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Par Le Loup le 31 Mai 2019 à 17:12
Les hautes vertus des soldats de la République
Le ''soldat'' républicain se comporte partout comme un voyou, le vice règne en maître dans cette armée de pouilleux (quelques exemples dans la catégorie sous-off et gradés d'encadrement).
« Commission Militaire établie au local des Sans-Culottes (Nantes).
. 23 Germinal :
. Jacques Laurent, âgé de 24 ans, originaire d'Uzès, département du Gard, sergent au premier Bataillon des Fédérés, a été condamné à 6 mois de prison, convaincu de s'être, le 22 de ce mois, présenté à la boutique de la Citoyenne Jannau, orfèvre, de lui avoir demandé à acheter une clef d'argent, et après en avoir choisi une parmi celles qu'elle lui présenta ; l'avoir mise à la chaîne de sa montre en place d'une autre clef, que la dite Jannau lui avoit vendu la veille ; et qu'il avait endommagée ; d'avoir jeté cette dernière clef sur le comptoir, en disant à la citoyenne Jannau, qu'ils étaient quittes ; d'avoir injurié et menacé la dite Jannau, et s'être refusé à payer la dite clef, d'avoir sans persmission quitté le camp des Sorinières le 21 courant pour venir à Nantes.
Du même jour :
. Elias Isler, âgé de 29 ans, originaire de Distefeld près Landau, sergent-major au bataillon de l'Union du Bas-Rhin, a été condamné à 6 mois de prison, convaincu d'avoir, le 19 de ce mois, environ les 7 heures du soir, sur la route de Chantenai arrêté le Citoyen Pierre Macé, âgé de 16 ans, gardien des bestiaux de la République, au parc de la Corserie, qui se rendait en ville ; de lui avoir, le sabre nud à la main, demandé son certificat de civisme, et après que celui-ci lui eut montré, de l'avoir traité de brigand et l'avoir menacé de lui couper le cou ; enfin de ne l'avoir relâché qu'à l'approche de deux particuliers qui survinrent ; d'avoir le même jour tenu et arrêté de la même manière et aussi le sabre nud à la main, le Citoyen Joseph Savariau, charpentier, à la Piperie et Julien Bernier arrimeur de bois, et son épouse ; enfin de s'être, le même jour, porté à la demeure du Citoyen Julien Paboeuf, menuisier ; d'avoir frappé à sa porte avec violence, d'avoir essayé de la forcer sur le refus de l'ouvrir ; de s'être répandu en menaces et propos injurieux.
Je vous laisse deviner ce que peut faire ce genre d'abruti dans une Colonne Infernale, ses camarades ne valant guère mieux...
23 Germinal :
. Philiber Berger, âgé de 23 ans, originaire de Belleville département du Rhône, caporal de la 5ème compagnie du premier Bataillon de Paris,
. Alexis Angely, âgé de 28 ans, originaire de Rifay département de la Charente, sergent de la même compagnie, l'un et l'autre convaincus de s'être, le 16 de ce mois portés sur le Citoyen Cartaneur, de l'avoir, environ les 11 heures du soir, étant au bivouac, près les Sorinières, saisi au collet, et lui avoir porté plusieurs coups de poing sur la figure, mais considérant que Berger et Angély, ne s'étaient portés à ces excès qu'à la suite d'une rixe qui s'étoit élevée entre eux et Castaneur, et après s'être mutuellement injuriés, et que d'ailleurs les accusés étoient ivres ont été déclarés excusables, (le pinard permet d'effacer les ardoises, alors que l'ivresse est une circonstance aggravante, que voulez-vous, nous sommes en République. Quand on est ''allumé'' on peut tout se permettre...) et néanmoins, pour peine de discipline, ils ont été condamnés à 8 jours de cachot. »
« Commission Militaire Etablie à Nantes, séante à Paimboeuf.
13 Germinal :
. François Michaux, âgé de 22 ans, natif de Poitiers, caporal au 4ème Bataillon de Seine-et-Marne, a été condamné à 6 ans de fers, atteint et convaincu d'avoir volé les petits boutons de l'habit du citoyen Adrien Roblin, sergent de la 3ème compagnie du dit bataillon, de lui avoir tenu des propos injurieux, et même s'être échappé de la force armée pour le frapper.»
« Commission Militaire établie au local des Sans-Culottes.
28 Germinal :
. François Héry, âgé de 34 ans, originaire du Grand-Troisseau, district de Laval, a été condamné à un mois de cachot pour peine de discipline, déclaré convaincu de s'être précédemment répandu en murmures contre des officiers, d'avoir le 20 de ce mois, sans permission quitté le camp de la Hibaudière, pour venir à Nantes où il a séjourné jusqu'au 22.
9 Floréal :
. François Lamouche, âgé de 22 ans, natif de Saint-Leu-Taverny, district de Pontoise, volontaire au 3ème Bataillon de Seine-et-Oise a été condamné à 10 ans de fers, déclaré convaincu d'avoir dans les premiers jours de Ventôse, volé chez le citoyen Domageau, chez qui il logeoit, différents linges et hardes renfermées dans une malle placée dans la chambre où il couchoit, d'avoir fait changer son billet de logement, pour se faciliter les moyens d'enlever son vol et de le cacher chez son nouvel hôte. »
Sources :
. Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés – Extrait du Portefeuille Nantais n°XXVII vues n°7 et 8/8 – et n°XXXV.
. Photos : Colonnes Infernales Novopresse-Info.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 31 Mai 2019 à 12:25
Louis Pasquier massacré le 8 Vendémiaire an IV
Nous sommes presque sous le Directoire... Et le secteur du château de la Gerbaudière au Tablier est toujours aussi dangereux pour les royalistes comme pour les Républicains. Mathurin Flandrois y est tué à l'automne 1795 par des cavaliers royalistes et enterré en lisière du bois de futaie, et aujourd'hui Louis Pasquier est massacré par l'Armée Républicaine, à l'entrée de ce même bois, le 30 septembre 1795.
Le 11 Messidor an IV (29 juin 1796), un acte de notoriété dressé au Tablier, nous informe que Louis Pasquier, laboureur est massacré par les troupes Républicaines...
«Par devant nous le nottaire soussigné et public du Département de la Vendée assisté de cy après dénommés -
Ont comparûs en personnes Jacques Martineau laboureur à la Ribardière, André Robelin cultivateur aux Jaunières et Pierre Bureau tisserand et sacristain demeurant les tous séparément commune du Tablier.
Lesquels dits Martineau et Robelin ont volontairement et librement par ces présentes déclarés, certifiés et affirmés avoir pleine connaissance de la mort du citoyen Louïs Pasquier premier mary de la citoyenne Suzanne-Véronique Gilbert, lequel fut massacré par les armées républicaines à l'entrée du bois de la Gerbaudière dite commune du Tablier, le huit Vendémiaire dernier que l'on comptoit alors trente septembre mil sept cent quatre vingt quinze à l'âge de soixante onze ans, venant d'arrenger son pressoir pour faire son vin et rentrant chez lui pour y prendre son repas.
A déclaré également le même citoyen Bureau avoir enterré le même citoyen Pasquier le lendemain dans le cimetière du dit lieu du Tablier en présence de différentes personnes de la même commune lesquelles déclarations, certificat, attestation et affirmation, la requérante la ditte Gilbert et Pierre Martineau son second mary présent et l'authorizant nous dit nottaire en présence des citoyens Pierre Jeaunet et Allexis Percot commissaire civil de la commune du Tablier leur en avons délivré le présent acte pour leur servir et valloir ce que de raison, fait et passé au bourg et commune susditte le jourd'huy onze Messidor an quatre de la République une et indivisible sous le seing de bureau, les autres parties nous ayant déclarés ne le sçavoir, de ce enquis.
Signé : Pierre Jeaunet – P Bureau – Allexis Percot – Martineau, notaire.
Minutte d'attestation de la mort de Louïs Pasquier du onze messidor an 4 – n°49. »
Louis Pasquier s'est marié le 20 janvier 1790 au Tablier, il est laboureur et fils de François Pasquier et de Jeanne Robelin. Il épouse Suzanne-Véronique Gilbert, née le 8 mars 1762 à Rosnay, fille de Jacques Gilbert et de Catherine Marionneau.
Suzanne-Véronique Gilbert épouse en secondes noces à Thorigny, le 25 mars 1796, Pierre Martineau. Elle décède au Tablier, le 8 décembre 1797.
Sources:
. Archives Départementales de la Vendée tous droits réservés. Minutes notariales le Tablier -Etude B de Maître André Martineau vue n°81/452.(1778-an VII, an XII-1825) An IV, an V.
. Registres d'état civil du Tablier et Rosnay.
. Cadastre napoléonien de 1811 du Tabier la Gerbodière - étang- 3 P 285/3 section A du bourg 2ème feuille-Bois G32 à futaie qui jouxte l'étang.
. Vue aérienne de la Gerbaudière Géoportail.
. Photo de l'auteur.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 28 Mai 2019 à 21:23
« De la Vendée aux Seychelles », le premier livre de Vincent Doré…
« De la Vendée aux Seychelles » : l'incroyable histoire de Rémy-Jean Dargent, le premier aide de camp de Charette vient de sortir.
Vincent Doré est un historien connu dans le milieu des Guerres de Vendée. Spécialiste des biographies de contemporains et de l'armée de Charette, il publie régulièrement dans la lettre de l’association « Vérité pour la Vendée », dans la revue du Souvenir Vendéen et quelquefois même ici sur ce blog.
Son histoire est un roman. Fils d’un chirurgien de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, au Sud de Nantes, rien ne prédestinait Rémy-Jean Dargent à finir ses jours aux Seychelles. Dès mars 1793, lorsque la Vendée s’embrasa, il rejoignit les rangs des royalistes et devint l’aide de camp du général vendéen Charette. En janvier 1796, il fut envoyé par ce dernier avec Suzannet en mission en Angleterre auprès des princes en exil. En janvier 1800, soupçonné par Suzannet d’avoir volé l’or de Charette, il dût alors se cacher. Embarquant à bord d’un navire corsaire, il quitta Nantes et la France. Son parcours le conduisit dans l’Océan Indien, aux Seychelles. Il y fit fortune grâce à la traite négrière et s'y maria avec la belle-fille du commandant militaire des Seychelles puis s’installa comme notaire public à Mahé. Père de sept enfants - dont cinq se marieront et s’installeront à l’Ile Maurice - (ses fils deviendront tous planteurs), il laissera une nombreuse descendance, établie de nos jours principalement à l’Ile Maurice et en Australie.
S’il existe un grand nombre de biographies consacrées à Charette, aucune - ou presque - ne mentionne le nom de Dargent. Ce dernier ne quittait pourtant jamais son général, le suivant comme son ombre. Cet ouvrage a pour ambition de mettre enfin dans la lumière ce personnage méconnu des guerres de Vendée au destin hors du commun.
Cet ouvrage de notre ami est dès maintenant disponible en France sur le site Amazon en cliquant ici :
Il sera également disponible sur le site de la FNAC d'ici quelques jours.
8 commentaires -
Par Le Loup le 27 Mai 2019 à 21:03
Un Républicain, un chêne et des glands...
En 1794 des républicains sont assaillis par des rêves étranges...
Le chêne, l'arbre symbolisant la République fournit en abondance des glands, ça nous le savions déjà ! Très adroitement, dans les passages difficiles, l'auteur n'a pas osé employer le mot gland, mais a opté pour le mot fruit mieux adapté, afin de ne pas déclencher un fou rire général...
Je vous livre cette perle, une pépite germée dans le cerveau d'un gland.
« TROIS SONGES D'UN REPUBLICAIN – Deuxième songe – Le chêne et les pourceaux ou la liberté et les Aristocrates.
« Je me rendormis et je crus voir une pépinière.
Parmi mes arbres il y avoit un jeune chêne, et ce chêne étoit couvert d'un épais feuillage, et chargé de fruits. Et je vis entrer dans la pépinière un troupeau de pourceaux qui se mirent à remuer la terre dans laquelle ce chêne étoit planté ; et le chêne fut ébranlé parce que ses racines n'étoient pas encore bien profondes ; et j'étois étonné qu'un si jeune chêne fût déjà chargé de fruits.
Or, les glands tombèrent en abondance quand les pourceaux eurent ébranlé l'arbre, et les pourceaux voyant les glands tomber comme une grèle, se jettèrent dessus et s'en rassasièrent ; et je regrettois de voir les fruits d'un si bel arbre devenir la proie de ces animaux voraces.
Alors j'entendis une voix qui me dit : bon homme! Que vois-tu? Et je répondis un chêne et des pourceaux. Et la voix ajouta : ce que tu vois est la figure de ce qui arrive dans ton pays. Le Chêne qui n'a pas encore de profondes racines, mais qui porte déjà des fruits, est l'arbre de la République nouvellement plantée en France. Les fruits dont il est couvert sont l'image des bienfaits de la liberté : les pourceaux sont les Aristocrates qui se hâtent d'étouffer les semences de la liberté, d'en dévorer les fruits, d'en ébranler les racines.
Alors je dis à la voix : que devons-nous faire? Et la voix me demanda quel est ton serment? = Vivre libre ou mourir = Eh bien ! Accomplis ta promesse. Et alors un éclat de tonnerre écrasa les pourceaux : le chêne se raffermit dans ses racines... Je m'éveillai ».
Auteur anonyme... dommage! Son nom aurait mérité d'être immortalisé.
Sources :
.Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés – Extrait de la Feuille Nantaise n°79 du 12.9.1794 – nonidi 19 frimaire l'an troisième de la République Française une et indivisible – vue : 4/4.
. Photo de l'auteur.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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Par Le Loup le 26 Mai 2019 à 18:21
Montigny, le chemin de la Croix de Pierre…
Histoire de nous changer des articles techniques, celui-ci sera consacré à une petite balade sympathique que je vous invite à faire vous aussi, du côté de Montigny, village où fut cantonné le sinistre Lachenay du 24 au 26 janvier 1794. On a toutefois que peu d’indications sur les dégâts qu’il commit dans le village, si ce n’est quelques listes établies en 1813 de propriétaires indemnisés de leurs maisons incendiées.
L’idée de la promenade du jour était basée sur le repérage de quelques croix particulièrement remarquables. En voici quelques uns :
La Croix du Carrefour des Trois Rouleaux placée à la limite des communes de Cirières et Montigny (Montigny est aujourd’hui absorbé par la Forêt-sur-Sèvre) :
Croix du Petit Moulin, non loin du château du Plessis-Bastard :
Une autre croix non loin de la Brossardière, datée de 1898 avec la mention d’une mission en 1933 :
Après avoir stationné la voiture sur la place de cette église qui connut le célèbre curé Legrand, nous voici partis dans le « Chemin de la Croix de Pierre ».
Passant devant un calvaire :
De bien curieuses choses dans ce chemin. A commencer par cette très ancienne remorque agricole, probablement coincée ici depuis fort longtemps et contenant encore du bois :
Ou encore cet autocar, qui n’emmènera plus jamais personne à Bressuire…
Comme on le voit en comparant la carte IGN de Géoportail au cadastre de 1809 (AD79, 3 P 196/4), il existait une croix de pierre et une autre de bois le long de ce chemin. Nous allons essayer de les retrouver.
Un minuscule ruisseau :
Nous approchons du carrefour et de l’emplacement de la Croix de Pierre. Un banc posé ici depuis fort longtemps, accueille les marcheurs en quête de repos, prêts à écouter le chant des oiseaux.
Bingo ! La croix est bien là !
Une inscription sur le côté indique une année. Peut-être 1733 ou 1755 ?
La balade se poursuit…
…Vers un chemin qui n’est pas sans rappeler le célèbre « Chemin des Canons » dans les Mauges :
A chaque pas, on s’attend à voir apparaître des chapeaux rabalets et à entendre un retentissant « Vive le Roy ! »
Puis le chemin arrive sur une route goudronnée où devait se situer la « Croix de Bois ». Comme il fallait s’y attendre, celle qui existait en 1809 n’est plus là et aucune autre n’en a pris la place. Nous reprenons donc notre promenade en sens inverse, heureux de constater que notre cher Bocage conserve encore bien des petits trésors d’authenticité. Des combattants vendéens sont-ils passés par ici ? Des femmes et des enfants, ont-ils fui quelque part dans ce labyrinthe de verdure ? C’est probable…
RL
Mai 2019
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