• Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée...

     

    C'est une fois de plus que nous vous présentons une paroisse disparue. Plutôt que de faire un long texte, nous déposons ici une petite notice de l'abbé Duret, établie en 1931. Nous lui ajoutons quelques documents trouvés ça et là aux archives départementales de Vendée.

    Bonne lecture !

     

    RL

    Mai 2015

     

     

    PRIEURÉ ET PAROISSE DE PAYRÉ-SUR-VENDÉE

     

     

    Au XIe siècle, un seigneur de Vouvant fonda l'abbaye des Augustins de Nieul-sur-l'Autize, et le degré de prospérité que cette abbaye atteignit très rapidement lui permit de créer un certain nombre de prieurés aux environs, et c'est là que très probablement il faut aller chercher l'origine du Prieuré de Payré-sur-Vendée.

     

    L'emplacement choisi fut un domaine assis sur les rives de la Vendée, et à cheval sur une route très fréquentée, et dès la fin du XIIe siècle, nous y trouvons une chapelle, sous le vocable de Sainte Radegonde, mais ce n'est que plus tard, au 15e siècle seulement, que sous l'épiscopat de Messire Louis Rouhault, évêque de Maillezais et abbé de Bourgueil, que la paroisse de Payré, démembrée de celle de Saint-Hilaire de Foussais, aurait été constituée. Il est permis de penser que Dame Louise de Payré, dont le nom est nécessairement lié à l'histoire de Payré, ainsi que son mari le chevalier Péan Bouton de la Baugizière, ne furent pas étrangers à la création de la paroisse.

     

    Immédiatement, la chapelle primitive fut agrandie, et le choeur fut porté de 2 ou 3 travées en avant, et c'est alors que le vocable de Sainte Radegonde disparut pour être remplacé par celui de Notre-Dame ; cependant une chapelle latérale, située au nord, perpétua le culte de Sainte Radegonde, qui demeura la patronne populaire de Payré. Et pendant 300 ans, c'est l'obscurité la plus complète, rien dans les archives ne nous permet de lire dans une histoire qu'on aimerait cependant à connaître. Seul, un nom isolé apparaît : celui de frère Jean Guittard, qui le 4 février 1473, consent une transaction avec Messire Jean Bouton, seigneur de Payré, fils aîné et principal héritier de Louise de Payré. Et nous arrivons à l'année 1600, où nous voyons un Prieur du nom de Bouton, petit-fils de Louise de Payré, signer un acte, en faveur des seigneurs de la Baugizière et de la Riaillière, à qui il concède un banc familial dans l'église de Payré.

     

    Son successeur immédiat n'est pas connu, nous voyons seulement un prieur, dont le nom ne nous est pas donné, entretenir certaines relations de bon voisinage avec le capitaine huguenot Paul de Vendée.

    En 1666, apparaît le Frère Jean Payneau, qui fut l'un des plus ardents défenseurs du Prieuré, et c'est à cette époque que nous voyons les protestants de Payré revenir en masse à l'Eglise catholique, d'où ils étaient sortis, sous l'influence de quelques seigneurs, passés par politique au protestantisme. C'est ainsi que l'on compte, en l'espace de 20 ans, plus de 130 abjurations.

    Messire Pierre Aumond, prêtre séculier, lui succède, et devient prieur en 1687. Il meurt en 1700 et est inhumé dans le cimetière de la paroisse. Son testament porte un legs de 200 francs en faveur de l'Eglise. En 1692, un vicaire lui avait été donné dans la personne de frère Agron, surtout pour desservir une chapelle fondée par dame Catherine Bouhéreau, veuve de Messire Mathieu Brunet, seigneur de la Riaillière.

     

    A partir de l'année 1700, les Prieurs se succèdent sans interruption. Ce sont : Messires Louis Mangin des Chirons, religieux profès de Nieul et prieur de Payré de 1700 à 1705, et qui, retiré à Doix, y meurt en 1731,

    - Julien Bonaventure Mérand, prieur de 1706 à 1721,

    - Hyacinthe François du Temps, prêtre séculier et prieur de 1721 à 1778, et qui, au cours de son long prieural de 57 ans, eut à soutenir de longs procès en faveur de son Bénéfice, faisant pour cela 2 ou 3 fois le voyage de Paris.

    Vers la fin de sa vie, nous lui trouvons un vicaire du nom de J. François, qui desservit la paroisse pendant la vacance qui suivit sa mort.

    - François Tristant, prieur de 1778 à 1780. Zélé prédicateur, principal du collège de Fontenay, curé de Souil près de Maillezais, il devient prieur de Payré en 1778, et y meurt le 30 octobre 1780.

    - A. Favre, vicaire en l'île de Ré, nommé prieur à la mort du précédent, mais qui est immédiatement remplacé par M. Nicolas Gaudineau, curé de la Flotte. Il meurt à Fontenay le 4 septembre 1784 où il est inhumé.

