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    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie…

     

     

    3ème partie ici.

    Il semblerait que Boucret n’ait pas assez brûlé à la Tessoualle pour que Caffin en remette une couche. Boucret avait déclaré y avoir laissé 200 hommes, Caffin en trouve 150.

    Caffin, le 26 janvier depuis Maulévrier :

    « Un détachement de cent cinquante hommes, qui est resté à la Tessouale, a fait évacuer et incendier toutes les métairies qui sont sur la route de Saint-Laurent, où je dois me rendre demain, et où j’attendrai de nouveaux ordres. Pour ne pas perdre de temps, en attendant le détachement que tu m’annonces, je fais évacuer sept à huit métairies à l’entour de la ville, afin de les incendier. Je ne fais brûler, comme tu me l’as ordonné, que lorsque je suis assuré qu’il n’y a plus de subsistances. J’espère avoir ce soir plus de deux cents bœufs et vaches. Tous les bestiaux sont épars dans les champs.

    Hier, j’ai fait brûler tous les moulins que j’ai vus, puisque tous les meuniers et boulangers m’ont abandonné ; mais aucun de ceux que je rencontrerai n’échappera à ma vengeance (1).

    Aujourd’hui je peux faire brûler, sans courir de risque, les trois quarts de la ville, il ne faut pas tant de place pour un détachement de deux cents hommes.

    Malgré tous les soins que je me suis donnés, je n’ai pu faire évacuer encore toutes les métairies qui sont entre Maulévrier et les Echaubrognes. Il reste encore le bourg d’Isernay et les métairies auxquels on n’a pas touché, encore plus riches, dit-on que les Echaubrognes. En conséquence, je donnerai au détachement des renseignements et des ordres à ce sujet, comme tu me le marques. »

     

    A ce stade, les renseignements sur la marche de la colonne de Caffin sont assez flous. Est-ce le détachement de 150 hommes restés à la Tessoualle puis envoyé sur la route de Saint-Laurent qui va commettre ce que nous allons voir maintenant ? Ou est-ce plutôt le gros de la colonne en marche avant un contrordre ? Ou bien enfin est-ce lors de la marche définitive de celle-ci. Toujours est-il que l’état du village du Puy-Saint-Bonnet en 1812 (2) laisse perplexe. Il n’y a guère que trois kilomètres entre la Tessoualle et le Puy-Saint-Bonnet et je suis quasiment convaincu que c’est par là que la colonne de Caffin est partie pour incendier Saint-Laurent-sur-Sèvre. Passant probablement par la « Lande Bataillière », puis la « Lande du Chêne Rond », pour arriver enfin au bourg du Puy-Saint-Bonnet, dont l’incendie ne fait guère de doute.

    La chapelle et la lande du Chêne Rond :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

     

    Parcours de tout ou partie de la colonne de caffin matérialisé en orange sur la carte IGN de Géoportail :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

    Sont incendiés : La Charuelle, le Bourg, le Chiron, la Merletière, la Boucherie, Chez Chupin, le Buisson et la Boissivière (3).

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

     

    Le Quarteron Moine et le Grand Chambord sont détruits, mais situés très au Nord-Ouest, aux limites de Saint-Christophe-du-Bois, on peut douter que ce soit l’œuvre de la même colonne.

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

    Il n’y a part ailleurs pas de traces de destructions sur le cadastre cette dernière commune, pas plus que sur d’autres villages pourtant incendiés, tels Maulévrier, Toutlemonde ou Yzernay. Les campagnes de reconstruction ont-elles été aussi rapides, pour qu’en 1812, tout soit déjà reconstruit en Maine-et-Loire alors que ce département fut le plus mal loti en matière de dédommagements ?

    Bien entendu, d’autres fermes et hameaux ont sans doute brûlé, comme la Vergnais de la Tessoualle. Je ne présente ici que le bilan de ce qui peut être vérifié.

