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    Les chroniques de Jacques Chauvet, N° 23…

     


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    Troubles à Chanteloup et la Chapelle-Saint-Laurent en 1799…

     

     

    La troisième Guerre de Vendée ne passionne guère les foules en général et cet épisode éphémère qui se terminera par la Paix de Montfaucon le 18 janvier 1800 est la plupart du temps méconnu et souvent passé sous silence. Pourtant, les violences dans la Vendée ne sont pas terminées. Je vous avais déjà parlé des troubles dans le Cerizéen ici et ici mais voici quelques jours, grâce à une réunion de passionnés au château de Pugny, voilà disais-je que je suis retombé sur une petite liasse de correspondance glanée aux archives départementales des Deux-Sèvres. Ces documents n’ont sans doute rien d’inédits et figurent en bonne place dans l’inventaire de la série L, mais j’en avais laissé dormir les copies depuis près de 15 ans dans un dossier, en remettant leur exploitation à plus tard. Et puis, pour tout dire, je crois que je les avais un peu oubliées…

    En attendant d’autres travaux sur ce même secteur, je vous propose la lecture de ces missives très instructives sur l’état du pays moncoutantais lors des insurrections contre le Directoire.

    RL

    Avril 2017

     

     

    AD79, L136 :

     Du 26 floréal an VI (mardi 15 mai 1798), lettre de la municipalité de la Chapelle-Saint-Laurent aux administrateurs du département des Deux-Sèvres pour leur demander avec insistance l’envoi de troupes à Pugny et Chanteloup :

    « Comment voulez-vous que nous fassions activer les matrices de rôles de la contribution personnelle dans des communes où personne ne veut se prêter à la chose publique. Nous ne connaissons qu’un parti à prendre c’est de placer des détachements dans les communes, de nommer des commissaires à leurs dépens pour les postes à organiser et ce sera le moyen de déconcerter les projets des fanatiques, d’arrêter les attroupements de femmes animées par les prêtres. »

    AD79, L137 :

    21 thermidor an VII (jeudi 8 août 1799), lettre de la municipalité de la Chapelle-Saint-Laurent pour demander l’envoi de troupes dans le canton :

    « Le 14 du courant (jeudi 1 août 1799) deux bandes de brigands, l’une composée de 20 hommes bien armés ont passé auprès du logis de la Fenêtre, commune de Chanteloup et ont pris leur direction du côté de Courlay. Le citoyen Duvignaud, de Mauzé acquéreur d’une partie des domaines nationaux de la commune de Rigny Pugny !  à reçu une lettre timbrée de Châtillon-sur-Sèvre signée Moreau dans laquelle on lui annonce qu’il ne jouira pas longtemps de son acquisition. Vous voyez par là d’un côté des brigands se promener par pelotons et en sûreté dans notre canton, de l’autre des acquéreurs de domaines nationaux menacés. Voilà un motif puissant pour nécessiter un cantonnement à la Chapelle-Saint-Laurent. »

    AD79, L15 :

    « Du 23 ventôse an VIII (vendredi 14 mars 1800) du directoire du département.

    Vu le procès-verbal rédigé par la municipalité de la Chapelle-Saint-Laurent duquel il résulte que le 12 vendémiaire dernier (vendredi 4 octobre 1799) une bande de 8 à 10 brigands à cheval a fait une incursion dans la commune a  pillé et lacéré tous les papiers de l’administration et volé une somme de 1 267 livres provenant de la contribution de l’an VI de la commune de Chanteloup. L’administration centrale arrête que le percepteur de la commune de Chanteloup est déchargé des poursuites qui pourraient être dirigées contre lui de la dite somme. »

     

    AD79, L137 : lettre du 20 pluviôse an VIII (dimanche 9 février 1800) du général Dufresse au commissaire central à Niort pour lui annoncer que trois bandes de brigands infestent encore le département et que le 13 du présent mois (dimanche 1er février 1800) un de ses détachements a été attaqué par les rebelles et forcé de se replier sur Bressuire.

     

     

    La Chapelle-Saint-Laurent, Chanteloup, 1799....

     

      


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  • Claude-Pierre Arrial, de la paroisse de Saint-Rémy-en-Mauges, 

               rescapé d'Outre-Loire, trois frères tués au combat.   

