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    Les Mémoires de l’abbé Remaud, 3° partie…

     

     

    La Vendée Historique, N° 64, 20 août 1899.

     

    J’étais d’avance annoncé à Son Altesse Royale par les lettres de M. Le duc d’Harcourt, résidant à Londres en qualité de chargé d’affaires pour le prétendant. Je me fis présenter à Monsieur par le comte François Discares, son capitaine aux gardes. Je suis incapable d’exprimer, même faiblement, ce qui se passa entre le prince et moi. Je lui remettais d’une main les derniers vœux de Charrette, et il recevait de l’autre son dernier soupir rendu à l’échaffaud. Sa figure, pleine de grandeur et de sensibilité, se couvrait de larmes ; il pouvait à peine lire, et je pouvais encore moins m’expliquer. Après avoir reçu de sa part des bontés sans nombre, je lui demandai la permission de me retirer, n’ayant pas pris de repos depuis plusieurs nuits que j’étais en route. Il m’invita obligeamment lui-même à dîner le lendemain avec mon compagnon de voyage.

    Je me rendis avec empressement aux ordres que Monsieur m’avait donné la veille. Je pris autant que je le pus sur moi pour modérer une juste douleur. Il fallut aborder la grande question des malheurs de la Vendée, commencés depuis longtemps par la mésintelligence des chefs, augmentés par la défection de plusieurs commandants de division, et enfin à leur comble par la mort de Charette, un des plus fidèles serviteurs du roi. Après une longue conférence, à laquelle assistèrent MM. Le duc de férant, les comtes de P.P. qui composaient alors ses conseils, j’eus l’honneur de dîner avec Son Altesse Royale, Mgr le duc d’Angoulême, et cet honneur me fut accordé pendant tout le temps de mon séjour en Ecosse.

    J’y passai environ un mois, pendant lequel je fus malade des suites de mes blessures. Monsieur me donna son médecin pendant le temps que je mis à me rétablir. Je ne sortais point de chez moi. Monsieur profita de ce moment pour me faire exécuter un petit travail sur la guerre de la Vendée, ouvrage qu’il désirait infiniment, mais que personne n’avait pu lui donner, parce que personne n’avait suivi de près tous les évènements de la guerre. Je m’occupai de classer les principaux faits,  je les fis transcrire par mon compagnon de voyage, et je remis à Monsieur cette petite brochure à laquelle il parut attacher un grand prix. Il y ajouta de nouvelles bontés pour moi, en m’assurant que tous les Vendéens auraient toujours des droits à son estime, et qu’il ne serai peut-être jamais assez heureux de pouvoir s’acquitter envers eux.

    Ce n’est pas ici le lieu de rappeler les intéressantes conversations que j’ai souvent entendu tenir au prince. Je ne peux pourtant m’empêcher de rapporter ce qu’il me dit un jour en dînant à côté de lui, en me serrant la main avec bonté. Il me fit remarquer sa table, encore garnie de beaucoup de bons mets : « Eh bien ! ajouta t-il, j’aimerais mieux être dans la Vendée à manger un morceau de pain noir, que d’être ici à faire bonne chair, dans le palais des rois d’Ecosse. »

    Quelqu’agréable que fût ma position, quelques délicieuses que fussent pour moi les bontés de Son Alt. Royale Monsieur, j’étais impatient de retourner dans ma patrie, et de rendre compte à mes amis de ce qu’ils avaient à espérer ou à craindre. Je fus mes préparatifs de départ et demandai à Monsieur ses derniers ordres pour la Vendée. Il m’engagea obligeamment à demeurer encore quelques jours auprès de lui, pour assister à une fête que Lord Gordon, vice roi d’Ecosse et gouverneur pour le roi d’Angleterre dans le royaume, voulait nous donner. Le généreux anglais, qui aimait singulièrement les princes de la maison de Bourbon, aimait aussi beaucoup les Vendéens ; il aimait à causer de la guerre de la Vendée. Je reçus une invitation infiniment flatteuse, et j’assistai au dîner du noble Lord, qui ne cessa, pendant tout le temps que nous fûmes chez lui, de nous combler de bontés, mon compagnon de voyage et moi. Notre départ fut définitivement arrêté pour le lendemain, dernier jour de juillet.

