• Un massacre à la Hérissière de Beaupréau ?

     

    Un massacre à la Hérissière de Beaupréau ?

     

     

    Il y a déjà quelque temps, puisque nous étions en 2014, ma femme recevait le message suivant sur sa page Facebook à propos d’un massacre à Beaupréau :

    « Dans le champ en contrebas derrière la maison de la Hérissière, jouant enfant avec le cousin d’un ami à la Hérissière, celui-ci me montra l’endroit : « on entendait encore gémir les gens et le sang coulait tel un ruisseau jusqu’à la rivière ». Propos qu’il tenait de son grand-père (lui-même de son grand-père sans doute). Quand on parcourt le champ, celui-ci est gras et meuble en son milieu correspondant à une grande mare qui aurait été comblée par les cadavres. »

    Afin d’appuyer ses dires, notre correspondant nous citait la  « Notice historique sur le Collège de Beaupréau et sur M. Urbain Loir-Mongazon », par M. Bernier, chanoine d’Angers, paru en 1854 chez Cosnier et Lachèse à Angers (1). Voici ce que dit cet ouvrage aux pages 43 et 44.

    « Souvent M. Mongazon célébrait la sainte messe, soit à la Gâtine, soit ailleurs (2) ; c’était ordinairement dans une grange, et toujours sur un autel improvisé. Les bons Vendéens faisaient très volontiers de longues et pénibles courses pour assister à ces cérémonies nocturnes ; la plupart y recevaient la communion, et à cet effet, la première partie de la nuit était consacrée à l’audition des confessions. Le célébrant réservait, pour donner le viatique aux mourants, quelques hosties consacrées, qu’il portait avec lui dans une petite custode en forme de bourse, suspendue à son cou et cachée sous ses vêtements.

    Dans le cours de l’été 1794, M. Mongazon était parti un matin de la Gâtine, pour aller à deux ou trois lieues de là porter les secours de son ministère. Le soir, il revenait assez tranquillement, lorsque certains indices vinrent jeter dans son âme un commencement d’inquiétude et de frayeur. « Le soleil venait de se coucher, racontait-il, et j’avais encore plus d’une demi-lieue à faire. Je remarquai que personne ne paraissait ni sur la route ni dans les champs, et que la solitude devenait plus complète et plus morne à mesure que j’avançais. Je ne tardai pas à distinguer la lueur d’un incendie mal éteint, et bientôt je rencontrai, à quelques pas l’un de l’autre, les corps à demi dépouillés de deux hommes qu’on avait percés de coups. J’eus donc la cruelle certitude qu’une colonne républicaine avait, en mon absence, parcouru les lieux où je rentrais. Prenant alors des sentiers dérobés de préférence aux chemins battus, je pressais ma marche vers la Gâtine, l’âme agitée et le cœur serré par les plus sinistres pressentiments. A droite, à gauche, je voyais des hameaux brûlés : je rencontrais ça et là des vêtements, du linge, des paquets ; je remarquais des fermetures de champs renversées, des herbages foulés : tout dénotait de la part des habitants une fuite précipitée et désordonnée. Qu’allais-je trouver à la Gâtine ? Peut-être des ruines et du sang ; peut-être le cadavre de ma mère ! J’y arrivai enfin. Cette ferme n’avait pas été envahie par les bleus ; mais on eût qu’elle avait été mise au pillage. Je trouvai la port entr’ouverte, on n’avait pas même pris le temps de fermer les meubles, qui étaient à moitié vides ; tout était en désordre. Je cherchai et je ne trouvai personne, j’appelai, mais pas une voix ne répondit. Cette solitude me parut affreuse et elle me causa un saisissement inexprimable et une sorte de vertige. Instinctivement, et sans rélféchir, je courus jusque sur la partie la plus élevée du coteau, je montai sur le créteau du fossé, et me trouvant trop bas encore, je m’accrochai aux branches d’un arbre, pour satisfaire à l’impérieux besoin de voir et d’entendre. Je regardai aux alentours, mais je ne vis que quelques mâsures encore fumantes, et un brouillard blanchâtre qui s’élevait sur la rivière ; j’écoutai à plusieurs reprises, mais c’était partout le silence de la mort, si ce n’est que j’entendis deux ou trois beuglements d’un taureau égaré dans le vallon. Alors je tombais dans une profonde rêverie ; je restai longtemps immobile ; la nuit m’enveloppait et je ne m’en apercevais pas. Enfin, la pensée que je portais le saint Sacrement avec moi, et que j’étais accompagné de Jésus-Christ en personne, me fit sortir de cet état indéfinissable. Je m’acheminai, en priant, vers le taillis ; j’entrai en tâtonnant dans ma cabane où j’achevai mes prières ; j’adorai le saint Sacrement en ajustant la custode à mon cou et sur ma poitrine, et je me couchai en disant : « Mon Dieu, il y a longtemps que je vous porte et que je vous garde ; à votre tour, vous allez me garder. » Je dormis profondément jusqu’au lever du soleil. » »

    Bien que très intéressante, cette description ne nous informe pas sur un massacre derrière la maison de la Hérissière.

    Situation de la Gâtine et de la Hérissière sur l’IGN de Géoportail :

    Un massacre à la Hérissière de Beaupréau ?

    Petite erreur sur le cadastre de 1834 des AD79 (3 P 4/23/13) qui ne mentionne pas la Gâtine mais seulement la Hérissière :

    Un massacre à la Hérissière de Beaupréau ?

    Saura-t-on un jour ce qui s’est passé ici ?

    A suivre…

    RL

    Mars 2019

     

    Article connexe ici.

     

    Notes :

    (1)  Consultable sur Archive.org ici.

     

    (2)  L’abbé Loir-Mongazon se cachait également tout près d’ici, dans un petit bois, près de l’Augardière, sur la paroisse d’Andrezé.


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