     

    Messire Jacques Poupeau fut le successeur de M. Gaudineau. Natif de Fontaines et précédemment vicaire de Doix, puis prieur de Bourneau pendant 16 ans et demi, il arriva à Payré le 18 octobre 1784. Prêtre plein de zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, il forma le dessein, presque dès son arrivée, de donner une grande mission à sa paroisse. La dernière datait de 1685, donc de 100 ans. Il fit venir dans ce but, des Lazaristes de Fontenay-le-Comte : M. Chinault, supérieur ; M. Arriet ; M. Ablon ; M. Ancet et le frère Pélisson, soit 4 missionnaires et un Frère ; et le 7 mai 1786, la mission était ouverte, pour se terminer le 2 juin suivant. Les résultats en furent très heureux, et deux protestants renoncèrent même à leurs erreurs, et revinrent à la vraie foi. A cette occasion, deux croix furent plantées ; l'une au bout du Chemin Neuf, qui va de l'Aire du Prieuré joindre le chemin de la Vergne à Payré, au carrefour des cinq chemins. Ce chemin s'appelait alors Chemin Neuf, parce qu'on s'était donné beaucoup de peine pour le rendre viable. Cette réparation fut même en grande partie l'oeuvre de M. Poupeau, de même que la réparation d'un autre chemin qui allait de la Vergne et de Cheusse au bourg de Payré, et que l'on nommait le chemin infernal, en raison du mauvais état dans lequel il se trouvait. L'autre croix fut plantée sur le chemin qui va de l'Eglise à Payré, au carrefour de la Sourderie.

     

    M. Poupeau mérite bien des éloges pour le zèle qui le dévorait, pour la pompe qu'il apportait dans les cérémonies religieuses, pour la décoration de son église et pour son aptitude au travail, nous en avons la preuve dans ce fait qu'il fut choisit par ses confrères pour les représenter à l'assemblée générale du 16 mars 1789, à Poitiers, assemblée chargée de nommer 7 députés aux Etats Généraux. Parti de Payré, le 11 mars, il ne revint que le 4 avril suivant, veille des Rameaux, remplacé pendant son absence par le vicaire de Foussais. Travaillant beaucoup, il prenait peu de récréations, et on racontait même dans sa paroisse que lorsqu'il ne pouvait sortir dans la campagne, il se récréait avec un exercice un peu singulier ; il pointait avec un fleuret sans bouton une balle de plomb suspendue au plafond de son salon par un fil.

     

    Expulsé de sa cure le 7 juillet 1791, il se retira à Béziers, en Languedoc. Mais hélas ! malgré sa foi ardente, M. Poupeau eut la faiblesse d'abandonner l'Eglise, en faisant le serment de fidélité à la constitution civile du Clergé, mais de même que St-Pierre pleura amèrement son reniement, M. Poupeau eut lui aussi le courage de rétracter son serment et il mourut catholique. Pendant la triste période révolutionnaire, Payré eut des curés assermentés, et parmi eux, il faut noter M. Clément, précédemment vicaire de Chaillé-les-Marais, qui arrive à Payré le 11 juillet 1791, et le quitte en 1792 pour la cure du Langon, puis M. Nicolas Bichon, curé constitutionnel de Foussais, et enfin M. Denieau, que nous voyons à Payré en août 1792, et qui le quitte en novembre 1793. Et ce fut la fin de cette chère paroisse, qui pendant des centaines d'années avait eu ses heures de gloire et de célébrité, car dès la fin de 1793, le culte était supprimé, et en 1794, le Prieuré était vendu par la Nation.

    En 1804, enfin, Payré était annexé à la paroisse de Foussais. Fasse le ciel qu'un jour prochain une chapelle, rappelant le passé, vienne aussi rappeler des jours lointains en faisant revivre une histoire glorieuse entre toutes, que les chers habitants de Payré n'ont pas le droit d'oublier.

    En attendant ce jour, le magnifique calvaire du Four à chaux, et ceux de la Socelière et des Roulières, édifiés ces dernières années, au milieu de fêtes inoubliables, sont là pour attester que ce désir est le désir de tous.

    Puissent-ils être sans cesse une prédication vivante, et un mémorial de cette antique paroisse de Notre-Dame de Payré, aujourd'hui disparue, mais non oubliée.

     

    G. DURET

    Curé de Foussais et Payré

    Bulletin paroissial de Foussais - 1931

     

     

    Dans le registre clandestin de la Pommeraie-sur-Sèvre pour mai 1794-1795, on retrouve le curé Poupeau :

     

    "POUPEAU, prêtre prieur curé de Notre-Dame de Payré, expulsé et banni de sa cure par les loys de l'assemblée Nationale & Poupeau prêtre actuellement desservant la paroisse de la Pommeraye en l'absence de M. Coulon, pasteur légitime de cette paroisse qui est passé en Espagne pour la cause de la persécution survenue contre l'église gallicane."

     

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

     

     Le prieuré de Payré et son cimetière sur le cadastre de 1811.

     

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

     

    Au second plan, l'église, munie d'un portail en tôle :

     

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

     

    On trouve aux AD85 (en cote 1J1989) trois lettres de dénonciations contre un certain Caillet qui après avoir servi la patrie, serait passé chez les Brigands. Deux de ces missives sont signées du curé constitutionnel de Foussais, Bichon et d'un certain Bouhier de Payré-sur-Vendée.

     

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

     

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

     

    L'arbre de la liberté planté dans le bourg de Payré par les pro-révolutionnaires en 1794. Il s'agit d'un platane devenu énorme...

     

    Quelques notes sur Payré-sur-Vendée....

     

     


  • Commentaires

    2
    Mardi 7 Mars 2017 à 17:30

    Merci pour votre commentaire mais je ne vous connaissais pas et il n'était pas question de m'introduire sur une propriété privée sans autorisation. Vos photos seraient les bienvenues si vous êtes d'accord.

    Bonne journée,

    RL

    1
    jma
    Mardi 7 Mars 2017 à 12:08

    Bonjour, 

    Un ami m'a fait parvenir l'article sur l'ex église de payré sur Vendée publiée dans votre revue. Il est dommage que vous n'ayez pas inséré une photo interne de l'église au lieu de celle qui ne reflète pas la structure. Il suffisait de me le demander. par ailleurs le bénitier est dans l'église de Foussais Payré.

    Cordialement

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