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    Morgand dit ''la Perdrix''...

      

                     

      

    Pierre Morgand, de Bouildroux.... L'état nominatif des officiers, sous-officiers et soldats de l'Armée Royale de l'Ouest, 2ème corps, commandée successivement par MM de Sapinaud, le chevalier de Saint-Hubert, proposés pour recevoir des armes au nom du Roi, en récompense de leurs services et de leur dévouement, en date du 22 avril 1817 fait apparaître sous le n° 47, le nom de Morgand dit la ''Perdrix''.

      Il s'agit d'un cavalier, maire de Bouildroux, qui a servi dans la division de Pouzauges et qui est proposé pour recevoir un sabre d'honneur.

    Pierre Morgand, de Bouildroux....

     

     

     

      Nous ne connaîtrons pas les aventures et les états de services de ce brillant cavalier puisque les demandes de pensions des combattants royalistes de la Vendée n'ont pas été conservées.

      Par le biais des registres de l'état-civil, nous allons essayer de retracer ''l'itinéraire'' de l'intrépide cavalier.

      Pierre Morgand est né et a été baptisé le 14 octobre 1769 à Thouarsais, il est le fils de Pierre Morgand du village de la RargrandièreRardière et de Marie Savarit-Savary.

     

    Pierre Morgand, de Bouildroux....

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il est l'aîné de dix enfants, son père, Pierre Morgan est né le 18 février 1747 à Bouildroux  ; (+24,12.1800 à Saint-Cyr))  et s'est marié le 17 janvier 1769 à Saint-Cyr-des-Gâts avec Marie Savary de Thouarsais. C'est une famille de laboureurs et de marchands de chevaux.

      Lors du dénombrement de la population des plus de 12 ans en l'an 4 (1795-1796) à Thouarsais, Pierre Morgand réside chez son père à la Rardière : Extrait de la liste n°349,  Morgand Pierre, 52 ans, cultivateur à la Rardière – n° 350, Morgand  Jean, 47 ans - idem – n°351, Morgand Pierre, 29 ans - idem – n°352, Morgand Elisabeth, 45 ans - idem – n° 353 Morgand Marie, 24 ans - idem – Morgand Louis, 16 ans – idem – n° 355, Morgand Jeanne, 20 ans – idem – n°356,  Morgand  Jeanne, 13 ans  - idem.

      Il se marie à la fin de la troisième guerre de Vendée c'est à dire après 1799 ; le 18 Brumaire de l'an 9 ( le 9 novembre 1800) à Saint-Cyr-des-Gâts ; et épouse une parente, Louise Morgand. ''Il est âgé de 34 ans et exerce la profession de marchand de chevaux au village de la Roullière'', il est bien le fils de Pierre Morgand et de Marie ''Savarette''-Savary. La mariée, Louise Morgand est âgée de 26 ans, elle est née en la commune de Bouildroux, le 25 janvier 1774, elle est la fille de Jacques Morgand et de Perrine Perrochain, demeurant à Bouildroux ; « en présence de Jean Morgand, oncle âgé de 50 ans demeurant à la Roullière dans cette commune ».

      Il devient maire de Bouildroux en Août 1821, jusqu'au décret Royal du 3 octobre 1827 qui fusionne les deux paroisses de Notre-Dame de Thouarsais et de Saint-Martin de Bouildroux. En 1819, le maire de Bouildroux est Monsieur Jacques Dutertre, sa dernière signature est relevée sur les registres d'état civil, le 4 juillet 1820. Le 1er août c'est Monsieur Théronneau : « Délégué pour administrer en la qualité de maire la commune de Bouildroux, officier d'état-civil de la dite commune canton de la Chataigneraye ». Le 11 août 1821, dernière signature de monsieur Théronneau et le 19 août, Pierre Morgand devient maire.

      Un mot sur Monsieur Théronneau, il s'agit de Charles-Henri Théronneau, en l'an 4 (1795-1796),  il est âgé de 42 ans et est propriétaire de la maison noble du Petit-Fougeray à Thouarsais : n° 450 dans le dénombrement de la population de Thouarsais en l'an 4.

      En 1836 lors du recensement, Pierre Morgand est qualifié de propriétaire, et est domicilié à Thouarsais-Bouildroux avec son épouse Louise et est âgé de 66 ans.

      Nous ne saurons pas non plus si le sabre d'honneur lui a été remis...

      Le premier décembre 1842, Pierre Morgand rend son âme à Dieu à neuf heures du matin à la Morinière à l'âge de ''72 ans'' en la commune de Thouarsais-Bouildroux, en présence de son frère Pierre né en 1785, propriétaire, demeurant aux Roches à Cezais, de Jacques Morgan 57 ans, fermier demeurant à la Briderie de Thouarsais

     

    Sources: Archives Départementales de la Vendée - état nominatif de 80 combattants proposés pour recevoir une arme d'honneur SHD XU 16.29 page 4/6,  22 avril 1817 – Registre d'état civil de Thouarsais Bouildroux  année 1769 page 124/133  et page 119/133 – année 1842 -  Registre état civil de Saint-Cyr-des-Gâts mariages année 1800, page 7 – Cadastre de 1834 - la Rardière - Thouarsais-Bouildroux- Photo de l'auteur.

     

    X. Paquereau pour Chemins secrets

     

     

                                                                 


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    Les souvenirs de Louise Barbier,

    2° partie…

     

     

     

    AUX DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION

    Espoirs et Désillusions

     

    Les premiers souvenirs, que mentionne Louise Barbier, datent de sa « tendre enfance ». Née le 22 mai 1783, elle n'avait, en effet, que six ans et deux mois lorsque, une semaine après la prise de la Bastille, le 22 juillet 1789, le jour de la Magdeleine, éclata dans toute la France un mouvement de terreur, panique dont les origines sont encore demeurées obscures.

    Son récit débute très brièvement ainsi :

    « J'avais cinq ou six ans, à la Madeleine ; mais dans les brumes de mes souvenirs, cependant, je me rappelle qu'on eut bien peur. On nous disait que les Anglais arrivaient et allaient tout mettre à feu et à sang. »

     

    La nuit, pendant laquelle se répandit cette invraisemblable nouvelle, s'appelle encore en Vendée la nuit de la Peur. Rien d'éton­nant à ce que cet événement demeurât gravé dans la mémoire d'une enfant de six ans. Il avait de même impressionné fortement un garçonnet de deux ans plus âgé que notre mémorialiste, Marin-Jacques Boutillier de Saint-André, qui nous décrit ainsi cette nuit mémorable dans une cité voisine de la nôtre, à Mortagne :

    « Il était neuf heures du soir... et nos voix furent interrompues par un grand coup que l'on frappa dans le contrevent. Il faisait un grand orage et nous crûmes que la foudre venait d'éclater, Les coups redoublèrent. Surpris de ce bruit imprévu, les domestiques ouvrirent avec précaution. C'était Champagne, le palefrenier de mon oncle de la Chèze, que son maître envoyait de Roussay nous prévenir de l'arrivée des Anglais.

