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Lettre de Willot à Stofflet....
Lettre de Willot à Stofflet...
La lettre de Willot à Stofflet qui suit est connue et a été reproduite par Chassin in « Les Pacifications de l’Ouest », tome III, p. 261 et 262, qui l’a reprise de Savary, tome IV, p. 104 et 105. Vous ne trouverez pas cette missive dans le fond des archives militaires de Vincennes et pour cause, car elle se trouve aux archives départementales de Vendée dans la série J (1) comme pièce isolée.
J’ai préféré conserver l’orthographe originale plutôt que les arrangements de Savary. Le document est daté du lundi 4 janvier 1796, alors que si Charette a repris la guerre, Stofflet est encore censé être en paix mais on sait qu’il reprendra les armes le 26 (2). Willot adopte un ton menaçant, craignant probablement de nouvelles opérations après une jonction de Charette avec le chef angevin.
RL
Mai 2018
« Montaigu le 14 nivose 4e année républicaine
Le général Willot commandant l’armée
A Mr Stofflet
Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, monsieur, la lettre du général Caffin qui m’instruirent (sic) de la prise de Mr Duplanti et de la réclamation que vous en faite comme négociateur de la paix avec les chouans. Le général Hoches m’a dit en me remettant le commandement qu’il croyoit que je pouvois compter sur votre bonne foi, mais il ne m’a pas instruit que vous fussiez chargé de traiter avec les ennemis de la République. Je ne puis donc prendre sur moi de mettre en liberté M. Duplanti ; mais j’ai ordonné qu’il soit traité avec tous les égards qu’il peut attendre de la générosité françoise. Sa détention ne sera pas longue puisque le général Hoches chargé du commandement des trois armées doit arriver à Saumur avant le 20 de ce mois (3). Pour peu que vous aimiez la paix ainsi que vous l’annoncez.
Cet incident ne peut vous être un prétexte pour la rompre.
J’ai reçu beaucoup de détails qui vous consernent (sic) et que s’ils étoient aprofondis pouroient faire douter de la loyauté de vos promesses ; je les ai adressée au gouvernement, qui désirant sincèrement la paix scait pardonner à des françois égarés. Mai, qui scauroit punir tous ceux qui l’ayant jurée oseroient l’enfreindre.
Vous faite de grands rassemblements pour former dit-on la garde territoriale, je ne connoi point le traité qui peut vous donner cette auttorité, il me semble cependant que pour éviter tout soupçon vousauriez du instruire le général Caffin de cette mesure.
Charette chassé du pays qu’il occupoit s’approche de vous. La conduite que vous tiendrez à son égard découvrira aux yeux de la France et de l’Europe entière (4) vos véritables intentions.
En attendant Monsieur, je vous observe. Vous n’aurez poinr à vous plaindre d’aucune mesure hostile (5) mais si vous en preniez de ce genre vous pouriez vous en repentir.
Je vous salu Willot »
Notes :
(1) Série J : archives privées entrées par « voie extraordinaire », c’est-à-dire par achat, don ou leg. La cote du document qui nous intéresse est la suivante : 1 J 1967 (consultable en ligne).
(2) On retrouvera les proclamations de Stofflet pour sa reprise d’armes aux archives militaires en SHD B 5/34-62.
(3) Savary qui donne la date de la lettre en calendrier grégorien, fait de même dans la lettre en indiquant « 10 » comme de janvier, alors que le texte original mentionne le « 20 » (nivôse) comme on le voit avec la copie du passage concerné en illustration.
(4) Savary avait omis le mot « entière ».
(5) Savary a rajouté le mot « hostile ».
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