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Encore un plan contre la Vendée, par le citoyen Bouillard....
Encore un plan contre la Vendée…
Nous avions vu ici un curieux plan contre la Vendée. En voici un autre, tiré de la même source (1) et qui ne manquera pas de faire sourire par son emphase et par les mesures qui sont préconisées. Les thèses complotistes de l’époque y fleurissent à souhait, cependant on accordera au moins à son auteur le mérite d’avoir compris l’intérêt de la liberté religieuse dans l’Ouest, seule manière viable de mettre fin au conflit.
Le site des Archives de Vendée nous le présente comme pouvant dater du début de l’année 1795. L’auteur de ce rapport est un mystérieux citoyen Bouillard, sur lequel nous n’avons aucune information à ce jour.
RL
Février 2018
« Projet tendant à terminer d'une manière irrévocable la guerre des Chouans et des Vendéens.
« Tout citoyen étant obligé de servir son pays, seroit, à mes yeux, bien coupable de ne pas éclairer ses législateurs lorsqu’il a consçu des idées qui peuvent concourir au bien commun. Peu habitué à écrire et moins encore à parler en public, je n’en ai pas moins cherché à me faire instruire des causes de la guerre cruelle des Chouans et des Vendéens. Elles m’ont fourni les réflexions que je vais vous soumettre. Je m’en acquitterai sans passion, n’ayant d’autre but que devoir terminer, d’une manière victorieuse, une guerre cruelle qui depuis trois ans fait couler le sang françois.
Les Chouans n’ont été d’abord qu’un reste de Vendéens échapés de la déroute du Mans. Ils n’eussent jamais existé, si le monstre sanguinaire (Carrier) eu voulu les sauver du désespoir ; mais non, avide de sang et de carnage il fit mourir tous ce qui vint mettre bas les armes. Ils durent chercher leur salut dans la fuite ; ils le firent. L’habitant des campagnes leur refusa secours et protection, ce fut dans les forests qu’ils allèrent se cacher. Ceux des jeunes citoyens, que votre décret du 23 août 1793 appelloit à servir leur patrie, allèrent dans leurs repaires et bientôt ils s’assimilèrent à eux par leur brigandage nocturne, ils égorgèrent impitoyablement ceux de leurs concitoyens qu’ils appeloient patriotes ; les maires et officiers municipaux furent leurs premières victimes ; peu avant la chute du tiran, un arrêté des représentants du peuple en mission dans nos départements permit à ces jeunes citoyens de rentrer dans leur famille, ils reparurent aussitôt, mais leur cœur étoit gangrené, leurs mains teintes de sang se refusèrent pour la plupart au travail ; la crainte du chatiment où le remord les poursuivoit sans cesse. Leurs anciens compagnons de leurs crimes qui j’ose le croire n’étoient pas les leurs, aidés de quelques émigrés vinrent bientôt les relancer, à l’imitation du scélérat Robespierre il mirent dans les campagnes la terreur à l’ordre du jour ; le paisible habitant fut sommé sous peine de mort de se réunir a eux a tel ou tel signal. L’exemple suivit de près la menace car tout ce qui fut soupçonné de n’être pas leur partisan fut impitoyablement égorgé. Ce fut dans ce moment là que la Convention nationale proclama une amnistie en faveur des Vendéens. Les chefs de cette horde impie se montrèrent et demandèrent à en profiter, comme les Vendéens, de l’aministie. Il osèrent même demander à communiquer avec les chefs de la Vendée, on le leur refusa. Bien assurés que ceux-ci alloient profiter du décret, les Chouans se virent perdus ; alors ils tentèrent des voies de communication avec la perfide Angleterre, ils y réussirent. Il ne manquèrent pas sans doute d’insinuer aux émigrés qu’ils étoient maîtres de la campagne, qu’ils pouvoient et devoient se réunir à eux. Deux motifs les portèrent sans doute, celui de faire participer du décret d’amnistie tous les émigrés qui passeroient à tems, ou celui de grossir leur nombre s’ils ne pouvoient obtenir la même faveur que les Vendéens. Il paroit que l’Angleterre en décida autrement, elle vouloit les perdre en cherchant à nous perdre et pour cette fois Pitt le monstre Pitt leur a tenu parole en leur donnant des armes et des munitions et les a vomis sur le sol de la liberté. Que