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Par Le Loup le 23 Février 2018 à 11:43
Jean-Pierre Borel, ancien garde Suisse,
tué en Vendée le 29 germinal de l'an 2
Jean-Pierre Borel est né vers 1750 à Colombier, canton de Neuchâtel, en Suisse et épouse Marie-Elisabeth Chenel de Rouen. De cette union est née vers 1778, Marie Elisabeth Borel, âgée de seize ans à la mort de son père.Il a servi pendant vingt et un ans dans les Gardes Suisses du Roi Louis XVI. En 1794 il appartient au onzième Bataillon de Paris, dit de la République, en qualité de caporal à la compagnie des Grenadiers du dit Bataillon et a été tué du côté de Salertaine en Vendée, le 29 Germinal de l'an 2.
Nous connaissons tous le massacre des Gardes Suisses aux Tuileries le 10 août 1792... En effet, au palais des Tuileries, 950 Gardes sont massacrés, on estime à une centaine le nombre des survivants....
Une compagnie d'environ 300 hommes était restée dans sa caserne pour escorter un convoi de grains en Normandie peu de jours auparavant. (L'épouse de Jean-Pierre Borel est originaire de Rouen...). Cela nous fait donc environ 400 survivants.
Une autre hypothèse, le régiment Suisse de Diesbash est dissous le premier janvier 1791 et devient le 85° régiment de ligne de 1791 à 1792, puis est licencié le 20 août 1792. Jean-Pierre Borel est-il issu de ce régiment ?
Les Suisses sont restés très fidèles au Roi de France et il est très rare de les rencontrer dans des régiments républicains.
Toujours est-il que le 24 Brumaire de l'an 3 (14 novembre 1794), Marie-Elisabeth Chenel-Chesnel fait enregistrer le décès de son mari à Nantes à la section des Ponts et Outre-Loire dont la teneur suit :
« Le vingt quatre Brumaire, l'an trois de la République une et indivisible, devant moi Antoine Archambaud aîné, officier public élu pour constater l'état civil des citoyens, a comparu en cette maison commune Marie-Elisabeth Chenel, âgée de quarante un ans, native de Rouen, département de la Seine-Inférieure ; Laquelle pour constater le décès de son mari, m'a présenté le certificat que j'ai copié par extrait :
Nous soussigné, général de Brigade commandant le camp de la Naudière – vu l'attestation de Jean-Baptiste Simon-Bouchotte, adjoint de la première Division au Département de la Guerre, par laquelle il est constaté que Jean-Pierre Borel a servi vingt et un an, dans le régiment des gardes Suisses, sur le témoignage des officiers du onzième bataillon de Paris – qui attestent que ce citoyen, y était enrollé, a rempli avec fidélité son devoir, que le dit Jean-Pierre Borel natif de Colombier, âgé de quarante quatre ans, a servi au dit onzième Bataillon de Paris, dit de la République en qualité de caporal à la compagnie des grenadiers du dit Bataillon ; qu'il est mort glorieusement pour la défense de la République à une affaire qu'eut l'avant garde de notre armée commandée par l'adjudant général Blosse, de laquelle la dite compagnie faisoit partie contre les brigands de la Vendée ; certifions en outre que le citoyen Jean-Pierre Borel avoit pour épouse Marie-Elisabeth Chenel, native du dit Rouen, de laquelle il eut une fille, nommé Marie-Elisabeth, âgée de seize ans- Signés au dit certificat : Levieux, commandant du bataillon, Dutruit Général, Colinet, Dumangeot, Carrupuin fourrier, Monfils, Malençon sergent, Puthod fourrier, - Fait à Salertaine département de la Vendée district de Chalans – le 29 Germinal l'an deux de la République française une et indivisible.
Fait en la maison commune de Nantes, sous mon seing les dits jour et an. »
Signé : Archambaud aîné.
Sources:
-Archives de la ville de Nantes, tous droits réservés, Section les Ponts et Outre Loire, vue n°36/137- cote 1E89.
-Wikipédia, Régiment Suisse Diesbach.
-Photo: Drapeau de la Manufacture Royale – Boutique du groupe Action Royaliste.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 19 Février 2018 à 21:10
Le génocide par les fours…
Au risque de décevoir certains de mes lecteurs, je ne vais pas ici faire du sensationnel. Le devoir de mémoire doit, à mon sens, reposer sur des faits tangibles et non sur une surenchère commerciale comme on l’a vu avec certains ouvrages en recopiant d’autres avec toutes les erreurs d’appréciations qui en découlent. Ce que vous allez lire est plutôt macabre et certains détails seront à la limite du supportable pour notre société aseptisée « politico-correcto-parigo-bobo ». En Vendée, on n’a pas brûlé des personnes préalablement gazées ou tuées dans des conditions innommables dans des fours crématoires, comme ont pu le faire « nos amis » Allemands mais des personnes bien vivantes. Si les uns l’ont fait pour se débarrasser des cadavres, les autres ont simplement pris du plaisir à voir infliger une souffrance extrême à leurs semblables ; le point commun demeurant l’idéologie portée par des régimes terroristes et un certain fond cruel qui caractérise l’humanité. Les témoignages de personnes brûlées vives par les colonnes infernales abondent dans la littérature vendéenne. Abordons tout de suite l’un des témoignages les plus effrayants : celui de Pierre-Suzanne Lucas de la Championnière à propos du combat du 11 avril 1794 à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (1) :
« L'armée royaliste était à Touvois ; M. Charette marcha aussitôt vers l'ennemi, mais celui-ci était parti de Saint-Philbert au moment de son arrivée ; il ne s'y trouva qu'une centaine de traînards qui se jetèrent dans la rivière ou furent sabrés par nos cavaliers. Le feu consumait la ville ; plusieurs cadavres furent trouvés à moitié brûlés dans différens endroits. Celui d'une femme surtout frappa d'horreur tous ceux qui purent en approcher. Tout son corps était supporté sur la pointe d'un seul pied sans qu'elle touchât à rien qui put la soutenir ; elle avait les bras ouverts comme quelqu'un qui s'élance pour échapper d'un grand danger. La flamme sans doute l'avait surprise dans cette attitude ; ce tableau faisait frémir.
