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Une autre madame de Montsorbier....
Le portrait d'une aristocrate...
Il est très difficile d'imaginer les caractéristiques physiques d'une aïeule lorsque l'on ne possède pas de portrait. Les portraits de l'époque valent beaucoup d'argent ; une tête dessinée au crayon vaut trente écus, un tableau de piété cinq cents livres...
Curieusement, un certificat de résidence établi sous le Directoire et daté du 2 Frimaire de l'an 7 à Montaigu, va forcer notre imagination à esquisser la silhouette et le visage d'une femme : Madame de Montsorbier. Elle mesure quatre pieds onze pouces* (environ 1,60m), a les cheveux et les sourcils châtains, le front ordinaire, les yeux gris, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton rond et le visage allongé. Nantis de ces détails, il est relativement facile d'en faire un portrait au crayon...
* Sous l'Ancien Régime, le pied = 32.4839cm – le pouce = 2.707cm) Madame de Montsorbier mesure donc: 1.5971m).
Charlotte-Elisabeth de Montsorbier a vécu tragiquement la guerre de la Vendée. Son château a été incendié, elle se marie le 21 juin 1794 avec Aymé Brethet de la Guignardière qui décède (au combat ?), quelques mois après son union. Elle se remarie le 22 mai 1795 à Bourg-sous-la-Roche avec François-Xavier Pichon de Lagord et se réfugie au bourg de Saligny, à environ vingt kilomètres de Mormaison, de 1789 jusqu'au premier Germinal de l'an quatre, ensuite elle fixe sa résidence à la Bedoutière* commune de Mormaison.
*Château de la Bedoutière répertorié sur le cadastre napoléonien de l'année 1837, aujourd'hui la Butière. A été incendié par les Colonnes Infernales.
Fille de Charles-Joseph de Montsorbier et d’Honorée-Renée le Maignan, elle naît le 11 mars 1759 à Boulogne et décède le 11 mars 1839 à Mormaison.
Le 2 Frimaire de l'an 7 (22 novembre 1798), elle dépose un certificat de résidence et un certificat de notoriété en ces termes:
« Certificat de résidence de la Citoyenne Montsorbier du 2 Frimaire an 7. Par devant nous notaires publics du département de la Vendée, soussignés, à comparu en sa personne la Citoyenne Charlotte-Elisabeth Montsorbier demeurant à la Bédoutière commune de Mormaison. Laquelle nous a dit avoir besoin d'un certificat de résidence comme elle a demeuré sans interruption depuis mil sept cent quatre vingt neuf (vieux stile) jusqu'au premier Germinal de l'an quatre. La dite Citoyenne Elisabeth Montsorbier est âgée de trente huit ans, taille de quatre pieds onze pouces, cheveux et sourcils châtains, front ordinaire, yeux gris, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage allongé ; laquelle à en conséquence fait comparaître devant nous les témoins ci-après nommés, savoir Louis Mignet marchand, Philippe Vexiau cultivateur, René Laborde journalier demeurant les trois au bourg de Saligny, Pierre Nauleau tisserand, Pierre Lunard maréchal, Pierre Caillé cultivateur, demeurant aussi au bourg de Saligny. Charles Robion laboureur, demeurant à la villatière, Louis Billaud cultivateur, demeurant à la Rochette, Joseph Caillé aussy cultivateur à la Mortaillère, les tous de la commune du dit Saligny, lesquels ont attesté et affirmé que la dite Citoyenne Elisabeth Montsorbier à résidé sans interruption depuis mil sept cent quatre vingt neuf (vieux stile) en le bourg de Saligny, jusqu'au premier Germinal de l'an quatre où elle a fixé sa résidence en sa maison de la Bédoutière commune de Mormaison; pourquoi nous lui avons octroyé le présent acte de notoriété publique quelle nous a requis, que nous lui avons délivré sur l'attestation et affirmation des ditstémoins ; fait et passé au dit lieu de la Bédoutière où les parties et moi dit notaire se sont transportés au rapport de moi Gombault l'un de nous ce jourd'hui deux Frimaire an septième de la République française une et indivisible lecture faite il y ont persistés et se sont avec nous soussignés, fors les dits Nauleau, Joseph Caillé, Pierre Caillé, qui ont déclarés ne savoir signer, au bourg de Saligny – Trois mots rayés nuls.
