• Les mystères du château du Bas-Plessis....

      

     

    Les mystères du château du Bas-Plessis…

     

    Parlons un peu de ces nombreuses énigmes et trésors enfouis sur le territoire de la Vendée Militaire.

    Il en va ainsi des alentours des villages de Chaudron-en-Mauges connu pour la célèbre bataille que livrèrent Stofflet, Charette et Sapinaud de la Rairie contre le général républicain Dusirat le 24 avril 1794. Le pays, exsangue et ravagé par la barbarie des colonnes infernales trouve encore le moyen d’écraser la troupe des soudards républicains quelque part autour de ce fameux moulin à vent connu de tous les amateurs d’histoire vendéenne. Le moulin est toujours là, ruiné,  mais accompagné d’un obélisque commémorant les événements, surmonté d’un boulet provenant du champ de bataille. Ce champ de bataille qui appartient en vérité au village voisin de Botz-en-Mauges mais se situe juste à la porte du château du Bas-Plessis de Chaudron-en-Mauges dont nous allons parler.

    L’étang du château recèlerait dans ses fonds vaseux le célèbre canon la « Marie-Jeanne », abandonnée car la pièce était fêlée au moment du passage de la Loire en octobre 1793. De nombreux canons ainsi que des fusils et de l’argenterie auraient été enfouis dans les bois des environs. C’est ainsi que Henri du Verdier de la Sorinière guillotiné à Saumur le 25 octobre 1793, avouera dans son interrogatoire du 19 du même mois,  avoir enfoui canons fusils et « 100 à 150 kilos d’argenterie d’église ».(1) Didier Audinot, le célèbre chasseur de trésor nous indique avoir sondé le fond de cet étang en 1983 . Son détecteur y trouve une énorme masse de métal fortement envasée. " Marie-Jeanne " doit peser dans les deux tonnes selon M. Audinot ( 2,5 tonnes en réalité, un attelage de six chevaux était nécessaire pour la déplacer) et elle restera là…. Cependant un ami, monsieur Guy Wingel, (2) spécialiste en chouannerie et originaire du Maine-et-loire, m’affirme que la partie de l’étang où fut jetée « Marie-Jeanne » est aujourd’hui comblée et ornée de platanes, ce qui nous ferait rechercher « Marie-Jeanne » sous quatre mètres de terre. En effet, aux dires de certains anciens du village, interrogés par ses soins,  une partie de la douve se trouvait au ras de la route actuelle avant que celle-ci ne bifurque sur la droite, faisant le tour de la propriété. C’est là, que les vendéens pressés, auraient jeté le canon, tout au bord de la route. A cet emplacement, on trouve les platanes datant vraisemblablement d’un bon siècle environ.  En recherchant le cadastre du Bas-Plessis, on ne trouve aucun changement sur la position de l’étang. Le cadastre trouvé aux archives du Maine-et-Loire date de 1833, donc 40 ans après les faits…. Eh oui, le Bas-Plessis fut incendié par les républicains et reconstruit en 1833… Date du cadastre, justement… Un nouveau parc est créé en 1869, d’où nos fameux platanes…

    Pour compléter le tableau des énigmes, il faut dire que Renée Bordereau, la célèbre cavalière vendéenne, voit quant à elle Marie-Jeanne jetée dans la Loire et bien d’autres histoires pensent nous apprendre que le canon basculé dans l’étang ne serait pas Marie-Jeanne mais l’autre pièce célèbre de l’armée vendéenne : « Le Missionnaire ». Voici une lettre écrite par le marquis de Villoutreys (Revue du Bas-Poitou, 3° livraison, p. 399 et 400)

     

    « Monsieur,

     

    J'ai le vif regret d'être dans l'incapacité de satisfaire pleinement votre légitime curiosité à l'égard du Missionnaire. Voici tout ce que je sais, qui se réduit à bien peu de chose :

     Un vieux soldat de la Vendée, qui avait été attaché à la personne de Lescure, raconta à mon grand-père, rentrant au Plessis à son retour de l'Emigration, qu'après la bataille de Cholet et pendant la déroute vers Saint-Florent de l'armée Vendéenne, Bonchamps craignant de voir le Missionnaire tomber aux mains des Républicains, donna l'ordre de le jeter pendant la nuit, et sans ébruiter la nouvelle, de crainte d'accroître le découragement des Vendéens, dans l'étang du Plessis, qui est fort profondément encaissé entre deux collines.

