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L'Arc de triomphe et la Vendée....
L’Arc de triomphe et la Vendée…
Il y a déjà plusieurs années, et encore il y a quelques mois, on a débattu de la pertinence d’effacer les noms de Turreau et Amey de l’Arc de triomphe. Le juriste Jacques Villemain déclarait au Courrier de l’Ouest le 20 février 2017 : « concernant les Colonnes infernales, un geste fort serait d’effacer le nom du général Turreau de l’Arc de Triomphe aussi. C’est symbolique, bien sûr, mais dans ce domaine les symboles ont de l’importance. »
Bien avant lui, Philippe de Villiers avait demandé la même chose à François Mitterrand avec les suites que l’on connaît. Est-ce une si bonne idée que cela ? En effet, sur l’Arc de Triomphe figure le nom de Turreau, le général en chef de l’Armée de l’Ouest qui fit approuver son plan d’extermination par Lazare Carnot, le fameux plan des « colonnes infernales » ainsi que le nom d’Amey, dont on affirme qu’il fit brûler des femmes dans des fours à pain, et qui serait aussi bannir du grand monument parisien. S’il n’y a aucun doute sur les atrocités ordonnées par Turreau qui même si elles ne sont pas clairement couchées sur le papier au Comité de salut public, sont sans équivoque tout autant auprès de cet organe qu’auprès de ses subalternes ; autant disais-je, la question des fours et de la culpabilité d’Amey ne repose guère que sur une lettre rapportée par l’historien Crétineau-Joly, qui comme d’autres plus près de nous, n’a pas hésité à arranger les documents à sa manière, pour mieux, pensait-il, défendre la cause vendéenne.
La tombe de Turreau est introuvable à Conches-en-Ouche, où il est mort le 10 décembre 1816. La mairie semble n’en avoir jamais entendu parler sauf à dire sur son site Internet que ses colonnes infernales ont rasé l’abbaye ! Vous avez bien lu, les colonnes infernales sont montées jusque dans l’Eure ! Quelle piètre image des historiens locaux ! On lit ailleurs que cette destruction et plusieurs dénonciations lui auraient valu l’ire des habitants de Conches et en l’absence de monument, sa tombe aurait purement et simplement disparu. Etrange pour ce grand patriote… Son fidèle Grignon, a été quant à lui oublié quelque part dans une fosse commune d’Angoulême et Cordellier n’a guère laissé de traces à Paris. En ce qui concerne Amey qui n’a jamais commandé de colonne infernale, mais qui fut en poste à Cholet, Mortagne et aux Herbiers, au moment du plan Turreau, mort à Strasbourg le 16 novembre 1850 et enterré au cimetière Sainte-Hélène de la ville. Cette dernière contactée par une amie, habitant la ville, a visiblement posé la question de trop. Les employés communaux recherchent la sépulture d’Amey depuis un mois et n’ont aucune réponse. Du moins, ils ne se manifestent pas. Bizarre… Par contre, on a la tombe de son fils à Sélestat, pas de problème, mais le paternel, que tchi ! Ce « pauvre », serais-je tenté de dire, Caffin, à quant à lui laissé une sépulture dans la Vienne, à Saint-Léger-de-Montbrillais, le 31 août 1828, dont « La Maraîchine normande » a déjà parlé ici. Le déni de mémoire est donc présent non seulement pour les victimes mais pour les bourreaux.
Tombe de Caffin. Crédit photo : Pierre Périeau et Guy Jacob.
A mon humble avis, la tombe de Caffin mériterait certainement une sauvegarde car un jour elle disparaîtra, c’est quasiment inévitable. Je vous vois déjà en train de hurler. Ce n’est certes pas pour y déposer des fleurs, quoique chacun soit libre de ses opinions, mais plutôt pour une question de mémoire. Je m’étonne d’ailleurs que la militance d’extrême-gauche n’y soit pas déjà allée en cérémonie officielle… Ces noms gravés sur l’Arc de triomphe sont autant de témoignages de ce qui s’est passé et il serait foncièrement stupide de les faire disparaître et de permettre ainsi à la république de balayer la poussière sous le tapis. En les effaçant, nous effacerions l’histoire de France et nous ouvririons la voie au « mémoricide » à pleine porte.
Comment faire reconnaître un génocide si nous demandons nous-mêmes l’effacement des preuves de celui-ci ?
RL
Mars 2018
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