     

     

     

          

    Claude-Pierre Arrial....  Claude-Pierre Arrial-Arial est né le 8 décembre 1771 et a été baptisé le 9 à Saint-Rémy-en-Mauges. Il est le fils de Julien Arial, laboureur et de Marie-Guy Derisecourt, mariés le 20 janvier 1761 à Saint-Rémy et domiciliés à la Maison-Neuve. Le parrain a été le Sieur Claude Musset et la marraine Thérèse Huteau de montrevault. De cette union sont issus :

     

    1°  Julien Arrial, né le 19 février 1762 à Saint-Rémy. Tué outre-Loire.

    2° Pierre-Jean Arrial, né le 17 décembre 1763 à Saint-Rémy. Tué outre-Loire.

    3°  ?.......  Arrial, né entre 1763 et 1766, à ?. Tué Outre-Loire.

    4° Charles-Augustin-Jean, né le 15 novembre 1767 à Saint-Rémy. Soldat royaliste.

    5° Anonyme Arrial, né et décédé le 18 avril 1770 à Saint-Rémy.

    6° Claude-Pierre Arrial, né le 9 décembre 1771 à Saint-Rémy. 

    7° Charlotte-Jeanne Arrial, née le 2 avril 1774 à Saint-Rémy, sabrée par les républicains dans le bourg de la Chaussaire en 1794.

    8° Perrine Arrial, née le 2 avril 1774 à Saint-Rémy, décédée le 22 octobre 1779 à Saint-Rémy.

     

      Claude-Pierre Arrial rejoint l'armée Catholique et Royale dès 1793 où il sert comme soldat. Il participe à la ''Virée de Galerne'' et est blessé au siège d'Angers en 1793 d'un coup de mitraille ; trois de ses frères périront outre-Loire. Il se marie le 15 mai 1809 à Saint-Rémy avec Marie Renoux, âgée de 34 ans, fille de Martin Renoux et de Marie Bernier demeurant à la Foucherie à Saint-Martin-de-Beaupréau.

      Claude-Pierre Arrial, laboureur, décède le 17 novembre 1842 à la Maison-Neuve à Saint-Rémy-en-Mauges à 8 heures du matin.

     

      Le 26 mars 1824, il dépose une demande de pension au Roi :

     

    «  Saint-Rémy-en-Mauges le 26 mars 1824

     

    Claude-Pierre Arrial, ancien soldat de l'armée Royale de la Vendée actuellement laboureur, demeurant à la Maison-Neuve commune de Saint-Rémy.

      A son Excellence, Monseigneur le Ministre de la Guerre ;

      Monseigneur,

      J'ai l'honneur de vous exposer que j'ai pris les armes en mars 1793, pour le rétablissement du trône, j'ai servi en qualité de soldat en 1793 et 1794. J'ai fait la tournée d'outre Loire ; et j'ai été blessé au siège d'Angers en 1793, d'un coup de mitraille lancé par les républicains à la jambe gauche.

      Nous étions cinq frères à l'armée Royale dont trois ont été tués pour la cause de nos Rois, la quatrième a été blessé dans les mêmes rangs ; Enfin j'ai perdu une sœur qui a été sabrée par les républicains au bourg de la Chaussaire en 1794 et ma mère est morte de transport causé par la peur dans la même année.

      J'ai assisté à 42 combats tant dans la Vendée que dans la Bretagne. J'ai suis âgé de 53 ans et ma femme de 50 ans ; tant de fatigues et de malheurs m'ont accablé ; aussi me vois-je hors d'état de pouvoir à mes besoins pour mon travail ; Cependant je suis dans la plus grande indigence.

      L'ordonnance du Roi du 3 décembre dernier me donne l'espoir d'obtenir des secours, a défaut d'extrait de controlles j'ai fait dresser un acte de notoriété devant Mr le juge de paix du canton de Montrevault, pour constater mes services et blessures et prouver que mon attachement pour mon Roi ne s'est pas affaibli par mes malheurs et qu'en 1815 j'ai assisté au combat de la Roche Servière.

      J'ai vous prie Monseigneur, de prendre en considération mes services, ma blessure, mon indigence et mes malheurs et d'avoir la bonté de proposer à sa Majesté de m'accorder un secours auquel je crois avoir droit, par suite de son ordonnance.

      J'ai suis avec respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur.

      Marque du dit Arrial : X

    Vu par le maire de Saint-Rémy le 21 mai 1824

    signé : Dandé.

     

    Claude-Pierre Arrial....

