•  

                                                            

    Madame Estachon de la Maison Neuve septembre 1825...

     

     

     

     

     Madame Estachon de la Maisonneuve.... Juste une lettre écrite à Seiches et adressée à Monsieur le Préfet du Maine-et-Loire le 12 septembre 1825, afin de solliciter un secours du Roi.

     

      « A Monsieur le Préfet de Maine et Loire

     

        Madame Estachon de la Maison Neuve, à l'honneur de vous exposer qu'étant fille d'émigrés, parante de Mr de Bonchamp chef Vendéain ; et de Mr de Sapineaud ; et d'autres parents qui ont perdus leurs vies pour son altesse Royalle.

      L'exposante a été elle même de l'Armée de la Vendée, a faite toute la guerre, tant dans la Vendée, que dans toute la Bretagne ; a été faite prisonnière au siège d'Angers a été condamnée à être fusillée.

      C'est en foi de quoi : L'exposante à l'honneur de se recommander à vos bontés et aux secours qui sont accordés aux Vendéens, se trouvant dans ce moment-ci, avec deux enfants, et n'ayant pour toute existence qu'une médiocre place d'institutrice, qui ne lui rapporte que se qu'elle peut avoir des enfants, qui à peine peut la faire exister.

      C'est pour ce sujet qu'elle s'adresse à vous Mr pour que vous ayez la bonté et toute les égards pour elle et sa famille-/.

      Monsieur, j'ai l'honneur de vous saluer avec le plus profond respect.

      Votre très humble et très obéissante servante.

     

      Femme Estachon de la Cartrie de la Maisonneuve.

    Seiche – le 12 septembre 1825. » Madame Estachon de la Maisonneuve....

     

     

    Mais qui est Madame Estachon de la Maison Neuve ???             

     

     Elle est de la famille de Monsieur de Bonchamps, de Monsieur Sapinaud, elle a fait la virée de Galerne, prisonnière à  Angers et condamnée à être fusillée. Une seule piste : le nom ''de la Cartrie'' ajouté en fin de lettre.

     

      Au travers de ce sondage généalogique et l'étude parcellaire d'une famille, vous allez vous rendre compte combien la République est un système diviseur et non un régime unificateur.

      La République a divisé définitivement les Français, elle a ''éclaté'' et scindé les familles, elle se révèle donc comme un facteur d'appauvrissement religieux, moral, intellectuel, social et humain, aggravé à l'époque par la peur de la fusillade, de la guillotine, les souffrances endurées dans les prisons révolutionnaires et particulièrement à la prison du Ronceray de la ville d'Angers.

     

      Les registres de l'état-civil de Seiches-sur-le-Loir ne révèlent aucune information concernant Madame Estachon, institutrice.

     

      Un sondage concernant la famille Talour de la Villenière et Talour de la Cartrie s'impose donc.

    Madame Estachon de la Maisonneuve....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Nous découvrons à la Pouëze  un acte de naissance daté du 5 Messidor de l'an X - 24 juin 1802. (vue n°202/218, naissances de l'an X)

     

     « Céleste-Adélaïde-Henriette Estachon, née le trois messidor à 11 heures du soir – fille de Pierre Estachon Maison Neuve, employé dans le ''domaine'' de la République en estation au Poulion (?) Pouliguen ? Département de la Loire Inférieure et de Pauline Talour, son épouse »

     

    Premier témoin, René Talour, propriétaire à la Pouëze, âgé de 24 ans, oncle de l'enfant.

    Deuxième Témoin, Adélaïde Talour, âgée de 29 ans, tante de l'enfant.

      Donc Madame Estachon de la Maison Neuve est bien Pauline-Michelle-Françoise Talour de la Cartrie de la Villenière, fille de Toussaint Talour et de Anne-Michelle de l'Etoile. Elle est nièce de Céleste-Julie Talour de la Cartrie épouse de William de Bulkeley et amazone de Monsieur de Charette, veuve de Mr Chappot de la Brossardière, oncle de Bonchamps.

     

      Ce que nous savons de Pauline-Michelle-Françoise Talour de la Cartrie :

     

      Elle est née le 5 décembre 1774 au soir à la Pouëze, ondoyée le 6 décembre, elle est la fille de Messire Toussaint-Ambroise Talour de la Cartrie, chevalier de la Villenière et du Rodoire et de Dame Anne-Michelle de l'Etoile (vue n°79/403- baptêmes 1774 la Pouëze).

      Elle a été baptisée le 4 juillet 1776 à la Pouëze à l'âge de 18 mois. Son parrain est Joseph-Charles-François de Bellaud du château de la Volière, paroisse de Loiré et la marraine Dame Ambroise Talour, épouse de Messire René Sapinaud, chevalier seigneur de Boishuguet, demoiselle demeurant à Mortagne en Poitou. (vue n°99/403- baptêmes 1776 la Pouëze).

      En 1793, elle est dans l'armée Vendéenne outre Loire.

      En 1794, elle est prisonnière à Angers avec sa mère et ses sœurs.

    ''Madame de la Cartrie et ses filles sont condamnées à être fusillées, emprisonnées au Ronceray. Pour vingt cinq louis d'or et une montre à répétition, le supplice fut retardé et elles furent sauvées avec la fin de la Terreur''. Libérées, elles regagnent le château de la Villenière à la Pouëze.

      En juillet 1798, elle est au château de la Villenière à la Pouëze.

      Elle épouse à Angers (2ème arrondissement), le 30 frimaire de l'an 8 (21 décembre 1799), Monsieur Pierre Estachon âgé de 24 ans, propriétaire, domicilié à Villejésus dans la Haute Charente, né le 6 juin 1775 paroisse St Jean-Baptiste à Châtellerault dans la Vienne, fils de François Estachon de la Maisonneuve, Contrôleur des ci-devant Aides, né à Villejésus et de Marie-Louise Gaudouin, née et mariée à Richelieu département d'Indre-et-Loire, domiciliés à Villejésus. (Vue n°21/89 an 8 à Angers 2ème arrondissement).

      En juin 1802, elle met au monde une fille : Céleste, Adélaïde, Henriette Estachon, à la Pouëze.

      En Septembre 1825 elle est institutrice à Seiches-sur-le-Loir et mère de deux enfants.

      Le 25 novembre 1835, son mari, Pierre Estachon  de la Maison Neuve décède à Longué (Maine et Loire) «  Sans profession connue, habitant cette commune depuis trois ans, né à Chatellerault (Vienne) le 6 juin 1775 – décédé à trois heures de l'après midi au canton de Boischarot (Bois Charruau ), époux de.......... et fils de........  ». (vue n°369/373 - décès Longué 1835 acte n°91) en marge : « Pierre Estachon de la Maison Neuve-60ans - étranger. »

      Pauline-Michelle-Françoise Talour de la Cartrie décède le 1er novembre 1853 à quatre heures de l'après midi en son domicile rue Milton à Angers à l'âge de 79 ans.

    Elle est propriétaire et veuve de Monsieur Pierre Estachon. (Vue n°105/137 année 1853 Angers 1er arrondissement).

     

      Avant la Révolution, la famille Talour de la Cartrie est une famille aisée, unie, domiciliée au château de la Villenière à la Pouëze. Le chef de la maison, Toussaint-Ambroise Talour de la Cartrie et de la Villenière naît à Angers le 26 janvier 1743 d'un secrétaire auditeur de la Chambre des Comptes de Bretagne et de Dame Jeanne Ollivier.

      A l'âge de onze ans, il est cadet-gentilhomme au régiment d'Aquitaine-Infanterie et peu après il est nommé officier dans le régiment de Berry avec lequel il prend part à la guerre de Sept Ans, puis à la campagne du Canada. Trois de ses frères aînés sont tués, deux à la bataille de Minden, l'autre à la prise de Port-Mahon.

      Il se marie le 29 novembre 1768 paroisse Saint-Michel-du-Tertre à Angers avec Anne-Michelle de l'Etoile, dame de Vercher originaire de Doué-la-Fontaine (vue n°294/469 Angers 1768), fille de Louis de l'Etoile Seigneur de la Grange, de Bouillé-Loretz et de Anne-Charlotte-Marie Herbereau de la Chaize. De cette union sont issus sept enfants, trois fils et quatre filles.

      Toussaint Talour de la Cartrie participe à la Virée de Galerne, puis émigre avec son plus jeune fils vers les Pays-Bas, puis l'Angleterre. Il est considéré comme étant mort au Mans en 1794 lors du mariage de sa fille Pauline en 1799. Il revient en France après 1802, son épouse décède le 30 fructidor de l'an X (17 septembre 1802) au château de la Villenière. (vue n°218/218 an X - la Pouëze). A l'époque, Monsieur de la Cartrie est toujours considéré  comme mort : « Epouse en son vivant de Toussaint Talour de la Vilnière ». Il est fait Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis le 29 juillet 1815. Le 21 octobre 1824 on lui refuse une pension de retraite sous prétexte qu'il n'a pas fait le temps de service nécessaire....

      Toussaint-Ambroise Talour de la Cartrie décède section Est, rue Saint-Vincent au Mans le 8 janvier 1827 à trois heures du soir, veuf, âgé de 83 ans1/2, chef de bataillon, chevalier de Saint-Louis. Il vivait seul. (Acte n°2 vue n°121/267 année 1827).

      Ses héritiers : Barthélémy Thalour et autres (Dossiers successions et absences vue n°146/147 archives départementales de la Sarthe-le Mans).

      Les événements révolutionnaires vont les disperser, les séparer idéologiquement et socialement. Nous verrons à travers la présentation et le destin de chaque membre de cette famille, les dégâts occasionnés dans les esprits par cette Révolution maçonnique.

     

    1° Guy-Barthélémy-Toussaint Talour de la Cartrie de la Villenière, né le 10 janvier 1770 à la Pouëze en Anjou. (vue n° 22/403 année 1770) et décédé le 5 novembre 1847 à Paris, épouse Catherine-Victoire de Montauban, née le 10 décembre 1764 à Han-sur-Meuse.

     Fils aîné, il fait une carrière dans la cavalerie de l'armée Républicaine et Impériale, il prend sa retraite comme Lieutenant Colonel de cavalerie, Chevalier de la Légion d'Honneur en 1803, Officier de la Légion d'honneur en 1813. Il est fait prisonnier à la bataille de Leipzig le 19 octobre 1813. A la Restauration, Major de cavalerie, il est employé au corps de Mr le Duc de Padoue. (Archives Nationales  Base-LEONORE-dossier Talour de la Villenière).

