• La croix du Moulin Tubin....

     

     

     

     

    La croix du moulin Tubin

     

     

    Cette croix désigne tout simplement l’endroit où s’est passé ceci :

     

    Lettre de Morel et Carpanty, deux républicains qui se plaignent au Comité de Salut Public qu’eux-mêmes ne sont pas à l’abri des Colonnes Infernales. Cette lettre est datée du 24 mars 1794 :

     

    «  A Montournais, aux Epesses, et dans plusieurs autres lieux, Amey fait allumer des fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes (les Vendéennes), et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation. Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacé du même sort ».

     

    Outre les horreurs du Moulin Tubin, voici quelques anecdotes sorties des archives républicaines.

     

    Lequinio, « Guerres de Vendées et des Chouans », Paris, Pougin, 1794, op. cit. P 68 à 70.

     

    « Les citoyens Jean-Louis Mazière (1) et Damas Morton, commissaires municipaux de la commune de Montournois, déclarent que le 8 pluviôse dernier (27 janvier 1794), pendant que la municipalité revêtue de son écharpe et la garde nationale de ladite commune, avec quantité de citoyennes patriotes, attendoient sur la place du bourg l’armée revolutionnaire, pour leur donner le salut fraternel, trois officiers seulement à cheval vinrent à leur dit bourg, firent beaucoup d’honnêteté aux-dits citoyens, leur annoncèrent l’arrivée de leur général par le chemin de Saint-Mesmin, où étoit ladite armée révolutionnaire, dirent qu’on feroit bien de monter à cheval au nombre de quatre pour aller au devant de lui, et assurèrent qu’il ne feroit aucun mal à la bonne commune de Montournois.

    De suite descendus de cheval, les trois officiers demandèrent le ci-devant sacristain, le menèrent dans l’église où ils le renfermèrent et le forcèrent de leur dire où étoit l’argenterie de l’église, qu’ils savoient qui y avoit été cachée pour la soustraire aux brigands. Leurs menaces eurent leur effet, et ils firent venir une échelle pour la tirer (cette argenterie) de deux trous d’échafauds, où elle avoit été mise il y avoit près d’un an. Ils firent monter un citoyen qui avoit été forcé d’apporter l’échelle, et ils emportèrent tout ce qui se trouva dans lesdits trous, malgré que les officiers-municipaux leur observèrent que, sur une lettre nouvellement reçue du district, ils alloient ce jour même ou le lendemain envoyer cette argenterie au district de la Châtaigneraye ; à quoi ils répondirent que c’étoit la même chose. La municipalité n’osa s’opposer à ce vol, parce qu’elle craignoit l’armée révolutionnaire que ces trois officiers avoit annoncée, et qu’elle avoit sujet à la redouter, sur ce qu’elle avoit entendu dire d’elle. Les trois dits officiers partirent avec l’argenterie ; les cavaliers qu’on avoient envoyés retournèrent, et l’armée révolutionnaire ne passa pas par ladite commune. A Fontenay-le-Peuple, ce 28 Ventôse, an  deuxième de la République Française une et indivisible, (14 mars 1794) et ont signé. Ainsi signé Mazière, commissaire municipal de Montournois ; Morton, commissaire municipal de la commune de Montournois. »

     

     

    Lequinio, op. cit. P 81.

     

     

    « Les citoyennes Marie Saoulet, veuve Baron, et Jeanne Baron, déclarent que dans leur commune de Montournois, il est arrivé chez elles et à une métairie à elles appartenante quatre volontaires d’un détachement de l’armée révolutionnaire qui a passé à  Saint-Mathurin (2), qui, après les avoir forcé à donner cinquante livres pour ne pas mettre le feu à leur maison, l’ont néanmoins mis, parce qu’on ne leur en a pas donné d’autres : Elles ajoutent que ces quatre soldats ont commis des abominations envers les filles et les femmes de leur métairie, et ont volé deux fermes voisines des déclarantes. Ce qu’elles certifient sincère et véritable. Signé Marie Saoulet, veuve Baron ; et Jeanne Baron. »

     

     

    Notes:

     

    (1) Jean-Louis Mazière, né à Luçon le 2 août 1755 (était curé de Montournais depuis 1783. Il prêta le serment schismatique, puis abandonna la prêtrise le 8 décembre 1794. Après avoir été chef du bureau des domaines nationaux à la préfecture, il réintégra l’Eglise en 1806 et fut nommé curé de La Roche-sur-Yon (Bourbon-Vendée, à cette époque) en 1820.

