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    Montigny...

     

     

     Petit village du Cerizéen, Montigny est assez avare en faits historiques pour la période des Guerres de Vendée, mais fut administré spirituellement par un prêtre dont ce blog se doit de parler. La commune de Montigny fit partie, durant la période révolutionnaire, du canton de la Forêt-sur-Sèvre qui fusionnera en 1808 avec celui de Cerizay. De nos jours, le village est attaché au "Grand La Forêt-sur-Sèvre", sans doute par commodité et par effet de mode de ce mille feuille administratif qui veut des "communautés de communes" dans des "communautés d'agglomération" et ainsi de suite. C'est dommage de perdre ainsi son identité nationale après avoir perdu la religieuse...

     

     Montigny est cité par le sinistre Grignon dans une lettre à Turreau en date du 25 janvier 1794. Il écrit que sa "colonne de gauche est à Montigny" (Savary, tome III, p. 79). Pour autant, on ne sait quasiment rien de ce qui a pu se passer dans le village et les registres des archives ont disparu pour la plupart des villages autour de Cerizay.

     

     Ceci dit, parlons un peu des origines de la Petite-Eglise et du curé Legrand, figure emblématique d'une époque. La résistance au concordat de 1801 est à son comble en ce début de XIX° siècle et des émeutes anti-bonapartistes éclatent un peu partout sur le territoire de l'ancienne Vendée Militaire. A Montigny, à la fin de l'année 1803, une violente bagarre éclate entre conscrits et gendarmes et qui fera plusieurs morts.

     

    L'abbé Legrand fait partie des irréductibles, ne voulant à aucun prix de la nouvelle religion imposée par Bonaparte. Continuant d'exercer le saint ministère plus ou moins dans la clandestinité, il sera qualifié par le sous-préfet d'"entêté" avec cinq autres prêtres "dissidents" des environs dans une lettre au préfet datée du 11 pluviôse de l'an XII (1er février 1804, lendemain de la date officielle du serment). Aucune menace gouvernementale ou épiscopale ne fera dévier l'abbé Legrand de l'ancien ordre des choses, ou plutôt d'un ordre qui n'aurait jamais dû changer. Comme il est hors de question qu'il se soumette au concordat, il propose de cesser tout bonnement d'exercer. L'évêque exige qu'il exerce et se soumette ! Emprisonné à Poitiers au mois de juin 1804, il n'en sortira que quatre mois plus tard.

     Dix ans plus tard, le 17 août 1814, l'abbé Legrand et deux autres prêtres dissidents (l'abbé Joubert de Boismé et l'abbé Vion de la Chapelle-Largeau) vont rencontrer à Poitiers, Monseigneur de Coucy, jadis leur évêque, qui fut farouchement anti-concordataire. Les temps avaient changés et Monseigneur de Coucy leur fit comprendre que la soumission était désormais de mise. Cette entrevue demeura incomprise et les trois prêtres rentrèrent dans le Bocage le coeur plein d'amertume. Quelques jours plus tard, une réunion eut lieu au presbytère de Montigny chez M. Legrand. Hormis ce dernier, étaient présents : MM. Texier, de Courlay, Labourd, de Cirières, Guéniveau de Combrand, Perrière, anciennement curé de Saint-André-sur-Sèvre, Aubin, de Scillé, Couillaud de Pierrefitte, Vion de la Chapelle-Largeau et Joubert de Boismé. L'assemblée fut unanime pour ne jamais "changer". Ainsi était née la "Petite Eglise" du Bocage Bressuirais...

     

     RL

     Octobre 2014, deux cents années après les faits.

     

     

     Décès le 2 octobre 1822 à l'âge de 82 ans...

     

    Montigny....

     

          Afin de bien comprendre en quoi le concordat de 1801 a suscité la colère de la population et des prêtres fidèles, nous donnons ici un lien vers le texte lui-même de ce concordat, qui ne fut ni plus ni moins qu'un traité d'allégeance à Napoléon Bonaparte. Texte du concordat.

           A noter qu'à l'article 8, la formule de prière est la suivante : "Domine Salvum Fac Rempublicam, Domine, salvos fac Consules."

     

                L'église de Montigny et son presbytère sur le cadastre de 1809...

     

     

    Montigny....

          

           ... Et de nos jours.

     

    Montigny....

     

     

    Montigny....

     

    Montigny....

     

           Quelques tombes du vieux cimetière adjacent à l'église, et où se trouve également le "monument aux morts".

     

    Montigny....

           Tombe de l'abbé Legrand :

    Montigny....

    Montigny....

     

          D'autres tombent anciennes se trouvent dans le second cimetière, à la sortie du bourg.

     

    Montigny....

     

     

     Nos sources :

     

     Auguste Billaud "La Petite Eglise dans la Vendée et les Deux-Sèvres", (ce dernier n'est pas un modèle d'impartialité sur le sujet) Guy Coutant de Saisseval, "La Petite Eglise du Bocage Vendéen", Mercier du Rocher, AD79.

     


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    Chemins et anecdotes...