    Madame Estachon de la Maisonneuve....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    2° Jean-Alexandre-Etienne Talour de la Cartrie, né le 17 juillet 1771 à Angers est un soldat royaliste dans l'armée Catholique et Royale Vendéenne. Il dépose une demande de pension au Roi en 1829. (Dossiers Vendéens 1M9/335 Talour de la Villenière Alexandre vue n°4/5)). Il épouse à Paris, le 8 juin 1826, Julie Gentilhomme, et décède à Paris le 5 février 1836. Capitaine archiviste à Grenoble, il n'a pu obtenir une pension du Roi à cause de son ''mariage honteux''. En effet, il avait épousé une jeune femme qui n'était pas de sa condition, à l'époque, ça ne se faisait pas. Voici un extrait de la lettre du maire d'Angers au Préfet : « Il a dissipé un faible héritage et mis le comble à son inconduite en faisant il y a quelques années un honteux mariage. Je ne lui vois aucun titre aux Bontés du Roi ».

      C'est un commentaire bien méchant étant donné que la Révolution a ruiné complètement cette famille. Nous éviterons donc de citer le nom du maire d'Angers.

    Madame Estachon de la Maisonneuve....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    3° Marie-Adélaïde-Joséphine-Marguerite Talour de la Villenière, née le 29 juillet 1772, (vue n°54/403 1772 - la Pouëze.). Veuve de Jean-Alexandre-Alphonse Provost, elle épouse le 12 janvier 1809, (vue n°164 et 165/249 mariages 1809) la Pouëze), à l'âge de 36 ans, un voiturier de la Pouëze, François Girardière, âgé de 28 ans. Son père, Toussaint de la Cartrie s'oppose au mariage. L'opposition est levée par jugement du tribunal civil du premier arrondissement communal du département de Maine-et-Loire. Elle a donc comme beaux-frères, un cordonnier et un cabaretier. C'est le ''premier mariage scandaleux !'' Marie-Adélaïde décède le 5 septembre 1820 à la Pouëze. (vue n°137/192 décès – la Pouëze 1820).

     

    4° Pauline-Michelle-Françoise, Talour de la Cartrie de la Villenière, née et ondoyée le 6 décembre 1774 à la Pouëze et baptisée le 14 juillet 1776 à la Pouëze. Madame Pierre Estachon de la Maison Neuve, qui sollicite une demande de pension au Roi en septembre 1825, institutrice à Seiches et qui est dans le besoin.

     

    5° René-Michel Talour de la Cartrie, né le 23 avril 1776 à la Pouëze, est célibataire, pensionné de l'Etat, propriétaire. C'est un  Ancien soldat royaliste, décédé le 3 mai 1854 à 3 heures du soir à la Pouëze.

     

    6° Louise-Geneviève-Laurence-Eulalie, de la Cartrie de la Villenière, née le 19 janvier 1781 et baptisée le 20 à la Pouëze. Son parrain est Jean-Barthélémy - Geneviève Talour seigneur de la Cartrie, oncle de l'enfant ; et la marraine Haute et puissante dame Marie-Louise le Greffier, épouse de haut et puissant seigneur Mathieu de Scépeaux, chevalier Vicomte de Scépeaux de Bécon. (Vue n°166/403, année 1781 – la Pouëze).

     

    7° Michelle-Henriette Talour de la Villenière, née le 5 février 1785, baptisée le 6 février à la Pouëze et décédée le 7 février, même mois.

     

     

    Sources: Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Dossiers Vendéens n° 1M9/157 Estachon de la Maison Neuve - Les pièces ont été énumérées au cours du billet au fur et à mesure de leur présentation. - Registres état civil de la  Commune de la Pouëze - Archives Nationales - base LEONORE copie de la pièce 7/7 du dossier- Archives Départementales de la Sarthe tous droits réservés - Carte Postale Archives Départementales du Maine-et-Loire-château de la Villenière - La Pouëze, page 2/3, 2ème carte postale. Photo de l'auteur.

                                                              

     

    Xavier  Paquereau pour Chemins Secrets. 

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    La Bégaudière de Saint-Denis-la-Chevasse…

     

     

    C’est ici que Charette, acculé petit à petit par ses ennemis, réunira ses derniers fidèles le 20 février 1796. Il leur expose l’offre de Hoche de passer en Angleterre. Devant Lecouvreur qui lui lance : « Que deviendrons-nous mon général ? », il répond qu’il délie chacun de son serment à son égard mais déclare pour lui-même : « Personne d’autre ne saurait m’en délivrer que le Roi ! ». Brandissant son épée, il ajoute : « On peut la briser jusqu’à la garde, jamais je ne la rendrai aux ennemis de mon Roi. Tant qu’une roue restera la charrette roulera ! » Reparti le soir à Montorgueil, il sera de retour à la Bégaudière le lendemain accompagné des demoiselles de Couëtus et de la Rochette pour l’un de ses derniers combats…

    A suivre…

     

    RL

    Mars 2017

        Sur la vue aérienne Géoportail : 

    La Bégaudière....

     

       Sur le cadastre de 1834 :

    La Bégaudière....

     

       Sur place :

    La Bégaudière....

    La Bégaudière....

    La Bégaudière....

     


    votre commentaire
  •  

                                                            

    Le 11 thermidor de l'an 7, au village de Suette, Maine et Loire, 

    les gendarmes sont attaqués par quatre vingt royalistes. 

                

      

     

    Attaque de dilligence par "Tranquille"....Les Affiches d'Angers du mois de Thermidor de l'an 7 nous informent que la diligence et dix gendarmes escortant des conscrits déserteurs sont attaqués simultanément par quatre vingt royalistes au village de Suette près de Seiches-sur-le-Loir et à la sortie de Bourgneuf à la Chapelle-Saint-Laud, pour la diligence qui venait de quitter le relais de poste. Le relais de poste de Bourgneuf est situé à une lieue de celui de Suette. 

      Quatre gendarmes sont tués en ce lundi 11 thermidor de l'an 7 (29 juillet 1799).

     

      Ce genre d'attaque correspond tout à fait aux méthodes de Jean Châtelain dit le général Tranquille qui, après le désastre des armées Vendéennes au Mans en 1794, a rejoint les chouans du pays de la Flèche sous les ordres de Bourmont et combattra les républicains de 1794 à 1815 dans cette région. Il fut nommé Maréchal de Camp à la Restauration.

      Les Affiches d'Angers relatent les faits à la date du 12 thermidor, c'est une erreur, car les actes de décès sont rédigés à Seiches-sur-le-Loir le 11 thermidor.

     

      « Le 12 de ce mois, entre midi et une heure, dix gendarmes des brigades d'Angers et Durtal étaient réunis à Suet, et ayant sous leur garde quatre conscrits déserteurs ; qu'ils conduisaient à Angers, ont été investis par environ 80 chouans qui les ont sommés de se rendre. Les gendarmes ont répondu qu'ils ne se rendaient point à des brigands ; et retranchés dans la maison où ils se trouvaient, ils ont soutenu avec un courage héroïque, un combat de plus de 3 heures. Les cris de fureur, les menaces faites par les chouans d'incendier la maison, la paille et le bois préparés à cet effet, rien n'a pu ébranler leur courage ; malheureusement trois d'entre-eux n'ayant pu se réunir à leurs camarades, ont été surpris et massacrés à coups de bayonnettes. Un autre a été tué d'un coup de feu dans le grenier d'où il combattait. Les brigands ont enlevé neuf chevaux tous équipés. Le dixième a été tué. Une colonne républicaine de deux cents hommes de la 4e demi-brigade, que le général de brigade Siscé avait fait partir fort heureusement d'Angers, dans la nuit du 11 au 12, et à laquelle il avait ordonné de se porter sur Suet, en passant par Mazé, arriva dans l'entrefaite, et dispersa, dès son apparition, la horde de brigands  qui, dans ce moment fouillaient la diligence du Mans*, qu'ils venaient d'arrêter, et rendit à la république six braves qui ont ramené à Angers les prisonniers confiés à leur garde**.

      La troupe ayant poursuivi les brigands avec les gendarmes délivrés, a fait mordre la poussière à douze d'entre-eux, en a blessé un égal nombre, et fait un prisonnier emmené à Angers : nous avons à regretter un brave militaire de la 40e.

      Vingt-cinq dragons se portèrent sur Suet, dès qu'on apprit à Angers que les gendarmes étaient assiégés. »

      Curieusement, le maire de Seiches-sur-le-Loir s'étant déplacé sur les lieux, ne découvre que les cadavres des gendarmes et celui d'un domestique, peut être étranger à l'affaire, victime d'une erreur de tir ?.... ou un chouan ??? (cf. actes de décès)

     

     « *La diligence fut arrêtée à une lieue au-dessus de Suet, par un nombre considérable de gens armés qui l'ont enveloppée, et qui l'on escortée jusqu'à une portée de fusil de ce village ; ils ont volé au conducteur une somme de 400 frs, un paquet appartenant à un militaire, et l'ont contraint de décharger sa voiture pour y prendre une caisse de 200 livres de poudre dont ils dirent avoir eu avis. 

      ** Les noms des quatre malheureux gendarmes que nous avons à regretter, sont les cit. Meslet, l'aîné, de la brigade d'Angers, Cosson, brigadier à Suet ; Guyon de la même brigade ; et Valet de la brigade de Durtal. »

     

     

     Voici les actes de décès : Actes regroupés sous les numéros 20.21.22.23.24.

     

      «  Aujourd'hui onze thermidor an sept de la république française une et indivisible. Moi, Louis Duchesne agent municipal de la commune de Seiches, sur la clameur publique annonçant qu'il avait été tué plusieurs particuliers en cette commune dans le combat fait entre les chouans et la gendarmerie et une colonne mobile composée de quelques compagnies de la quarantième demi-brigade de ligne ; ce jour sur les trois à quatre heures du soir. Je me suis transporté au village de Suet en cette commune où j'ai trouvé plusieurs gendarmes des brigades de Durtal et Angers qui m'ont déclaré que par le résultat du combat malheureux qu'ils avaient eu avec les chouans, les citoyens ci-après nommés avaient été tués :

     

    1° François Dion, gendarme à la brigade de Durtal, natif de la commune de Lézigné,,,  âgé de cinquante un ans, époux de ….... Quélon, fils de Jean Dion et de …... Boisard son épouse.

