaire de Fontenay le Peuple
A la Convention Nationale
Représentans du peuple
Depuis trop longtemps nous gémissons sous le poid d’un cruel fléau, nos maux sont connus de la République entière, mais qui peut en sonder la profondeur, indiquer les causes et leur durée, et les moyens possibles d’y apporter remède, si ce n’est ceux qui en ont été constament les témoins, et si complettement les victimes.
Il serait superflu d’en chercher lorigine ; qui peut ignorer que l’assemblage monstrueux de l’ignorance, de l’orgueil, de l’ambition, et de l’éxécrable fanatisme n’ait fourni tous les moyens que la perfidie et le crime ont mis en usage pour les porter à leur comble ! La mine avait été creusé dans le plus profond secret, un volcan à freux s’est ouvert et huit jours ont suffi pour en envelopper de gré ou de force, un territoire de vingt lieues de diamètre. Une grande population d’hommes laborieux accoutumés dès l’enfance à arroser la terre de leur sueur, à été entrainés par une masse de scélérats, que l’habitude de l’oisiveté avait facilement préparé, alors les crimes aux quels ils étaient destinés par deux castes qui se faisaient un jeu de fouler aux piéds les loix de la nature : La dévastation et le pillage fussent le premier prix qui fut offert à ceux qui leur servirent d’instrumens. Les propriétés des patriotes devaient être à la fin de la guerre le partage des deffenseurs de la religion et du trône ; tout ce que l’hypocrisie peut inventer pour alimenter le fanatisme et l’enthousiasme qui s’alient si facilement à l’ignorance, fut mis en usage pour éxalter les têtes et égarer les esprits ; tel est l’origine, tel sont les causes de la détestable guerre qui a infesté les deux rives de la Loire, d’où elle s’est étendue dans la Vendée ou elle a pris son nom.
Nous ne vous parlerons pas représentans du peuple de tous les malheurs qui ont été le résultat funeste de l’impéritie ou de la trahison de ceux qui avaient été chargés d’étouffer dans son principe ce germe horrible de contre révolution ; l’opinion publique et la vangeance nationale ont fait justice de plusieurs de ces mandataires infidèles, de ces ennemis déclarés de la liberté et de l’humanité ; vous connaissez avec la France entière les opérations, les mouvemens, les succès et les revers de la force armée, depuis le mois mars 1793. (vieux style) jusqu’au moment où le courage de l’armée républicaine, dispersa anéantit presque en la poursuivant au dela de la Loire la horde effrayante qui jusqu’à ce moment avait porté dans nos malheureuses contrées la désolation et la mort.
C’est à cette époque qui paraissait la dernière de cette infernale conspiration que nous reprendrons le fil de la continuation de nos malheurs ; ils sont d’autant plus pénétrant que nous croyons avec la république entière en entrevoir la fin ; déjà les patriotes qui depuis sept à huit mois trainaient leur misère à la circonférence derrière les armées, avait repris courage, et étaient presque tous rentrés dans leurs foyers. La parti royaliste était terrassé et réduit à la nullité. Charrette seul promenait deux ou trois mille vagabonds dans les districts de Challans et la Roche sur Yon ; ils n’avaient plus de force que dans le désespoir, ils furent presqu’anéantis dans deux ou trois attaques et la Vendée allait enfin finir.