     

    « Cette absurde nouvelle fut bientôt répandue dans toute la ville. Chacun y crût. On sonna le tocsin et tous les hommes s'armèrent, les uns de fusils, les autres de piques, de fourches, de faulx. On illumina toutes les fenêtres. Nous ne nous couchâmes point et nous attendîmes avec une grande anxiété la revenue du jour.

    « Mon père était alors maire (de Mortagne) et reçut, sur les minuit, deux députés de Cholet qui venaient demander des secours. J'étais présent à leur réception et j'entendis mon père leur répondre que Mortagne n'avait point assez de forces pour secourir Cholet et que le peu d'hommes dont il pouvait disposer resteraient dans leurs foyers pour les défendre.

    « Ces députés étaient armés jusque dans les dents {sic). Ils portaient déjà des cocardes tricolores ; ils faisaient de grands gestes, soutenaient que les Anglais arrivaient, qu'ils n'étaient plus qu'à quelques lieues de Cholet, et assuraient très positivement qu'ils massacraient sans pitié les hommes, les femmes et les enfants. Je tremblais de toutes mes forces ; je me croyais déjà mort. Il me vint dans l'idée que ces messieurs étaient peut-être des Anglais eux-mêmes et je m'en fus me cacher ...

     

    « Cependant, on fit des patrouilles, on boucla les portes de la ville, on garda tous les passages... Le jour reparut. Mon père revint. Chacun rentra chez soi bien rassuré. On eut honte de s'être laissé effrayer par une fausse nouvelle... » (1).

    Nous avons cru devoir compléter, par ce vivant récit, l'indication trop sommaire fournie par Louise Barbier sur cet important événe­ment qui marqua dans nos contrées le début de la Révolution, et laissa une trace ineffaçable dans les esprits.

    Pour les années qui suivirent, l'âge de notre mémorialiste ne lui permit pas d'enregistrer d'autres impressions que celles marquées dans sa mémoire par les conversations bruyantes ou par les discus­sions entendues dans la grande salle de l'auberge paternelle.

     

    (1) Mémoires d'un père à ses enfants. Une famille vendéenne pendant la Grand' Guerre (1793-1795), par M. Boutillier de Saint-André, publié par l'Abbé Eug. Bossard. Paris, Pion et Nourrit,

    1896, pages 30 à 35.

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    Quelques notes suivent immédiatement, sur les autorités adminis­tratives, judiciaires ou religieuses choletaises.

     

    « C'était M. de Beauveau, le seigneur de la Treille, qui dirigeait Cholet. Il était méchant, dur et barbare ; un jour il fit dévorer par ses chiens un pauvre qui avait passe le pont-levis pour implo­rer la charité aux cuisines du château. (1).

     

     « Les autres chefs étaient MM. Boutillier de Saint-André (2), Savary (3) et Chouteau (4). Les réunions avaient lieu aux Cordeliers, (aujourd’hui l'Hôpital).

     

     « C'était M. Boisnaud, qui était curé de Saint-Pierre. Il avait succédé à M, David, qui m'avait baptisée.

     

    « N'ayant pas voulu prêter serment à la Constitution, ni  aban­donner ses paroissiens, il était obligé de se cacher.

    Il disait la messe, la nuit, dans les fermes, dans les forêts ou dans les champs de genêts, qui formaient des fourrés impénétrables à d'autres qu'aux gars du pays. »

    Louise Barbier commet ici une double erreur. M. Boisnaud (1) ne succéda pas directement à M. David. Ce dernier, curé de Saint-Pierre depuis octobre 1752, mourut le 24 mars 1774, et fut enterré auprès du grand vitrail, au chevet de son église. M. Charlet fut nommé pour le remplacer. Il exerça son ministère pendant environ quatre ans, de 1774 à 1778.

    Ce court laps de temps paraît n'avoir laissé aucune trace dans les souvenirs d'enfance de notre écrivain. Il est vrai que ce fut sous le rectorat de M. David que, le 10 septembre 1769, eut lieu le mariage de ses parents, Louis Barbier et Marie Auvinet, et que successivement furent baptisés cinq de ses frères et sœurs aînés ...

    De plus, M. David avait laissé une réputation vénérée de saint prêtre ; renommée qu'était venu accroître ce fait qu'à la suppres­sion du très vieux cimetière entourant l'église Saint-Pierre, en 1787, lorsqu'on exhuma les restes de ceux qui y reposaient, le corps de M. David fut retrouvé parfaitement conservé et intact. La population crut au miracle et vit dans ce phénomène une preuve manifeste de la sainteté de son ancien pasteur.

     

    Il serait étonnant qu'une enfant de huit à dix ans puisse, dans la sincérité de son récit, rapporter autre chose que des faits, quel­quefois déformés dans leur interprétation.

    Dans les lignes suivantes, Louise Barbier constate simplement, en quelques mots, l'aversion  que nos populations montrèrent pour les prêtres qui adhérèrent A la Constitution Civile du Clergé et acceptèrent de prêter le serment :

    « Il n'y avait à Cholet qu'un prêtre assermenté, qui se nommait M. de Crolles (1) ; mais personne ne voulait aller à sa messe. Il ne trouvait pas même d'enfants de chœur pour lui répondre. »

    Ces lignes indiquent une des causes principales de la révolte des esprits, dans nos contrées : les innovations religieuses qu'incriminent également les témoignages contemporains, — que nous tenons à citer ici, — de partisans notoires de la Révolution et d'un des chefs insurgés les plus illustres.

    En effet, le Secrétaire général de la Préfecture de la Vendée, ancien prêtre constitutionnel ayant adhéré au nouvel ordre des choses et prêté le serment réprouvé des Vendéens, Cavoleau; écrit en 1800 :

    « En 1790, l'Assemblée Nationale obligea les prêtres catholiques à un serment qui a fait plus de mal à la France que les échafauds de Robespierre et les armées de l'Europe coalisées contre elle » (2).

    Le Général Kléber, le vainqueur de Cholet, écrit dans ses Mémoires  :

    « On pourrait, ce me semble, hasarder la proposition que sans la loi concernant la constitution civile du clergé, la France aurait pu être agitée de quelques troubles, mais qu'elle n'eut pas vu alors de guerre civile. « Rendez-nous nos bons prêtres et nous vous abandonnons le Roi. Nous vous livrons nos seigneurs », disaient les Vendéens lorsque, très souvent las de combattre et rassasiés de carnage (?), ils  regrettaient leurs travaux champêtres et soupiraient après leurs paisibles chaumières. Ce fait était alors connu de toute l'armée, et il n'est pas un soldat qui ne les ait entendu s'exprimer ainsi. »

     

    (1) Gabriel de Crolles était le frère ou le neveu du régisseur du Château de Cholet, il était précédemment vicaire de Vitry-sur-Seine. Il fut nommé par l'Assemblée électorale du District de Cholet, le 17 avril 1791, à la cure de Notre-Dame.

    Pour remplacer M. Boîsnaud, à Saint-Pierre, les électeurs désignèrent un certain M. Durand, prêtre assermenté, qui ne demeura que très peu de temps à Cholet.

    (2) Cavoleau. Statistique du Département de la Vendée, p. 817.