    La célèbre ferme des Rinfillières (nommée « Reffilières » sur la carte de Cassini, « Ressiguières » sur la carte d’état-major et « Resfiguières » sur le cadastre de 1812), qui rappelons-le dépend du territoire du Puy-Saint-Bonnet et non de Loublande comme on le croit souvent, ne semble pas avoir été incendiée. Il est probable que sa situation très au Sud-Est du bourg, l’ait protégée. Néanmoins, une tradition locale a retenu un massacre au pied du coteau, dans le contrebas au Sud de la ferme. Est-ce en rapport avec le passage de la colonne Boucret/Caffin ? Rien ne permet de l’affirmer ni davantage d’écarter cette possibilité.

    Toujours de Caffin, le 27 janvier :

    « La tête de ma colonne était déjà sur la route de Saint-Laurent, lorsque ta lettre, qui m’annonçait la position de l’ennemi, m’a été remise. Le détachement que tu m’as envoyé pour garder les magasins, n’étant que de deux cents hommes, dont la moitié sans armes, j’ai jugé que j’étais obligé de faire rétrograder ma troupe. J’ai été prendre une position sur les routes de Vezin et de Chemillé. J’ai de suite envoyé un piquet de cavalerie à la découverte. A peine arrivé dans les landes Genty, il a aperçu l’ennemi et l’a débusqué. Voyant l’ennemi rentré dans le bois et ne connaissant pas sa force, il s’est replié sur la colonne que j’ai fait avancer jusqu’à la lande où j’ai pris position. Un détachement du soixante-dix-septième, envoyé en avant, a reconnu le bivouac des brigands dans le bois à côté de la lande ; il a pris dix-huit chevaux que tu recevras demain matin. Le bois a été fouillé, les brigands n’ont pas paru, leurs corps-de-garde a été brûlé ; mais je ne puis te dire leur direction.

    Voici une preuve de leur scélératesse : on a trouvé dans leur bivouac le père et le fils massacrés, attachés l’un à l’autre.

    Ceci ne m’a pas empêché de faire l’enlèvement des grains, quoique tous les coquins de préposés soient partis. J’ose assurer que si j’avais quitté Maulévrier, l’ennemi aurait égorgé le détachement de deux cents hommes, car il est instruit de tous nos mouvemens, aussi je fais tuer tout ce que je rencontre. »

    Bien que très proche de la forêt de Vezin-Maulévrier, les Landes de Genty ou Gentil, n’étaient pas boisées à l’époque. Comme leur nom l’indique, ce sont… des landes.

    Ici sur la carte de Cassini :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

    Sur l’IGN de Géoportail, faisant partie intégrante de la forêt aujourd'hui :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

    Et sur le cadastre de 1812 (AD49, 3 P 4/73/1) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 4ème partie....

     

    Le lendemain, 28 janvier, qui est aussi le jour de la mort d’Henri de la Rochejaquelein :

    « Je te préviens que j’ai fait éclairer ce matin les routes de Vezin et d’Argenton. Mes patrouilles n’étant pas encore rentrées, je ne puis te donner aucune nouvelle sur la marche des brigands. Je t’annonce que je n’ai plus que pour un jour de pain et de farine. »

    Puis le surlendemain 29 janvier :

    « Hier, vers une heure de l’après-midi, mes postes avancés sur les routes d’Argenton et Vezin ont entendu battre la charge ; j’en ai été instruit aussitôt, et je suis allé prendre position sur la route de Vezin, mais on n’a rien découvert (4).

    Ce matin, à la réception de ta lettre, j’ai fait battre la générale, et je me mets en marche à sept heures pour fouiller la forêt de Vezin, conformément à tes ordres.

    Je n’ai reçu de pain que pour la distribution d’aujourd’hui, il sera dû demain ; je t’en préviens, afin que tu donnes des ordres en conséquence. »

    Le 31 janvier, toujours Caffin :

    « Je te préviens que tout le village d’Ysernay a été incendié hier sans y avoir trouvé ni homme ni femme. Il restait quatre moulins à vent que j’envoie incendier ce matin, n’en voulant pas laisser un seul.

    Pour seconder tes désirs, je pars aujourd’hui pour Saint-Laurent que j’espère brûler demain, pour me rendre après-demain à la Verrie, où je dois rester jusqu’à nouvel ordre.

    J’ai fait brûler ce matin toutes les maisons qui restaient à Maulévrier, sans en excepter une seule, si ce n’est l’église où il y a encore beaucoup d’effets qu’il serait à propos d’envoyer chercher de suite.

    Le bourg de Tout-le-Monde a été incendié avant-hier.

    Tu observeras au citoyen Beaudesson que je laisse encore quantité de grains et de fourrages dans les métairies que je n’ai pas fait brûler. »

    Nous arrêtons ici de suivre la marche du binôme Boucret/Caffin. Une fois passés en Vendée, il est difficile de suivre les incendies sur un cadastre beaucoup plus récent que celui des Deux-Sèvres et du Maine-et-Loire. Encore une fois et malgré les horreurs commises, on ne peut que se rendre compte de l’ineptie de Turreau et l’absurdité de son plan. La république est incapable de sustenter ses soldats et la question du pain manquant se répète chaque jour. Le 29 janvier, Boucret demandait à Turreau 2 000 rations de pain « pour me mettre en avance » (5). Ceci indiquant clairement qu’il ne dispose pas de plus de 2 000 hommes. Comment peut-on sérieusement espérer, avec seulement 2 000 hommes par colonne, qui de sucroît n’ont rien à manger, ratisser une aussi grande étendue de terrain ; à fortiori incendier, bois et forêts sous la pluie, en plein hiver et tenter de récupérer en même temps grains et fourrages sans le moindre matériel de transport adéquat ?

    Avec le recul de 220 ans d’histoire, on peut saisir l’impéritie de ces personnages qui, ne sortant jamais sur le terrain, n’ont aucune idée de la vraie vie. On peut le comprendre d’autant plus aisément, qu’aujourd'hui encore, ce sont ceux qui sont le plus déconnectés de la réalité qui ont souvent le plus grand pouvoir de décision. On en voit quotidiennement les effets… Mais avant de conclure, réfléchissons un peu à ce qu’ont pu penser les autorités républicaines locales. On annonce des armées en marche contre les royalistes, on les accueille à bras ouvert et en remerciement des municipalités en écharpe se font fusiller, des villages patriotes sont incendiés et on désarme les gardes nationaux avant de repartir, les laissant à la merci des royalistes qu’on n’a même pas cherché à poursuivre. Il y avait de quoi se poser des questions sur les véritables motivations de Turreau et de ses généraux. C’est peut-être aussi pour cela que le système des colonnes infernales fut si longtemps occulté ; parce que la terreur portait en elle-même les germes de la contre-révolution…

    RL

    Juin 2019

     Article connexe ici.

     

     

    Notes :

     

    (1)  Caffin qui se plaignait plus haut que tous les meuniers et boulangers étaient en fuite. Mais qu’en aurait-il fait s’il en avait rencontrés ? La réponse semble être dans la phrase à laquelle renvoie cette note…

    (2)  Le Puy-Saint-Bonnet, à l’époque en Deux-Sèvres, fut rattaché à Cholet et au Maine-et-Loire en 1973. Curieusement, son cadastre napoléonien est consultable aux AD49 tandis que celui de 1967 l’est aux AD79…

    (3)  La ferme de la Boissivière, est aujourd’hui disparue. Elle était située au Nord-Est de l’actuelle carrière de la Roche-Atard, juste à la limite du département de Vendée. Son emplacement figure encore en tant que bâtiments ruinés sur le cadastre de 1967 (AD79, 1908 W 38/1). La carrière fut creusée en 1973.

    (4)  Note de Savary : « C’est dans ce moment, le 28, que la Rochejaquelein fut tué par un volontaire qu’il poursuivait (voir lettre de Poché, commandant la place de Chollet, du 21 février, au général en chef). »

    (5) Savary, tome III, p. 98.