n’étoit il lui-même à leur tête l’Europe, au moins en eut été débarassée ! Disons la vérité ; peut-être a-t-on commis une grande faute en faisnat la paix séparément avec ces deux partis ; il s’écoula un laps de tems trop long entre celle des Vendéens et celle des Chouans pendant que les uns étoient en pourpalers, les autres agissoient. Les routes furent interceptées ; toute la campagne fut mise en pleine insurrection, le nombre des émigrés se grossit, des têtes exaltés, des terroristes, des jacobins enfin vinrent prendre parti avec eux. Ce fut dans ce moment que les pourpalers s’établirent à Rennes ou dans ses environs ; la communication avec Jersey et Guernesey étoit ouverte ; de nouveaux débarqués entrent dans la conférence, ils avoient la certitude des dispositions de l’Angleterre, aussi ceux-ci ne firent qu’une paix platrée et bien résolus de faire lever la campagne dès que le débarquement promis paroîtroit. L’arrestation de Cormatin les fit pâlir, mais Pitt ayant leur parole pour cette fois, ils ont avec les armes de Robepierre (la Terreur) organisé les campagnes de manière qu’au premier signal, il l’ont fait lever et tandis qu’une partie s’est portée au lieu du débarquement, l’autre a inquiété les grandes villes, en leur coupant toute arrivée des subsistances et en égorgeant à toutes mains les voyageurs, et les acquéreurs de biens nationaux. Tous nos terroristes sont avec eux, ne soyons plus étonnés des horreurs qui se commettent, ne rejettez pas sur les habitants des campagnes les fureurs et les brigandages qui s’y exercent. Comme les villes, elles ont besoin d’être purgées de ces monstres, il vous appartient, citoyens, de les déterrer partout où ils se trouveront. Faites leur une guerre à mort comme ils la font à toute la France depuis trois ans ; que dans un mois cette race maudite disparaisse du sol de la liberté, tous les bras vous sont ouverts ! Les braves habitants des campagnes demandent eux même vengeance contre tous ces scélérats. Ils demandent que vous en fassiez un exemple terrible qui comprime tous ceux qui voudroient s’allier à leurs forfaits ou les imiter. Vous le devez, représentants, et si vous ne venez promptement à leur secours, je vous prédis une guerre horrible qui durera plus de vingt ans.
Avant de passer aux moyens que je crois propres à terminer la guerr des Chouans et des Vendéens, il convient de vous faire part de mes réflexions par rapport aux émigrés, puisque dans mes moyens je ne puis me passer de parler d’eux. Je suis loin de vouloir ici prendre leur défense, elle ne peut être dans mon cœur, ils sont la cause des maux de notre malheureuse patrie. Si d’un côté je m’appesantis sur tous leurs crimes, de l’autre je vois que le désespoir de la misère les portera toujours à l’esprit de révolte et que tant qu’il en resteroit un on auroit toujours à punir. Leurs descendants jusqu’à la quatrième génération seroient toujours disposés à profiter des moindres révoltes qui tenderoient au rétablissement de la royauté et ne seroient pas des derniers à exercer des vengeances qu’ils croiroient légitimes. Tout émigré doit être bani pour toujours du sol de la liberté s’il a porté les armes contre sa patrie et pendant la guerre les revenus de ses biens doivent servir aux frais qu’elle nécessite ; mais par un principe de toute justice les enfants ne devant jamais supporter ni être les victimes des fautes de leur père ceux-ci à la paix doivent rentrer dans les biens de leur père s’ils sont morts, ou y avoir une part proportionelle à celle à laquelle ils prétenderoient à leur majorité, s’ils sont vivants. Quel émigré qui ne sera pas convaincu d’avoir pris part à la guerre, qui n’aura passé dans l’étranger que pour éviter la fureur des partis puisse rentrer à la paix dans ses biens et en disposer même s’il veut rester où il est ; tous les françois tous les amis de la justice et de l’humanité applaudiront à votre décret et verroient comme nous que les émigrés alors auroient intérêts à demander eux-mêmes la paix. Mais direz vous, les buveurs de sang, les jacobins, les terroristes criront que nous voulons le retour de la royauté. Non citoyens, on ne veut