    ________

    Enfin, voici la réponse de d'Elbée, principal généralissime des armées vendéennes à la Commission militaire de Noirmoutier, réponse recueillie par Piet, secrétaire de cette Commission :

    « Je jure sur mon honneur que malgré que je désirasse sincèrement et vraiment le gouvernement monarchique, réduit à ses vrais principes et à sa juste autorité, je n'avais aucun projet parti­culier et j'aurais vécu en citoyen paisible, sous quelque gouvernement que ce fut, pouryu qu'il ait assuré ma tranquillité et le libre exercice, au moins toléré, du culte religieux que j'ai toujours professé. ».

     

    Dès 1791, on se hâta de remplacer les prêtres qui, par scrupule, ne consentirent point à prêter le serment. « Mais, ajoute Kléber, les circonstances ne permirent pas alors d'apporter grande sévérité dans l'examen des concurrents, et on dut prendre presque indistinctement tous ceux qui voulurent bien se présenter. »

     

    « Le patriotisme, sur lequel il était si facile de se méprendre et auquel on attacha souvent des idées si bizares, tenait lieu aux nouveaux venus de toutes les vertus et ils croyaient en donner une preuve suffisante en prêtant le serment auquel leurs prédécesseurs venaient de se refuser.

    « On vit donc s'emparer des presbytères abandonnés ou des moines qu'un dépit, l'irréflexion de la jeunesse et souvent la contrainte plutôt qu'une pieuse vocation avaient jetés dans les monastères et qui, se consumant depuis longtemps en regrets, passèrent tout à coup de cette gêne violente à la licence la plus effrénée, ou bien de ces ecclésiastique qui, n'ayant pas su sauver assez les appa­rences d'une conduite déréglée, s'étaient vus écarter des emplois de l'Eglise, et végétaient dans une crapuleuse indigence... »

     

    « De tels hommes étaient bien peu propres à remplir leurs fonc­tions avec cet esprit de paix et de conciliation qu'il eût été nécessaire d'apporter dans les commîmes pour calmer les ferments déjà sur le point d'éclater...

     

    « Enfin, lorsque la plupart de ces nouveaux curés, autant par leurs turpitudes que par l'instigation de leurs antagonistes, parvinrent à s'attirer la haine des communes, au point de ne pouvoir paraître en public sans être conspués, ils cherchèrent et trouvèrent un appui dans les sociétés populaires..., et les autorités constituées, toujours influencées par ces sociétés, se hâtèrent de mettre sous l'égide de la force armée ces nouveaux fonctionnaires ecclésiastiques.

    « Dans tout le royaume, la Garde Nationale fut presqu’exclusi­vement employée à la défense des presbytères. Mais, ces soldats de la Liberté, destinés à être les soutiens impos-sibles de la Loi qui protège..., devinrent facilement des instruments de vengeance. De là, ces persécutions partielles et arbitraires, dont les prêtres insermentés ne furent pas les seules victimes, et qui offrirent si souvent des scènes à 1a fois sanglantes et ridicules ; mais la persécution, dans cette circonstance, eut le résultat qu'elle obtint dans tous les temps. Les persécutés devinrent plus chers à la multitude.

     

    Dans leur rapport du 8 octobre 1791, les deux commissaires civils, MM. Gallois et Gensonné, envoyés dans les départements de la Vendée et des Deux-Sèvres, à la fin d'août, affirment également l'influence néfaste du serment exigé à la Constitution civile du clergé, et notent la séparation des esprits qui en fut rapidement la conséquence :

    « L'époque de la prestation du serment ecclésiastique a été, pour le département de la Vendée, la première époque de ces troubles. Jusqu'alors, le peuple y avait joui de la plus grande tranquil­lité. Disposé, par son caractère naturel, à l'amour de la paix, au sentiment de l'ordre, au respect de la Loi, il recueillait les bienfaits de la Révolution sans en éprouver les orages...

     

    * ... Cette division des prêtres en assermentés et non assermentés a établi une véritable scission dans le peuple de leurs paroisses. Les familles y sont divisées... Les municipalités se sont désor­ganisées ; et un grand nombre d'entre elles pour ne pas concourir au déplacement des curés non assermentés. »

    Le marquis de Beauveau, procureur général syndic du District de Cholet, écrit, le 23 avril 1791, au Directoire du département de Maine-et-Loire : « ... En voilà deux (démissions) que je viens de recevoir... »

    « ... Tous ne le feront pas dans la même forme » (démissionner), fait connaître de son côté le président du Directoire du District de Cholet, M. Chouteau, le 3 mai 1791,

    mais tous le feront sous peu. Si Ton ne trouve quelque moyen d'arrêter cette contagion, il n'y aura plus de municipalités. "

    Et Gallois et Gensonné notent dans leur rapport : « Un grand nombre de citoyens a renoncé au service de la Garde Nationale, et celui qui reste ne pourrait être employé sans danger, dans tous les mouvements qui auraient pour principe et pour objet des actes concernant la Religion ; parce que le peuple verrait alors dans les uartfes Nationales, non les instruments impassibles de la Loi, mais les agents d'un parti contraire au sien. »

    Le mépris des prêtres assermentés, des « intrus », le regret des anciens pasteurs, la haine ,des Gardes Nationaux et de leurs brimades continuelles, se doublaient d'un malaise général et d'une inquiétude croissante. Le mécontentement était partout et len­tement la révolte s'insinuait dans les cœurs :

    « On disait que la guerre allait éclater.

    « On faisait des rassemblements sur les places et chez mon père, qui était aubergiste, et qui était exalté dans ses opinions anti­royalistes.

    « Dans la grande salle de l'auberge, se rassemblaient beaucoup de connaissances ou d'amis pour discuter de la politique. Trop jeune, je n'y comprenais rien. Je me souviens qu'on me disait des gentil­lesses qui me flattaient beaucoup.

    « Mon père mourut dans ces temps-là, (1)

    « Ma belle-mère pleurait et nous dit que, désormais, elle ne pour­rait se charger d'une aussi nombreuse famille ; car nous étions dix encore à la maison paternelle.

    Nos oncles et tuteurs vinrent faire l'inventaire. Je vis un tas de beaux écus que l'on cacha pour les mettre en sûreté.

     

     (1) Le 4 janvier 1790. Veuf, le 26 mars 1786, de Renée Auvinet, dont il avait eu quatorze enfants, Louis Barbier s'était remarié en 1788 avec Marie Bréault. Le30 juillet 1789 naquit une petite fille, Marie, qui fut massacrée en 1794.

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    Cette petite fortune ne reparut jamais, car nous ne la retrouvâmes plus après la Révolution. » (1).

    La famille Barbier n'était pas seule alors à éprouver les ennuis d'un situation économique précaire. Depuis des années déjà, la « crise » allait en s'accentuant.

    « L'hiver de 1788 a passé terrible », écrit M. C. Port, d'après les documents des Archives départementales

    « Celui de 1789 s'annonçait désastreux par de longues pluies qui arrêtent tout le travail des champs. Mais enfin, la récolte rentrée était excellente et pourtant le prix des grains ne cesse de s'accroître... Dans les campagnes, en particulier dans les Mauges, la détresse devenait extrême et les marchés restaient vides, en plus d'un endroit interceptés maladroitement par les affamés. »

    « Tous les bourgs menacent les gens les plus aisés de venir prendre leur subsistance chez eux »... écrit le District de Beaupréau.

    « Le maire du May, Tharreau, voit gronder autour de lui et dénonce une insurrection prochaine. « Autant vaut mourir d'un coup de fusil que de faim », disent ses paysans.

    « A Trémentines, l'exaspération est au comble. Toute une popu­lation d'ouvriers erre en plein chômage autour des maisons des fabricants, des marchands aisés qu'a épuisés la crise. « Nous sommes à la veille d'une insurrection dans ce bourg... » écritRousseau, curé et maire(5).

    Dès le 9 mai 1790, un convoi de blé avait été mis au pillage sur les landes de Bégrolles. A Chemillé, vers la fin d'août, un poteau fut dressé devant les halles pour terrifier les accapareurs... La panique gagne les villes. Dès l'ouverture des marchés, tout s'y trouvait acheté par des inconnus... Un nouvel hiver approchait apportant des menaces nouvelles.

     

    (1) Louise Barbier ajoute ici à ses mémoires : L'oncle Blain, nommé tuteur général, ne nous rendit aucun compte. Au retour de l'exil, il nous dit que l'argent avait disparu. C'était-il vrai ?

    (sic). Dieu le punit. ïl mourut dévoré par la vermine dans un taudis sur la route de la Tessoualle.

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    Ainsi, froissées dans leurs convictions religieuses, soumises à de perpétuelles vexations, nos' populations se trouvaient atteintes encore dans leurs intérêts matériels.

    « La première.et la plus pénible des désillusions après tant d'espérances », écrit justement M. C. Port, « Se trahit sur la question la plus sensible et la plus irritante, celle des impôts là où, tout d'abord, le populaire avait pu crier cause gagnée. »

    « Dès le lundi 20 juillet 1789, les nouveaux pouvoirs publics avaient mis la main sur toutes les caisses des Recettes Royales, Tailles, Tabacs, Aides, Contrôle, et le peuple se chargeait d'incendier les barrières et de supprimer les octrois... »

     

    « Mais le décret du 23 septembre, qui n'ordonnait la suppression de la Gabelle (si détestée, l'effroi de tous), qu'après son remplacement assuré par les Assemblées Provinciales, prétendait en somme remettre sur pied, ne fut-ce que pour un temps, tout le régime abhorré. L'annonce seule de cette entreprise « réveilla dans tous les cœurs te sentiment de la révolte et de l'insur-rection », et tous les citoyens se proclamèrent hautement résolus à repousser la force par la force et « a mourir plutôt que de se soumettre à ce joug odieux. » (1).

    De plus, la répartition des contributions directes de 1790 devait prendre pour base la Taille de l'année précédente.

    « Or, nulle part lé scandale ne s'affichait plus audacieux que dans l'élection de Montreuil-Bellay » qui comprenait le futur pays insurgé de la Vendée angevine.

    « Ici l'impôt rayonnait en s'accroissant pour se concentrer sur ses extrémités, — au point qu'on calculait sans conteste la distance du chef-lieu à l'intensité proportionnelle des taxes dont les paroisses étaient frappées... Des 56 paroisses de l'Election, les six à l'entour de Cholet supportaient à elles seules plus du tiers de l'imposition totale, le double, même les trois quarts de plus que certains cantons de. l'Anjou. » (2).

     

     (1) Assemblée générale de la Province d'Anjou. Angers, Paris, in-8" de- 27 pages. Le procès-verbal original porte parmi les signatures celle de Bonchamps.

    (2) Archives Départementales de Maine-et-Loire. B. Cahier de Roussay. — C. 197. Lettres du District de Cholet du 26 février et du 2 avril 1790.

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    « ... En vain la Commission intermédiaire s'épuisait-elle à rappe­ler que Terreur était involontaire ; qu'elle serait rachetée sur les rôles de 1791 et compensée dès cette année même par des grati­fications... Comme si l'on pouvait faire croire aux campagnes que l'argent revienne jamais du fisc (1), et que les rôles, — on le voyait trop, — n'eussent toutes chances d'être à demeure ! »

    Les rôles de 1791 ne rachetèrent rien, naturellement ; pas plus que ceux de 1792 ; si bien qu'au cours de cette dernière année, l'Administration, impuissante à faire face aux dépenses immenses de la guerre engagée, heurtait « son droit inexorable à la faute impardonnable qui depuis trois années pesait sur les Mauges, l'ini­­quité de l'impôt ».

    « La guerre est déclarée, la guerre exige des contributions soli­dement établies et régulièrement acquittées » écrivait le ministre, dès le 6 mai 1792. Et à toute plainte : « Payez d'abord », répondait-il.

     

    « Mais une opposition absolue, raisonnée, s'annonçait, hautement décidée à ne pas subir deux fois les exigeances illégales, que réclamaient, à contre-cœur les agents du fisc et que dénonçait à grands cris la conscience publique...

    L'évidence attestait une disproportion entre la masse des contributions et la matière imposable de plus de 1.200.000 livres... Le District de Cholet, à lui seul, d'après les décla-rations des Municipalités, accusait une surcharge du foncier de 208.855 livres. »

    c Partant de cette certitude, chaque contribuable a fait son compte et réglé en conscience son versement... à peu près les. deuxtiers de la contribution foncière... Pour le mobilier, la taxe en était si excessive qu'on n'avait pu en percevoir encore qu'un cinquième. « Il est impossible que là Convention laisse subsister une proportion aussi déraisonnable », écrit le Procureur Syndic de Cholet. » (2).

     

    « Mais à toutes réclamations, nulle réponse n'était venue pendant deux ans, et quand aux derniers jours de 1792, le Ministre, après avoir consulté l'Assemblée et les Comités, donne signe de vie, c'est pour justifier son refus sur des défauts de formalités strictes qu'il n'était même plus temps, légalement et par sa faute, de remplir. »

     

    (1) Id. Lettre du May, février 1790.

    (2) Archives Départementales de Maine-et-Loire. — Lettre du 8 novembre 1792.

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    «  Le Directoire du département, en dépit de cause, a tâché pied. Le District de Cholet, qui est le plus iniquement éprouvé « par ce fléau », avait pris les devant quand même et parlaitde si aigre façon qu'une première fois, il fallut lui renvoyer sa réclamation comme indigne.

    Après des plaintes sans fin, les publications d'adresses et de mémoires sans résultats, l'envoi même au département du Procureur-Syndic, en mission spéciale, l'exaspération y est devenu telle qu'elle s'élève presque à la rébellion. » (1).

     

     « Ceci accrut la gêne universelle », écrit M. Henry Jagot dans son étude très approfondie et très sérieuse, des origines de l'Insurrection (2), « doublée par une extension formidable du vagabondage et de la mendicité. Les gabelous réduits à la famine par la suppression de la Gabelle, leurs ennemis, les faux-saulniers tombés dans l'inaction, couraient les champs par bandes nombreuses se livrant à des pillages, à des brigandages et à des assassinats. Il y eut une série de crimes du genre de ceux qui devaient rendre plus tard si fameux les abominables chauffeurs, de telle sorte que l'épouvante régnait dans toutes les paroisses.

