• Turreau et sa correspondance....

     

    Turreau et sa correspondance…

     

    Les documents que nous présentons ce soir sont connus de la plupart des passionnés de l’histoire des Guerres de Vendée. J’ai jugé bon d’y revenir afin notamment d’éclaircir certains faits et tenter de déterminer les culpabilités.

    Turreau est nommé à la tête de l’Armée de l’Ouest le 27 novembre 1793 mais il traîne les pieds et préférait sans doute sa précédente affectation à l’armée des Pyrénées Orientales, quoiqu’il y passa son temps à se plaindre et à dénigrer d’autres généraux. En attendant, c’est Marceau qui va assurer l’intérim. Turreau qui est arrivé à Angers le 14 décembre, sans le prévenir, tarde encore à prendre son poste durant quelques jours. Ce n’est que le 26, une fois l’armée vendéenne écrasée à Savenay, qu’il va assurer pleinement son affectation. (1)

    Le 25 décembre 1793, Turreau demande une première fois au Comité de Salut Public « s’il approuve le plan qu’il a conçu de traverser la Vendée sur douze colonnes pour assurer l’anéantissement total des rebelles. » (2)

    Pas de réponse mais Lazare Carnot le recadre le 13 janvier 1794 et lui rappelle de se hâter « d’exterminer le dernier des brigands » (3).

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    « 24 nivose 2ème année de la république une et indivisible

    Le Comité de salut public au général en chef Turreau à Angers. Envoyé par courrier extraordinaire.

    Nous avons reçu, citoyen général, ta lettre du 22 datée d’Angers par laquelle tu nous propose tes observations sur le retour que nous avions ordonnée de plusieurs bataillons de la Charente.

    Le commité ne s’est déterminé à cette mesure que par des considérations de la plus haute importance et tu n’aurois pas du te permettre de suspendre au mépris de la loi l’exécution de cet arrêté car ce sont les infractions de ce genre qui ont occasionné la plupart des revers qui ont affligé la république. Ton armée est considérable, tu n’as plus qu’un très petit noyau d’ennemis à combattre et tu parois vouloir cantonner une partie de tes troupes. Il sembleroit d’après cela que les bataillons de la Charente qui au rapport des députés de ce département sont dans le dénument le plus absolu sans armes, presque désorganisés et qui ne font point partie de la réquisition prescrite par la loi du 23 aout ne te sont pas absolument nécessaires et qu’il seroit indispensable pour en tirer parti à l’ouverture de la campagne prochaine de les laisser aller chez eux se vetir et s’organiser. Cependant, sur tes observations, nous nous décidons à suspendre l’exécution de notre arrêté. Hâte toi du moins d’exterminer le dernier des brigands. »

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    Pas de signature sur le billet mais on reconnaît facilement l’écriture et les nombreuses ratures de Carnot. Nul de besoin d’être paléographe pour voir qui a écrit cette lettre.

    Le 16 janvier 1794, Turreau relance le Comité de Salut Public avec une lettre restée célèbre dans l’histoire (4) :

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    « 27 nivose an 2ond

    Copie de la lettre adressée aux représentants du peuple en date du 27 nivose l’an 2 de la République par le général en chef Turreau

     

    Citoiens représentants

    Lorsque j’ai désiré de vous voir réunis près de moi, je nai point prétendu avoir recours a votre auttorité pour aucuns des détails militaires, mais j’ai voulu que vous déterminiez d’une manière précise la conduite que je devais tenir dans la Vendée a l’égard des personnes et des propriétés… Mon intention est bien de tout incendier, de ne réserver que les points nécessaires a établir les cantonnements propices a l’annéantissement des rebelles mais cette grande mesure doit être prescrite par vous ; je ne suis que l’agent passif des volontés du corps législatif que vous pouvez représenter dans cette partie.

    Vous devez également prononcer d’avance sur le sort des femmes et enfans que je rencontrerai dans ce païs révolté. S’il faut les passer tous au fil de l’épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette a couvert ma responsabilité. Je suis loin de présumer que vous vous ussiez exposer a se compromettre celui qui jusqu’ici n’a cessé de bien servir la cause de la liberté. Quand a la réorganisation des auttorités constituées n’importe par qui elle soit effectuée, il est urgent qu’elle s’opère pour ainsi dire derrière mes colonnes. Leur marche sera courte, en huit jours la Vendée doit être battue, tous les rebelles pressés entre moi, Haxo et Dutrui ; et si j’avais adopté une autre marche, j’aurais manqué mon but… Je suis faché que les mouvements de troupes que le citoïen Carrier a ordonnés ayant retardé ma promenade militaire.