pas la royauté pour être juste. La royauté n’aura jamais lieu, si la Convention grande et juste, comme le peuple qu’elle représente, en impose aux scélérats et protège la vertu ; si les décrets ne peuvent plus être altérés soit par des représentants en mission, soit par des administrateurs perfides qui vont toujours au de là de la loi. Témoin encore ce qu’il vient de se passer ici à l’égard des ministres du culte catolique, qui s’étant soumis à la loi sont vexés en exigeant d’eux qu’ils montent leur garde, lorsqu’on leur a promis de ne pas l’exiger d’eux, lors dès que par état ils avoient juré de ne jamais se servir d’aucune arme ; et en souffrant que non seulement leurs temples soient pillés et dévastés, mais encore qu’il y fut fait des horreurs qu’on ne se permettroit pas dans les lieux les plus corrompus et quel tems encore a-t-on pris celui ou ces ministres avoient offert leur temple pour la fête de la justice. N’en doutez pas la liberté indéfinie de tous les cultes est le tombeau de la royauté, elle est le retour aussi des meurs et des vertus privées. Celles-ci caractérisent les républicains. Sans elle, point de meurs et sans meurs l’anarchie. L’anarchie législateurs ! Votre but ne fut jamais de l’organiser ! Vous en avez été aussi les victimes. On vous a parlé d’un culte dominant, rejettez avec courage tout ce qui pourroit vous être proposé à cet égard, ce seroit ressusciter la tirannie.
La nation en peut être trop grande et trop généreuse aussi je ne puis me de défendre de provoquer un nouvel amnistie en faveur même des émigrés qui peuvent être parmi les Chouans et les Vendéens, qu’il puissent rentrer dans leurs biens. Faites marcher promptement 60 à 80 mille hommes de troupes bien disciplinées à la tête des quelles seront deux représentants du peuple (de ceux qui n’ont cessé de bien mériter de leurs concitoyens) que ces troupes soient réparties de manière à embrasser sur une même ligne tout le pays où commence la chouannerie. L’amnistie proclamé à la tête des troupes par les représentants du peuple portera qu’à compter du jour de sa proclamation toutes les communes des campagnes de tels et tels départements sont déclarées en rébellion : 1° si dans le mois chaque commune n’est pas organisée en gardes nationales et n’a pas envoyé au directoire de son département le contrôle de son organisation ave celui des armes. 2° si elle n’a pas complété le nombre de ses officiers municipaux. 3° si ceux-ci aussitôt leur nomination n’ont pas en présence d’un commissaire du département fait prêter serment de fidélité à la république aux gardes nationales, les quelles ne devroient être composées que de fermiers, cultivateurs et propriétaires d’un bien égal à un revenu annuel de cent livres valeur métallique, avec injonction aux officiers municipaux de faire désarmer de suite tous ceux qui non appelés au service de garde nationale auroient des armes. Ces armes devront être portées au directoire du département qui sera tenu de faire payer de suite au propriétaire un prix qui sera fixé. Seront tenus les officiers municipaux de faire faire le recensement exacte de la population de leur commune, ayant l’attention de désigner dans une colonne tous ceux qui en seroient domiciliés depuis 89 et qui n’y seroient pas mariés, en y insérant le lieu de leur naissance. Tous ceux non domiciliés avant 89 seront tenus de prendre un passeport à la commune et ce trois jours au plûtard après la notification qui leur en sera faite par la municipalité, pour se rendre à celle de leur lieu de naissance s’ils sont cultivateurs ou manouvriers ; on pour le lieu de leur dernier domicile s’ils étoient sortis d’une grande commune où ils exercoient un état ou une profession utile. Tout passeport portera signalement, la qualité du porteur, la route qu’ils sera forcé de tenir et le tems qu’il devras mettre à se rendre calculé à sept lieues par jour. Toutes le municipalités seront permanentes et suivant la population de leur commune elles fixeront un nombre de gardes nationales pour faire le service de jour et de nuit. Tout porteur de passeport sera tenu de faire viser chaque jour son passeport à la commune de