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Sur les chemins de Galerne…
Jacques-François Logerais 1793 -1815.
Le capitaine Jacques-François Logerais se souvient de la terrible décharge, tirée des hauteurs du talus, fauchant une dizaine de Bleus… Le détail de ses campagnes va nous donner une petite idée de ce que fut la chouannerie : une succession de petits combats, d’embuscades, un harcèlement permanent contre les Bleus.
« Je certifie moi François Jacques Logerais, capitaine dit Pimousse, capitaine de l’Armée Royale ; ayant commencé sur la rive droite de la Loire, à prendre les armes en 1793, pour combattre pour le Roi et la famille royale, ayant été trois frères à partir dans le même jour pour combattre pour le Roi et pour les Bourbons. Mon père et ma mère et une de mes sœurs qui ont été emprisonnés et dont mon père est mort dans les prisons, et trois de mes sœurs qui ont été réduites à une extrême misère à se quacher pendant tout le temps de la première révolution, et dont nous avons partis pour rejoindre l’Armée Vendéenne à Châteaugontier, et de là nous avons partis avec l’armée pour Laval, dont le 1er combat ayant commencé dans les landes proches de Laval, qui eut lieu pendant la nuit et recommença le landemain et nous les poursuivîmes à Chateaugontier. De là nous fûmes à Hernée dont nous eûmes un combat, 3e. Combat à Entrammes en Bretagne, 4e combat à Fougères, 5e à Dol, 6e Pontorson, 7e Avranche, 8e Granville, 9e Angers, 10e au Mans. Voici les combats que j’ai fait en 1793 et nous rentrîmes dans notre pays en 1794.
J’ai recommencé à prendre les armes avec Mr Coquereau qui étoit mon colonel, n’étant que six hommes, nous nous battîmes trois fois dans la journée, 1e. combat sur Marigné, 2e. sur la commune de Daon, 3e sur St Michel dont nous remportîmes la victoire. Contre plus de six cents hommes, 5e. combat, dans le bourg de Daon, 6e. combat à St Jammes proche de Segré, 7e. combat au bourg de St Sauveur, 8e combat dans le bourg de Daon, 9e combat au bois de Charreau sur Contigné, 10e au bourg de St Laurent des Mortiers, 11e sur la commune de Contigné, 12e à Marigné, 13e à Montsûr, 14e à Ruillé, 15e combat sur Daon, 16e à Marigné, 17 à Longfuis, 17e à Gré, 19e combat à la Fautraise d’Argenton, 20e à Daon, 21e à Marigné, 22e combat à Bouère, 23e à Saint Loup, 24e à Cherré, 25e combat à Querré, 26e à la Papinière commune de Cherré, 27e combat sur Soeurdres,28e combat entre Soeurdres et Contigné, 29e en la commune de Châtelin, 30e une seconde fois à Châtelin, 31e à Longfuis, 32e.
Dans l’année 1795 j’ai continué sous le commandement de Monsieur Gaulier, 1er combat fût en la commune de Miré, 2e à Chemiré, une seconde fois à Miré,4 combat dans les landes d’Argentré, 5e à Marigné, 6e à Chamteussé, 7 à Chambellai, 8e combat à Bouère, 9e combat à Pol-Fort, 10e à Menil, 11e aux landes de Sauges sur Champigné, 12e combat au bourg de Champigné, 13e au port Joulin, commune de Marigné, 14e combat au bois du Boulei sur Marigné,
Ayant fini la première campagne en 1796, et donc, je n’ai eu aucune année entière de tranquillité, ayant recommencé en 1798, avec 30 hommes donc le 1er combat fut à St Quentin, proche les Anges dont nous eûmes la victoire ; 2e combat en la commune de la Jaille-Yvon, de là nous fûmes à Vilvêques quérir trente deux fusils aux républicains, 3e combat fut à Andigné sur la route de Segré au Lion-d’Angers dont nous prîme dix mille francs à la république que nous mîmes dans les mains de Monsieur Golier qui étoit désigné pour le parti. 4e combat à Marigné, 7e à Soeurdres, 8e à Châteauneuf, 9e entre Cherré et Châteauneuf, 10e combat, 11e combat à Cheffes, 12e à Chenillé, 13e à Pressigné.
Voici les combats que j’ai fait, néanmoins il y en a encore un très grand nombre que je ne me rappelle pas.
Un an après la seconde guerre, la trouppe de Châteaugontier vînt pour me prendre pour me conduire en prison, donc je me suis quaché pendant six mois. Quelques temps après on m’a pris et mené en prison où j’y est resté l’espace d’un mois. Sans Madame de Charnassé, j’étois pour être exilé. Quelque temps après encore, le sous-préfet de Segré m’envoya une lettre pour m’y rendre, pour faire la soumission à la république, donc je n’ai jamais voulu y consentir ; et je fut obligé de ma quacher encore 8 mois de temps. Après avoir fini la seconde campagne en 1800, mais ceci étoit un an après en 1801.
En 1815, ayant repris les armes pour combattre pour le Roi et les Bourbons, avec un attachement sincère pour le parti. J’ai servi sous le commandement de Monsieur le général de la Roche-Jacquelin, et sous le commandement de Monsieur de Scépeaux, sous le commandement de Monsieur le général de Bourmont et sous le commandement de Mr d’Andigné. »
Cette déposition est validée par Monsieur Armand Bernard Chevalier de Saint-Louis.
Le maire de Marigné nous informe que François-Jacques Logerais est porteur de plusieurs blessures…
« Nous soussigné Maire de la commune de Marigné, canton de Châteauneuf ; arrondissement de Segré, département de Maine et Loire ; certifions que le nommé Logerais François-Jacques, capitaine de la compagnie royale de Marigné, ne jouit sur le trésor royal que d’une pension de deux cent francs et que vu son service et blessures, dont il y en a une qui lui paralise le bras gauche, les quatre autres lui nuisent beaucoup pour son travail journalier, n’ayant que ses bras et sa petite pension pour vivre avec sa femme, en foi de quoi nous lui donnons le présent certificat pour lui servir et valoir ce que de raison ; fait à la mairie de Marigné le 19 août 1825. »
signé : de Vassé – maire.
François-Jacques Logerais est né le 10 mars 1767 au Châtaignier à Cherré et est décédé le 12 octobre 1838 à la Chotardière à Marigné. Il exerçait la profession de laboureur et de marchand de fil. Son père, François Logerais est mort en prison et celui-ci était marié à Marie Moreau.
Il s’est marié le 9 juillet 1810 à Marigné avec Jeanne Chartier, propriétaire, née à Marigné le 3 octobre 1762 dans cette paroisse.
Sources.
. Archives Départementales de Maine-et Loire tous droits réservés – Dossiers Vendéens – François-Jacques Logerais dit « Pimousse » 1M9/246.
Registres paroissiaux et d’état civil de Cherré et de Marigné.
. Photo de l’auteur.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Sur les chemins de Galerne…
René Boutreux de la paroisse de Méon.
René Boutreux est né le 11 janvier 1773 à Méon, il est le fils de Louis Boutreux et de Anne Touchard et exerce la profession de cultivateur. Il épouse à Méon, le 26 juin 1798 (10 thermidor de l’an 6), Catherine Gaudin, née le 27 mars 1781 à Méon et décédée en ce lieu le 11 avril 1865.
Il fait partie des soldats de Monsieur Bernard de la Frégeolière qui lui déclivre un certificat de service le 12 juin 1825.
« 13eme Légion – Armée Royale de la Rivre droite de la Loire.
« Certificat de Service
Nous Hernry rené Bernard de la Frégeolière, ancien commandant en chef de la 13ème Légion sous les ordres de Monsieur le comte de Bourmont, certifions que le nommé René Boutreux, soldat, compagnie Bruneau, domicilié de la commune de Méon département de Maine et Loire, a servi le Roi avec distinction, qu’il a fait la campagne de 1799, et a assisté en 1800 à la bataille de Foulletourte, à celle de Breille, et à la prise de Mouliherne, et que dans toutes les circonstances il nous a donné des preuves de bravoure et de fidélité au Roi. En foi de quoi , pour preuve de notre satisfaction nous lui avons délivré le présent certificat que nous avons signé et scellé aux armes de France.
A Baugé, le 12 juin 1825.
Reine – sous-lieutenant, seul officier restant de la compagnie Saint-Louis.
Bernard de la Frégéolière Chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’Honneur. »
René Boutreux est décédé à Méon le 17 octobre 1834.
Sources :
. Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés – DossiersVendéens – René Boutreux n° 1M9/80. Registres paroissiaux et d’état civil de la commune de Méon.
. Photos de l’auteur. Mouliherne, l’église et la lanterne des morts.
Xavier Paquereau pour Chemins secrets
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Dimanche de Pâques
Capturé le Mercredi Saint, 23 mars 1796, dans les bois de la Chabotterie, le général Charette est conduit à Angers...
« A Angers, le 9 Germinal de l’an III, (29 mars 1796), à neuf heures du matin Charette s’embarque sur une canonnière entouré des généraux Travot, Valentin et Grigny. Le voyage vers Nantes dure toute la journée et le début de la nuit.
En descendant la Loire, les canonnières républicaines tirent, à tour de rôle, une salve pour saluer le vaincu, ancien officier de marine qui accomplit sa dernière navigation... »
En vous souhaitant de belles et Saintes Fêtes de Pâques.
