• La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

     

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie…

     

     

            2ème partie ici.

     

    Nous avions laissé Boucret quelque part entre la Petite-Boissière et Saint-Amand-sur-Sèvre. A voir le nombre de ruines sur le cadastre du bourg de la Petite-Boissière en 1812, on ne peut guère douter que la colonne de Boucret y passa. Maurice Poignat (1) nous indique que le presbytère et plusieurs maisons du bourg furent incendiés. Dix-huit ans plus tard, on retrouve le presbytère reconstruit, l’église peut-être également. Boucret, s’il est peut-être passé par la grande route que l’on a vu sur la carte de Cassini dans l'articles précédent a sans doute envoyé des hommes directement par la route de Châtillon à la Petite-Boissière que l’on voit ici matérialisée en orange sur la carte d’état-major de Géoportail.

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Il apparaît clairement que le moulin de la Grande Métairie (aujourd’hui Piançon) et la Grande Métairie sont incendiés. De même pour le Bas et le Haut-Forgineau, puis enfin le bourg de la Petite-Boissière. On ne peut que s’étonner du peu de précisions recensées dans les correspondances mises au jour par Savary, surtout lorsqu’il avoue lui-même que Turreau est très avide des « détails d’incendie ».

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Au Nord-Ouest du bourg de la Petite-Boissière, c’est le village des Roussières qui est la proie des flammes.

    Sur le chemin menant de la Petite-Boissière à Saint-Amand-sur-Sèvre, on ne trouve curieusement pas de traces de destructions. La Bleure-Rambault semble intacte. De même pour la Barangerie et sa petite chapelle en bordure de route. En revanche la Porcherie et la Maison-Neuve sont intégralement incendiées. Aucun bâtiment n’y reste debout. Ici, le cadastre de 1812 des AD79 (3 P 237/9) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

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    Parallèlement et plus au Sud, aux limites de la commune de Montravers, ce sont les Ecorcins, la Poitière, la Doutière, le Rochais et la Courolière qui semblent avoir souffert. Est-ce bien l’œuvre de Boucret ou celle de Grignon, brûlant Montravers et filant vers la Pommeraie-sur-Sèvre non sans avoir massacré trois paysans à la Goderandière, puis avoir incendié l’Ouvrardière ? Boucret s’était promis dans sa correspondance de faire sa jonction avec Grignon, ce rapprochement semble s'être confirmé. 

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

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    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....  

    En tout cas, les incendies semblent remonter vers le bourg de Saint-Amand. Sur les cartes, les incendies que j’attribue à Boucret matérialisés par des flammes oranges, ceux de Grignon, par des flammes rouges. Les crânes indiquent le nombre de morts dont on a la certitude. Ceci étant bien entendu ma théorie personnelle, sans preuve historique absolue. C’est ainsi qu’on arrive par le Sud au bourg de Saint-Amand. Le logis et la ferme de la Guierche sont incendiés. AD79 (3 P 237/9) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

     Le bourg bien entendu n’y échappe pas. Ici les ruines en jaune sur le cadastre de 1812 (AD79, 3 P 237/10). Attention à la désorientation du plan, le Nord étant sur votre gauche :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Bourcret est donc arrivé à Saint-Amand-sur-Sèvre et très laconique, il écrit à Turreau le 25 janvier :

     « J’ai donné des ordres pour qu’il soit chargé deux voitures de linge trouvé dans une cave. J’ai laissé sur mes derrières quantité de grains, mais j’ai pris le nom de toutes les métairies, et j’espère que tu m’enverras des voitures pour les faire enlever. Je n’ai rien de nouveau sur la position des brigands. »

    Le Souvenir Vendéen a fait édifier une croix à Saint-Amand-sur-Sèvre sur la route de Treize-vents, rappelant qu’en ce lieu un certain nombre de personnes furent massacrées.

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

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    De là, Mallièvre est incendié le 26, ainsi que l’indique le journal du gendarme Graviche, mais aussi suivant un extrait d’une lettre du commandant de la place de Cholet à Turreau écrite le lendemain :

    « Je t’envoie général, un citoyen dont le patriotisme est reconnu, il est maire du bourg de Mallièvre. Son village s’est conservé patriote au milieu des brigands.

    Le général *** (Boucret), à son passage, a brûlé et incendié toutes les maisons de Mallièvre, à l’exception de celle de la municipalité et de la sienne. Elles sont maintenant le refuge de trois cents individus, dont cinquante hommes.

    Vingt-cinq jeunes gens de première réquisition sont disposés à partir pour la défense de la république, au premier ordre que tu leur en donneras.

    Ce bon citoyen va se présenter à toi, général, pour te faire part de sa sollicitude pour ces malheureux individus, qui, à la lueur des flammes de leurs maison, criaient vive la république. Il va te demander une solution à ses inquiétudes. Où se réfugieront ces malheureux individus ? Resteront-ils dans leur village incendié ? Ils le préfèrent. Donne-leur, général, une autorisation pour y rester. D’ailleurs, le maire répond sur sa tête du patriotisme de tous. Il te dira aussi que sa maison est l’entrepôt d’une grande quantité de grains ; il ne leur manque que des charrettes pour les faire parvenir à Chollet. »

    Nous arrêtons ici de suivre le parcours de Boucret, celui-ci étant passé en Vendée où le cadastre est beaucoup plus tardif qu’en Deux-Sèvres, et ne permet plus de suivre le fil des maisons ruinées. Néanmoins, on peut voir quelques ruines sur le plan de Mallièvre de 1839 (AD85, 3 P 134/2) :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    La rue principale de Mallièvre, par où est arrivée la colonne de Boucret :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

    Une maison de Mallièvre :

    La colonne infernale Boucret/Caffin, 3ème partie....

     

    Boucret est donc aux Epesses au soir du 26 janvier :

    « Je suis arrivé aux Epesses, à cinq heures du soir. J’ai fait assembler les officiers municipaux pour me faire donner des renseignemens sur la position des brigands ; ils ne la savent pas positivement, mais ils ont dit qu’ils les croyaient aux Herbiers. J’ai requis la municipalité de me faire cuire du pain ; nous avons quantité de farine et point de voitures. Je n’ai besoin de rien pour la nourriture, mais les soldats sont nus et sans souliers. »

     

    A suivre ici...

    Articles connexes ici, ici et ici.

    RL

    Juin 2019

     

    Note :

    (1)  « Le Pays du Bocage », Editions du Terroir, Niort, 1984, p. 219.

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Louis Baron
    Dimanche 23 Juin 2019 à 21:45

    Un gros travail de recherche toujours aussi intéressant, de beaux clichés.

    Merci Richard!

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