     

     

    Sources: Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Dossiers Vendéens n° 1M9/ 26 – copie de la pièce n°1/10 - Registres état civil de la commune de Saint-Rémy-en-Mauges - Photo de l'auteur. 

                                                               

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets. 


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    Madame de Staal de Cayro, Anne-Jeanne-Françoise, 24 juillet 1819 ... 

     

         

     

    Madame de Staal....  Madame de Staal de Cayro, dépose une demande de secours au Roi en 1819. Elle expose que deux de ses beaux-frères sont morts pour la cause royale ainsi que son mari et son fils. La Révolution l'a laissée ruinée.

     

      Courrier de la Maison du Roi à Paris le 24 juillet 1819.

     

      « Le Conseiller d'Etat, Commissaire délégué pour instruire les demandes de secours ou pensions sur la liste civile.

     

      A Monsieur le Préfet du Département de Maine et Loire

     

      Monsieur le Préfet,

      Mme Lapelouze (Anne-Jeanne-Françoise de Staal Cayro, née à Belfort (Ht Rhin) ayant demeuré à Blou arrondissement de Beaugé (Maine et Loire) et résidant à Saumur même département a demandé une pension sur la liste civile.

     

    Elle expose qu'un de ses beaux-frères Major Général dans l' Armée de Condé est mort en émigration, qu'un autre beau-frère ayant pris le commandement lorsque les royalistes a été condamné à mort et fusillé : que son mari a émigré et a servi comme Major Général de l'armée de Bourbon et aide de camp de Monsieur, et est mort en Angleterre en 1807 ; que son fils officier dans l'armée royale du Mans a été tué près de cette ville ; qu'elle a perdu toute sa fortune et qu'elle ne peut se passer des bienfaits du Roi pour vivre.

      Je vous serai obligé Monsieur, de vouloir bien me dire ce qu'il y a de vrai dans ce récit et prendre au surplus sur la réclamante les renseignements indiqués par l'instruction du 15 juillet 1818.

      J'ai l'honneur d'être avec ma considération très distinguée.

      Monsieur le Préfet ,votre très humble et très obéissant serviteur. »

                                                                              Signé : Rochefort.

     

      Les dires de Madame de Staal sont bien exacts, Monsieur le Préfet répond :

     

      Angers, le 2 octobre 1819.

     

      « Monsieur le Conseiller d'Etat,

     

    J'ai l'honneur de vous transmettre les renseignements demandés par votre lettre du 24 juillet dernier concernant Madame de la Pelouze Anne-Jeanne-Françoise de Staal Capo ; qui a sollicité une pension sur la liste civile.

      Tous les faits exposés par cette Dame sur les services et la mort de ses beaux-frères, de son mari et de son fils sont conformes à la vérité. La fortune de Mme de la Pelouze avant l'émigration était d'environ 6000 livres de rente ; toutes ses propriétés furent vendues, l'une d'elle dont le produit actuel est d'environ 1500 fr a été achetée par Monsieur Hanry, négociant à Saumur, avec l'intention de la conserver à ses anciens propriétaires.

      Une des nièces de Mme de la Pelouze l'a effectivement rachetée de Mr Hanry, et c'est cette propriété qui forme aujourd'hui l'unique ressource de celle-ci  : on ignore quels ont été les arrangements avec sa nièce.

      Mme de la Pelouze a des dettes et paraît dans une situation assez gênée. Elle n'a point d'enfant à sa charge, mais elle est âgée de 70 ans et affligée de plusieurs infirmités. Sa conduite morale et politique a toujours été dignes d'éloges ; et elle n'a jamais démenti les preuves de dévouement données par sa famille à la cause Royale.

      J'ai l'honneur d'être avec une respectueuse considération, Monsieur le Conseiller d'Etat.

      Votre très humble et obéissant serviteur. »

    Le Préfet de Maine et Loire.

                                                                      

    Signé : le B de Wismes.

     

      Anne-Jeanne-Françoise de Staal de Cayro est née vers 1749 à Belfort. Elle est la fille de Pierre-François de Staal, marquis de Cayro, né vers 1722 à Soleure -Solothurn en Suisse et décédé le 30 juin 1783 à Belfort ; Lieutenant Colonel des Gardes Suisses; et de Marie-Béatrice Von Reinach, née le 3 juin 1721 à Foussemagne Territoire de Belfort et décédée le 25 août 1806 à Belfort.

      Elle épouse à Belfort, le 21 novembre 1777, Pierre-Joseph Carrefour de la Pelouze, Major du Régiment de Boulonnais, né le 2 mars 1738 paroisse de Nantilly à Saumur, Chevalier de Saint-Louis ; fils d'Abraham Carrefour de la Pelouze, directeur de l'Ecole d'Artillerie d'Auxonne en 1771, fait Maréchal de Camp la veille de sa mort et décédé le 1er mars 1778 à Paris et de Gabrielle de Vernas, décédée à Blou le 19 décembre 1763.

     

    De cette union sont issus :

    1° un fils  ?  Carrefour de la Pelouze, né vers 1778, officier Vendéen, tué au Mans.

    2° Thérèse-Arsène Carrefour de la Pelouze, née le 11 juin 1781 à Blou et décédée à Paris, le 8 avril 1839.

      Pierre-Joseph Carrefour de la Pelouze, s'embarque à 18 ans pour le Canada. En septembre 1756 il est lieutenant au régiment de Berry, puis capitaine dans le régiment d'Aquitaine en 1763. En 1774, il est Major au régiment de Boulonnais puis lieutenant du Roi à Bonifacio en Corse. Le 16 janvier 1778 il reçoit la Croix de Saint-Louis. Il se retire le 4 avril 1784 avec une pension de 1250 livres. Au moment de la Révolution, il émigre à Trarbach en 1792, Major de la brigade d'Auxerrois à l'Armée des Princes, il meurt en Angleterre le 6 juillet 1808.

     

      Quant aux deux beaux-frères de Madame de Staal :

     

      Eustache-Clément Carrefour de la Pelouze, né le 20 octobre 1736 à Saumur, paroisse de Nantilly, est Lieutenant-Colonel au régiment Ile de France en 1784 et décède en émigration le 8 février 1796 à Southampton (Angleterre).

     

      Camille-Abraham Carrefour de la Pelouze, est né le 27 avril 1734 à Lyon où son père était en garnison. Camille-Abraham Carrefour de la Pelouze embrassa la carrière des armes et fut successivement capitaine d'artillerie en 1760, chevalier de Saint-louis en 1770, chef de brigade au régiment de Grenoble. Son mariage avec Thérèse Foucault, fille d'un riche armateur de Nantes, le mit à la tête d'une fortune considérable. Retiré du service en 1778, il alla d'abord habiter une propriété qu'il avait dans la paroisse de Blou, puis acquit le 8 juillet 1779 le château de la Tremblaye (par. de Meigné-sous-Doué). Il passait l'hiver à Saumur. En mars 1789, il fut élu secrétaire de l'assemblée de la noblesse du Saumurois. En mars 1793, le Comité de Sûreté générale le fit consigner en sa maison pour «  incivisme  ». La prise de Saumur par les Vendéens le libéra, il fut nommé gouverneur de la ville et du château, fit une proclamation ardemment royaliste et catholique. Après l'évacuation de la ville, il se retira en son château de la Tremblaye, où il hébergea les Bleus en fuite à la suite de leur échec à Vihiers. Arrêté le 2 août sur l'ordre du Comité révolutionnaire de Saumur, il fut emprisonné à Tours, puis transféré à Saumur où il comparut devant la Commission militaire le 28 août. Condamné à mort, il fut guillotiné le jour même sur la place de la Bilange. (Anjou Historique, 1942, t;XLII, pp.43-46).

     

     

    Sources: Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Dossiers Vendéens n° 1M9/333 de Staal Anne-Jeanne-Françoise - Registres état civil de la  Commune de Blou vue 142/172 années 1763 et 1781. Saumur Nantilly 1738 - Base collaborative Pierfit Généanet – Base Roglo – Dictionnaire biographique du Canada - Dictionnaire Historique, Géographique et Biographique de Maine et Loire, Tome I -Célestin Port- pages 591-592 - Photo de l'auteur. 

                                                              

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 

     


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    René Ferrant, marinier, pousseur de cadavres ?

     

     

     

     

    René Ferrand, pousseur de cadavres ?Sous la première république, les dénonciations affluent car elles sont le plus sûr moyen pour les citoyens de prouver leur patriotisme et de ce fait, de se prémunir contre une éventuelle arrestation. Cette République porte en son sein la dénonciation à travers ses Comités de Surveillance et ses Comités de Sûreté Générale, qui sont de véritables officines de délation au service de ce nouveau Régime.

