• La colonne infernale Boucret/Caffin, compléments....

     

    La colonne infernale Boucret/Caffin, compléments…

     

     

    Lors de l’étude des parcours des colonnes de Boucret et de Caffin, je n’avais pas mentionné les massacres qui ont indubitablement accompagné les incendies. Comme les récits dont on dispose peuvent être sujets à caution et qu’ils ne proviennent que de traditions orales qui ne donnent pas de dates précises, rien ne nous prouve qu’ils doivent être rattachés au passage des colonnes infernales. Je vous en livre cependant quelques échantillons pris dans l’ouvrage de Françoise de Chabot : « Un Canton du Bocage Vendéen, Souvenirs de la Grande Guerre ».

    RL

    Août 2019

     

    « La colonne de Boucret se signala par des atrocités : « A Charruel, notre lieu de naissance, racontait Elisabeth Boucher, ma mère a vu les Bleus arracher le cœur d’enfants à la mamelle et porter au bout de leurs baïonnettes ces sanglants trophées » (1). On connait une autre anecdote concernant Elisabeth Boucher. A lire ici.

    Chapelle et lande du Chêne Rond au Puy-Saint-Bonnet. La colonne de Caffin passa par ici. La chapelle n'était évidemment pas construite (Photos : Nicolas Delahaye) :

     

    La colonne infernale Boucret/Caffin, compléments....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, compléments....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, compléments....

    La colonne infernale Boucret/Caffin, compléments....

     

    Pendant le séjour à Châtillon de la même colonne, deux faits particulièrement horribles se sont passés. Au carrefour des Quatre-Routes, (2) près de l’hospice, quelques soldats entrent dans une maison, trouvent une jeune femme et son petit enfant, tuent l’un et l’autre, prennent une broche, enfilent le pauvre petit corps, coupent la tête de la mère, traînent son corps mutilé près de la cheminée et lui mettent entre les mains l’horrible brochette (3).

    Un peu plus loin, un pauvre vieillard, Cotillon (4), accablé par la paralysie, n’a pu se traîner hors de sa maison : les Bleus arrivent, mettent le feu à sa paillasse et se font un horrible plaisir de le faire brûler à petit feu. Non contents de satisfaire leur cruauté sur lui, ils forcent sa femme, les enfants, les voisins du supplicié à assister à son agonie et à entendre les cris épouvantables que la souffrance lui arrache ; puis, quand tout est fini que le malheureux est consumé, les monstres tournent leur rage contre les assistants et les massacrent impitoyablement à leur tour ; un enfant de neuf ans échappe seul, c’est lui qui raconte le fait (5) (6).

    Au village de Lala, paroisse des Echaubrognes, une femme nommée Cousinet, dont le mari a disparu de l’autre côté de la Loire, est surprise par une de ces colonnes et n’a plus le temps de fuir ; voulant néanmoins sortir de la maison, elle prend son enfant dans ses bras et se dirige vers la porte, elle en passe le seuil, lorsqu’un soldat paraît et fend la tête de son petit enfant ; pour elle, par une bizarrerie que rien n’explique, il la laisse aller, la petite victime entre les bras (7). On raconte qu’une malheureuse femme éventrée par les Bleus, sur la route de Châtillon, ramassa ses entrailles dans son tablier et parvint ainsi à gagner un village voisin.

    En général les malheureux vendéens, surpris dans leurs maisons ou dans leurs cachettes, se laissaient tuer sans résistance, et les enfants, lorsqu’ils étaient épargnés, se voyaient quelquefois contraints d’aider les soldats dans leur horrible besogne (8) (9). Il y eut, cependant, quelques personnes qui vendirent chèrement leur vie et quelques autres qui surent même la défendre.

    A Saint-Amand, une femme attaquée par un soldat isolé, est sauvée par son mari qui tue le Bleu (10). Dans la même paroisse, une jeune fille enlevée par un misérable, trouve en se débattant l’épée de son ravisseur, la tire du fourreau et parvient à lui enfoncer dans le ventre. Le voyant à terre : « Demande pardon à Dieu, lui dit-elle, sinon dans un instant tu seras avec les diables en enfer. » Et sans plus tarder la courageuse fille traîne le corps vers la rivière et l’y laisse tomber. »

     

     

     

    Notes :

    (1)  Note de F. de Ch. : Elisabeth Boucher épousa Brouard et c’est à M. l’abbé Brouard, son petit-fils, que nous devons ce récit.

    (2)  Il s’agit du carrefour en haut de la rue de la Fontaine Noire. La tradition rapporte que sous cette rue, furent enterrés plusieurs centaines de victimes du second combat de Châtillon en octobre 1793.

    (3)  Note de F. de Ch. : Deniau, t. IV, p. 167.

    (4)  On trouve un couple de  « Recotillon » massacrés dans leur lit au premier combat de Châtillon, donc en juillet 1793, dans les registres publiés à la fin de l’ouvrage de Françoise de Chabot.

    (5)  Note de F. de Ch. : Deniau, t. IV, p.167.

    (6)  Xavier Maudet, dans son ouvrage « La Révolution Française à Châtillon-sur-Sèvre » s’interroge avec raison, p. 149 sur l’identité de cet enfant et sur la véracité de tous les faits transmis.

    (7)  Note de F. de Ch. : M. l’abbé Grégoire. Notice inédite sur les Echaubrognes.

    (8)  Note de F. de Ch. : Une petite fille de 7 ans, Agathe Deveau, fille d’un journalier de Châtillon, fut forcée d’éclairer les Bleus qui allaient de maisons en maisons, perçant jusqu’aux paillasses avec leurs baïonnettes et mettant le feu partout. Récit fait par le fils de cette enfant, le père Michaud, à M. Gabard.

    (9)  J’ai déjà évoqué sur ce blog l’histoire de la fillette de la Gondromière en 1795.

    (10)         Note de F. de Ch. : note de M. Gabard.

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :