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    Les Amis du Pont-Paillat… au Pont-Paillat...

    Edition 2018…

     

    Cette sortie désormais institutionnalisée à chaque fin d’hiver a vu encore un gros succès avec plus de 30 personnes, dont quelques nouvelles têtes : Jean-Philippe, déjà connu dans le petit milieu des chercheurs du pays bressuirais et Marie-Laure qui débute dans la connaissance des Guerres de Vendée.

    Une fois tout le monde arrivé à la Croix de Bel-Air, Jacqueline servit son traditionnel café-brioche et nous débutâmes notre marche habituelle en direction du Pont-Paillat. Le chemin était boueux à souhait, mais peut-être pas autant que dans certaines éditions précédentes. Je rappelai en passant devant la ferme de la Chagnelaie, le martyre du vieillard Pierre Souchelot, brûlé vif dans son lit et brossai les grandes lignes des batailles de juillet et octobre 1793, accompagné de Nicolas qui nous raconta l’anecdote fameuse de la petite « Marie-Théotiste », âgée de 3 ans et qui manqua de mourir sur ce chemin, de par un peu trop de curiosité…

     

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

     

    Pont-Paillat, sortie 2018.... 

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

     

    Il fallut, comme à l’habitude, refaire le chemin inverse, avant d’aller nous restaurer au pied du mémorial du Bois des Chèvres. Adile avait déposé là une quantité impressionnante de victuailles et n’avait pas lésiné avec sa générosité habituelle. Le repas se clôtura avec le gâteau d’anniversaire de Paola, qui fêtait ses 11 ans. Il était temps de partir pour la grotte de Lourdes de Nueil et de se recueillir auprès du monument où reposent les ossements des massacrés de la « Fontaine-Amère ». M. Gauffreteau, qui connait bien cette sinistre histoire, nous y attendait et nous raconta l’exhumation des restes des martyrs dans les années 50 et leur transfert sous le monument. Un Salve Regina fut chanté devant la grotte de la Vierge avant de repartir vers nos voitures.

     

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

     

    Notre étape suivante nous éloignait un peu du pays de Nueil et des Aubiers pour nous retrouver au cimetière de Beaulieu-sous-Bressuire, devant la tombe du curé Jottreau, massacré le 26 avril 1793 et dont bien des passionnés ne connaissent pas l’existence. Nous y déposâmes quelques modestes fleurs, à l’image de ce que fut ce modeste confesseur de la foi, péri à la manière d’un saint.

     

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

     

    La longue file de voitures passa ensuite à Bressuire, pour se rendre au dernier des deux moulins de Cornet, encore subsistant. Jean-Philippe et Nicolas y évoquèrent à tour de rôle l’insurrection de 1792 et sa triste fin, dans le sang et les larmes ; cette révolte qui était pourtant le prélude de ce qui allait devenir « la Grande Guerre », quelques mois plus tard.

     

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

     

    Le dernier café de Jacqueline termina la journée, avant que chacun ne rentre chez soi, la tête pleine des images et des bruits des années terribles qui sont à l’origine de notre passion commune.

     

    Pont-Paillat, sortie 2018....

    Pont-Paillat, sortie 2018....

     

    Les uns repartaient tout près d’ici, d’autres remontaient sur Nantes, Angers, Doué-la-Fontaine, Poitiers, Angoulême, Paris… Si je tiens à remercier tout le monde et en particulier les nouveaux, c’est aussi une joie de voir la jeunesse, les moins de 30 ans notamment, qui n’hésitent pas à nous suivre et à s’impliquer dans de nombreux projets que l’on n’a nul besoin de leur inspirer. Est-il utile de rappeler que ce sont eux qui demain porteront la flamme vacillante mais toujours pérenne de la mémoire ?

    RL

    Mars 2018

     

    PS : les nombreuses photos et vidéos de la journée sont visibles sur le groupe Facebook dédié et le bulletin bimestriel des APP (environ 40 pages) vous sera adressé sur votre boîte mail en fin de mois.

    Le compte-rendu de Nicolas est ici.

     

     


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    Le 15 avril 1792, des troubles éclatent 

    à Varennes-sous-Montsoreau, le 11ème de cavalerie intervient...

     

     

                                     

    Varennes-sous-Montsoreau, avril 1792....Les autorités républicaines du département de Maine-et-Loire ont-elles dissimulé la réalité des faits au Ministre de l'Intérieur ?