    Avant mon départ, j’allai prendre les ordres de Monsieur et ses dépêches. Ce moment fut terrible pour ma sensibilité. Je ne pus m’empêcher de couvrir ses mains de mes larmes, au moment où il voulut bien me donner l’accolade. Je partis et j’arrivai à Londres, après quatre jours de marche sans m’arrêter.

    Mon premier soin, quand j’arrivai à Londres, fut de remettre aux différents ministres les dépêches de Monsieur pour eux. Partout on me témoigna le plus vif intérêt, particulièrement chez le ministre de la guerre, où j’allai souvent dîner. J’étais loin de penser ce qui devait m’arriver par la suite ; je comptais faire un très petit séjour à Londres, mon envie de retourner en France ne faisait qu’augmenter chaque jour. Le gouvernement anglais en avait décidé autrement.

    Je reçus l’ordre du ministre de prendre un appartement commode, peu loin du bureau de la guerre, et de m’y présenter souvent pour conférer avec lui. On fixa ma pension par jour à 12 l. et on me procura du reste tous les agréments que je pouvais désirer.

    J’établis donc mon séjour à Londres, sans plus savoir quand je pourrais retourner dans ma famille et au sein de mes amis qui ignoraient pour la plupart ce que j’étais devenu. Je me plaignis plusieurs fois à Monsieur de l’espèce de gêne dans laquelle on me tenait dans la capitale de l’Angleterre. Il me répondait avec affection et m’exhortait au courage. Je me plaignis directement aux ministres, ils me répondaient toujours d’une manière extrêmement obligeante avec moi, mais peu favorable au plan que j’avais formé pour mon retour. C’était surtout sur l’intérêt que l’on prenait à moi, qu’on motivait les délais de mon départ. On ne cessait de me dire qu’il n’y avait rien d’avantageux à faire alors en France, qu’il fallait attendre les évènements.

    En effet, la politique avait bien changé depuis mon départ de la Vendée : les insurgés, les puissants auxiliaires pour l’Angleterre, n’existaient plus. La Vendée était comprimée, l’Anjou soumis et la Bretagne rendait partout ses armes. Il fallut donc se soumettre aux évènement et attendre, ce que je ne fis pas sans murmurer.

    Dans la nécessité où j’étais de prolonger mon séjour dans la capitale de l’ Angleterre, je me déterminai à me faire un genre d’occupation, pour ne pas m’ennuyer au milieu de cette immense cité que je n’habitais qu’à regret. Sur le désir que m’avait témoigné Monsieur de me voir écriren d’une manière plus détaillées, les malheurs et les combats des la Vendée, dont j’avais été le témoin oculaire, je me décidai à continuer plus en grand le travail que j’avais commencé à Edimbourg. Je fis des mémoires sur la guerre civile de la Vendée, cet ouvrage m’occupa pendant six mois. Je passais les moments de délassement chez MM. les émigrés de ma province, que je voyais le plus souvent possible, et j’avais aussi une injonction particulière de Son Altesse Royale Monsieur de voir MM. les évêques de France réunis à Londres. Parmi ces prélats, je voyais plus particulièrement le respectable évêque de Saint-Paul-de-Léon, M. de la Marche. Il entretenait avec les princes une correspondance journalière, il jouissait auprès du ministre britannique d’une grande considération.

    Mon ouvrage sur la Vendée n’était pas encore fini, que je trombai malade. Je le fus si sérieusement, que je pensai mourir. J’eus ce qu’on appelle en Angleterre le spleen, et ce qu’on nomme en France la consomption. On se voit mourir : c’est une maladie du pays ; elle est occasionnée par la sombre mélancolie qui est le partage des Anglais, ou peut-être encore par l’air épais que l’on respire à Londres, où un nuage épais de fumée de charbon de terre empêche de voir le ciel pendant la majeure partie de l’année. Je n’ai dû mon rétablissement qu’aux soins multiples du docteur Philisbert, médecin de Monseigneur le duc de Bourbon, qui avait la bonté de me l’envoyer tous les jours. Je me guéris, non parfaitement, et je profitai de mes derniers moments de convalescence pour me faire conduire chez le ministre, aux fins de faire accélérer l’époque de mon départ, pour les raisons même de ma mauvaise santé.