     

     Point question de batailles tragiques ou de massacres d'innocents ce soir et il sera juste question de deux petites anecdotes autour du Grand Lay. La première nous a paru remarquable car elle concerne un chemin aujourd'hui en partie disparu. La seconde concerne des lieux qui ont singulièrement changé depuis la construction du barrage de Rochereau...

     

    RL

     Octobre 2014

     

     

     

    MONSIREIGNE

    LE PONT DE MOULIN-MASSON

     

     

     

    Savez-vous ce que c'est que le Pont de Moulin-Masson ?

    Non ? Alors, allez vous promener quand vous en aurez le temps du côté de la Chauvinière.

    Prenez le chemin qui mène de Pierre-Folle, chez le père Fontenit, à l'Haumondière.

     N'ayez pas peur de vous engager par le chemin creux qui aboutit au Lay. Arrivés à la rivière, vous trouverez la chaussée d'un ancien moulin: c'est le pont de Moulin-Masson.

     Si vous n'avez pas peur de l'eau qui tombe en cascade, si vous n'avez pas bu un petit coup de trop, si vous y voyez clair, vous pourrez vous aventurer sans grand danger sur la chaussée branlante.

     Mais si vous êtes sujets au vertige, si vous sentez votre démarche incertaine, si la nuit est venue, de grâce, ne vous aventurez pas plus avant !

     Vous risqueriez, à coup sûr, de vous casser une jambe, si ce n'est de vous noyer, ce qui serait pire encore !

     

     Et pourtant ! Savez-vous qu'il y a 120 ans à peine, ce chemin sauvage, autant dire aujourd'hui inabordable, était le chemin naturel pour les voyageurs allant de Chantonnay à Pouzauges, et même pour ceux allant de Cholet à Fontenay ?

     Cela pourra vous paraître incroyable ! C'est cependant ce qui ressort clairement de la lettre suivante du sieur Boutet, maire de Monsireigne, au Sous-Préfet de Fontenay, en date du 25 mars 1813 :

     "Monsieur le Sous-Préfet,

     

    La délibération ci-jointe vous fera connaître combien il devient intéressant, non seulement pour cette commune, mais encore pour toutes celles voisines que le passage sur l'écluse du Moulin-Maçon soit réparé, et j'ajouterai, qu'il est à ma connaissance que plusieurs fois, dans le moment de foires intéressantes, ce passage si connu, a été intercepté par les grandes eaux et occasionné beaucoup de préjudice au commerce de ce pays.

    Le passage pour lequel on réclame est la route naturelle de deux chefs-lieux de canton : Pouzauges et Chantonnay, surtout celle de traverse de Cholet à Fontenay.

     Je crois devoir ajouter ici que l'importance du passage de Moulin-Maçon est telle que M. Loyau a offert tout le bois nécessaire pour aider une bonne réparation.

     

    BOUTET, maire."

     

     A ceux qui s'étonneraient, il suffira de rappeler que la route actuelle de Chantonnay à Pouzauges, n'existait pas encore.

     

     Société d'émulation de la Vendée

     1951-1953

     P. 54

     

     

     

    Sur l'ancien chemin menant au Moulin-Maçon :

    Chemins et anecdotes....

     

    Chemins et anecdotes....

     

    Chemins et anecdotes....

     

     

    UN ACCIDENT TRAGIQUE (1825)

     

    Il nous faut raconter un drame qui se passa par un soir de décembre aux environs de la Louraie.

     Le lundi 19 décembre 1825, sur les 7 heures du soir, la femme Paillat, de la Louraie, se présente chez Chaigneau, meunier à la Vergnaie, et demande si on n'a point vu son mari. On ne l'a point vu.

     La femme est bien inquiète : son mari, Louis Paillat, 52 ans, maçon à La Louraie, est parti le matin à la foire du Puybelliard. Il y a environ une heure que, de sa maison, elle l'a entendu chanter sur le coteau d'en face. Sans doute avait-il bu, ce qui lui arrivait aisément, surtout les jours de foire. Il avait l'air de se diriger par un sentier descendant vers l'écluse du moulin.

     La pauvre femme sort, sa lanterne à la main ; elle monte sur le coteau dominant l'écluse et aperçoit soudain le chapeau de son mari. Affolée, elle appelle au secours. A ses cris, des hommes, des femmes de la Vergnaie, de la Louraie, de la Landrière accourent. A la lueur des chandelles de résine, on cherche partout. Rien ! Pourvu qu'il ne soit pas tombé dans l'écluse !

     Avec de longues perches, les hommes se mettent à sonder l'écluse. Tout à coup, Pierre Girard, de la Landrière appelle ses voisins : il sent quelque chose de mou au bout de sa perche : c'est le corps du pauvre maçon.

     A grand peine, on l'arrache. On le porte ruisselant d'eau à la Vergnaie. Sa femme pousse des cris à fendre l'âme ! On dépose le corps sur un lit ; on essaye en vain de le ramener à la vie. Hélas ! il était bien mort ! On le transporte alors, de nuit, à la Louraie, au milieu d'une foule accourue de toutes parts.

     Le lendemain, le juge de paix de Chantonnay, Ussault, dressa procès-verbal de son enquête ; c'est de ce procès-verbal que nous avons extrait ce récit.

     

    Id. p. 58

     


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