    Daignez citoïens représentants, me répondre d’une manière précise ; sans quoi je serais forcé d’attendre pour agir les ordres du Comité de Salut public.

    J’ai eu soin de démentir les mensonges impudents de ceux qui ont prétendu et osé dire à la barre de la Convention nationalle que la Vendée était entièrement détruite

    Pour copie conforme

    Le général en chef

    Turreau »

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    Ne recevant toujours pas de réponse dudit comité, le 24 janvier il engage sa tête et annonce qu’il a démarré son plan. Les colonnes ont en effet démarré le 21 janvier, pour l’anniversaire de la mort du Roi (5).

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    « Turreau, général en chef de l’Armée de l’Ouest, aux législateurs composants le Comité de salut public

    Citoyens représentants

    J’ai commencé l’exécution du plan que j’avois conçu de traverser la Vendée sur douze colonnes, Haxo que j’ai prévenu de ce mouvement a divisé ses forces en huit parties qui marchent a ma rencontre et qui viendront bientôt aboutir a mes deux extrémités, ce qui reste de rebelles ainsi cernés, je croix pas qu’il puisse en échapper, c’est du moins le moyen le plus sure de parvenir a leur parfait anéantissement ; mes colonnes de droite et de gauche aux ordres des généraux Debar, Duval, Grignon, Bouqueret, Cordeliers et Moulins ont déjà fait des merveilles, pas un rebelle n’a échappe a leur recherches, une quantité considérable de grains a été découverte et des ordres aussitôt donnés pour les faire filer sur les derrières, ce surcroit de subistances qu’on ne peut encore calculer offre a l’armée que je commande de très grandes ressources ; j’espère avoir aussi bientôt a vous offrir une collection assez intéressante de vases sacrés, d’ornements d’églises, et autres effets d’or et d’argent que l’on a trouvés très soigneusement cachés ; j’ai recommandé qu’on étende une surveillance particulière sur les armes et les recherches qu’on a faittes a cet égard ont déjà eu quelques succès, enfin, si mes intentions sont bien secondées il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants que ceux qui cachés dans le fond des forets auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions. Car, citoyens représentants, je dois vous observer que je désespère de pouvoir incendier les forêts, et si vous n’adoptez la mesure indispensable et unique que je vais vous proposer, elle serviront long tems d’azile impénétrable a un grand nombre de ces coquins : il faut que tout ce qui existe de bois de haute futaye dans la Vendée soit abattu ; on, en peut faire la vente par l’adjudication a charge de vider le pays dans un tems déterminé, cette contrée ainsi découverte, la liberté des routes sera bientôt rétablie, et nos ennemis anéantis jusqu’au dernier… Je vous invite, citoyens représentants a vous occuper au plutôt (sic) de l’arrêté a rendre a cet égard, de la réorganisation des autorités constituées, des indemnités a ceux dont les habitations sont incendiées, a charge pour eux d’aller habiter une autre contrée, il faut qu’elle soit évacuée en entier par les hommes mesme qu’on croit révolutionnaires, et qui peut estre n’ont que le masque du patriotisme : vous serez sans doutte étonnés de ce qu’il existe encore a faire pour terminer une guerre que depuis trop long temps ou vous a présentée comme une chimère. Je sais combien il est défavorable pour moi d’avoir a combattre des ennemis dont on s’acharne a nier l’existance, mais je ne consulte poinr ma gloire ; l’intérêt public voila mon guide, quand j’aurai fait a ma patrie, dans le grade que j’occupe, le sacrifice de touttes mes facultés, je serai trop heureux, dut on prononcer sur ma conduitte un jugement défavorable.

    Encore un de pris dans nos filets, un nommé Dutréant capitaine d’un corps de cavallerie. Ce rebelles sera demain fusillé par mes odres conjointement avec Mr Mesleux ; notaire royal et apostolique de la paroisse de Jallais dont le fils étoit trésorier de l’armée catholique, et qui lui mesme avoit coopéré de tout son pouvoir aux succès de ses saintes armes, ils ont reconnu avoir fait partie des rebelles.