Signé : Charlotte Elisabeth Montsorbier – Louis Mignet – Pierre Lunard – Vexiau – René Laborde – Louis Billaud – Charles Robion – Gombault notaire.
«Acte de notorité pour la Citoyenne Montsorbier – le 3 Frimaire an 7- 23 novembre 1798.
Par devant nous notaires publics du département de la Vendée sommions à comparaître en sa personne la Citoyenne Charlotte Elisabeth Montsorbier, demeurant à la Bedoutière commune de Mormaison, laquelle nous a dit qu'étant héritière du feu Charles Joseph Montsorbier et Renée Honorée Le Maignan ses père et mère propriétaire de la maison et dépendances de la Bédoutière commune de Mormaison, consistant en une métairie appelée la Rechaisière, une autre métairie située commune de la Grolle, que ne pouvant justifier ses actes de propriété dont elle étoit ci-devant nantis, attendu l'incendie et le pillage occasionné par la guerre civile de la Vendée ; elle a fait en conséquence comparaître devant nous les témoins ci-après savoir : Jean Salaus et Jean Bretin propriétaires demeurant au village de la Braujardière, René Renaudin, Etienne Renaudin laboureur, Antoine Martineau, demeurant à la Rosesière, Jean et Mathurin Dugast laboureurs demeurant séparément au village de la Brosse, les tous commune de Vieillevigne, François Buet métayer, demeurant à la Tauperie, Pierre Grasset charpentier demeurant à la Tucheresse commune de la Grolle, Etienne Mainguet laboureur, demeurant à la Tué commune de Mormaison et Jacques Choblet propriétaire, demeurant à Izereau commune d'Andrée Treize Voies ; lesquels ont déclarés et affirmés avoir parfaite et entière connaissance que la maison et dépendances de la Bedoutière, les métairies de la Rochesière, la Brosse et la Tauperie lui sont échues par le partage fait par les citoyens Birotteau et Guerry en l'année mil sept cent quatre vingt six (vieux stile) suivant qu'il appert par le certificat délivré par le dit Birotteau en date du douze Fructidor an sixième, enregistré à Nantes le dix sept du même mois par Fidier qui a reçu un franc, lesquels témoins ont affirmés que les biens mentionnés ci dessus dépendant de la succession de feu Charles Joseph Montsorbier et Renée Le Maignan ses père et mère qui en étoient propriétaires.
Elle nous a requis acte que nous lui avons octroyé pour lui servir au besoin fait et passé à Montaigu où la dite citoyenne requérante s'est, avec ses témoins tranportés. Ce jourd'hui trois Frimaire an sept (Vendredi 23 novembre 1798) de la République française une et indivisible. Lecture à eux faite – Ils se sont avec nous soussignés – au rapport de moi Gombault l'un de nous dits notaires – approuvé en interligne un mot fait pour y valoir.
Signé : Charlotte Elisabeth Montsorbier – J Salaus – J Bretin – Etienne Renaudin – René Renaudin – J Choblet – Grasset – G Mainguet – Mathurin Dugas – Gombault notaire.
Sources:
. Archives Départementales de la Vendée tous droits réservés. Minutes notariales de Montaigu - Etude A (An V an VIII) vues 108 à 113/193 de Maître Bernard Gombault du 2 frimaire de l'an 7.
. Registres d'état civil de Boulogne -Mormaison – vue n°108/313 – vue n°214/354 acte n° 10, année 1839.
. Cadastre archives Départementales de la Vendée – Cadastre de Mormaison 1837 – 3P150/2 en limite de la commune de Vieillevigne – Section A du bourg et du fief du moulin 1ère feuille. Géoportail : château de la Butière vue aérienne.
. Généanet – famille Brethet.
.Peinture: Portrait en buste d'une femme de qualité – époque Directoire des Antiquités - catalogue.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
NDLR : sur son éponyme, l’amazone de Charette, à lire ici.
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