     

    Le même Vendéen avait encore raconté à mon grand-père, qu'en 1794 les Bleus qui tenaient alors garnison au Plessis, s'étaient certain jour amusés par manière de passe-temps à hisser à force de bras au sommet d'une des collines qui dominent l'étang un carrosse laissé dans les remises du château, lors du départ pour l'Emigration ; puis, à un moment donné, coupant le câble qui le retenait, s'étaient fort réjouis en le voyant dégringoler le long de cette montagne russe improvisée et disparaître sous l'eau dans une culbute finale.

     

     En 1873, j'ai mis l'étang à sec et j'ai retrouvé le carrosse aux trois quarts enlisé dans la vase ; mais je n'ai pas trouvé (et ne pouvais pas retrouver sans des travaux aussi considérables que dispendieux) le Missionnaire qui par son poids s'est enfoncé à une grande profondeur dans le sol tourbeux et marécageux qui forme le fond de l'étang, où à quarante pieds  (ce qui ferait plus de 12 mètres NDLR) on ne rencontre pas le solide.

     

     La seule chose donc qui demeure certaine, dans la double allégation apportée à mon grand-père, c'est que la preuve de l'exactitude de l'une, a été faite, ce qui donne du poids à la probabilité de la véracité du témoin pour l'autre ; mais c'est tout.

     

    Veuillez agréer ...

     

    Le Marquis de Villoutreys »

     

     Nous voici donc bien avancés…

     

      Autre chose à présent : Lescure s’apprêtant à vivre des souffrances épouvantables, une balle lui ayant traversé le crâne le 15 octobre 1793 à la Tremblaye près de Cholet se prépare lui-aussi à traverser la Loire. Il agonisera ainsi pendant des jours, souffrant de douleurs et de fièvres insupportables jusqu’à la fin de son calvaire au hameau de la Pellerine non loin de Fougères, où une croix plantée dans la campagne marque l’emplacement de son dernier soupir, râlant à la mort, la tête brisée. Au moment du passage de la Loire, Lescure est transporté sur un brancard et ses soldats lui font passer la nuit dans l’entrée d’un souterrain aux pieds de l’une des vieilles tours bordant l’étang de ce même château du Bas-Plessis. L’ancêtre du marquis de Villoutreys actuel (3) voit alors deux officiers vendéens, s’enfoncer dans le souterrain avec une mystérieuse boîte. Ils reviennent quelques instants plus tard les mains vides. Didier Audinot, là encore, tentera se pénétrer dans le souterrain avec l’accord du propriétaire du château. Hélas, le souterrain est effondré et muni d’une pelle et d’un seau, ce sera peine perdue pour effectuer un dégagement.

    Les secrets du château du Bas-Plessis resteront sans doute encore longtemps inviolés…

    RL

    Mars 2012

     

     

    Notes :

    (1) Didier Audinot, « Trésors enfouis des Guerres de Vendée et de la Chouannerie », Editions de l’Etrave, Beauvoir-sur-Mer, 2002, op.cit., p.66 et 102. En ce qui concerne les « minutes de l’interrogatoire » de Henri du Verdier de la Sorinière, nous avons consulté le document conservé aux archives du S.H.A.T de Vincennes et s’il est question de passages de la Loire de plusieurs canons, il n’est nullement question d’un quelconque enfouissement (SHD B 5/7-19, voir son jugement en B 1/329-13). Sans doute existe-t-il d’autres documents car Octave Desmé de Chavigny, dans son « Histoire de Saumur pendant la Révolution », 1892  (p. 270), cite le comité révolutionnaire d’Angers qui parle d’une « suite d’interrogats » de du Verdier de la Sorinière faits par Bourbotte et Choudieu, conservés au registre de la Cour d’Appel d’Angers…  Série U ?

    (2) Un grand merci à cet historien amateur, très discret, mais redoutable d’efficacité concernant les villages des bords de Loire.

    (3) Lequel ? A ma connaissance la famille de Villoutreys avait émigré en 1790…

      

      

      Les mystères du château du Bas-Plessis....

     Les mystères du château du Bas-Plessis....

     

               Photos faites par mes soins en 2006. Ce serait dans la tour de gauche que Lescure aurait séjourné.

     

    Les mystères du château du Bas-Plessis....

         

     

     

     

     

     

     

     

     

     

          Photo faite par M. Wingel, nous montrant les platanes…

     

         Ci-dessous, extraits d'un interrogatoire de Henri du Verdier de la Sorinière...

     

    Les mystères du château du Bas-Plessis....

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  • Commentaires

    1
    Deslandes ludovic
    Samedi 10 Mai 2014 à 08:32

    Une belle histoire 

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