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Marie-Anne Blanvilain, rescapée de la Jumellière....
Le 24 janvier 1794, Marie-Anne Blanvilain, 6 ans,
rescapée du massacre de la Jumellière,
Une première demande de pension enregistrée le premier janvier 1816 laissait supposer que Marie-Anne Blanvilain avait été blessée légèrement lors du massacre de la Jumellière, le 24 Janvier 1794. Il n'en est rien.
Revenons au 24 janvier 1794... Le Colonne-Infernale n°5 de Cordelier arrive à la Jumellière, « brûlant toutes les habitations et massacrant toutes les personnes qu'il rencontra. » C'est à la Jumellière qu'il écrivit le 23 janvier, cet affreux rapport : '' Je me suis chauffé amplement, ce matin, avant de partir de Beaulieu, de même qu'en passant à Saint-Lambert''. Il resta deux jours à la Jumellière pour faire la chasse ''aux Brigands'' cachés dans les bois qui se trouvent entre ce bourg et Chemillé, et pour se livrer, d'après son propre langage ''à des opérations dans les environs''. Il arrêta aussi Thubert, l'intrus de Melay, qui, malgré les renseignements qu'il venait de lui donner sur un rassemblement de paysans, lui paraissait, en sa qualité ''de prêtre'' infiniment suspect. ''Je crois que son compte est bon, écrivait-il, le 23, à Turreau.... Tu penses bien que pendant nos différents séjours, nous ne nous tiendrons pas à rien faire.'' Il fit passer vingt* personnes au fil de la baïonnette, et, de toute la municipalité, le maire seul fut épargné en sa qualité de ''citoyen''. Cordelier quitta la Jumellière le 25.... vers Saint-Lezin. »
*Nous ne connaissons pas les noms, ni le nombre exact des victimes, trente deux ou une centaine, suivant les auteurs... ?? Sauf deux : Marie-Anne Blanvilain et sa grand-mère maternelle, Jeanne Noyer.**
** Sa grand-mère paternelle, Françoise Martin étant décédée avant le 17 décembre 1790 (voir acte de décès de Jacquine-Elisabeth Blanvilain – décès 1790, vue 647/647) - Il ne peut s'agir que de Jeanne Noyer, mais son acte de décès est daté du 17 ventôse an 2 (7 mars 1794) ??
En ce début de 1794, la situation de la famille Blanvilain est la suivante :
Le père, Jacques-Marcel Blanvilain, serger, est capitaine dans la cavalerie Vendéenne et est âgé d'environ 33 ans. Il est le fils de Pierre Blanvilain, sabotier et de Françoise Martin et épouse le 18 juillet 1785 à La Jumellière, Marie-Anne-Charlotte Paillou, fille de Pierre Paillou, boucher et de Jeanne Noyer. De cette unions sont issus :
1° Jacques Blanvilain, né le 11 mai 1786 à la Jumellière † le 17 mai 1786.
2° Marie-Anne Blanvilain, née le 19 février 1788 à la Jumellière.
3° Rose Blanvilain, née le 2 novembre 1789 à la Jumellière.
4° Jacquine Blanvilain, décédée le 20 frimaire an 2 (10 décembre 1793) à l'âge de trois ans.
Le nom de Marie-Anne Blanvilain apparaît dans un dossier de demandes de pensions du 1er janvier 1816 dans une liste de 17 femmes et filles blessées dans les premières guerres de Vendée, (Archives départementales de la Vendée SHD XU 39-17, vue n°4/4),dont la teneur suit :
«N°366 et n°13 – Blanvilain Marie-Anne, couturière - ''A reçu plusieurs blessures au massacre de la Jumellière contre les vendéens (âgée alors de 6 ans) - Deux cicatrices au dessous de l'oeil gauche existent et indiquent la suite d'une longue suppuration – Son père mort à l'Armée Vendéenne comme capitaine de cavalerie l'a laissée sans ressource, sa fortune ayant été perdue''. - Née à la Jumellière – domiciliée à Beaupréau – Proposée pour une pension annuelle de 100 francs en secours ».
Voici des extraits de son dossier déposé aux archives Départementales du Maine et Loire en date du 8 juillet 1824.