Des cavaliers s'arrêtèrent au-delà de Saint-Philbert un républicain occupé à mettre le feu dans le lit d'un paysan : Scélérat que fais-tu là lui dit le premier qui l'aperçut ? Que pouvez-vous me reprocher lui répondit l'incendiaire, est-ce que je ne mets pas le feu ? Sa réponse fit croire que les Généraux républicains exigeaient de leurs soldats des crimes auxquels ils se refusaient quelquefois et que celui-ci nous avait pris pour être de sa compagnie. Nos piétons arrivant en foule se jetèrent sur le malheureux et voulurent le faire griller dans le feu qu'il venait d'allumer, mais M. Charette réprimanda fortement ceux qui avaient eu une pareille idée et il ordonna de fusiller le prisonnier de la manière la plus prompte... »
On ignore tout de la scène que Lucas de la Championnière a vu, ni de l’endroit précis, si c’était dans une maison ou autre part. Pour figer un corps de la sorte, il fallait une température extrême, probablement dans un lieu confiné. A champtoceaux et à la grotte de Vau-Brunet, un autre genre de scène : le 17 mai 1794, une colonne infernale fait brûler vives 37 personnes, dont 28 femmes.
Est-ce que les républicains attendaient les mêmes effets de convection de chaleur que dans un four ? Ou plutôt l’asphyxie des victimes comme à Beaufou ? Beaufou, pauvre village où les exactions atteignirent le comble de l’horreur, mais dont personne ne parle tandis que les « perroquets du génocide », qui n’y connaissent rien et sont incapables de produire le moindre travail de fond, répètent inlassablement l’histoire des Lucs-sur-Boulogne, seul fait tangible qu’ils connaissent, et encore extrêmement mal.
L’abbé Faucheron raconte : (2)
« Pendant les abominations perpétrées aux Lucs, une forte patrouille s'était avancée jusqu'au bourg de Beaufou, déjà brûlé plusieurs fois. Les habitants prévenus, avaient pris la fuite, sauf une vingtaine de personnes qui négligeant les conseils du bonhomme curé (Jousbert) eurent la funeste idée de se cacher dans le souterrain qui s'étend sous les maisons du bourg.
On ne sait comment les bleus les découvrirent. N'osant les poursuivre dans ces sombres conduits, ils prirent le parti sauvage de les brûler. Amoncelant à l'entrée du souterrain quantité de braises, ils y mirent le feu. Étouffés par le manque d'air et par la fumée, les malheureux furent bien vite asphyxiés.
On rapporte que l'un d'eux, la tête égarée, se jeta dans les flammes pour se sauver dehors et qu'un soldat l'abattit d'un coup de sabre donné en plein visage, lui tranchant tout un lambeau de chair de la figure, que ce monstre se mit aussitôt à manger à belles dents.
Manger de la chair humaine, boire du sang, c'était le grand festin des bleus de la grande révolution. »
Toujours à Beaufou, au village de l’Ardouinière, qui sera rattaché à Belleville-sur-Vie en 1849 (3) :
« Janvier 1794 - La bande infernale fit halte dans le village de l'Ardouinière ; prévenu à temps, tout le monde avait fui.
Les maisons ayant été déjà deux fois en partie incendiées et n'offrant plus rien au pillage, il n'y eut pas de mal à faire au dit lieu.
Les soldats y firent toutefois brûler dans un four un homme et sa femme qu'ils avaient surpris cachés dans les décombres de l'église de Saligny. Ces pauvres personnes que les misérables avaient terriblement maltraitées en les emmenant, poussaient des cris affreux. Pour se moquer de leurs sanglots et pour insulter à leur supplice, les bleus chantèrent à tue-tête la Marseillaise.
Tout le monde sait que ce chant accompagnait partout la guillotine à Paris et dans toute la France, les noyades dans la Loire à Nantes, la mitraille à Lyon, les massacres en Vendée ! »
Le témoignage de morts en Vendée dans des fours le plus célèbre est évidemment celui narré par Jacques Crétineau-Joly qui relate les écrits de deux commissaires municipaux à la Convention, Morel et Carpanty à la date du 4 germinal an II, 24 mars 1794 (4) :
« C’est avec désespoir que nous vous écrivons mais il est urgent que tout ceci cesse. Turreau prétend avoir des ordres pour tout anéantir, patriotes ou Brigands ; il confond tout dans la même proscription. A Montournais, aux Epesses et dans d’autres lieux, Amey fait allumer des fours, et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations convenables ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord, on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui, les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau, qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient comme nous, coupables que d’adorer la nation. La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Chatillon par les Brigands lors de la dernière bataille, s’est vue, avec ses quatre enfants, jeter dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité ; les soldats nous ont menacés du même sort. »
Edmond Biré reprendra ce même texte en 1895 (5) et depuis celui-ci à fait le tour de tous les récits consacrés en génocide vendéen.Un autre historien célèbre et plus proche de nous, Reynald Sécher, reproduit ce texte dans son ouvrage « Le Génocide franco-français » (6) en commettant une erreur. Selon lui ces propos émanent de l’officier de police Gannet. Plusieurs problèmes : si Gannet a bien existé et se déclarait « officier de police de l’armée de l’Ouest, à la résidence de Niort », et que l’on trouve ses témoignages sur les colonnes infernales dans le fameux mémoire de Lequinio paru chez Pougin en octobre 1794, il n’a aucunement écrit ce texte. Quant à la version de Crétineau-Joly, avec des commissaires nommés Morel et Carpanty, aucune trace de ces deux quidams et encore moins de leur missive… Crétineau-Joly ne cite pas ses sources et Sécher n’en fait pas davantage. Au passage, il y a bien deux commissaires municipaux à Montournais qui témoigneront au Comité de Salut Public par le biais de Lequinio : Ils se nomment Jean-Louis Mazière et Damas Morton (7) et raconteront d’autres types d’exactions mais rien sur des brûlements humains dans des fours.
Les historiens locaux sont eux, nettement plus prudents et n’évoquent pas cette histoire de fours à Montournais, ou du moins s’en méfient. Pour ce qui est des Epesses, c’est autre chose, et peut-être plus plausible (on sait que la colonne de Boucret incendiera le bourg le 26 janvier 1794)… Citons encore l’abbé Faucheron, avec toutefois les précautions d’usage (8) :
« En passant au bourg des Épesses, la bande (une colonne de 3000 Mayençais, commandée par le général Gratien, moine apostat), la bande rassembla, sous prétexte de les empêcher de fuir, tout ce qu'elle rencontra de vieillards, de femmes et d'enfants.