sa couchée et ce avant six heures du soir ; tout citoyen qui n’auroit pas rempli cette formalité, ou qui seroit trouvé sans passeport, seroit arrêté de suite et conduit à la municipalité du lieu de son arrestation, qui jugeroit s’il y a lieu ou non à viser ou à lui délivrer un passeport avec enfin à le faire incarcérer et le faire conduire au comité de surveillance du chef lieu de département. A l’arrivée d’un porteur de passeport au lieu de sa destination ; il sera tenu de se présenter à la municipalité et d’y déclarer où il va prendre logement, s’il exerce un métier ou toute autre profession la municipalité lui indiquera autant qu’il sera en elle chez qui il peut se présenter pour avoir de l’occupation et dès qu’il en aura trouvée il se présentera au commissaire de la section dans la quelle il résidera qui prendra son nom, sa qualité et sa demeure. Cet ordre de choses devroit exister dans le moment actuel pour toute la France ; bien certainement il feroit disparoître tous ces perturbateurs du repos public qui ne remuent que parce qu’à chaque instant ils peuvent changer de lieu et se porter dans un mois d’un bout de la France à l’autre ; d’où il résulte que tel homme ayant assassiné ici va vivre dans l’impunité à 20 lieues plus loin. Il seroit à souhaiter dans ces moments d’orages que toute administration connut bien ses administrés.
Toutes communes déclarées en rébellion seroit tenue de nourrir et de défrayer les troupes que l’on y enverroit et cependant tout le tems de leur rébellion. Ne seroient point comprises en rébellion celles qui, soit qu’elles eussent satisfaites à ce que devant, soit qu’elles ne l’eussent pas faites par l’impossibilité où elles pourroient avoir été de le faire, viendroient au devant des phalanges républicaines en armes, la crosse haute et demanderoient à marcher avec elles contre les ennemis communs. Seroient ces communes non organisées en gardes nationales, organisées de suite et obligées de désigner les noms des non domiciliés qui ne se seroient pas réunis à elles. Ceux qui se seroient réunis se conformeroient à la loi en prenant de suite leur passeport et ceux qui ne l’auroient pas faits seroient arrêtés et conduits au comité de surveillance du département. Ceux là qui, au mépris de la loir ayant pris leur passeports ne se rendroient pas au lieu de leur domicile seroient punis de trois années de réclusion et condamnés à être fusillés s’ils sont pris les armes à la mains ou faisant partie d’un rassemblement. Je ne vous ai point dit quels officiers je voudrois que les gardes nationales des campagnes eussent ; c’est cependant essentiel. Il seroit assurément essentiel qu’ils leur fussent donnés mais si vous croyez devoir leur en laisser à leur choix, je voudrois du moins que le commandant de bataillon et chef de division fussent pris dans la troupe de ligne et qu’ils fussent bien choisis. Avec la différence seulement pour les Vendéens que ce qu’ils appellent leur généraux fussent commandants de canton et leur commandants de division commandants de commune. Je sais que ceux-ci sont des monstres qui plus jaloux du pouvoir encore que leurs supérieurs fomentent les esprits en tirannisant les bons habitants des campagnes, mais il faut en politique quelquefois fermer les yeux. Ne pardonner à personne ou pardonner à peu c’est à peu près la même chose. Si on réduit à rien ces êtres ambitieux, ils seront naturellement méfiants, si vous les occupez, vous vous les attacherez. Craindroit-on encore qu’après une telle organisation ils remuassent, non : surveillés les uns par les autres, on atteindroit bien plus facilement le traitre s’il s’ingeroit de le devenir. Dira-t-on mais ils livreront la côte. Je dirai comment la livreront-ils, puisqu’ils ne l’occuperont pas puisque tous ces commandants de bataillon trouveroient un obstacle de suite par leur rivaux qui au besoin marcheroient contre eux. Il faudroit les payer pendant la guerre. D’ailleurs presque tous les Vendéens étoient patriotes de 1789. Il se sont révoltés contre la république quand on leur a fait haïr. Ils ne la connoissent pas, il faut donc la faire aimer. Bientôt ils en seront les partisans.