La première pièce :
« Enregistré à la mairie de la Jumellière sous le n°43 ; le maire F.de Cacqueray.
A son Excellence Monseigneur le Secrétaire d'Etat au Département de la Guerre,
Monseigneur,
Supplie très humblement Marie-Anne Blanvillain demeurante au bourg et commune de la Jumellière, canton de Chemillé, département de Maine et Loire de prendre en considération l'état d'infirmité dans lequel l'ont réduit plusieurs coups de sabres et de fusils, qu'elle reçut des Républicains pendant la guerre de la Vendée en mil sept cent quatre vingt quatorze, ce qui la rend hors d'état d'exercer aucun état manuel. En conséquence, Monseigneur daignant faire droit à sa supplique la faire jouir des faveurs accordées par sa Majesté aux Vendéens blessés, ce qu'octroyant, vous soulagerez la suppliante dans son état d'infortune.
Daignez Monseigneur être convaincu des sentiments et des hommages respectueux avec lesquels la suppliante a l'honneur d'être de votre Excellence, la très humble et très obéissante servente.
Pour Marie-Anne Blanvillain, le maire de la Jumellière. Signé Cacqueray. »
Le certificat des chirurgiens :
« Nous soussignés chirurgiens exerçant l'un à Chemillé et l'autre à la Jumellière 4ème arrondissement de Maine et Loire – Certifions que Marie-Anne Blanvilain âgées de 36 ans ; demeurant au bourg de la Jumellière : porte à la partie externe gauche du front une cicatrice de forme allongée, longue de deux pouces, commençant immédiatement sur l'arcade sourcillère et allant se terminer obliquement vers la partie externe de la base coronale – Une autre cicatrice de forme à peu près ovale à la partie supérieure de la pommette s'étendant du milieu de bord extérieur de l'orbite gauche au bord externe de la pommette, la première cicatrice nous a paru être le résultat d'une plaie ou blessure faite par un instrument tranchant tel qu'un sabre, la dernière au contraire paraît être le résultat d'une blessure faite par un instrument contondant tel que le bout du canon d'un fusil : et que tout cela nous a été déclaré par la dite fille Blanvillain, ces deux blessures ont occasionné et occasionnent encore de très grands maux de tête à la dite Marie Blanvillain et l'empêche parfois de se livrer à ses travaux ordinaires. Telle est la vérité en faveur de laquelle nous avons signés.
A la Jumellière le 8 juillet 1824. signatures des chirurgiens et du maire. »
Acte de Notoriété :
« L'an mil huit cent vingt quatre, le 8 juillet, devant nous Jacques-Charles Thibault juge de paix du canton de Chemillé arrondissement de Beaupréau, département de maine et Loire, assisté de notre greffier sont comparus :
1° Mathurin Mizandeau, cultivateur, âgé de 56 ans.
2° François Blanvilain, marchand, âgé de 53 ans.
3° Jacques Marais, propriétaire, âgé de 60 ans.
Demeurant tous trois à la Jumellière.
Lesquels nous ont déclaré et certifié par serment que la nommée Marie Blanvilain âgée de 36 ans, demeurant à la Jumellière ; a eu le malheur de tomber sous les coups des Républicains qui la sabrèrent et la laissèrent pour morte pendant la guerre de la Vendée, et que sa grand-mère fut tuée à ses côtés et qu'elle est maintenant réduite à un état déplorable, ne pouvant se livrer à aucun travail. Lecture faite il y ont persité et ont signé avec nous.
signé : F Blanvilain – Marais et Mizandeau. Le Greffier. »
Sources:
-Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés. SHD XU 39-17, vue n°4/4.
-Archives Départementales du Maine et Loire tous droits réservés – Etat civil de la Jumellière, acte de baptême vue n°616/647 année 1788- Acte de mariage, vue 580/647 année 1785 – acte de baptême année 1789, vue 634/647 – acte de baptême et décès année 1786 vue 591/647.
Dossiers Vendéens -1M9/59 vues 1,2,3,5/6.
-Abbé Deniau – Histoire de la Guerre de la Vendée – Tome IV – page 172-
-Photo : de l'auteur et charniers du Mans de Vendéens et Chouans.
Xavier Paquereau pour Chemins Secrets
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