    2° André Valet aussi gendarme de la brigade de Durtal, natif de Saumur, âgé d'environ quarante cinq ans, époux de Marie-Victoire Morant, fils de André Valet et de Marguerite Mauxion son épouse.

    3° Jean-Baptiste Meslet, gendarme de la brigade d'Angers, natif de la commune d'Angers, âgé d'environ quarante quatre ans, fils de Mathurin Meslet et de Renée Cocu son épouse.

    4° Jean-Jacques Cosson, brigadier de gendarmerie à la résidence de Seiches, ….... réunie alors à celle d'Angers, âgé d'environ quarante trois ans, natif de la commune de Vallé (Ballée), département de la Mayenne, fils de Jean Cosson et de Marie Leprecq son épouse.

      Après m'être assuré du décès des quatre gendarmes le brigadier idem sus-nommés, je me suis transporté au bourg de Seiches ou je trouvé le corps du ci-après nommé qui a été tué par les soldats de la dite colonne mobille en croyant que c'était un chouan qui s'évadait devant-eux. Ce citoyen était garçon domestique chez le citoyen Villeneuve*, demeurant à Couet en cette commune, il se nommait Bernet......, natif de la commune de …........., âgé d'environ.........., fils de …..... Bernet et de......... son épouse.

      De tout quoi, j'ai rédigé le présent acte les dits mois et an que dessus. »

                                                                                           signé Duchesne.

     

      * Anne-Françoise de Villeneuve de Coué, née le 11 septembre 1741 à Seiches-sur-le-Loir est fusillée le 1er février 1794 au champ des Martyrs à Avrillé.

     

      Voici une autre version des faits et quelques anecdotes concernant Jean Châtelain dit la général Tranquille :

     

      « Le 21 juillet 1799, 80 chouans sont signalés au port de Maison Neuve : un endroit, où la veille, une patrouille de cinq gendarmes n'avait rien suspecté. Sans rencontrer de résistance, les rebelles avancent jusqu'au bourg et abattent l'arbre de la Liberté. A Suette, ils renversent la ''barrière'' puis s'introduisent dans le poste des gendarmes, s'emparent de quatre chevaux avec leurs harnais et d'une vingtaine d'armes. Des maisons sont visitées pour y prendre de la nourriture. Pendant une heure environ les ''brigands'' commettent leurs méfaits avant de se rendre dans le bourg de Corzé, qu'ils désarment, et de traverser le Loir à la métairie de la Ténébrière en utilisant la charroyère. Le lendemain de cette chaude journée, l'assemblée de canton parvient à se réunir en vue de commenter l'événement et d'envisager les mesures à prendre. Mais le président Olivier maîtrise mal les débats et rien n'en ressort. Dix jours après, le 14 thermidor an VII (1er août 1799), 50 à 60 nouveaux francs-tireurs envahissent Suette, s'emparent de deux chevaux chez Antoine Renou, meunier, et de harnais chez Michel-Henry Peltier et Harmange, maître de poste aux chevaux. Parmi ces chouans se trouvait probablement Jean Châtelain dont on a retenu le souvenir de ses incursions à Suette sous forme d'histoire comme celle dite du général Tranquille. »

     

      « Le 13 octobre 1799, un chouan très connu, Tranquille (le général Tranquille de son nom Jean Châtelain) est attablé dans une auberge à Suette, entouré de ses camarades quand « … entrent les gendarmes, après avoir attaché leurs chevaux près du sien (il s'appelait ''cocotte''). Discrètement, le chouan fait signe à ses compagnons de couper les sangles des chevaux des gendarmes. Puis, l'air tranquille, lui-même monte à cheval et crie à la maréchaussée : ''Vous cherchez Tranquille ? Le voilà !'' Les gendarmes bondissent sur leurs montures et, dit l'histoire, Tranquille partit le cœur joyeux de voir tant de gros talons de bottes en l'air ! » Louis Maucourt, Seiches-sur-le-Loir. p.260.   »

     

      Et..... le 6 novembre 1799, la malle porte est encore attaquée par les brigands entre Suette et le Bourg-Neuf.......

     

    Sources: Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Les Affiches d'Angers – thermidor an  7, vue n°11- Registre des décès de l'an 7 de la commune de Seiches-sur-le-Loir, vues n° 127,128 – Carte générale tirée de Histoire des Guerres de la Vendée de Monsieur l'Abbé Deniau – Siraudeau éditeur, édition 1878 - Et fouett'cocher ! La poste aux chevaux de Suette près Seiches-sur-le-Loir de Jacques Béguin, groupe de recherche historique de ''l'Université angevine du temps libre'', Cheminements 2006. Voir article du général Tranquille de la Maraîchine Normande. - Photos de l'auteur.

     

     

    Xavier Paquereau pour Chemins secrets 

     

     

    Le relais de poste du Plat d'Etain au Bourgneuf commune de la Chapelle Saint Laud, Maine et Loire : 

    Attaque de dilligence par "Tranquille"....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Route royale sens  Angers- le Mans- Paris, vue du relais de poste du Bourgneuf :

    Attaque de dilligence par "Tranquille"....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le relais de poste de Suette à Seiches sur le Loir- cadran solaire daté de 1779 :

     

    Attaque de dilligence par "Tranquille"....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Tombe de Jean Châtelain à Echemiré :

    Attaque de dilligence par "Tranquille"....


    votre commentaire
  •  

                                                            

    Vendée Militaire, 1796 – La désinformation et la délation utilisées 

    comme arme de guerre... 

     

     

     La délation en 1796.... Citoyens ! Dormez tranquilles, vos voisins veillent sur vous et vous surveillent  !

      Eh oui !  Déjà en 1796 on utilise ces procédés, sous forme d'avis public, pour désinformer et ''balancer'' sa famille, ses amis, ses voisins mal pensants.

     

                                                          

    AVIS 

     

    « Qui doit exciter la surveillance des fonctionnaires publics 

    et de tous les bons citoyens. 

     

     

      Extrait des confidences de Vasselot, condamné à mort, au citoyen Monnet, commandant le bataillon le Vengeur.

     

      A dit que le 12 floréal, il avait communiqué dans la forêt de Vezins, avec les nommés d'Autichamp, Bernès, ancien page du roi, et Bernier. Qu'il a prit lecture d'une lettre de lord Grenville, ministre anglais, qui assure au parti vendéen, au nom du gouvernement anglais, que, comme il est possible que, sous peu, on traitât avec la France, ce parti ne doit plus compter à l'avenir sur aucun secours de l'Angleterre ; ainsi, que les chefs de ce parti eussent à prendre le parti le plus convenable pour leur salut...

     

      Qu'on ne pouvait prendre de trop grandes précautions pour garder les côtes, pour éviter les débarquements partiels d'émigrés propriétaires dans les départements voisins de la côte.

     

      Que la guerre de Vendée était finie, qu'il n'y avait plus à craindre que les émigrés dans le désespoir, qui pourraient se former quelque parti.

     

      Occupez toujours le pays par de petits cantonnements ; ne changez pas aussi souvent la troupe, le paysan n'aimant point les nouvelles figures. Organisez les autorités constituées, les juges de paix sur-tout. Point de gardes territoriales, les réfugiés qui en composeraient la plus grande partie, donneraient lieu à de nouveaux troubles, mais gardez le pays avec des troupes réglées de la république, commandées par de bons chefs intelligens, amis de la paix et du pays. Vous consoliderez la paix infailliblement, et la république aura triomphé de ses ennemis...

     

      Il faut faire arrêter toutes les femmes d'émigrés qui sont constamment dans le pays et qu'elles habitent encore, comme servant d'appui, de soutien à ces scélérats...

     

      La guerre des chouans doit être finie sous trois mois. Les chefs de cette armée, composée de débris, sont sans moyens pour la soutenir. Il en est quelques-uns de très courageux, entr'autres celui qui commande dans la partie de Fougères, qui est un héros dans son genre ; c'est un petit homme, rempli de moyens militaires. Les chouans n'ont aucun ensemble, ne se communiquent point, et leur désunion rendra leur destruction plus facile.

     

      Les côtes de Bretagne et de Normandie doivent être bien gardées.

     

      Le passage de la Loire est très facile aux royalistes ; il est des commandans de barques canonnières très infidèles à la république ; tous les petits bateaux, répandus ça et là sur la Loire, devraient être enlevés. Il est des malheureux qui font un trafic de passer alternativement les chouans et les brigands pendant la nuit.

     

      Nantes et Angers sont les villes qui approvisionnent en besoins de tout genre, les chouans et les brigands. Les émigrés et les chouans y entrent, en sortent, vont dans les cafés et autres lieux publics, y voir et y entendre tout ce qui s'y passe. »

     Signé à l'original : Monnet, chef du bataillon le Vengeur ; pour extrait conforme,                                                          

    Le général en chef : L. Hoche.

     La délation en 1796....

     

      Sources : Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Les Affiches d'Angers ou Moniteur du Département de Maine-et-Loire – numéro 119  du 26 floréal de l'an 4e de la République Française une et indivisible et l'ère vulgaire le dimanche 15 mai 1796, vue n°27 - Photo de l'auteur. 

                                                               

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets. 


    votre commentaire
  •  

                                                            

    Morannes, département de Maine-et-Loire, le 26 Floréal de l'an 7, 

    les chouans règlent leurs comptes...

     

     

                

     Assassinat de Thomas Millière.... Les Affiches d'Angers du mois de Prairial de l'an 7 nous informent d'un fait divers ayant défrayé la chronique en cette année 1799. Il s'agit de l'assassinat de Thomas Millière, Commissaire du Pouvoir Exécutif à Morannes, qui s'était particulièrement distingué par une férocité incroyable envers les chouans.

      Thomas Millière (article de la Maraîchine normande en lien) est né le 28 février 1741 à Notre-Dame-du-Pé en Anjou, actuellement dans le département de la Sarthe. Il est le fils de Louis Millière, menuisier-tonnelier et de Marie Riverain.

    Assassinat de Thomas Millière....

     

     

     

     

     

     

      Il épouse Marie-Françoise Le Maire née vers 1744 en la paroisse Saint-Sulpice de la ville de Paris, fille d'Adrien Le Maire et de Marie Emerÿ, décédée à Morannes le 9 janvier 1810 à l'âge de 66 ans.

      Ouvrier boulanger puis colporteur, et comme cela a souvent été le cas pour les minables dans toutes les révolutions, la Révolution dite française a favorisé son ascension. Il est devenu l'un des pires agents de la République : un monstre, ami de Carrier, spécialiste des noyades...