     

     

    (2) Saint-Mesmin me paraît beaucoup plus plausible,          Saint-Mathurin se trouvant près des Sables-d’Olonne. En outre, il va de soi que nous publions ces dénonciations en respectant l’orthographe du temps.

     

    RL

    Décembre 2002, Mai 2011

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    Nous complétons cet article avec les recherches d'un historien local qui indique plusieurs choses:

     

     Le Moulin Tubin ou Thubin était un moulin à eau en bas de la colline, qui n'était déjà plus en service bien avant la révolution. Sa digue existe toujours. En revanche, la borderie qui y était attenante fut brûlée par une colonne infernale venant de Saint-Mesmin et des habitants furent tués. Cette même colonne infernale serait passée dans les villages de la Gibaudière, la Gazelière, la Morinière, la Grêlerie et y aurait massacré un certain nombre de personnes.

     

     Un Sacré-Coeur de mission fut inaugurée au Moulin Tubin en 1947 pour remplacer une croix de bois. En 1994, deux-cents ans après les événements, l'abbé Ageneau fit édifier la colonne et la croix que l'on voit aujourd'hui.

     

     On lira également, ci-dessous, le commentaire très instructif de "Castelchauvignac"...

     

     

     

    RL

     Janvier 2014

     

     


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  • Commentaires

    2
    Mercredi 1er Janvier 2014 à 00:25

    Merci pour ton commentaire "camarade". Cet article sera remanié avec les notes que tu m'as envoyées et avec l'autorisation de ton cousin. "Chemins secrets" n'est pas figé et d'autres contributeurs m'aident dans bien des articles. Saise-tu que Lachenay se nommait en fait "La Chênaie" tout comme Dusirat s'appelait en fait "Vidalot du Sirat" ? Amusant, pour une révolution qui n'aimait pas les nobles soit-disant...

     

    1
    castelchauvignac
    Mercredi 1er Janvier 2014 à 00:01

    Extrait de la généalogie de l'abbé Bouchet  ( 1968 /1980) et relative au passage des colonnes infernales à Montournais. Cet abbé est un cousin côté paternel.

     

    « Au moment de la Révolution, des Bleus vinrent à la Grande Morinière (ou Morinière Grignon, pour la distinguer de la Morinière Bourgoin, sur la route de Menomblet). Ce pouvait être en fin de l’année 1793. Une grandmère, Jeanne Crémois, les reçut ; elle avait caché des pièces d’or dans un pot sous le seuil de la porte, et avait envoyé les hommes se dissimuler sous le chapeau d’une « mouche de genêts » et les jeunes filles dans une « creusote » d’arbre.

    Les Bleus lui demandèrent à manger. Elle leur prépara un plat de navets ; mais, crainte d’être empoisonnés, ils l’obligèrent à manger avant eux… Une autre fois, sans doute en fin janvier 1794, lors des Colonnes Infernales de Lachenay, qui, elles, n’épargnaient même pas les grands-mères, elle se cacha avec ses filles dans un arbre creux : un domestique l’aida à y monter. Les Bleus, pendant ce temps-là, massacraient : est-ce le souvenir de tueries qui a laissé à un chemin de la Charrie toute proche le nom de « Chemin des Morts » ? À la Morinière, un début d’incendie eut lieu, dont portait encore trace, en 1968, un mur de fournil. Mais on n’y trouva personne à tuer. Dans leur creusote, ce dut être terrible ce long séjour d’une journée ou davantage, avec le froid de janvier, la peur, la faim, la soif…, et les besoins naturels. Mais Jeanne Crémois, femme de tête, soutint le courage des autres… »

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