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Palluau-sur-Indre, 1796 (4ème partie)....
Palluau-sur-Indre, 1796 (4ème partie)…
Archives militaires de Vincennes : SHD B 5/36-64.
« Tours, le vingt neuf ventose l’an 4e de la République française, une & indivisible.
Les Membres des l’Administration
Départementale d’Indre & Loire
Aux citoyens composant le Directoire exécutif.
Citoyens Directeurs.
Hier soir le général Hoche est venu dans nos murs ; il arrivoit de Chatillon département de l’Indre. Ce général à calmé nos inquiétudes, en nous apprenant que les insurgés de L’Indre ont été battus et dissipés aux environs de Buzancois, soixante ont été tués, à peu près le même nombre de prisonniers et d’autres se sont noyés en fuyant. Il estime que ce rassemblement étoit au plus de cinq cents hommes.
Nous vous transmettons avec empressement, citoyens directeurs, cette heureuse nouvelle dont il est vraisemblable que des détails plus particuliers vous parviendront de la part de l’administration de l’indre. Nous ajoutons qu’un seul deffenseur de la patrie à été blessé à la joue.
Salut et fraternité
Soreau
Joly »
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« Liberté Egalité
St Aignan le 29 ventose, l’an 4e.
Le commissaire du pouvoir éxécutif près l’administration municipale du canton (1) au ministre de la guerre. Salut et fraternité.
Citoyen ministre
Exposer à la France entière les crimes, les forfaits du royalisme et du fanatisme conjurés contre la liberté et l’égalité, est un devoir pour tout fonctionnaire public républicain. De le remplir en donnant aux journalistes patriotes le récit officiel des horreurs commises par des brigands réunis en corps d’armées et sur lesquels je n’ai cessé depuis plus de deux mois d’appuyer toute l’attention du gouvernement. Je vous envoye copie de ma lettre aux journalistes. Elle excitera tout votre zèle.
Demandez des forces dans un danger imminent après les avoir réclamées quand la rebellion n’avait pas encore fait aucun progrès. Présenter tous les rensignemens qu’on peut requérir sur le nombre des brigands, leurs projets, leurs marches, indiquer ceux qui les dirigent et les conduisent à tous lescrimes moraux et politiques.
Dire que lorsque l’esprit public est anéanti, lorsque les royalistes, les contre révolutionnaires ont perverti la morale du peuple et ont dirigés son vœu vers la tirannie d’un seul, après avoir jetté ce peuple dans un gouffre de maux, on ne doit pas croire que les gardes nationales d’ailleurs dénuées d’armes offrent des grandes ressources pour s’opposer aux brigands.
Demander des forces imposantes en infanterie et cavalerie, les demander non pour leur morcellement non pour la défensive, mais pour leur réunion sur plusieurs points principaux, mais pour l’offensive mais pour attaquer soudain ces cohortes de contrerévolutionnaires et d’assassons.
Voilà encore des devoirs sacrés pour les hommes dévoués à leur pays. Je les remplis. Je vous adresse copie de ma lettre d’hier au ministre de la police générale et j’ajoute ici que si le gouvernement ne fait dans le moindre délai attaquer les rebelles, le département de l’Indre sera une véritable vendée. Tous les malheurs de l’Ouest s’i renouvelleront ; ce sera une playe peut être incurable, surtout dans les circonstances actueles.
Que le gouvernement ne cesse donc d’avoir les yeux ouverts sur ces contrées ; qu’il porte à la rebellion des coups mortels ; qu’il ne perde pas de vue que c’est un pays absolument couvert ; que la guerre doit être offensive et que les forces doivent être réunies. Tel est le vœu de tous les républicains. C’est celui de la politique, c’est celui de la patrie.
Péan »
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« Bureau d’éxécution
Liberté Egalité
Le 27 ventose l’an 4ème de la république
Copie de la lettre écrite par le commissaire du directoire
Exécutif près l’administration municipale du canton de St Aignan a plusieurs journalistes
Salut et fraternité
Citoyen
Que ceux qui refusent de croire au sistème général de chouannerie veuillent bien lire l’article suivant que je t’engage à insérer dans ton journal : ils seront désabusés ou leur impudence sera confondue.