      Il est assassiné à Morannes par le Royaliste René Guittet, le 15 mai 1799 (26 floréal de l'an 7).

     

      Voici l'acte de décès de Thomas Millière :

     

     « Aujourd'hui vingt sept floréal* l'an sept de la République Française, une et indivisible sur les neuf heures du matin, par devant moy Louis le Blanc agent municipal de la commune de Morannes, chef-lieu de canton département de Maine et Loire ; sont comparus en la maison commune les citoyens- Pierre Millière, marchand, âgé de soixante trois ans et Pierre Millière âgé de trente ans, demeurant tous deux place de la Fraternité de cette commune de Morannes ; qui m'ont déclaré que Thomas Millière, Commissaire du Pouvoir Exécutif de cette commune, fils de Louis Millière ; menuisier et de Marie Rivrain, mary de Françoise-Marie Le Maire, âgé de cinquante six ans, est décédé d'hier sur le midy en sa maison sise grande rue de cette commune de Morannes d'après cette déclaration que les témoins m'ont certifié conforme à la vérité, je me suis assuré du décès de Thomas Millière de cette commune et en ai dressé le présent acte que les témoins Pierre Millière, frère du défunt et Pierre Millière neveu du défunt ont déclaré savoir signer et ont signé avec moy, Fait à la maison commune de Morannes les jour mois et an que dessus». 

     

    ont signé : Pierre Millière – Pierre Millière et Le Blanc, maire. 

    * 27 floréal an 7 = 16 mai 1799. 

     

      Puis l'article des Affiches d'Angers du 4 Prairial an 7 de la République :

     

      « La guerre de la Vendée et celle des chouans ont malheureusement laissé le souvenir d'une multitude de crimes inconnus jusqu'au moment où ils ont été commis. Mais il en est peu qui égalent l'horreur de celui dont Morannes vient d'être témoin.

    Assassinat de Thomas Millière....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

        

      Le 26 floréal, cinq hommes revêtu d'habits d'uniforme se présentèrent vers midi, chez le citoyen Millière, Commissaire du Directoire près l'administration municipale de Morannes ; ils se dirent porteur d'une lettre à son adresse ; son importance exigeait de prendre des précautions pour qu'elle lui fut remise. Le cit. Millière les fit entrer, prend la lettre, brise le cachet, veut lire ; mais les assassins lèvent sur lui autant de poignards et l'en frappent à plusieurs reprises. L'épouse du malheureux Millière jête un cri, se précipite au milieu d'eux, veut arriver à son mari ; elle est également frappée et tombe sur son corps inanimé.

      Les brigands satisfaits, puisqu'il leur faut des hommes pour victimes, se retirent tranquillement et disparaissent.

      Bientôt la citoyenne Millière laisse échapper quelques cris de douleur. Les voisins entrent ; il aperçoivent deux époux couverts de blessures et baignés dans leur sang : la surprise, l'indignation, tout les fait frissonner …..... Ils s'empressent de donner leurs soins à la citoyenne Millière, qui avait reçu deux coups de poignard ; son marie en avait reçu neuf. A côté de lui était une lettre dans laquelle on le prévenait qu'on allait lui parler pour la première et la dernière fois ; On lit dans le post-sciptum :

    ''Moi qui ne parle pas, je te mets l'ame en bas''. Pour signature un poignard figuré à la main.

      La République perd dans le citoyen Millière un homme qui remplissait les devoirs de sa place avec l'impartialité et l'exactitude qu'elle commande. 

      Il est à observer que, depuis quelque tems, les brigands ont apporté quelques modifications dans leur conduite à l'égard des militaires qui tombent en leurs mains. Ils les dépouillent entièrement, et les renvoyent. Puis travestis en républicains, ils parviennent quelquefois à tromper la surveillance. Maintenant on les suit de près ; les mesures adoptées par l'administration centrale, bien secondées, auront le triple avantage de rappeler dans les familles ceux que la violence chouanique en a enlevés, de rendre tous les bras à l'agriculture, et faire jouir encore une fois nos contrées d'une paix heureuse ».

    Assassinat de Thomas Millière....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Quel brave homme ce Millière...  Ah ! Les salauds de chouans ! Sauf que voici ''l'ambiance générale du secteur'' et le véritable portrait du bonhomme en 1799 évoqués par Monsieur l'Abbé Deniau... En définitive, Millière est un démon. Il fut un homme de main du sinistre Carrier et participa aux noyades de Nantes.

     

      « Les autorités incarcérèrent les personnes qui passaient pour favoriser les chouans et surtout celles qu'ils crurent donner asile aux déserteurs et aux conscrits de la levée qui venait d'être décrétée en pays républicains ; ces incarcérations firent passer un grand nombre de réfractaires dans la Vendée et exaltèrent les têtes ; les gendarmes qui poursuivaient les réfractaires furent accueillis en beaucoup d'endroits, à coups de fusil ; des bandes armées enlevèrent des caisses publiques, des fonctionnaires furent maltraités et des réfugiés menacés.

      Les gendarmes usèrent de représailles ; ils incarcérèrent de nouveau des prêtres et en assassinèrent même quelques uns ; leurs cruautés rendirent l'agitation générale.