Vous vous occupez de nous donner une constitution. Elle est désirée de tous les françois amis des meurs et des vertus ; les scélérats seuls voudroient l’éloigner, parce qu’ils préfèrent l’anarchie au règne des loix. Apprenez encore à ceux-ci à devenir bons et humains, fermez ces aréopages de bandits sitpandiés par Pitt pour alimenter le trouble et le désordre, fomenter les haines et ordonner les massacres. Vous avez fermé leur repaire à Paris, fermez les dans tous les départements, ce sont des enfants gatés qui couvent sourdement le poison de leur mère. Ils le distilent adroitement dans les veines des foibles qui sans s’en douter servent leur vengeance secrète. Ces flateurs à gage voient déjà dans ceux-ci qu’ils seront portés par eux à la prochaine assemblée. Génie de la liberté, abats de la massue tous ces êtres ambitieux qui ne nous carresent que pour nous étouffer plus surement. Réchauffez ces âmes vertueuses que le malheur a abbatu ! Citoyens, nos départements sont trop dans l’agitation pour recevoir dans ce moment l’acte constitutionnel que vous allez nous envoyer à l’acceptation. Portez la consolation dans nos cœurs, rétablissez la paix dans nos campagnes, car il faut aussi qu’elles reçoivent l’acte consitutionnel. Usez des moyens que je vous indique et je réponds du succès. Je connois l’esprit des campagnes, elles ne voudroient jamais faire renaître la féodalité. Envoyez leur des représentants qui respectent leur opinion religieuse, leur parlent au cœur en leur prêchant l’obéissance aux loix, le respect des personnes et des propriétés, qu’ils reçoivent leur doléance avec humanité, qu’ils secourent les indigents et promettent des encouragements aux cultivateurs. Oui représentants, un jour qu’un tel missionnaire aura passé dans un bourg ou dans un village aura fait plus de prosélites à la république que toutes les courses des Carrier ravageant leur champs et assassinant à toutes mains.
Alors oui alors nos campagnes, au moyen des forces que vous leur aurez données, ne souffriront plus ces bandes de scélérats qui se sont servis de leurs foiblesses pour vous assassiner. Ils recevront avec des transports de joie l’acte constitutionnel que vous leur enverrez. Leurs ministres leur expliqueront les loix, leur en feront goûter les bienfaits. Ils vous béniront avec tous les amis de l’ordre et de la paix. Alors les puissances étrangères n’auront plus d’espoir de nous diviser, les émigrés traités judicieusement imploreront eux-mêmes le moment de paix générale, au lieu de désirer la mort de tous les françois. Vous aurez, vous fermé toutes les plaies que l’injustice et la cruauté avoient faites avant vous ou sans vous. Croyez vous que ceux qui ont jamais pu imaginer que la confiscation de biens fut légitime étoient les amis de leur pays ? Ils savoient bien que sous le prétexte spécieux d’enrichir la république, ils la ruineroient en lui créant des ennemis. Et quel ennemi plus cruel peut avoir celui qui dépouille un autre que celui qu’il a dépouillé ?