     

    Le 15 avril 1792, une partie de la population d'une petite commune de l'Est du Maine-et-Loire, Varennes-sous-Montsoreau, s'insurgent au sujet de l'enlèvement des bancs de l'église.... Des troubles assez graves pour motiver l'intervention du 11ème régiment de cavalerie, du Commissaire du District de Saumur, des gendarmes et de la garde nationale.

    En effet, le maire échappe de peu au lynchage, ''ayant décidé l'enlèvement des bancs de l'église, un cri général s'éleva et les bancs furent brisés en un instant.'' ''La municipalité prend peur des suites dangereuses d'une pareille insurrection.''

    Cet événement préfigurant l'insurrection de 1793 a donné lieu à un échange de courriers entre les autorités républicaines du département et le Ministre de l'Intérieur. Y aurait-il eu un mort au 11ème de cavalerie au cours de cette intervention ?

     

    Varennes-sous-Montsoreau, avril 1792....

    Varennes-sous-Montsoreau, avril 1792....

     

    Voici les faits vus à travers les différents courriers échangés et la découverte d'un acte de décès daté du 16 avril 1792 à Varennes-sous-Montsoreau...

     

    « Département de Maine et Loire – 20 pièces – Correspondance et pièces relatives aux émeutes, violence et excès commis dans divers lieux du Département courant 1792 – Archives de la République. »

     

    Angers, 19 avril 1792 – l'an 4 de la Liberté

    Monsieur,

     

    Un Commissaire du District de Saumur fut envoyé le 15 du courant à Varennes sous Monsoreau, à l'effet d'entendre les réclamations de la municipalité et de plusieurs habitants sur le projet de destruction des bancs de l'église, l'insurrection qui y eut lieu à cette occasion nécessita le Commissaire de requérir la force armée qui s'y transporta sur le champ.

    Le Directoire prévenue de cet événement par un extraordinaire vient de prendre un arrêté portant qu'un détachement de quinze maîtres du 11ème régiment de cavalerie y séjournera jusqu'à ce que la paix et la tranquilité y soient parfaitement rétablies. Je m'empresse de vous en faire passer expédition en vous observant que le commissaire, la municipalité et les administrateurs du District ont su par leur conduite et leur fermeté, mériter la reconnaissance de tous les bons citoyens.

    Le Procureur Général syndic du département de Mayenne et Loire. 

    signé Bousset  

     

    Mr Roland Ministre de l'Intérieur. »

     

     « Du Registre des arrêtés du Directoire du Département de Mayenne et Loire a été extrait ce qui suit : Séance du 19 avril 1792,l'an 4 de la Liberté.

                                     __________________

     

    « Vu la délibération du Conseil Général de la Commune de Varennes sous Monsoreau, en datte du cinq de ce mois, relative à l'enlèvement projetté des bancs placés dans l'église paroisialle du même lieu :

    L'arrêté du sept du dit mois pris par l'administration du département, portant renvoi au District de Saumur à l'effet par lui de nommer un de ses membres en qualité de commissaire pour se transporter à Varennes, et y dresser procès verbal des dires respectifs, tant de la municipalité, des officiers de Fabrique que des concessionnaires des bancs dont ils s'agit pour icelui rapporté être ensuite statué ce qu'il appartiendrait.

    L'arrêté pris par le Directoire du District de Saumur le onze suivant, portant nomination de la personne de M Raymond pour Commissaire.

    Le procès-verbal par lui rédigé en présence de la municipalité en datte du quinze, du quel il résulte qu'étant dans l'église de Varennes pour remplir l'objet de sa commission, il s'éleva un cri général pour l'enlèvement des dits bancs, qui furent brisés dans un seul instant.

    Que le maire ayant été menacé de perdre la vie, le Commissaire voyant que ses exhortations et celles de la municipalité étaient absolument impuissantes pour ramener le calme et la tranquilité publique et craignant en même temps qu'il résulta des suittes dangereuses d'une pareille insurrection, prit le parti d'en instruire les Administrateurs du District. 

    L'arrêté pris le même jour par l'administration du District portant qu'il serait de suite envoyé à Varennes une force armée suffisante pour en imposer aux insurgents et y rétablir l'ordre et la tranquilité, en exécution du quel un détachement de cent hommes de la Garde Nationale de Saumur, de quinze maîtres du 11e régiment de cavalerie et trois gendarmes nationaux, ont été requis de partir sur le champ pour se rendre à Varennes, ce qu'ils ont fait.

    Vu les procès-verbaux rédigés par la municipalité et par le juge de paix, des quels il résulte, que des mandats d'arrêts ont été donnés contre les auteurs des troubles, que plusieurs ont été arrêtés, que le détachement du 11e régiment est resté à Varennes sur la réquisition du Commissaire, qui a jugé que son séjour devenait indispensable pour y protéger les personnes et les propriétés des membres de la municipalité contre les entreprises que menaçaient faire les principaux auteurs et instigateurs de l'insurrection qui ont échappés aux poursuites et vigilence de la force armée.