Ce fut àlors que le général commandement de l’armée de l’Ouest fut confié a un nouveau chef. Turreau fit traverser la Vendée par plusieurs colonnes qui pour terminer la guerre n’avaient plus à y exercer qu’une police militaire. Il s’agissait de détruire quelques pelotons de brigands déterminés, qui auraient promptement disparu si l’on eut établir ça et la quelques postes fixes qui dans (de) petites expéditions jugées nécessaires auraient été guidées et auraient trouvé par tout des secours dans les gardes nationales qui s’étaient formés de nouveaux dans beaucoup de communes et avaient presque toutes conservées leurs armes. Il s’agissait de donner protection aux bons citoyens rentrés dans leurs foyers et aux municipalités partout réorganisées ; les colonnes s’avancent la torche et le fer à la main, les gardes nationales et les officiers municipaux vont au devant, demandent leur protection et leur offrent des secours. Tout est désarmé, traité de brigand, et ces malheureuses victimes de la confiance recoivent la mort de ceux qu’ils croyaient leurs amis et leurs frères. Partout le cultivateur paisible éprouve le même sort, les chaumières, les grains qu’elles renferment, les fourages et même les bestiaux a l’étable deviennent la proie des flâmes et de la destruction ; ceux qui conservent encore l’esprit de brigandage n’ont pas de peine a se faire des partisans, leur nombre se grossit et les colonnes incendiaires éprouvent des défaites dans plusieurs endroits. La fureur le désespoir fournissent de nouvelles armes et la guerre reprend son premier caractère, bientôt les postes avancées dans l’intérieur ne peuvent plus tenir, Turau donne des ordres pour évacuer Pouzauges et Chantonnau, après les avoir livrés inutilement aux flâmes, il fait replier les postes dans deux endroits à Luçon et à la Chateigneraye, et laisse à la disposition des rebelles six lieues de terrein après avoir livré les habitans à la mort et leur propriété au pillage et à la destruction. Tous les postes sur la route de Luçon aux Sables furent également évacués et toute la partie gauche sur le marais fut livrée au pillage des brigands qui ni’avaient encore pas mis le pié. La consternation et l’épouvante s’étaient emparés de tous les esprits, et ceux qui avaient pu échapper au carnage préférèrent de mourir dans leurs foyers ou de se réunir aux brigands plutôt que de joindre une armée qui ne leur avait laissé que le plus affreux désespoir ; les partiotes qui avaient pu se retirer à la circonférence sont désarmées et éxilés à vingt lieues de leur pays natal, et après avoir laissé derrière eux les ressources qui tenaient de trente années de travaux, il sont réduits a végéter dans la misère et la nudité.
Le changement désastreux qui venait de s’opérer d’une manière si cruelle dans la Vendée, n’était pas connu dans les départemens ; on regardait la guerre comme toujours terminée, et le pays praticable avec quelques patrouilles.
La commission d’agriculture et des arts par arrêté du comité de salut public y envoya des agents pour faire ramasser les récoltes abandonnées, il firent le 3 messidor une proclamation qui accordait protection et sureté a ceux qui remettraient les armes et s’occuperaient de leurs travaux ordinaires. Un grand nombre de rebelles, d’hommes forcés ou égarés, se conformèrent a cette proclamation surtout dans la partie de Challans, cependant en général elle ne fit pas tout l’effet que s’en étaient promis les amis sincères de la patrie ; l’on ignorait pas néanmoins que la grande masse se disposait a profiter du pardon qui leur était offert, et si l’armée eut avancé en même tems dans l’intérieur, y eut pris des positions fixes, pour les protéger contre les incursions des véritables brigands, l’effet en était a peu près certain avec un peu de persévérance et la permanence des troupes dans l’intérieur, car autrement, il n’y avait aucun moyen de succès. Et ceux qui auraient montré ouvertement des intentions pacifiques et n’auraient pu être protégés par les armées ne pouvaient attendre que la mort de la part du noyau des véritables brigands.
Mais pendant qu’on travaillait ainsi a ramener et a encourager les esprits, un homme sanguinaire, le général divisionnaire Huchet, faisait égorger tout ce qui se trouvait sur son passage. Ses traces étaient précédées et suivies par la carnage et l’incendie, sans aucune distinction d’age de séxe, d’innocents, d’égarés où de coupables ; la fureur s’exalte de nouveau et donne des forces a des hommes réduits au désespoir. Des bandes, des pelotons de scélérats, se répandent et se divisent dans ce moment à la circonférence et dans les maisons isôlées, pillent égorgent tous ceux qui veulent demeurer paisibles dans leurs foyers même a peu de distance des armées. Cependant les colonnes restent dans l’inaction sur la deffensive, ou si elles font quelques sorties c’est pour rentrer le soir ou le lendemain sans avoir le plus souvent rencontrés personne. De telles dispositions, nous devons vous le dire représentans du peuple, présage le plus funeste avenir, et tandis que les deffenseurs de la patrie poursuivent au loin sur leur propre territoire les satellites des brigands couronnés, avec une ardeur et un courrage qui ne peuvent appartenir qu’à des républicains, une poignée de scélérats occupe et détruit sans ressource un riche et vaste territoire dont les moyens en tout genre sont d’un si grand intérêt pour la République.
Représentans du peuple nous vous devons la vérité elle sera toujours dans nos cœurs lamour de la patrie l’intérêt de la république nous en font un devoir et ce serait un crime de la taire.
Nous ne pouvoir voir dans les dispositions qui se succèdent depuis six mois, la détermination positive d’extirper enfin cet horrible cançaire politique, les meilleures troupes s’éloignant des armées de l’Ouest, elles sont remplacées par des réquisitions encore sans expérience et sans armes et quoique les brigands ne puissent dans ce moment opposés des forces dont la patrie ait à s’inquiéter pour les suites de cette infame guerre cependant il est tems quelle finisse et il n’y à pas deux moyens.
Le seul qui puise réussir est de faire avancer simultanément les armées de la circonférence au centre, d’y prendre a fur et a mesure des postes fixes sans les abandonner ; comme il s’est pratiqué plusieurs fois sans nécessité, en observant cette mesure la, ce qui se trouvera derrière les armées sera protégé, et la classe des cultivateurs qui n’a jamais entrepris cette guerre et n’en n’a suivi les mouvemens que par ignorance ou par force, bénira ceux qui les rendront a l’agriculture et a la République. Qu’on restitue les armes et la vie a ceux qui gémice dans l’ éxil, qu’on les rappelle a la suite des armées, qu’on les emploie a leur servir de guide a désigner les véritables coupables ; l’expérience à démontré que les patrouilles des gardes nationalles de l’intérieur, avant d’être désarmées ont rendu les plus grands services dans cette guerre par leur vigilance et leur patriotisme, éclairés par la connaissance des personnes et des localités ; qui peut se dissimuler que ses connaissances ne soient absolument nécessaire dans un pays inégal, couvert de buissons, de hayes, et ravains, des chemins impraticables la moitié de l’année. Et ces connaissances ne peuvent appartenir qu’aux anciens habitans du pays ; leur intérêt le plus cher, le patriotisme le plus éprouvé les porteront a tout entreprendre pour remttre le piéd sur la terre qui les a vu nâitre, et les aider a reconquérir un sol et une récolte qui sont dus à leur sueur, des troupeaux qui avaient été depuis leur enfance le seul objet de leurs soins, et qui leur ont été ravi par le brigandage qu’ils ont toujours eu en horreur.
Qu’on suive ces mesures salutaires, que le commandement et la direction des armées soient confiés partout a des hommes sages, purs et expérimentés, que la discipline reprenne son énergie, que le pillage soit notté d’infamie et puni parmi des (les) républicains ; que la sévérité, la justice et l’humanité, reprennent leur empire, qu’il n’y ait aucune grace pour les grands coupables soit qu’il se trouvent parmi les brigands de la Vendée ou parmi les monstres qui usurpent le nom de républicains et oublient les droits de l’homme et de la nation se livrent a des excès qui désonorent et font rougir l’humanité et bientôt la République verra sicatriser ses blessures dans nos malheureuses contrées, et une population encore immense pourra lui devenir utile en continuant de fertiliser un sol précieux et étendu, qui réoffre plus bientôt que lhimage ideux d’un désert arôsé de sang et couvert de cadavres.
Représentans du peuple, vingt fois vous avez sauvé la patrie, vingt fois vous avez abattu l’hidre de l’intrigue et de la tirannie, votre vigilance et votre énergie révolutionnaires ont imprimés au peuple français cette vigueur républicaine, qui chasse dans leur repaire les misérables esclaves des brigands en trônés. Mettez, nous vous en conjurons la dernière main à loeuvre ; que la paix de l’intérieur force les hordes étrangères à recevoir des la république française les conditions quelles ne peuvent désormais espérer que de sa générosité. »
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