    Sur une simple lettre d'un voisin malveillant, d'un jaloux, d'une connaissance qui écoute vos propos, vous pouviez être envoyé à la guillotine. Il y a toujours quelqu'un qui vous veut du bien, c'est bien connu. Encore aujourd'hui la République encourage à dénoncer ses voisins. Comment dénoncer ses voisins grâce au webà voir également, les "valeurs de la république" ici.

      Le citoyen René Ferrant, né à Tours, marinier, va en faire la terrible expérience et être envoyé devant le Tribunal révolutionnaire à Paris pour être entendu par le Président de ce tribunal. Nous ne connaissons pas le résultat du jugement. Le nom de René Ferrant n'apparaît pas dans la liste des guillotinés de cette époque.

     

      Ce qui est intéressant, c'est que cette dénonciation du 9 Brumaire de l'an 3 (30 octobre 1794) nous confirme que les républicains fusillaient, noyaient leurs opposants politiques et écorchaient leurs cadavres afin de les transformer en culottes de peau, portées par certains de leurs officiers et de leurs généraux, (Voir la peau humaine tannée du musée de Nantes) ; ou bien les transformaient en reliure cuir pour leur Constitution de 1793. (Voir l'exemplaire de cette Constitution au musée Carnavalet).

       Une culotte souple, une bibliothèque aux ouvrages reliés en peaux de royalistes, ça fait froid dans le dos, mais à l'époque chez ''les esprits Charlie'' c'était ''tendance'' !

     

      Voici la lettre, le nom et l'adresse de ce brillant patriote, délation bien inutile puisque déjà le 7 Brumaire une lettre du Président Leblois accusateur près le Tribunal Révolutionnaire à Paris, invitait le Comité d'Orléans à faire traduire le dit Ferrant dans les prisons du Tribunal Révolutionnaire.          

     

     

      « Dénonciation contre Ferrant marinier.

      Aujourd'hui neuf brumaire de l'an trois de la république Française une et indivisible sur l'invitation faitte au ci-après nommé est comparu le citoyen François Chevallier, marchand cordier demeurant à Orléans rue de la Tour Neuve près le port, section de Brutus.

      Lequel déclare avoir entendu dire au citoyen René Ferrant, qu'il avait été requis pour jeter à l'eau les citoyens qui avaient été fusillés au Ponts de Cé à Angers ; Et qu'il avoit été requis également pour repousser à l'eau les cadavres qui avaient été noyés dans ces deux endroits.

      Que de plus il avait aussi dit qu'il avait vu le chirurgien major écorcher de ces hommes pour en avoir la peau.

      Et est tout ce qu'il a dit scavoir lecture à luy faitte a dit contenir vérité fait au Comité Révolutionnaire de Surveillance au district d'Orléans les jour et mois susdits. 

                                                                      Signé  : F Chevallier. »

     

      « Prévenu d'être de complicité avec les ex membres du Comité Révolutionnaire.

    Lettre au Citoyen Leblois accusateur public près le Tribunal Révolutionnaire à Paris.

      Orléans, le 9 Brumaire l'an 3 de la République une et indivisible.

      Le Citoyen Ferrand au Citoyen Le Blois accusateur Public près le tribunal révolutionnaire à Paris.

     

    Citoyen,

      Je suis détenu depuis six jours dans la prison d'Hilaire d'Orléans sans en savoir le motif.

      Cependant on m'accuse d'avoir participé aux noyades qui ont eu lieu au Pont de Cée. Je n'en connais aucune, sinon que j'y ay été requis l'année dernier par deux officiers municipaux et le commandant de la place y étant avec mes batteaux venant d'Orléans chargés pour Nantes ; pour y pousser hors bord les corps des morts, des malheureux que l'on fusillait, ce que j'ai été obligé de faire en étant requis par les autorités constituées et au nom de la Loi.

      De ces officiers je ne connais que le citoyen Gatine pour lors officier municipal au Pont de Cée près d'Angers.

      On m'accuse de même d'avoir encore participé à celles qui ont eu lieu à Nantes ; rien de si faut puisqu'il est vray quelle se faisait dans le même temps que la fusillade du Pont de Cée ou j'étois requis. Comme je vous le dit de l'autre part c'est pourquoi je vous déclare que je n'ay eu aucune connaissance de ce fait, et personne n'est dans le cas de m'accuser d'avoir fait autre chose que ce dont j'étais forcé de faire au Pont de Cée ; sans savoir si je faisait bien ou mal ; y étant comme je le répette forcé par la municipalité et le commandant.