    Voila, citoyens représentants, la troisième lettre que je vous écris sans obtenir de réponse, je vous prie de vouloir bien me dire si vous approuvez mes dispositions et m’instruire par un courrier extraordinaire des nouvelles mesures que vous adopterez afin que je m’y conforme aussitôt.

    Salut et Fraternité

    Le général en chef

    Turreau

     

    Je ne puis que vous donner ici l’extrait de mes idées sur les opérations a faire dans la Vendée, j’attends les représentants du peuple qu’il est indispensable d’envoyer pour leur en communiquer tous les détails. »

     

    Arrêtons-nous un instant sur les noms des généraux de colonnes « agissantes » dites « bandes infernales » par les Vendéens, puis « Colonnes Infernales » par l’historiographie générale, même si Poirier de Beauvais estimait qu’elles étaient déjà qualifiées de ce terme par les républicains eux-mêmes (6). J’ai noté en gras un nom qui apparaît selon moi comme « Debar ». Savary, qui reproduit cette lettre ne met que la première lettre du nom des généraux.

     

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    Il prétexte ainsi : « En réfléchissant à l’impérieuse loi de la subordination militaire, j’ai pensé qu’il convenait de taire les noms des généraux chargés d’exécuter des ordres barbares. Leur correspondance sera indiquée par le numéro des colonnes. Je m’y suis déterminé surtout, parce que quelques-uns d’entre eux, conservés à l’armée, en changeant de chef, ont changé de langage, de principes et de conduite. Aveugle destinée de l’homme réduit à l’état purement passif !..... » (7)

    On pourrait répondre au feu Savary qu’un homme reste un homme, certes, mais que celui qui accepte des ordres pareils et qui, de surcroît les exécute avec plaisir, ne mérite pas la protection de l’anonymat. Le pourtant supposé modéré Camille Desmoulins, voyait dans les Vendéens « des animaux à face humaine » : on peut supposer que ces généraux avaient la même opinion. Pour autant, leurs noms sont connus depuis le formidable travail de Savary. Savary, qui faute de pouvoir interpréter ce « Debar », avait un placé un « B… » à la place de ce nom. Alain Gérard, y voyait en 2013 le nom logique de « Bonnaire » (8).

    On continue l’aventure et le 31 janvier 1794, Turreau écrit ceci (9) :

    Turreau et sa correspondance....

     

     

    « Liberté Fraternité Egalité

    La république ou la mort

    ________

    Au quartier général a Chollet le douze pluviose l’an deux de la république une et indivisible.

    Le général en chef de l’armée de l’Ouest

    Aux citoyens composants le Comité de Salut Public.

    Citoyens représentants

     

    J’espérois il y a huit jours pouvoir sous peu disposer d’un certain nombre de troupes pour une autre armée, je l’atendois d’après les données de différents officiers généraux sur la foiblesse. Des moyens et des ressources de nos ennemis…. La guerre de la vendée étoit disoit on finie, les brigands anéantis sur la rive droite de la Loire ; le corps commandé par Charet entièrement dispersé ; Westermann après avoir détrui jusqu’au dernier de quatre-vingt mille combattants avoit du terminer ses exploits par la mort de la Rochejaclin ; j’étois loin cependant de croire a tant de victoires, les mesures que j’ai résolu de prendre étoient la preuve de ma juste incrédulité.

    Les renseignements que j’ai pris n’ont fait que justifier mes pressentiments et je suis faché d’estre obligé d’accuser du mensonge le plus impudent ceux qui ont osé vous tromper ainsi.

    Quant a moi je dois la vérité de vous dire qu’il existe encore des rassemblements nombreux a le teste des quels sont La Rochejaclin, Stoffler et Charet ; ce dernier qui n’a été que légèrement blessé a l’épaule commande, dit on une horde de trois mille hommes assez mal armés. Croyez que si l’on retiroit les forces que me sont nécessaires pour executer le plan que j’ai conçu, cette guerre renoistroit au printems, et le projet des chefs étoit bien d’employer l’hiver a se reposer.

