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    Les justifications du général Grignon (9)...

     

    8ème partie ici.

     

    « TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, au citoyen Grignon, chef de Brigade.

    Il est bien étonnant que tu me demande, mon camarade, s’il faut désarmer les Gardes Nationales de la Vendée. C’est mettre en question s’il est prudent d’ôter à nos ennemis les moyens de nous faire plus de mal. Croyons que dans ce maudit pays nous ne devons nous fier à personne & agissons en conséquence. J’ai reçu une croix de Saint-Louis, une calice & une patene.... Dépêche-toi de me fournir une collection complette de tous ces brinborions.

    TURREAU.

    ______________________________________________________________

     

    TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, au citoyen Grignon, chef de Brigade.

    Continue, mon camarade, à brûler le pays & exterminer les rébelles ; plus je vais en avant, plus je suis à portée de juger qu’il y a peu d’habitans à excepter de la proscription.

    TURREAU.

     

    ______________________________________________________________ 

    Au quartier-général, à Tiffauges, le 13 Pluviôse.

     

    J’ai envoyé un second ordre à Previgneau pour te joindre sans délai, & je le punirai sévèrement pour s’être avisé de raisonner mon ordre au lieu de l’exécuter. Je traiterai les officiers qui se permettent une telle conduite de manière à ce qu’ils s’en souviennent.

    Si, au reçu de cette lettre, tu n’as pas encore vu Previgneau, presse-le, par un nouvel ordre, à te rejoindre sur-le-champ, s’il ne veut pas payer de sa tête l’inexécution des ordres. (Etoit-il sûr de désobéir à des ordres de cette espèce ?....

    TURREAU.

    ______________________________________________________________

     

    TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, au citoyen Grignon, chef de Brigade.

    Tu as été trop long-tems, mon cher Grignon, à me donner de tes nouvelles ; je t’exhorte à m’en donner plus souvent, & chaque fois que tu m’écris à ne pas me demander ce que tu dois faire ; tu dois le savoir d’après mon ordre général & l’instruction particulière que je t’ai donnée. Poursuis l’ennemi sans relâche ; brûle tout ce qui pourroit être échappé à l’incendie, mais n’oublie pas que cette opération doit se faire par un détachement de ton arrière-garde, pour ne pas déranger la marche & l’ensemble de la colonne.

    TURREAU.

    ______________________________________________________________

     

    Le Général Divisionnaire Commaire à l’Adjudant-général Grignon.

    Je vous invite, citoyen, de continuer la chasse aux scélérats de cette terre proscrite, & de ne point faire de grace à aucun d’eux ; sur-tout emparez-vous de tous les Chefs de Commune & des gens suspects ; ne leur faites pas plus de grace qu’à des bêtes féroces ; faites rentrer, autant qu’il sera possible, dans les greniers de la République, toutes les récoltes : nous sommes infectés du grand nombre de ces scélérats qu’on nous envoie de toutes pars ; moins vous nous en enverrez, plus de bien vous ferez à la République.

    COMMAIRE.

     

    ______________________________________________________________

     

    TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, au citoyen Grignon, chef de Brigade.

    Je reçois mon cher Grignon, ta lettre en date d’hier ; plus l’ennemi est éparpillé & moins il faut lui donner de relâche. Ne reste donc à Argenton que le moins de temps possible, ainsi qu’à Bressuire, & sur-tout brûle l’un & l’autre ; n’épargne pas un moulin ni un four dans ta route ; mais, je te le répète, que ces opérations destructives soient faites par un piquet détaché de la queue de ta colonne, pour que l’ordre & l’ensemble de ta marche n’en soient point troublés.

    Après Bressuire, tu te porteras sur la forêt de Vesins, & tu la fouilleras scrupuleusement ; quant à moi....

    TURREAU. »

     

    On peu se demander si cette rapidité de déplacement demandée par Turreau ne cache pas en fait la crainte de voir ses troupes encerclées par les Vendéens sur un point où elles seraient stationnées trop longtemps. Rien ne semble logique dans le plan de Turreau. Traverser un territoire ennemi en un éclair n’apporte rien si on ne parvient pas à se débarrasser de l’ennemi.

    _____________________________________________________________

    « TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, aux Citoyens composant le District de la Rochelle.

    _____________________________________________________________

     

    CITOYENS ADMINISTRATEURS,

     

    Les brigands qui s’étoient répandus sur la rive droite de la Loire, sont anéantis ; il ne nous reste plus qu’à purger entièrement le premier théâtre de leur fureur.

    J’ai donné les ordres nécessaires pour que la Vendée soit traversée par douze colonnes, chargées de faire en tous lieux la fouille la plus scrupuleuse (30) ; mais, malgré toutes les précautions que j’ai prises, quelques-uns de ces scélérats pourroient s’y soustraire, en cherchant dans les Départements voisins un asyle, si vous ne secondiez, de la surveillance la plus active, les mesures que j’ai adoptées.

    Je vous invite donc, Citoyens Administrateurs, à prévenir sur-le-champ, par une circulaire rédigée à cet effet, toutes les Municipalités limitrophes du pays, autrefois occupé par les rébelles, qu’elle ayent à tenir les Gardes nationales dans la plus grande activité de service, faire arrêter toutes les personnes venant de cette contrée, & à éclairer, la nuit comme le jour, par des patrouilles fréquentes & nombreuses, les lieux enivronnans.

    TURREAU.

     

    ______________________________________________________________

     

    VIMEUX, Général en chef, au Citoyen

    Grignon, Général Divisionnaire.

     

    Je te fais passer, mon cher camarade, dix exemplaires de l’arrêté pris par les Représentans du Peuple près l’armée de l’Ouest, en date du 12 thermidor, relatif aux moyens propres à assurer l’exécution des arrêtés du Comité de Salut public, sur la guerre dite de la Vendée ; tu voudras bien en surveiller l’exécution avec la plus scrupuleuse exactitude ; tu en feras donne connoissance à toutes les troupes (Grignon aa, sur cet objet, plus de 50 pièces justificatives.)....

    Lorsque je t’ai demandé précédemment de connoître tous tes mouvemens, même ton inaction & les motifs, je cherchois à te stimuler pour opérer journellement d’une manière fructueuse, & à t’engager à ne pas te contenter des sorties & reconnoissances bornées aux environs des camps ou cantonnemens. Je t’invite donc, mon camarade, & j’attends de ton zèle pour la chose publique, que tous les jours tu prendras des mesures pour trouver & attaquer les brigands ; c’est en les harcelant sans cesse que nous parviendrons à terminer cette guerre, qu’il faut absolument finir dans peu de temps : marche donc tous les jours sur eux ; que chaque jour boye diminuer leur nombre, & apprends(nous enfin chaque jour que tu les as attaqués & et que tu as détruit quelques-uns des scélérats résistans en armes à la volonté nationale.

    VIMEUX.

     

    ______________________________________________________________

     

    Représentans du Peuple, Membres du

    Comité de Salut Public.

     

    Les citoyens Maires, Officiers Municipaux & Notables Citoyens des Districts de Saumur, Villiers (Vihiers plutôt) & Thouars, avoisinant la Vendée,

    Vous exposent que, depuis près de trois ans, ils sont exposés aux fureurs des brigands de la Vendée ; qu’une multitude infinie de bons Républicains ont péri de leurs coups ; que d’autres ont abandonné leurs propriétés pour se soustraire à la mort ; que la majeure partie de leurs maisons ont été incendiées, leurs meubles, bleds, vins & bestiaux volés ;

    Que pendant le temps que le Général Grignon commandoit dans leurs contrées, ils ont été protégés ; que maintes fois il est venu à leur défense, principalement à Brissac, Doné (Doué), Vesins, Neuil (Nueil) près Passavant, Thouars, Noirlieu, Argenton-le-Peuple, la Fougereuse (31) & et les environs, ou il s’est battu & a repoussé l’ennemi ; que depuis que ce général a été mis en arrestation, les brigands continuent leurs incursions, tuent, volent & brûlent tout ce qu’ils rencontrent ; que ses connoissances locales & la bravoure l’ont fait & le font regretter ; qu’il seroit avantageux au bien public que ce Citoyen, en qui ils ont toute confiance, fut rappelé & renvoyé à sa place, pour contribuer à achever l’affreuse guerre qui a tant causé de deuil à la République & dont la fin paroît se prolonger. Représentans, rendez donc le Général Grignon à nos voeux ; imposez-lui la tâche d’exterminer, dans un court délai, les brigands. Nous connoissons son intrépidité & son courage ; nous ne doutons point que ses progrès ne répondent à notre attente & ne vous donnent toute la satisfaction que puissiez espérer.

    Signé de douze communes. »...

     

    Grignon semble avoir une affection toute particulière pour la Fougereuse dont il est question dans cette dernière lettre. En effet, le 15 octobre 1793, il se vante d’avoir brûlé entièrement le bourg et de n’avoir laissé sans « excepter une seule maison ». Voir ici.

    On pourra douter que les habitants du lieu aient été aussi heureux que cela de ses services...

    « Je soussigné, envoyé par Baudesson, Agent en chef à Argenton-le-Peuple, certifie avoir sorti des magasins que le Général Grignon y avoit établi, une nombreuse quantité de grains sur les places de Bressuire, Thouars, Doué & Saumur ; que ses magasins s’y sont renouvelés sous ses ordres ; que sa colonne y a été presque totalement approvisionnée en vivres & fourrages, provenans du territoire Vendéen ; que de plus, le 3 Pluviôse dernier, il établit un magasin a Bressuire, qui a totalement été évacué sur Thouars & Saumur.

    Saumur, le 27 Frimaire, an troisième,

    Signé, AUBRY. »

    Cette lettre du 27 frimaire de l’an III, soit du 17 décembre 1794 nous rappelle que Grignon avait établi un magasin à Bressuire « le 3 pluviôse dernier », soit le 22 janvier 1794, le jour même où il est donc arrivé dans cette ville, au tout début de sa première « promenade militaire ». Bressuire sera incendié le 14 mars, sur ordre de Turreau. Ce qui explique sans doute l’évacuation des grains vers Thouars et Saumur. On comprend là aussi aisément que les patriotes du cru n’aient pas trop apprécié la mise en cendres de leur ville.

    « Je soussigné, certifie qu’à la connoissance, le Général de Brigade Grignon, a fait passer plusieurs caissons de femmes & enfans qui ont été déposés, tant à Doué qu’à Saumur, dans différentes maisons, telles qu’à l’Hôpital de la Providence de Doué & dans différentes maisons de particuliers qui s’en sont chargés, & que le reste a été envoyé à Saumur ; que de plus, j’ai connoissance que les conducteurs des dites femmes & enfans étoient chargés, par le Général Grignon, d’en avoir le plus de soin possible, ce qui à ma connoissance a également eu lieu.

    Fait à Chinon, le 4 Frimaire, troisière année républicaine, une & indivisible.

    GUILLEMETTE, Commandant.

    (Grignon a sur cet objet encore plus de 100 pièces justificatives.)

    ______________________________________________________________

     

    Je soussigné, Officier de Santé des Prisons & Maisons d’arrêt du Département de Paris, certifie que le Citoyen Louis Grignon, Général Divisionnaire de l’Armée de l’Ouest, détenu en la Maison d’arrêt, dite le Luxembourg, est attaqué d’une douleur de sciatique, depuis l’hiver dernier, douleur survenue à la suite de cinq mois de bivouac dans la Vendée laquelle est si considérable, qu’elle l’empêche de dormir, & même de se retourner dans son lit, seul, & la jambe & la cuisse sont toujours dans un grand engourdissement ; en conséquence, je pense que le Citoyen Grignon a besoin d’un traitement convenable à son état, d’une personne pour le servir auprès de lui, & d’un endroit bien chaud, chose qu’il n’est pas possible de se procurer dans les Maisons d’arrêt.

    Délivré au Luxembourg, ce 5 nivöse, an troisième de la République, une & indivisible.

    SOUPÉ

     

    ______________________________________________________________

    ______________________________________________________________

     

    De l’imprimerie de la Citoyenne HERISSANT,

    rue de la Raison, en la Cité.

     

    L’histoire ne dit pas si les soldats de Grignon, qui n’avaient la plupart du temps ni pain ni soulier, ont eux-aussi souffert de sciatiques durant leurs mois de bivouac...

    RL

    Août 2020

     

     

    FIN

     

     

     

    Note :

    (30) On sait aujourd’hui que les douze colonnes infernales n’étaient que dix. La première, commandée par Prévignaud, n’a pas pu en former de seconde et elle était d’un effectif très faible. Idem pour celle commandée par Moulin, sur les bords de la Loire.

     

    Les justifications du général Grignon (9)....

     

     

     


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    Les justifications du général Grignon (8)...

     

     

    7ème partie ici.

     

    « PIECES JUSTIFICATIVES

    ___________________

    Extrait des dénonciations.

     

    Chapelain.

    Grignon, dit-il, fait lier sa garde. Une voix s’écrie : le Maire aussi, il est suspect. Grignon lui fait arracher son habit pour le fusiller, & tout de suite il lui rend son habit, son porte-feuille & de l’argenterie.

    « On viole les femmes. Trente soldats passent sur une de 70 ans. Un oeil poché & d’autres désagrémens n’en exceptent pas une autre (Quelle monstrueuse invraisemblance !). Grignon dit qu’un patriote n’étoit pas censé habiter ce local. »

    Enfin, il peint Grignon comme un voleur qui ne vouloit rendre l’argent, ni aux femmes, ni aux enfants des morts. (Grignon rapporte des quittances remises par lui faites à des Comités de Surveillance.)

     

    ______________________________________________________________

     

    Quatre particuliers de la Commune du Bon-Père, Commune insurgée (25).

     

    Grignon leur a fait rendre les armes, leur a ordonné de se retirer derrière l’armée, a écrit au Général en chef, n’a rien voulu faire avant d’avoir sa réponse ; ensuite, après avoir prévenu les habitans, & avoir pris toutes les précautions que lui dictoient ses ordres & la prudence, il a incendié en grande partie, a massacré indistinctement des brigands de tout sexe, & a fait périr une grande quantité de subsistances.

    ______________________________________________________________

     

    Chauvin.

    C’est son opinion ; ce sont ses idées que ce dénonciateur acharné propose.

    « Je suis sûr, dit-il, que les atrocités de Grignon, dont il ne précise aucune, ont donné 10,000 hommes aux brigands, & qu’elle sont contraires au but du Comité de Salut Public & de la Convention. (Que Chauvin lise donc les Décrets.)

    Chauvin ne peut s’empêcher de convenir ensuite que Grignon recommanda de ne pas brûler les endroits qui renfermoient des subsistances, tout en affoiblissant les témoignages qui lui rendent cette justice. On massacra, dit-il, à St-Aubin-du-Pin (26), toute la Municipalité décorée de l’écharpe, sous le prétexte ridicule que l’on avoit trouvé, dans le clocher, un drapeau de brigands qui n’étoit cependant qu’un devant d’autel (Ce fait est étranger à Grignon.)... »

    Grignon est bien à l’origine de ce fait, puisque s’il on en croit Savary il écrit ceci le 22 janvier à Turreau depuis Bressuire (27) :

    « J’arrive à l’instant avec ma colonne, après avoir parcouru de droite et de gauche les bois et hameaux d’Argenton à Bressuire. J’ai fait brûler quantité de métairies, surtout le bourg de Saint-Aubin du Plain où j’ai trouvé dans l’église un drapeau noir et blanc. Les hommes et femmes qui s’y sont trouvés, tous ont été passés au fil de la baïonnette.

    La force que j’ai trouvée disponible à Bressuire est de neuf cents hommes, y compris les officiers et sous-officiers.

    J’aurais brûlé davantage de métairies, si je n’avais pas trouvé beaucoup de subistances : il y a du blé en grains et en gerbes en quantité. Demain j’enverrai des détachements dans les environs de Bressuire, pour ramasser tous les blés qui se trouvent aux environs. Les deux colonnes ne partiront que le 23 pour se rendre à leur destination, en brûlant tous les endroits, après en avoir enlevé les subsistances, à moins que tu ne me donnes des ordres contraires.

    Je n’ai point encore reçu de nouvelles des colonnes de droite et de gauche ; j’attends qu’elles soient à la même hauteur que moi ; cela ne m’empêchera pas de brûler tout ce qui avoisine Bressuire. »

    On peut émettre quelques doutes sur les retranscriptions de correspondance faites par Savary et celle-ci tombe à pic pour impliquer Grignon dans le massacre de Saint-Aubin-du-Plain. A noter que le tome troisième de l’ouvrage de Jean-Julien-Michel Savary,  « Guerre des Vendéens et des Chouans contre république française » est publié dans le courant de l’année 1825. Grignon décèdera le 25 décembre de cette même année...

    Portrait de Savary, le célèbre chroniqueur des Guerres de Vendée et de la Chouannerie :

    Les justifications du général Grignon (8)....

     

    Reprenons le cours du mémoire du général incendiaire :

     

     « Enfin, Chauvin s’appuie sur beaucoup de ouï-dires. Il ajoute qu’entre Bressuire & la Flosselière, Grignon brûla beaucoup de subsistances ; ce qui est contradictoire avec l’ordre que donne Grignon de les ménager.

    « C’est dit-il, sur ce fait-là principalement que j’insiste. Ces moyens étoient évidemment contre-révolutionnaires. »

    Ainsi, Chauvin abandonne évidemment tout le reste, toutes les autres impostures, pour s’en tenir au fait vague du brûlement des subsistances.

    ______________________________________________________________________

     

    Une neuvième dénonciation est une déclaration faite au Département de la Vendée, par la commune du Bon-Père, Commune insurgée, comme nous l’avons dit plus haut.

    Elle porte en substance : que Grignon leur a fait rendre les armes ; qu’il leur a dit qu’il ne feroit rien sans un nouvel ordre du Général Turreau ; qu’il les chargea en effet d’une lettre pour ce Général ; qu’ensuite il leur dit de brûler eux mêmes les maisons des aristocrates, & que la Commune seroit épargnée ; mais que le lendemain une Division de la colonne de Grignon est arrivée, & que celui qui commandoit cette division a tout fait incendier.

    Ce n’est donc pas Grignon, mais une division de sa colonne, commandée par un autre Général. C’est même en son absence ; il étoit parti la veille.

    Cette déclaration atteste d’ailleurs la sagesse & les principes d’humanité de Grignon.

    Elle le justifie, bien loin de l’inculper. »

    C’est Lachenay qui passa effectivement au Boupère, mais celui-ci était aux ordres... de Grignon.

    ______________________________________________________________

    « Enfin, pour mettre le comble à l’absurdité & à l’imposture, Agate Rigaudeau, veuve Drillon, va déclarer, devant on ne sait quels individus, qu’elle a entendu dire, par un nommé Bouin (28), brigand du Village des Essarts, que Grignon s’étoit vanté qu’il préféroit faire brûler les patriotes que les insurgés ; que c’étoit un des leurs, & qu’il leur en avoit procuré plus de 25,000.