    Tout considéré et mûrement examiné, oui sur ce le procureur général syndic, le Directoire du département en approuvant la conduite ferme et courageuse qu'ont tenu le Commissaire et la municipalité de Varennes, ainsi que les mesures sages prises par le District pour faire respecter la loi et les autorités constituées.

    Arrête que le détachement du 11e régiment cavalerie restera à Varennes jusqu'à ce que l'ordre et la tranquilité y soeint entièrement rétablis, s'en rapportant à la prudence des administrateurs du district pour déterminer l'époque a laquelle ils jugeront qu'ils soit nécessaire de faire rentrer dans son quartier  ; qu'il lui sera fourni par la municipalité les étapes et rations d'usage dont le payement ainsi que les frais des gardes et gendarmes nationaux seront et demeureront à la charge des habitants de la commune, sauf par eux, à les faire supporter aux auteurs et instigateurs de l'insurrection dont il s'agit.

    Arrête en outre que deux expéditions des présents seront adressés, l'une au Ministre de la Guerre et l'autre au Ministre de l'Intérieur.

    Fait en Directoire à Angers le dit jour dix neuf avril mil sept cent quatre vingt douze. »

    signé : Les membres du Directoire.

     

     

     Et Paris répond  :

     

    « Paris, le 27 avril 1792, Mrs du Directoire du département de Mayenne et Loire – à Angers.

     

    J'ai rendu compte au roi, Messieurs, de l'arrêté que vous avez pris le 19 de ce mois, pour ordonner que le détachement du 11e régiment de cavalerie resteroit à Varennes sous Montsoreau jusqu'à ce que le calme y fut parfaittement rétabli : S. Mté a approuvé la sagesse des mesures que vous avez prises et a vu avec plaisir le témoignage que vous – illisible - de la conduite et de la fermeté des administrateurs du District de Saumur, de la municipalité de cette ville et du Commissaire que le District y avoit envoyé ; elle espère que vous ne tarderez pas à l'instruire du retour durable de la paix et de la tranquilitté dans la ville de Varennes sous Montsoreau. »

     

    signé L.M.D.L

     

    Et puis... le 16 avril 1792, le lendemain de l'insurrection, le décès de Pierre Mala, cavalier au 11e régiment de cavalerie... mort des suites des émeutes ou simple coïncidence ?

     

    « Le seize avril mil sept cent quatre vingt douze a été enterré dans le cimetière de ce lieu par nous curé soussigné, le corps de Pierre Mala, Brigadier dans le onzième régiment de cavalerie, décédé d'hier ; la sépulture faite en présence des sieurs Nicolas ''Hofferronner'' dit Rilaheim maréchal des logis du dit régiment de Mr le juge de paix de – illisible - de la municipalité de cette paroisse – des notables d'un détachement du susdit régiment joint au détachement de la garde nationale de Saumur et de la Gendarmerie aussi Nationale de Saumur et de plusieurs autres lesquels ont tous déclaré ne scavoir signer de ce enquis fors les soussignés. »

     

    Signé : Rilaheim Commandant et autres.

     

    Pour conclure : nous nous sommes transporté à Varennes-sur-Loire afin de constater la présence des bancs dans l'église, comme vous le verrez sur les clichés, ceux-ci ont été remplacés depuis...

     

     

    Sources: 

    - Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés.  ANF7-3682/1-7 sous série F – Police générale. - vues n°2,3,4,5/5. 

    - Archives Départementales du Maine-et-Loire, tous droits réservés- registre des décès de 1792 Varennes-sur-Loire.(vue n°334/357- décès Varennes sur Loire) 

    - Photos: De l'auteur. 

                                             

         

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 

     

    Varennes-sous-Montsoreau, avril 1792....

    Varennes-sous-Montsoreau, avril 1792....

    Varennes-sous-Montsoreau, avril 1792....


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    Troubles au château de Pugny (4° partie)… 

     

     

    Copie de la lettre du sieur Marcolay fils au sieur Biget commandant de la garde nationale de Parthenay en date du 21 de ce mois.

     

    « A la Chaberandière le 21 aout 1792.