    « Eh bien ! durant cette période troublée, on ne signale pas un acte d'opposition à la Révolution, pas une plainte contre l'Assemblée, pas un mouvement de révolte contre la Loi... Rien ne permet de penser que ces paysans sages et paisibles, qui suppor­tent les maux présents avec résignation, songeront un jour à prendre les armes pour rétablir un régime dont ils réclamaient de force la destruction dans les premières semaines de l'année 1789.

    « Les Vendéens souffrent dans leurs intérêts, dans leurs biens, mais ils ne s'en prennent à personne de la rigueur de la tempé­rature et de la disette amenée par les mauvaises récoltes. Ils se consolent de ces peines passagères avec leur Religion. Et il en sera ainsi tant qu'on ne touchera ni à leurs curés ni à leurs églises. »

     

    La loi proclame la liberté des cultes. Cette liberté existe à Paris ; elle est aussi maintenue dans plusieurs départements.

     

    (1) Archives .de Maine-et-Loire. Adresse du 5. Janvier 1793 ci-

    tée par C. Port, La Vendée Angevine, t. II, p. 48.

    (2) Henry Jagot. Les origines de la Guerre de Yendée. Paris

    H. Champion, 1914, p. 58.

    ________

     

    Mais c'est en vain que les paysans des Mauges et de la Vendée, c'est en vain que le clergé dépossédé la revendiquent (1). Le mouvement non conformiste, appuyé sur la loi elle-même, est assimilé à une forme de rébellion.

    Le pays tout entier est voué à la terreur. Les gendarmes et les gardes nationaux, guidés par des « patriotes » de bonne volonté et même par des prêtres constitutionnels, courrent les chemins, s'imaginant étouffer sous la contrainte et la terreur la révolte des consciences.

    Un arrêté du 1er février 1792 obligeait tous les prêtres non assermentés, sans exception, à se rendre au chef-lieu du dépar­tement, dans la huitaine, et à y prendre leur résidence sous la surveillance de la police. Cette surveillance se transforme bien­tôt en un véritable emprisonnement agrémenté de toutes sortes de vexations dont la réalité est impossible à mettre en doute, à la lecture de la lettre du Ministre de l'Intérieur, Roland, adressée le 24 août 1792 aux Administrateurs d'Angers.

     

    « On me marque, Messieurs, que les prêtres qui sont enfermés, depuis deux mois, aux deux Séminaires, y éprouvent toutes sortes de vexations de la part de la garde nationale de cette ville, qu'ils viennent d'être mis pendant six jours de suite, sur la paille, au pain et à l'eau et que plus de la moitié de ces prêtres sont âgés de soixante à quatre-vingts ans et infirmes. Vous sentez, Messieurs, que si les circonstances difficiles dans lesquelles nous nous trouvons, peuvent excuser des mesures extra­ordinaires contre des citoyens prévenus d'animosité envers la Révolution, la justice et l'humanité exigent du moins que ces mesures ne soient pas aggravées par aucun acte particulier de persé­cution et de barbarie. »

    En fait, dès avant la fin de 1792, il n'y eut plus de liberté individuelle dans les départements de l'Ouest. Les divers arrêtés des autorités permettaient aux gardes nationaux de pénétrer chez les particuliers, sur le moindre soupçon, en brisant au besoin les portes et les fenêtres, en faisant sauter les serrures, et de fouil­ler partout, sans avoir à justifier leur conduite.

    « Les patriotes, lâchés dans les campagnes comme une meute de chiens enragés, se livrèrent aux pires excès, insultant les femmes, frappant les hommes, semant la terreur sur leur passage, agissant chez leurs compatriotes comme en pays conquis et mani­festant une joie sauvage, quand ils avaient pu s'emparer d'un malheureux prêtre, découvert au fond d'une grange, sous un ­ pres­soir, derrière la roue d'un moulin, caché sous des bottes de paille, ou surpris dans les genêts ou les bois... »

     

    (1) Cf. la lettre éloquente du curé non assermenté de Notre-

    Dame de Cholet, M. Rabin.

    ________

     

     « Ces tristes scènes se renouvelaient dans toute la Vendée et si les campagnards hésitaient encore à prendre les armes pour défen­dre les victimes, du moins commençaient-ils à éprouver une haine profonde pour les tyrans » (1).

    Contre les gardes nationaux détestés, l'accord était unanime et les paysans, jadis doux et paisibles, ne songeaient plus qu'à la vengeance devant leurs maisons envahies et leurs femmes insultées.

    II n'était pas besoin d'une conspiration pour les entraîner à la révolte. Le premier incident venu devait leur mettre les armes à la main.

     

    Cette immense inquiétude des esprits, aggravée par la déclaration de guerre et bientôt par la proclamation de « la Patrie en danger », eut pour conséquence nécessaire, alors comme à toute autre époque, le ralentissement des échanges commerciaux et pour l'arti­san et l'ouvrier le manque de travail, ce que nous appelons aujour­d'hui «.le chômage ».

    Et voici que retentissent des appels aux armes, des demandes de volontaires. C'est ce que note Louise Barbier :

    « Les ouvriers ne faisaient plus rien.

    « Pendant quelques temps, ou voulut faire partir tous les jeunes gens pour défendre la frontière. Ceux de la ville ne demandaient pas mieux ; mais ceux des champs ne voulurent pas obéir à cet ordre. »

    Il est notoire qu'avant la Révolution, il eût été extrêmement difficile d'entrainer aux armées la jeunesse vendéenne, rebelle à l'appel de la milice.

    Ces sentiments s'étaient manifestés avec vivacité lors de la rédaction des cahiers de 1789. A en juger par les plaintes exprimées, on pourrait croire que le service de là milice était une chose épouvantable ou pour le moins aussi gênante que notre service militaire actuel. II n'en était rien.

    « Il ne se levait que peu d'hommes pour la milice. Le gouvernement se contentait d'un sur quarante et même cinquante... Maïs quand un homme tombait au sort, il se mettait à pleurer, s'arrachait les cheveux et donnait des marques du plus violent désespoir. Et pourtant de quoi s'agissait-il alors ? D'aller à Rochefort ou à La Rochelle faire l’exercice pendant quelques mois au bout duquel temps le milicien était renvoyé chez lui. Les engagements volon­taires suffisaient alors pour alimenter l'armée. » (1).

    Si ce faible service causait tant d'émoi dans la Vendée, on peut s'imaginer sans peine la consternation que devait y déterminer l'appel de mars 1793. Si même tout avait été calme et parfait dans ces campagnes, il est probable que les opérations du tirage ne se seraient pas faites sans de violentes bagarres et des refus de tirer au sort. De nombreux réfractaires se seraient réfugiés dans les bois et sur les landes, mais il n'y aurait pas eu de révolte ouverte.

     

    Il ne faut pas accuser le courage de ces jeunes gens. Leurs engagements dans les bataillons de Volontaires de la Révolution ne furent pas moins nombreux pour nos pays que pour le reste du département. Sur 577 inscrits au premier bataillon de Maine-et-Loire, Cholet compte trente noms et les campagnes environnantes trente-trois. On a vu, par la suite, que nos jeunes compatriotes étaient capables « de se battre comme des lions, de se conduire comme des héros, d'affronter la mort avec gaieté ». Dans ses Mémoires, parlant des Vendéens, Napoléon a rendu justice à leur vaillance, principalement à l'époque de l'invasion, en 1814.

    «c Mais sans parti-pris et en toute équité, on peut se demander ce que ces paysans devaient à l'ensemble de la nation quand on vint les chercher pour les envoyer aux frontières. Depuis 1789, non seulement rien n'avait été fait matériellement en faveur de nos malheureuses campagnes, mais leur situation était devenue plus misérable encore, soit par les mauvaises récoltes, les pillages des vagabonds et des brigands, la fréquence des inondations, l'augmentation des impôts, etc..

    « Les misères du corps étaient dépassées de mille coudées par celles de l'âme. Il y avait de la tristesse, de l'indignation et de la haine dans chacune des pauvres maisons de ce pays. On pleurait au coin de tous les foyers et c'était avec une poignante douleur que ces humbles chrétiens contemplaient leurs églises souillées et fermées, et leurs clochers désormais silencieux. » .

    Et c'était le moment où leurs persécuteurs, menacés par les dangers extérieurs, voulaient contraindre nos compatriotes à marcher, — à leur place d'ailleurs et pour eux, au secours de cette Révolution, à laquelle ils ne devaient que des humiliations et des blessures. Vraiment, c'était trop exiger de la nature humaine. L'appel au tirage fut l'appel à l'insurrection.

    Un courrier extraordinaire apporta à Angers, dans la nuit du 1" au 2 mars, le triple décret-loi qui fut lu, le 2 au matin, à la séance du Directoire. Le jour même, il était connu dans le département tout entier.

    « La milice ! Le tirage ! Partir soldat !  Soldat de ligne ! On n'a pas l'idée aujourd'hui de ce que représentait en ce temps-la pour les paysans, au-dessous même de la milice, l'armée ! »

     

    « Mœurs et discipline de galère ! Rebut des villes, des bouges, des prisons ! Autant valait rétablir la gabelle ! On n'eut pas fait pis.

    « Ce fut un soulèvement d'horreur !» .

     

    (1) BouTiLLiER de Saint-André. Mémoires d'un père a ses enfants, p. 83. - ________

     

     

    Les souvenirs de Louise Barbier, 2° partie....


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  • Les Souvenirs de Louise Barbier,

    1° partie…

     

    Nous publions ce texte tel, qu’il le fut dans la revue des Sciences, Lettres et Arts de Cholet en 1937. Le document est également consultable ici.

    Afin d’en faciliter la lecture, nous avons scindé le récit en plusieurs parties.

    RL

    Septembre 2016

     

    LES 

    Souvenirs de Louise Barbier (1783-1871) 

    sur l'Insurrection Vendéenne 

      

    A la mémoire de notre ami 

    Léon BONNINEAU. 

      

    AVANT-PROPOS 

    Ce n'est pas sans une certaine tristesse que l'été dernier nous avons rentré dans la Bibliothèque de notre Musée, avec quelques centaines de brochures, de nombreuses liasses de toutes sortes, vieux documents authentiques, notes, lettres, papiers divers en partie déclassés par des déménagements successifs. L'ensemble provenait de la bibliothèque et des archives de notre regretté camarade Léon Bonnineau. Nous songions à la vie toute intérieure et si brève de notre ami, à son travail continuel, de « bénédictin », au milieu de ses papiers tant aimés, à ses recherches scrupuleuses si brutalement interrompues, à l'intérêt qu'il portait à notre Musée et à ses collections. 

      

    Un premier examen nous permit de réunir rapidement toute une série de papiers, en quelque sorte de famille, parmi lesquels nous découvrîmes des « Notes » sur les événements de la Révolution et sur l'Insurrection vendéenne, des « Souvenirs » dictés par une arriére grand-maman et par des grand-tantes qui avaient vécu et souffert ce terrible drame. 

    La lecture de ces minces cahiers jaunis, des feuillets séparés qui les accompa­gnaient, des notes tantôt écrites à l'encre, tantôt griffonnées au crayon sur quelque débris d'enveloppes, des essais généalogiques raturés et maintes fois repris, nous donna bientôt la certitude que la plume avait été tenue par M. Joseph Chaillou, le grand-père de notre ami, dans le cours des années de 1866 â 1870. Nous connaissions depuis longtemps déjà son goût intense pour tous les souvenirs choletais. 

      

    L'énoncé des événements que nous parcourions nous parut empreint d'une vie intense ; des détails particuliers, — de ceux qu'on ne peut inventer et qui ne se copient pas, — attirèrent notre atten­tion. Nous trouvâmes deux rédactions de la partie principale de ces souvenirs : celle d'apparence la plus soignée nous parut postérieure à l'autre. En la relisant, nous y retrouvâmes des indications déjà notées dans l'Histoire de Cholet de M. Amaury-Gelusseau, parue en 1862. Nos préférences allèrent vers les notes écrites plus hâtivement, entremêlées de ratures, aux phrases quelquefois incorrectes, souvent sans ponctuation. Elle nous parut la dictée même de l'aïeule, Louise Barbier, veuve Champeaux, dont la mémoire était mise à contribution et qui racontait simplement, naïvement même, à ses petits-enfants les événements vécus dans son enfance. 

      

    Par quelle pudeur, et M. J. Chaillou, et notre ami Léon Bonnineau gardèrent-ils secrets ces intéressants souvenirs ? 

    Un souci scrupuleux de ne pas éveiller les anciennes passions qui dressèrent nos concitoyens les uns contre les autres ? Nous inclinerions à penser qu'ils ne leur attribuèrent qu'un intérêt tout personnel ou familial. A l'époque où ils furent recueillis, la mode n'était pas encore aux documents de première main. Plus tard, les publications de souvenirs particuliers, ceux de Poirier de Beauvais, ceux de Mme de la Bouëre, et plus près de nous surtout les Mémoires d'un père à ses enfants, de M. Boutillier de Saint-André, par notre vénéré maître l'abbé Eugène Bossard, parurent sans doute donner des renseignements plus complets. Peut-être furent-ils l'occasion de cette rédaction plus soignée, mais demeurée inachevée ? 

      

    Peut-être, à la suite, le grand-père laissa-t-il à son petit-fils qu'il découvrait intensément épris, comme lui, du culte du souvenir, le soin de présenter ces notes ? Peut-être enfin, notre ami, lancé dans ses recherches généalogiques et tout entier encore à l'accumulation et à l'analyse des documents, réservait-il à plus tard le moment de mettre à jour ces Mémoires vécues ? 

    L'intérêt chaque jour croissant que suscite l'Histoire et en particulier celle de notre pays vendéen et choletais, ainsi que le désir d'apporter ce travail en hommage à la mémoire de notre ami, nous a inspiré la téméraire pensée de publier ces « Souvenirs ». Nous avons cru devoir en rectifier l'orthographe et surtout compléter la ponctuation dont l'absence nuit parfois à la compré-hension du texte. 

