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    Louis-Nicolas Talbot, déserteur républicain et capitaine 

    dans les Armées Catholiques et Royales. 

                

     

    Louis-Nicolas Talbot....Louis-Nicolas Talbot est né le 12 novembre 1772 dans la paroisse de Sassetot-le-Malgardé en Normandie. Il est le fils de Jacques-Nicolas Talbot, laboureur, et de Marie-Anne Pesquet. Son parrain fut Louis Hébert, fils d’Isaac, régisseur de Monsieur Lebret, Seigneur de Bretteville et sa marraine, Marie Glatigni, fille de Jean Glatigni, fabricant.

    En 1793, il est enrôlé dans « les bandes républicaines », envoyé en Vendée en 1794, « il foule aux pieds la cocarde tricolore » et passe chez les royalistes.

    Par sa bravoure, ses frères d’armes le proclament capitaine d’une compagnie de la commune de La Chaussaire dans le Maine-et-Loire. Il participe à une centaine de combats et est blessé à la Regrippière près de Vallet, de plusieurs coups de crosses de fusils à la cuisse gauche, lui laissant un « ulcère atonique causé par une arme déchirante et contondante »

     

    A la pacification, pour se soustraire à la persécution, il reste à la Chaussaire où il exerce la profession d’aubergiste-cabaretier. Il s’y marie le 7 Brumaire an 13 (29 octobre 1804) avec Perrine Merlaud, âgée de 24 ans, fille de Jean Merlaud, laboureur, et de Perrine Petiteau. De cette union sont issus quatre enfants.

    1° Talbot Louis, né le 14 août 1807 † 17 août 1807 La Chaussaire.

    2° Talbot Louis, né le 5 septembre 1810 à La Chaussaire.

    3° Talbot Marie, née le 19 février 1814 à La Chaussaire.

    4° Talbot Julie, née le 26 mai 1816 à La Chaussaire.

     

    Le 18 juillet 1824 Louis-Nicolas Talbot dépose une demande de pension où il nous explique sa désertion et son élection au grade de capitaine.

     

    « Louis Talbot, du bourg de la Chaussaire Département de Maine et Loire, 

    A son Excellence Monseigneur le Ministre de la Guerre. 

     

    Monseigneur, 

     

      Contraint par la force des choses de marcher avec les bandes républicaines, le hazard me dirige vers le sol de la Vendée. Là, je foule aux pieds la cocarde tricolore, je me range sous la bannière des lys. Je suis reçu dans les rangs de ces nobles enfants de la gloire, de ces bons et loyaux et fidèles Vendéens.  

    Je m’y fait distinguer, mes frères d’armes me proclament capitaine. Et orgueilli d’un grade auquel je ne pouvait aspirer, je vole de nouveau au champ d’honneur, je m’expose dans cent combats divers, toujours la mort me respecte, je ne devais pas succomber. 

    La pacification arrive, pour me soustraire à la persécution, je reste parmi les braves habitants qui m’avaient accueilli. 

    Maintenant j’y suis attaché et par la reconnaissance et par les liens du mariage. 

    Mais Monseigneur, je suis sans fortune, sans état, ni aucun moyen d’existence, ayant trois enfants en bas âge, accablé de douleurs, seul héritage de mes fatigues, oserais-je dans ce moment où sa Majesté daigne récompenser la fidélité et le courage et le dévouement, supplier votre Excellence de me faire participer aux bontés du monarque chéri, surtout au déclin de mon âge, à l’hyver de ma vie ; quoique encore tremblant, je lui offre avec coeur, mon bras, mon sang. 

    Je suis avec le plus profond respect Monseigneur de votre Excellence, 

    Le très humble et très obéissant et très fidèle serviteur.  

     

    signé Talbot. » 

     

    Les signataires certifiant la valeur de Louis-Nicolas Talbot. : 

     

    1- Le Lieutenant Colonel du Doré, Chevalier de Saint-Louis – chef de division de l’armée royale d’Anjou. 

