• Saint-Mesmin, le souterrain-refuge de Montboisé....

     

    Saint-Mesmin

    Le souterrain-refuge de Montboisé

     

     

    (D’après le compte rendu d’Emile BOISMOREAU au congrès de la société préhistorique Française – ANGOULEME 1912.) (1).

     

    En mai 1912, on apprend la découverte d’un souterrain dans un champ, à proximité du château de Montboisé à Saint-Mesmin. Le docteur E. BOISMOREAU se rend sur place et constate  rapidement qu’il faudra engager d’importants travaux de déblaiement pour accéder aux galeries ; travaux réalisés grâce à la collaboration du propriétaire, M André PROUST qui fait installer un treuil, des bennes à chariots et tout le matériel nécessaire.

    Saint-Mesmin, le souterrain-refuge de Montboisé....

    Après avoir retiré une épaisseur considérable d’éboulis, on a pu y recueillir des fragments de poteries permettant de dater l’origine de cette excavation à la période préhistorique ( ?), même si celui-ci a pu être réutilisé à différentes époques. Ce souterrain est situé sur la rive gauche de la Sèvre-Nantaise, la surplombant de quelques mètres seulement.(Ce qui explique qu’il ait pu être envahi occasionnellement par les eaux) à environ deux cents mètres de son lit. Son entrée est orientée face à la rivière, dans un champ jouxtant le chemin reliant le château à la Grande Branle.

    Paradoxalement , il ne se trouve pas situé sur le point haut du lieu, là où se trouve le château actuel, mais un peu plus en contrebas, à un endroit moins exposé au froid et moins encombré par les rochers. Peut-être aussi n’était-il pas le seul dans un environnement immédiat ?

    Ce sont des paysans du secteur qui sont à l’origine de cette découverte, deux bœufs étaient tombés dans un grand trou en labourant le champ en question. La structure se trouvait en très mauvais état avec des effondrements importants dus sans doute à la faible épaisseur de la voûte à certains endroits et à la friabilité de la terre. Dès le début, on se rendit compte qu’on se trouvait dans un vaste souterrain, se divisant dès l’entrée en deux galeries. N’ayant pas le matériel approprié, on a décidé de surseoir aux travaux de déblaiements pour revenir avec du monde et des outils plus robustes.

    Après quelques jours, en retournant sur place, on s’est très vite aperçu que des travaux importants avaient été effectués en l’absence des fouilleurs légitimes. C’était un domestique d’une ferme voisine qui avait vu creuser et agrandir un trou dans un champ, s’était imaginé que celui-ci recelait peut-être un trésor. L’accès à l’entrée étant impossible, il avait creusé à côté de façon à tomber sur une galerie. Armé d’une chandelle, il s’était lancé dans le souterrain, avant d’être arrêté par les éboulis. Sans doute peu rassuré, bredouille, il était rapidement remonté à la surface. Sans le savoir, son travail avait fait gagner un temps précieux, permettant d’aller plus vite et plus loin dans l’exploration. Au point A du plan, on distinguait l’entrée de la chambre où se trouve le tuyau acoustique. Après avoir sorti une quantité de terre considérable (près de 150 m3), on déblaya la galerie nord sur une longueur de 7 m et une largeur d’1m50, pour déboucher sur la cheminée C (fig. 3). Après avoir dégagé entièrement cette galerie nord, on a pu accéder à la chambre suivante, puis à la cheminée C2. C’est en creusant le sol pour la mettre au même niveau que la galerie, qu’on fit la découverte des tessons de poterie. A la fin de la saison, l’hiver venant, le souterrain n’avait pu être dégagé entièrement. Restait environ 5 à 6 m à parcourir. Ce travail sera fait plus tard.

    Saint-Mesmin, le souterrain-refuge de Montboisé....

    Avant sa découverte fortuite, ce souterrain était inconnu. Toutefois des paysans ont dit avoir déjà trouvé des galeries souterraines en haut, vers le milieu, et vers l’ouest de ce champ. Le folklore local rapporte de façon fantaisiste que les souterrains de ce champs rejoignaient d’une part le logis des Marmenières, et d’autre part, passait sous la Sèvre pour aboutir au vieux château de Puy-Guillon qui lui aussi possède un souterrain.

     

    DESCRIPTION :

    Le souterrain de Montboisé est constitué d’une galerie ovoïde, flanquée au nord-est d’une chambre assez vaste. On remarque aussi l’amorce de deux galeries à l’ouest. Son plan ressemble beaucoup à celui de la Mantruère, commune de Montournais.

    Quand on pénètre dans la grande chambre où l’on peut tenir debout, on remarque au fond une ébauche de galerie, et vers la droite, l’ouverture d’une autre chambre. On y pénètre par un orifice assez étroit formant porte. Cette chambre, également assez vaste, est pourvue comme la précédence d’une cheminée et d’un trou acoustique. Passé cette chambre, le souterrain se poursuit par un boyau plus étroit et moins haut, décrivant un arc de cercle pour revenir au point de départ. Au niveau de l’effondrement de la voûte, ce boyau s’élargit pour former une autre chambre assez spacieuse au fond de laquelle existe encore une amorce de galerie.

    Les deux chambres principales sont sans doute celles qui ont été les plus fréquentées. Ce sont du reste les seules qui sont pourvues d’une cheminée  dont le trajet souterrain est d’environ 1m85. L’entrée de la chambre au tuyau acoustique est un passage étroit faisant 0m70 au milieu et 0m55 en hauteur. Bien qu’il n’y ait aucune trace visible de fermeture, il s’agit sans doute d’une véritable porte.

    On peut estimer à environ 26 m la longueur de ce souterrain-refuge, et à 1m70 sa hauteur moyenne. Ces galeries plutôt basses peuvent s’expliquer par la plus petite taille des hommes d’autrefois. Les accès aux chambres se faisant par des ouvertures basses et très étroites mettaient l’assaillant éventuel en grande difficulté pour se défendre. A l’origine ces ouvertures étaient très certainement barricadées.

    La disposition du tuyau acoustique peut laisser supposer qu’un autre souterrain existe dans le voisinage, corroboré par la découverte de galeries souterraines à deux autres endroits. Le souterrain de Montboisé est creusé dans le chaple à une profondeur de 2 à 3 mètres.

    Durant les fouilles, on a trouvé du charbon de bois, des débris de poteries, des morceaux de briques, des blocs de granite en forme de meule et des pierres en quartz plus ou moins volumineuses formant l’âtre d’un foyer. La plupart de ces objets ont été découverts dans la chambre au trou acoustique à proximité de la cheminée.

    Les débris de la plupart des vases révèlent qu’ils n’ont pas été façonnés au tour. La couleur de la terre est gris-rouge avec un dégraissant constitué de petits cailloux. L’aspect général est très primitif. La partie décorée est constituée par des empreintes de pouce, placées obliquement. D’autres fragments de poterie, plus récents ont été façonnés au tour et présentent une cuisson plus régulière et des traces  de fumée. Les fragments de briques  sont assez nombreux, dont certains d’origine romaine. On a daté certaines poteries de l’époque mérovingienne. On n’a retrouvé ni ossements, ni outils, ni vestiges postérieurs à cette époque. Il est donc probable que les derniers occupants du refuge furent des mérovingiens.

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    L’occupation à l’époque romaine n’est pas impossible, même si les fragments de briques peuvent avoir été apportés accidentellement. Une occupation plus ancienne n’est pas improbable non plus, mais on ne peut rien affirmer faute d’éléments de preuves.

    En conclusion, on peut imaginer que s’il nous était encore possible aujourd’hui (hélas, ce n’est pas le cas), de reprendre une étude plus poussée de ce souterrain refuge et de ses éléments mobiliers, on saurait dater plus précisément les différentes étapes d’occupation ; les méthodes actuelles d’investigation était beaucoup plus précises qu’au début du 20ème siècle. Néanmoins, la recherche de vestiges historiques ou préhistoriques dans l’environnement immédiat pourrait peut-être venir étayer certaines suppositions. Et pourquoi pas la mise au jour de nouvelles cavités artificielles comme peut le laisser supposer la découverte accidentelle d’autres galeries souterraines à proximité immédiate. (A noter qu’à peu de distance du site, on trouve de gros blocs de granite qui révèlent pour certains des gravures néolithiques.)

     

    Marc Deborde  pour Chemins secrets

    Mars 2019

     

     

     

    Note :

     

    (1)  Congrès Préhistorique de France, Compte-rendu de la huitième session, Angoulême 1912, tome II, p. 830 à 859.  L’intégralité du rapport est téléchargeable ici (4ème partie).

     

      

     


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