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Lachenay....
Lachenay…
Second du général Grignon, commandant de la deuxième colonne infernale, Jean-Baptiste Lachenay est un personnage méconnu et pourtant un des principaux bourreaux de la Vendée.
Jean-Baptiste Lachenay est né à Paris le 25 avril 1760, fils de Louis Lachenay servant aux Gardes-Françaises et de Marie-Élisabeth Fournel.
En 1779, il s'engage dans le régiment d'Agenois et prend part à la guerre d'indépendance américaine. Il combat à Yorktown en 1781. En 1786, il est renvoyé de l'armée pour incompétence et rentre à Paris où il s'installe comme cuisinier, rue Saint-Martin. En 1791, il se réengage dans l'armée et est nommé sergent-major au 3e bataillon de Paris. Le 23 mai 1793, il arrive en Vendée. Sous-lieutenant le 4 juillet 1793, il est nommé à sa demande adjudant-major de place à Airvault le 4 septembre puis à Thouars le 13 septembre 1793. En janvier 1794, il devient commandant en second de la deuxième colonne infernale que dirige le général Grignon.
Le parcours de sa funeste promenade est le suivant : Argenton-Château, Voultegon, Bressuire, Montigny (?), La Forêt-sur-Sèvre, Saint-André-sur-Sèvre, Saint-Mesmin, Pouzauges, La Meilleraie-Tillay, Le Boupère, Rochetrejoux, Mouchamps, Les Essarts.
Son "oeuvre" en Vendée militaire :
- le massacre de la garde nationale et de plusieurs charretiers à Saint-André-sur-Sèvre.
- la quasi-destruction de la ville de Saint-Mesmin, seulement trois bâtiments non incendiés dont l'église.
- les massacres de Pouzauges, au château et au bois de La Folie.
- les massacres de La Meilleraie-Tillay, à l'église et au bois de Puy-Morin.
- l'incendie du village du Boupère et la traque de ses habitants dans les forêts environnantes.
- le massacre du château du Parc-Soubise à Mouchamps. Deux cents personnes sont fusillées, égorgées et brûlées.
- la destruction de la ville des Essarts, 88 bâtisses incendiées dont le château.
Cette promenade prend fin le 2 février 1794. Lachenay est battu à Chauché par les troupes de Charette et Sapinaud. Selon certains rapports, il aurait été un des premiers à fuir.
Matrice cadastrale représentant le village de Saint-Mesmin-la-Ville (célèbre pour son château) en 1809. Les bâtiments colorisés en jaune indiquent un état de ruine :
À la chute de Robespierre, il n'est nullement inquiété. Le 25 juin 1794, il est nommé adjudant-major de la place de Belle-Île-en-Mer, puis de celle de Guingamp le 27 avril 1796. Il va mener dans cette région de Bretagne de véritables expéditions punitives contre les chouans, notamment en 1799 et 1800.
En 1807, il est nommé adjudant-major de la place des îles Sainte-Marguerite au large de Cannes. L'endroit ne lui plaît guère car trop isolé, et en 1811, il est affecté à Givet dans les Ardennes.
En 1814, son épouse nommée Reine Coeurderoi meurt subitement. Il est soupçonné de l'avoir assassinée ou fait assassiner. Faute de preuves, le rapport de police conclut qu'elle serait morte de chagrin. Le comportement de Lachenay envers les habitants de Givet est constamment dénoncé.
Acte de décès de son épouse :
À la Restauration, il a l'audace de demander au ministre de la Guerre, le général Dupont de l'Étang, le grade de capitaine aide-major et la croix de Saint-Louis pour services rendus à la monarchie lors de la guerre d'indépendance américaine. Cette demande est refusée et la réponse est cinglante. Le lieutenant-général Dumonceau déclare : "M.Lachenay est un homme très immoral, qui, après avoir fait périr sa femme de chagrin, n'a cessé de vivre de la manière la plus scandaleuse et la plus crapuleuse avec des filles qu'il renvoie successivement lorsqu'elles sont enceintes ; il n'a d'ailleurs aucune capacité". Le ministre de la Guerre écrit : "Cet officier déshonore l'uniforme par sa conduite. Il faut le remplacer le plus tôt possible".
En 1815, il est renvoyé de son poste et rentre à Paris. Il obtient tout de même une pension de retraite de lieutenant de 450 francs. Il meurt à Paris le 7 avril 1820.
Bruno Griffon de Pleineville pour Chemins secrets
Décembre 2016
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