Sources.
. Itinéraire de la Vendée Militaire – Journal de la Guerre des Géants 1793-1801 – par Doré Graslin – Editions Garnier 1979 – page 196.
. Image tirée de Lomé Infos.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Un officier franc-maçon du Grand-Orient
dans la Colonne Infernale des Lucs-sur-Boulogne.
Le 22 juin 1797, un certificat du Grand-Orient est délivré à un officier supérieur du 29e régiment d’infanterie qui était présent aux grands massacres des Lucs-sur-Boulogne, le 28 février 1794.
Cet officier « Membre de la loge Saint Jean Régulièrement Constituée à l’O … de Paris, est titulaire d’un certificat du Grand-Orient délivré le 22.6.1797 – (Catal-communiqué par Jean-René Prodhomme le 29.4.1783). »
Un petit rappel sur les massacres des Lucs-sur-Boulogne (voir mon billet Liger-Belair), sans parler des massacres de Mormaison, de Legé etc...villages situés sur le parcours de cette funeste colonne.
Aux Lucs disparaissent dans des circonstances horribles (Tués à l’arme blanche ou dans l’église incendiée) : 564 habitants dont 109 enfants de moins de 7 ans. Seulement 459 noms sont connus, un feuillet de la liste ayant été perdu.
Voici le décompte connu :
- 80 hommes.
- 127 femmes de 10 à 49 ans.
- 124 personnes de plus de 50 ans.
- 127 enfants de moins de 10 ans.
Maintenant, passons à la fiche de l’officier, extraite du « Fichier Bossu ». Il s’agit d’un capitaine-major du 29e régiment d’infanterie en 1793. Pour plus de précision, cette fonction fut créée en 1790. Il s’agit d’un capitaine faisant fonction d’adjudant-major, c’est l’adjoint du commandant du bataillon, il le remplace quand celui-ci est en permission. C’est aussi un futur commandant.
« de Liger-Belair – Louis – vicomte – (Vendeuvre, Aube – 11.7.1762)
. Sous-lieutenant au 29e d’infanterie 1792.
. Capitaine adjudant-major 1793. (Vendée).
. Chef d’escadron à la suite du 3e hussards 1799.
. Adjudant commandant 1803.
. Général de brigade 1806.
. A l’Armée d’Espagne 1808.
. Baron de l’Empire 1809.
. Général de division 1811.
. Vicomte 1816.
. Grand officier de la Légion d’Honneur 1820.
. Grand-Croix de Saint Louis 1826.
. Retraité 1832.
. Mort en la terre de Varois le 4.12.1835.
. Son nom est à l’Arc de Triomphe (Georges six, II, 124).
. L’Empereur l’avait fait baron de l’Empire, mort en son château de Vosne (C. d’Or) d’après une biographie auboise – Louis Liger-Belair, capitaine de hussard à l’Armée du Nord.
Je pense qu’il est inutile d’ajouter un commentaire, les faits parlent d’eux-mêmes.
Sources :
. Gallica – BnF le « Fichier Bossu » Liger. Le fichier Bossu est conservé dans le fond maçonnique du département des manuscrits de la bibliothèque Nationale de France 165 896 fiches indexées – Fiche Liger-Belair.
. Copie de la fiche du frère Liger-Belair.
. Photos de mon billet au sujet du général Liger-Belair du 31.12.2017.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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Un livre sur Grignon...
Il y a de cela plus de 7 mois, mon éditeur m’avait encouragé à faire un ouvrage sur le général de colonne infernale Louis Grignon. C’est aujourd’hui chose faite et nous sommes lui et moi dans les finalités avant l’édition. Cet ouvrage, relu par Tanneguy Lehideux et Nicolas Delahaye se voit préfacé par le très érudit Michel Chatry, ancien président du Souvenir Vendéen, qui a veillé au grain sur mes possibles erreurs et imprécisions. Outre des informations inconnues jusqu’à présent sur Grignon, le lecteur pourra enfin découvrir son portrait, dressé depuis son passeport par mon illustrateur et ami Antoine Couëtoux du Tertre.
Grignon est certes un criminel de guerre, mais les pages de ce livre sont destinées à le laisser s’exprimer après l’échec du système des colonnes infernales. On y découvrira un personnage, bien loin des clichés habituels, plutôt embourgeoisé et tout à fait conscient des ordres qui lui ont été donnés. Cette étude sera la plus juste possible, mettant en évidence les contradictions et mensonges de Grignon tout en évitant les charges inutiles et les considérations politiques.
Mon éditeur à du travail car un troisième roman de ma plume devrait être publié au cours de cette année.
A bientôt,
RL
Mars 2021
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