      Enfin cette réquisition fini j'eus main levée pour conduire mes bateaux à Nantes ; pour lesquels ils étaient destinés, et lorsque j'y fut arrivée, les noyades et fusilliades n'y avait heureusement plus lieux.

      Voilà citoyen tous les renseignements que j'ay a donner dans cette affaire.

      Il est bien malheureux pour moi de me voir retenu sans en savoir la cause en me faisant un tort considérable ayant entrepris à mon passage ce jour dernier à Amboise la conduite de huit cent pièces de vin destinées pour l'approvisionnement de Paris, pour lequel chargement j'ay déjà fait baisser trois de mes batteaux pour Amboise avec une permission du citoyen Dumas inspecteur de la navigation de l'intérieur résidant à Orléans, j'en ay encore quatre autres dans ce port qui ne peuvent partir vue mon arresttation ; en conséquence citoyen, tu voudra bien prendre en considération l'exposé cy-dessus n'étant rien que la vérité. Salut et Fraternité ; signé R.F

     

    René Ferand marinier à Bellecoste district de Tours département de Indre et Loire. 

     

      Courrier de René Ferrant au Représentant du Peuple d'Orléans.

     

      «  Au citoyen Brival Représentant du peuple à Orléans,

      Citoyen Représentant,

      Le nommé René Férand, voiturier par eau de Belle Coste sur Loire (Saint-Cyr sur Loire) district de Tours département d'Indre et Loire.

      Expose qu'il est retenu dans la prison Hilaire d'Orléans sans en savoir le motif ;

      On m'accuse d'avoir participé aux noyades du pont de Cée ; je n'en connais aucunes.

      Il est cependant vray que j'ai été requis au Pont de Cée, y étant avec mes batteaux, par deux Officiers Municipaux et le Commandant de la Place, dont un de ces officiers étoit le citoyen Gatine officier municipal le seul que je puisse nommer ignorant le nom des autres, à l'effet de pousser hors du bord de la rivière les corps morts des malheureux que l'on sacrifiait à la fusilliade, ce que j'ay été obligé de faire malgré ma sensibilité y étant requis par les authorités Constituées et au nom de la Loi ; a qui je ne pouvais refuser.

      On m'accuse encore d'avoir participé à la noyade qui cest faite à Nantes. Comment pouvait il se faire que je fus à Nantes dans ce même moment j'étais requis au pont de Cée pour faire un service aussi terrible ; ors cette réquisition fini j'eus main levée de mes batteaux par les Autorités Constituées du Pont de Cée pour conduire mes bateaux à Nantes où je suis arrivée ; Mais heureusement toutes les noyades et fusillades dont il est question étoient fini et je prouve que personne n'est dans le cas de m'inculper pour ses faits. J'ay même preuve a en donner dans ce pays et que mon dénonciateur prouve ce qu'il avance.

      J'expose actuellement que j'ay entrepris dernièrement a mon passage a Amboise la conduite de huit cent barriques de vin destinées pour l'approvisionnement de Paris, pour lequel chargement j'ay déjà fait partir trois batteaux pour charger le dit vin en partie au port d'Amboise d'après une permission du citoyen Dumas Inspecteur de la Marine de l'Intérieur résident à Orléans ; et promesse de m'en remettre un autre pour baiser mes quatre batteaux restant pour aller charger le reste du cottingent dans le dit port d'Amboise. Ces quatre batteaux restant dans le port de cette commune vüe mon arrestation.

      En conséquence Citoyen Représentant j'espère que tu prendra en considération l'exposé cy-dessus, et fera droit à une juste réclamation./. »

     

      Mais le Comité Révolutionnaire et de Surveillance du district d'Orléans ne l'entend pas de cette oreille et René Ferrant est dirigé vers le Tribunal Révolutionnaire de Paris. Prévenu d'être de complicité avec les ex-membres du Comité Révolutionnaire de Nantes, il écrit le 9 Brumaire de l'an 3 au Citoyen Leblois accusateur Public près le Tribunal Révolutionnaire à Paris. Mais le Comité se conformant à la lettre reçue le 7 Brumaire du Citoyen Leblois qui l'invitait à le faire traduire à Paris, René Ferrant est mis en route « dans les plus brefs délays » et conduit par la Gendarmerie Nationale d'Orléans à Paris.

     

      Le 18 Brumaire René Ferrant est interrogé par Pierre Forestier, juge du Tribunal Révolutionnaire établi à Paris « sans aucun recours au Tribunal de Cassation ».

      « René Ferrand, âgé de 36 ans, né à Tours département d'Indre et Loire, maître de bateaux, demeurant à Tours.

    D- S'il n'a pas été requis pour conduire des détenus de Nantes à Angers par la rivière de la Loire ?

    R- Que non,

    D- S'il n'a pas participé aux noyades qui ont été exercées au Pont de Cé ?

    R- Qu'il n'y a point eu de noyades au Pont de Cé que par conséquent il n'a pas pu y participer.

    D- S'il n'a pas été requis pour jetter à l'eau les citoyens qui ont été fusillés à ce dernier endroit ?

    R- Qu'il n'a point été mis en réquisition pour cet effet, mais qu'il a été commandé par un officier municipal qui est monté dans le bateau avec lui pour repousser les cadavres qui se trouvaient sur le rivage au milieu de la rivière.

    D- S'il n'a pas de concert avec un chirurgien écorché de ces noyés pour en avoir la peau ?

    R- Que non, qu'il est bien vraye qu'un chirurgien major dont il ignore le nom en a écorché en sa présence pour en avoir la peau et la graisse mais qu'il ne l'a point aidé.

    D- S'il n'a prêté aucun secours à ceux qui ont fait les noyades et les fusillades ?

    R- Que non.

    D- S'il a un conseil ?

    R- Non, lui avons nommé le Citoyen Bouttroue.

    Lecture faite a persisté et dit ne savoir signer en conséquence avons signé.  »

    signé Josse commis greffier et Forestier Juge.

    René Ferrand, pousseur de cadavres ?

     

     

     Alors ? René Ferrant, coupable ou innocent ?

     

      Il est quand même étonnant que son nom soit déjà connu du Tribunal Révolutionnaire de Paris avant le 7 Brumaire de l'an 3 (28 octobre 1794) puisque le Président du Tribunal Leblois transmet une lettre au Comité d'Orléans à cette date. Qu'une dénonciation soit transmise au Comité d'Orléans le 9 Brumaire (30 octobre 1794). Que le nommé Ferrant précise qu'il est emprisonné depuis 6 jours, donc depuis le 3 Brumaire (24 octobre 1794). Que son transfèrement au Tribunal Révolutionnaire de Paris a été exécuté avec diligence puisque le 18 Brumaire (8 novembre 1794) il est interrogé par le Président de ce tribunal.

      Sachant que le procès de Jean-Baptiste Carrier va commencer.

      En effet, le 29 octobre 1794 la Convention forme une commission d'enquête et le 13 novembre l'Assemblée vote la levée de l'immunité parlementaire de Carrier. Le 27 novembre il est mis en accusation et condamné à mort et guillotiné le 26 Frimaire de l'an 3 (16.12.1794).

     

       René Ferrant est peut-être ce voiturier par eau, né vers 1758 à Saint-Cyr-sur-Loire, fils d'Urbain Ferrant et de Jeanne Thierry qui épouse à Saint-Cyr-sur-Loire, le 26 février 1782, (Vue n°7/19 année 1782- Saint-Cyr-sur-Loire) Françoise Soudée, (née le 15 mars 1757 à Saint-Cyr et décédée le 28 juin 1816 à Saint-Cyr, veuve de René Ferrand., marinier). Il semblerait que ce soit notre homme...

     

    Sources: Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés. - Archives de la guerre de Vendée conservées aux Archives nationales – Réf ANW71-1, Tours,Orléans et Paris 9,18 Brumaire an III- procédure engagée contre René Ferrand, accusé d'avoir participé aux noyades de Nantes. 30 ; octobre 1794 - copie de la vue n°7/9 du dossier -  Le Souvenir Chouan de Bretagne, article publié le 22 mars 2013 au sujet de Jean-Clément Martin et son révisionnisme) – Archives Départementale d'Indre et Loire tous droits réservés, commune de Saint-Cyr-Sur-Loire. Mariages 1782 et décès 1816. - Photo  : Souvenir Chouan de Bretagne, article du 22 mars 2013 Jean-Clément Martin .

     

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