Bientôt, se jouant indignement de ces malheureuses personnes, ces scélérats leur firent endurer toutes les avanies, toutes les turpitudes. Ils les firent mettre à genoux pour se moquer de leurs prières ; ils voulurent les obliger à marcher sur la croix, à jurer contre le bon Dieu. Enfin, ils allumèrent tous les fours de l'endroit, et, quand ils les eurent chauffés à blanc, ils jetèrent d'abord les vieillards, puis après les enfants, sous les yeux de leurs mères se tordant de douleur et de désespoir. Ces malheureuses avaient les mains attachées derrière le dos, et on les forçait, à coups de crosse, de voir les tortures de leurs vieux pères, de leurs enfants, d'entendre leurs cris déchirant, sans pouvoir les secourir ni les délivrer de ces horribles tourments.
Quand il n'y eut plus d'enfants à jeter au feu, ces démons féroces, ayant pris goût à ces monstruosités, chauffèrent de nouveau ces brasiers remplis de chair humaine carbonisée, et, au milieu des sarcasmes et des ricanements dignes de pareils monstres, y jetèrent lentement, une à une, pour prolonger plus longtemps le supplice et leur plaisir, toutes ces infortunées.
Un témoin à rapporté que l'une d'elles ayant pu sortir des flammes avant d'être complètement brûlée, un officier, lui enfonçant une fourche dans le ventre, la rejeta dans le brasier. Dans le seul bourg des Épesses, on compta, brûlés de cette façon, 52 femmes, 16 vieillards, 36 enfants. »
Bien entendu, il ne s’agit pas des Mayençais, qui n’ont pas été exempts d’horreurs commises, mais bien de l’œuvre des colonnes infernales et de leurs affidés. Malheureusement, là encore, l’abbé Faucheron ne cite pas ses sources…
Amey est en poste aux Herbiers à l’époque des colonnes infernales, point de doute. Lorsque Grignon y arrive le 31 janvier 1794, il avertit la municipalité que les habitants sont « bien heureux que son collègue Amey y fût, que sans cela tous les habitans sans distinction de patriotes ou autrement auroient été fusillés, parce que les ordres du général en chef portoient de massacrer, fusiller et incendier tout ce qui se trouveroit sur son passage, qu’il avoit même fait fusiller des Municipalités entières revêtues de leurs écharpes. » (9)
Le 3 février, Amey quitte Les Herbiers après avoir incendié la commune et rejoint Cholet. Sa présence peut donner un peu de crédit à sa culpabilité ou du moins à celle de l’un de ses détachements, pour les brûlements humains dans des fours aux Epesses, qui sont distantes de dix kilomètres. En revanche, il n’est sûrement pas passé à Montournais. Il était arrivé aux Herbiers le soir du 24 janvier, depuis Cholet, malgré qu’il fût commandant de la garnison de Mortagne.
En revanche, c’est probablement ici qu’il faut placer le témoignage de monsieur Alphonse Rondeau, né en 1903 aux Tonnelles des Herbiers (10) :
« Quand j’étais enfant, j’avais peut-être 10 ans, mon père qui possédait une terre au village de Chevrion Brûlé, m’a raconté une histoire. Pendant la guerre de Vendée, des habitants du village avaient été brûlés par les Bleus dans des fours à pain. Je me rappelle encore quand mon père me disait : ici dans ce four, il y a des gens qui ont été brûlés. Ca m’est resté. Je me souviens de la gueule du four qui était en ruines, il y a cela 75 ans. »
Le Chevrion se situe non loin des Herbiers, au Nord-Ouest du bourg. Ici, en vue aérienne Géoportail :
Plus loin vers l’Ouest, à Saint-Etienne-du-Bois, dont j’ai déjà rappelé les horreurs ici, il y eut des gens qui ont eu beaucoup de chance :
« A la Bersaudière, on trouve un autre expédient bien imprévu pour échapper au massacre. Le village bien qu'incendié abritait quelques habitants. Un jour ils virent tout à coup des bleus dans le voisinage. Epouvantés, ne sachant que devenir, ils entrèrent pêle-mêle dans la boulangerie et sans plus réfléchir, voyant la gueule du four ouverte, les femmes et les enfants s'y entassèrent et deux hommes en fermèrent l'entrée et se sauvèrent précipitamment. Les bleus qui les virent sortir et qui entrèrent dans la boulangerie pour voir s'il en restait d'autres, n'eurent pas l'idée d'ouvrir la porte du four, mais n'eurent d'autre souci que de se mettre à la poursuite des deux hommes. C'est ainsi que les femmes et les enfants des villages furent sauvés. Mais l'un des deux hommes fut atteint et tué par les bleus. » (11)
D’autres en eurent beaucoup moins :
« Une femme âgée, Marie Péraudeau, veuve Lancoin, dont la famille habita la Pécoultière, a raconté qu'un certain nombre de personnes furent trouvées par les bleus enfermées dans une petite maison de la Pécoultière et qu'elles y furent brûlées vives. Sa mère avait vu les ossements calcinés des victimes. Son grand'père paternel, soldat dans l'armée de Charette, portait le drapeau orné de l'image du Sacré-Coeur dans une bataille près de St-Laurent-sur-Sèvre et y reçut une blessure mortelle. »...
« Nous avons déjà vu que la paroisse de Saint-Etienne-du-Bois fut très éprouvée pendant les années de guerre de Vendée 1793-1794. Pour tout résumer en peu de mots : tous les villages, sauf celui de la Tullévrière, furent saccagés et incendiés et leurs habitants qui y furent trouvés vieillards, femmes, enfants, furent ou tués par les armes à feu, ou massacrés à coups de sabres, ou brûlés vifs dans leurs maisons ou leurs fours. » (12)
Et là, point de Amey pour jeter les gens dans des fours, puisque c’est la colonne de Cordelier, ou plutôt celle de Rouget qui y passe le 1er mars. Huché viendra passer une deuxième couche le 20 juillet 1794 en allant de Beaufou à Palluau. Il est fort probable que ses détachements soient passés dans des métairies de Saint-Etienne-du-Bois…
A Palluau justement:
« Après la prise de Noirmoutiers, le général en chef Turreau crut qu’il ne lui restait plus d’ennemis à combattre que quelques misérables sans forces et sans autre volonté bien déterminée que celle d’échapper à la mort par la fuite : pour les atteindre, il ordonna que plusieurs colonnes, sorties de différens points, feraient une tournée militaire dans l’intérieur du pays, ramasseraient en même temps toutes les denrées et les bestiaux qu’elle rencontreraient.
Elles ne bornèrent point là leur mission : elles pillèrent, incendièrent et égorgèrent ; une d’elles surtout, dite la colonne infernale, se distingua par ses atrocités, elle dirigea sa marche sur Palluau. A son approche, les habitants s’enfuirent et se cachèrent dans les bois ; quelques femmes seulement restèrent avec leurs petits enfans, et se réunirent dans une même maison où elles avaient chauffé le four. La colonne arriva, les soldats se dispersèrent, et enfoncèrent les portes des maisons. Un groupe de ces barbares entra dans celle où étaient ces malheureuses femmes et ces enfans, il en égorgea plusieurs, plongea le reste tout vivant dans le four ardent dont il ferma l’entrée et combla l’horreur en mettant le feu à la maison ». (12bis)
A Drain, mêmes scènes :
« Au village de la Bruère et en la plupart des autres endroits, les Bleus, non contents d'égorger les malheureux habitants, s'amusèrent à griller leurs cadavres, soit dans les fours, soit dans les foyers des maisons, soit dans les cours ou jardins, après les avoir enveloppés de monceaux de paille auxquels ils mettaient le feu, comme cela se pratique en certaines régions pour les porcs qu'on vient de tuer. » (12ter)
Allons au bout de l’horreur avec le témoignage recueilli de la part d’un ancien soldat de colonne infernale par la comtesse de la Bouère (13) :
« Je ne comprenais pas ce que cela voulait dire, croyant ne pouvoir rien apprendre de plus pour être persuadée de l'atrocité et de la cruauté de cet homme ... quand il se rapprocha de nous. Interpellé par son propriétaire d'expliquer son trafic de femmes fondues, ce cannibale, sans se faire prier, dit "que le 6 avril 1794, il avait fait fondre cent cinquante femmes" (il y a à croire que ce fanfaron de crimes les exagère) pour avoir leur graisse.
"Deux de mes camarades étaient avec moi pour cette affaire. J'en envoyai dix barils à Nantes ; c'était comme de la graisse de momie ; elle servait pour les hôpitaux. Nous avons fait cette opération, ajouta-t-il à Clisson, vis-à-vis du château et près de la grenouillère."
Je ne me rappelle pas lui avoir demandé ce que c'était que cette grenouillère, si c'était une auberge portant ce nom, ou de la rivière dont il voulait parler ...
Au reste, je puis, malgré la promptitude avec laquelle j'ai pris des notes, faire quelques erreurs, particulièrement dans les dates que je m'étais étudiée à bien retenir, mais qui ont pu faire confusion dans ma mémoire, malgré l'effort que j'ai fait pour retenir tout ce qu'il me disait. C'est cet effort de mémoire qui m'a fait oublier de demander à cet homme comment il s'appelait. Il entreprit ensuite de m'expliquer comment il faisait cette horrible opération.
"Nous faisions des trous en terre, dit-il, pour placer des chaudières afin de recevoir ce qui tombait ; nous avions mis des barres de fer dessus, et puis les femmes dessus ..., puis au-dessus encore était le feu.
- Vous voulez dire dessous ? dit l'artisan.
- Non répondit ce tigre, cela n'aurait pas bien fait ; le feu était dessus ...
- Etes-vous marié ? Lui demandai-je
- Oh ! non, non, dit-il ; à cause de tout cela, est-ce que j'aurais trouvé une femme ?
- J'irais à l'hôpital."
Je reste dubitatif devant ce témoignage. Cette « Grenouillère » que la comtesse de la Bouère n’a su localiser est proche de Clisson et se situe sur la commune de Saint-Lumine-de-Clisson, tout près du bourg de Maisdon-sur-Sèvre.
Situation sur l'IGN de Géoportail :
Madame de la Bouère n’a donc probablement pas inventé ce témoignage, puisqu’elle ne sait pas ce qu’est la Grenouillère, village ou auberge. A cela vient se rajouter, l’affaire du puits de Clisson, dont le « monstre » donne le récit et qui est avéré par les archives militaires de Vincennes (14). Il en rajoute d’ailleurs en prétendant que la même scène s’est déroulée dans un puits de Montaigu. Reste le pourquoi d’installer les corps « sous le feu », plutôt qu’au dessus. Comme nous le verrons ci-après, il faut une température de 250° pour faire fondre la graisse d’un corps humain. A moins que les républicains préposés à cet ouvrage, n’aient installé une sorte de cloche qui aurait permis la réfraction de la chaleur (ce dont je doute, vu les capacités intellectuelles moyennes des généraux et soldats de colonnes infernales), ou à la limite, une sorte de rôtissoire, le procédé me paraît étonnant . Reste que si les faits sont avérés pour le puits de Clisson, même si largement exagérés au fil des récits, on peut penser qu'il en va de même pour cet épisode.
Plus étonnant encore, le témoignage de Carrier lui-même qui accuse les Vendéens d’avoir jeté des républicains dans des fours ! (15) Dans ce rapport, Carrier décrit exactement les exactions subies par les Vendéens, mais qui selon son imagination, ont été exécutées par eux sur des républicains. Un bel exemple de comment procéder pour inverser les rôles. Les exemples cités par Carrier d’enfants cloués aux portes, les cartouches allumées et enfoncées dans la bouche des victimes, tout cela eut certainement lieu, mais pas sur les populations républicaines…
Etudions à présent, les « possibilités techniques » de ces actes, dans leur contexte historique.
Tout d’abord comment fonctionne un four à pain de l’époque des Guerres de Vendée ? Le procédé est simple : un espace de chauffe sous une voûte avec une « bouche » dans laquelle on met le feu. Par procédé de réfraction, la chaleur s’emmagasine. Lorsque la température idéale est atteinte, on y glisse les pâtons qui vont cuire, donnant ainsi ce pain qui est la base de l’alimentation de l’époque. J’invite le lecteur à consulter ce blog qui nous présente le fonctionnement de fours à pain chez nos voisins du département de la Vienne. Son rédacteur est visiblement spécialiste de la question.