    Telle est la dernière dénonciation qui couronne toutes celles qui la précèdent. Telle est la masse des faits imputé à Grignon.

    ___________________________________

     

    LETTRES DES REPRESENTANS DU PEUPLE

     

    Tu feras trembler en même-temps tous les brigands auxquels il ne fait pas faire de quartier....nos prisons en regorgent ; .... des prisonniers dans la Vendée.....

    Ne pas épargner les moulins de l’intérieur des communes révoltées, ni les maisons isolées, c’est à quoi il faut s’attacher, par ordre du Comité de Salut Public.....

    Donner la chasse à ce qui reste de rassemblemens & de révoltés, indendier maisons écartées, moulins, &c.

    FRANCASTEL.

     

    ______________________________________________________________

     

    L’ordre général a été donné d’incendier tous les fours & moulins..... faire filer..... puis incendier toutes les maison isolées, les château sur-touy, enfin achever la transformation de ce pays en désert, après avoir soutiré les richesses qu’il renferme.... pas de molesse ni de grace dans un pays qui mérite l’indignation & la vengeance nartionale.....

    Ces vûes sont celles de la Convention nationale.......

    FRANCASTEL.

    ______________________________________________________________

     

    Il faut leur donner la chasse, & toujours, je le répète, sans miséricorde contre ces scélérats, & toujours leur ravir l’espoir de pouvoir subsister dans cet infâme pays, par la destruction des fours & des moulins. Cette mesure est commandée plus impérieusement que jamais......... De la fermeté envers les Corps administratifs qui voudroient contrarier les mesures révolutionnaires dont les Chefs militaires sont chargés.

    FRANCASTEL.

     

    ______________________________________________________________

    Félicite tes troupes, au nom des Représentans du Peuple, de la bravoure de ceux qui se sont bien battus & de la victoire qui en (a) été la suite. Dénonce-nous les bataillons lâches qui ont fuir ; nous donnerons un exemple sur les Chefs........ Tu a fait ton devoir : courage. Sers bien la Patrie ; elle sera reconnoissante envers ceux qui l’auront mérité.

    HENTS, FRANCASTEL.

    ______________________________________________________________

     

    L’ardeur qu’a mise la Division que tu commande a courir au secours de leurs frères, nous a causé bien de la satisfaction.........

    Nos croyons que Charrette n’est plus, & que le rassemblement qu’il avoit formé est avec Stofflet ; en tout cas, nous n’apprenons pas qu’il en existe de plus nombreux que celui que tu as dispersé (Grignon rapporte plus de 18 lettres des Représentans du Peuple.).

    HENTS, FRANCASTEL. »

    ______________________________________________________________

     

    Nous voilà au moment au Grignon publie une lettre de Turreau appuyant sa décision de fusiller les municipaux de Saint-Aubin-du-Plain. C’est une très grosse erreur dans sa défense alors qu’il met en note précédemment à propos de cette tuerie : « Ce fait est étranger à Grignon. »

    « TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, au Général de Brigade Grignon. (Anotation en marge (Ordres du Général en chef, et des autres Généraux.)

    Je conçois ton embarras, mon cher camarade ; mais tu conviendras que lorsque j’ai donné l’ordre général, je n’ai pas pu prévoir toutes les circonstances ; c’est à chaque Officier général ou Chef de colonne à prendre des mesures particulières, suivant l’exigence des cas, & il ne peut pas se tromper lorsqu’il est guidé, comme toi, par son amour pour la République. Les Officiers Municipaux de Saint-Aubin-du-Pin (« du-Plain » en réalité, Lequinio écrivait « Du-Pluz » en rapportant la dénonciation de Chauvin, op. cit. p. 66.) n’ont pas pu ignorer  qu’il y avoit un drapeau noir & blanc dans leur Commune ; c’étoit un signe de rébellion (29) ; ainsi ils sont coupables. Ne te laisse pas tromper par les apparences ; tel a porté les armes contre nous, qui ose maintenant se revêtir des couleurs nationales. C’est d’après les renseignements que tu prendras sur les lieux, que tu peux parvenir à distinguer les brigands d’avec les patriotes ; ceux-ci sont, comme tu sais, bien rares dans le pays que tu parcours.

    TURREAU.

    ______________________________________________________________

     

    TURREAU, Général en chef, au Citoyen Grignon, Général de Brigade.

    Ca va, mon cher camarade, & ça ira de mieux en mieux ; j’en ai pour garant ton patriotisme & ton activité.

    Il est impossible de mieux exécuter les mesures que j’ai proposées, mais je dois te prévenir qu’en avant des colones, les habitans des campagnes cachent leurs effets, leurs meubles & leurs grains ; je t’invite à redoubler de surveillance pour les découvrir & ne pas laisser, à ceux de ces coquins qui pourroient s’échapper entre les colonnes, le moindre moyen de subsister plus long-temps.

    ______________________________________________________________

     

    TURREAU, Général en chef de l’Armée de l’Ouest, au citoyen Grignon, Général de Brigade.

    Les environs du pays où tu te trouve t’offrent un champ pour fouiller, incendier métairies, bois, & purger ce pays des scélérats qui l’habitent. Fais des incursions sur tous les sens ; que quelques marches de nuit te mettent à portée de surprendre quelques rassemblemens partiels.

    Tu sais qu’une partie de ces brigands s’est emparée de Chemillé. Cette perte momentanée est due à la lâcheté des troupés chargées de le défendre. Que cet événement n’influe pas trop sur les opérations ; cependant, tiens-oit sur tes gardes ; je compte attaquer demain, à la pointe du jour, cettre poignée de rébelles qui sont jettés à Vesins, s’ils veulent m’attendre.

    Ce ressemblement à dû passer entre Moulins & Cordellier ; c’est un malheur qu’il faut éviter à l’avenir.

    TURREAU. »

    A suivre ici

    RL

    Août 2020

     

     

     

    Notes :

    (25) Il s’agit bien entendu du Boupère.

    (26) Il s’agit encore une fois de Saint-Aubin-du-Plain.

    (27) Savary, op. cit. Tome III, p. 60. Lettre du 22 janvier. p.63.

    (28) L’ouvrage de Lequinio mentionne « Tullier Bonnin ». On ne sait effectivement pas de quel administration ce document émane sauf qu’il est signé : « Denfer, président ; Jh. Gaspard, Lambert, Rondard, Barbotin, Guery, aîné ; Delangle, Jousserant. »

    (29) Grignon avait précédemment cité la question des doubles pavillons dans certaines communes : « Plusieurs Communes, en grand nombre, avoient deux signes de reconnoissance : l’un national, aux trois couleurs, qu’ils arboroient quand ils apercevoient les Troupes nationales ; l’autre noir & blanc qu’ils montroient quand ils voyoient approcher un parti des leurs. »  A ma connaissance, personne d’autre que Grignon n’a jamais cité cette particularité et aucun mémorialiste vendéen ne parle de quelconques drapeaux noir et blancs dans les paroisses. 

     

     

     

     


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    Les justifications du général Grignon (7)...

     

     

    6ème partie ici.

     

    « Nous avons dit ce qui les motivoit ; nous ne prétendons pas les justifier sous les rapports du sentiment.

    Dira-t-on que plutôt que les exécuter, Grignon devoit préférer de quitter son emploi ?

    Ah ! que n’a-t-on accepté sa démission ! Combien de fois il l’a offerte ! Qui ne sait cependant qu’alors c’étoit se rendre suspect, c’étoit se condamner (à) être enfermé jusqu’à la paix ? Combien de fois il a regretté sa charrue & de se voir l’instrument forcé des vengeances nationales ! Si Grignon pouvoit être répréhensible pour avoir déféré à des ordres de cette espèce & aux décrets qui les nécessitoient, il faudroit donc punir également & envelopper dans la même proscription, non-seulement les Représentans qui les ont donnés, mais les Généraux en chef de qui ils émanent ; non-seulement Grignon qui les a reçus & qui les a transmis, mais graduellement tous ceux qui les ont exécutés, Officiers de tous les grades, Soldats de toutes les Compagnies, de tous les Bataillons, de l’Armée entière. Qui pourroit se dire innocent ? Qui pourroit être à l’abri d’un reproche ? Et si l’on vouloit ainsi raisonner de conséquences en conséquences & et remonter jusqu’à la source, il faudroit donc inculper aussi le Législateur, puisque par les décrtes qu’il a cru devoir rendre dans sa sagesse, il est le principe des exécutions dont on se plaint. Mais, qui peut faire le procès au Législateur, & révoquer en doute la pureté de ses intentions ?... »

    Ces décrets sont l’œuvre de Bertrand Barrère de Vieuzac comme on le sait.

    « Nous défions de prouver que Grignon a fait autre chose qu’exécuter les Décrets & les ordres qu’il a reçus des différens Généraux auxquels il étoit subordonné.

    On accuse vaguement Grignon d’avoir brûlé des subsistances.

    Il prouve au contraire qu’il a extrait de la Vendée une quantité immense de grains & fourages ; que pendant quatre mois, Saumur, Doué, Passavant ; Argenton-le-Peuple, Bressuire & Thouars, ont été alimentées, ainsi que sa colonne, avec les subsistances qu’il a arrachées des mains des brigands.

    Bien loin que Grignon puisse être inculpé, toute sa conduite, offre au contraire, la matière d’un juste éloge.

    Camarades de Grignon, Camarades de tous les rangs, qui avez concouru avec lui à la destruction des brigands, parlez. Que la vérité se fasse entendre par votre bouche. Quelle a été la conduite de Grignon ? Dites s’il ne vous a pas toujours mené dans le chemin de l’honneur & et du devoir.

    En attendant que vos voix puissent se faire entendre, d’autre suffrages vont le venger.

    A des dénonciations fantastiques de quelques Communes insirgées, où Grignon n’a fait que passer & où il ne s’est montré, pour ainsi dire, qu’un moment, nous opposons un faisceau irrésistible, les témoignages les plus victorieux.

    Une foule de pièces que nous produisons prouve que des Communes, des Districts, des Administrations, des Généraux, des Régimens entiers de Gardes nationaux, sept ou huit bataillons, & des bataillons de héros, des Etats-majors, des Commandans de place, des Villes entières, des Représentans que nous aurions dû placer les premiers, des Sociétés populaires, la masse enfin la plus imposante & la plus fastueuse des Autorités constituées de tous les lieux où Grignon a séjourné long-temps, tous s’accordent à rendre la plus haute justice à Grignon sur sa conduite générale & particulière, sur ses moeurx, sur sa discipline, sur le respect qu’il savoit inspirer à ses troupes pour les personnes & pour les propriétés, sur son application enfin à remplir tous ses devoirs.

    La Société populaire & révolutionnaire de Saumur, chargée par le Comité de Salut public de prendre des renseignements sur la guerre de la Vendée, consult différens Cantons qui s’expriment ainsi : « si Grignon eu été conservé, Passavant & beaucoup d’autres endroits voisins ne seroient pas brûlés ; c’est le seul à qui nous devons la justice, que toutes les fois que l’ennemi s’est porté dans nos Communes, il est venu à notre secours, ou a envoyé des forces ». Cette adresse, envoyée à Grignon dans sa prison, ainsi que la plupart des suffrages qu’il rapporte, est revêtue de quarante-deux signatures de Maires, Officiers Municipaux & Notables habitans de douze Communes.

    Une autre Commune atteste ainsi sa bravoure :

    « Lors de la déroute de Brissac, passant pas notre Commune, poursuivis des brigands de la Vendée, un seul Hussart avec lui, le Hussart lui dit : « mon général, nous sommes perdus ! Le Général lui dit : mon ami, plutôt mourir que tomber en leur pouvoir ! voilà la conduite du Général, passant pas notre Commune. »

    Douze Communes circonvoisines, après avoir exalté ses vertus civiles & guerrières, & attesté ses faits d’armes, s’expriment ainsi : « il eut été à désirer, pour la conservation du pays & pour la destruction entière des brigands, qu’il eut continué ses fonction, à cause de ses connoissances locales ».

    « Grignon, dit le vingt-deuxième Régiment d’infanterie légère, est un bon républicain, un militaire vigilant & courageux ; son attention à prévenir tous les besoins du soldat mérite les plus grands éloges. Il a veillé, avec la plus grande exactitude, à la conservation des propriétés des patriotes reconnus, Enfin, sa conduite militaire & révolutionnaire le rend digne de la bienveillance nationale, autant que sa suspension lui a attiré de toute sa division des regrets justement mérités. »

    Grignon rapporte douze certificats de civisme qui lui ont été envoyés par douze différentes Communes.

    De combien de suffrages ne peut-il pas encore s’environner !

    Ajoutons quelques traits à ce tableau.

    L’ordre vient d’évacuer la Vendée. Le parti qui vouloit éterniser cette guerre fatale pour la France en impose au Gouvernement, & annonce qu’elle est finie. Grignon dont on s’avisoit point de se plaindre alors, est nommé Général Divisionnaire à l’armée des Pyrénées orientales.

    Peut-être même ne vouloit-on l’éloigner que parce qu’il avoit trop bien fait son devoir.

    Il obéit, bien qu’à regret ; déjà ses équipages l’ont devancé à Bayonne.

    Tout-à-coup les rébelles se montrent avec des forces formidables (23). Alors toutes les Communes environnantes, les grandes villes, Saumur sur-tout, redemandent Grignon à grands cris : le Représentant Bourbote est obligé de céder au voeu général. Grignon est obligé de céder par ordre du Représentant Bourbote.

    On lui laisse la plus mauvaise colonne. Il l’organise, la forme, se tient sur la défensive & empêche l’ennemi de prendre Thouarss, Doué & d’autres places qui étoient toujours menacées, & dont on lui doit ainsi la conservation.

    Il est même un fait précieux à recueillir.

    Lorsqu’il fut fait Général Divisionnaire à l’armée des Pyrénées orientales, il a repoussé les brigands à Nueil sous Passavant, bien qu’il ne fut plus général de l’armée de l’Ouest ; mais son bras étoit utile à la Patrie & elle avoit besoin de son secours : il ne prétend pas s’en prévaloir ; il ne parleroit pas de ce qu’il a fait, s’il n’étoit indignement calomnié, mais son patriotisme seul a pu lui faire accepter, dans cette occasion, le commandement.

    Nous voudrions pouvoir placer ici un dernier titre bien glorieux pour Grignon ; c’est une adresse énergique, présentée tout récemment au Comité de Salut public, par plusieurs Districts voisins de la Vendée. Ces Districts le redemandent pour l’opposer aux brigands qui les désolent. Depuis, en effet, que Grignon est mort pour eux, ces brigands ont redoublé d’audace ; ils viennent insulter & égorger impunément les patriotes..... (Ah ! ah ! disent-ils, vous n’avez plus votre Grignon : il en peut plus vous garantir.) Tous les Cantons se réunissent en conséquence pour réclamer leur seul appui dans leur détresse. Rendez-nous le, disent-ils, Représentans, imposez-lui la tâche d’exterminer, dans un court délai, les brigands ; nous connoissons son intrépidité & son courage.... (Voyez pièces justificatives.)

    Où sont donc maintenant ces actes sanguinaires, ces cruautés sans nombre exercées par Grignon, qui ont dû le rendre l’horreur & le fléau de la contrée, & contre lesquels a tant déclamé Lequinio ? Impostures, odieuses chimères ! ces fantômes ont disparu ; Grignon ne reste plus environné que de l’amour, que de l’estome, de la reconnoissance, de tous les sentimens qui peuvent consoler la vertu des outrages de la calomnie & des effets funestes de la persécution.

    Au reste, Lequinio n’a pas toujours pensé que le parti de la douceur fut préférable. Combien il s’en écarté ! A Fontenay, il a donné ordre qu’on fusillât sans jugement, sans forme de procès, 500 brigands qui étoient dans les prisons. Lui-même en a été tuer un de sa main (Quel héroïsme !) il en fait gloire... »

    A lire sur ces crimes de Lequinio, l’excellent ouvrage d’Alain Gérard, « Les Archives de l’Extermination », CVRH, 2013. p. 117 à 132 (24).

    « Il a fait plus ; il a assuré que jamais la guerre de la Vendée ne finiroit sans ces mesures extrêmes ; quelles étoient indispensables. Il a été plus loin encore : dans sa mission, il a écrit par-tout qu’il ne falloit plus faire de prisonniers, il a fait des vœux pour qu’on adoptât les mêmes mesures dans toutes les armée. Il a ajouté qu’un pareil Décret seroit le salut de la France (Voyez sa lettre à la Convention, du 14 Frimaire, datée de Rochefot, séance du premier Nivôse....).

    O douleur !.... Le plus beau pays de la France n’auroit donc pus couvert que des ossements humains !

    Ajourd’hui Lequinio paroît changer d’opinion ; on ne peut, selon lui, finir la guerre de la Vendée que par des moyens doux, amiables ; il blâme aujourd’hui ce qu’il approuvoit tant autrefois. Il se montre humain, généreux ; il réprouve les anciennes mesures qu’il exagère encore. Lui qui n’a jamais paru, ni à l’armée de l’Ouest, ni dans les armées de la Vendée, qui ne peut être que mal informé, il affirme, comme s’il eu été présent ; il se permet de diffamer le Général Grignon, dont tout le crime est de s’être conformé aux Décrets & aux ordres dont il étoit responsable sur sa tête ; il le diffame avec une légèreté sans exemple. Peut-n s’accuser plus fortement & plus indiscrètement soi-même ? Lequinio ne seroit-il donc qu’un homme de circonstances, ou tout au moins un homme à systèmes, qui se monte à la hauteur des événemens, à qui le sang ne coûte rien sous un régime de sans ; qui prévenoit même les mesures sanguinaires ; doux & humain quand enfin la voix de la tendre humanité s’est fait entendre & que le règne de la douceur a prévalu ? Nous laisson résoudre ce problème par ceux qui connoissent plus particulièrement Lequinio ! Quant à nous, nous aimons à croire que le dernier parti est le parti de son cœur, et qu’il n’a adopté l’autre que dans des momens de vertige & d’erreur dont on a peine quelquefois à se rendre compte à soi-même, & dont les suites sont maintenant pour lui bien amères. Quoi qu’il en soit, plus son autorité est considérable, plus il devoir être circonspect & prudent dans ses inculpations.

    Opposons maintenant Représentant à Représentant, Lequinio à Lecointre de Versailles, Nous sommes bien trompés si ce dernier suffrage ne balancera pas au moins le premier...»

    Quelques notes sur Lecointre Puyraveau ici.

    « Lecointre rapporte plusieurs lettres qui lui ont été écrites de la Vendée ; l’une datée de Rochefort, du 25 Ventôse, est du citoyen Louvet, Capitaine du premier bataillon de Seine & Oise, qui fait d’ailleurs le tableau des horreurs qui se commettoient dans la Vendée.

