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Charette et la municipalité de l'Herbergement....
Monsieur de Charette a-t-il fait fusiller à Legé,
des notables « Bleus »de L'Herbergement ?
En octobre 1793, le chevalier de Charette est occupé par la conquête de Noirmoutier. S'il a fait fusiller au cours de ce mois, des membres de la municipalité de L'Herbergement, c'est dans un laps de temps très court : entre le trois et le neuf octobre ou entre le 23 et le 31 octobre 1793.
D'autre part, si c'est ce général qui a pris cette décision, c'est que ces gens étaient responsables de « vilaines choses » envers les Royalistes et devenaient nuisibles dans le secteur. Ces « Bleus » de L'Herbergement étaient en relation avec la garnison républicaine de Montaigu, puisque l'acte de notoriété fait mention de Benjamin Dubois, marchand, René Touzeau, agriculteur et de Pierre Jaunet, marchand, de Montaigu.
Que se passe t-il en ce mois d'octobre 1793 sur le territoire du général de Charette ?
« Dès le 28 septembre 1793 au matin, il se trouve à la tête de 2.000 hommes et on se met en route l'après-midi du même jour, pour parvenir le lendemain à une lieue du Gois, qui est le chemin de passage vers l'île de Noirmoutier à marée basse... Un coup de canon des Républicains et les Vendéens se débandent. Impossible de résister à leur puissant mouvement de retraite : Charette et ses officiers sont emportés comme des fétus.
Retraite vers Legé (où il arrive le 3 octobre). Charette ne sait pas renoncer. Il averti ses lieutenants de sa volonté : la prise de Noirmoutiers n'est que différée.
Une pluie fine tombe continuellement. L'armée de Charette, dont les effectifs ont triplé « vit péniblement au milieu des étables en ruines et des champs incultes ». Afin d'empêcher les désertions, le Chevalier annonce qu'une nouvelle attaque de l'île est imminente. Les Bas-Poitevins acceptent d'attendre.
Le 9 octobre il part de Legé à la conquête de Noirmoutier. »
Les 11 et 12 octobre c'est la prise de Noirmoutier.
« Le 15 octobre 1793, le chevalier repasse le Gois avec 1.500 hommes. Le 16 il est à Machecoul, qui est vide de soldats mais rempli de réfugiés ecclésiastiques.Vers le 20 il apprend le désastre de Cholet. »
« Le 23 octobre, Charette a cantonné sa troupe – actuellement réduite – dans le bourg de Touvois. Joly, Savin et Guerry du Cloudy se battent de leur côté, sans qu'il prenne part à leurs engagements ; Le chevalier veille sur Machecoul et Legé, en attendant l'occasion de fondre sur les Bleus. »
Il reste à Touvois jusqu'au début du mois de novembre. Le 8 novembre, le général républicain Dutruy s'empare de Legé.
Et le 20 Vendémiaire de l'an 6 (Mercredi 11 octobre 1797), des « Bleus » nous informent que Charette aurait fait fusiller cinq des leurs à Legé.
C'est un acte de notoriété déposé par des républicains, je serais tenté d'émettre beaucoup de réserves à son sujet, nous savons tous que le bobard est une spécialité républicaine ; ça fait quand même deux siècles que l'on nous ment et qu'on nous « mène en bateau ». Prenons donc avec beaucoup de prudence les faits qui nous sont contés.
« Registre d'acte de notoriété publique constatant le décès de Pierre Dubois - le 20 Vendémiaire an 6.
Par devant les Notaires publics du département de la Vendée, soussignés, a comparu en sa personne le citoyen Benjamin Dubois, marchand, demeurant à Montaigu, lequel nous a déclaré en présence des citoyens ;
. Jean Chapleau, boucher.
. Mathurin Chapleau, agriculteur.
. Donnatien Barritaud, marchand, demeurant les trois au bourg de L'Herbergement entiers ; René Touzeau, agriculteur et Pierre Jaunet, marchand demeurant à Montaigu ; qu'au mois d'octobre mil sept cent quatre vingt treize (vieux stile) Pierre Dubois son père, maréchal demeurant au dit bourg de L'Herbergement, âgé de cinquante trois ans, fut pris par les Rebelles de la Vendée avec Joseph Baril, Nicolas Séjourné, Pierre Biset et Jean Bouteau ; conduits à Legé et fusillés par ordre de Charette chef des Rebelles.
Ce que les dits Chapleau, Barritaud, Touzeau et Jaunet nous ont déclaré avoir pleine, parfaite et entière connaissance des faits ci-dessus expliqués et ont affirmé leur déclaration sincère et véritable.
De tout ce que dessus, nous dits notaires en avons rapporté le présent acte de notoriété publique que nous avons délivré au dit Benjamin Dubois pour lui servir et valoir ce que de raison ; au rapport de moi Gombault, l'un de nous, fait et passé à Montaigu. Ont les dits Dubois et témoins ce sont transportés ce jourd'hui vingt Vendémiaire an sixième de la République française une et indivisible ; Lecture à eux faite ils y ont persisté, et ce sont avec nous dits notaires soussignés.
signé : René Touzeau – B Dubois – M Chapeleau – J Chapeleau – Thibault, notaire – Combault, notaire. »
Ce que l'on sait sur les fusillés :
. Pierre Dubois est originaire du Poiré, il épouse à L'Herbergement, le 7 novembre 1768, Marie-Anne Guibert. Il est maréchal-ferrant à L'Hergergement.
. Jean Bouteau a épousé le 7 février 1764 à L'Herbergement, Anne Douillard.
. Nicolas Séjourné est le fils de François Séjourné et d’ Anne Bousseau, il épouse à l’âge de 36 ans, le 7 octobre 1783, Marie Foucré, 34 ans, servante, fille d'Etienne et de Renée Hermouet. Lorsqu'il se marie, cela fait dix huit mois qu'il est dans la paroisse et il en est le syndic (vue 373/432). C'est peut-être le premier maire de L'Herbergement. Il exerce la profession de boulanger.
. Pierre Biset n'est pas originaire de la commune.
. Joseph Baril est maître menuisier.
Sources:
. Archives Départementales de la Vendée tous droits réservés. Minutes notariales de Montaigu - Etude A (An V an VIII) vue 40/193 de Maître Bernard Gombault du 20 Vendémiaire an 6.
. Registres d'état civil de l'Herbergement – (vues 134/432-183/432-170/432)
. Monsieur de Charette Chevalier du Roi de Michel de Saint-Pierre -La table Ronde - 40 rue du Bac - Paris 7e -1977. Pages 194 à 210.
. Photo: Charette - portraits des généraux Vendéens.
X. Paquereau pour Chemins Secrets
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