    2- Tristan Martin, Chevalier de Saint-Louis, colonel en retraite. 

    3- Recommandé au Ministre de la Guerre par Le Maréchal de Camps de Saint-Hubert. 

    4- de Sapinaud - Lt Général. 

    5- Lhuillier, colonel, Chevalier de Saint-Louis- chef de la division de Beaupréau. 

     

    Louis-Nicolas Talbot....

    Sources : 

     

    . Archives Départementales de Vendée tous droits réservés  – Dossiers Vendéens – Louis-Nicolas Talbot - clas 1M9/335. 

    . Registres paroissiaux et d’état civil de la commune de la Chaussaire. 

    Pièce n°9 du dossier – certificat médical. 

    . Photo : de l’auteur.                                                              

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Nouveau spectacle à l'abbaye de Beauchêne...

     

    L'association du sanctuaire de Beauchêne (79140 Cerizay) présentera au public, le 15 août 2020, un son et lumière.
    La newsletter ci-dessous vous permettra de tout savoir pour nous soutenir, et pour participer.
    Alors, n'hésitez pas à la partager avec tous vos contacts intéressés.

    Merci par avance,

    Jehan-Marc RONDOT, président
    Bertrand DE LA BONNELLIERE, vice-président
      

     




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    Un Bleu des Armées de l’Ouest demande une pension au Roi…

     

                 

      

    Un Bleu demandeur de pension....Il existe des gens, qui ne doutent de rien, qui osent tout, c’est à ça qu’on les reconnaît d’ailleurs… A un moment, je me suis même demandé si ce n’était pas une blague.

    Le gendarme Jean Thisorin-Thizaurin est de ceux là. Il dépose une demande de pension au Roi, en même temps que les soldats Royalistes estropiés et très grièvement blessés, tout en ayant servi dans les armées de la république de 1793 à 1811, « fidèlement et avec républicanisme », on croit rêver !

    Après avoir servi dans les armées républicaines depuis le 8 avril 1793, dans divers régiments de ligne jusqu’au 28 Thermidor de l’an 8 ; puis dans la gendarmerie jusqu’au 10 décembre 1811 ; en 1825, le gendarme Thizaurin demande une pension à notre Bon Roi. Il précise que « sa conduite a toujours été irréprochable, on ne pourrait seulement objecter que les époques auxquelles il a servi » En effet, ce n’est pas un gage de bonne conduite.

    En 1810, il ne peut plus marcher et pour cause, il a eu les pieds gelés à Luxembourg, les orteils contrefaits et les doigt de la main droite contrefaits aussi par le gel, et... une autre grave blessure, qui, effectivement, l’empêche de marcher et est un lourd handicap pour les plaisirs d’alcôves.

        Malgré cela, c’est un brillant militaire, grièvement blessé en Vendée. Vous verrez que le Bocage est assez piégeux et réserve bien des surprises au républicain non averti : 

    En 1801, « son testicule droit a péri, en tombant sur son fusil, lors du passage d’un échalier à Vezins... dans la poursuite d’un malfaiteur » : Un malfaiteur ou un Royaliste réfractaire de Vendée ?

    Heureusement, cette blessure « n’occasionne que des douleurs momentanées avec impossibilité de marcher. », avec toutes ces infirmités, il est quand même cabaretier à Chalonnes-sur-Loire. C’est ce qu’on appelle la loi du cumul des handicaps.

    Dans pareille situation, on ne peut que reproduire, sans en excepter aucune, les pièces déposées par l’impétrant, et joindre celles des autorités ayant participé à ce jeu grotesque.

     

    « 1825  

    A son Excellence le Ministre de la Guerre.  

     

    Monseigneur, 

     

    Le Sieur Jean Thissorin ou Thisaurin demeurant ville de Chalonnes arrondissement d’Angers, département de Maine-et-Loire, a l’honneur de vous expôser qu’il n’a cessé de porter les armes depuis le 8 avril 1793 dans divers régiments de ligne jusqu’au 28 thermidor an 8 et depuis cette dernière époque jusqu’au 10 décembre 1811 dans la gendarmerie 5ème Légion ; que par suite de ses nombreux travaux militaires et son zèle à remplir ses devoirs, il demeure dans la position la plus déplorable, réduit à la plus grande misère et rongé d’affections rhumatismales qui ont occasionné une dessication absolue de la cuisse gauche jusqu’à l’os crural, qu’il ne peut faire un pas que courbé sur deux potences et toujours éprouvant les douleurs les plus vives. 

    Sans autre moyen d’existence que les revenus du plus chétif cabaret il ose, Monseigneur, vous expôser ses services et son état malheureux espérant de la bonté du Roi, dont tous les Français sont les enfants, même ceux qui ont donné dans tous les égarements, qu’il voudra bien jeter comme sur les plus souffrants peut-être, un regard de commisération sur un ancien militaire dont la conduite a été toujours irréprochable et auquel on ne pourrait objecter que les époques auxquelles il a servi. 

    Il joint à la présente copie certifiée conforme de ses deux congés et d’un certificat de maître chirurgien à la date du 9 décembre 1810, un autre d’une date récente pour acte de naissance et il a l’honneur d’être, avec le plus profond respect Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur. 

    signé Thisaurin.  

     

    Pour légalisation de la signature Thisaurin à la mairie de Chalonnes, le 9 juillet 1825. 

     

    signé le Maire : Martineau » 

     

    Un Bleu demandeur de pension....

    « Je soussigné certifie que le citoyen Thissorin, gendarme demeurant à Chalonnes a le testicule droit péri suite d’une chute sur son fusil en passant un échalier à la poursuite d’un malfaiteur sur la paroisse de Vezins. Il y a environ neuf ans (donc en 1801), cette chutte a aussi occasionné un bubonocel (bubonocèle = hernie inguinale) traité par Mr Boussault et depuis sa mort, traité par le soussigné, et de cet accident il s’en suit douleurs momentannées, impossibilité de marcher dans cet instant. En outre, ayant eu les pieds gelés à Luxembourg, les orteils contrefaits autre difficulté pour la marche, et les doigts de la main droite contrefaits par la même raison et de la  douleur de fois à autre. 

    A Chalonnes, le 9 décembre mil huit cent dix.  

     

    signé Bâtard fils, maître en chirurgie. Validé par Hunault Maire de Chalonnes, et certifié conforme par Martineau, Maire en 1825. » 

     

    En 1825, un autre certificat beaucoup plus « cool » : 

     

    « Je soussigné, docteur en médecine exerçant à Chalonnes sur Loire, certifie que Jean Thisorin cabaretier en cette commune, âgé de cinquante six ans présente une cicatrice arrondie non adhérente, large de six lignes placée derrière la malléole droite, qu’il est affecté de rhumatismes qui l’exaspèrent lors des vicissitudes atmosphériques et que son extrémité inférieure gauche est percluse et atrophiée.  

    signé Bouheux doct en Médecine. Chalonnes le 21 mai 1825. certifié par Martineau Maire, le 27 juillet 1825. » 

     

    « Armée de l’Ouest 12e Division Militaire – Place de Nantes.  

    Vingt et unième demi-brigade d’infanterie de ligne – troisième bataillon.- 

    Congé absolu pour passer dans la gendarmerie nationale à pied. 

     

    Nous membres composant l’administration éventuel du troisième bataillon de la vingt et unième demi-brigade d’infanterie de ligne – Certifions avoir donné congé absolu pour passer dans la gendarmerie en vertu de l’ordre du Ministre de la Guerre, au Citoyen Jean Thissorin Grenadier au dit bataillon, né le 17 septembre 1769 , à Bosset, (Boucé) département de l’Allier, fils de Barthélémy* et de Benoîte d’Arpin (Darpin) de la taille d’un mètre (quatre) vingt six centimètres, lequel est entré au service le 17 mai 1793 jusqu’à ce jour, et s’est comporté avec honneur, bravoure et Républicanisme. 

    Certifions en outre qu’il a fait sans interruption les campagnes de 1793, 2,3,4,5,6,7 et 8 aux armées de la Moselle, du Rhin, du Nord, d’Italie et de l’Ouest. 

    En foi de quoi nous lui avons délivré le présent pour lui servir et valoir ce que de raison. Fait à Nantes le 14 Thermidor an 8  (2 août 1800) de la République Française une et indivisible. » 

     

    * Fils de Barthélémy Thizaurin, tailleur, et de Benoîte Darpin, à Boucé arrondissement de La Palisse - Allier. 

     

    « Gendarmerie Impériale - 5e Légion - 9e Escadron - 

     

    Congé de réforme pour cause d’infirmités.  

     

    « Nous soussignés, membres du conseil d’administration de la compagnie de gendarmerie Impériale au Département de Maine et Loire. Certifions avoir donné congé de réforme à Mr Thissorin Jean, Gendarme à pied de la dite compagnie, natif de Boussé, département de l’Allier, âgé de 42 ans, taille d’un mètre 758M.M, cheveux et sourcils châtains, yeux gris, front couvert, nez épaté, bouche ordinaire, menton rond, visage ovale, en vertu de la décision de son Excellence le Ministre de la Guerre, du 3 décembre courant. 

    Fait à Angers, le 12 décembre 1811. » 

     

    « Détails des services: – Entré au service le 8 avril 1793 dans le 1er Bataillon des Pirennées Orientales, devenues par suit d’incorporation 169e 1/2 Brigade et ensuite 21e de Ligne, jusqu’au 28 Thermidor an 8. Gendarme a pied dans cette compagnie le 28 Thermidor an 8, jusqu’au 10 décembre 1811. 

    Campagnes et blessures : A fait les campagnes des années 1793, 2,3,4,5,6,7 et 8 à différentes armées. » 

     

    Enfin, et ce sera ma conclusion : comme quoi, même avec une c….. en moins, on arrive à se marier… notre ami le gendarme, prestige de l’uniforme oblige, épouse à Chalonnes, le 6 Floréal an 11 (26 avril 1803), Renée Goulet, fille de Jean Goulet, marinier, et de Renée Fouineteau. De cette union sont issus entre autres enfants :

    1° Jean-Noël Thisorin, né vers 1804 à Chalonnes.

    2° Barthélémy-François Thisorin, né à Chalonnes le 30 janvier 1807.

     

    Sources : 

     

    . Archives Départementales de Maine-et-Loire tous droits réservés  – Dossiers Vendéens – class 1M9/339. Dossier Thissorin Jean. 

    . Registres d’état civil de Chalonnes-sur-Loire – Acte de décès n°206, vue 46/211 année 1833 et acte de mariage du 6 Floréal an 11 (26 avril 1803), vue 58/185. 

    . Photos : de l’auteur – pistolets de Gendarmerie époque révolutionnaire – et pour notre cabaretier, bouteille du Bicentenaire de la Gendarmerie Nationale 1791-1991.

                                                           

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Madame de la Rochefoucauld au Désert…

     

    Nous connaissons tous l’histoire de Marie-Adélaïde de la Rochefoucauld et son fidèle serviteur, Joseph Thomazeau. C’est à la ferme du « Désert » qu’ils furent pris le 4 janvier 1794.

    Bien peu d’historiens sauront situer cet endroit, et pour cause, car il n’existe plus et contrairement à ce qui a pu être écrit, le Désert ne dépendait pas de Dompierre-sur-Yon, mais bien de Belleville-sur-Vie, non loin de Lande-Blanche, là où Charette avait fait distribuer à ses hommes les fusils du débarquement anglais d’août 1795.

    Le Désert sur le cadastre de 1836, AD85, 3 P 019/8 :

    Madame de la Rochefoucauld au Désert....

    Sur la carte d’Etat-major de Géoportail :

    Madame de la Rochefoucauld au Désert....

    Et marqué d’une croix rouge sur la carte IGN :

    Madame de la Rochefoucauld au Désert....

    Amaury Guitard a bravé les intempéries de cet après-midi pour vous faire des photos du lieu. Comme il fallait s’y attendre, il ne subsiste rien de la ferme où s’est déroulé le tragique événement.

    RL

    Mars 2020

     

    Madame de la Rochefoucauld au Désert....

    Madame de la Rochefoucauld au Désert....

    Madame de la Rochefoucauld au Désert....

     

     


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    Les mystères de Lande-Blanche…

    Où sont les fusils de Charette ?

     

     

    Dans la « Monographie Belleviloise » parue en 1975, François-Xavier Fréneau parlait en ces termes de l’ancienne commanderie de Lande-Blanche (1) :

    « Nous avons déjà signalé qu’à s’en rapporter à la carte de CASSINI, ce lieu-dit est le seul, avec la Sauvagère, à être désigné par des caractères de calibre spécial. Cela est fort significatif de son importance. Mais citons les chroniques paroissiales de 1905 (2).

     

    « "Lande-Blanche, ou Blanchelande" était autrefois une Commanderie qui avait appartenu à l’ordre des Templiers. Lorsque cet Ordre fut détruit par Philippe le BEL, Lande-Blanche devint la propriété des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et réunie à la Commanderie des Habites (en Commequiers). 

    Lande-Blanche se composait d’un logis, d’une métairie et de deux moulins et elle percevait quelques devoirs, cens et rentes à la Roche-sur-Yon, et dans le voisinage. » (3)

    Il convient en outre, de signaler qu’à Lande-Blanche, jadis, on exploitait le kaolin, cette argile très fine et même transparente, servant à fabriquer la porcelaine. Il n’est plus question de Kaolin. Par contre, subsistent toujours, en plus des anciens fours éteints, les vestiges de vieux hangars, spécialement aménagés, avec de multiples étagères assez basses, pour le séchage nécessaire avant la mise au four, des tuiles, briques et carreaux d’usage courant, fabriqués sur place, spécialement aux Tuileries, avec l’argile ordinaire, une terre jaune très caractéristiques et que le feu tournait au rouge-tuile ou rouge-brique.

    Sur l’Atlas communal de Belleville, publié en 1880, Lande-Blanche ne figure plus qu’en lettres communes, comme les autres villages, et ce sont les Tuileries qui ressortent en caractères trois fois plus importants, avec la Sauvagère toujours, et aussi l’Aubonnière.

    Mais, pour revenir à Lande-Blanche, aucun vestige de son glorieux passé n’y subsiste plus de nos jours. Allez-y pourtant si vous êtes amateur de souterrains et doté de la science magique qui permet de les découvrir et d’en suivre la trace, grâce au pendule, à la boule, ou toute autre façon. On peut même vous mettre sur la piste : le souterrain en question, partant de Lande-Blanche, aurait mené au Petit-Beaulieu et même à la Sauvagère. Et comme d’autre part une tradition ravivée en 1970 lors de l’aménagement de la maison CHARETTE, fait partir du pied de l’escalier antique sauvegardé, un autre souterrain et également dans la direction de la Sauvagère, force nous est bien de croire à l’importance exceptionnelle de ce domaine.

    Et, ne l’oublions par : La Sauvagère, Petit-Logis a toujours fait partie de Belleville !... »

    Fort bien ! Un texte qui fait rêver mais qui a le petit défaut d’avoir été rédigé dans les années soixante-dix, à une époque où il suffisait d’avoir lu trois livres sur un sujet pour prétendre le maîtriser. Il n’est pas question de démolir le travail de monsieur Fréneau, qui justement m’a fait découvrir l’histoire du souterrain de Lande-Blanche, mais simplement de remettre les choses à leur place. Si Lande-Blanche fut bien une commanderie, son nom n’est pas plus marqué sur la carte de Cassini que sur les autres plans de l’époque, sur le cadastre napoléonien ou la carte d’Etat-Major. Quant aux histoires de souterrains qui courent d’un point à un autre sur des kilomètres d’un point à un autre, je n’y crois guère.

    Ici sur la carte de Cassini :

    Les mystères de Lande Blanche....

    Ne pouvant tout raconter de Lande-Blanche et de ses alentours, je vous invite à consulter la note n°3 de cet article qui fera plaisir à tous les amateurs d’histoire, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours. En revanche, si Lande-Blanche a bien eu une importance, elle devait être surtout stratégique car voici une missive trouvée en série J des Archives Départementales de la Vendée en tant que pièce isolée, achetée en vente publique en 1989, qui pourtant avait été publiée par Savary (4). Cette lettre fut écrite le 8 mars 1794.

    L’écriture en rouge correspond aux passages occultés dans la version produite par Savary, vous allez vite en comprendre l’intérêt je crois.

    Les mystères de Lande Blanche....

    « Au quartier général des Blanches landes

    le 18 ventose l’an deuxième de la République française,

    une & indivisible.

    Haxo, Général de Brigade,

    Au citoyen Turreau général en chef de l’armée de

    l’ouest

    Je n’ai pas fait comme tant d’autres, mon cher camarade, qui disent avoir parcouru tout le Bocage. Je suis venu où personne n’avoit encore mis le nez (Savary dit le pied) et j’ai trouvé le lièvre au gîte, parce que j’avais bonne envie de le trouver. Tu m’avais ordonné de me concerter avec Cordellier pour nos opérations ; il a disposé comme il l’a voulu de deux mille hommes de mes troupes et j’attends encore sa première lettre en réponse à celles que je lui ai écrites plusieurs fois ; j’ai rassemblé moins de deux mille hommes à Pallueau et avec eux j’en suis parti le 16. (Savary  écrit : je me suis dirigé vers la forêt des Gats). Dans cette journée j’ai tracé une route par l’incendie d’une trentaine de moulins. Le lendemain,  même cérémonie, mais tout en brulant et cheminant vers la foret des gars (des gâts), mes tirailleurs y ont fait lever le gibier, l’affaire s’est engagée et auroit été des plus complettes si ces gredins (Savary écrit : les rebelles) eussent voulu tenir encore quelques instans ; mais la charge vigoureuse des mes chasseurs a la tete de mon avant-garde les a bientôt décidé à la retraite. Une quarantaine au moins est restée sur le champ de bataille ; si j’avais eu en ce moment toute la cavalerie que tu me promets depuis si long tems charrette n’auroit plus aujourd’hui un seul cheval à (sa) suite. Dans le nombre des morts se trouvent trois chefs qui louloient pratiquer leur retraite. L’un d’eux rattrapé par Chevreux capitaine des chasseurs lui a demandé comme grâce de l’achever d’un coup de pistolet, un autre se repentant sans doute de vie passée, disoit à un chasseur d’ordonnance tu ne me tuerois pas si tu me connaissais bien. Un de mes chasseurs d’ordonnance  a eu le poignet percé d’une balle, un autre son cheval tué. L’un des mes adjoints, Lefaivre, a bien manqué (de) tomber entre leurs mains. Son cheval abbatu laissoit en leur pouvoir, mais il s’est contenté de laisser son habit et il m’a rejoint (Savary écrit : content d’abandonner son habit) et il m’a rejoint. Depuis trois jours je les pourchasse et je ne me serois pas encore arrêté si j’avois du pain que j’attends demain. Les renseignements  que j’ai pris m’annoncent qu’il traine  (Savary écrit : l’ennemi) dans sa suite quatre voitures de blessés. J’estime cette fameuse armée à 1200 hommes au plus qu’il faut aller dénicher dans les bois. La guerre continuelle que je fais aux moulins va leur ôter toute ressource dans ce pays.