    Les évènements avaient encore changé de face dans toute l’Europe, et particulièrement en France. Le Directoire se faisait partout détester par ses mesures de rigueurs. L’Empereur de Russie paraissait prendre un vif intérêt aux princes infortunés de la maison de Bourbon. L’Angleterre même semblait vouloir enfin adopter le plan pour sa propre sûreté. Le roi avait besoin en France de ceux qui étaient attachés à son parti. Mon départ d’Angleterre fut enfin résolu, mais je fus obligé, pour l’obtenir, de me faire donner les ordres du Royaume. Je fus chargé spécialement d’apporter en France ses volontés et ses instructions.

    Le gouvernement me donna des fonds pour mon voyage, qui devait être long et pénible. Il fut arrêté que, pour arriver à Paris, je passerai par le continent. Je quittai Londres le 12 mars, presque un an après mon départ de la Vendée. Je m’embarquai à Claremont pour Crux-Haven. Le gouvernement me donna place sur un bâtiment destiné à conduire Lord Elgin à son ambassade.

    De tous les voyages que j’ai fait en mer, cette traversée fut pour moi la plus agréable. J’arrivai dans le nord de l’Allemagne sur la fin de mars. Je commençai mon long voyage sur le continent. Après avoir traversé le Hanovre, je pris la route de Francfort, où j’avais ordre de passer.

    Je fus singulièrement contrarié dans ma marche. Les Français étaient aux portes de cette ville d’un côté, quand j’étais à une journée de marche de l’autre. Il me fallut rétrograder sur les Etats du prince de Hesse. Ne prévoyant pas quelle route je pourrais suivre avec prudence, je m’adressai directement au ministre du Landgrave, qui me reçut avec beaucoup d’égards. Il me donna des passe-ports de Hessois, qui étaient alors en paix avec la France.

     

    Abbé Remaud

     

     

    (A suivre)

     

    Les Mémoires de l'abbé Remaud, 3° partie....


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    Les chroniques de Jacques Chauvet, N° 24…

     


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  •                 Saint-Lambert-du-Lattay, le 10 fructidor an 7...

     

     

        

        

     
    Saint-Lambert-du-Lattay, 1799.... Deux ''bons patriotes'', deux sinistres dénonciateurs de la Commune de Saint-Lambert-du-Lattay sont abattus au village du Plessis dans la soirée du 10 fructidor de l'an 7, le mardi 27 août 1799, par huit combattants royalistes. Les affiches d'Angers ne manqueront pas de s'en faire l'écho avec l'esprit partisan et la mauvaise foi habituels ; en oubliant bien entendu, les exactions des Colonnes Infernales.

      En 1790 la population de Saint-Lambert était de 1130 habitants et en 1796  de 400 habitants seulement...

     

    Angers, 13 fructidor.

     

      « Auparavant d'annoncer l'assassinat commis sur les citoyens Hudault, notaire, et Gaultier, m.d tanneur, demeurant commune de Lambert-du-Lattay, sur la rive gauche de la Loire, nous avons cru devoir nous instruire de la vérité de ce cruel événement.

      Le 10 de ce mois, huit individus armés se présentèrent, sous le nom de colonne mobile, dans la commune de Lambert-du-Lattay. Divisés en deux bandes, quatre entrèrent chez le cit. Hudault, ancien commissaire du directoire ; les quatre autres, chez le cit. Gaultier, m.d tanneur. Ils reçurent dans ces deux maisons un accueil fraternel, en raison de ce qu'ils s'étaient annoncés faire partie de la colonne mobile. Mais bientôt ils se firent connaître ; impatiens de commettre le crime, ils saisirent leurs hôtes, les arrachèrent à leurs familles, et les massacrèrent presque sous les yeux de leurs femmes et de leurs enfants....

      Est-il d'expression assez forte pour peindre l'horreur d'une telle action ! Tout être pensant a voué à l'exécration le système de terreur et ses partisans ; la constitution protège les personnes et les propriétés. Quel contraste avec ceux qui se disent les défenseurs de la religion, de la royauté ! Au nom de l'évangile, au nom de Louis XVIII, ils égorgent des pères de famille, et s'abreuvent de leur sang. L'humanité, ce qu'il y a de plus sacré sur la terre, l'humanité n'est chez les révoltés qu'un mot vide de sens, qu'une faiblesse ; enfin il leur faut du sang...... Ils oublient même que leurs voisins, leurs parents, leurs amis, des personnes mêmes innocentes, peuvent devenir responsables de leurs attentats.... qu'ils sont leurs propres victimes. Il est un terme à tout. La justice nationale gémit de n'être pas satisfaite ; et si les événemens de l'extérieur ont pu occasionner dans le sein de la république de nouveaux crimes, les mêmes causes nous fournissent le moyen de les punir, en facilitant au gouvernement l'envoi de troupes dans nos contrées. »

     

      Un procès Verbal suivi des actes de décès sont rédigés par Barthélémy-Marie Andouin, adjoint municipal de la commune.

     

      « Aujourd'hui onze fructidor an sept de la République Française, à quatre heures du matin.

      Les soussignés et plusieurs qui ont déclarés ne le savoir signer, habitant la commune de Saint Lambert du Latay se sont transporté au village du Plessis d'où ils ont entendus trois coups de fusil, hier au soir sur les neuf ou dix heures, lesquels ils ont pensé avoir été lâchés sur les citoyens Hudault et Gautier tanneur, le premier agent, le dernier ancien maire de la dite commune. Quels chouans se disant colonne mobile avaient pris il y avait environ un quart d'heure, dans leurs maisons les dits habitants, arrivés à un carrefour près le dit village du Plessis ont reconnu les citoyens Hudault et Gautier, le premier atteint à la tête d'un coup de feu qui lui a brûlé sa chemise et auquel ils ont ôté son chapeau, sa culote et ses souliers ; le second également atteint à la tête d'un coup de feu et d'un autre dans les reins, et auquel ils ont ôté ses souliers ; de tout quoi ils ont rédigé le présent procès-verbal. Les chouans ont entré sur plusieurs points ont demandé s'il n'y avait pas de troupe, sont portés, les uns chez Gautier, les autres chez Hudault, le tout en moins d'un quart d'heure. »

     

    Signé Andouin et consorts.

     

      « René-Jean Hudault, notaire :

     

    Aujourd'hui onze fructidor de l'an sept de la république devant moi Barthélémi-Marie Andouin adjoint municipal de la commune de St lambert du Latay ; sont comparus les citoyens Jacques Gaultier cultivateur et Claude Mauriceau aussi cultivateur tous domiciliés de cette commune ; les quels m'ont déclaré que le citoyen René-jean Hudault notaire public et agent municipal de St Lambert a été assassiné hier, neuf heures du soir, laquelle déclaration étant appuyée d'un procès-verbal dûement en forme qui constate l'assassinat commis sur la personne dudit Hudault. J'ai rédigé le présent acte que les témoins ont signés. »

     

    signé : Claude Mauriceau, J Gaultier et Andouin adj municipal. »

     

     

      René-Jean Hudault est né le 29 octobre 1753 à Chouzé-sur-Loire, marié le 24 novembre 1795 à Faye-d'Anjou avec Perrine Lucas, née le 3 avril 1762 à Saint-Lambert. Ancien Commissaire du Directoire et notaire public et aussi.... ''dénonciateur public''.

     

      René Gaultier, maire de Saint-Lambert en l'an 2, à ne pas confondre avec Jacques Gautier, maire en 1789 et 1791. René Gautier est qualifié de boucher-tanneur.

      Il s'agit peut-être de René Gaultier, né le 9 janvier 1760 à Saint-Lambert ; marié le 20 janvier 1784 à Saint-Lambert avec Mathurine Bordreau-Bordereau et domicilié au village du Layon près du village du Plessis. De cette union sont issus :

     

    1° Mathurine Gaultier, née le 26 février 1786 à St Lambert.

    2° Jeanne Gaultier, née le 9 septembre 1788 à St Lambert.

      Mais ce René Gaultier est qualifié de journalier ou de vigneron. Aucun acte ne précise la qualité supplémentaire de tanneur ou de boucher. Voici son acte de décès :

     

      «  René Gaultier -taneur.

      Aujourd'hui onze fructidor de l'an sept de la république, devant moi, Barthélémi-MarieAndouin, adjoint municipal de la commune de St Lambert du Latay sont comparus les citoyens Jacques Gaultier et Claude Mauriceau tous deux cultivateurs domiciliés en cette commune  ; lesquels m'ont déclaré que le citoyen René Gaultier taneur et ancien maire du dit Saint Lambert a été assassiné hier neuf heures du soir laquelle déclaration étant appuyée d'un procès-verbal dûement en forme qui constate l'assassinat commis sur la personne dudit Gaultier. J'ai rédigé le présent acte que les témoins ont signés. »

     

    signé : Claude Mauriceau – J. Gaultier, Andouin maire.

     

     

    Sources: Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Les Affiches d'Angers, quartidi 14 fructidor (n°172) - an 7 de la République – vue n°13/31 - Registres d'état civil de la commune de Saint-Lambert-du-Lattay, décès vues 113,114/124 et de Faye d'Anjou mariages 1795 - Cadastre de 1824 A (unique) du Plessis (village du Layon et du Plessis) -  Photo de l'auteur,  

                                                              

     

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets. 

     

     

    Saint-Lambert-du-Lattay, 1799....

     

     

    Ces deux patauds ont été tués près de cette croix. 

    Saint-Lambert-du-Lattay, 1799....

     


       À noter que ce sont eux qui vinrent à la rencontre de la colonne de Cordelier, quand celle-ci s'approcha de Saint-Lambert-du-Lattay, le 23 janvier 1794. Malgré leurs suppliques, les soldats républicains dévastèrent la commune

     

    Nicolas Delahaye 


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  • Le château de Pugny…

     

    Communiqué de M. Eric Bonneau, propriétaire du château de Pugny :

     

     

    Créée il y a un peu plus d'un an l'association des Amis du château de Pugny a déjà à son actif un gros travail de recherche sur l'histoire du château et de ses habitants.

    Elle a permis grâce à ses adhérents et ses bénévoles de mettre en valeur le patrimoine architectural du château, en particulier le nettoyage des bâtiments existants, la mise au jour des anciens égouts, le dégagement de l'ancienne muraille et de la tour Est.

    Elle a permis également l'organisation de rencontres historiques et de visites.

    Les projets à venir cette année sont la rénovation de la toiture d'un des bâtiments pour l'accueil du spectacle fin août organisé par la commune de Pugny, l'accessibilité du second niveau des caves, la mise au jour du sommet de la tour Est, ainsi que la préparation des journées du patrimoine 2017.

     

    Pour rappel les statuts de l'association prévoient :

     

    L’association les Amis du Château de PUGNY (ACP) réunissant tous ses amoureux, protecteurs et défenseurs, a pour buts :
    • Faire découvrir au public le château et son histoire en y organisant des visites guidées
    • Faire œuvre «d’historien » en recherchant tous documents ayant trait à l’histoire du Château et à l’histoire des personnes y ayant vécu
    • Animer ces lieux et y organiser toutes sortes de manifestations culturelles, festives, touristiques et sportives
    • Contribuer et participer à la restauration des bâtiments existants
    • Reconstruire le bâtiment (habitation des propriétaires) tels qu’ils étaient au 18° siècle.
    • Contribuer et participer à la restauration et à l’aménagement du Bâtiment dit «les communs » pour en faire, notamment, une salle d’expositions temporaires
    • Reconstruire le donjon et le pigeonnier.
    • Participer à la découverte et à la mise à jour des caves et souterrains du Château
    • Et plus généralement agir pour la sauvegarde, la mise en valeur, la promotion et le rayonnement du château de Pugny et du patrimoine architectural qu’il représente.
     



     

     

    Adhérer ou faire un don à l’ A.C.P: 

    Adhésion simple : 10 euros/an 

    Adhésion étudiant ou – 25 ans : 5 euros/an 

    Donateur bienfaiteur : 20 euros ou plus 

     Contact de l’Association :                                                 

    A.C.P 

    Château de Pugny 

    79320 PUGNY 

    M BONNEAU Eric (Président) :  

    Tel : 05.17.31.62.14 / 06.35.36.83.33 

    Mail : ericniger@yahoo.fr                   

     

     

    Le château de Pugny....

     

     


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    Les Mémoires de l’abbé Remaud, 2° partie…

     

     

    La Vendée historique, N° 62-63, 5 août 1899.

     

    C’est le 13 mars 1793 que commença la guerre civile de la Vendée dans le pays que j’habitais. Ce n’est pas ici le lieu de parler de ces événements à jamais mémorables. Je me contenterai de dire que jamais ma sensibilité ne fut plus alarmée ; jamais je n’ai rien vu, ni entendu de pareil à ce qui se passa dans ce jour. Partout le son lugubre des cloches annonçait un grand événement. On entendait de loin le bruit des armes. Le feu commençait à consumer ma triste patrie ; dans les bourgs, dans les hameaux, on enfonçait les portes des maisons pour crier aux armes. Le cri général était : il nous faut des armes et des prêtres.