Les représentants en mission dans les campagnes entendront les plaintes de quelques habitants contre les réfugiés. Il en est de ceux-ci qui certainement ont bien des reproches à se faire, car ils ont en quelque sorte servi les fureurs de Carrier en commandant les massacres de leurs amis et même de leurs parents. Si ceux-ci étoient prudents ils ne demanderoient jamais à aller dans leur pays et sous aucun prétexte je ne voudroit aucunement qu’on permit à ces réfugiés d’accompagner la troupe quand elle marchera. La privation de leur bien, depuis 4 ans passés, les rend furieux et quoique la nation en ait pris soin ils ne savent pas faire une sacrifice généreux que leur demande le bien public ; ils seroient prêts au contraire à souffler la discordre ; que tous ces réfugiés soient tenus de se retirer dans des communes qu’on leur désignera : que ceux qui ont du bien le vendent pour le porter ailleurs ; leur intérêt le veut, le bien public l’exige car comment celui aura souffert dans sa propriété pardonnera t-il ? Celui qui verra à côté de lui l’assassin de son père, de sa mère de son frère ou de son ami le fera t-il ? Une loi salutaire contre tous les assassins tels qu’ils soient est pressante et juste, et elle éviteroit surement tous les malheurs que je prévois. Tous les homme sont familiarisés avec la mort parce que le supplice n’a rien qui en impose : trouvoit on beaucoup autrefois de voleurs de grands chemins non ; parce que le supplice de la roue étoit effrayant. Il a été aboli parce qu’il ne pouvoit convenir au sistème des dévastateurs de l’espèce humaine, il eut été trop lent ; il a fallu un intrument qui put abattre 30 têtes dans une heure et on a applaudi à cette invention avec antousiasme parce qu’il avoir le mérite de ne pas faire souffrir le condamné. D’autres ont trouvés la canonade, la noyade et la fusilade encore préférables et c’est ainsi qu’avec beaucoup d’humanité on eut fait en peu de notre pays un vaste tombeau. Eh bien citoyens ! L’humanité selon moi consiste à conserver l’espèce humaine, et si tout assassin, voleur de grands chemins ou dans les campagnes étoit exécuté sur une roue dans le lieu ou dans le village le plus voisin du lieu où il auroit consommé le crime et qu’il y fut exposé, bientôt il n’y en auroit plus ; que tous les grands coupables meurent de la même manière qu’il n’y ait d’autre genre de mort et je suis sur qu’il y en aura peu à punir.
La Vendée eut été tranquille si elle eut été organisée d’après le traité. Les représentants en mission ont été contrariés par quelques hommes dont la soif du butin leur prétoit le coupable désir de voir la guerre recommencer et qu’ils n’ont pas sur apprécier. Quelques mauvais sujets que la République a chassé des postes qu’ils occupoient ont été travailler les chefs. Les réfugiés impatients de retourner chez eux, auroient voulu qu’on alla les y instaler la bayonette en avant. Des postes intérieures qu’on étoit convenu d’évacuer pour tranquiliser les campagnes ont été occupés (**** illisible) été multipliés. On reproche au représentant Gaudin d’avoir voulu ternir la gloire de Ruel en le détournant d’organiser le pays conformément au traité, d’avoir enlevé un de leur chef de division nommé Allard qui s’étoit montré le plus zélé partisan de la paix. Un représentant en mission doit agir et non être un homme à qui on va faire la cour : Gaudin étant dans son pays ne peut faire aucun bien à la Vendée. Au contraire on peut plus facilement le tromper qu’un autre, parce que trop de gens ont accès chez lui. Tout ce qui se passe dans la Vendée ne doit pas faire désespérer d’y établir la paix.
Bouillard
Note :
(1) SHD B 5/8-125.
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