      En Bretagne et dans le Maine, des représailles non moins terribles s'exécutaient aussi très fréquemment ; la haine des partis y était encore plus vive qu'en Vendée. Certains personnages républicains y avaient poussé la vengeance jusqu'aux dernières limites. Millière, commissaire du pouvoir exécutif à Morannes, s'était surtout distingué par une férocité incroyable envers les chouans.

      Malgré les diverses pacifications qui eurent lieu, il avait continué à dénoncer non seulement ceux qui avaient pris les armes, mais aussi leurs parents, leurs amis, leurs sœur, jusqu'aux blessés et aux suspects qui se tenaient cachés. 

      A Daumeray, il avait fait massacrer par les soldats bleus plusieurs jeunes gens dans les bras de leurs mères, et il avait présidé à la mort de plus de quatre vingt habitants de cette paroisse. Les chouans, poussé à bout par ses cruelles exécutions jurèrent enfin sa perte. Guittet, dit Saint-Martin, qui commandait le canton de Morannes, fut chargé de lui infliger le châtiment mérité par tant d'atrocités. Mais il était difficile d'approcher du féroce révolutionnaire ; Millière ne sortait jamais de Morannes, il s'y faisait garder par une escorte de quatre cent hommes, et pour prévenir toute surprise, il avait fait élever des barricades dans toutes les rues. Malgré toutes ces difficultés, le 15 mai 1799, Saint-Martin, accompagné de quatre de ses soldats, parut à l'entrée dudit bourg, à onze heures et demie du matin, au moment où les soldats bleus prenaient leur repas ; il a fait prendre à ses quatre hommes des uniformes républicains, et lui même a revêtu celui d'un sergent. Le fusil au bras droit et tenant à la main un billet cacheté, Saint-Martin se présenta à la garde comme une ordonnance du général commandant la division, et demanda la demeure du citoyen Commissaire. Il y parvint sans exciter le moindre soupçon. Il frappe. La citoyenne Millière le reçoit. Saint-Martin lui dit : '' Une ordonnance du général pour le Commissaire du Directoire.'' Cette femme veut la porter elle-même. Le chouan déclare qu'il a l'ordre de la remettre en mains propres. Après de nouvelles hésitations de la citoyenne Millière, Saint-Martin triomphe de cette méfiance instinctive. Il laisse au bas de l'escalier ses quatre Royalistes, auxquels il a recommandé de fermer aussitôt la porte d'entrée et d'ouvrir celle qui donne sur le jardin pour se ménager une retraite. Arrivé dans la chambre où le Commissaire avait signé tant d'arrêts de mort, le Chouan passe rapidement son arme à gauche et remet à Millière le prétendu billet du général. Millière prend le papier. Au même instant  Saint-Martin tire un poignard qu'il a caché dans la manche de son habit, et il frappe au cœur le Révolutionnaire qui roule à ses pieds sans pousser un gémissement.

      ''A la vue de son mari expirant, la citoyenne Millière se jette sur Saint-Martin et appelle au secours. Le Royaliste cherche à se débarrasser de cette douleur dont l'éclat peut le perdre. Une lutte s'engage ; la femme est blessée à l'épaule et renversée. Saint-Martin descend rapidement l'escalier ; mais ses soldats effrayés du rassemblement que les cris de la citoyenne Millière ont provoqué, apprennent à leur chef qu'il leur a été impossible de s'assurer de l'issue du jardin. '' Eh bien ! Dit-il, risquons le tout pour le tout, j'ai fait un acte méritoire, payons d'audace.'' Il ouvre lui-même la porte de la rue, où la garnison et les habitants sont agglomérés ; et sortant de cette maison à la tête de ses quatre volontaires, la baïonnette en avant  : ''Place, s'écrit-il d'une voix éclatante, je viens de tuer le chien enragé : rentrez tous chez vous et laissez-moi passer : Je suis Saint-Martin''.

     

      '' A ces mots, la foule s'écarte, le peuple est interdit, les fantassins ne font aucun mouvement. L'audacieux sang-froid de cet homme, dont le nom a si souvent retenti à leurs oreilles, les fait tous pâlir de stupeur. Saint-Martin traverse au pas de charge le bourg de Morannes et les rangs pressés des Républicains sans qu'aucun coup de fusil soit tiré, sans qu'aucune parole de malédiction ou qu'un cri de vengeance vienne inquiéter sa marche''.

      Ces meurtres et d'autres plus ou moins semblables ne firent qu'envenimer avec le temps la haine réciproque qui existait entre les deux partis. Les gazettes et après elles les historiens révolutionnaires n'ont pas manqué de mettre à la charge des chefs royalistes toutes ces énormités. L'opinion égarée s'en révolta, mais on voit quelle en était la source etc...... »

     

      Sources: Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés. Les Affiches d'Angers – numéro 122, prairial 1799 – vue n°3/31 Quartidi 4 prairial an 7 de la République – Commune de Morannes – Acte de décès n°54, vue n° 275/461 Thomas Millière - Décès année 1810 de Marie-Françoise Le Maire – Histoire de la Guerre de la Vendée, Abbé Deniau, Siraudeau Editeur, Tome 5 - pages n°787,788,789- Archives départementales de la Sarthe, tous droits réservés, commune de Notre-Dame-du-Pé, vue n°300/312, 28 février 1741. - Photo de l'auteur. 

                                                              

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets. 


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique