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    Les mystères de la Bésilière…

     

     

    Nous poursuivons nos promenades habituelles, cette fois-ci sur la paroisse de Legé mais tout près de Rocheservière et de l’ancienne paroisse de Saint-Christophe-la-Chartreuse dont nous avons déjà parlé. Le hameau de la Bésilière possède sûrement de vieilles pierres, qui, si elles pouvaient parler…

     

    On sait que c’est dans ce hameau que Charette campa plus ou moins régulièrement après la mort de Haxo, à partir du 20 mars 1794. Il y séjournera également dans les premiers jours de juin de la même année. C’est là que Stofflet et Sapinaud le rejoindront en vue de l’attaque de Challans.

    Le 23 juillet 1794, donc officiellement après la fin des colonnes infernales, le citoyen Moitard, maire,  Delaunay, officier municipal et une soixantaine de patriotes de Luçon, adressent la lettre suivante à Ingrand, conventionnel :

    "Le 16 juillet, à 4 heures du soir, on est parti de Montaigu avec la colonne commandée par le général Huché, marchant à l'avant-garde. On s'est porté sur Vieillevigne, et de là, sur La Roche-Servière. Les plaignants ont remarqué sur leur passage une vingtaine d'individus des deux sexes pris à leur ouvrage et tués sur le chemin, sans compter ceux que les tirailleurs tuaient à droite et à gauche, au mépris des proclamations dont ils étaient porteurs et sans doute par les ordres de Huché. Le 17, à 4 heures du matin, on se remet en marche ; on arrive au village de La Bésilière, commune de Legé, où l'on s'arrête quatre à cinq heures. Tous les hommes et les femmes mêmes, trouvés sans armes dans les champs, occupés à leurs ouvrages, y sont égorgés et fusillés. Le village est entièrement incendié. Deux pièces de terre en semencées en froment sont livrées aux flammes. On va bivouaquer dans les landes du Grand-Luc ; on ne rencontre qu'un homme et qu'une femme fuyant : ils sont fusillés. Le 18, on se porte au bourg de Saligné, où l'on ne trouve personne. On se rend aux landes de Jouinos ; un village voisin de Saligné est incendié, des moutons sont brûlés dans leurs toits : on entend beaucoup de coups de fusil à droite et à gauche. On se porte au bourg de Saint-Denis-la-Chevasse, on n'y trouve personne ; Huché y fait mettre le feu, ainsi qu'aux métairies qui l'environnent. Le 19, on campe dans les landes de la Marquière, près de Boulogne. Plusieurs cultivateurs, trouvés cachés et sans armes, les uns en chemise, les autres en gilet, presque tous à leurs travaux, sont amenés au général Huché et fusillés sur-le-champ par ses ordres. Le général Ferrand, témoin de ces massacres, fait des représentations à Huché, qui répond : Je le veux, moi ! Cependant plusieurs femmes et deux hommes sont épargnés. Le 20, on passe par le village de l'Orsière (1), où un homme et une femme sont tués dans leur maison et on se rend au Poiré où l'on rencontre les Brigands. Ceux qui escortaient vingt-cinq voitures chargées de grains, farines et effets sont tués. Soixante-quatre femmes et enfants sont conduits à Palluau et mis en liberté par le général Ferrand. Le 21, les plaignants ont quitté la colonne et se sont rendus à Luçon avec le général Ferrand. Ils ont remarqué que depuis Montaigu jusqu'à Palluau, on a horriblement pillé, et que les bestiaux ont été enlevés par ordre de Huché."

     

    Ce serait un travail titanesque que de relever systématiquement le moindre hameau, la moindre maison, le moindre chemin qui fut victime de la bêtise révolutionnaire. Titanesque mais pas impossible…

     

    RL

    Août 2013

     

    Notes :

    (1) Très probablement l’Ossière de Boulogne.

     

     

    Les mystères de la Bésilière....

     

         La Bésilière aujourd’hui.

     

    Les mystères de la Bésilière....

     

    Les mystères de la Bésilière....

     

      La Bésilière sur le cadastre de 1840, quarante-six années après les faits. Comment était le village en 1794 ? Dans quelle maison dormait Charette ? Combien de fantômes y rôdent les nuits d’hiver ?

     

    Le martyrologe de Legé nous donne les noms de quelques victimes des soldats républicains pour la Bésillière :

    Mars 1794 :

    1.  Marie Grasset, 67 ans, tuée.

    2.  Pierre Boisseleau, âgé de 30 ans.

    3.  Jacques Boisseleau, son frère, tué à Noirmoutier, âgé de 20 ans.

    Juin 1794 :

    4.  Jean Bossis, âgé de 30 ans, resté au combat de « Chalan », donné le 8 du présent mois.

    Le 18 juillet 1794 :

    5.  Marie Bernard, veuve Pierre Volard, âgée de 60 ans.

    6.  Jeanne Bouchard, femme de Pierre Beziau, âgée de 37 ans.

    7.  Marie Beziau, âgée de 16 ans.

    8.  Jean Bossis, époux de Catherine Corneteau, pris et emmené par l’ennemi.

    9.  Jean Bossis, âgé de 49 ans.

    10. Olivier Bossis, âgé de 60 ans.

    11. Jean Grasset, âgé de 64 ans, emmené par l’ennemi.

    12. Jean Erceau, époux de Marguerite Carreau, âgé de 63 ans.

    13. Perrine Bessonnet, épouse de Nicolas Dodin, farinier, âgée de 36 ans.

    14. Louise Giraudin, femme de Louis Dodin, farinier, âgée de 36 ans.

    15. Pierre Dodin, son fils, âgé de 17 mois.

    16. Catherine Bossis, femme de Julien Mounereau, âgée de 58 ans.

     

    Le 20 juillet 1794 :

     

    17. Jean Gris, époux de Jeanne Ayriau, âgé de 50 ans.

     

    Le 15 septembre 1794 :

     

    18. Jean Bossis, âgé de 19 ans, tué en combattant à Fréligné. Témoins , François Corneteau et Gabriel Raveleau.

     

    Tués au combat de Luçon le 14 aoust 1794 :

    19. Louis Boisseleau, âgé de 24 ans.

    20. Jacques Bossis, âgé de 40 ans.

     

    RL et la Maraîchine Normande

     

    Septembre 2016


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    Le combat de la Chambaudière…

     

    La Chambaudière est un hameau posé sur une hauteur au Sud de Legé, sur la commune de Saint-Etienne-du-Bois, en direction de Palluau. Rien de bien extraordinaire de nos jours et il faut prendre l’ancienne route pour se rendre compte que le village domine légèrement la campagne. Deux moulins à vent y étaient autrefois postés.

     

     

    Le combat de la Chambaudière....

     

     

    Si nous passons ici, c’est pour rappeler une bataille que livra Charette avec 1 500 de ses hommes contre 4 000 soldats bleus sous les ordres du sinistre Huché, le 17 juillet 1794. Legé venant d’être pris par les républicains, Charette veut les en chasser. La bataille s’engage vers six heures du soir contre les avant-postes républicains qui sont rapidement enfoncés. L’infanterie bleue recule jusqu’au moulin à vent à droite de la route que nous avons marqué sur la carte de Cassini plus bas (Bittard des Portes, p. 366, Poirier de Beauvais, p. 309). Cependant des cavaliers apparaissent, justement à droite des vendéens et jettent la déroute dans leurs rangs. Charette qui se trouve sur l’arrière avec le gros de son armée les rallie et prépare un deuxième choc. Malheureusement, les adjudants-généraux Aubertin et Chadau font sortir toutes leurs troupes de Legé. Les Vendéens se débandent et font leur retraite à la faveur de la nuit qui  tombe. Il y aurait eu de 60 à 80 morts côté vendéen selon Huché (Savary, tome IV, p. 36) et seulement quelques hommes selon Lucas de la Championière dont Launay, blessé à la poitrine en ayant voulu trop s’exposer, tout en étant ivre « au point de chanceler de son cheval » (Lucas de la Championnière, p. 96 et 97). Deux officiers républicains seront tués et une quinzaine de soldats blessés.

     

    RL

    Août 2013

     

     

     

    Le combat de la Chambaudière....

     

    La Chambaudière sur la carte IGN actuelle.

     

     

    Le combat de la Chambaudière....

     

    La Chambaudière sur la carte de Cassini avec le moulin à vent cité plus haut et marqué d’une croix rouge. On notera que le tracé de la route a évidemment changé.

     

     

    Le combat de la Chambaudière....

     

     

     

    La Chambaudière sur le cadastre de 1833. Celui de droite est nommé sur le cadastre « le gros moulin de la Chambaudière »


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  • Legé, la chapelle des martyrs…

     

    Située à Legé, ancien fief du général Charette, la chapelle ND de Pitié ou « chapelle de Charette » abrite la longue et triste liste des victimes de la révolution et du terrorisme.

    Pour de plus amples détails, on consultera le blog de la « Maraichine Normande ».

    http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/05/14/27157967.html

    Cette chapelle est édifiée en 1826 sur l’emplacement d’une précédente détruite en 1807. Devant l’entrée, à l’emplacement de qui est l’actuel monument aux morts, est érigée une statue de Charette abattue par les orléanistes en 1832.

    RL

    Août 2013

     

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

     

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

     

    Legé, la chapelle des martyrs...

     

     


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    La Tullévrière…

     

    C’est d’un lieu incontournable dont nous allons parler aujourd’hui. Le curé Alexandre Ténèbre, curé de Croix-de-Vie et réfractaire au serment constitutionnel se réfugie au hameau de la Tullévrière dépendant de Saint-Etienne-du-Bois et non loin des Lucs-sur-Boulogne. L’abbé Ténèbre dit la messe dans la maison Braud et près du vieux calvaire au centre du village. On lui a aménagé une cache, le saint sacrement est caché dans le mur de la forge, derrière le soufflet. On lui a même confectionné une chasuble verte dans une ancienne robe de mariée ! Cette chasuble est visible dans la chapelle.

    Février 1794 et les colonnes infernales sont là. L’abbé Ténèbre essaie de convaincre les gens du village que les républicains ne passeront pas à la Tullévrière. Malheureusement 22 personnes fuiront dans les bois voisin et seront massacrés. Le village de la Picaudière distant de cent mètres, sur l’autre rive de la Petite Boulogne est incendié, mais la colonne infernale « oublie » mystérieusement la Tullévrière tandis que ceux qui n’avaient pas fui prient au pied du calvaire avec l’abbé Ténèbre.

    C’est ainsi que l’abbé Ténèbre et les habitants décident de construire une chapelle à l’emplacement du calvaire, en mémoire des martyrs et en remerciement à Dieu d’avoir épargné le village. Le chantier commence en plein Terreur et la première messe y sera dite le 29 décembre 1794. En septembre 1795, Jean Brumauld de Beauregard, vicaire du diocèse de Luçon, lui aussi proscrit, viendra la bénir. La chapelle sera agrandie en 1836 et embellie en 1874, avec la pose de vitraux, puis en 1892 avec un nouvel autel.

     

     

    L’abbé Ténèbre n’en aura pas pour autant fini avec la république, malgré ses aventures de la Tullévrière. La persécution anti-catholique recommençant en 1797, il sera déporté en Guyane au célèbre « camp de la mort » de Conamana. Ayant survécu à des conditions de vie effroyables, il reviendra aux Sables d’Olonne en 1803. Nommé curé de Vairé, c’est là qu’il décèdera le 31 octobre 1822, à l’âge de 80 ans.

     

     

     

    RL

    Août 2013

     

     

    La Tullévrière....

     

    La Tullévrière....

     

    La Tullévrière....

      

    La Tullévrière....

     

    Statue moderne de l'abbé Ténèbre.

     

    La Tullévrière....

     

    La Tullévrière....

     

    La messe au pied de l’ancien calvaire.

     

    La Tullévrière....

     

    La messe dans la maison Braud, gardée par un soldat vendéen.

     

    La Tullévrière....

     

    La construction de la chapelle.

     

    La Tullévrière....

     

     La communion donnée aux combattants.

     

    La Tullévrière....

     

    Tableau comportant les noms des 22 martyrs de la Tullévrière.

     


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  • Le billet d’humeur du Loup…

     

    Ce mois d’août sera pour nous, le premier depuis déjà quelques années sans possibilité de partir en vacances. Ce n’étaient point de longues et couteuses vacances mais une fois par an, nous prenions plaisir à aller visiter d’autres régions de France, chargées elles aussi d’histoire et de beaux monuments.

    Pas de vacances, à cause d’un budget qui s’étiole, d’un revenu qui n’augmente pas en fonction du coût de la vie et qui a même tendance à diminuer. Un salaire tiré au plus bas, rendu légal par la prétendue loi des 35 heures, une monnaie fabriquée de toute pièce afin d’arranger la balance commerciale de l’Allemagne au détriment des autres pays d’Europe. Ces pays d’Europe à qui l’on a interdit une autonomie financière pour favoriser la spéculation et les endettements fictifs avec des sommes d’argent imaginaires et surtout cette république soi-disant française qui prétend régenter la société et ses opinions, un pied dans la tombe et l’autre dans le cloaque de la haute finance. Pas de vacances, disais-je, mais une inondation de taxes et de débilités en tout genre, sorties de la misérable cervelle de politiciens ne sachant même pas s’exprimer sur Internet sans faire quinze fautes d’orthographe à chaque ligne.

    La république n’a aucun pouvoir sur la misère sociale et économique de la France et encore moins sur les équilibres diplomatiques ou économiques. La république se gausse d’avoir fait passer à toute vitesse sans le moindre débat, une loi autorisant le mariage homosexuel et tout ce qui en découle sur l’inévitable trafic d’enfants. Tout opposant à cette loi étant systématiquement tabassé ou fiché par une « bleusaille » qui prétend se plaindre du système mais qui au fond est très heureuse d’y collaborer et de s’en engraisser. La république n’a de pouvoir que sur les limitations de vitesse qui comme on pouvait s’y attendre, ne sont plus assez rentables et que l’on s’apprête à diminuer. La république se fait dessus, elle pourtant si patriote et xénophobe en 1793, devant les bandes armées étrangères qui infestent ses villes. Comme à son habitude la république n’aime que la crasse et la misère, mais n’a aucun pouvoir pour le bonheur des français. Les maires de ses villages, n’ont d’autres occupations que de détruire des églises que même les non-croyants voyaient comme l’âme irréfragable de tout village. Ces maires qui promettent de nouveaux édifices, d’une laideur sans nom, imaginées par quelques petits copains architectes et francs-maçons, dont la grisaille et la tristesse éternelle de l’esprit, embrument  une conscience téléguidée par la pénombre des égouts et l’absence de rêve.

     

    Le français n’est pas et n’a jamais été un révolutionnaire, nous en avons la preuve aujourd’hui. Le français s’échine au travail, quand il peut encore en obtenir un et se laisse insulter et mépriser par ceux qu’il continue, bon an mal an, de faire vivre à grands frais, qu’ils soient racailles, flicailles ou autres profiteurs, de droite ou de gauche.

    Bien sûr, le Net permet des informations plus naturelles et qui échappent au diktat politique officiel (nous savons depuis la prétendue loi Hadopi que la république n’a en fait aucun pouvoir sur le Net et certainement pour longtemps encore, il est clair qu’avec des ministres ou députés à demi-illettrés, faire des lois, ça peut s’avérer assez compliqué). Mais au final, qu’apprenons-nous de plus avec des médias qui se copient les uns les autres ? Qu’apprenons-nous de plus que ce que le regard sur votre bulletin de salaire et le prix du kilo de patates ne peut vous apprendre ?

     

    A quand l’hiver ? A quand la neige, la glace et le verglas ?

     

    RL

    Août 2013, veille de l’Assomption

     

     

    Billet d'humeur....

     


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