    Sous se rapport je suis loin de craindre que ces rassemblements se joignent et forment une masse imposante, alors je serois sure de les trouver de les battre et de les écraser…. Mais au contraire disséminés comme ils le sont il est infiniment difficile de les poursuivre encore plus de les atteindre. Par la connoissance parfaitte que ces coquins ont du pays ils échappent a la surveillance la plus active, se cachent au fons des forets, filent imperceptiblement entre les colonnes et viennent inquiéter nos derrières : changés en voleurs de grand chemins, les routes étant interceptées la correspondance devient infiniment difficile.

    J’ai pris touttes les précautions nécessaires pour qu’ils ne puissent obtenir le plus léger succès, il faut craindre de redonner du courage a leur parti.

    J’ai deffendu qu’on place aucuns postes écartés faciles a battre partiellement…. J’ai renvoyé sur mes derrières tous les canons, je n’en ai laissé qu’aux postes capables d’en assurer la conservation.

    Nos colonnes continuent toujours leur marche, j’ai fait passer au fil de la bayonnette tous les rebelles épars qui n’attendoient que le nouveau signal de la rebellion, on a incendié les métayries, les villages, les bourgs, elles étoient remplies de pain qu’on paroit cuire a l’avance pour sustanter a son passage l’armée catholique (et l’on disoit qu’ils étoient dénués de tout tandis qu’ils n’eussent manqué de rien sans les mesures que j’ai prises). On ne peut concevoir l’immensité des grains et fourages qu’on a trouvés dans ces métayries et cachés dans les bois, j’ai donné les ordres les plus précis pour que tout soit enlevé de ce maudit pays et porté dans les magasins de la république. Il en est parti ce matin un convoi tenant plus d’une lieue et demie, je puis vous attester que les ressources qu’offrent ces découvertes sont incalculables ; elles seroient encore plus considérables si les préposés aux subsistances et commissaires du district avoient mis plus d’activité dans leurs opérations.

    Haxo vient a ma rencontre sur plusieurs colonnes, il connoit mes dispositions, les seconde parfaitement, et j’ai lieu d’espérer qu’enfin tous les corps de rebelles seront dissous, encore plus par l’impossibilité de subsister que par la force des armes.

    Il résulte de ces détails qu’il m’est impossible de disposer aussitôt d’autant de troupes que je l’avois pensé.

    Malgré les trois brigades que j’ai envoyées a Rossignol il me demande encore 4.000 hommes pour une expédition importante, je ne puis accéder a sa demande, je ne connois rien de plus important que le plan qui doit terminer la guerre de la Vendée…. Elle n’est point finie cette guerre malheureuse, je vous l’avois bien dit qu’il existoit encore de grands coups a porter.

    Gardez vous surtout ; citoyens représentants, de croire que je puisse chercher a prolonger le pouvoir dont vous m’avez investi, l’intérêt public est mon unique but et si tout autre que moi peu estre plus habile au poste que j’occupe je renoncerai sans peinne a un grade que j’ai point demandé et dont je n’ai jamais plus senti les désagréments qu’aujourd’hui.

    L’éloignement des représentants du peuple en est une des principales causes… J’ai été contraint dans une opération aussi importante de tout prendre sur ma responsabilité, je n’ai pas mesme pas eu l’avantage de recevoir votre approbation, et je compromettois la réussite de mon projet si j’attendois, pour agir que je l’eusse obtenue... Cruelle alternative...

     

    Turreau et sa correspondance....

    Mais qu’importe j’ai fait ce que j’ai cru devoir faire, ma conscience n’a rien a se reprocher et je ne doutte point que vous rendiez justice a la pureté de mes intentions.

    Au moins, citoyens représentants, répondez a cette depesche, faittes vous représenter mes précédentes lettres, jugez de ma position, de celle du genre d’ennemis que j’ai a poursuivre, et donnez-moi les conseils dont j’ai le plus pressent besoin.

    Je commence a reunir une grande quantité d’arganterie, je me dispose a vous l’adresser avec la liste des officiers qui m’ont remis généreusement ces divers objets.

    J’apprend a l’instant que la blessure de Charet l’a forcé a rester caché dans une métayrie, je vais tout faire pour le découvrir.

    Salut et fraternité

    Le général en chef

    Turreau »

     

    La même lettre à quelques détails près est envoyée au ministre Bouchotte le même jour de cholet (10). Turreau va donc encore attendre jusqu’au 6 février 1794 pour se voir répondre ceci par Carnot (11) :

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    « Paris 18 pluviose 2e année

    Envoyé avec un arrêté au citoyen Turreau général en chef de l’armée de l’Ouest.