    Quant à la lenteur dont tu m’accuses, je t’oberve que je ne la connus jamais ni en spéculation ni en pratique ; lorsqu’il s’agit de servir mon pays rien ne sauroit m’arrêter ; après quatre mois de séjour et d’activité dans la Vendée sans désamparer ; je t’avoue que j’étois loin de m’attendre à ce reproche ; mais sois tranquille, je suis sans rancune comme sans prétention et je n’en irai pas moins mon train.

    Salut, amitié, fraternité

    Le général de Brigade

    Haxo 

     

    J’oubliois de te dire que de mon côté la perte d’un homme et deux blessés et que depuis une dernière sortie de Machecoul j’ai au moins fait brulés cent vingt moulins »

    Les mystères de Lande Blanche....

    Visiblement, Savary n’aime pas que l’on parle des moulins brûlés et de l’affamement des populations. Voilà encore une fois la preuve, si besoin en était, de la méfiance avec laquelle l’historien doit aborder les écrits de Savary. Et pourtant, la plupart d’entre eux recopient ses ouvrages sans se poser de questions… Je ne vous embête pas plus longtemps avec ce travail qui de toute manière fera l’objet d’ici quelques mois d’un travail plus particulier sur tout ce qu’il faut trier parmi les nombreux axiomes des Guerres de Vendée et de toutes les âneries racontées aussi bien par un camp que par l’autre.

    Comme les histoires de trésors enfouis font toujours autant rêver, je vous propose ce soir de partir sur les pas de Charette du côté de Belleville-sur-Vie (5). On connaît l’affaire du débarquement d’armes et d’équipement par la marine anglaise les 10, 11 et 12 août 1795 du côté de Saint-Jean-de-Monts. Nous n’allons pas ici reprendre le cours de la bataille qui s’en suivit, ces faits sont connus. Contre 80 chariots de blé, Charette reçoit  des anglais bien sûr de l’argent mais aussi 40 000 livres de poudre (soit 19.52 tonnes d’aujourd’hui), 3 000 sabres, deux canons de calibre 4 (selon une lettre de Charette au Comte de Provence du 15 août 1795, de calibre  8  selon Lucas de la Championnière), des chemises, des bas, des souliers, les fameux uniformes rouge qui ont tant fait parler et… 12 000 fusils. On sait que tout cet équipement fut emmené à Belleville-sur-Vie où il faillit y avoir un grave accident. La poudre fut stockée dans une maison près d’un hangar où un incendie se déclara dans la nuit brûlant 40 charrettes de foin. Heureusement, le vent souffla dans le sens contraire à la direction où était la poudre (6). 

    12 000, si cette hypothèse est exacte, c’est précisément le nombre de soldats, avec 800 cavaliers, que Charette passe en revue le 25 août ou le 14 septembre 1795, selon les sources, dans « la Lande Blanche ». En fait ces deux dates sont probablement fausses car une lettre de Canclaux au Comité de salut public datée du 16 août 1795 stipule ceci (7) :

     

    «  A Nantes le 29 thermidor l’an troisième de la République française, une et indivisible

     

    LE GENERAL EN CHEF de l’Armée de l’Ouest,

     

    Aux citoyens composant le Comité de Salut public.

    Citoÿens représentants. Comme je n’ai reçu qu’après le départ du courrier d’hier, les lettre sud général Grouchÿ, je n’ai pû vous donner plutôt des nouvelles de ce qui s’est passé vers Challans, ou il s’étoit porté. Je vous avois mandé par ma dernière lettre qu’il comptoit tomber sur la queüe du convoÿ, et sur Charette lui-même, s’il vouloit venir. C’est ce que (ce) dernier n’a pas fait : sitôt que le convoÿ a été arrivé à Belleville, la poudre et autres munitions ont été distribués. Même des habits, à ce que l’on a ssure et particulièrement les habits rouges pour la cavalerie. De la tout s’est dispersé et chacun est retourné chez soi, et à la sa récolte, suivant l’usage ordinaire des brigands, et suivant les rapports qui m’ont été faits de quelques communes voisines de Nantes... »

    On peut donc opter pour une distribution le 15 août, fête de l’Assomption et non le 25, fête de la Saint-Louis, ce qui ne me semble pas si anodin que cela pour les paysans vendéens. Donc si l’on en suit tout ce que l’on vient de voir, 12 000 fusils auraient été distribués à 12 000 hommes… Cela me paraît bien imprudent de ne pas en avoir gardé en réserve et à bien y réfléchir, c’est sûrement ce que Charette a fait… Si l’on se réfère au texte un peu naïf  de F-X Fréneau, mais pourtant d’un grand intérêt, il y avait un souterrain sous la commanderie de Lande-Blanche, un autre également sous l’escalier de la maison Sainte-Anne, quartier général de Charette dans le bourg de Belleville. Concernant ce dernier, on sait par le chercheur de trésor Didier Audinot que (8) :

    « En 1978, un particulier de Belleville, certain que le trésor du général se trouvait dans les caves de Sainte-Anne, obtint une autorisation pour y rechercher, en vain, une salle souterraine. »

     

    Le quartier-général de Charette :

    Les mystères de Lande Blanche....

    Et le fameux escalier sous lequel se trouverait une salle souterraine :

    Les mystères de Lande Blanche....

    Admettons qu’il n’y ait pas de souterrain sous le QG de Charette, y en a-t-il vraiment un aux alentours de Lande-Blanche ? Au-vu de l’historique du lieu, cela paraît plus que probable, pour ne pas dire évident. A l'heure où je parachevais cet article, l'ami Amaury Guitard se trouvait sur place et nous a fait quelques photos de Lande-Blanche avec l'autorisation du propriétaire.

    Les mystères de Lande Blanche....

     

    Le propriétaire de l'ancienne commanderie a lui aussi recherché la trace de souterrains depuis ces dernières années mais n'a rien découvert. 

    Ici, l'ancienne église transformée en grange :

    Les mystères de Lande Blanche....

         Une pierre frappée d'une croix de Malte (donc postérieure à la chute de l'ordre du Temple) provenant de la commanderie et rapportée sur une maison du hameau :

    Les mystères de Lande Blanche....

    Les mystères de Lande Blanche....

     

    RL

    Août 2016

    Mars 2020

    Article connexe ici

      

    Notes :

    (1)  « Monographie Bellevilloise », 1975, hors commerce, p. 182 à 184.

    (2)  F-X Fréneau fait ici référence aux Chroniques paroissiales du diocèse de Luçon, consultables en ligne sur le site des AD85, en 4 num 503 104 - Belleville-sur-Vie (Chron. Parois., Tome 6 (35 fasc.), n° 29-35, p. 573-698) 1905-1906 (Vue 6/126).

    (3) AD85, 1 Num 47/161, 1 Num 47/168. Sources complémentaires ici dans « Institutions locales »  et ici. On notera en outre des anecdotes intéressantes ici et .    Ajoutons qu’un temple protestant exista à Lande-Blanche, détruit en 1665. AD85, 1 J 2780.

    (4)  AD85, 1 J 2134. Publiée également par Savary, tome III, p. 281 et 282.

    (5)  Belleville-sur-Vie et Saligny ont fusionné au 1er janvier 2016, pour former l’unique commune de Bellevigny, suivant la mode de ces assemblages grotesques de noms qui ne veulent plus rien dire mais qui permettent de gonfler artificiellement le nombre d’habitants de villages dont on détruit ainsi l’identité.

    (6)  Bittard des Portes, op.cit. p. 488 à 493. Consulter les sources primaires dans cet ouvrage.

    (7)  SHD B 5/12-13, v. 2 et 3/11. 

    (8)  « Trésors enfouis des Guerres de Vendée et de la Chouannerie », l’Etrave, 2009, p. 47. Cette mention fera sûrement plaisir à notre ami Gérard, membre des Amis du Pont-Paillat, qui a bien connu le regretté et souvent très bien documenté Didier Audinot.

     

     

     


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