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    En République on meurt pour sauver son pain... 

         

     

     

    Un fait divers en 1795....Le 23 Frimaire de l'an 4 (14 décembre 1795), un laboureur de Claville, en Seine-Martime, est sabré par un ancien des troupes de la République...

    Voici un fait divers, tiré de la Feuille Nantaise du premier janvier 1795. 

     

     « Anecdote.

     

    Nous apprenons dans l'instant qu'il est arrivé ces jours derniers à Claville un événement déplorable. Trois particuliers se sont rendus chez un laboureur, nommé Queval. 

    A leur arrivée, ils ont demandé du pain et la femme du Citoyen Queval leur a dit d'attendre que son mari fû rentré. Sur cette réponse, elle les a vus se saisir du pain déposé sur la table pour se le partager. 

    Le Citoyen Queval rentre, et furieux de cette conduite, il donne en l'apostrophant, un coup de pied dans le derrière à un des particuliers. Celui-ci se retourne, tire un sabre dont-il étoit armé, l'en frappe et lui ouvre le ventre. 

    La femme appelle au secours : deux des brigands sont arrêtés, mais le meurtrier, nommé Taillefer qui avoit servi dans les troupes de la République s'est échappé. 

      Les deux particuliers arrêtés demeurent à Saint-Georges, canton de Cailly ; on a fait une perquisition chez eux et on a trouvé chez l'un, six boisseaux de bled, ou deux mines et demie, mesure de Rouen, et chez l'autre sept. 

      Voilà comme des scélérats abusent des malheurs du temps pour voler, et s'enrichir aux dépends des cultivateurs que de semblables brigandages indisposent souvent contre la véritable indigence. » 

     

    Je n'ai pas trouvé de semblables pleurnicheries dans les colonnes de la feuille Nantaise, lors de la mise à sac de la Vendée par la troupe républicaine depuis 1793, (''Evènement autrement déplorable'' qu'un banal vol de pain): silence total sur le sujet.

     

    Charles Queval est effectivement mort le 23 Frimaire de l'an IV, à 3 heures et demie de l'après midi (acte de décès de Claville vue n°15/46). Les circonstances du décès ne sont pas mentionnées ; Guillonne Depessi-Depessy mentionnée comme témoin, semble être son épouse.

     

    Sources  

     

    . Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés – Extrait de la feuille Nantaise du vendredi 1er janvier 1796. n°101. 

    . Photos : Démocratie Royale. 

     

                                                            

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Jean-François Brochard, prêtre, déporté en Guyane...

          

     

     

    Jean-François Brochard, prêtre, déporté en Guyanne....Extrait du Portefeuille Nantais n° 135 du 15 Fructidor de l'an II.

     

    « Tribunal Criminel du Département de la Loire-Inférieure. 

     

    . 18 Thermidor an 2, 

    Jean-François Brochard, ex-Cordelier, prêtre insermenté, âgé de 33 ans, natif de Montaigu, atteint et convaincu d'avoir rompu son ban, et d'être entré en France après avoir été librement exporté, a été condamné a être transporté à la Guyane française, bien qu'il ait encouru la peine portée dans l'article 5 de la loi du 26 août 1792 (vieux style) portant : Tout écclésiastique qui seroit resté dans le royaume, après avoir fait, sa déclaration de sortir et obtenu passe-port, ou qui rentreroit après en être sorti, sera condamné à la peine de détention pendant dix ans. 

    Mais le Tribunal a considéré, en portant son jugement, que considérant que la loi du 23 avril 1793 (vieux style) ordonne que tout écclésisastiques séculiers, réguliers, frères convers et laics, qui n'ont pas prêté le serment à la loi du 15 août 1792, seront embarqués et transférés à la Guyane française, et d'après cette loi aucun prêtre insermenté ne peut rester sur le sol de la République, condamne,&c. » 

     

    Jean-François Brochard est le deuxième enfant d'une famille qui en comptera onze. Son père est serrurier à Montaigu.