     

     


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    L’imprimerie du Conseil supérieur de l’Armée catholique et royale à Châtillon-sur-Sèvre, en 1793…

     

    Le siège du Conseil supérieur fut fixé à Châtillon sur Sèvre après délibération le 30 mai 1793.  Dès sa première réunion, le Conseil supérieur, soucieux d’assurer la diffusion de ses proclamations et avis divers décida d’installer une imprimerie à Châtillon. En voici tout son acheminement…

    Les royalistes, le 26 mai 1793, lendemain de la prise de Fontenay avaient contacté Pierre-Aimé Elies (1). Ce jeune ouvrier de 19 ans, originaire de Niort travaillait pour l’imprimerie Cochon-Chambonneau.  Ils le chargèrent ce matin-là d’imprimer des affiches interdisant le pillage de la ville. On le conduisit ensuite  chez un autre imprimeur Testard de Fontenay  pour lui faire composer et tirer, au cours de cette nuit du 26 au 27, trois cent cinquante exemplaires de l’affiche « Adresse aux Français » , signée de Bernard de Marigny, Desessarts, de La Rochejaquelein, de Lescure, Stofflet, Cathelineau, etc…

    Avant le transfert du Conseil supérieur de Fontenay à Châtillon, Michel Desessarts, son vice-président, et Dommagné firent saisir deux presses et du matériel divers chez les imprimeurs locaux Testard et de Chambonneau. Elies fut chargé de démonter les presses et d’emballer, on lui adjoignit deux autres ouvriers imprimeurs : Fallourd et Beaujeau. Elies, trompant la vigilance des convoyeurs du matériel d’imprimerie, réussit à s’enfuir au cours de la nuit et parvint à gagner Niort à pied (2).

    A Châtillon-sur-Sèvre, rue des Basses-Vallées, on y installa « l’imprimerie royale » dans une maison où, déjà, logeaient des officiers vendéens. Pour le remplacer, le Conseil supérieur engagea Pierre Clambard, qui après la prise d’Angers était venu proposer ses services au général d’Elbée (3). Ce jeune imprimeur originaire de Juigné-sur-Loire était âgé de 33 ans. Royaliste convaincu, consciencieux et courageux ; on l’avait promu capitaine. Il n’hésitait pas à abandonner ses occupations typographiques pour aller faire le coup de feu.

    L'imprimerie du Conseil Supérieur....

    Le siège de l’imprimerie de nos jours (photo : R. Lueil, 2012) :

    L'imprimerie du Conseil Supérieur....

    L'imprimerie du Conseil Supérieur....

    Quatre mois durant, Clambart, Fallourd et Beaujeau n’arrêtèrent pas de composer et tirer circulaires, affiches et avis divers, ainsi que le bulletin édité par le Conseil supérieur (4).

    L’abbé Bernier qui prenait chaque jour un peu plus d’ascendant sur son parti assumait en fait la direction du bulletin, avec le concours de l’abbé Jagault,  en « exagérant les succès des armées combinées contre la France ou les avantages remportés par les royalistes » (5). Ils dissimulaient les victoires des Républicains.

    On imprima au cours des mois d’été une douzaine de numéros seulement de cette éphémère  publication (6) qui porte, en bas de page, la mention « A Châtillon-sur-Sèvre, de l’Imprimerie royale du conseil supérieur.1793 ». La lenteur des moyens d’impression sur des presses mues à bras d’homme, la rareté du papier et les difficultés d’une large diffusion inhérentes à la guerre firent que le bulletin ne fut jamais tiré à un grand nombre d’exemplaires, d’où son extrême rareté.

    L’exemplaire, daté du 20 août 1793, l’an premier du règne de Louis XVII, reproduit, provient de la collection léguée par Dugast-Matifeux à la Bibliothèque municipale de Nantes.

    L'imprimerie du Conseil Supérieur....

    On ne saura jamais combien de bons royaux, imprimés sur un épais papier blanc crème, ont été tirés sur les presses Châtillonaises, au cours de l’été 1793, à l’aide d’une planche gravée en Angleterre et que les républicains détruisirent, le 23 décembre 1793, lors de la prise de Savenay par Kléber et Marceau (7).

    « L’imprimerie royale » de Châtillon-sur-Sèvre n’eut qu’une brève existence d’un peu plus de quatre mois. Au soir de la dramatique bataille du Moulin aux Chèvres, les soldats de Westermann occupèrent Châtillon et s’emparèrent de l’imprimerie du Conseil supérieur. Une partie du matériel fut conduite à Niort, par les soins du brigadier Moriceau (8), mais les royalistes, avant l’attaque, avaient réussi à déménager  la plus grande partie des caractères dont se servaient Clambard et ses ouvriers. En passant à Beaupréau, ils les cachèrent dans un puits du château d’où Clambard, un an plus tard, vint les retirer (9).

    Clambard dirigera l’imprimerie que Stofflet avait fait installer  dans les bois de Maulévrier  (10) et qui fut transférée à Neuvy en Mauges après l’invasion de la forêt par les républicains (11). C’est là, au château du Lavoir que furent utilisés les derniers vestiges du matériel provenant de feue l’imprimerie royale de Châtillon-sur-Sèvre.

                                                                                 

    Marie-Laure ALLARD pour chemins secrets

     

    Source :

    Bulletin de la Société Historique et scientifique des Deux-Sèvres, Deuxième série Tome XII N°2-3- Maurice Poignat.

    (1)   Henri Clouzot, notes pour servir à l’histoire de l’imprimerie à Niort et dans les Deux-Sèvres, Niort, Clouzot, 1891.

    (2) Pierre-Aimé Elies se réfugia chez son beau-frère, Jean-Baptiste Lefranc-Elies, qui dirigeait à Niort l’imprimerie familiale fondée vers 1695. Il la reprit à son compte en 1796 et la conservera jusqu’en 1816. Il mourut en 1838.

    (3)   Emile Pasquier et Victor Dauphin, imprimeurs et libraires de l’Anjou, Angers, Editions de l’Ouest 1932.

    (4)  Intitulé d’abord Bulletin des Amis de la Religion et de la Monarchie, l’organe du Conseil Supérieur devint peu après le Bulletin des Amis de la Monarchie et de la Religion, tels sont respectivement les titres datés du 20 août 1793. Il est également un deuxième détail, que n’ont pas noté non plus Lemière et les autres bibliographes, c’est le changement de format de la publication, d’abord brochure in-douze de quatre ou huit pages et qui devint par la suite (ainsi se présente le bulletin du 20 septembre 1793) un placard in-quarto, simplement imprimé au recto.

    (5)  Abbé Deniau, Dom Chamard et Abbé Uzureau, histoire de la Guerre de Vendée, Angers, J. Siraudeau 1905, tome 1, p 119.

    (6)    A. de La Bouralière, bibliographie Poitevine, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, 1907 et Slatkine Reprints, Genève, 1972.

    (7)    « Nous avons pris dans cette journée le reste de l’artillerie de l’ennemi. Parmi les bagages se trouvait le coffre-fort contenant des assignats de Louis XVII et la planche avec laquelle ils se fabriquaient. (Prieur et Thurreau, rapport au Comité du Salut Public).

    (8)  Hilaire-Alexandre Briquet, histoire de Niort, Niort , Robin, tome II.

    (9)     Emile Pasquier et Victor Dauphin, ouvrage cité, page 358.

    (10)  « A côté de l’hôpital dissimulé sous les arbres, Stofflet avait fait construire une maisonnette en pierre pour y établir son imprimerie ». Deniau, ouvrage cité, tome IV, p 333.

    (11) « Mémoires militaires du général  Kléber pour servir à l’Histoire de la Guerre de Vendée », publiés par H. Baguenier-Desormeaux dans Kléber en Vendée,1793-94, Paris, Librairie Alphonse Picard, 1907. 

     

     


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    Nantes, Floréal de l'an II… 

               

       

     

    Nantes, floréal de l'an II....« Commission Militaire séante Maison Pépin, place de la Liberté.  

     

    13 Floréal (2 mai 1794) : 

    . Gabriel Clémenceau, cordonnier, âgé de 36 ans, marié, 

    . Julien Renou, garçon, âgé de 29 ans. 

    . Charles Jagan, femme Hupé, cordonnier, âgée de 30 ans ? 

     

    . Jeanne Marchaix, domestique, âgée de 23 ans, native du Loroux. 

    . Rose Aubron, veuve Rubion, âgée de 50 ans, native de Saint-Julien-de-Concelles et fermière, domicilliées du Loroux, ont été condamnées à la peine de mort, atteints et convaincus d'avoir pris part aux révoltes et émeutes contre-révolutionnaires du 12 mars (vieux style) dans la commune du Loroux. 

     

    . Clémenceau et Renou, d'avoir servi dans l'armée des rebelles, d'avoir pillé les maisons des patriotes et agi avec la plus grande violence pour les incarcérés ; et les femmes Hupé, Marchaix et Rubion, d'avoir été instigatrices, commissionnaires des brigands, et partisannes des prêtres. Et quand à Gabrielle Mariotte, femme de Guicheteau, fermier et chef des brigands, âgée de 53 ans, native et domiciliée du Loroux, bien qu'elle ait été fanatisée au point d'avoir été gardiataire des clefs que son mari lui mettait en mains, néanmoins comme il n'y a aucune charge contre elle jusqu'à ce jour, elle a été condamnée à garder la prison jusqu'à la paix. » 

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés – Extrait du Portefeuille Nantais  du 13.5.1794 n°XXIII - Quartidi, 24 Floréal de l'an 2. 

    . Photo : Extraite du Parisien du 25 mars 2014(Guillotine aux enchères). 

     

                                                                 

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    On est toujours l'imbécile de quelqu'un... 

           

     

     

    Vendre son âme à Satan....Changer son prénom de baptême, c'est signer un contrat avec Lucifer. 

     

    Satan est victorieux quand il réussit à convaincre un baptisé de renier son nom de baptême.

    Pour se donner un genre, afin de faire ''républicain branché'', le ''bobo'' Louis-Denis Obrumier du Comité Révolutionnaire d'Angers a renié ses deux noms de baptême. C'est bien là, la conséquence du caractère démoniaque de la république et cela déplaît à Dieu.

     

    « Profession de foi du Citoyen Obrumier, membre du Comité de Surveillance et Révolutionnaire. 

    J'ai 51 ans, depuis plus de trente ans je gémis de porter les noms de deux imbécilles que la sotte superstition de nos pères regardoit comme des êtres dont l'apothéose étoit bien méritée. 

    Je renonce au premier, Louis, non seulement parce qu'il fut qu'un benêt & un fanatique, mais encore parce que, comme le dernier des tyrans de ma patrie, il fut le fléau du peuple dont il se disoit souverain. 

    Je renonce au second, Denis, ce charlatan qui eut le talent, en s'affublant d'un accoutrement grostesque qui lui cachoit la tête, de faire accroire au bon peuple parisien, que la tête de carton peint qu'il porta pendant deux lieues était celle d'un homme favorisé de la divinité & presque Dieu lui-même. 

    Je renonce donc à ces deux prénoms pour celui de Tell, restaurateur de la liberté de son pays ; & que je prétends porter et mériter toute ma vie.

    signé Obrumier. » 

     

    La famille Obrumier est une famille de révolutionnaires enragés.

     

      Louis-Denis Obrumier est menuisiser-tisserand et fils de Pierre-Louis Obrumier et de Marie Villemain, né à Coucy-le-Château-Auffrique.

    Il épouse le 26 novembre 1765 à Coucy, Marie-Jeanne Taigny-Tégny. Ce forcené est membre du Comité de Surveillance et Révolutionnaire d'Angers.

    Marie-Louis-François Obrumier, son fils, né le 4 août 1766 à Coucy, notaire et huissier public est Commandant de la Garde Nationale de Rablay, épouse Magdeleine-Pélagie Coquin, née le 22 octobre 1764 à Rablay-sur-Layon, fille d'un notaire public dont il divorcera le 16 Nivôse an 3. Il est dit aussi, ''officier retraité'' ou négociant.

    Madeleine-Pélagie Coquin décède le 19 novembre 1796 à Angers.

    De cette union sont issus au moins deux enfants :

    Marie-Magdeleine-Pélagie Obrumier, née en 1791 (d'après l'arbre généalogique de Jacky Blon – généanet -) est directrice d'une ''maison de tolérance'', elle décède rentière, rue de Paris à Angers à l'âge de 32 ans, le 11 mars 1824 (vue n°15/168). Elle avait épousé à Rablay, à l'âge de 17 ans, Louis-Ferdinand Bletteau, praticien, âgé de 19 ans.

