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Lettre d'un héros de la république....
Lettre d'un héros de la république...
Tout le monde connaît la réponse que Carnot fera à Turreau qui demande ce qu’il doit faire des femmes, enfants, suspects et prisonniers de la Vendée, Carnot répond ceci le 8 février 1794 :
« Tu te plains, citoyen général, de n'avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures... Tue, tue, extermine les brigands jusqu'au dernier, voilà ton devoir. »
En revanche, plus rare est la diffusion de la lettre suivante de Lazare Carnot, grand héros de la république, le 23 juillet 1794 :
"Le Comité de salut public aux représentants du peuple près l’armée de l’Ouest.
Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la commission militaire séante à l’île de la Montagne par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation faite par les agents préposés à la surveillance des récoltes. Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs fauteurs et organisateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous au contraire chers collègues de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle et que les scélérats qui ont déchiré si longtemps les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfans et les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on pourrait prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses, mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but : celui de terminer enfin l’horrible guerre de Vendée, objet dont on s'écarte également soit par une lache indulgence soit par des exécutions qui en frappant sur la foiblesse ne pourroient que révolter la justice et l'humanité.
Salut et fraternité
Carnot"
Archives Nationales, AF II 269-32, v. 13/18.
Egalement avec les signatures des membres du Comité de Salut Public en AF II 280-5, v. 3 & 4/16
Savary, Tome IV, p. 42 & 43.
RL
Mars 2012-Janvier 2018
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Commentaires
C'est une chose de mettre à la connaissance de vos lecteurs les deux courriers du même auteur, qui, par le caractère et la nature de leur contenu contradictoire, font la magistrale démonstration - de mon point de vue - du trouble et de l'embarras qui régnait au sein du comité de salut public et qui aura dû être porté à la connaissance du citoyen Lazare en le pressant de rectifier le tir afin de ne pas mettre les mettre en porte-à-faux ; tout simplement.
Par ailleurs, ç'eut été mieux de mettre en totalité le premier courrier pour ne pas le minimiser et a contrario donner plus de poids au second : ce qui pourrait laisser croire à une manipulation de votre part d'orienter le lecteur dans votre sens : ce que bien entendu je n'ose vous accuser.
Bien à vous
Vous trouverez le premier courrier en intégralité ici : http://chemins-secrets.eklablog.com/turreau-et-sa-correspondance-a136278324
Vous trouverez le premier courrier en intégralité ici : http://chemins-secrets.eklablog.com/turreau-et-sa-correspondance-a136278324