• Vols et rapines des généraux républicains (1ère partie)....

     

    Vols et rapines des généraux républicains (1ère partie)…

     

     

     

    Cette petite série est tirée des archives militaires de Vincennes (1). Il s’agit de dénonciations pour vol contre quatre généraux républicains au Comité de salut public de la part du Comité de surveillance d’Angers. Après l’introduction aux pièces, nous passerons au premier de ces messieurs : le général Louis-Michel-Auguste Thévenet dit « Danican ». Je ne commenterai pas les faits que je vais présenter ici, ces généraux ayant été tous plus ou moins désignés comme « suspects » par le régime de l’époque. Il n’en demeure pas moins une certaine crédibilité dans ce qui est rapporté et qui à vrai dire, ne me surprend guère de la part de bons républicains…

    Orthographe respectée dans la mesure du compréhensible et ponctuation ajoutée.

    RL

    Décembre 2017

     

    ***

     

    Vols et rapines des généraux républicains (1ère partie)....

    « 22 février 1794

    Les membres composant le comité de surveillance établi à Angers au ministre de la guerre

     

    Le comité se tient près Saint-Maurice

    Angers, le quatrième jour de la première décade du sixième mois de l’an 2° de la République, une et indivisible.

    Les membres composant le Comité de Surveillance et Révolutionnaire, établi à Angers, par les Representans du Peuple, aux républicains composant le Comité de Salut public près la Convention nationale à Paris.

    Partie militaire

     

    Jusqu’à quand les généraux consulteront-ils plus leurs intérêts que ceux de la république, qui les paye si chèrement pour la servir et commander ses défenseurs ? Quoi Des Desmarres (2), des Tabary adjudants généraux dans nos murs ! D’autres à Paris, d’autres, comme Duhoux en instances au tribunal révolutionnaire de Paris, n’engageront point cette nuée épaisse de généraux, qui couvre cette Vendée trop fameuse, à s’occuper uniquement de l’intérêt général. Faut-il encore que nous soyons contraints de vous dénoncer Danican comme un lâche, comme un voleur public, froussart comme un traitre et Rossignol comme un assassin ! La république en est elle donc réduite à ce point de ne pouvoir trouver dans son sein, un général assez brave, assez désintéressé, assez fidèle assez honnête et aussi de l’ordre et de la discipline militaire ! Non, nous nous en flattons, il existe de braves gens dans la république : une modestie mal entendue et presque coupable les a tenus jusqu’à ce jour à l’écard, mais vie la république. Il est enjoint à toutes les sociétés républicaines de rechercher ces individus : sentinelles vigilantes, elles les découvriront, vous les indiqueront c’est vraiment alors que nous dirons avec toute la république que nous ne risquerons plus ni les marchands de déroutes ni les marchands d’argent. Oh ! Puisse cet heureux instant arriver promptement, c’est le veu sincère des san-culottes républicains composants le Comité de surveillance et révolutionnaire d’Angers./. »

    Vols et rapines des généraux républicains (1ère partie)....

     

    ***

     

     

    « Dénonciation contre le général Dànican

    1 er ventose

    An 2 de la république une et indivisible ./.

    (19 février 1794)

    Aujourd’hui vingt quatre frimaire l’an deux de la république française une et indivisible (14 décembre 1793)

    Devant nous Jacque-Pierre-Chaillou juge de paix et officier de police de sûreté.

    A comparu la citoyenne Renée Sureau veuve de George le faucheux demeurante au haut de la rue de la Loi, section de St Pierre.

    Laquelel nous à dit qu’il à environ dix ans le citoyen du Tremblier propriétaire d’une maison située ruë St Jacques, près celle du citoyen Legoutz, lui à remis les clefs de sa maison ; quelle lui remettoit lorcequ’il venoit dans cette ville environ deux ou trois fois par an, qu’il n’est pas venu dans cette ville depuis le mois de mars dernier.

    Qu’il y à environ dix à onze jours, deux hussards sont venûs de la part du général d’alican demander les clefs de la porte de laditte maison pour mettre des chevaux dans l’écurie qui est dans la cour, qu’elle envoya son fils ouvrir la porte avec la grosse clef, et qu’il leur laissa un loquet de laditte porte.

    Qu’elle a envoyé son fils ce jour pour voir s’il y avoit encore des chevaux dans laditte écurie, qu’il y à trouvé une cavalle avec un poulain, mais il s’est apperçu que les portes de la maison étoient ouvertes, et étant entré dans la salle d’en bas, il à vu les armoires ouvertes : pourquoi il est venu de suitte nous avertir, qu’il avoit été commis du pillage dans laditte maison et nous à requis de nous y transporter pour constater les fractures et le pillage qui auroit pu avoir été commis dans laditte maison, et nous y étant de suitte transporté, nous sommes entrés dans l’écurie ou nous y avons vû une jumen bay de grande taille marquée en tête et un poulain d’environ un mois. Sommes ensuite allés au bas de la cour et y avons vu la porte de la salle basse ouverte, et y étant entrés, nous avons remarqués que tous les meubles qui sont dans ladite maison ont été ouverts et partie des ferrures forcés. En conséquence nous avons requis le citoyen Binet serrurier ensemble les citoyens Jean Blanchet marchand chapellier et Joseph Aubain marchand, citoyens natifs de cette ville section de St Pierre voisins de laditte maison pour être présents à notre procès-verbal, a quoi ils ont déférés. En conséquence y avont procédés ainsi que suit.