     

    Monsieur et cher ami,

    Je m’empresse de vous donner avis que tous les aristocrates de ce pays vont dans toutes les maisons pour emmener tout le monde par force au château de Pugny, et mon papier vous prie en conséquence d’envoyer le plus tôt possible des forces pour s’opposer aux trames de ces gens. Je vous prie de m’excuser si je ne vous en dit pas d’avantage. Je suis avec respect,

    Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur,

    ainé Marcolay (il s’agit sans doute d’une erreur de transcription pour Aimé Marcollay)

    Nota : L’auteur de cette lettre est maintenant détenu au château de Pugny ayant été pris le jour d’hier avec son frère.

    Pour copie conforme signé Bonnin »

     

    Source : AN F7 3690/1-6, v. 10/16.

     

    Jean-Philippe Poignant pour Chemins secrets

     

        A suivre sur le site du Château de Pugny.

     

     

     

    Troubles au château de Pugny (4° partie)....


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    Les blessures des demandeurs de pensions vendéens...

     

              

                                     

    Les blessés vendéens....Première question : comment peut-on survivre à des blessures aussi horribles ? Les crânes enfoncés par des coups de crosses, des balles restées dans les chairs, des plaies qui suppurent en permanence, « rendant » des éclat d'os, de tissus....

    Cette question reste sans réponse.

     

    En général le blessé vendéen reste où il est tombé, car il est très difficile de s'écarter du lieu du combat par ses propres moyens. Ces malheureux doivent donc attendre que la bataille s'éteigne pour espérer un secours.

    Souvent après « le choc », s'il est victorieux, les combattants de chaque paroisse récupèrent leurs compagnons et les transportent chez eux où ils sont remis à la famille. Ils sont alors soignés par le « chirurgien » local, des religieuses, où par la personne de la paroisse qui en connaît plus long que les autres sur l'usage des plantes et du bistouri de fortune... la sage-femme, la bonne du curé etc... Pour les grands blessés, la Vendée dispose d'hôpitaux comme à Saint-Laurent-sur-Sèvre où des médecins-chirurgiens, des religieuses dévouées s'affairent autour des blessés.

    Lorsque le combat est perdu, les Républicains pillent, déshabillent et achèvent les blessés qui restent à l'endroit où la mort les a fauché. Il arrive parfois que des « mal tués » échappent à ces nouvelles blessures, quand des âmes charitables vendéennes procèdent à leur ensevelissement.

     

    Une blessure reçue par balle à Châtillon, à Cholet ou à Coron en 1793 doit avoir le même aspect que celle reçue à Wagram les 5 et 6 juillet 1809.

      Je ne peux donc résister au plaisir de vous raconter l'histoire d'un patient « hors série », celle du commandant de Lenthonnye, tirée de l'ouvrage de (Marcel Baldet, « La vie quotidienne dans les armées de Napoléon » Librairie Hachette, 1964 – pages 169,170, 171 et réalisé par la Société Nouvelle FIRMIN-DIDOT- Mesnil-sur-l'Estrée en décembre 2001).

     

    Blessé au bras, il a été recueilli au quartier général de l'Empereur, après un rapide examen et un pansement de sa blessure...

     

    « Un valet de chambre de l'Empereur me réveilla pour me prévenir que je perdait tout mon sang ; en effet, le lit sur lequel j'étais tout habillé, était inondé, ainsi que mon pantalon qui était traversé. Bien vite les braves gens se mirent à l'oeuvre, on défit mon appareil et ils mirent sur l'entrée et la sortie de la balle une pièce de cinq francs tamponnée avec de la charpie. Après avoir bien attaché le tout, je revins sur mon lit jusqu'au départ des prisonniers. 

    Mon canonnier vint me prévenir, je fus mis sur mon cheval, et nous gagnâmes Paris, non sans souffrir horriblement. 

    Je fus débarqué à l'hôtel Richelieu : je connaissais le chef de l'hôtel, qui me reçut on ne peut mieux. Ma blessure étant grave, il me conseilla d'entrer au Val-de-Grâce, me disant que j'y serais beaucoup mieux soigné. Ayant donné tout mon argent à mes camarades et n'ayant que six napoléons, je ne pouvais prendre d'autre parti : mon hôte m'y conduisit en voiture. 

    Depuis six jours je n'avais pas été pensé ; lorsque le docteur Lacroix défit mes compresses, ma blessure me fit peur, la peau était jaune. Les deux pièces de cent sous étaient presque recouvertes par la chair qui avait crû par-dessus. Le vert-de-gris s'y était mis, les poux aussi, c'était une odeur affreuse. Pour sortir les deux pièces, il fallu faire des incisions. Le docteur Lacroix fut étonné de ma blessure ; il donna l'ordre de faire un bain de guimauve et puis de bien la recouvrir avec des compresses de vin. On me faisait avaler quatre fois par jour une potion qui me relevait l'estomac et les forces.

