• Le curé de la Godière....

     

    Le curé de la Godière…

     

     

    Voici une petite anecdote concernant la Petite-Eglise et un personnage tout aussi méconnu que le lieu que j’aborde ce soir.

    Le 6 janvier 1832, Joseph Texier meurt à Courlay en ayant refusé la religion bonapartiste. Il devient de plus en plus compliqué pour les fidèles courlitais de trouver des prêtres ayant conservé les principes d’avant la révolution. L’abbé Lebreton est mort à Cirières en 1830, l’abbé Fossey meurt aux Aubiers en 1834 et le tout dernier, l’abbé Osouf rendra son âme à Dieu en 1847 toujours aux Aubiers. A partir de 1834 arrive à Courlay un prêtre du diocèse de Lyon, nommé Maisonneuve. Ce dernier aurait été ordonné en 1791 par un évêque constitutionnel, qui l’aurait interdit par la suite pour « mauvaises mœurs » (1). Nous avons là un prêtre constitutionnel, nommé par un évêque constitutionnel se disant réfractaire et qui plus est de « la Petite-Eglise » ce qui aurait été plausible étant donné son origine lyonnaise si son inconduite manifeste ne lui avait valu quelques ennuis avec les locaux. Si l’abbé Maisonneuve vient dire la messe à la Plainelière de Courlay, il s’est néanmoins installé à la Godière de Clazay, non loin d’ici. La famille Texier ainsi que le marquis de La Rochejaquelein intervinrent pour le faire chasser et lui substituer l’abbé de Mérinville qui acheva de jeter l’interdit sur le prêtre-aventurier qui cessa ses fonctions en 1836. Une méchante chanson à son encontre avait même été composée :

     

    « Le curé de la Godère

    Est en grande colère

    Contre Mossieu Texier

    Qu’a voulu le chasser. »

     

    Le pauvre curé Maisonneuve décéda à la Godière, oublié de tous.

     

    Le curé oublié, oui, mais pas sa cloche… En effet, l’abbé Maisonneuve avait fait construire une hutte à la Godière qui lui servait de chapelle et qui possédait par on ne sait par quel prodige une cloche. Cette cloche finit par atterrir (peut-être un jour de Pâques !) à Pugny où les cloches du village avaient été volées par le gente révolutionnaire dans le but de les fondre pour l’artillerie de cette armée parisienne en guerre contre l’Europe entière. La pauvre cloche de l’abbé Maisonneuve avait une voix bien trop frêle pour l’église de Pugny et fut fondue pour en faire une nouvelle qui eut comme marraine mademoiselle Bouilleau, de La Châtaigneraie et pour parrain monsieur Puichaud, tous deux propriétaires à Pugny (2). On adjoint à cette cloche une seconde, plus petite et les deux furent bénites par monsieur Texier en 1887.

    Il n’y a évidemment plus de souvenirs de la hutte de l’abbé Maisonneuve à la Godière mais peut-être son fantôme rôde y rôde-t-il encore les nuits d’hiver…

     

    RL

    Avril 2017

    Notes :

    (1)  Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres, 1968. Pierre Dane « Les Dissidents du Bocage… », 2004. Guy Coutant de Saisseval « Une survivance de la Guerre de Vendée… 1991, Hérault Editions.

     

    (2)  Etienne Mulon, « Pugny en Poitou revit son passé », 1980. L’auteur de cet ouvrage attribue au curé Guillon de Pugny, décédé en 1811, l’obtention de la cloche de la Goderie alors que le curé Maisonneuve officia entre 1834 et 1836…

     

     

     

     

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