• Troubles en Gâtine et en pays de Saint-Maixent....

     

    Troubles en Gâtine et en pays de Saint-Maixent…

     

     

    Vouloir circonscrire les événements liés aux Guerres de Vendée à un territoire bien précis, avec des frontières très nettes est une gageure que je ne relèverai pas. Le territoire compris entre Parthenay et Saint-Maixent passe pour avoir été largement acquis aux idées révolutionnaires. Loin s’en faut pourtant, si l’on se fie à ce qui va suivre. J’avais déjà un peu étudié le secteur de la Chapelle-Bâton, pourtant non loin des portes de Niort, avec cet article. Aujourd’hui c’est tout autre chose sur lequel je vous laisse juge.

    Lettres des administrateurs du district de Saint-Maixent au Comité de Salut Public du 30 octobre 1794 (1) :

     

     « Le 9 brumaire l’an 3ème de la république française une et indivisible

    Les administrateurs du district de Maixent.

    Au Comité de Salut Public

    Citoyens législateurs

    Nous vous adressons copie d’une pétition présentée a cette administration par divers membres des autorités constituées et autres patriotes prononcés des communes du nord de notre district qui sont en proie depuis sy longtems ; a la terreur la mieux fondée, au pillage le plus destructeur, aux assassinats les plus atroces. Ces malheureuses victimes de  leurs vertus civiques sont actuellement réfugiés dans nos murs. Ils n’osent en sortir. Il sont informés quon les guette sur toutes les routtes et quon a juré de les exterminer sans miséricorde jusqu’au dernier ; ils n’ignorent pas que nous avons plusieurs fois informé les représentants du peuple près l’armée de l’ouest, le Comité de Salut Public et la Convention elle-même de la désolante position dans laquelle il se trouvent mais le sentiment du mal être qui les tourmente à la vuë de leurs femmes, de leurs enfants, du fruit de leur travaux, en proie à la rapacité, à la rage et à la scélératesse des bandits les excursera sans doute aux yeux de nous sensibles législateurs d’un répétition qui en toute autre circonstance témoignerait pour être une défiance blamable :

    Quant à nous citoyens législateurs nécessairement moins affectés que les victimes immédiates de tant de forfaits dans la crainte d’abuser de vos momens, nous ne répétons pas ce que nous vous avons dit dans nos précédentes adresses ; mais au nom de la patrie et de l’humanité ne perdez pas de vuë que sans les secours les plus prompts et des mesures plus efficaces, les horreurs qui ont presque anéanti le département de la Vendée vont être transportées dans celuy des deux Sèvres. »

    Troubles en Gâtine et en pays de Saint-Maixent....

      

    « Aux administrateurs

    Du district de Maixent

    Citoyens

        Tous les jours de nouveaux malheurs viennent nous affliger, nos maux vonten croissant et nous croirions manquer à la chose publique si nous ne nous en trassions le tableau fidele et si nous ne vous faisions part des moyens que la connoissance des lieux nous fait régarder comme indispensable et très pressants. Jusqu’au sept germinal dernier (27 mars 1794) plusieurs communes audela du Thoué étoient habitables et habitées Cette journée fut célèbrée par le massacre de vingt deux habitans de Seconfigny et de plusieurs gardes nationnalles de l’Absye qui étoient venus à leur secours. Azay, Allone, le Tallud, ne tarderont pas à éprouver le même traitement, Pamplie, le Beugnon, etc. eurent le même sort. La tranquilir disparut des campagnes circonvoisines. De Partenay, les municipalittés forcées de quitter leurs postes il ne resta presque plus de moyens de faire exécuter les réquisitions de tout genre dans le district de Partenay, aux carnages qui à désollé ce malheureux paÿs ajouttés les pilliages, les vols de touttes espèces et particulièrement de chevaux on n’en sauroit désigner le nombre. La mal parut fixé pandant quelques temps sur les communes qui ne cessoient de réclamer des secours. L’impunité d’une part, et nous ne scavons quoi. De l’autre à *** les assassins et les voleurs qui infestoient ces paÿs environ le mois de messidor *** commencèrent àse porter sur Pamplie, la Boissière, Pardoux, Soutier et ont vit voller des chevaux aux portes de partenay, La Payratte, la Fairière, en un mot la rive droitte du Thoué derrière Partenay ne fut à l’abri des incursions. Personne ne si oposoit, personne ne pouvoirt ou ne vouloit s’y opposer. Excités par cette insouciance ou un criminel déguisement des choses, les brigands en moindre nombre ont fait impunément ce qu’ils n’avoient osé toute l’année dernière, dans leurs plus grandes forces. Ils ont entamés ce district. De là  première incursion quie leur pelotons y ont faittes, ils ont emmnés cinq chevaux de la commune de Verruyes, pillé des maisons, maltraittés les habitants et particulièrement les maires des la Chapelle Baston, Augé et leurs collègues n’eurent guère un meilleur sort. Leurs maisons furent investies et a peine échapèrent ils à la mort et au massacre auquel on les avoit dévoués avec assurance. A cette nouvelel, citoyens administrateurs vous vous conser*** avec le commandant de cette place, des détachements furent envoyés à Verruyes et le calme réparut pandant le peu de tems que nos frères d’armes y séjournèrent : leur départ préparar une *** nouvelle pour les habitans de cette commune irittés en quelque sorte par les moyens qu’on avoit employés momentanément pour arrester les progrès du mal, les brigands retournèrent avec une nouvelle fureur. Leurs premiers coups furent dirigés sur le vicaire. Son chapeau percé de deux balles fut heureusement la suitte marquée de tois coups de fusil qu’on avoit tirés sur luy à peu de distance de sa maison (2) ; le denger qu’il venoit de courir les avertissements des menaces qu’on luy faisoit à luy et à ses collègues les déterminèrent avec (à se ?) retirer pour quelque jours dans cette commune, précautions inutilles, les scélérats embusqués dès le matin dans un petit bois sur la commune de Saint Georges les y attendoient et y assassinèrent sur les trois heures du soir un assesseur et le greffier du juge de paix de la (rature et note en marge) du canton qui de rendoient au chef lieu du district. Un officier municipal qui faisoit routte avec ses infortunés échapa à la mort et nut (sic) que son habis percé d’une balle malgré la fusillade qu’il essuya. On le poursuivit néant moins plus d’un quart de lieue. La Rage des assassins ne fut point assouvie par l’effusion du sang de ces malheureuses victimes. La nuit suivante ils se portèrent au bourg de Verruye : la maison commune fut enfoncée, le greffe de la municipalité réduit en cendre et plusieurs maisons forcées ; quelques jours après, la nuit du cinq au six brumaire, trompés dans leur attantes ils ne purent égorger des officiers municipaux et autres braves citoyens chez qui ils se portèrent et qui heureusement avoient quitté leurs demeures. Toutte la furie s’exerça sur les meubles et effets qui se rencontrèrent dans leurs maisons sans doutte ils devoient s’y attendre car on les en avoit menacés de longtemps par des écrits anonimes dont on n’a par aucun moyen reconnoitroit (reconnu) les auteurs. Voilà citoyens administrateurs la situation vray des communes ci-dessus désignées et la nottre des menaces, la terreur et le sang qui ruissellent de touttes par autour de nous fixe notre esprit et nos regards. Nous espérons par votre intervention au près du gouvernement et des autorités constituées de tout genre voie Bïen tôt la fin de tans de maux. La tranquilité généralle, l’intérêt *** de la chose publique vous sollicites, vous pressent, avec nous ; si les brigans ne sont point interrompüs dans leur marche rapide ils vont bientôt se faire une retraite assurée dans les bois de la Melleray qui par leur vaste étendue en rendroient la destruction bien difficile, peut être même devroit on craindre la formation d’un noyau de révoltés qui par son éloignement des camps et la force qu’il pouroit prendre intercepteroit la communication de cette ville avec Partenay, comme on à déjà intercepté la communication respectives d’un grand nombre de communes. L’évacutation généralle de nos campagnes dviendroit à lors indispensablement nécéssaire et laisseroit à la merci de cette horde de cellerats une étendue de terrin si non plus grande que celle qu’ils occupoient d’abord, du moins nouvelles et dans la quelle le gouvernement se trouveroit obligé d’éxércer la juste sévérité républiquaine ; nous en voullons vous indiquer par nous-mêmes aucun rémède a tant de maux cepandan nous craindrions de paroitre blamables  à vos yeux si nous ne vous disions d’après la connoissance que nous avons des lieux et des événements qu’il seroit très avantageux de placer en différentes communes par example à Baulieu, Saint Lin et Saint Georges, Verruye, Augé, St Pardoux et plusieurs autres communes circonvoisines un  nombre d’environs six cents hommes qui dispercés sur les différents points indiqués en proportion de leur situation et de leurs dangers y seroient en àsséz grand nombre pour si faire respecter, rétablir la tranquilité et détruire entièrement les auteurs de maux qui nous affligént et qui nous font verser à chaque instant des larmes de sang sur la mort de nos concitoyens de nos frères. Vou trouverés surement dans votre sagesse citoyens administrateurs des moyens bien plus prompts et plus efficaces que ceux que nous pourrions vous indiquer, nous nous en raportons entièrement à l’usage que vous en ferez.

    A Maixent le huit brumaire an troisième de la république française une et indivisible. Signé Raubouam agent national, Brunet, et *** Pierre Martinault, Pacault, j Veillon maire, j Brangier maire, Allonneau bordier, et Bourdeaux officier municipal.

    Pour copie conforme

    JJ Mestadier »

     

    La forêt de la Meilleraye ici sur la carte de Cassini, rebaptisée de nos jours « Forêt de la Saisine » :

    Troubles en Gâtine et en pays de Saint-Maixent....

    Troubles en Gâtine et en pays de Saint-Maixent....

     

    Le 15 novembre 1794, nouvelle lettre des mêmes au Comité de Salut Public (3) :

     « 25 brumaire l’an 3e  de la république française une et indivisible

    Les administrateurs du district de Maixent aux législateurs composant le Comité de salut public de la Convention nationale

    Citoyens législateurs,

    Nous vous prions de vous faire remettre sous les yeux la lettre que nous vous écrivimes le deux de ce mois. Vous y verrez quelques détails sur les horreurs commmises dans le nord de notre district, par les pelotons de bandits composés en majeure partie par des jeunes gens de 18 a 25 ans réfractaires a la loi du 23 aoust, et réunis a quelques brigands échappés de la Vendée qui les menait de forfaits en forfaits.

    Nous vous annonçons aujourd’huy que les malheureuses communes seulement infestées jusqu’ici par ces scélérats sont aujourd’huy entièrement envahies par eux. Ils s’y promènent en plein jour aussi tranquillement que nous l’enceinte de nos murs. Tous les patriotes  prononcés, tous les membres des autorités constituées sont ou assassinés ou en fuite avec le déesespoir d’avoir été forcés d’abandonner leurs femmes, leurs enfans et leurs propriétées a la merci de ces monstres. De cette nouvelle conquête, les brigands font des incursions nocturnes dans les communes limitrophes et guettent leur proie tant de nuit que de jour, jusques aux portes de la nôtre, en un mot gagnent du terrin dans notre voisinage par les mêmes moyens qu’ils ont employé pour envahir celuy qu’ils occupent. Les patrouilles que le commandant de notre place fait faire de tems à autres ont été et seront toujours parfaitement inutiles ; les brigands avertis a propos se cachent dans des bois inaccessibles,  a l’aproche de ces patrouilles ; reparaissent le moment d’après qu’elles sont parties, et se montrent plus impitoyables. Nous ne voyons de remêdes contre ce fléau, journellement  destructeur et effrayant par ses conséquences possibles, que dans des dépôts d’infenteries stationnés sur les lieux et fortifiés par la réunion des patriotes du paÿs qui le demendent avec instance. Cent hommes de cavalerie stationnés dans nos murs avec 500 hommes d’infenterie mettrait le commandant de notre place en état de fournir aux différens dépôts nécessaires dans les campagnes ; et de les soutenir au besoin pour purger complettement le paÿs, si l’occasion s’en présentait et qu’on pût découvrir le repaire de ces tigres. Ces mesures en imposeraît nécessairement aux scélérats qui craindraits d’être surpris dans leurs expéditions ; relevrait le courage des patriotes qui se croient abandonnés par le gouvernement ; et oterait tout prétexte aux lâches habitans de rester dans une criminelle indifférence sur les sort de leurs voisins.

    Voilà citoyens, ce que nous venons d’exposer aux représentants du peuple près l’armée de l’ouest ; nous vous conjurons au nom de la patrie et de l’humanité de leurs fournir les moyens de nous secourir efficacement et de ne pas perdre de vuë nos malheures personnels et les dangers que court la république dans nos contrées de la part d’un atroupement méprisable dans son origine par son petit nombre mais qui se grossit d’une manière allarmante à la faveur de l’impunité.

    Salut et fraternité »

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    Puis c’est au tour des municipaux de la Chapelle-Bâton :

     

    « Commune

    de la Chapelle Baton

     

    Aux citoyens administrateurs

    Du district de Maixent

     

    La commune de la Chapelle Baton ayant toujours été dans les bon principes de la révolution ; se voyant obligé par force d’abandonner leurs foyers a cause des brigands qui y manifeste leur rage, en se portant presque toutes les nuits chez les patriottes, les forçant de leur donner leur vie ou leur bourse. En même tems ils enlèvent tout ce qui se rencontre sous leurs mains, principallement chez les mêmbres des autorités constituées. La nuit du du vingt un au vongt deux de ce mois ils se sont portés pour la seconde fois dans notre malheureuse commune, ils y ont commis les ravages les plus affreux, notemment chez les citoyens Gaultier et Bourdin membres de la municipalité, ils ont vollé, pillé a leur gré tout ce qu’ils ont rencontré, ils se sont également porté chez le citoyen Bonnemain instituteur public qui heureusement s’est sauvé au travers des coups de fusils.

    Enfin citoyens administrateurs vous voyez notre malheureuse situation ; nous avons jusqu’à présent soutenu ; mais notre patience est épuisée, sans force et sans secours, nous sommes obligés d’évacuer la Chapelle Baton. Ce jourd’huy vingt quatre brumaire an 3ème de la république française une et indivisible.

    Signe en l’original. J. Bonnifait maire, P. Bourdin officier municipal, Bonnemain greffier.

    Pour copie conforme à l’original déposé au secrétariat du district de Maixent. »

    Troubles en Gâtine et en pays de Saint-Maixent....

     

    Mais qui étaient donc ces « Brigands » qui sillonnaient la région ? Royalistes, authentiques bandits, jeunes fuyant la réquisition ou simples paysans lassés des rodomontades de la petite bourgeoisie révolutionnaire locale. Bien des pages restent ici à écrire sur ce secteur. Ce sera je l’espère pour bientôt.

    Sur le personnage de J.J. Mestadier, ancien évêque de l'éphémère évêché des Deux-Sèvres qui signe sur toutes ces correspondances, lire l'article de Nadine ici.

    RL

    Février 2020

     

    Notes :

    (1)  SHD B 5/10-77, v. 811 et 813 à 817/1061, BA compris.

    (2)  Au moment de la révolution le curé se nommait Pouel. Le vicaire s’appelait Gorin et le dernier acte signé de lui est du 17 août 1791. Il semble être arrivé à Verruye début juin 1788 en remplacement de M. Pacault.

    (3)  SHD B 5/10-81, v. 867 à 870/1061, BA compris.

     

     


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