      

    Les « Souvenirs » de Louise Barbier sont surtout l'énoncé de faits observés ou vécus, tels qu'ils auraient pu être décrits au moment même où ils se sont passés. Dépouillés de cette ambiance légendaire et tendancieuse dont certains auteurs se sont plus à envelopper l'histoire de notre Vendée, peut-être paraîtront-ils trop simples et d'une vérité choquante. D'autres témoignages authen­tiques connus peuvent venir les appuyer de leur autorité ; nous en avons joint quelques-uns. Nous avons réuni aussi les quelques phrases éparses, concernant les événements préparatoires à l'insurrection, par des citations montrant plus nettement l'exaspé­ration croissante de nos populations contre les brimades des gens « dans le mouvement » alors, les misères des âmes froissées dans leurs convictions religieuses et l'explosion subite d'une grande colère qui en fut la conséquence obligée, lorsqu'en mars 1793 la conscription fit éclater la révolte. 

      

    Le 10 septembre 1767, les cloches de Saint-Pierre tintaient à toute volée pour le mariage de deux très jeunes gens, que M. David, le vénérable curé, venait de bénir. Louis Barbier, orphelin de père à vingt et un ans, épousait une jeune fille de seize ans, Renée Auvinet. Le jeune homme se disait fabricant de toiles et de mouchoirs, comme la majeure partie des habitants de notre ville. Il avait pris le même métier que son défunt père et faisait aller sa navette ou vendait des pièces de toile, tandis que sa mère, Marie Moreau, remariée déjà à Louis Martineau, plus jeune qu'elle de onze ans, continuait à tenir l'auberge des Barbier, en face de l'église, à l'enseigne, dit-on, de la Tête Noire. 

    Car depuis des générations, les Barbiers, au lieu de manier ciseaux et rasoirs ainsi que leur nom semblait l'indiquer, vendaient à boire et à manger, logeaient à pied et à cheval ; ceux dont nous faisons connaissance, à Saint-Pierre ; d'autres, des cousins, sur la place du Prieuré (la place Rougé actuelle), à l'enseigne du Lion d'Or. 

      

    En outre de sa mère et de son beau-père, le nouveau marié était assisté de Charlotte et de Madeleine Moreau, ses tantes, de Louise Martineau, sa demi-sœur, que nous verrons apparaître dans le récit Cette dernière épousera bientôt le blanchisseur Jean Blain, qui sera « l'oncle Blain » dont parle notre auteur. 

      

    Près de lui se trouvait encore son frère, Claude Barbier, plus jeune d'un an ; des oncles, des cousins, Jean Simon, Jean Pas­quier, Louis Camus, René et François Guillou, Adrien Delhumeau dont nous verrons la veuve recueillir notre jeune mémorialiste. 

      

    Les Auvinet étaient fabricants et tisserands, et mariaient leurs filles très jeunes. L'épousée du jour n'avait que seize ans et habitait sur la paroisse Notre-Dame. Son père, Pierre Auvinet, avait été chercher son épouse, Renée Guidon, au May, d'une vieille famille également de tisserands. 

    Les Guidon étaient venus nombreux à la noce et nous remarquerons particulièrement une tante de la mariée, Mathurine Guidon et son mari, François Dupont, qui compteront parmi les aïeux de notre dévoué Secrétaire et aimable cousin, Elie Chamard, et parmi les nôtres. Se trouvaient également deux jeunes sœurs de sa mère : Malhurine Auvinet qui deviendra trois ans plus tard la « tante Coudrais », et, toute enfant encore, Marie Auvinet, qui neuf ans après sera « la tante Brion, du May ». 

      

    Si l’on en croit la morale habituelle des contes de fées, les époux durent être heureux, car ils eurent beaucoup d'enfants. Nous en donnons la liste pour que le lecteur puisse se retrouver plus facilement parmi tous les noms qui apparaîtront dans le récit. 

    1° Renée Barbier, née le 19 juillet 1768, épousera avant la Révolution François Cherbonnier, tisserand du May et habitera Mortagne ; 

    2° Marie Barbier, née le 11 septembre 1769 ; 

    3° Modeste Barbier, née le 10 février 1771, sera fusillée place Saint-Pierre en 1794 ; 

    4° Louis Barbier, né le 17 juillet 1772, tout d'abord tisserand, enrôlé militaire, fera onze ans de service ; 

    5° Pierre Barbier, né le 14 octobre 1773. Pris militaire à la conscription, il fut tué en Bohême ; 

    6° Jeanne Barbier, née le 23 février 1775 ; 

    7° Rosalie Barbier, née le 30 mars 1776 ; 

    8° Victoire Barbier, née le 17 septembre 1777 ; 

    9° Cécile Barbier, née le 13 mars 1780 ; 

    10° Alexis Barbier, né le ... juin 1782, dut mourir jeune, car on ne retrouve aucune de ses traces ; 

    11° Louise Barbier, née le 22 mai 1783, notre mémorialiste ; 

    12° Eugène Barbier, né le 18 septembre 1784, que nous verrons fréquemment près de sa sœur Louise ; 

    13° Joseph Barbier, né le 17 mars 1786.

     

    La naissance de ce treizième enfant coûta la vie à sa mère, Renée Auvinet. Elle fut enterrée au grand cimetière de Saint-Pierre, c'est-à-dire sur la place actuelle, le 20 mars 1786. 

    En 1788, deux ans après, Louis Barbier, le père, se remariait avec Marie Breault qui dut se charger de toute cette nombreuse famille. Le 30 juillet 1789, une petite fille, Marie, venait au monde, et le 4 janvier 1790, Louis Barbier succombait à son tour et était inhumé au grand cimetière. 

    En ces temps troublés, les habitués de l'auberge, que continuait à diriger la belle-mère de tous ces enfants, discutaient fortement. Louis Barbier passait pour avoir été plutôt « dans le mouvement ». Il semble bien qu'il ne fut qu'un élément de la majorité des habitants de Cholet, et aussi de tout notre pays. Enthousiaste d'abord dans l'espoir des réformes qui devaient soulager le pauvre peuple, il osa se ranger parmi les « Patriotes ». Son frère, Claude Barbier, commanda une compagnie de la Garde Nationale. Son fils Pierre obéit à la conscription et partit militaire. 

      

    Mais les bienfaits de la Révolution tardant à apparaître, on s'aigrit et on accuse de l'insuccès le mauvais vouloir des partisans de l'ancien état de choses et même la négligence des modérés. A l'auberge de la Tête Noire, les filles même bavardent et s'exaltent. L'aînée, Renée, au moment de son mariage à dix-huit ans, passe pour être une parfaite « démocrate ». 

    Peut-être lorsqu'il fit plus tard cette réflexion à sa jeune sœur, Louise, M. Boisnaud, curé de Saint-Pierre, n'avait-il pas parfai­tement compris le caractère de ces gens, de tous ces honnêtes gens, forme de franchise, d'indépendance et de fidélité. 

    Car, s'ils n'hésitèrent pas à dire parfois crûment leur opinion, tous demeurèrent fidèles à leurs convictions religieuses. Le lecteur jugera au cours du récit combien leurs croyances et leurs pratiques étaient choses sacrées pour nos héros. Et M. Boisnaud lui-même les inscrit en bonne place dans ses « Listes de ceux qui passaient pour notoirement catholiques et que les Républicains emmenèrent à Nantes » à l'évacuation de Cholet. 

      

    Pour nous, le récit laissé par Louise Barbier et recueilli par son petit-fils, M. J. Chaillou, est le document émanant directement de l'opinion moyenne et saine du pays. Il exprime sincèrement les transes et les misères de toute une population. Sa publication présente un réel intérêt dans la recherche de la vérité.

     

    A suivre…

     

     

    Les Souvenirs de Louise Barbier 1° partie....

     

      


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    Le crépuscule d'un Conventionnel,

    l'homme qui trahit son Roi pour trente mille livres....   

        Jean-Baptiste Drouet

                          

     

     

     L'homme de Varennes.... Si quelques-uns des conventionnels qui s'étaient particulièrement distingués périrent sur l'échafaud, d'autres, plus heureux, sortirent indemnes de la tourmente. Ce fut le cas de Jean-Baptiste Drouet, maître de la poste aux chevaux de Sainte-Menehould qui trahit son Roi pour trente mille livres.

      « Drouet (Jean-Baptiste) fut jeté dans la politique par un de ces coups imprévus qui peuvent changer, sinon la face du monde, du moins le sort d'une nation : ce furent, en effet, l'initiative et l'énergique intervention de Drouet, maître de la poste aux chevaux de Sainte-Ménehould, qui firent échouer, à Varennes, la tentative de fuite de Louis XVI.

      A partir du jour où le destin le plaça sur le chemin du roi fugitif, la vie de ce personnage devient une sorte de roman d'aventures ; sa mort même tient du roman.

      Jusqu'à ce jour, Drouet n'a pas d'histoire. C'était un maître poste intelligent et travailleur, dont on vantait la probité, et qui jouissait de l'estime de ses concitoyens. A l'aube de la révolution, il fut, comme beaucoup d'autres, séduit par les idées nouvelles.

      Après Varennes, devenu quelqu'un et se rendant compte que la politique, à laquelle il doit une certaine notoriété, peut lui assurer des satisfactions plus substantielles, il se lance résolument dans la bataille pour la liberté, pérore, s'agite, organise des comités, et, son action d'éclat aidant, devient une sorte de gloire régionale que le département de la Marne fait sortir du cadre de la province en envoyant Drouet siéger à la Convention, où il prend place sur la Montagne.

      Le destin ne semble l'avoir arraché à sa modeste sphère que pour le lancer dans l'aventure.

      Délégué auprès de l'armée du Nord, il est pris par l'ennemi à Maubeuge et envoyé en Moravie. Ses collègues ne l'oublient pas et le font désigner en même temps que Beurnonville*, Camus et autres, pour être échangé contre la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, seule survivante de ses prisonniers de Varennes.

      Le Conseil des Cinq-Cents lui ouvrit alors sa porte, ce qui lui permettait d'oublier les ennuis de la captivité dans la douceur d'une existence exempte de soucis.

      Mais il n'est pas fait pour ce genre de vie ; il a besoin de s'agiter et a pris dans la politique le goût de l'intrigue et du risque. On le trouve dans la conspiration de Babeuf. Arrêté, il réussit à s'évader de la prison de l'Abbaye. On le trouve encore dans l'affaire du « camp de Grenelle », où il est sauvé par une laitière qui le cache dans sa voiture, sous de la paille. Il part alors pour la Suisse, mais, supportant mal le climat froid et humide de ce pays, il le quitte pour aller chercher fortune aux Indes. En route, son bateau est arrêté par la flotte de Nelson ; il se venge de sa déconvenue en prenant part, contre les Anglais, à un combat où il se fait remarquer par son courage.

      N'ayant pu atteindre les Indes, il revient en France, où le Directoire le nomme commissaire de son département ; après le 18 brumaire, il devient sous-préfet de Sainte-Ménéhould ; pendant les Cent Jours, il siège à la Chambre des représentants.

      Les Cent Jours devaient être les derniers beaux jours de Drouet.

      Pour lui, bien entendu, il ne pouvait être question d'amnistie.

      A peine installé aux Tuileries, le roi Louis XVIII donnait l'ordre d'arrêter « l'homme de Varennes » et lançait contre ce « gibier de potence », pour employer son expression, toute la police du royaume.

      Mais le gibier était malin, si malin que jusqu'en 1824, pendant près de dix années, les plus habiles policiers, stimulés sans cesse par la promesse de mirifiques récompenses, remuèrent ciel et terre sans parvenir à le découvrir. Le roi ne décolérait pas et encore moins la duchesse d'Angoulême, l'ancienne prisonnière du Temple, qui désirait vivement régler avec Drouet le compte de sa famille.

      Ce compte ne devait jamais être réglé, au moins ici-bas.

      Le 11 avril 1824, mourut à Mâcon un certain Maërgesse, qu'on croyait étranger, et qui vivait avec une Allemande.

      Dès que son ami fut enterré, l'Allemande disparut, mais, avant de partir, elle se donna le malin plaisir de révéler que Maërgesse n'était autre que Drouet, Jean-Baptiste, ancien maître de poste de Sainte-Menehould ».

      Bien entendu, Drouet fut décoré de la Légion d'Honneur le 7 août 1807 par Napoléon 1er et la petite histoire raconte que l'usurpateur, en lui remettant cette distinction sur le site de Valmy, lui aurait dit : « Monsieur Drouet, vous avez changé la face du monde ».

     

    *Beurnonville : Franc-Maçon il est vénérable de la loge « Les Chevaliers de la Croix de Saint Jean de Jérusalem  » à l'orient de Troyes. De 1814 à 1821, il est grand conservateur, puis grand maître adjoint en 1815, du Grand Orient de France. Il fut nommé Officier de la Légion d'honneur par Bonaparte, comte de l'Empire ; mais de tous les généraux de la Révolution, il fut le seul exclu du titre de Maréchal ; Napoléon, ne lui accordant aucune capacité militaire.

      Par contre en 1814, Louis XVIII le nomma à son retour pair de France et membre de son conseil privé. Proscrit pendant les Cent Jours, il suivit le roi à Gand et lui resta toujours dévoué. En 1816, il fut nommé commandeur de l'ordre de Saint-Louis, Maréchal de France, cordon bleu,.........

      N'oublions pas que Louis XVIII était un protecteur de la Maçonnerie et n'ayant aucune estime pour les Vendéens. La Restauration ne répara pas on le sait, les malheurs de la Vendée. De glorieux sacrifices restèrent sans récompense, malgré les promesses faites au mois de juillet 1814, par le duc d'Angoulême lors de son voyage en Vendée  Louis XVIII ne fut jamais sacré Roi à Reims ; contrairement à son frère Charles X qui se fit sacrer à Reims, le Dimanche de la Trinité, 29 mai 1825.

    L'homme de Varennes....

     

      Sources : Jules Mazé  Sous la Terreur librairie Hachette Paris n° 4760 dépôt légal 2ème trimestre 1947 pages 245 à 247. Généalogie commentée des Rois de France de Lucien -Jean Bord éditions de Chiré 1980. Louis XVIII et Charles X pages 303 305.

     

    Xavier Paquereau pour Chemins secrets


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