    Il est donc le fils de Nicolas Brochard, serrurier et de Marie Anne Billon qui se sont mariés à Montaigu le 10 juillet 1757. De cette union sont issus :

     

    1°  Marie-Gabrielle Brochard, née le 4 avril 1759 à Montaigu.

    2°  Jean-François Brochard, né le 29 décembre 1760 à Montaigu (prêtre).

    3°  Louise-Adélaïde Brochard, née le 16 septembre 1762 à Montaigu.

    4°  Louis-Ange Brochard, né le 13 mars 1764 à Montaigu.

    5°  François-Frédéric Brochard, né le 11 septembre1765 à Montaigu.

    6°  François-Esprit Brochard, né 17 novembre 1767 à Montaigu.

    7°  François Brochard, né le 24 octobre 1769 à Montaigu.

    8°  Augustin-Marie Brochard, né le 29 octobre 1771 à Montaigu.

    9°  Pélagie Brochard, née le 17 novembre 1773 à Montaigu.

    10°Louise Brochard, née le 11 juin 1776 à Montaigu.

    11°Rosalie Brochard, née le 12 septembre 1779 à Montaigu.

     

    Sources  

     

    . Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés – Extrait du Portefeuille Nantais n°135 – 15 Fructidor An II. 

    . Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés, registres Etat Civil de Montaigu., entre autres vues: vues n°83 et 105/165 mariage, naisssances. 

    . Photo : de l'auteur . 

     

                                                              

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Les chevaux du général Stofflet... 

          

         

     

    Les chevaux de Stofflet....Extrait de la Feuille Nantaise n°172, du mercredi 2 mars 1796.

     

    « Armée des Côtes de l'Océan, Ordre général 8 Ventôse. 

     

    Le citoyen Liégeard, lieutenant au 14ème régiment de Chasseurs à cheval et aide de camp du général Caffin, a été promu par le général en chef au grade de capitaine, pour la récompense de ses fatigues à poursuivre Stofflet qu'il a pris ; et en forme de dédommagement, il lui a été donné les deux plus beaux chevaux de ce chef de brigand. 

     

    Pour copie conforme au registre, le général de brigade, chef d'Etat-Major de la grande division du Sud. 

    Signé Grigny. 

    Pour copie conforme, pour le chef de l'Etat-major 

    Maublanc, capitaine aide de camp. » 

     

    Donc, les deux plus beaux chevaux du Général Stofflet ont été attribués au Citoyen Liégeard.

    Monsieur l'abbé Deniau nous parle de Liégeard et des chevaux dans l'affaire de la Saugrenière où, le général Stofflet, trahi par les siens, est capturé par les Républicains.

    Le mercredi 24 février 1796 à cinq heures du matin, 200 fantassins commandés par Loutil, chef du 77ème Bataillon de Paris et 25 cavaliers, certainement commandés par Liégeard se dirigent vers la Saugrenière...

    Les chevaux de Stofflet....

    Lors de la capture du Général Stofflet, les Bleus prirent peur lorsqu'un galop de chevaux se fit entendre au loin... Ils sortirent précipitemment de la Saugrenière, s'imaginant que c'était une troupe de Royalistes qui arrivait au secours de leur gnénéral.

    « Les chevaux qui avaient provoqué le panique des Bleus étaient ceux que Stofflet et son escorte avaient laissés au ''Puy Grimault''. Lâchés dans le moment par les métayers de ce lieu qui avaient peur de se compromettre en les gardant, ces animaux s'étaient échappés en course désordonnée, et avaient fait résonner de leurs pas sur un terrain durci par la gelée...» 

     

    Le Citoyen Liégeard, cavalier intrépide, revient de loin...

    Une demande d'un sabre d'honneur au Premier Consul nous permet d'identifier avec certitude l'identité du Citoyen Liégeard.

     

    « Demande d'un sabre d'honneur – Jean-Baptiste Liégeard – 15 ans de services et 8 campagnes- au Grand Chancelier de la Légion-d'Honneur. 

    Citoyen, 

    J'ai déjà mis sous les yeux du Ministre de la guerre, un mémoire qui a été renvoyé à votre Excellence, et par lequel je demandais un sabre d'honneur. 

    A l'appui de cette demande étaient les copies des titres sur lesquels je la fonde. 

    Aujourd'hui, je la renouvelle près de votre Excellence et j'y joins l'état de mes services dont j'avais omis de donner les détails, les ayant crus superflus pour le Ministre dans les bureaux de qui ils sont sous-enregistrés. 

    Entré dans le régiment de Penthièvre Dragons en janvier 1789, j'y suis resté jusqu'en février 1791, que je passais dans la Légion de Montesquiou, comme Maréchal des Logis Chef. 

    En mai 1792, je fus fait sous-lieutenant dans le même corps qui venait d'être créé 14éme des Chasseurs à Cheval. 

    En novembre de la même année, je fus promû au grade de lieutenant. 

    Le 6 Ventôse an 4, capitaine à l'Etat-major. 

    Rentré au 14e régiment, jusqu'au 17 Germinal an 11 où j'ai été nommé aide de camp du général Heudelet. 

    J'ai fait huit campagnes dont 4 à l'Armée de l'Ouest, 3 à celle d'Italie, et 1 à l'Armée d'Angleterre. 

    Les pièces ci-jointes qui sont copies des lettres que j'ai reçues du Général Hoche (Commandant en chef de l'Armée des Côtes de l'Océan) et du Directoire attestent mes services, mon zèle et fondent mes droits à la demande que je fais de la faveur d'un sabre d'honneur. 

    Je supplie votre Excellence de vouloir l'appuyer auprès du Premier Consul en mettant sous les yeux et cette demande et les titres qui la justifient. 

    Salut et profond respect. 

    J.B Liégeard – capitaine aide-de-camp sous Ostende.  

    Au camp d'Ostende le 10 nivôse an 12. » 

     

    Jean-Baptiste Liégeard est né le 5 mai 1770 à Dijon et baptisé dans la Cathédrale Saint Médard. Il est le fils du ''Sieur Jean-Baptiste Liégeard, marchand orfèvre et joaillier en cette ville et de Dame Marie Benoist''

    Il épouse à Dijon, le 11 octobre 1809, Marguerite-Eléonore Villiers, née le 27 juillet 1788 à Dijon, fille d'un avocat. De cette union sont issus deux fils.

    Il sera fait Baron d'Empire et terminera sa carrière comme colonel du 5ème Hussards en 1814.

     

    Les campagnes de Jean-Baptiste Liégeard :

     

    1792 – Armée des Alpes-Maritimes.

    1793,94,95,96,97,98 à l'Armée de l'Ouest.

    1799,1800,1801 à l'Armée d'Italie.

    1804,1805 sur les Côtes de l'Océan.

    1806,1807,1808 et 1809 à la Grande Armée d'Allemagne.

    1812 en Russie.

    1813 en Allemagne.

    1814,1815 en France.

    Blessé d'un coup de feu à la cuisse à la bataille d'Eylau, d'une balle le 21 août 1813 à Buntzlau ; d'un coup de sabre et d'un coup de lance le 26 août à Winberg en Silésie.

      . Officier de la Légion d'Honneur le 17 juillet 1809.

      . Baron de l'Empire le 28 novembre 1813.

     

    L'affaire de la Saugrenière est relatée dans les pièces 11 à 15/33 de son dossier Légion d'Honneur aux archives nationales, (lettres du Général Hoche)...

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés – Extrait de la Feuille Nantaise - 1796 - n°172 – mercredi 2 mars 1793. 

    . Base Leonore – Archives nationales-Dossier LH/1639/13, vues n°2/33,9/33 - Lettres sur la capture de Stofflet vues n°11 à 15/33. Jean-Baptiste Liégeard.

     www2.culture.gouv.fr/LH/LH132/PG/FRDAFAN83_OL1639013v001.htm 

    . Abbé Deniau, Histoire de la Guerre de la Vendée – Tome V pages 557, 558. 

    . Photo : de l'auteur . 

     

                                                              

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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