     

    Au bout de cinq jours à quatre heures du soir, je vis arriver une trentaine de carabins, le premier portant une boîte assez grande où tous les instruments nécessaires pour une opération se trouvaient réunis. Maître Lacroix avec un grand tablier, vint me demander mon pouls et me dit qu'on allait me couper le bras ; « Docteur, lui répondis-je, avec sévérité, si vos jeunes gens ne voient d'autre opération que la mienne, je vous jure qu'ils n'en verrons de la vie ! » Ce pauvre homme se mit dans une colère épouvantable ; il me fit observer que la gangrène était dans ma blessure, que ma mort était inévitable si je ne souffrais point qu'on me fit l'amputation. « Docteur lui dis-je,  je préfère mourir avec mes deux bras que de vivre avec un » Avec un air très en colère, ce bon docteur me répliqua : « Qu'êtes vous venu faire ici si vous ne voulez pas qu'on vous soigne ? - Y mourir, docteur, mais non me faire amputer. Ne savez-vous pas, docteur que je n'ai que vingt cinq ans, que j'ai été nommé chef de bataillon sur le champ de bataille ? Que m'importe de vivre si je ne peux plus servir ! Mes observations ne firent que l'aigrir ; il eût la bêtise de me dire : « Prenez garde que je ne vous fasse attacher. »' 

      Ma musette était près de la tête de mon lit, mon canonnier me la donna. Il y avait deux pistolets. J'en pris un, et avec un air des plus en colère, je répondis à ce brave homme : « Je vous défie de me faire attacher : le premier qui avancerait, je le mettrait à bas ! - Eh bien, me dit alors le docteur, puisque vous voulez mourir, mourez ! Aucuns soins ne vous seront donnés.- C'est ce que nous verrons, le ministre n'est pas loin ! » 

    Les carabins me quittèrent et furent entourer le lit du numéro 27, qui avait la même blessure que moi ; c'était un capitaine de la Garde. Dans un clin d'oeil son bras droit fut par terre. Ce malheureux paraissait très satisfait de l'opération. Que de larmes n'a-t-il pas versées depuis ! 

    Le docteur Lacroix tint parole. Il passait tous les jours mon numéro 14 sans m'adresser un mot. Cependant, par les soins que me prodiguait en-dessous un aide-major, j'eus la conviction qu'il avait donné des ordres ; plus tard il me dit que deux fois par jour il se faisait rendre compte de ma blessure. »

     

      Deux fois par jour, on lui mettait le bras dans un bain de guimauve pendant deux heures, ensuite, un grand cataplasme de graines de lin de l'épaule au poignet, après avoir fermé à la charpie les deux orifices. Sa main toute noire et enflée, était enveloppée dans une compresse de vin de kina. Peu à peu, l'enflure disparaît et les doigts commencent à obéir. Au bout de vingt jours, sa figure « était revenue » ... 

     

    « Le docteur ne put s'empêcher de demander de mes nouvelles. Je sortis mon bras du lit, et remuais bien mes doigts. « Docteur, voici le bras que vous vouliez couper ». Il devint très rouge et me dit : «  La nature a fait un miracle pour vous, sur cent, pas un n'en serait guéri ». Il me fit défaire le bras et ordonna qu'on me brûlât avec la pierre infernale des chairs qui repoussaient trop vite. 

     

      Trente sept mois il portera le bras en écharpe, jusqu'au jour où un gros morceau de drap en sorti. Larrey, pour s'assurer que les os n'étaient pas fêlés avait tourné et retourné son doigt dans la plaie*, et de la sorte entraîné des parcelles de tissus de mon habit... »

     

    Le premier travail du chirurgien est de sonder la plaie pour juger de l'état de l'os : os fracturé  = amputation. 

     

    Nota : François Rivereau, un de mes ancêtres, a reçu une balle dans la jambe droite au combat de Beaupréau en avril 1793. Le projectile s'est arrêté sur le tibia et a été extrait par l'orifice d'entrée, avec une pince... Il en gardera en souvenir, une tumeur... 

    Les blessés vendéens....

     

     

    Sources: 

    - Marcel Baldet, ''La vie quotidienne dans les armées de Napoléon'' Librairie Hachette, 1964 – pages 169,170, 171 et réalisé par la Société Nouvelle FIRMIN-DIDOT- Mesnil-sur-l'Estrée en décembre 2001)     

    - Photos: De l'auteur, et du Blog Armae , reconstitution Historique  : Traiter une blessure par balle en 1815. 

                                             

         

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 


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