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    Arrestations en Gâtine…

     

     

    On trouve un curieux rapport aux archives militaires de Vincennes, faisant état de l’arrestation de douze personnes au château du Petit-Chêne de Mazières-en-Gâtine, ainsi qu’aux Loges de la Chapelle-Bâton. Tout part d’un bulletin analytique (1) :

    « 7 juillet 1794

    19 messidor an 2

    Le général en chef Vimeux

    A Prévigneau commandant de la place à Niort.

    Ordre de faire mettre en lieu de sureté les habitans des Loges et du Petit-Chene arrêtés conformément a une décision du représentant du peuple. 

    Voir région de l’Ouest, registre 10 page 232 n°214. »

    Comme indiqué ce bulletin analytique nous renvoie au registre de correspondance du général Vimeux entre les 27 mai et 13 juillet 1794 (2) :

     « A Prévigneau commandant de la place à Niort.

    Du 19 (messidor).

    D’après l’ordre que j’ai adressé au Général le Gros, ensuite de l’arrêté du Représentant du Peuple qui ordonne de mettre en arrestation les habitans des Loges et du Petit Chene, tu voudras bien faire mettre en lieu de sureté les douze individus habitans des dits lieux qui te seront remis par le gendarme national Beaumont commandant de la brigade résidente à Champdeniers et qui a fait la ditte arrestation.

    Signé l’adjudant général Massol. » (3)

    ***

    « A Le Gros général de brigade

    Du 20.

    J’ai reçu mon cher camarade ta lettre du 18. J’approuve que tu te sois concerté avec le général Bonnaire pour l’expédition des Loges, dont l’enlèvement ? (Illisible) doit être fait, d’après l’arrêté du répresentant du peuple. Il m’est arrivé ici bien douze individus du Petit Chene et environs que j’ai fait mettre en lieu de sureté.

    Signé le général en chef Vimeux. »

    Arrestations en Gâtine....

    Au Petit-Chêne, Jacques-Henri-René Viault de Breuillac (1754-1823) émigre. Faisant plusieurs campagnes, dont l’une comme aide de camp de son beau-père. Il sert trois ans sans un corps franc après 1793, puis dans le régiment de Waldestein, un corps anglais. Revenu en France en 1800, il restera à l’écart de la politique sous l’Empire, refusant de devenir maire de Mazières-en-Gâtine en 1813 sous prétexte de son âge et des infirmités (4).

    Arrestations en Gâtine....

    Aux Loges, Antoine-Jean-Laurent Chébrou (1726-1804), chevalier de Saint-Louis prit part en 1789 aux assemblées de la noblesse à Niort, sa ville natale. Il sera un temps emprisonné à Brouage. L’un de ses trois fils, mourut en émigration à Hambourg en 1797 (5).

    Arrestations en Gâtine....

        Photos : Pascal Vrignaud, avec l'autorisation de la propriétaire des lieux. 

    Arrestations en Gâtine....

    Arrestations en Gâtine....

    Arrestations en Gâtine....

    Arrestations en Gâtine....

    Mais qui donc fut arrêté au Petit-Chêne et aux Loges ? Et pourquoi cette « expédition » selon le terme de Vimeux ?

    RL

    Juillet 2019

     

     

     

    Notes :

     

    (1)  SHD B 5/9-73, v. 15/21, bulletin analytique seul. 

    (2)  B 5/80, v. 118/148, pièce N° 214.

    (3)  Il ne peut s’agir d’Honoré Louis Auguste Massol de Monteil (1767-1834). Ce dernier servait dans le Sud de la France et obtint, après avoir été adjudant-général, le grade de général de brigade le 23 décembre 1793, avant de devenir général de division le 22 février 1794. Qui donc est celui qui sert dans les armées de l’Ouest ?

    (4)  « La Caillerie de Secondigny », ici.

    (5)  « Dictionnaire des Familles Anciennes ou Notables », tome X, Evreux, 1911, p. 237.


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    Le salon du livre de la Durbelière…

     

    Le salon du livre de la Durbelière...

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    Pause... 

         

     

    Une petite pause pendant vos vacances pour oublier vos soucis terrestres...

     

     

    Source : 

    . Youtube. 

     

                                                             

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Nous les massacrons par milliers ! 

         

      

    Le Mans....Celui qui s'exprime ainsi est un massacreur comme les autres. Ce futur Baron de l'Empire, commandeur de la Légion d'Honneur et… Chevalier de Saint-Louis, il s'agit de Henri-Pierre Delaage Baron de Saint-Cyr.

    Voici la copie d'une lettre écrite par le Citoyen Delaage, Adjudant Général de l'Armée de l'Ouest, il ressent ''une horrible joie'' à la vue des cadavres qui jonchent la route du Mans à Laval.

    Ce personnage est habité par une jouissance sadique à la vue des corps sanglants, de femmes, d'enfants de vieillards, c'est le même état d'esprit que les généraux des Colonnes Infernales.

    La ''Virée de Galerne'' s'est terminée par un massacre.*

     

    *Les 18 et 19 octobre 1793, 80.000 à 100.000 personnes traversent la Loire à Saint-Florent. 50.000 à 70.000 ont été tués au combat ou massacrés – 4000 ont repassé la Loire, les autres trouvent refuge chez les Chouans du Nord de la Loire.

     

    «Persuadé que nos lecteurs nous sauront bon gré de leur donner la lettre très détaillée de notre brave & estimable concitoyen Delaage, nous nous empressons de l'insérer dans le présent numéro.» 

    «Copie de la lettre écrite par le Citoyen Delaage Adjudant Général de l'Armée de l'Ouest au citoyen Rabouin, président du Tribunal Criminel. » 

     

    «Laval, 25 Frimaire, l'an deux de la République française, une & indivisible. 

     

    « Ca ira, oui FOUTRE, ça ira, si l'on veut toujours mettre à la chose le zèle et l'enthousiasme républicain qui s'unit avec la prudence, depuis quelque temps, pour la destruction de nos ennemis. Depuis Angers jusqu'au Mans, la route est parsemée de cadavres ; mais dans le Mans & jusqu'à Laval, la terre en est jonchée. Je veux te donner une idée de nos succès pour te faire participer à l'horrible joie que je ressens moi même. 

    Nous croyons tous que l'ennemi en quittant Angers tenteroit le passage de la Loire à Saumur ou Tours ; nos meilleures troupes étoient disposées à s'y opposer, quand tout à coup notre cavalerie & la colonne qui avoit pris la route de la Flèche, forcèrent l'ennemi à évacuer Baugé & à se porter précipitemment sur le Mans par la Flèche. Notre armée victorieuse les talonnoit de près & le soldat brûloit de trouver enfin l'ennemi arrêté. Aux portes du Mans, sur une hauteur qui domine cette ville, l'ennemi nous attaqua en force & environ cinq mille hommes furent obligés de battre en retraite. Heureusement, pour arrêter la déroute, la colonne de l'armée de Cherbourg qui étoit en marche, rétablit le combat ; elle avoit juré de ne pas ployer & elle tînt son serment; deux fois elle chargea l'ennemi ; deux fois elle fut repoussée, enfin à la bayonnette & la cavalerie emportèrent le retranchement qui devoient rendre les ennemis inexpugnables sur un point que quinze hommes seuls pouvoient défendre. On s'acharne, on se prend au corps, on s'assassine ; enfin, on poursuit l'ennemi jusque sur la grande place, dont toute son artillerie, dirigée sur les différentes rues qui y aboutissent empêchoit que les troupes harassées ne s'en rendissent maîtresses ; on se contenta mutuellement de se fusiller dans les rues. 

    Le Mans....

      J'avois reçu l'ordre de me porter avec mon avant-garde légère, pour seconder les combattants, avec environ 600 hommes qui avoient marché tout le jour &, même la nuit jusqu'à trois heures ; on me charge de relever un poste occupé par 150 hommes. A la petite pointe du jour, l'ennemi eut, je crois, l'envie de savoir si nous étions réveillés ; nous reçûmes la visite avec trois coups de canon de huit, à mitraille. 

     Cette réponse fut suivie d'une charge générale, battue à tous les postes. Dans un quart d'heure, les fenêtres, les portes, tout est enfoncé ; à mon attaque sur la gauche, nous prîmes 2 pièces de canon ; alors l'ennemi ne tînt plus, et commença la boucherie, nous comblâmes de corps entassés, les fossés des retranchements de l'ennemi ; la fureur du soldat étoit à son comble & bientôt la ville fut purgée de cette horde barbare. 

    Le Mans....

    Sur la route, les brigands furent massacrés par milliers ; mes chasseurs s'écartèrent à droite et à gauche dans les champs, dans les bois & les tuoient par centaines, ils firent mine quelquefois de se rallier, mais l'artillerie & la cavalerie les coupoient de toutes parts ; enfin, le nombre de morts est si considérable que je puis t'assurer qu'il a été tué un tiers plus de monde à cette affaire, qu'à la bataille de Jemmapes. 

    Tous mes soldats sont cousus d'or, d'argent et de papiers ; ils étoient tellement animés qu'ils ont poursuivi l'ennemi pendant près de dix lieues & nous étions tellement dispersés que, près une chaumière, où excédés de fatigue, nous nous étions retirés quatre à cinq, il a couché trois brigands, conduits au même endroit par les mêmes besoins ; nous ne l'avons appris qu'au matin ; & tu peux croire ce qu'il en est arrivé. Les municipalités se sont armées et font la chasse. 

    Je n'ai jamais vu une déconfiture comme celle des prêtres, j'en aurois compté jusqu'à 200. Un chasseur du premier bataillon républicain, sergent dans ma brigade, étant écarté dans les champs, fait rencontre d'un officier, habit vert, chevalier de S.Louis ; il fonce sur lui à coups de sabre ; l'autre tire son épée, mais notre républicain lui plonge son arme dans le cœur et lui arrache sa croix ; je l'ai présenté aujourd'hui aux représentants du peuple qui vont le faire capitaine, un autre sergent va aussi, par ma recommandation, être fait officier. Salut,&c.» 

     

    Henri-Pierre Delaage, baron de Saint-Cyr, est né le 23 janvier 1766 à Angers. Il est le fils de Jean-Pierre-Germain Delaage directeur de l'économat du Diocèse d'Angers et de Marie-Henriette Esnault. Il s'est marié le 3 mars 1796 à Angers avec Marie-Madeleine-Julie Lemonnier. Il décède dans cette même ville le 22 décembre 1840 (Les 33 pièces de son dossier militaire sont consultables aux archives Nationales : Dossier LH/693/56).

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Affiches d'Angers n°195 – Vendredi 20 décembre 1793 – 30 Frimaire an 2 - vue n°22/35. -registres d'état civil et registres paroissiaux années 1766, 1796, 1840.

    . Archives Nationales – Base Leonore – dossier LH/693/56 – 33 pièces. 

    . Photo : La bataille du Mans de Jean Sorieul 1852 – Les charniers du Mans tirés de Vendéens et Chouans. 

     

                                                               

     

     X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Tout signe de superstition doit disparaître… 

         

     

     

    Harangue avinée....Harangue avinée d'un révolutionnaire de faubourg au sortir d'un comité révolutionnaire bien arrosé ? Ou bien discours démagogique d'un Monsieur ''propre sur lui'' sortant d'un banquet maçonnique et ayant bu quelques ''canons*'' ?

    *Un verre en langage maçonnique. 

     

    Monsieur Jean-François-Xavier de Ménard est noble, et comme beaucoup de l'aristocratie, il s'est empressé de retourner sa veste et sa culotte en 1789, quand ça a commencé à ''camphrer''*. Il est donc passé à l'ennemi.

    *''Chauffer''. 

     

    Voici donc la proclamation du Citoyen Ménard, commandant de la place des Ponts-de-Cé en Juillet 1794.

     

    «Proclamation du Citoyen Ménard, commandant de la place des Ponts-Libres (Ponts-de-Cé), du 9 Thermidor ». 

       

    « Le commandant de la place des Ponts-Libres, instruit que les citoyens conservent dans leurs maisons toute espèce de signes du fanatisme, tels que crucifix, image d'une prétendue vierge, images de ci-devant saints, bénitiers etc... 

    Surpris que des hommes qui se disent républicains restent toujours attachés aux choses inventées par le despotisme pour contenir le peuple dans une esclave soumission, 

    Voulant faire cesser une contradiction aussi scandaleuse, faire disparaître de leurs yeux des objets nuisibles à l'établissement de la véritable vertu dans leurs cœurs, & mettre les esprits sur la voie de l'énergie républicaine. 

    Ordonne à tous les habitants des Ponts-Libres de porter dans les 24 heures, chez lui, tous les signes de superstition ci-dessus énoncés, qu'ils auraient dû sacrifier plutôt à la raison, lesquels seront, demain jour de décade, brûlés au pied de l'arbre de la Liberté. 

    Passé ce délais, les personnes dénoncées & reconnues dans les visites domiciliaires les avoir conservés, seront réputées, à juste raison, des êtres fanatiques, indignes du glorieux titre de républicains, & par conséquant, mauvais citoyens.   

    Le Commandant de la Place – signé Ménard. » 

     

    Jean-François-Xavier de Ménard est né à Sumène dans le Gard le 9 septembre 1756. Il est le fils de Jean de Ménard, Conseiller auditeur à la cour souveraine des aides et finances de Montpellier. Et de Jeanne d'Abbès de Courberon. Il épouse à Sumène, le 29 juillet 1777, sa cousine Eulalie, Catherine, Jeanne de Boisserolles.

    En 1793-1794 il est capitaine au 78ème régiment d'infanterie à l'Armée du Nord. Comme Liger-Belair de l'Armée du Nord, il fait les campagnes de 1793 et 1794 aux Armées de l'Ouest et est amalgamé aux Colonnes Infernales. Il devient aide de camp du général Jacques-Olivier Desclozeaux, commandant temporaire à Angers, le 24 juillet 1794.

    Il fait campagne en Espagne et au Portugal, et termine sa carrière comme Maréchal de Camp en 1831 et grand officier de la légion d'honneur. C'est à Villiers-le-Bel qu'il décède, le 19 juin 1831.                                

     

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Affiches d'Angers n°107 – Mercredi 30 juillet 1794 – 12 Thermidor an 2 – vue n°30/31. 

    . Jean-François-Xavier de Ménard – Wikipédia. 

    . Photo : de l'auteur. 

                    

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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