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L'odeur des cadavres d'Outre-Loire....
« Nous serons humains quand nous serons assurés
d'être vainqueurs. »
Hérault de Séchelles*
*Marie-Jean Hérault de Séchelles, avocat, Conventionnel, petit fils présumé du maréchal de Contades...
La République massacre ses ennemis politiques : sur les soixante dix à cent mille Vendéens qui passèrent la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, le 19 octobre 1793, environ quatre mille réussirent à regagner la Vendée... Femmes, enfants, vieillards, combattants, tous furent massacrés sans pitié. Comme à leur habitude, les Républicains ne montrèrent aucune humanité ni clémence, ils salirent encore une fois leurs drapeaux dans le sang des innocents.
Des arrêtés furent pris afin de faire disparaître « la prodigieuse quantité des cadavres des Brigands de la Vendée qui ont été enterrés par monceaux et exhalent une odeur infecte... » C'est un aveu du massacre, la République reconnaît ses crimes dans ses propres écrits.
Le 23 Pluviôse an 2 (11 février 1794) :
« Le Conseil Exécutif Provisoire informé que dans les départements de la Mayenne et Loire, de la Sarthe, de la Mayenne et de la Loire Inférieure, la prodigieuse quantité des cadavres des Brigands de la Vendée qui sont tombés sous les coups des Républicains, a été ensevelie par monceaux, et n'est couverte que de très peu de terre.
Considérant que l'odeur infecte qu'ils exhalent pourraient avoir les effets les plus funestes, et qu'il est urgent de les prévenir.
Le Conseil arrête que tous les Corps Administratifs et Municipaux des départements, dont le territoire a été le théâtre de la guerre de la Vendée, feront jetter dans le plus court délai, chacun dans leur arrondissement sur les monceaux de morts qui y ont été enterrés, de la chaux vive en proportion de la quantité des cadavres et les feront couvrir de trois pieds au moins de terre.
Recommande en outre aux Conseils Administratifs et Municipaux d'instruire le plutôt possible le Ministre de l'Intérieur du résultat des mesures qu'ils auront prises pour l'exécution du présent arrêté. »
Le 23 Pluviôse an 2 :
« Rapport du Ministre de l'Intérieur au Conseil Exécutif National provisoire.
Le Conseil se rappelle les déroutes des Brigands dans le département de Maine et Loire, de la Sarthe, de la Mayenne, de la Loire Inférieure et le massacre qui en a été fait par les troupes de la République, près de Baugé, le Mans, et sur les routes qui se communiquent depuis le Mans, la Flèche, Laval, Candé et Ancenis et qui conduisent à d'autres villes environnantes.
Dans cette étendue de terrein, il existent des monceaux de cadavres sur lesquels il n'a été jetté que très peu de terre et qui exhalent déjà une odeur infecte et pestilentielle. C'est ce que vient de me marquer le Comité de surveillance du canton de Morannes district de Chateau-Neuf. Il est urgent de prévenir les effets funestes qui pourraient résulter de cette exhalaison fétide.
Je propose en conséquence au Conseil Exécutif d'adopter le projet d'arrêté ci-joint, qui sera soumis à la sanction du Comité de Salut Public, conformément à sa délibération du 13 Frimaire, arrêté qui recommande à tous les corps administratifs et municipaux des départements dont le territoire a été le théâtre de la guerre des Rebelles de la Vendée, de faire jetter sur le champ sur les cadavres ensevelis, de la chaux vive en proportion de leur quantité, et de les faire couvrir de trois pieds au moins de terre et de sable./. »
Sources :
- Archives Nationales, sous série AF II Comité de Salut Public - nivôse an2 – Frimaire an3 (Armée de l'Ouest) – AN AFII 269/10 Caen, le Havre, Brest, Saumur, Poitiers et Tours 12-23 Pluviôse an 2 correspondances des Représentants du Peuple etc... vues n°14,15,16,et 17/18.
- Photos: Les charniers du Mans de Vendéens et Chouans.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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