Depuis longtemps des bruits sourds se répendaient ici que dans le département de l’Indre, canton de Palluau, environné de quatre autres canons que tous avaient rejetté à la presqu’unanimité la constitution, on tentait de ressusciter la Vendée, d’organiser une insurrection contre révolutionnaire, la guerre civile, d’imiter le grand courage des chouans qui volent, pillent, incendient, égorgent les républicains souvent sans défense.
Aujourd’huy ces exécrables projets se réalisent complettement. Un prêtre réfractaire nommé Floret, ci devant missionnaire à tellement fanatisé les habitans des contrées (de) Palluau, des émigrés, des parents d’émigrés, des ci-devant nobles, des contrerévolutionnaires ont si bien secondé ce prêtre scélérat que ces habitans sont en pleine révolte contre l’autorité nationale. Déjà, ils ont fait plusieurs courses vagabondes.
Voici la liste des crimes, des forfaits commis par les uns et les autres.
Le 20 courant ces brigands se portent sur la commune de Clon près Chatillon sur Indre. Ils se présentent au domicile du citoyen Franquelin, avec le dessein de l’assassiner. Il est absent. Ils déclarent à sa femme qu’ils veulent promener sa tête dans plusieurs communes, brisent toutes les portes et croisées de sa demeure, volent et pillent tout ce qu’ils y trouvent, s’emparent de ses armes ; ils se rendent coupables de ce même brigandage chér plusieurs citoyens qui comme Franquelin étaient acquéreurs de biens nationaux et d’émigrés.
Le 22 par l’effet d’une trahison infâme, treize gendarmes ayant mis leur chevaux chér le citoyen Poquel au fourneau se sont trouvés au pouvoir des rebelles. Plusieurs ont été impitoyablement massacrés et quelques uns faits prisonniers.
Dans la soirée du même jour 22, le chef des brigands à assassiné lui-même de la manière la plus barbare le fils du citoyen Pournain, jeune homme de 15 à 16 ans par ce qu’il n’a pas voulu crier Vive le Roi. Il est mort en héros. Son dernier cri a été celui de Vive la République ! Périssent les émigrés, les prêtres réfractaires et les égorgeurs !
Le père et frère de l’infortuné Pournain qui avaient imité le courageux dévoüment sont aussi tombés sous le fer assassin du chef brigand.
Le 23 les rebelles se portent au bourg d’Ecueillé, département d’Indre et Loire, ayant a leur tête l’atroce prêtre Floret, des émigrés, des ci-devant nobles. Le prêtre dit la messe sous les halles, prêche les assassins qui l’entourent, ordonne au nom de Dieu, le vol et le pillage chér tous les citoyens indistinctement, et l’égorgement des patriotes. Quelques gendarmes sont tués, plusieurs blessés. Un malheureux garde chasse est égorgé, parce qu’il a refusé de proférer le cri infâme de Vive le Roi. Plusieurs brigands assouvirent sur lui leur rage, en lui crévant les yeux. Nombre de maisons sont pillées et dévastées par cette horde scélérate.
Le monstre Floret a terminé ces scènes horribles par un Te Deum et en mettant lui-même le poignard sous la gorge des deux femmes pour leur faire crier Vive le Roi et la Religion.
Toutes les mesures sont prise pour arrêter la marche des rebelles. Des forces imposantes envoyées contre eux depuis quelques jours vont dissiper la révolte et remettre les chefs à la vengeance nationale. Déjà l’un d’eux nommé Demaroles ci-devant noble et père d’émigré est arrêté et conduit dans les prisons de Loches et il va sou peu subir la peine due à son crime.
Je garantie l’authenticité des faits ci-dessus, d’après les relations officielles qui sont sous mes yeux.
Pour copie conforme
Péan
Commissaire »
Note :
(1) Sous le Directoire, la loi du 5 fructidor an III (22 août 1795) ordonne une nouvelle organisation des municipalités. La fonction de maire disparaît au profit de celle d’ « agent municipal » et la municipalité en elle-même est au canton. Il faut être « citoyen actif » pour y avoir droit de vote. C’est-à-dire, être propriétaire ou louer un bien équivalent à 150 jours de travail. Ce qui bien évidemment ne saurait concerner ceux qui travaillent et/ou qui sont dans la misère. Cette municipalité de canton est soumise à l’assemblée départementale, elle-même subordonnée au Directoire lui-même.
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