    Mon malheureux camarade et moi, nous n’osions nous montrer, tant le peuple était en courroux. Malgré toutes les précautions que nous avions pu prendre, notre solitude fut découverte ; le peuple s’empara de nous, et nous força de le suivre. M. Dolbec, curé de Sainte-Cécile, fut conduit à Palluau par un détachement d’hommes armés. Je le fus également, par une autre escorte, au bourg d’Apremont, où l’on exigea de moi que je bénisse l’église qui avait été occupée par un intrus.

    Mon premier soin fut d’aller visiter les prisons, où l’on avait entassé séparément tous les bourgeois et leurs épouses, sous prétexte qu’ils étaient la cause des malheurs qu’on éprouvait alors. A Apremont, comme à Machecoul, à Legé, au Poiré et dans bien d’autres endroits, on avait résolu le massacre de toutes les personnes. J’arrivai heureusement à temps, j’eus le bonheur de profiter de l’ascendant de mon ministère,  j’obtins la grâce de tous les prisonniers, et je n’éprouvai jamais une aussi douce jouissance que celle que je goûtai alors. Tous furent délivrés à ma prière : on les conduisit au château d’Avreau, paroisse de Commequiers, où Mme de Lespinay-la-Roche leur prodigua tous les soins. Quelques jours après, ils furent entièrement délivrés, par l’effet des circonstances et des combats.

    Là, commença pour moi une nouvelle carrière. Je ne fus le maître de mes démarches,  je me rendis au sein de ma famille, que je n’avais pas vue depuis plusieurs mois. J’y fus à peine arrivé qu’il fallut m’occuper d’affaires politiques. Il y eut une assemblée générale au hameau de l’Oie, pour délibérer sur les affaires du temps. Les royalistes sentirent le besoin d’un ordre quelconque. On nomma deux commissaires pour rédiger un plan d’administration provisoire dans la Vendée. Je fus chargé d’une partie de ce travail, qui fut suivi jusqu’à l’organisation plus complète qui fut faite au Conseil de Châtillon,  par M. Bernier. Comme presque tous les hommes en état de porter les armes étaient obligés de marcher journellement pour faire le service, les conseils d’administration se trouvèrent pour ainsi dire composés d’ecclésiastiques, de quelques vieillards ou gens infirmes. Je fus successivement appelé, et à différentes époques, à remplir diverses fonctions administratives. J’abrège les détails inutiles, et je me borne à parler ici des devoirs difficiles et laborieux que j’ai eu à remplir en qualité d’inspecteur divisionnaire des Sables d’Olonne, ensuite en qualité de commissaire général de l’armée aux ordres de Charette.

    On se persuadera sans peine que l’on n’envie pas ordinairement les places qui n’offrent que des fatigues, des dangers et qui surtout sont toujours mêlées de dégoût. Telles étaient, en général, les places de l’administration des royalistes pendant la guerre de la Vendée.

    Que l’on se fasse une idée, si on le peut, d’un pays où tous les moulins ont été incendiés à la fois ; qu’on se figure, au milieu de ce pays, une armée presque toujours mouvante, qui ne fut jamais également nombreuse deux jours de suite. Que l’on considère ce que peuvent faire des administrateurs qui comptent aujourd’hui sur leur tonneau de grain que l’ennemi leur enlève souvent une heure après. Enfin, que l’on considère ce que peuvent fournir de petits moulins à bras, que la nécessité avait fait construire à la hâte ; des fours épars ça et là, qu’on voyait le jour et qui étaient incendiés le lendemain. Que l’on réfléchisse sur tout ceci, et l’on aura une faible idée des difficultés qu’on éprouvait à administrer la Vendée insurgée.

    Il fallait donc être forcé à remplir de pareilles fonctions pour s’en occuper. Mais je le fis par l’autorité même du chef qui commandait au nom du roi.

    Plusieurs fois j’ai donné ma démission, pour me livrer aux focntions du ministère ; autant de fois j’ai été contraint de reprendre les rênes de l’administration, au milieu des dégoûts toujours croissants et des dangers toujours multipliés. Ma tête était à prix, j’en avais la certitude ; de là tous les jours de nouvelles précautions à prendre. Enfin, accablé de fatigue, je fis demander, par une assemblée du clergé réunie à Pont-de-Vie, paroisse du Poiré, ma démission, le général Charrette la refusant en déclarant qu’il était à tout faire pour l’Eglise, excepté d’accorder cette grâce.

    De nouveaux ordres me furent donnés pour me tenir habituellement auprès du général en chef. De ce moment, je fus destiné particulièrement à partager tous ses dangers. Il me donna une paire de pistolets, qu’il exigea que j’eusse porté ; obligé à voyager presque jour et nuit, je courais plus de dangers que personne. J’atteste le ciel que je ne me suis jamais servi des dites armes au-delà des bornes d’une juste défense. J’ai pourtant tombé au pouvoir de l’ennemi ; on m’a laissé pour mort sur le champ de bataille ( le 21 février, à la bataille de la Bégaudière, je fus laissé pour mort sur le champ de bataille. J’eus le corps couvert de blessures ; ma mort fut annoncée dans les papiers publics. Note de l’abbé Remaud). Dabs ces circonstances difficiles et cruelles, qui oserait me faire un crime de ce que la nature ordonne, d’une action que les lois positives ne défendent pas ?

    Je sais que des personnes mal intentionnées se sont beaucoup récriées sur l’usage que j’avais fait des armes qu’on m’avait ordonné de porter ; mais je laisse à ceux qui me liront, à apprécier les témoignages des ennemis que la révolution à suscités aux prêtres en général, et que la guerre civile avait encore exaspérés dans les lieux où elle exerçait ses ravages. D’ailleurs j’ai pour moi le témoignage de ma propre conscience, il me suffit. Je sais ce que j’ai fait ; je m’en suis souvent rendu compte à moi-même au milieu des orages qui ont partagé ma vie, comme au sein de la solitude où je suis maintenant. Je le répère, j’ai porté quelquefois les armes, je n’en suis jamais servi au-delà des bornes d’une juste défense. Je n’ai jamais tiré d’armes à feu dans les combats : je n’ai jamais voté ni consenti la mort de personne : je me suis souvent opposé, au contraire, aux mesures trop rigoureuses qu’on pouvait quelquefois employer dans les moments de précipitation. J’ai même eu le bonheur d’arracher des bras de la mort des malheureux condamnés au dernier supplice. La plus douce jouissance de ma vie est de savoir que les infortunés me bénissent dans leur retraite, tandis que je les cheris dans la mienne.

    Je reprends le cours des affaires militaires, dont j’ai été obligé de partager les dangers. Après la bataille de Saint-Denis, arrivée le 21 février, la défection se mit dans l’armée ; je m’en aperçus un des premiers, et j’en prévins Charrette, il rassembla son conseil, j’y fus invité. J’y assistai. Quatre chefs de division annoncèrent assez clairement leurs intentions perfides. Le général en chef sentit plus que jamais l’horreur de sa position ; il chercha les moyens de l’adoucir et de sauver son parti.

    Il avait alors en Angleterre, et auprès des princes, des envoyés ; il attendait leur retour depuis longtemps. Ne les voyant point arriver, et s’apercevant des nouveaux dangers qu’il courait depuis l’abandon de ses officiers principaux, il fut résolu que je partirais pour me rendre auprès du gouvernement anglais et des princes, pour savoir enfin ce que feraient les royalistes de la Vendée, qi avaient été lâchement trahis par plusieurs de leurs chefs de division.

    Je partis, après avoir reçu du général Charrette les marques du plus tendre attachement. Il me remit le portefeuille de sa correspondance avec les principaux chefs des royalistes des provinces insurgées ; il prévoyait ne plus pouvoir le conserver sûrement.

    Je passai la Loire, et successivement je traversai les armées de l’Anjou et de Bretagne. Partout, mon voyage se fut au milieu des dangers ; l’accueil distingué qu’on voulut bien me faire partout pouvait en adoucir les rigueurs. Je fus particulièrement reçu, avec beaucoup d’égards, par les généraux Scépeaux et de Puysaye ; ils me remirent, aves des lettres de recommandation pour moi, des dépêches pour les ministres du roi d’Angleterre. Après un mois de route, pendant lequel je plus de cent cinquante lieues à pied, souvent au milieu des forêts, et plus souvent la nuit que le jour, j’arrivai sur les côtes de la Normandie, après avoir longtemps et inutilement cherché à m’embarquer sur celles de la Bretagne.

    La correspondance que l’Angleterre avait avec les royalistes de France me reçut enfin à son  bord. Après avoir fait viser mes passe-ports,  je m’embarquai le premier mai, avec M. le Ch……. (de la Roche-Saint-André) que j’avais pris pour compagnon de voyage. Vu les dangers qui l’accompagnaient et l’importance de la mission, on m’avait promis que dans cinq ou six heures je serais exempt de crainte, et que j’arriverai dans l’île Jersey. Je ne peux encore me rappeler sans effroi tout ce que j’eus à souffrir dans cette traversée. A peine en mer, nous fûmes assaillis par une tempête affreuse, qui dura trois jours et trois nuits. J’avais couru bien des dangers dans ma patrie, mais rien ne m’avait paru si affreux que le naufrage qui nous paraissait inévitable. Démâtés de tout mât, on commençait à jeter les effets, quand la mer en courrous commença à se calmer un peu. Nous étions bien loin de l’île où je devais aborder : la tempête nous en avait éloignés de 60 lieues. Après avoir éprouvé tout ce dont on peut se faire une idée en pareille circonstance, j’aperçus, le 5 mai, le port de Saint-Hélier (île de Jerseu).

    Je fus à peine descendu dans cette île que Lord Gordon, commandant pour le roi, m’envoya chercher pour savoir qui j’étais. On prenait les plus grandes précautions alors, pour qu’il ne s’introduisit pas dans cette île des espions républicains. J’avais des paquets pour le prince de Bouillon, qui commandait également dans cette île, et qui était spécialement chargé de la correspondance des royalistes de France. Je me présentai chez lui avec mon compagnon de voyage ; il nous reçut avec autant de bonté que d’égards. Je lui remis une lettre de confiance ; il me témoigna de nouveau une affection toute particulière, quand il sut que j’étais l’ami, le compagnon du général Charette, dont il faisait le plus grand cas. Je ne pouvais passer près de lui que peu de jours, ma mission était pressée ; il me donna de l’argent pour me conduire à Londres, et il fit appareiller le lougre le Daphné pour me transporter jusqu’à Southampton.

    C’est dans cette ville maritime que je rencontrai les premiers officiers français de ma connaissance et de mon pays. Je vis là MM de V…, la S…, la V…, Mel. M… et plusieurs autres. Ils étaient avides de savoir au juste des nouvelles de leur patrie et de leurs familles. Je leur en donnai d’autant circonstanciées que possible. Je les quittai pour me rendre dans la capitale de l’Angleterr, où j’arrivai enfin le quinze mai.

    Dès le lendemain de mon arrivée, je me présentai chez le ministre de la guerre ; je lui remis mes lettres de confiance, avec les dépêches que j’avais pour lui des différents généraux des armées royalistes de France. Il me combla, à son tout, de beaucoup de bontés, je pourrai dire d’égards. Il me demanda pour le lendemain un mémoire sur l’état des royalistes de France, et particulièrement sur ceux de la Vendée et de l’Anjou. Il m’invita à dîner. Je me rendis, le jour fixé, à son honnête invitation, et je lui remis mon travail fait un peu à la hâte.

    Je passais quinze jours de suite, ayant, demis les jours, des conférences avec les ministres de Sa Majesté le roi d’Angleterre. Tout s’écrivait de part et d’autre, et jamais, dans le Gouvernement, on ne s’en rapporta à de simples discours de conversation. Je demandai au Gouvernement l’ordre de partir pour me rendre auprès de Son Alt. R. Monsieur le lieutenant-général du royaume. On me donna, avec des passe-ports en bonne et due forme, tout l’argent dont je pouvais avoir besoin pour voyager agréablement et sûrement. J’arrivai à Edimbourg, capitale de l’Ecosse, dans les premiers jours de juillet. C’est là surtout où j’étais impatient d’être rendu, pour faire à Monsieur le détail des tous les malheurs de la Vendée, et lui en mette sous les yeux le tableau fidèle.

    Abbé Remaud

     

    (A suivre)

     

    Les Mémoires de l'abbé Remaud, 2° partie....

     

     


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