    Egalité Obrumier, né le 3 décembre 1792 à Rablay (vue 162/164 naissance Rablay/Layon).

    Il épouse en seconde noce Marie-Louise Colet Payen de la Bucquière, née le 19 mai 1769 à Brebières et décède à Rochefort-sur-Loire le 18 avril 1816, à l'âge de 49 ans. De cette union sont issus :

    1° Horace-Ernest Obrumier, né à Corbehem (Pas-de-Calais) en Thermidor an 3 – juillet ou août 1795 -, épouse à Nantes, le 19 mai 1824, (vue n°31/97- 1824 5ème et 6ème canton, mariages ville de Nantes) Anne-Adèle Saupin, il est commis greffier à la cour d'appel d'Angers. D'où trois enfants morts en bas âge en 1826,1831 et 1832. Il décède à Angers le 20 mars 1860 au n°11 de la rue Joubert à Angers (vue n°23/118).

    2° Henry-Louis-Camille Obrumier, né le 16 juin 1797 à Douais (Nord), employé au cadastre d'Angers, célibataire, décédé rue du Boeuf Couronné à Angers, le 28 octobre 1828 (vue n°79/170).

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Registre de l' Etat civil de Rochefort-sur-Loire- décès 1816, vue n°45/149. Décès Angers 1er arrondissement, vue n°26/132, 19 novembre 1796 – Décès Angers année 1824, vue n°15/168 – Naissances Rablay 1792 vue 162/164. 

    . Archives de la ville de Nantes, tous droits réservés- mariages 1824 – vue 31/97 5ème et 67me canton. 

    . Photo : de l'auteur. 

     

     

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie…

     

     

            2ème partie ici.

     

    Nous avions laissé Boucret quelque part entre la Petite-Boissière et Saint-Amand-sur-Sèvre. A voir le nombre de ruines sur le cadastre du bourg de la Petite-Boissière en 1812, on ne peut guère douter que la colonne de Boucret y passa. Maurice Poignat (1) nous indique que le presbytère et plusieurs maisons du bourg furent incendiés. Dix-huit ans plus tard, on retrouve le presbytère reconstruit, l’église peut-être également. Boucret, s’il est peut-être passé par la grande route que l’on a vu sur la carte de Cassini dans l'articles précédent a sans doute envoyé des hommes directement par la route de Châtillon à la Petite-Boissière que l’on voit ici matérialisée en orange sur la carte d’état-major de Géoportail.

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Il apparaît clairement que le moulin de la Grande Métairie (aujourd’hui Piançon) et la Grande Métairie sont incendiés. De même pour le Bas et le Haut-Forgineau, puis enfin le bourg de la Petite-Boissière. On ne peut que s’étonner du peu de précisions recensées dans les correspondances mises au jour par Savary, surtout lorsqu’il avoue lui-même que Turreau est très avide des « détails d’incendie ».

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Au Nord-Ouest du bourg de la Petite-Boissière, c’est le village des Roussières qui est la proie des flammes.

    Sur le chemin menant de la Petite-Boissière à Saint-Amand-sur-Sèvre, on ne trouve curieusement pas de traces de destructions. La Bleure-Rambault semble intacte. De même pour la Barangerie et sa petite chapelle en bordure de route. En revanche la Porcherie et la Maison-Neuve sont intégralement incendiées. Aucun bâtiment n’y reste debout. Ici, le cadastre de 1812 des AD79 (3 P 237/9) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Parallèlement et plus au Sud, aux limites de la commune de Montravers, ce sont les Ecorcins, la Poitière, la Doutière, le Rochais et la Courolière qui semblent avoir souffert. Est-ce bien l’œuvre de Boucret ou celle de Grignon, brûlant Montravers et filant vers la Pommeraie-sur-Sèvre non sans avoir massacré trois paysans à la Goderandière, puis avoir incendié l’Ouvrardière ? Boucret s’était promis dans sa correspondance de faire sa jonction avec Grignon, ce rapprochement semble s'être confirmé. 

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....  

    En tout cas, les incendies semblent remonter vers le bourg de Saint-Amand. Sur les cartes, les incendies que j’attribue à Boucret matérialisés par des flammes oranges, ceux de Grignon, par des flammes rouges. Les crânes indiquent le nombre de morts dont on a la certitude. Ceci étant bien entendu ma théorie personnelle, sans preuve historique absolue. C’est ainsi qu’on arrive par le Sud au bourg de Saint-Amand. Le logis et la ferme de la Guierche sont incendiés. AD79 (3 P 237/9) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

     Le bourg bien entendu n’y échappe pas. Ici les ruines en jaune sur le cadastre de 1812 (AD79, 3 P 237/10). Attention à la désorientation du plan, le Nord étant sur votre gauche :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Bourcret est donc arrivé à Saint-Amand-sur-Sèvre et très laconique, il écrit à Turreau le 25 janvier :

     « J’ai donné des ordres pour qu’il soit chargé deux voitures de linge trouvé dans une cave. J’ai laissé sur mes derrières quantité de grains, mais j’ai pris le nom de toutes les métairies, et j’espère que tu m’enverras des voitures pour les faire enlever. Je n’ai rien de nouveau sur la position des brigands. »

    Le Souvenir Vendéen a fait édifier une croix à Saint-Amand-sur-Sèvre sur la route de Treize-vents, rappelant qu’en ce lieu un certain nombre de personnes furent massacrées.

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

     

    De là, Mallièvre est incendié le 26, ainsi que l’indique le journal du gendarme Graviche, mais aussi suivant un extrait d’une lettre du commandant de la place de Cholet à Turreau écrite le lendemain :

    « Je t’envoie général, un citoyen dont le patriotisme est reconnu, il est maire du bourg de Mallièvre. Son village s’est conservé patriote au milieu des brigands.

    Le général *** (Boucret), à son passage, a brûlé et incendié toutes les maisons de Mallièvre, à l’exception de celle de la municipalité et de la sienne. Elles sont maintenant le refuge de trois cents individus, dont cinquante hommes.

    Vingt-cinq jeunes gens de première réquisition sont disposés à partir pour la défense de la république, au premier ordre que tu leur en donneras.

    Ce bon citoyen va se présenter à toi, général, pour te faire part de sa sollicitude pour ces malheureux individus, qui, à la lueur des flammes de leurs maison, criaient vive la république. Il va te demander une solution à ses inquiétudes. Où se réfugieront ces malheureux individus ? Resteront-ils dans leur village incendié ? Ils le préfèrent. Donne-leur, général, une autorisation pour y rester. D’ailleurs, le maire répond sur sa tête du patriotisme de tous. Il te dira aussi que sa maison est l’entrepôt d’une grande quantité de grains ; il ne leur manque que des charrettes pour les faire parvenir à Chollet. »

    Nous arrêtons ici de suivre le parcours de Boucret, celui-ci étant passé en Vendée où le cadastre est beaucoup plus tardif qu’en Deux-Sèvres, et ne permet plus de suivre le fil des maisons ruinées. Néanmoins, on peut voir quelques ruines sur le plan de Mallièvre de 1839 (AD85, 3 P 134/2) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La rue principale de Mallièvre, par où est arrivée la colonne de Boucret :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Une maison de Mallièvre :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

     

    Boucret est donc aux Epesses au soir du 26 janvier :

    « Je suis arrivé aux Epesses, à cinq heures du soir. J’ai fait assembler les officiers municipaux pour me faire donner des renseignemens sur la position des brigands ; ils ne la savent pas positivement, mais ils ont dit qu’ils les croyaient aux Herbiers. J’ai requis la municipalité de me faire cuire du pain ; nous avons quantité de farine et point de voitures. Je n’ai besoin de rien pour la nourriture, mais les soldats sont nus et sans souliers. »

     

    A suivre ici...

    Articles connexes ici, ici et ici.

    RL

    Juin 2019

     

    Note :

    (1)  « Le Pays du Bocage », Editions du Terroir, Niort, 1984, p. 219.

     

     

     

     


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