Four à pain près de ce qui était la maison d’André Ripoche à Bas-Briacé :
On voit tout de suite un problème : il est impossible de glisser dans ces fours un nombre important de personnes. Peut-être un adulte avec deux enfants, ou deux adultes mais guère plus. En revanche, le four pouvant rester chaud durant plusieurs heures (il faut près de 40 heures pour que la température retombe à celle de l’air ambiant), on a tout le loisir d’y enfourner des gens à la queue leu-leu, tout en prenant soin de sortir à chaque fois les restes de la personne précédemment cuite. Au supposer d'avoir le temps nécessaire sans être surpris par les Vendéens. La résistance du corps humain aux hautes températures est surprenante. Ainsi on apprend qu’une température de 120° dans de l’air immobile, subie pendant un quart d’heure, ne laisse aucune séquelle sur un être humain. Certains sportifs parviendraient même à se maintenir quelques minutes à 150°. Après guerre, Graig Taylor, un scientifique de l’université de Los Angeles, qui menait des expériences sur le sujet, aurait recueilli le témoignage d’un Allemand qui affirmait avoir supporté pendant 3 minutes, habillé d’épais vêtements, une température de 230° (16). Les fours à pain chauffent en moyenne à une température de 270 à 300°. En théorie et suivant le temps d’exposition du corps qui devra évidemment être le plus long possible pour le résultat optimum attendu par les soldats de la république, le spectacle commence à 250°. Voici en gros ce qui se passe suivant le temps d’exposition (17). Les données suivantes ne précisent pas à quelle température est exposée de corps, s’il s’agit d’air ambiant, ou au cœur d’un foyer. Il faut donc les prendre avec précaution, sachant que le corps n’était théoriquement pas mis dans un feu mais dans de l’air chauffé à près de 300 °.
« 0-15 minutes : les parties molles chauffent ; apparition de phlyctènes.
15-30 minutes : Le ventre gonfle ; repliement des bras, flexion des coudes et des doigts.
30 minutes : Les membres inférieurs sont repliés à leur tour ; la peau se crevasse et les parties molles se carbonisent.
30-45 minutes : la graisse se liquéfie et coule ; l’abdomen éclate (les intestins sortent du ventre), le cadavre est bien noir.
45 minutes -1 heure : les os des membres sont mis à nu ils sont noirs ou blancs.
A la fin de la 1ère heure : état de carbonisation plus avancé, on peut voir les viscères à l’intérieur de la paroi qui a carbonisée (on peut voir du cerveau carbonisé en surface).2 heures : les ceintures scapulaire et pelvienne se fragmentent. »
A noter que les organes internes sont les derniers touchés en raison de l’humidité constante qui les enveloppe. Inutile donc, de tenter d’empoisonner votre belle-mère et de faire brûler le corps. Il y a toutes les chances que les enquêteurs retrouvent ce qu’elle avait dans l’estomac… Il est quasiment impossible de faire disparaître un corps humain par le feu. Dans les crématorium où la température de brûlement est de 850° grâce à un gros apport d’oxygène dans la chambre de combustion, on est obligé de broyer les os, avant dispersion, car ceux-ci résistent à tout. Ainsi, on épargne ce broyage dans les columbariums classiques. Pour les os, il faut 1 200° pour dégrader l’ADN, sachant que l’os à commencé à se fissurer aux alentours de 800°. A partir de 1 650°, on peut commencer à rêver de disparition du corps, car il n’en faut pas moins pour que les os, composés essentiellement de phosphate de calcium, commencent à disparaître, puis les dents à leur tour (les enquêteurs sont toujours à vos trousses pour votre belle-mère). En gros, l’idéal serait 2 000°, donc si vous n’avez pas de volcan en éruption à proximité de chez vous, c’est fichu pour faire disparaître le cadavre…
Blague à part et plus sérieusement : malgré les détails horribles que nous venons de citer, nous n’avons pas de précisions sur le mode opératoire de républicains pour ces brûlements humains. Est-ce que les fours étaient chauffés, la cendre retirée et les corps placés comme pour la cuisson du pain ? Est-ce que les personnes étaient jetées à même le feu comme le suggère l’abbé Faucheron pour ce qui concerne les Epesses ? J’ai l’impression qu’il a été beaucoup écrit sur ces épisodes par des gens qui ne connaissaient pas le fonctionnement d’un four à pain où la cuisson se fait après l’extinction du feu, une fois que la chaleur est emmagasinée et non avec le feu. D’autre part, pour qui a vu de ses yeux un four de la région, il semble très exagéré de pouvoir y jeter un nombre important de personnes. Une ou deux tout au plus. Il eut donc fallu beaucoup de patience aux soldats pour y brûler des dizaines de femmes, de vieillards et d’enfants.
Four à pain de la Durbelière. L’on se rend compte de suite, de l’impossibilité d’installer ici un nombre important de personnes :
Pour autant, je ne mettrai pas en doute la véracité des faits, ceux-ci ayant suffisamment marqué les esprits pour qu’on les retrouve racontés sur des points géographiques très éloignés les uns des autres.
RL
Février 2018
Notes :
(1) Op.cit. p. 86.
(2) « Histoires et légendes pieuses ; Beaufou sous la Révolution », Manuscrits de l’abbé Faucheron, AD85, 1 Num 396/3.
(3) Ibid.
(4) Op.cit, tome II, p. 144.
(5) « Journal d’un Bourgeois de Paris sous la Terreur », 1895, tome IV, p.266.
(6) Op. cit. p. 163.
(7) Lequinio, op.cit, p. 68 et sq. Pour ceux qui n’ont pas la chance de posséder cet ouvrage, il est consultable en ligne sur « Abibnum Vendée » et sur le site des AD85 en cote 4 Num 280/43.
(8) Les Conférences, 1908 - Huitième année - Tome I - Paris - Maison de la Bonne Presse- 5, rue Bayard, 5.
(9) Lequinio, p. 109 et 110.
(10) « Les Herbiers sous la révolution », Philippe Ricot, Ouest Editions, 1992. Merci à Nicolas Delahaye pour ce rappel de sources.
(11) « Saint-Etienne-du-Bois dans l’Horreur », Chemins secrets, article du 30 août 2015.
(12) Ibid. D’après les bulletins paroissiaux et la tradition orale.
(12bis) « Mémoires sur la Vendée, comprenant les mémoires inédits d’un ancien administrateur des armées, et ceux de madame de Sapinaud ». Paris, Baudouin Frères, 1823, p.135 et 136.
(12ter) La Vendée Historique, 1909.
(13) Op. cit, p. 312 et sq.
(14) Ibid. p. 309 (310 pour les tanneries de peau humaine qui ont tant fait couler d’encre). Sur le puits de clisson, voir ici.
15) Archives Nationales, archives imprimées des assemblées, « procès du représentant du peuple Carrier », texte imprimé, AD XVIII, C 251-2, v. 10/10.
(16) Article du « Chasseur Français » N° 626, avril 1949, p.428.
(17) Cours de médecine légale de la faculté de Nice, sans date, diffusé par « Les Carabins Niçois ». Je ne donne pas tous les détails du cours, sinon, on peut passer la nuit à disserter de la carbonisation et de la calcination avec une foultitude de détails tous plus « croustillants » les uns que les autres.
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Par Le Loup le 18 Février 2018 à 20:56
Le prieuré de la Grande Boissière…
Les seigneurs de Mauléon fondèrent vers le XII° siècle, ce prieuré, qui dépend aujourd’hui de la commune associée de Saint-Aubin-de-Baubigné et qui se situe non loin des bois et du château éponymes. Ses moines de l’ordre de Saint-Augustin dépendaient de l’abbaye de la Réau à Saint-Martin-l’Ars dans l’actuel Sud du département de la Vienne. Au XIII° siècle, possédant plusieurs fermes sur Saint-Aubin et Nueil, il rapportait 300 livres de revenus, puis 2 000 à l’abbé de Bessay (sur-Allier) au début du XVIII° siècle. Pour autant, sa chapelle était en ruine dès cette période et il sera vendu comme bien national à la révolution. En 1975, on mit au jour des pierres tombales de prieurs qui furent déposées au musée de Mauléon.
RL
Février 2018
En vue aérienne Géoportail :
Sur le cadastre de 1812 avec une partie en ruine (colorisation jaune), AD 79, 3 P 239/9 :
Sources : « Le Pays du Bocage », Maurice Poignat, Editions du Terroir, 1984. « Etat de la France… » par le Comte de Boulainvilliers (1658-1722), Londres, 1727-1728, tome IV, Bibliothèque de l’université de Princeton, USA.
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Par Le Loup le 13 Février 2018 à 21:24
Le 28 Vendémiaire de l'an 8, attaque de Nantes,
les royalistes fusillent quelques noyeurs de Carrier...
Le Dimanche 20 octobre 1799... « Dès quatre heures du matin, d'Andigné, après une vive fusillade, s'emparait des quais de l'Erdre; Chatillon et le chevalier de Brégent attaquaient la porte de Vannes. Bientôt maîtres de la place Viarme, où Cathelineau et Charette ont trouvé la mort, leurs soldats font retentir un immense cri de Vive le Roi ! Ils s'y jettent à genoux et prient pour les deux héros qui ont si glorieusement illustré leur cause. De la place Viarme, les Chouans se répandent dans la ville ; le canon d'alarme ne cesse d'y retentir de minute en minute. Au bruit de la mousqueterie qui se fait entendre sur divers points, les Nantais perdent la tête. Un brouillard qui survient et qui empêche les gardes nationaux de se rallier augmente le tumulte et l'effroi. Les paysans profitent habilement de ce moment de terreur ; postés sur chaque place et maîtres des principales rues, ils font sur les masses en désordre un feu meurtrier. Savariau, juge au tribunal civil, qui a réuni un certain nombre d'habitants, et Pellerin, qui veut venger son père tué dans les landes de la Vendée, périssent malgré leurs efforts désespérés. Davy, qui est accouru au Port-Communeau avec deux bataillons, y est frappé mortellement, le maire Saget à la cuisse cassée par une balle sur la place de l'Egalité.
En quelques minutes, toutes les autorités sont mises hors de combat, soixante huit noyeurs de Carrier qu'on signale aux envahisseurs sont passés par les armes. Cependant on résistait vigoureusement au Change, au Port-au-Vins, à la Halle Neuve, sur les cours, dans les rues du Moulin-des-Larmes, de Briard, de Gorges et sur les places de l'Egalité et du Bouffay. Tête Carrée, qui s'était évadé de cette dernière prison, s'y dirigea pour délivrer trois prêtres, selon la promesse qu'il leur avait faite. Quinze autres royalistes qui étaient détenus avec ces prêtres et dont trois devaient périr le lendemain, s'échappèrent avec eux, saisirent les fusils de leurs gardiens et firent feu sur les Révolutionnaires.
Le jour qui commençait à percer le brouillard, fait craindre à Châtillon qu'on ne remarque enfin le petit nombre de ses soldats. Afin de n'être pas enveloppé, il fait battre en retraite par la route de Rennes. Son but était atteint, il avait voulu montrer que Nantes n'était pas à l'abri d'un coup de main, et il voulait forcer les Républicains à y maintenir une forte garnison, afin de n'avoir pas à lui opposer dans les campagnes des troupes aussi nombreuses... »
Voici quelques noms de Républicains tués dans l'affaire du 28 Vendémiaire :
François-Jean-Baptiste Savariau*, notaire, juge au tribunal civil, natif de la Garnache, époux de Marie-Anne Brosseau, tué par les Rebelles le 28 Vendémiaire sur le Pont de la Bourse à cinq heures du matin, 65 ans (vue n°10/128 cote 1E245).*Notaire, procureur fiscal de la juridiction de la Livernière, le Pallet- Procureur fiscal du marquisat de la Gallissonnière avant la Révolution – Il rédige le cahier de doléances...
Jean-Baptiste Pellerin, commis négociant de Chateauthébaud époux de Marguerite-Désirée Leprévost-Bourgerel, tué en combattant les Rebelles, le 28 Vendémiaire à 5 heures du matin, route de Rennes, 24 ans. (15éme section vue n°2/19)
Pons Espitallier, tailleur d'habits, natif de Bargenton (Var), divorcé de Marie-Elisabeth Drouchaud, tué par les Chouans le 28 Vendémiaire au poste de Rennes vers 3 heures du matin, 39 ans. ( 14ème section,Vue n°4/29).
François Hubert, marchand de plumes, natif de Chansecret près de Domfront (Orne), époux de Louise-Marie Savary, tué le 28 Vendémiaire à 4 heures du matin d'un coup de fusil à la tête qu'il reçut des Rebelles. (13ème section vue 6/30).
Louis-Thomas Mary, tailleur d'habits, époux de Françoise-Jeanne Delcusy, de Saint Léonard de Nantes, tué au poste de Rennes le 28 Vendémiaire, 23 ans. (13ème section, vue n°6/30)
Jean-Pierre Laporte, rentier, veuf de Marthe Casenove, natif de Tarbes, décédé suite blessures du 28 Vendémiaire, 70 ans. (16ème section vue n°4/36).
Pierre Langouet, rapeur de tabac, époux de Julienne Poirier, né à Bourg des Comptes (Ile et Vilaine), tué par les rebelles à leur entrée dans la ville de Nantes, le 28 Vendémiaire de l'an 8 à 4 heures du matin. (2éme section, vue n°3/28).
Paul Laigneau, militaire, 22 ans, d'Agen (Lot et Garonne), mort de ses blessures à 5 heures du matin. (3ème section, vue n°2/24).
Jean Hudomme, taillandier, de Saint-Clément de Nantes, époux d'Angélique Legris, mort des suites de ses blessures reçues par les Rebelles, 44 ans. (5ème section vue n°3/25)
Jacques-Dominique Viau, tué par les insurgés, appartenant à une compagnie franche de Nantes, trouvé mort au collège, tué d'un coup de feu, officier marin, 29 ans (6ème section vue n°4/33). Un noyeur de Carrier ?
Christophe Hervé, perruquier, de Gannay sur Loire (Allier), époux de Jeanne Guillet, mort de ses blessures reçues le 28 Vendémiaire par les Rebelles, 42 ans. (vue n° 4/34, 8ème section).
Charles-François Fremont, capitaine, 1er bataillon de la Loire-Inférieure, époux de Marie-Jeanne Vreusse de Saint Saturnin de Nantes, mort de ses blessures le 28 Vendémiaire, 33 ans. (Vue n°4/29- 9ème section).
Jean-Marie Gautier, manœuvre, de Nantes, époux de Perrine Sauvage, 32 ans, tué le 28 Vendémiaire par les Rebelles. ( vue n°5/29, 9ème section).
Jean-Claude Girouard, époux de Catherine Castel, natif de Loches (Indre et Loire), 59 ans, mort de ses blessures reçues par les rebelles. (vue n°10/128, 10ème section).
Pierre-Nicolas Defacy, chef du troisième bataillon de la 14ème demi-brigade, mort des suites de ses blessures. (10ème section, vue n°11/128).
Pierre Poissonneau, cordonnier, natif de Varades, décédé des suites de ses blessures, 37 ans. (vue n°3/30, 13ème section).
Jean-Louis Dezournois, brigadier, 2ème régiment, de Saint-Germain-en-Laye, décédé des suites de ses blessures. (vue n°4/30, 13ème section).
Le 28 Vendémiaire, onze cadavres de Républicains et de Royalistes sont déposés à la Halle de Nantes parmi les quels sont reconnus Savariau et Pellerin... Michel Cuipart, juge de paix du cinquième arrondissement, officier de police judiciaire, se transporte sur les lieux et rédige un procès-verbal dont la teneur suit :
« Le trente vendémiaire an huit de la République française, à trois heures du soir, moi, Jean-Adrien Barbier, officier public ai transcrit littéralement le procès verbal dont la teneur suit :
« Extrait des minutes de la justice de paix du cinquième arrondissement de la commune de Nantes : Nantes, département de la Loire Inférieure : ce jour, vingt huit vendémiaire ; l'an huit de la République française une et indivisible, nous, François-Michel Cuipart, juge de paix du cinquième arrondissement de cette commune, et en cette qualité, officier de police judiciaire ayant avec nous, Joseph-François Rovion, greffier étant en notre greffe, rue Jean-Jacques Rousseau, numéro treize, en conséquence de l'avis à nous donné par une lettre des membres composant l'administration municipale de cette commune que plusieurs cadavres venaient d'être déposés à la halle, nous y sommes transportés de suite, à l'effet de dresser procès verbal de reconnaissance conformément à la dite lettre, où, étant, nous sommes montés au secrétariat de la garde Nationale ; et nous y avons trouvé le citoyen Petisson, concierge de la halle ; qui nous a conduit dans l'endroit où sont déposés les cadavres que nous avons vu amoncelés dans un endroit fort obscur et très réservé, entre les deux escaliers, nous avons en conséquence, pour les reconnaître plus facilement et pour en faire le signalement plus exact, mandé les citoyens Philippe Ignar, journalier, rue du Calvaire, Jean Renaudeau, charpentier de navires à l'Hermitage et Augustin Montret, journalier, rue de la Rosière, que nous avons trouvé sur la rue, qui ont transporté les cadavres dans la grande rue de la Halle, ce qui étant fait, nous avons envoyé chercher le citoyen Claude Menard, officier patenté, demeurant en cette commune, rue Contrescarpe, lequel étant survenu, et après avoir juré de se bien et fidèlement comporter dans l'opération que nous lui avons annoncé, nous avons fait la reconnaissance et le signalement des susdits cadavres, comme suit : en présence de beaucoup de citoyens qui sont venus pour les reconnaissances.
Numéro premier, un cadavre ayant un coup de feu à la région hypogastrique, vêtu d'un pantalon de drap brun mélangé, un gillet de bazin, et une chemise, le tout ensanglanté, lequel cadavre a été reconnu pour être le citoyen Bernier, rentier, rue Contrescarpe, par les citoyens Menard, officier de santé, nous accompagnant, Pelet, coiffeur du dit Bernier et Brosnais, chef de brigade de la garde Nationale.
Numéro deux, un autre cadavre, marqué d'une ancienne cicatrice, prenant de la commissure des lèvres du côté droit et s'étendant au menton, ayant un coup de feu à l'arcade sourcillère droite pénétrant dans le cerveau, vêtu d'un habit d'uniforme garde nationale, et une chemise, le tout très ensanglanté, lequel cadavre a été reconnu pour être le citoyen Pellerin, négociant, rue Contrescarpe, par les citoyens Louis Thomas et Nicolas Burgevin.
Numéro trois, un autre cadavre ayant un coup de feu à la partie supérieure du sternum et quatre coups de bayonnettes au thorax, vêtu d'une culotte de drap gris, et une chemise, le tout très ensanglanté, lequel cadavre a été reconnu pour être le citoyen Mari, frippier, rue Contrescarpe, par le citoyen François Chevalier son beau frère et Petit, coiffeur.
Numéro quatre, un autre cadavre ayant un coup de feu à l'omoplate du côté droit pénétrant dans la cavité de la poitrine, vêtu d'un pantalon de coton siam,un gillet de futaine et une chemise, le tout très ensanglanté, lequel cadavre a été reconnu pour être le citoyen Espitalier, tailleur, rue de la Fosse, par les citoyens Novion, greffier et Chevalier, frippier.
Numéro Cinq, un autre cadavre ayant un coup de feu à deux doigt au dessous du nombril, pénétrant dans la capacité du bas ventre ; vêtu d'un habit uniforme ; veste et gillet blanc, culotte de velour de coton brun rayé, bas de laine, souliers et chemise, le tout très ensanglanté, lequel cadavre a été reconnu par les citoyen Guillet, commissaire de police et Chevalier, frippier, pour être le citoyen Hubert, plumassier, quai Tourville.
Numéro six, un autre cadavre ayant un coup de feu à la partie supérieure du sternum, pénétrant dans la cavité de la poitrine ; vêtu d'un habit uniforme, d'un gillet rouge, d'une culotte noire, bas de laine, un soulier et une chemise, ayant dans ses poches, quatre cartouches, une poudrière, une bougie et quelques papiers, lesquels effets nous avons mis sous enveloppe et scellé de notre cachet, lequel cadavre a été reconnu pour être le citoyen Savariau, juge au tribunal civil de ce département, demeurant isle Feydeau, quai Lowendal, numéro premier, par les citoyens Novion, greffier, Menard officier de santé et Guittet, commissaire de police.
Numéro sept, un autre cadavre ayant un coup de feu au cartilage cricoïde et un coup de bayonnette dans la partie moyenne de la poitrine, deux autres à la tempe et à la joue gauche, vêtu d'un habit uniforme portant des galons de sergent, un gillet rouge, une culotte de velour coton gris, une paire de bas noirs, souliers, chapeau et giberne, lequel cadavre a été reconnu pour être le citoyen Thibault, cirier, Haute Grande Rue,par les citoyens Guillet commissaire de police, Chevalier frippier et Nicolas Huguet.
Numéro huit, un autre cadavre ayant un coup de feu à la trachée artère, un autre à l'aine gauche, un coup de sabre à la tête, vêtu d'une carmagnole gris fer, collet et parements de velour noir, bottines, cheveux en queue, une chemise, ayant dans les poches une liste de douze noms de guerre, un scapulaire de satin blanc ensanglanté portant une couronne brodée en soie verte, un lien de fil blanc au milieu de la couronne ; un cœur brodé en soie rouge, plus un tire bourre, la dite liste portant les noms suivants : Armand Piron caporal, la Jeunesse, Saint Georges, Chapecoquin, Verse à Boire, Châteaubriant, Passe partout, Cartouche, la Consciance, La Gayeté et la France, lequel cadavre portant sur sa carmagnole une contre épaulette en soie noire, petits boutons de métal blanc unis, de la taille de cinq pieds quatre pouces, ayant la figure ronde, cheveux châtains, nez et bouche moyenne, sans barbe et de l'âge d'environ vingt deux ans n'a été reconnu par personne (royaliste) et nous avons mis sous les scellés et enveloppe, les effets trouvés dans ses poches.
Numéro neuf, un autre cadavre ayant un coup de feu à l'oreille droite, pénétrant dans le crâne : vêtu d'un seul pantalon bleu, cheveux courts et frisés, corps et figure très maigres, nez crochu, bouche ordinaire, taille d'environ cinq pieds un pouce ayant l'air d'un homme de campagne, n'a été reconnu par personne (Royaliste).
Numéro dix, un autre cadavre ayant un coup de feu à la région hypogastrique, pénétrant dans l'abdomen, taille de cinq pieds deux pouces, né pointu, bouche moyenne, cheveux bruns en rond, vêtu d'un gillet de laine grise, boutons blancs d'os gillet d'Espagnolette blanche, pantalon de cotonnade bleu ; nous avons trouvé dans les poches un passeport n°901 du canton du Lion d'Or d'Angers, du onze germinal an sept, portant pour nom François Sansais domicilié du dit canton, profession de garçon de labourage, pour aller dans tout le département de Maine et Loire, lequel passeport nous avons mis sous enveloppe et scellé, lequel cadavre n'a été reconnu par personne (royaliste).
Numéro onze, un autre cadavre ayant même costume que le premier, n'ayant point de culotte, ayant des épaulettes de laine verte à franges, une épinglette à la boutonnière, cheveux noirs, figure ronde, de l'âge d'environ vingt et un ans, taille cinq pieds un pouce, ayant dans les poches une reconnaissance signée Lebebvre prêtre vic, un état de liquidation, un reçu signé R. Livenai, une quittance signée Terrier, lesquels papiers nous avons mis sous une enveloppe que nous avons scellé de notre cachet, lequel cadavre ayant un coup de feu au bas ventre, à quatre travers de doigts au dessous du nombril, et n'a été reconnu par personne. (Royaliste). Ce fait, nous avons payé six francs aux trois citoyens qui ont transporté les cadavres et qui se sont retirés. De tout quoi nous avons rapporté le présent procès verbal sous signatures du citoyen Menard, du greffier et la nôtre, les autres citoyens s'étant retiré pour retourner à leurs postes, les dits jour et an, signé Ménard officier de santé, Cuipart et Novion greffier. Pour expédition conforme signé Novion greffier. Fait en la maison commune de Nantes, sous mon seing les dits jour et an. »'
signé Barbier officier public (Nantes-Décès an 8 cote 1E248, vue 6).
Sources:
-Archives de la ville de Nantes, tous droits réservés. Décès de Vendémiaire an 8 des Sections de Nantes.
-Histoire de la Guerre de la Vendée – Abbé Deniau, tome V – pages 753,754 - Siraudeau, éditeur.
-Photo : de l'auteur.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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