    1° Somme entrés dans une grande salle basse dont nous avons trouvé la porte d’entrée ouverte et dont la tagette en dedans paroit avoir été forcée ; nous avons trouvé dans laditte salle un placard ouvert, dans lequel il y avoit et est resté quelques papiers, plus une armoire ouverte dans laquelle il s’est encore trouvé trois draps, quinze serviettes, quattre nappes, deux essuimains, deux tabliers de cuisine, deux rideaux de croisée de toille fine, deux grands chandelliers argentés, et autres effets de peu de valeur. La serrure de laditte armoire a été forcée et ne tient plus qu’à un clou.

    2° Dans le sallon étant à côté de laditte salle, il s’est trouvé un bas de buffet fermant à deux battants que nous avons trouvé ouvert ; plus un placard fermant à quattre battants qui étoient également ouverts.

    3° Ayant trouvé la porte de la cuisine ouverte, nous y sommes entrés, et avons remarqué qu’il y avoit été fait du feu tout récemment, si vrai que nous avons trouvé dans la cheminée un grand pot, rempli d’herbes, et de fouin qu’on avoit fait bouillir.

    4° Sommes passés dans un corridor dans lequel il s’est trouvé une porte ouverte, à la faveur de laquelle ; nous sommes entrés dans un petit cabinet rempli de bouteilles vides, sauf un qui étoit à demie pleine. Il nous à paru par le fouin qui étoit à terre qu’il y avoit eu du vin en bouteille qui avoient été arrangées dans ledit cabinet et qui ont été vidées. Et examen fait de la serrure qui fermoit ledit cabinet elle m’a paru avoir été forcée au moyen d’une puzée ( ?).

    Ensuitte monté au premier étage, sommes entrés dans deux grandes chambres que nous avons trouvées ouvertes. Les clefs étant dans la serrure des portes ; dans l’une des dittes chambres, qui nous a paru être celle de l’épouse du sieur Tremblier, nous avons trouvé une armoire dont la serrure a été forcée, et partie des effets ont été volés de laditte armoire, notemment des boïttes que nous avons trouvées qui étoient vides.

    Dans l’autre chambre qui nous à paru être celle du Tremblier, il s’est aussi trovué une armoire contenante ses habits dont la serrure à aussi été forcée et ne tenoit plus qu’à un clou.

    5° Nous sommes montés dans le grenier au nombre de trois dont les portes étoient ouvertes et la serrure de la porte de l’huis des deux greniers donnant sur la cour a étée forcée. A cet instant est intervenu un militaire qui nous a dit être capitaine au deuzième régiment des chasseurs à cheval lequel à réclamé la jument et le poullain qui est dans l’écurie, et nous a dit l’avoir achetté du général Alican mercredi dernier au matin, nous lui avons demandé si laditte juman et le poullain étoient dans l’écurie au moment qu’il les a achettés, il nous a dit qu’oui, nous lui avons demandé s’il avoit un écrit du général alicant, il nous a dit que non ; nous lui avons déclaré que nous nous opposions à ce qu’il emmena laditte cavalle, et l’avons sommé de venir avec nous au comité de surveillance . Y étant arrivés, et après nous êtres respectivement expliqués devant deux des membres qui y étoient. Lors il à été décidé que je continerois mon procès verbal, et que la jumant et le poullain resteroient dans l’écurie jusqu’à nouvel ordre ; en conséquence nous sommes revenus dans laditte maison, et avons procédé à la continuation de notre procès verbal ainsi qu’il suit en présence dudit Binet et nos témoins cidessus établis ; étant descendu dans la cave la serrure de laditte cave nous à paru avoir étée forcée, et il ne s’est rien trouvé dans laditte cave.

    Ledit citroyen Binet, nous à encore fait oberver qu’il y a eu une incision faitte à la porte principale d’entrée de la longueur d’environ trois doigts afin de pouvoir ouvrir le loquet de laditte porte avec une lamme de couteau ou de sabre et au moyen de ce que touttes les portes des appartements dépendants de laditte maison sont ouvertes, nous avons sommés le citoyen Binet serrurier de clôre et fermer lesdittes portes et croisées au dépends et frais de qui il appartiendra et avons commis gardien de laditte maison le citoyen George Faucheux fils de la citoyenne veuve Faucheux et ce jusqu’à ce que laditte maison soit bien clôse ce qu’il accepte./.

    Fait et arrêté le présent procès verbal en présence des citoyens ci dessis établis qui ont signés avec nous sur la minute, Binet, Joseph Aubain, Blancher, Ballier, George le faucheux, et Chaillou.

    Nous Jacques Pierre Chaillou officier de police de sûreté somme entrés de suitte dans la maison du citoyen Legoutz et nous sommés informés de ceux qui depuis dix à douze jours occupoient l’écurie et la maison du citoyen du Tremblier.

    Ont comparu Jean Vaillant domestique et Anne-Marie Gaudon aussi domestique officière dudit Legoutz, lequels nous ont (dit) que les gens appartenants au général D’Alican, avoient mis leurs chevaux dans la ditte écurie, et qu’ils leur ont fait voir une jumant qui venoit de faire un petit poulain et ont dit ne scavoir autre chôse et à la ditte Gaudon signée avec nous, et ledit Vaillant à déclaré ne scavoir signer. Signé sur la minute ; Anne Marie Gaudon et Chaillou.

    Pour copie conforme.

     

    Vols et rapines des généraux républicains (1ère partie)....

     

    Notes :

    (1)  SHD B 5/8-58.

     

    (2)  L’adjudant-général Desmarres avait déjà eu quelques ennuis de la part des administrateurs des Deux-Sèvres à Niort qui l’avaient dénoncé au Comité de salut public. Ces derniers s’étaient plaints de « l’inaction et de la conduite affreuse des généraux envers les citoyens levés en masse » et « des ordres féroces données contre eux par le citoyen Desmarres chef de l’état-major de l’armée de Partenay ». 29 septembre et 3 octobre 1793. SHD B 5/6-101, v. 7/11.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :