• Le Mans....

     

    Nous les massacrons par milliers ! 

         

      

    Le Mans....Celui qui s'exprime ainsi est un massacreur comme les autres. Ce futur Baron de l'Empire, commandeur de la Légion d'Honneur et… Chevalier de Saint-Louis, il s'agit de Henri-Pierre Delaage Baron de Saint-Cyr.

    Voici la copie d'une lettre écrite par le Citoyen Delaage, Adjudant Général de l'Armée de l'Ouest, il ressent ''une horrible joie'' à la vue des cadavres qui jonchent la route du Mans à Laval.

    Ce personnage est habité par une jouissance sadique à la vue des corps sanglants, de femmes, d'enfants de vieillards, c'est le même état d'esprit que les généraux des Colonnes Infernales.

    La ''Virée de Galerne'' s'est terminée par un massacre.*

     

    *Les 18 et 19 octobre 1793, 80.000 à 100.000 personnes traversent la Loire à Saint-Florent. 50.000 à 70.000 ont été tués au combat ou massacrés – 4000 ont repassé la Loire, les autres trouvent refuge chez les Chouans du Nord de la Loire.

     

    «Persuadé que nos lecteurs nous sauront bon gré de leur donner la lettre très détaillée de notre brave & estimable concitoyen Delaage, nous nous empressons de l'insérer dans le présent numéro.» 

    «Copie de la lettre écrite par le Citoyen Delaage Adjudant Général de l'Armée de l'Ouest au citoyen Rabouin, président du Tribunal Criminel. » 

     

    «Laval, 25 Frimaire, l'an deux de la République française, une & indivisible. 

     

    « Ca ira, oui FOUTRE, ça ira, si l'on veut toujours mettre à la chose le zèle et l'enthousiasme républicain qui s'unit avec la prudence, depuis quelque temps, pour la destruction de nos ennemis. Depuis Angers jusqu'au Mans, la route est parsemée de cadavres ; mais dans le Mans & jusqu'à Laval, la terre en est jonchée. Je veux te donner une idée de nos succès pour te faire participer à l'horrible joie que je ressens moi même. 

    Nous croyons tous que l'ennemi en quittant Angers tenteroit le passage de la Loire à Saumur ou Tours ; nos meilleures troupes étoient disposées à s'y opposer, quand tout à coup notre cavalerie & la colonne qui avoit pris la route de la Flèche, forcèrent l'ennemi à évacuer Baugé & à se porter précipitemment sur le Mans par la Flèche. Notre armée victorieuse les talonnoit de près & le soldat brûloit de trouver enfin l'ennemi arrêté. Aux portes du Mans, sur une hauteur qui domine cette ville, l'ennemi nous attaqua en force & environ cinq mille hommes furent obligés de battre en retraite. Heureusement, pour arrêter la déroute, la colonne de l'armée de Cherbourg qui étoit en marche, rétablit le combat ; elle avoit juré de ne pas ployer & elle tînt son serment; deux fois elle chargea l'ennemi ; deux fois elle fut repoussée, enfin à la bayonnette & la cavalerie emportèrent le retranchement qui devoient rendre les ennemis inexpugnables sur un point que quinze hommes seuls pouvoient défendre. On s'acharne, on se prend au corps, on s'assassine ; enfin, on poursuit l'ennemi jusque sur la grande place, dont toute son artillerie, dirigée sur les différentes rues qui y aboutissent empêchoit que les troupes harassées ne s'en rendissent maîtresses ; on se contenta mutuellement de se fusiller dans les rues. 

    Le Mans....

      J'avois reçu l'ordre de me porter avec mon avant-garde légère, pour seconder les combattants, avec environ 600 hommes qui avoient marché tout le jour &, même la nuit jusqu'à trois heures ; on me charge de relever un poste occupé par 150 hommes. A la petite pointe du jour, l'ennemi eut, je crois, l'envie de savoir si nous étions réveillés ; nous reçûmes la visite avec trois coups de canon de huit, à mitraille. 

     Cette réponse fut suivie d'une charge générale, battue à tous les postes. Dans un quart d'heure, les fenêtres, les portes, tout est enfoncé ; à mon attaque sur la gauche, nous prîmes 2 pièces de canon ; alors l'ennemi ne tînt plus, et commença la boucherie, nous comblâmes de corps entassés, les fossés des retranchements de l'ennemi ; la fureur du soldat étoit à son comble & bientôt la ville fut purgée de cette horde barbare. 

    Le Mans....

    Sur la route, les brigands furent massacrés par milliers ; mes chasseurs s'écartèrent à droite et à gauche dans les champs, dans les bois & les tuoient par centaines, ils firent mine quelquefois de se rallier, mais l'artillerie & la cavalerie les coupoient de toutes parts ; enfin, le nombre de morts est si considérable que je puis t'assurer qu'il a été tué un tiers plus de monde à cette affaire, qu'à la bataille de Jemmapes. 

    Tous mes soldats sont cousus d'or, d'argent et de papiers ; ils étoient tellement animés qu'ils ont poursuivi l'ennemi pendant près de dix lieues & nous étions tellement dispersés que, près une chaumière, où excédés de fatigue, nous nous étions retirés quatre à cinq, il a couché trois brigands, conduits au même endroit par les mêmes besoins ; nous ne l'avons appris qu'au matin ; & tu peux croire ce qu'il en est arrivé. Les municipalités se sont armées et font la chasse. 

    Je n'ai jamais vu une déconfiture comme celle des prêtres, j'en aurois compté jusqu'à 200. Un chasseur du premier bataillon républicain, sergent dans ma brigade, étant écarté dans les champs, fait rencontre d'un officier, habit vert, chevalier de S.Louis ; il fonce sur lui à coups de sabre ; l'autre tire son épée, mais notre républicain lui plonge son arme dans le cœur et lui arrache sa croix ; je l'ai présenté aujourd'hui aux représentants du peuple qui vont le faire capitaine, un autre sergent va aussi, par ma recommandation, être fait officier. Salut,&c.» 

     

    Henri-Pierre Delaage, baron de Saint-Cyr, est né le 23 janvier 1766 à Angers. Il est le fils de Jean-Pierre-Germain Delaage directeur de l'économat du Diocèse d'Angers et de Marie-Henriette Esnault. Il s'est marié le 3 mars 1796 à Angers avec Marie-Madeleine-Julie Lemonnier. Il décède dans cette même ville le 22 décembre 1840 (Les 33 pièces de son dossier militaire sont consultables aux archives Nationales : Dossier LH/693/56).

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Affiches d'Angers n°195 – Vendredi 20 décembre 1793 – 30 Frimaire an 2 - vue n°22/35. -registres d'état civil et registres paroissiaux années 1766, 1796, 1840.

    . Archives Nationales – Base Leonore – dossier LH/693/56 – 33 pièces. 

    . Photo : La bataille du Mans de Jean Sorieul 1852 – Les charniers du Mans tirés de Vendéens et Chouans. 

     

                                                               

     

     X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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