    Le Comité de Salut Public de l’armée à l’armée de l’Ouest.

    Tu te plains, citoyen général, de n’a voir pas reçu du Comité une approbation formelle de tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et tes intentions pures ; mais éloigné du théâtre de tes opérations, il attend les grands résultats pour prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. Les intentions du Comité on du t’être transmises par le ministre de la guerre, nous nous plaignons nous-mêmes de recevoir trop rarement de tes nouvelles. Extermine les brigands jusqu’au dernier voilà ton devoir. Nous te prescrirons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soit entièrement consommée. Encore une fois recueille toutes les armes et fait passer ici sans délai toutes celles qui ont besoin de réparation. Nous t’envoyons un arrêté qui nous parait propre à seconder tes vues.

    Carnot »

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    On connaît l’arrêté en question (12) dont l’article III stipule :

    « Les ennemis seront poursuivis sans relâche jusqu'à leur entière destruction. Les généraux que ne mettraient pas dans cette expédition toute l’activité possible, seront dénoncés comme ennemis de la patrie... »

    Le 9 février, Turreau renvoie une longue lettre au Comité de Salut Public où il écrit  (13) :

    « J’ai reçu avec plaisir l’approbation que vous avez donnée aux mesures que j’ai prises. Rien ne pourra altérer mon attachement à la cause sacrée que j’ai résolu de défendre jusqu’à la mort… »

     

    Turreau et sa correspondance....

     

    Comme on le voit et malgré une idée tenace qui fait de Robespierre le bourreau de la Vendée, c’est bien Lazare Carnot, « Le Grand Carnot », « L'Organisateur de la Victoire », qui se fait l’organe du Comité de Salut Public en tant que délégué aux armées. Si l’exalté Bertrand Barrère de Vieuzac est l’auteur du rapport du 1er août 1793 et de la « loi d'extermination » du 1er octobre 1793 contre la Vendée que l’on connait, c’est bien Carnot qui en sera l’exécutant en allant plus loin que les préconisations originales puisqu’il fait abstraction des femmes et des enfants. On connaît sa lettre du 25 juillet 1794, donc bien après le système de colonnes de Turreau, qui préconise, à deux jours de la chute de Robespierre, de n’épargner strictement personne, ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards. C’est lui-même qui l’écrit sans laisser planer le moindre doute sur ses intentions. Cette lettre a été publiée sur ce blog, ici.

    Point question de me faire l’avocat du Diable et je n’ai aucune sympathie pour le psychopathe Robespierre mais il faut être juste et se borner aux faits. Je crois au passage qu’il est bien pire de découvrir la culpabilité de Carnot, ce grand héros de la république, et c’est peut-être aussi pour cela que les historiens marxisants, voire les nostalgiques de la Terreur, le laissent accuser, afin de pouvoir facilement le disculper par les faits, en omettant bien entendu de parler des véritables coupables…

    RL

    Février 2018

     

     

    Notes :

     

     

    (1) Sur Turreau, on lira ses « Mémoires et correspondance », par Michel Chatry, Editions du Choletais, 1992.

    (2) SHD B 5/7-89, v. 4/11. Bulletin analytique qui renvoie vers un registre de correspondance du 30 janvier curieusement introuvable…

    (3) Archives Nationales, AF II 202-17, v. 10 /12.

    (4) SHD B 5/8-20, v. 2 et 3.

    (5) SHD B 5/8-27, v.1 à 3, bulletin analytique compris.

    (6) Op.cit. p. 239.

    (7) Op.cit. Tome III, p. 45.

    (8) Savary, Tome III, p. 74. A. Gérard, “Les Archives de l’Extermination”, CVRH, 2013, p. 326.

    (9) SHD B 5/8-31, v. 4 à 7/10, bulletin analytique compris.

    (10)  Savary, tome III, p. 109 et 110.

    (11)   Ibid. p. 151. AN, AF II 280-3, v. 13 et 14/17.

    (12)   Savary, ibid, p. 152.

    (13)   SHD B 5/8-39, v. 9 à 12. Savary, Tome III, p. 170.

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :