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    « Westermanneries-Fourrières » ou les délires d’une association…

     

     

    Le président du Souvenir Chouan de Bretagne publie sur son blog une mise en garde contre une pseudo association qui après avoir eu le projet loufoque de faire rapatrier les ossements des charniers du Mans dans une église du Sud-Vendée (en plein pays bleu !), distille désormais une foule d'âneries historiques et va jusqu'à signer ses mails d'une sorte le logo imitant un insigne militaire. En regardant le site de ce mouvement, on est saisi par un fou rire devant les titres dont s’affuble son responsable, tout à tour « chancellier » (avec deux « l »), connétable, historien ! Parmi les montagnes d’âneries présentées, on y découvre que c’est Sapinaud de la Rairie qui fut tué à la bataille du Pont-Charron, tandis que l’on y voit un portrait de lui produit sous la Restauration ! Le tout, cousu de fautes d’orthographes, semble être rédigé par un élève de CM2.

    On voit suffisamment de sottises sur les réseaux sociaux concernant les Guerres de l’Ouest, pour ne pas laisser tomber les débutants dans les fausses informations, et ainsi prendre pour argent comptant, des dates ou des faits, totalement mélangés ou incompris par quelqu’un qui s’agite beaucoup mais n’a probablement pas lu un seul livre sur le sujet et encore moins franchi la porte d’une salle d’archives.

    Lassé par les mails incessants de l’individu en question, le président du SCB a donc publié un rectificatif concernant la dernière ânerie produite par le sus-mentionné. Au regard des informations qu’on y trouve, vous n’aurez pas de peine à découvrir ce blog, certes hilarant, mais qui malheureusement fait honte et décrédibilise les travaux les plus sérieux sur le sujet, faisant passer du même coup, les défenseurs de la cause vendéenne pour de parfaits abrutis.

    Le lien vers le communiqué du SCB ICI.

     

    RL

    Août 2019

     

    "Westermanneries-Fourrières" ou les délires d'une association....

     

      


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    Commission Militaire d'Angers… 

         

     

    Commission Militaire d'Angers....« Département de Maine et Loire

     

    Commission Militaire.     

     

    La Commission Militaire, séant actuellement à Angers, a condamné à mort, le 8ème jour de la première décade du deuxième mois de l'an second de la république française, une & indivisible : 

     

    Jean-Michel Langevin, ci-devant curé de Briollay, atteint & convaincu, 

    1° d'avoir eu des intelligences avec les brigands de la Vendée ; 

    2° d'avoir prêché hautement la contre-révolution, l'assassinat des patriotes & leur inhumation dans le sable ; 

    3° d'avoir provoqué au rétablissement de la royauté, & à la destruction de la république française. 

     

           Jean-Michel Langevin est né le 28 septembre 1731 à Ingrandes-sur-Loire. Il est le fils «d'honorable homme Urbain Langevin, marchand boulanger et de Demoiselle Anne Lacoudre.» Il a été guillotiné le 30 octobre 1793, place du Ralliement à Angers.

     

    Commission Militaire d'Angers....

    Le lendemain, la même Commission militaire a condamné à mort : 

     

    Jean-Baptiste-Antoine Lahaye dit des Hommes, ci-devant noble, atteint & convaincu ; 

    1° d'avoir eu des intelligences avec les brigands de la Vendée, 

    2° d'avoir arboré la cocarde blanche & porté la croix du ci-devant ordre de s. Louis, 

    3° d'avoir sollicité le paiement d'armes vendues aux rebelles pour s'en servir contre les défenseurs de la patrie, 

    4° d'avoir provoqué au rétablissement de la royauté, & à la destruction de la liberté du peuple français. 

     

    Jean-Baptiste-Antoine de la Haye Montbault, chevalier, seigneur des Hommes, près Coron en Anjou, né à Poitiers, le 11 juillet 1725. Il avait fait la guerre de Sept ans, comme capitaine au régiment de Flamarens ; couvert de blessures, il avait reçu la Croix de Saint-Louis – fait prisonnier en juin 1793, il fut délivré à Angers par les Vendéens. Repris à Mozé, près les Ponts-de-Cé, il fut emmené à Angers et exécuté le 30 octobre 1793.

     

    « Le même jour, a aussi été condamné à mort : 

     

    Victor Bodi, ci-devant juge au tribunal du district d'Angers, atteint & convaincu  ; 

    1° d'avoir eu des intelligences avec les brigands de la Vendée. 

    2° d'avoir fait partie de leur conseil supérieur à Châtillon & d'avoir signé plusieurs arrêtés pris dans le dit conseil, ainsi que plusieurs assignats républicains au nom d'un prétendu Louis XVII. 

    3° d'avoir provoqué au rétablissement de la royauté & à la destruction de la république française.» 

     

    « Bodi Victor, avocat, puis juge au tribunal du district d'Angers, né à Maulévrier en 1750. Il est à remarque que dans les registres de la Commission Militaire (archives de M et L 81 L I), le nom est écrit Body, qui semble la véritable graphie. Port l'ayant écrit avec un i, nous laissons l'article à son rang alphabétique.

    Après avoir obtenu son grade de licencié en droit à Angers, Victor Bodi devînt avocat au Parlement de Paris en 1776, puis acquit un office de procureur à Angers en 1778. Bodi entre en conflit avec l'ordre des avocats, quand il voulut en 1781 se faire inscrire au barreau de la ville, après avoir vendu son office. Les avocats lui refusaient l'inscription, sous prétexte qu'un de ses cousins germains avait été supplicié pour vol en 1755. Bodi démontra devant les tribunaux l'inanité de l'accusation, et obtînt par arrêt, son inscription.

    Très estimé de ses concitoyens, membre depuis 1786 de la Loge du Tendre Accueil, il fut, en 1787 député à l'Assemblée Provinciale d'Anjou et membre de la Commission Intermédiaire, où ilparaît avoir joué un rôle assez important.

    Au moment de la réunion des Etats Généraux, royaliste fervent, il seconda le comte de Serrant pour la rédaction de diverses brochures et libellés et publia en particulier un ''Avis au Tiers-Etat de la province d'Anjou''.

    Après s'être retiré quelque temps à Maulévrier, il revînt à Angers et fut nommé juge au tribunal de police près le district.Après l'entrée des Vendéens en juin 1793, il les accompagna et fut désigné comme membre du Conseil Supérieur à Châtillon. Il s'est toujours défendu par la suite d'y avoir siégé de son plein gré, et prétentit même qu'il avait été enlevé par des cavaliers. Il occupa toutefois les fonctions de secrétaire. Arrêté aux Ponts-de-Cé après la dispersion des Vendéens, comme il revenait de Châtillon vers Angers, il fut traduit devant la Commission militaire le 26 octobre 1793. Il y donna quelques précisions intéressantes sur l'organisation du Conseil Supérieur de Châtillon, protesta qu'il avait toujours été contraint par la violence, ce qui ne l'empêcha pas d'être condamné à mort le 30 octobre, pour avoir eu des intelligences avec les brigands de la Vendée et fait partie de leur Conseil Supérieur. Il fut exécuté le jour même, 30 octobre à 4 heures du soir, sur la place du Ralliement. Victor Bodi avait alors 40 ans, l'abbé Gruget, curé de la Trinité, a fait son éloge.

     

    « Le même jour, a été condamné à mort : 

     

    Michel-Laurent Falloux dit Dulis, ci-devant noble, gendarme de la Garde de Capet, décoré de la croix du ci-devant ordre de s. Louis & natif de la ville d'Angers, atteint & convaincu ; 

    1° d'avoir eu des intelligences avec les brigands de la Vendée ; 

    2° d'avoir arboré la cocarde blanche, & s'être décoré de la croix du ci-devant ordre de s. Louis ; 

    3° d'avoir suivi les révoltés dans leur marche contre-révolutionnaire. 

    4° d'avoir provoqué au rétablissement de la royauté, & à l'anéantissement de la république française. 

     

    Les dits jugements ont été éxécutés dans les 24 heures. » 

     

    Michel-Laurent de Falloux du Lys est né le 25 octobre 1731 à Angers et a été guillotiné le 30 octobre 1793 place du Ralliement. Colonel - Lieutenant des Gardes Suisses de Msg le Comte d'Artois. Il est le fils de Michel-René de Falloux du Lys, Ecuyer- Conseiller du Roi -lieutenant en la Sénéchaussée d'Anjou, et de Marie-Jeanne Girault de Mozé. Il s'est marié le 12 septembre 1773 à Mezeaux (Vienne) avec Marie-Suzanne Poussineau de la Mothe. 

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Affiches d'Angers n°169 – 2ème jour de la 2ème décade du 2ème mois de l'an 2 – samedi 2 novembre 1793. - vue n°3/38. 

    . Registre d'état civil d'Ingrandes sur Loire, vue n°14/105. Jean-Michel Langevin. 

    . de la Haye Montbault des Hommes – extrait de Cathelineau généralissime de la grande Armée Catholique et Royale de l'abbé Eugène Bossard édité en 1893, page 19. 

    . Dictionnaire Historique, géographique et biographique de Maine et loire Tome I de Célestin Port, page 391.Victor Body - Bodi. 

    . Généanet. famille Falloux du Lys. 

    . Photos : 

    . Jean-Michel Langevin, curé -1774-1791 extraite de Généanet. 

                      

                                                                 

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    La colonne infernale N°1, 2ème partie…

     

     

    1ère partie ici.

      

     

    Le 25 janvier 1794, Prévignaud écrit à Turreau depuis la Châtaigneraie :

    « Je te préviens que j’ai brûlé, dans ma route, deux maisons appartenant à des chefs de brigands. J’ai mis les subsistances que j’y ai trouvées entre les mains des officiers municipaux de Breuil-Barret.

    La garde nationale de Moncoutant, qui a servi plusieurs fois sous mes ordres, est venue à ma rencontre me demander, au nom de l’amitié que tu portes aux défenseurs de la patrie, d’exempter leur bourg des flammes. Il est à la connaissance de Duval et à la mienne, que ces braves républicains n’ont cessé de se battre contre les brigands. Ils ont même formé une petite cavalerie pour aller à la découverte ; le fait est connu de toutes les autorités constituées de leur département. »

     

    Le 26 janvier :

    « Je te préviens, général, que je suis arrivé à Vouvant, à deux heures de l’après midi. Les chemins, qui sont très-mauvais, m’ôtent la liberté de remplir tous mes projets. J’ai été forcé, pour épargner les subsistances, de passer dans plusieurs métairies sans y mettre le feu. J’ai fait partir ce matin de la Châtaigneraie une colonne de trois cents hommes avec vingt gendarmes, pour fouiller la forêt de Chantemerle. Je serai demain à la Caillère, où j’attendrai tes ordres. »

     

    Le lendemain 27, Prévignaud est effectivement à la Caillère :

    « Je te préviens que je suis arrivé ici à cinq heures du soir. Je n’ai pu rien brûler, en me rendant de Vouvant à la Caillère. J’ai fait cerner un village où je savais qu’il y avait quinze brigands armés, ils ont été tués. J’ai pris dans un ci-devant château cinq jumens que je fais partir pour Niort où j’ai envoyé ce matin douze charretées de blé. »

    Le 28 janvier :

    « J’ai fait entourer aujourd’hui le ci-devant château de Saint-Sulpice (en-Pareds) où s’étaient réfugiés dix-huit brigands qui ont mordu la poussière. Je n’ai pu faire ôter que les grains ; le feu a été mis au château, à l’exception des granges où sont les fourrages. Je manque de charrettes pour faire enlever les effets, que je fais ôter des maisons que je brûle. »

    La colonne infernale N°1, 2ème partie....

    Collection des AD85, 1 Num 20 2/271.

     

    Contrairement à ce qui est écrit sur Wikipedia, c’est bien Prévignaud qui passe à Saint-Sulpice et non Dufour qui est dans le pays de Charette à cette époque. Wikipedia cite également comme tué le notaire Blaizot, qui mourut en 1799 ! L’intendant du château aurait été lui tué en même temps que les 18 Vendéens cités ci-dessus.

     

    «  Je cernerai demain matin le bourg de Bazoges (Bazoges-en-Pareds) habité par des brigands qui sont de retour de l’armée de Charette ; j’espère qu’ils ne m’échapperont pas. »

     

    Effectivement, le 27 janvier, avait lieu un massacre au château de Pulteau, au Sud de Bazoges-en-Pareds. Voici le témoignage de Loyau, habitant du château de Pulteau (1) : 

    « Je déclare qu'étant depuis quelques jours avec ma femme et une de mes nièces à ma maison de Putteaux, Commune de Besoges, District de la Châtaigneraie, j'ai eu connoissance le 8 Pluviôse qu'une colonne de l'armée républicaine étoit arrivée à la Châteigneraye, que delà elle devoit se porter à la Caille (la Caillère), chef-lieu de Canton, à trois quarts de lieues de la maison de Putteaux . Bien persuadé qu'un patriote n'avoit rien à craindre l'armée, jallai le lendemain, jour de la décade, sur les neuf heures du matin ; j'entends dans le village dont ma maison fait partie le bruit des chevaux ; à ce bruit je sors dans ma cour et je m'avance pour aller au-devant de l'armée. Le Ier cavalier qui m'apperçoit brûle deux amorces sur moi ; je lui dis que je suis patriote et que les armes républicaines ne doivent être tournées que contre les ennemis de la chose publique ; je vais alors parler à un chef qui n'étoit pas encore dans ma cour ; le cavalier que je venois de quitter apperçoit dans la cour ma femme et ma nièce ; il va sur elles le pistolet à la main et leur demande le porte-feuille ; je rentre dans la cour qui, quoique grande se trouve remplie par la cavalerie et plusieurs volontaires ; je fus consigné dans ma maison avec ma femme et ma nièce ; un officier m'arracha une montre et mon porte-feuille, et le pillage le plus horrible eut lieu. Ce que les brigands n'avoient pas emporté, les patriotes l'enlevèrent. L'armée qui avoit investi le village et qui s'étoit portée dans les villages voisins, s'étoit emparée de plusieurs habitans. Ces habitans furent fusillés sans forme de procès ; 27 périrent dans ma cour. Dans ce nombre des hommes tranquilles furent sacrifiés. Les membres de la commission municipale coururent les plus grands dangers ; ils furent traités de brigands, et pillés comme tels. 

      

    A Fontenay, le 28 Août, l'an deuxième de la République française, une et indivisible. 

    Signé : Loyau. »

    La colonne infernale N°1, 2ème partie....

     

    Le 29 janvier 1794, toujours de la Caillère :

    « L’ordre que tu me donnes de me rendre à Pouzauges, va m’empêcher de purger totalement ce pays. Si tu pouvais me laisser quelques jours à la Caillère, j’aurais le temps de tout brûler. Je ne peux pas abandonner tout d’un coup les subistances que j’ai ici ; cependant si, malgré ces observations, tu crois que ma colonne soit plus utile à Pouzauges  que là où elle est cantonnée, je partirai de suite : j’attends ta réponse. »

     

    Après plusieurs jours sans nouvelles de Prévignaud, du moins si l’on se fie aux correspondances retranscrites par Savary, le voici qui réapparaît le 3 février 1794. Il est à Chantonnay, après avoir tenté une expédition malheureuse aux Essarts au même moment où Grignon et Lachenay se faisaient écharper par Charette et Sapinaud à la Chapelle de Chauché. Il écrit :

    « Citoyen général, je te dois compte de ma conduite, la voici : dans tous les endroits où je suis passé, j’ai brûlé toutes les maisons où il n’y avait aucunes subsistances ; j’ai fait passer à Fontenay cent douze charretées de grains, ainsi que des bestiaux.

    Grignon me donna l’ordre de partir pour les Essarts, j’y arrivai deux heures avant sa colonne de gauche. Ma troupe ne fut pas tôt rendue que Grignon écrivit à son adjoint de la lui envoyer ; il ne me resta plus que quarante pionniers et trente gendarmes.