    Lecointre parles ainsi :

    « Il me fit part de l’affaire du 14 & attribue l’échec que nos troupes ont reçu, 1°. à l’impéritie & à la timidité du Commandant, dont il ne dit pas le nom ; 2°. à ce que le plus grand nombre des cartouches n’étoit pas de calibre.... »

    Lecointre ajoute :

    « Il parle avec éloge de la bravoure & de la bonne conduite du Général Grignon qui empêcha la défaite totale de ce corps avancé au-devant duquel il vint ; ce qui n’empêcha point d’évavuer Cholet » (Voyez les crimes de sept Membres des anciens Comités de Salut public & de Sûreté générale, p. 165, au bas de la Note.)... »

    On peut supposer qu’il s’agit de la défaite cuisante subie par Grignon et Lachenay le 2 février 1794 à Chauché contre les troupes de Sapinaud et de Charette réunies.

    « Il faut rendre compte d’un fait que Louvet ne rapporte point dans la lettre citée par Lecointre.

    Grignon étoit à cheval ; les soldats ne vouloient pas le suivre ; il descend, il prend le fusil d’un fantassin, se met en tirailleur pour les déterminer ; quelques-uns le suivent en effet. Grignon s’abandonne à son courage, mais malheureusement il ne peut résister seul. Désespéré de n’être pas secondé, il remonte à cheval & veut se brûler la cervelle. Contant, son Aide-de-camp, & l’Officier de santé du quatre-vingt-septième régiment lui arrachent ses pistolets, & ne les lui rendent que le lendemain.

    Combien nous pourrions citer de traits qui le caractérisent !

    Grignon sait que le soldat chargé de butin ne cherche qu’à se sauver & ne se bat pas ; jamais il n’a pillé, ni souffert qu’on pillât. Sur les hauteurs de Cholet, instruit que sa troupe a violé sa défense, il fait faire la visite des sacs, fait tout mettre en monceau, fait tout brûler ; il n’en étoit pas moins chéri du soldat.

    A la tête de sa colonne, il rendoit les chefs responsables de tous les délits.

    A Vesins, en fouillant les bois, on trouve beaucoup de femmes & d’enfans ; Grignon les fait tous conduire à Doué. Il ordonne qu’on porte un enfant à une femme, & l’adopte : il engage tous les habitans à suivre son exemple ; il en fait prendre par tous ses amis & par toutes ses connoissances...»

    S’agit-il des actions se concluant par le massacre de la forêt de Vezins ? Que sont devenus ces enfants adoptés ?

    Aux environs de Thouars, on venoit de battre les brigands qui disoient la messe. (ils ne combattaient donc pas !) Un petit garçon  de neuf ans gardoit les troupeaux dans la campagne ; le neveu de Grignon, Dumoulin, âgé de seize ans, l’enlève, le met en croupe, le porte à son oncle qui l’adopte encore...»

    De quel droit enlever cet enfant et de quel camp était-il ?

    « Brave jeune homme, ton âge & ton nom ne seront point ignorés, & ton action atteste suffisamment les principes de ton oncle & des tiens.

    Grignon tient lieu de père à ces deux enfans d’adoption.

    Un homme qui, jusque dans la mêlée, jusque dans l’ardeur des combats, conserve un cœur humain, sensible, qui, dans ces momens terribles où les plus grands hommes se sont oubliés quelquefois, porte des entrailles de père, éprouve les plus doux sentimes de la nature, les plus douces émotions ; qui peut se dire : « Ces enfans ne sont point coupables, ce sont d’innocentes créatures ; » qui les protège, qui les met dans son sein, qui ne les recueille que pour les associer à la tendresse paternelle & les confondre avec sa famille, un tel homme ne peut être accusé en même temps d’avoir massacré des enfans, ni d’en avoir fait massacrer... »

     Si Grignon n’a pas tué d’enfants lui-même, il est indéniable que les hommes de sa colonne l’ont fait. Histoire de changer un peu des massacres souvent cités pour la Vendée départementale et l’Anjou voici une liste non exhaustive des enfants tués à Nueil et aux Aubiers dans le nord des Deux-Sèvres le 14 mars 1794, par la colonne de Grignon :

    1. Jean Michaud, 4 ans.

    2. Marie-Anne Michaud, 3 ans.

    3. Pierre Papin, 10 ans.

    4. Perrine Turpeau, 7 ans.

    5. Marie Turpeau, 9 ans.

    6. Marie Bouju, 9 ans.

    7. Pierre Lhomedé, 4 ans.

    8. Marie Lhomedé, 2 ans.

    9. Marie-Anne Rivière, 5 ans.

    Bien entendu, cette liste n’est qu’un échantillonnage des actes commis par les soldats de Grignon, avec son assentiment, mais aussi la preuve irréfutable de son obéissance aux décrets et au plan de campagne qui font sa défense.

    « Cette double idée répugne, est contradictoire ; l’une résiste à l’autre. Le même homme ne peut allier en soi deux contraires, deux sentimens opposés, incompatibles & qui s’excluent l’un l’autre. On n’est point à la fois tendre & cruel, humain & barbare ; on ne peut être accusé d’avoir abjuré tous sentimens naturels, au moment même où l’on en éprouvoit les plus délicieuses impressions.

    Voilà l’homme qu’on calomnie ; voilà son coeur, ses sentimens, ses maximes ; voilà sa conduite. Qu’on le juge.

    Ah ! sans doute, il a été commis des horreurs dans la Vendée : des monstres se sont baignés dans le sang sans distinction d’âge & de sexe, du patriote ou du rébelle, de l’innocent ou du coupable. Monstres nouveaux, ils se sont souillés d’atrocités nouvelles & sans nombre ; pillages, massacres, incendies, cruautés de toute espèce, ils ont tout osé ; ils se sont abandonnés à tous les excès, à tous les crimes. L’histoire des Peuples ne fournit rien de pareil. L’histoire des tigres ne sauroit être ni plus affreuse, ni plus féconde. Farouche Carrier, ton nom dévoué à l’horreur & à l’infamie avec ceux de tes dignes exécuteurs, ne passera de siècle en siècle que pour attester tes forfaits & tes fureurs, & en perpétuer le souvenir.... Repoussons, s’il se peut, ces idées funestes. Le cœur se brise. O honte éternelle ! O rage impie & exécrable ! hommes tigres, toutes les furies s’étoient donc établies dans votre sein ! ...

    Grâces à Dieu ! nous ne sommes point chargés d’écrire l’histoire de ces scènes dégoûtantes, de ces temps déplorables ; la tâche que nous avions à remplir est plus douce. Grignon n’a point partagé cette frénésie, ces funestes accès ; il n’a point eu de part à toutes ces horreurs, & si son nom figure à côté des noms coupables, ce ne sera que pour adoucir le tableau & pour consoler du moins l’humanité par le contraste.

    Cependant, pour prix de ses services & de ses vertus, Grignon est, depuis près de six mois, dans les fers. Il avoit trois charues. Sa terre qui n’est qu’à une lieue de l’ennemi est dévastée. Sa ruine devient tous les jours plus certaine. Sa santé n’est pas meilleure que sa fortune ; paralysé de la moitié du corps, pour avoir bivouaqué pendant cinq mois dans la Vendée, traînant à peine un reste d’existence, ne pouvant se retourner seul dans son lit, cloué sur ce lit de douleur, privé des secours qui lui sont indispensables, tourmenté sur le sort de sa femme & de ses enfants, sa misère est au comble au physique & au moral.

    Encore, s’il en revenoit quelque profit à la République ! mais ce n’est qu’en combattant que Grignon peut lui être utile, & plût à Dieu qu’il vit couler tout son sang pour elle !

    GRIGNON. »

     

    Les justifications du général Grignon (7)....

     

    A suivre ici.

    RL

    Août 2020

     

    Notes :

    (23) Quelle exagération !

    (24) A mon sens le seul ouvrage récent, sérieux et pertinent au sujet des massacres commis en Vendée.

     


    2 commentaires
  •  

    Les justifications du général Grignon (6)...

     

     

     

    5ème partie ici.

     

    « Mais, parcourons rapidement les dénonciations consignées dans l’ouvrage de Lequinio ; voyons si, comme Lequinio se plaît à l’annoncer, il ne sera sûrement pas besoin d’autres pièces, & si en effet le Tribunal Révolutionnaire y trouvera surabondamment de quoi asseoir un jugement terrible, mais juste.

    Est-il permis d’anticiper ainsi les oracles de la Justice & et de dévouer d’avance des victimes ?

    La première dénonciaton est signée Chapelain, & faite à Rochefort.

    C’est précisément de ce lieu que Lequinio écrivoit à la Convention, qu’il s’étoit porté lui-même à des violences bien moins pardonnables que celles qu’il reproche aujourd’hui avec tant d’amertume & qu’il savoit si bien justifier alors, comme nous l’expliquerons bientôt.

    Quel est ce premier dénonciateur ?

    Il cumuloit à la fois quatre places sur sa tête, ainsi qu’il en convient lui même ; il étoit Capitaine de la Garde nationale, Président de la Commission municipale de quatre Communes (19), Président du Comité de surveillance & commissaire pacificateur du District.

    Il étoit de plus autorisé, disoit-il, à créer une Garde nationale.

    Quel monstrueux assemblage !

    Chapelain ne débit que des mensonges (Voyez à la fin, pièces justificatives, extrait des dénonciations.).

    Ce qu’il y a de vrai, c’est que l’avant-garde de Grignon l’a trouvé en habit national avec un fusil, & le lui a amené comme suspect ; il avoit en effet chez plus vingt voitures & pour plus de deux cents mille livres d’effets précieux qu’il retenoit sous la garde d’une prostituée, avec laquelle il vivoit publiquement.

    Grignon lui demande d’où viennent tous ces effets ; il répond : de différens châteaux, notamment de celui de Lescure.

    Pourquoi il ne les a pas fait conduire au District ou ailleurs. J’ai, dit-il, des pouvoirs qui me dispensent de vous rendre aucun compte. Quel est tout ce monde que vous avez avec vous ? Nous nous sommes rendus. Il en désigne sept des plus coupables. Il offre de servir de guide ; Grignon accepte...

    Arrêtons-nous un instant sur le récit de Grignon : c’est la deuxième fois qu’il attribue à des ennemis imaginaires ou réels, la possession de centaines de milliers de livres. On peut se poser la question d’une certaine fascination pour l’argent. Quant aux effets qui viennent du château de Lescure, c’est proprement ridicule. Clisson en Boismé fut incendié le 2 juillet 1793 et ses 98 kg d’argenterie pillés et envoyés à la Conventions (voir ici). Boismé est à 40 km de La Flocellière où Grignon rejoint Chapelain ! Et quand bien même s’agirait-il du château de Puyguyon en Cerizay, distant de 17 km, celui-ci fut incendié une première fois le 7 octobre 1793, une seconde fois le 25 janvier 1794 par Grignon lui-même ! Il reste encore l’option de la Boulaie de Treize-Vents, où Lescure séjourna à plusieurs reprises, mais Chapelain devait parfaitement savoir que ce château appartenait à M. Sonnet d’Auzon et non au général vendéen.

    Poursuivons :

    « Ils traversent différens villages ; Charrete les avoit traversés huit à dix jours auparavant avec six mille hommes ; il n’avoit laissé que ceux qui devoient servir pour les vivres & pour les voitures, & qui n’avoient pas voulu se retirer sur les derrières ; il ne restoit donc que des brigands (20).

    Ainsi, c’est évidemment le chef d’une commune insurgée qui se plaint, ce chef que Grignon a à se reprocher d’avoir trop ménagé peut-être, qu’il auroit dû faire fusiller ; & si Grignon est coupable, c’est plutôt d’un excès d’indulgence que de sévérité. 

    Quelle fois peut-on ajouter à la seconde dénonciation de quatre particuliers, qui se disent Officiers Municipaux de la Commune du Bon-Père, commune également insurgée ? Quelle confiance dans des rébelles qui ne se plaignent que parce que leurs propriétés ont été ravagées ?

    Mais, s’écrient-ils pour en imposer davantage, on a incendié les métairies & les servitudes qui étoient auprès des châteaux, & les châteaux on subsisté ! quel phénomène !

    Sans doute les châteaux ont subsisté, mais c’est par une raison purement physique ; c’est parce qu’ils étoient de pierres & qu’ils ont mieux résisté à l’action du feu.

    La dénonciation du nommé Chauvin est le comble du délire. Comment ce vil dénonciateur ose-t-il se mettre sur les ranges ? Comment ne craint-il pas pour lui-même ? Il suffit, pour le couvrir du mépris qu’il mérite, de tracer en deux mots son histoire.

    Chauvin, fils d’un secrétaire du tyran, de l’un de ces petits ambitieux, de ces sots ennoblis pour leur argent, qui vouloient singer ce qu’on appeloir les nobles de race, & et qui étoient, pour la plupart, mille fois plus insolens & d’une morgue plus insultante que la plupart des ces derniers ; Chauvin, dont les père & mère, agens des ducs de Châtillon, étoient en arrestation, dont la tante, dénoncée par le maire de sa commune pour avoir envoyé deux domestiques parmi les brigands, avoit été enlevée pour aristocratie notoire, Chauvin enfin possédoit des domaines considérables dans l’intérieur de la Vendée. Royaliste sans pudeur, à ce que Grignon a appris depuis, il étoit lié avec tous les chefs des insurgés, Lescure, Laroche Jacquelin, de qui il espéroit par-là le respect de ses propriétés. Il voyait tout ce qu’il avoit de rébelles : Président d’ailleurs du Comité de surveillance de Bressuire, Commune insurgée & incendiée comme telle (21). Chauvin vouloit cependant trancher du patriote. Il étoit dans l’âge de la réquisition. Pour s’y soustraire, il propose à Grignon de le prendre pour secrétaire : il revient plusieurs fois à la charge ; Grignon s’obstine à refuser. Les instances redoublent au moment où Grignon entre dans cette partie du territoire ; il brûle ce qu’il peut du château de Chauvin, parce qu’il étoit le repaire des brigands ; il brûle ses métairies, parce qu’elles se trouvoient en pays insurgé.

    Quelques notes sur Chauvin et son château :

    Jean-Auguste Chauvin, né le 13 décembre 1769 à Argenton-Château et décédé le 18 février 1834 à Saint-Martin-de-Sanzay, sera, après avoir été capitaine de cavalerie, président du Comité de surveillance de Bressuire durant les Guerres de Vendée, puis administrateur du département des Deux-Sèvres et enfin, député de 1813 à 1816. LIEN NANOU. Son logis du Bois-Savary, situé à Noirterre, est évidemment bien placé pour que Chauvin soit au courant de ce qui s’est passé aux alentours, notamment le massacre de la municipalité de Saint-Aubin-du-Plain et « dans l’extrémité de la paroisse de Chambroutet », ainsi qu’il le raconte dans sa dénonciation (22). Le cadastre de 1811 ne nous indique pas de ruines au Bois-Savary. En revanche le château du Grand-Cruhé, situé deux 2,5 km au Sud-Ouest, lui semble avoir connu le passage de Grignon.

    AD79, 3 P 206/5 :

    Les justifications du général Grignon (6)....

    Les justifications du général Grignon (6)....

    Chauvin, furieux d’avoir perdu ses prières & la presque totalité de sa fortune, a ourdi, dans le fiel, cette dénonciation absurde, ridicule & perfide ; d’autant plus aveugle dans sa rage, qu’il a connu Grignon de plus près, & qu’il est plus à portée qu’un autre de rendre justice à son courage, à son intégrité & à toutes ses vertus morales & guerrières.

    Ajourd’hui même encore, Chauvin qui sent où ses principes notoires, où ses intelligences coupables peuvent le conduire & qui veut détourner le glaive qui le menace, cherche à soulever les Cantons pour susciter des dénonciations de toutes parts ; mais, qu’il tremble ! il pourroit se trouver victime de ses propres fureurs, & bien loin que Grignon puisse en rien redouter, c’est un honneur pour lui d’être inculpé par un tel homme ; c’est sa plus belle justification.

    Parlerons-nous des inculpations d’Enard, qui d’ailleurs ne reproche à Grignon que ses opérations militaires ; d’Enard, prétendu Commandant de la place de Poussanges (Pouzauges), dont la troupe étoit tous les jours ivre, & qui lui donnoit continuellement l’exemple de l’intempérance ? Un jour Grignon apprend que la troupe d’Enard est en insurrection. Un de ses soldats avait battu un membre de la Commune ; Enard le met en prison ; sa troupe le réclame & le force à l’élargir.

    Une autre fois Enard fait égorger de vrais patriotes par les brigands.

    Ailleurs, il se laisse surprendre par cent cinquante brigands des environs, mal armés. Il est presque pris au lit ; il se sauve où il peut avec sa troupe, sans tirer un coup de fusil, sans avoir mis sa troupe sous les armes. Tel est l’homme qui ose dénoncer Grignon, & qui auroit mérité de passer lui-même par une commission militaire.

    Que dire de la dénonciation du nommé Guédon, qui ne contient que des faits vagues, & dont l’auteur n’a d’autre but que de se venger de Grignon qui l’a fait désarmer, ainsi que sa garde ?

    De celle de trois particuliers de Fontenay-le-Peuple qui parlent aussi vaguement d’exécutions faites à la Meilleraie, par la colonne de Grignon, sans les attribuer personnellement à Grignon ? De la septième qui est d’une absurdité ridicule ? De la huitième qui justifie Grignon en même-temps qu’elle l’accuse ? De la neuvième qui le justifie encore & qui atteste sa sagesse & ses principes d’humanité ? Enfin, de celle de la femme Rigaudeau qui dit qu’elle a entendu dire, par un brigand, que Grignon étoit des leurs ? Répondre sérieusement à de pareilles dénonciations (voyez à la fin.), c’est leur donner un aire d’importance qu’elles ne peuvent avoir ; c’est vouloir réaliser des chimères, c’est se dégrader soi-même & se supposer coupable, quand n’a fait que son devoir. De tous les Généraux qui ont commandé l’armée de l’Ouest, quel est celui qui se peut dire à l’abri de pareilles inculpations, si l’on écoute tous les habitans qui ont souffert quelques dommages par la nécessité d’exécuter les ordres & les Décrets ?

    Et, comme si ces effets naturels du ressentiment & la vengeance dans des âmes rébelles ne suffisoient pas au patriotisme ardent de Lequinio, il termine ces diatribes par des déclamations qui lui sont propres contre les Généraux : à l’en croire, ce sont des créatures du dernier tyran ; tous sont confondus dans cette imputation odieuse.

    Il est permis, sans doute, de dire tout ce qu’on sait pour l’intérêt de la Patrie ; on le doit. Garder le silence seroit se rendre complice ; mais, on ne doit pas disposer légèrement des réputations, & il est permis aussi à celui qui est inculpé de s’indigner par le sentiment de son innoncence & de se prénétrer de la conscience de sa vertu. Grignon, créature du dernier tyran ! Sur quoi donc est fondée une imputation aussi noire ? Lui qui n’a jamais cédé qu’au voeu unanime de ses concitoyens ! Qui n’a jamais recherché de places ! Qui n’a été appelé que par leurs suffrages ! Créature du dernier tyran ! Lui qui ne s’est distingué que par son amour par amour pour son pays ! Qui en a combattu les ennemis avec tant de courage & de succès ! Il est aisé d’entasser des calomnies & d’accumuler des crimes imaginaires. Nous verrons quels témoins se présenteront, ce qu’ils déposeront, s’ils oseront préciser quelques faits. En attendant, Grignon va se défendre avec des armes suffisantes, & il saura confondre d’avance ses détracteurs.

    Grignon tire ses premiers moyens de justification des Décrets que nous avons énoncés.

    On se rappele le Décret du premier août 1793, qui ordonne une combustion générale : celui du premier Octobre, qui ne donne que vingt jours pour fini la guerre, & la Proclamation qui attend, avant la fin du mois, pour la reconnoissance nationale, tous ceux qui auront concouru pour la terminer ; celui de la fin du même mois, qui annonce l’intention bien prononcée, de la part du Gouvernement, d’exterminer tous les rébelles & de ne leur faire aucun quartier.

    Grignon devoit obéir strictement & littéralement à tous ces Décrets.

    Grignon tire ses seconds moyens de justification du brevet même de son grade. Par son grade, il devoit exécuter les ordres du Général en chef & des autres Généraux auxquels il étoit subordonné : son brevet lui permet de faire encore tout ce qu’il jugera convenable.

    Grignon rapporte non-seulement les ordres du Général en chef & des Généraux de Division, mais les ordres mêmes des Représentans du Peuple (Voyez à la fin, ordres des Représentans du Peuple & des Généraux.).

    Grignon faisoit des prisonniers.

    « Des prisonniers dans la Vendée, lui écrivoit le Représentant près l’armée de l’Ouest ! Point de quartier ; tu fais trop de prisonniers ; nos prisons en regorgent..... »

    Grignon reçoit l’ordre de les fusiller ; on les fusille donc.

    Bientôt on se lasse des les fusiller ; on propose des passer au fil de la baïonnete.

    « Les soldats s’y refusent, écrit Grignon. »

    « Les brigands, répond le Général en chef, ne valent pas la poudre que leur mort pourroit nous coûter ; mais enfin, si la fusillade paroît plus sûre & plus expéditive, je m’en raporte à ta prudence ; j’approuve d’avance ce que tu pourras faire à cet égard. »

    Il seroit trop long de rapporter ici en détail tous les ordres donnés à Grignon, tant de la part des Représentans du Peuple que de la part des Généraux & auxquels il ne pouvoit refuser d’obéir, sans être rébelle lui-même & sans violer la discipline dont le maintien assuroit l’exécution des mesures prises par la Convention nationale. Nous nous contenterons d’indiquer des résultats : toutes ces pièces prouvent que si Grignon a fait périr des rébelles, s’il a fait incendier, ces mesures lui étoient indiquées & commandées impérieusement ; toutes les pièces qu’il rapporte d’ailleurs, prouvent qu’il a fait violence à son caractère ; que ces mesures coûtoient cher à son coeur, & que bien loin de s’être comporté en barbare, il se montroit au contraire doux, humain, sensible ; que bien loin d’avoir outré les ordres, il a toujours été en-deça ; qu’il n’a jamais voulu rien prendre sur lui ; qu’il en a toujours référé au Général en chef, bien que son grade lui donnât le droit de ne consulter personne, & que le Général en chef lui-même lui ordonnât de se conduire suivant les circonstances.

    Dira-t-on que ces ordres étoient excessivement cruels ?

    Nous répondrons qu’il n’appartenoit point à Grignon de les discuter ; qu’il ne devoit que les suivre ; & si nous avions à les examiner en politique, peut-être dirions-nous que ces ordres étoient du droit de la guerre, droit affreux en lui-même : que ce n’étoit d’ailleurs qu’un droit de représailles... »

    A suivre ici

    RL

    Juillet 2020

     

    Notes :

    (19) Chapelain était maire de La Flocellière, Saint-Michel-Mont-Mercure et Châteaumur. Sa biographie est ici.

    (20) Quel belle justification !

    (21) Bressuire devait être préservée lors de la première sortie des colonnes infernales fin janvier 1794 puis sera incendiée par Grignon le 14 mars suivant.

    (22) Lequinio, op. cit., p. 65 à 68.

     

     


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    Les justifications du général Grignon (5)...

     

     

    4ème partie ici.

     

    « Déjà Saumur, Angers étoient tombés au pouvoir des rébelles : ces succès en faisaient craindre de bien plus effayans.

    Tant de malheures opiniâtres déterminèrent enfin la Convention à employer les mesures d’une extrême rigueur.

    Etoit-ce le remède ? Ce parti étoit-il le meilleur ? Etoit-il un nouveau mal ? Nous ne nous permettrons pas d’examiner cette question, d’ailleurs inutile. Ceux qui le blâment aujourd’hui l’approuvoient alors. Lequinio lui-même a chanté la palinodie. Il est aisé de juger ainsi après l’événement : il n’en coûte qu’une contradiction ; ce qu’il y a de certain, c’est que les excès auxquels se portoient les brigands sont incroyables, & pour n’en citer qu’un trait, à la Roche-Servière ils avoient fait prisonniers une père & son fils, âgé de dix-neuf ans, les monstres ont assassiné le père & ils ont enterré le fils tout vivant sur son cadavre ; (ce fait a été par le Bateux, témoin dans l’affaire de Carrier.) c’est une des moindres atrocités qu’ils ont commises.

    Quoi qu’il en soit donc pour ce moment, il importe de faire connoître ici les Décrèts que la Convention crut nécessaires, & et d’en fixer la teneur.

    C’est alors que vint la Loi du premier Août 1793.

    Les Prussiens venoient d’emporter Mayence : la capitulation portoit que la garnison, composée d’environ quinze mille hommes, ne pourroit servir d’un an contre les Puissances coalisées. La Convention, donnant l’exemple de la fidélité à remplir les traités, crut ne pouvoir mieux faire que d’utiliser cette troupe.

    Par la Loi que nous venons de parler, la Convention ordonne que la garnison de Mayence sera sur-le-champ transportée en poste dans la Vendée ; qu’il sera envoyé des matières combustibles de toute espèce, pour incendier bois-taillis, genêts ; que les forêts seront abbatues, les repaire des rébelles détruits (Quel vaste champ pour l’arbitraire !), les récoltes coupées & portées sur les derrières de l’armée, les bestiaux saisis, les femmes, les enfans les vieillards conduits dans l’intérieur, pour être pourvu à leur subsistance & à leur sûreté, avec tous les égards dûs à l’humanité. Enfin, la Loi, après avoir pourvu aux approvisionnements d’armes & aux munitions de guerre & de bouche, ordonne une levée en masse, pour faire marcher en même temps sur les rébelles avec une armée d’environ soixante-dix mille hommes, sous le Général en chef Rossignol, & dont Westermann commandoit l’avant-garde.

    Bientôt toutes les précautions sont prises ; il n’est plus question que d’exécuter.

    Les troupes se mettent en marche : on éprouve d’abord quelques échecs par la mésintelligence des chefs ; mais, le concert enfin se rétablit, & l’on pénètre bientôt dans le coeur de la Vendée.

    Il faut rendre ici un hommage pur à la vérité ; il y auroit de la lâcheté à la déguiser.

    Les armées de la République étoient environnées de brigands de tous côtés ; le danger de la Patrie, il est vrai, leur a fait tout surmonter. Par leur courage & par leur confiance à affronter tous les hazards, elles sont parvenues à franchir tous les obstacles, nous leur devons cette justice ; mais leur ardeur n’auroit pas vaincu seule, si l’intrépide Westermann n’eut été l’ame de toute leur conduite & n’eu présidé à toutes leurs actions. C’est lui, c’est ce génie guerrier & magnanime qui, planant sur nos armées, pour la sauve-garde & le salut de la France, c’est ce génie bienfaisant & tutélaire (& Lequinio lui-même est forcé de rendre hommage à ce Général) qui, après avoir fait triompher nos armes dans quatre ou cinq batailles successives, a dissipé & chassé devant lui, comme un vent impétueux, ces hordes saisies de terreur, & les a forcées de passer la Loire après les avoir acculées sur ses bords. Plus sage qu’Annibal, il a su profiter de ses victoires. En homme habile ils passe lui-même la Loire ; il s’acharne sur leurs pas ; ils les poursuit à outrance ; il en a presqu’exterminé les restes. Quel prix de tant de courage ! Ombre plaintive, Guerrier immortel, que, s’il se peut, tes mânes s’appaisent ! Pourquoi faut-il que la Patrie n’ait à t’offrir que tristes & stériles regrets ! Batailles de Châtillon, de Cholet, du Mans, de Savenay, plaines arrosées de sang, journées à jamais célèbres, si nous n’avions à déplorer la perte de tant de frères égarés, vous attesterez éternellement ses hauts faits ; vous honorerez du moins sa mémoire, & vous servirez à faire répandre quelques fleurs sur son tombeau.

    Pendant que Westermann s’ocuppoit à la chasse des brigands de l’autre côté de la Loire, Grignon, pour en détruire les débris, étoit resté dans l’intérieur. Ces débris avoient augmentés. Dans l’intervalle de la bataille du Mans à celle de Savenay, une poignée de brigands avoit repassé la Loire, & étoit rentrée dans la Vendée.

    On venoit de rendre la Loi du premier octobre 1793, contenant la nouvelle organisation de l’armée destinée à combattre les rébelles de la Vendées, sous le nom d’armée de l’Ouest.

    Cette Loi porte, art 3 : « La Convention nationales compte sur le courage de l’armée de l’Ouest & des Généraux qui la commandent, pour terminer, au 20 octobre, l’exécrable guerre de la Vendée ».

    L’article 4 porte : « Le reconnoissance nationale attend l’époque du premier Novembre, pour décerner des honneurs & des récompenses aux Armées & au Généraux qui, dans cette campagne, auront exterminé les brigands de l’intérieur & chassé, sans retour, les hordes étrangères des tyrans de l’Europe ».

    Le même jour, il a été fait une proclamation de la Convention nationale à l’armée de l’Ouest.

    « Soldats de la liberté, y est-il dit, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre ; le salut de la Patrie l’exige, l’impatience du Peuple françois le commande, son courage dois l’accomplir. La reconnoissance nationale attend à cette époque tous ceux dont la valeur & le patriotisme auront affermi, sans retour, la liberté & la République ».

    L’armée de l’Ouest n’avoit donc que vingt jours pour terminer la guerre de la Vendée.

    Il faut rapprocher ce Décret de celui du premier Août, qui prescrit les mesures de rigueur & de destruction.

    A ces deux Décrets, on peut joindre celui de la fin d’Octobre, c’est-à-dire, du 11 Brumaire, an deuxième : « Toute ville, y est-il dit, qui recevra dans son sein les brigands, ou qui leur donnera des secours, ou qui ne les aura pas repoussés avec tous les moyens dont elle est capable, sera punie comme une ville rébelle ; en conséquence rasée, & les biens des habitants seront confisqués au profit de la République ».

    La Convention s’expliquoit assez clairement, & la loi traçoit bien énergiquement la conduite que devoient tenir les Généraux.

    En conséquence, les différens corps de l’armée de l’Ouest s’organisent. Grignon est nommé Général de brigade ; son brevet semble le justifier d’avance, sous tous les rapports. Il est bon se fixer ici un moment sur ce qu’il contient.

    Ce brevet qui est du 8 Frimaire, an deuxième, est ainsi conçu :

    « Le Conseil exécutif provisoire a fait choix de Grignon, pour remplir provisoirement & subordonnément au Général en chef, & aux Généraux de divisions, les fonctions de son grade, persuadé qu’il justifiera l’opinion qu’on a conçue de son patriotisme & de ses talens militaires.

    En conséquence, Grignon fera, pour la défense, l’unité & l’indivisibilité de la République, le maintien de l’ordre, de la liberté & de l’égalité, tout ce qu’il jugera convenable, ou tout ce qui lui sera prescrit par les ordres ou instructions du Général en chef, & par ceux des Généraux de divisions. »

    Ainsi, 1°. rien ne pouvoit dispenser Grignon d’obéir aux décrets.

    2°. Il devoit obéir aussi ponctuellement aux ordres & aux instruction du Général en chef & des Généraux de division.

    3°. Il pouvoit faire aussi tout ce qu’il jugeroit convenable.

    4°. Le grade qu’on lui confère semble être le prix se son patriotisme & de ses talens militaires reconnus.

    Si Grignon n’a fait que se conformer aux décrets, & que ce qui lui a été prescrit par le Général en chaf & par les Généraux de division, il est clair qu’il n’a fait que ce qu’il a dû faire, & qu’il sera bientôt complètement justifié.

    Si Grignon n’a fait tout ce qu’il jugoiet convenable, comme il en avoit incontestablement le droit ; s’il n’a voulu rien prendre sur lui ; s’il en a toujours référé au Général en chef, il est clair qu’il n’a pas usé de tous ses pouvoirs, & qu’il n’a pas même fait tout ce qu’il étoit en droit de faire ; bien loin d’avoir outrepassé les bornes !

    Les mesures de terreur & de destruction se préparent ; on fait refluer toutes les troupes de la République dans la Vendée ; on fait proclamer que tous les individus qui veulent se garantir, se hâtent de se ranger sous les drapeaux. Le Général en chef forme douze colonnes qui doivent porter par-tout le fer & et le feu. On fait mettre sur les derrière de l’armée les femmes, les enfans, les vieillars ; on fait précéder les ravages auquel affreux auxquels on s’apprête par toutes les précautions qu’inspire l’intérêt de l’humanité dans des âmes non encore endurcies par des cruautés de toute espèce que les premières cruautés ont fait commettre.

    Avant d’aller plus loin, il faut se faire une juste idée des motifs & des circonstances.

    Des brigands d’un nouveau genre déchiroient le sein de la mère-Patrie ; ils se signaloient par des fureurs & des atrocités nouvelles ; ils ne méritoient plus, ce semble, de trouver ni retraite ni subsistance.

    Il faut encore observer, & c’est une vérité connue de tous ceux qui ont servi dans la Vendée, que les brigands n’étoient pas seulement composés de ceux qui avoient pris les armes & qui faisoient une guerre ouverte à la Patrie, mais encore en plus grande partie de ceux qui étoient restés dans leurs foyers, & que l’amour seul de leurs propriétés, qu’ils avoient envie de conserver, y avoit retenus. Ces derniers n’étoient pas les moins nombreux, ni les moins redoutables. Plusieurs Communes, en grand nombre, avoient deux signes de reconnoissance : l’un national, aux trois couleurs, qu’ils arboroient quand ils apercevoient les Troupes nationales ; l’autre noir & blanc qu’ils montroient quand ils voyoient approcher un parti des leurs (17).

    C’est ainsi que qu’ils conjuroient le danger : ils étoient d’autant plus à craindre, qu’ils avoient des armes, qu’ils pouvoient se joindre en un instant aux rébelles, & grossir ainsi le nombre des combattans sans qu’on pût se méfier de leurs dispositions. C’est de cette manière que des Municipaux ont été fusillés dans leur fuite, parce qu’ils avoient été surpris avec le signe rébelle qu’il n’avoient pas eu le temps de cacher.

    Les brigands légitimoient donc, en quelque sorte, les mesures extraordinaires. Ce que l’on ne peut contester sur-tout, c’est que ces mesures avoient tous les caractères de la légitimité pour les Généraux en sous-ordre, & que l’exécution en étoit indispensable pour eux.

    D’un autre côté, le terme étoit fixé pour la fin de la guerre ; on ne donnoit que vingt jours : il sembloit que les mesures prescrites dûssent être les derniers moyens de la terminer, & que l’on comptât infailliblement & essentiellement sur ces mesures.

    Déjà les douze colonnes s’ébranlent ; la marche & et la conduite qu’elles doivent tenir sont tracées dans un ordre du Général en chef, du 30 Nivôse.

    Cet ordre porte entr’autres dispositions : « Que Grignon pourra prendre & faire prendre à l’Officier qui commande sa colonne de gauche, toutes les mesures secondaires que nécessiteront les circonstances.

    Il emploiera tous les moyens pour découvrir les rébelles.

    Tous, y est-il dit, seront passés au fil de la baïonnete ; les villages, métairies, bois, genets, & généralement tout ce qui pourra être brulé, sera livré aux flâmmes. Pour faciliter cette opération, Grignon fera précéder chacune de ses colonnes de 40 ou 50 pioniers ou travailleurs, qui feront les abbatis nécessaires dans les bois ou forêts, pour propager l’incendie » (18)

    Cet ordre finit par ces mots ;

    « On le répète, le présent ordre ne peut éprouver aucun retard ni modification ; le Général en chef en remet la stricte exécution, sur la responsabilité du Général Grignon ».

    Ainsi, Grignon est bien constamment responsable, sur sa tête, de l’exécution littérale des ordres qui lui sont donnés.....

    Les colonnes formidables se mettent en marche ; elles portent par-tout la terreur & la vengeance : la torche d’une main, le fer inexorable de l’autre, elle se signalent à l’envi par des exécutions désastreuses. Détournons les yeux de cet horrible tableau.

    Grignon commandoit l’une des douze colonnes ; la sienne étoit divisée en trois ; chaque division étoit commandée par un Chef de brigade : en supposant que les deux autres  divisions ayent commis des excès, Grignon n’en peut être responsable, s’il ne peut l’être à plus forte raison des excès qu’ont pu commettre les onze autres colonnes ; il ne seroit tout-au-plus responsable que de la sienne, que de celle qu’il commandoit en personne. Mais, bien loin qu’il ait été au-delà des bornes qui lui étoient prescrites, il n’a jamais manqué aux loix sacrées de la nature & de l’humanité ; & après avoir fait mettre sur les derrières les vieillards, les femmes & et les enfans des rébelles, il leur a fait souvent distribuer du pain des soldats (Notamment à Vesins.)... »

     

    La Vieille Lande de Cersay (79) où Grignon fut fermier général sur le cadastre de 1814 (AD79, 3 P 52/6).

    Les justifications du général Grignon (5)....

    Ci-dessous en vue aérienne Géoportail de nos jours :

    Les justifications du général Grignon (5)....

    Attention car aujourd'hui les appellations sont inversées : le hameau nommé « La Vieille Lande » correspond à « La Lande » de l'époque de Grignon.

     

    A suivre ici.

    RL

    Juillet 2020

     

     

     

    Notes :

    (17) Il est ici évident que Grignon cherche à se justifier du massacre de la municipalité de Saint-Aubin-du-Plain.

    (18) Le manque de réalisme de ce plan saute aux yeux ! Il n’est jamais d’ailleurs jamais question de ces pionniers dans les rapports réels ou supposés, transcrits par Savary. Ont-il existé ? Quant à incendier des forêts dans l’Ouest de la France, en plein hiver...

     


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