    Le 2, il plut à l’adjoint d’aller dans les villages voisins des Essarts pour les brûler ; il emmena avec lui les trois quarts de la garnison, je restai à garder le poste pendant son absence.

    Lachenaye reçut dans ce moment de Grignon l’ordre de se rendre se suite à Chauché pour débusquer des brigands qui étaient dans ce village, d’y mettre le feu et de retourner à son poste. Quelle ne fût pas ma surprise, lorsqu’on vint me dire, sur les cinq heures du soir, que les brigands me cernaient… J’envoyai de suite à la découverte onze chasseurs que j’avais : ils rentrèrent bientôt en me confirmant ce qu’on m’avait dit.

    Lachenaye m’avait laissé pour toute force cent quarante deux hommes d’infanterie et vingt de cavalerie ; ce peu de force me fit prendre le parti de me replier sur Saint-Vincent. J’appris en route que Lachenaye avait éprouvé une déroute et qu’il en était arrivé autant à une colonne de Grignon.

    J’ai vu Dutruy et Dufour aux Essarts le 1er ; ils s’y arrêtèrent un instant et me dirent qu’il n’existait plus d’ennemis ; cependant tous les soldats qui l’ont vu dans cette dernière affaire m’ont dit qu’il était en très-grand nombre. »

    Turreau, lui, ne voit pas les choses de la même façon. Il écrit au ministre de la guerre Bouchotte le 3 février depuis Montaigu pour tenter de justifier ses échecs et de dénoncer par là même ses propres subordonnés. Extrait :

    « Le citoyen Prévignaud, adjoint au général Duval, avait reçu de moi l’ordre de joindre sa colonne à celle du général Grignon et avait différé ce mouvement. L’officier qui commandait une des colonnes a attaqué beaucoup plus tard que ne portait l’ordre du général Grignon ; voilà la cause de cet événement. J’ai mandé ces deux officiers pour me rendre compte de leur conduite et je les livrerai à la commission militaire. »

     

    Le 6 février, c’est Duval, toujours à Niort, qui écrit à Turreau :

    « Je crois, général, devoir te prévenir que tes ordres ne sont pas partout bien exécutés. Je suis instruit qu’au lieu d’enlever les subsistances, on les brûle, notamment dans les communes aux environs de la Forêt (-sur-Sèvre), où il en a été brûlé, à ce qu’on m’assure, plus de deux mille tonneaux, sans qu’on ait fait passer sur les derrières un seul grain.

    La société populaire de Fontenay me demande de la troupe pour sa défense. Il est bien constant que la force qui est dans ses murs est de très-peu de chose et qui si un parti de brigands se jetait par là, il ravagerait pour la quatrième fois cette malheureuse ville qui de tout temps a donné des preuves du plus grand patriotisme. Je n’ai point de troupes à ma disposition et quand bien même j’en aurais, je ne puis en disposer sans tes ordres. »

     

    Puis le 15 février, Prévignaud réapparaît. Il écrit à Turreau depuis Niort :

    « Lorsque je serai en état de monter à cheval ou en voiture, j’irai partout tu le jugeras à propos pour justifier ma conduite sur ce qui s’est passé aux Essarts.

    Je ne cesserai de le répéter ; on m’en a voulu du moment que j’ai dit ce que je pensais de la manière dont on faisait la guerre dans ce pays-ci. J’ai vu avec douleur que les colonnes de Grignon massacraient tout indistinctement. Pères, mères, enfans, tout a été détruit. Cette conduite a grossi l’armée de Charrette. Les patriotes ont été forcés de se mêler avec les brigands. Ce n’était sans doute pas ton intention.

    Il y a près de deux ans que je fais la guerre aux brigands et je l’ai faite de manière à mériter l’estime de tous les généraux qui m’ont commandé. »

     

    On sent bien que Prévignaud n’avait pas tout saisi des ordres de son général en chef. Pourtant, on ne peut que lui donner raison et c’était d’ailleurs l’avis de la Société Populaire de Niort qui s’exprimait comme suit dans un rapport présenté par Louis-Prosper Lofficial, député des Deux-Sèvres, à la Convention le 8 vendémaire an III (29 septembre 1794) et composé le 21 fructidor an II (7 septembre 1794) :

    « La terreur et l'épouvante précèdent les colonnes révolutionnaires. Au lieu de détruire les brigands, elles en créent de nouveaux et les multiplient avec une prodigieuse activité. Tant d'excès et d'attentats révoltent tous les esprits, ulcèrent tous les coeurs. Chacun court aux armes et jure de venger sa femme, ses enfants, et de se venger soi-même. C'est ainsi que le défaut de confiance dans nos proclamations trompeuses, le désespoir et la crainte de périr de misère, font tout à coup une armée nombreuse à Charette, qui s'écrie avec l'étonnement d'un homme qui passe de la mort à la vie : Tel jour, ma femme est accouchée de quinze mille hommes ! »

     

    Ce rapport de la Société Populaire de Niort témoigne d’une rare lucidité…

     

    RL

    Août 2019

     

    Note :

    (1)  Lequinio, op. cit. p. 79 à 81.

     

      

     


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    PARIS – SAINT –MAIXENT : LA GUERRE DE VENDEE

    2EME PARTIE

     

    Première partie ici.

    Paris - Saint-Maixent, la Guerre de Vendée (2)....

     

    Reprise de la correspondance du Conventionnel Jean-Philippe Garran de Coulon à son frère François Garran de Balzan.

    Paris - Saint-Maixent, la Guerre de Vendée (2)....

     

    Ses lettres permettent de comprendre la permanence de son comportement à l’égard de la Vendée. L’attitude de Jean-Philippe Garran s’explique aussi par les nouvelles qu’il reçoit de St Maixent, et les réponses que lui fait son frère nous en indiquent la teneur.

    De 1793 à 1800, François Garran, comme la plupart de ses compatriotes à peur pour lui et sa famille. Il craint l’arrivée des Vendéens.

    D’autres articles auraient été nécessaires pour vous communiquer  tout le contenu  de ces échanges, j’ai sélectionné les principaux, à suivre.

     

    LA CORRESPONDANCE, suite des extraits.

     

     

    17 août 1793

    « On annonce dans ce moment ci, dans diverses parties de la salle qu’on a remporté à Luçon une grande victoire contre les rebelles ; le courrier vient dit-on d’arriver et la lettre est entre les mains du président (1). Ce qu’il y a de certain, c’est qu’on a eu sur eux un avantage dans une attaque qu’ils ont formée le 10 au Château d’Aux vis-à-vis de Nantes de l’autre côté de la Loire (2). Une grande partie de la garnison de Mayence doit passer le 19 à Orléans et elle sera bientôt à Tours... »

    22 août 1793 

    « Nous n’avons point reçu, mon cher ami, la nouvelle d’une victoire aussi grande que celle dont tu me parles du côté de Saumur, mais seulement de divers avantages que les républicains y ont mis contre les rebelles. Quant à celle qu’on a remportée à Luçon, nous en avons reçu l’annonce deux jours après. J’espère que cette révolte sera bientôt terminée par les Mayençais qui doivent être à présent près de Tours (3)... »

    10 septembre 1793

    « On nous a hier annoncé à la Convention une nouvelle victoire remportée sur les rebelles près de Nantes (4). Vous êtes sans doute aussi instruit et probablement elle accélèrera la destruction de tous leurs rassemblements par l’exécution du plan qu’on a formé pour cela... ».

    14 septembre 1793

    « Nous avons de bonnes nouvelles soit d’hier soit d’aujourd’hui de Nantes, de Saumur et comme tu le sais sans doute des armées du Nord. Nous nous sommes aussi emparés des gorges d’Ollioules près de Toulon (5)...».

    5 octobre 1793

    « ...Il faut espérer que les nouvelles mesures que l’on a prises pour l’armée de l’Ouest et surtout son unité, procureront enfin les avantages si longtemps attendus. On nous a bien annoncé mais un peu tard les pertes que les armées de la R.P. ont éprouvées de ce côté-là. L’armée de Mayence, comme on nous l’a appris hier, marche sur Mortagne après avoir repris Montaigu et Clisson (6)… ».

    8 novembre 1793

    « ...Il n’y a point d’autres nouvelles que la prise de Laval (7) par les rebelles. Il est surprenant et fâcheux que les patriotes de ce département ne se soient pas réunis pour les mettre entre deux feux et achever de les disperser. Il faut espérer qu’on les poursuivra vivement. »

     

    20 nivôse, l’an II (9 janvier 1794)

    « ...Nous avons hier reçu la nouvelle de la prise de Noirmoutier. Ainsi, voilà la Vendée véritablement finie (8).

    4 mars 1794

    « …Je suis bien fâché des nouvelles inquiétudes que vous causent les rebelles. C’est par oubli que je ne t’ai pas mandé plutôt que c’était toi qui avais raison sur la prise de Cholet (9). J’avais mal entendu ce qui nous avait été lu à cet égard à la Convention. Il ne faut pas néanmoins s’alarmer. Car tout le mal qu’ils ont fait a été préparé par les terreurs paniques qu’ils ont eu soin de faire répandre... »

    25 mars 1794

    « J’ai oublié au dernier courrier de te marquer que Goupilleau m’avait dit que les rebelles avaient été battus et avaient perdu 500 hommes près Montaigu, je crois. Il ne parait avoir aucune inquiétude sur les restes de ces brigands non plus que plusieurs de nos collègues à qui j’en ai parlé... ».

    21 août 1794

    « Ta dernière lettre, mon ami, m’a fait beaucoup de plaisir en m’apprenant la déroute des rebelles à la Chataigneraie qui leur donnera sans doute une si bonne leçon qu’ils n’oseront plus revenir ni là, ni dans votre voisinage (10). L’exemple fait sur les volontaires qui ont fui lâchement, en répandant de mauvaises nouvelles, empêchera aussi probablement qu’on ne vienne perpétuellement vous alarmer. Les restes de guerre ne peuvent effectivement inquiéter qui sont très voisins des brigands, et j’espère même que ceux d’entre eux qui n’étaient pas menés par les autres, profiteront de l’amnistie dont tu m’as parlé, et qui me parait si humaine, qu’il me faudrait bien des raisons pour la trouver impolitique. Au reste, le C. Le Brun m’a assuré qu’il avait passé par Orléans une partie considérable de l’armée de la Vendée qui allait rejoindre celle du Nord, dans laquelle elle va se fondre à ce qu’il parait. Ils y verront de bons exemples, et des officiers qui ne se sont pas comportés comme la plupart de ceux qui les ont alternativement commandés. Le Brun (11) porte à 30 000 hommes au moins les troupes qui sont ainsi passées, et qui vont augmenter la force de cette armée victorieuse. Il n’y a point eu des nouvelles hier, et l’on n’en annonce pas encore aujourd’hui. Mais on m’a parlé dès il y a 3 jours d’une insurrection à Amsterdam d’où le stathouder était parti. Comme cette nouvelle ne se confirme pas, je conclus qu’elle est au moins prématurée... »

     

    30 septembre 1794

    « Divers officiers généraux de l’armée de la Vendée ont hier été décrétés d’accusation (12)... »

     

    4 ventôse, l’an III (22 février 1795)

    « ...Lefebvre la Chauvière, (13) notre collègue de Nantes, annonçait hier une lettre où on lui disait que la paix avec Charette était effectivement conclue. Mais cette lettre était du 25 pluviôse et j’en ai vu une du 26 écrite par un membre de la municipalité de Nantes, qui nous indiquait que des espérances et rien encore d’arrêté. Comme on est en mesure de bien se battre et qu’on est disposé à leur accorder tout ce qui est juste, il est à croire que la guerre de Vendée ne se renouvellera pas. On doit présenter incessamment à la Convention un projet de décret pour la liberté des cultes... »

    24 février 1795

    « Il est certain mon ami (comme tu le sais probablement et surtout comme je pense que tu le sauras quand tu recevras cette lettre) que la paix est faite avec les rebelles de la Vendée, du moins avec Charette et les principaux d’entre  eux (14). Ils ont remis leurs armes, se sont rendus à Nantes, criant vive la R.P ont été au spectacle avec les patriotes (15). La ville a été illuminée. C’est ce qu’annoncent une quantité de lettres de Nantes. On dit seulement que Stofflet n’est pas du nombre. Il est heureux que le décret sur la liberté des cultes ait été rendu avant les nouvelles parce qu’il n’aura point l’air d’être arraché par la force, comme il aurait paru l’être, s’il eut été rendu après, quoique les bases en eussent été arrêtées, dès il y a du temps, entre les 3 comités réunis et qu’il fut même prêt depuis quelques jours,  ainsi que je te l’ai indiqué dans quelques-unes de mes lettres. J’espère qu’il va bientôt faire rentrer dans leurs foyers les véritables brigands qui viennent vous dévaster et qu’il sera facile de réduire ceux d’entre eux et qui continueraient leurs brigandages. Puissent ces espérances se réaliser bientôt. Puisse notre pays reprendre bientôt sa tranquillité et son bonheur... »

    15 mars 1795

    « Au milieu des inquiétudes, qui tourmentent notre pays, je m’occuperai peu du tort personnel que les brigands peuvent nous faire, quoique nous eussions grand besoin qu’on ne détériorât pas cette pauvre acquisition des Chasteliers, (16) si ma sœur n’y était pas intéressée... »

     

        Abbaye des Châteliers, propriété  des Garan, située sur les communes de Fomperron et Chantecorps (AD79, 40 Fi 5228) :

    Paris - Saint-Maixent, la Guerre de Vendée (2).... 

     

    16 juin 1795

    « J’ai oublié de te dire dans mes dernières lettres et notamment dans celle d’aujourd’hui, que toutes les nouvelles de la Vendée nous annoncent que les agitations qu’on y éprouve encore ne sont pas inquiétantes, et qu’on est en bon train de soumettre définitivement les chouans, qui sont néanmoins plus difficiles à réduire. Ce ne sont pas là des nouvelles annoncées officiellement à la Convention mais pour un grand nombre de nos collègues me l’assure uniformément, notamment De Launay (17), un des plus estimables d’entre eux, qui est arrivé depuis quelques jours ».

    28 juillet 1795

    « Je suppose, mon cher ami, que vous savez déjà à Maixent la nouvelle victoire complète que la R.P. a remporté sur les émigrés à Quiberon (18). Tous ont été pris ou tués. Tu en verras le détail dans le journal de Louvet (19). J’espère mon ami que cet évènement va enfin décourager les brigands et donner les moyens d’écraser ceux qui persisteraient encore, en ranimant non seulement les patriotes, mais aussi les hommes les plus froids et les plus indifférents à la chose publique… »

    29 septembre 1795

    « …J’ai oublié de te dire depuis plus de 8 jours que 20 000 hommes de l’armée des Pyrénées occidentales allaient dans la Vendée. Peut-être y seront-ils quand tu recevras cette lettre ».

    24 octobre 1795

    « …Il ne faut point se décourager pour la Vendée. C’est beaucoup que d’avoir empêché la communication de Charette avec l’Angleterre malgré les efforts prodigieux de cette puissance pour cet armement devenu désormais inutile… ».

     

    9 ventôse, l’an IV (27 février 1796)

     

    « …Vous savez sans doute à présent la prise et le fusillement de Stofflet (19). J’espère que cet événement achèvera enfin la paix de la Vendée, surtout si l’on prend aussi Charette comme on l’espère ».

     

    Source : Bulletin de la Société Historique et scientifique des Deux-Sèvres – Novembre 1987 – Pierre Arches.

       Lettres Bibliothèque  de Roure à Avignon. Espérandieu, papiers Garran, O 14,15,16,17.

    (1)      Ce sont les troupes commandées par le général Tuncq qui ont vaincu les royalistes le 14 aaût.

    (2)       Six cents Nantais gardaient le château d’Aux et repoussèrent les royalistes, cf Ch Chassin, La Vendée t.II    P520.

    (3)      Les Mayençais arrivent en effet à Tours le 23 août.

    (4)      Le 7 septembre est lue à la Convention une lettre du représentant du peuple Louis Turreau (1761-1797)    apprenant la victoire des Républicains au Ponts-de-Cé.

    (5)      Toulon avait été livré aux Anglais le 27 août.

    (6)      Sur cet échec et la controverse qui s’ensuivit. Cf Ch. Chassin, La Vendée..t III, ch XXXIV.

    (7)      Les Vendéens ont facilement occupé Laval le 23 octobre.

    (8)      L’ile de Noirmoutier a été reprise dans la nuit du 2 au 3 janvier grâce à l’exploit de Jordy. Ch Chassin, La Vendée…t V, pp 483-489.

    (9)      Le 10 février, la ville avait été occupée par les Vendéens mais reprise aussitôt par les Républicains.

    (10)   Les Vendéens commandés par Stofflet avaient surpris les Républicains dans la nuit du 11 et 12 juillet, mais ces derniers les chassent le jour même. Ch L Chassin, La Vendée patriote..p 529 et suiv.

    (11)   Le Brun est un ami de Garran.

    (12)   Le 29 septembre, à la Convention, les atrocités commises pendant cette guerre par des troupes républicaines sont dénoncées. Les généraux Turreau, Huché et Grignon sont ceux auxquels fait allusion Garran, cf Ch L Chassin, La Vendée…t.IV.p. 606 et suiv.

    (13)   Julien Lefebvre (de la Chauvière) (1757-1816), médecin à Nantes, représentant de la Loire-Inférieure à la Convention.

    (14)   Le traité de La Jaunaye, le 17 février 1795, va mettre fin, espère t-on à la guerre de Vendée parmi les commissaires signataires du traité, Lofficial et Menuau. Cf Ch Chassin, Les Pacifications.t.I, ch IV.

    (15)   Cf le Journal de Lofficial qui confirme ces faits dans Ch L Chassin, Les Pacifications..t I, pp 172-173.

    (16)   Le 14 mai 1791, par l’intermédiaire de Me Gibault, notaire, les Garran avaient au moins acheté trois parties du domaine de l’abbaye des Chasteliers vendu comme bien national (commune de Fontperron et de Chantecorps en Deux-Sèvres). Ces achats s’élèvent à 64 400 livres, Arch dép des Deux-Sèvres Q51.

    (17)   Pierre-Marie Delaunay (1755-1814), député du Maine et Loire à la Convention puis au Conseil des Cinq-Cents. Il a été l’un des représentants de la Convention près les armées et les départements de l’Ouest, en particulier lors des conférences de La Jaunaye.

    (18)   La défaite à Quiberon des royalistes est du 21 juillet.

    (19)   Stofflet a été fusillé deux jours auparavant.

     

                                                                            

    Marie-Laure ALLARD pour Chemins Secrets

     

     

     

     

     


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    Perquisition à la métairie des ''Brosses'' à la Chapelle-Saint-Sauveur… 

       

     

    Les Brosses....Le 23 octobre 1793, le citoyen Benaben, Commissaire Civil près les armées de la rive droite de la Loire est au bivouac à la métairie des Brosses, commune de la Chapelle-Saint-Sauveur en Loire-Inférieure ; lorsque des gendarmes lui apportent des poignées de balles découvertes dans la maison...

    Le métayer et son fils sont immédiatement garrottés et mis en route vers Candé en queue de colonne... Embarqués dans une salle affaire, nous aimerions bien savoir qui ils sont et ce qu'ils sont devenus.

     

    «Le Citoyen Benaben, commissaire civil près l'armée de la rive droite de la Loire, aux Citoyens administrateurs du département de Mayenne et loire. 

    A Candé, ce 24 octobre 1793, l'an second de la République Une et Indivisible. 

     

    Citoyens, 

    Je vous écrivis hier, que nous étions établis à la métairie de ''Lesbrosses'' à une lieue d'Ingrandes sur la route de Candé.  

    J'étois occupé ce matin à faire l'état estimatif de la paille & du bois qu'avoit fourni le métayer pour le bibouaque, ainsi que le fourrage que nos chevaux avoient consommé, lorsque deux ou trois gendarmes sont venus m'apporter plusieurs poignée de balles qu'ils avoient trouvées dans différents endroits de la maison du dit métayer ; des dragons du seizième régiment m'en ont apporté d'autres quelque temps après, ce qui m'a engagé à vérifier la maison moi-même. J'ai trouvé dans différents tiroirs qui n'avoient point été ouverts, d'autres balles de tout calibre, des biscayens & des bidons que j'ai donnés à nos canonniers, pour en faire présent aux brigands. 

    Il n'en fallait pas davantage pour me faire regarder cet homme comme suspect, & pour le faire arrêter. 

    J'ordonnai une fouille générale de sa maison où on a trouvé un habit d'officier, un autre de canonnier, un bonnet de hussard, un bonnet de police, des gants de cavalier, des hardes de quelques grandes dames du temps jadis & des quittances du Comité de Châtillon, pour le bled qu'il avoit fourni à l'armée Catholique et Royale. 

    Je l'ai fait aussitôt lier et garotter avec son fils, & un chef de brigands qui marchent en ce moment à la queue de notre colonne, jusqu'à ce que je puisse vous envoyer un certain nombre de prisonniers à Angers. 

    Les dragons, de leur côté ont trouvé dans un bois des environs (Le bois d'Ardennes situé au Nord des Brosses ?), deux espèces de paysannes qui avoient, outre des livres suspects, vingt doubles Louis d'or, plusieurs écus de six francs & de trois livres, des pièces de vingt quatre et de 12 sols, & environ deux cents francs en assignats. J'ai consenti que le général laissa aux dragons qui avoient fait cette capture, la somme entière, à condition que l'argent monoyé vous seroit remis, pour être ensuite versé dans la trésorerie nationale.

    Nous sommes arrivés ce matin à Candé où nous avons été bientôt suivi d'une armée d'environ cinq mille hommes, presque toute composée de troupes de ligne. Nous aurions continué le même jour notre marche sur Châteaugontier, si nous avions eu le pain et le fourrage nécessaires pour notre armée, ce que nous n'avons pu faire aujourd'hui, nous le ferons demain à quatre heures du matin. 

    Je me contenterai de vous faire connoître la marche de l'armée, afin que vous puissiez pourvoir à ses besoins – Cette armée est forte actuellement d'environ cinq mille hommes & près de quatre cents chevaux, y compris les chevaux de trait. 

    Il nous tarde de nous mesurer avec les brigands & de leur rendre tous les maux qu'ils nous ont fait éprouver, j'espère que, dans quatre ou cinq jours il n'en sera plus question.» 

          

    Le recensement de la population de la Chapelle-Saint-Sauveur de l'an IV (1795) va nous apporter un début de réponse. Vue n°10/11 du «Tableau contenant les noms, âges, état ou professions de tous les habitants de la dite section, au dessus de l'âge de 12 ans, le lieu de son habitation, et l'époque de leur entrée sur la commune.

    Métairie des Brosses,  

    N°619 – Jacques Poirier – 55 ans – métayer – les Brosses - est entré dans la commune il y a 20 ans. 

    N°621 - Louis Poirier – 30 ans – métayer – les Brosses – est entré dans la commune il y a 20 ans. 

    N°622 – Julienne Antier – 26 ans – les Brosses – est entrée dans la commune il y a 3 ans. 

    N°623 – Sébastien – Gendre -13 ans – les Brosses – est entré dans la commune il y a 10 ans. 

    N°624 – Marie Bernier – 65 ans – les Brosses – est entrée dans la commune il y a 20 ans. 

    N°625 – Marie Poirier – 17 ans – les Brosses – originaire.» 

     

    Les Brosses....

    Les Brosses....

    Les Brosses....

    Les registres de l'état civil des communes de Saint-Sigismond et de la Chapelle Saint-Sauveur, vont nous confirmer que Jacques Poirier et sa famille étaient bien domiciliés en 1793, à la métairie des Brosses, commune de la Chapelle-Saint-Sauveur.

    Voici, entre autres enfants, la composition de la famille en 1793 :

     

    Jacques Poirier est né le 1er juin 1744 à Saint-Sigismond, il est le fils de Jacques Poirier et de Michelle Meignan. Il épouse le 10 octobre 1763 en ce lieu, Anne Bernier, née le 9 décembre 1741 à Montrelais et décédée le 30 octobre 1787 à la Chapelle-Saint-Sauveur. De cette union sont issus :

     

    Des jumeaux :

     

    1 et 2 / Pierre Poirier et Jacques-Joseph Poirier, nés le 6 août 1764 à Saint-Sigismond. Pierre Poirier est décédé le 29 août 1764 (âgé de 13 jours) - Jacques-Joseph se marie le 8 ventôse de l'an 2 (26 février 1794) à la Chapelle avec Julienne Antier. Il est donc vivant après les faits.

    3- Anne Poirier, née aux Brosses le 15 juin 1767 à la Chapelle.

    4- Louis Poirier, né le 31 août 1770 aux Brosses, marié le 9 avril 1802 à la Chapelle avec Marie Antier et est décédé le 8 octobre 1835 à la Chapelle. (vivant après les faits)

    5- Elie Poirier, né le 6 décembre 1772 aux Brosses et décédé le 26 février 1828 à Champtocé (vivant après les faits).

    6- Charlotte Poirier, née le 27 mai 1774 aux Brosses.

     

    Il semblerait donc que Jacques Poirier et un de ses fils aient échappé à la mort. Ont-ils été libérés? J'en doute. Se sont-ils échappés ? Ou alors délivrés par les chouans du Nord de la Loire ?

     

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Affiches d'Angers n°165 – 5ème jour de la 1ère décade du 2ème mois de l'an 2 – samedi 26 octobre 1793. - vue n°30/35. Registres état civil de Saint-Sigismond. - vues n°30/225, 44/225.

     

    .Archives départementales de Loire-Atlantique, tous droits réservés – La Chapelle-Saint-Sauveur – Recensement de l'an IV, vue n°10/11- Année 1794, vue n°7/8 mariage. Etat civil de Montrelais, 3 frimaire an 7 (23.11.1798.) Cadastre de la Chapelle-Saint-Sauveur de 1813 TAAD044-7P3160F001 métairie de la Brosse 1813 D1 AD044 SECTION 01.

    . Photo : Une colonne républicaine tirée de Vendéens et Chouans. 

    . Géoportail et cadastre des AD44.

     

                                                                 

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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